Les Prophéties de l’Apocalypse - Uriah Smith (Ch. 7)


Chapitre VII. - Le Sceau du Dieu Vivant

VERS. 1-3: «1 Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre; ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu'il ne soufflât point de vent sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. 2 Et je vis un autre ange, qui montait du côté du soleil levant, et qui tenait le sceau du Dieu vivant; il cria d'une voix forte aux quatre anges à qui il avait été donné de faire du mal à la terre et à la mer, et il dit: 3 Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu.»

L'époque, où l'oeuvre dont il est question ici doit être réalisée est établie sans erreur possible. Le sixième chapitre se ferme sur les événements du sixième sceau, et le septième n'est pas mentionné avant que nous arrivions au début d'Apocalypse 8. Tout le chapitre 7 est donc dédié à une parenthèse. Pourquoi cette oeuvre est-elle introduite ici? Manifestement dans le but de présenter des détails supplémentaires concernant le sixième sceau. L'expression «après cela», ne signifie pas après l'accomplissement de tous les événements décrits antérieurement, mais après que le prophète ait reçu la vision à la fin du sixième sceau, pour que l'ordre consécutif des événements prédits dans Apocalypse 6 ne soit pas interrompu, son attention a été dirigée vers les détails mentionnés dans Apocalypse 7 comme une chose additionnelle concernant ce sceau. Nous demandons: Entre quels événements de ce sceau cette oeuvre s'accomplit-elle? Elle doit être faite avant que les cieux se retirent comme un livre, parce qu'après, il n'y a pas le temps nécessaire pour réaliser un tel travail. Il doit être accompli après l'apparition des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, parce que ces signes ont déjà eu lieu, mais l'oeuvre du scellement n’a pas encore été réalisée. Elle arrive donc entre les versets 13 et 14 d'Apocalypse 6. Comme nous l'avons déjà démontré, c'est précisément l'endroit où nous nous trouvons. Aussi, la première partie d'Apocalypse 7 se réfère à une oeuvre dont l'exécution peut être recherchée à notre époque.

Quatre anges.--Les anges sont des agents qui interviennent toujours dans les affaires terrestres. Pourquoi ne pourrions-nous pas admettre qu'il s'agit ici de quatre êtres célestes entre les mains desquels Dieu a confié la tâche de retenir les vents pendant que Dieu ne veut pas qu'ils soufflent, et de les lâcher quand le moment est venu de faire du mal à la terre.

Les quatre coins de la terre.--Cette expression signifie les quatre directions ou point cardinaux, et indique que ces anges ont, dans leur sphère, la charge de toute la terre.

Les quatre vents.--Dans la Bible, les vents symbolisent les commotions politiques, les luttes et les guerres (Daniel 7: 2; Jérémie 25: 32). Les quatre vents, retenus par les quatre anges debout aux quatre coins de la terre doivent représenter tous les éléments de lutte et d'agitation qui existent dans le monde. Quand ils seront lâchés et souffleront ensemble, ils constitueront la grande tempête mentionnée dans la prophétie de Jérémie déjà citée.

L'ange qui monte du côté du soleil levant.--Un autre ange littéral, qui avait à sa charge une autre tâche spécifique, nous est présenté ici. L'expression que notre version traduit littéralement par «du côté du soleil levant», se réfère évidement à la façon de monter plus qu'à sa localisation. Au début, quand les rayons du soleil apparaissent obliques, ils ont peu de force, mais par la suite ils vont en augmentant jusqu'à ce qu'ils brillent dans toute la splendeur de leur méridien. De même, l'oeuvre de cet ange commence avec modération, avançant avec une influence toujours croissante, et se termine avec force et puissance.

Le sceau du Dieu vivant.--Ce qui distingue l'ange qui monte, c'est qu'il porte le sceau du Dieu vivant. Par ce fait et la chronologie de sa tâche, nous déterminerons, si c'est possible, quel est le mouvement symbolisé par sa mission. La nature de son travail nous est clairement suggérée par le fait qu'il tient le sceau du Dieu vivant. Pour comprendre ce qu'est cette oeuvre, nous devons déterminer ce qu'est le sceau du Dieu vivant.

Un sceau est un instrument destiné à sceller, c'est ce «qu'emploient les individus, les corporations et les états pour faire des impressions dans la cire, sur les documents écrits, pour attester de leur authenticité.» Le mot originel employé dans ce texte se définit ainsi: «Un sceau, c'est-à-dire, un anneau portant le sceau ou la distinction; une marque, une estampe, un signe ou une garantie.» Le verbe signifie: «Assurer quelque chose à quelqu'un, le lui garantir; mettre un sceau ou une marque sur quelque chose comme preuve de sa véracité ou de son approbation; attester, confirmer, établir, distinguer par une marque.» En prenant ces définitions comme base, comparons Genèse 17: 11 avec Romains 4: 11, et Apocalypse 7: 3 avec Ezéchiel 9: 4, et nous verrons que les mots «signe», «sceau» et «marque», tels qu'ils sont utilisés dans la Bible, sont des synonymes. Le sceau de Dieu, tel qu'il nous est présenté dans notre texte, doit être appliqué aux serviteurs de Dieu. Dans ce cas, il ne s'agit pas d'une marque quelconque imprimée dans la chair, mais d'une institution ou observance spéciale relative à Dieu, qui servira de «marque de distinction» entre les adorateurs de Dieu et ceux qui ne sont pas ses serviteurs, bien qu'ils professent le suivre.

On utilise un sceau pour valider ou authentifier un édit ou une loi qu'une personne ou un pouvoir promulgue. De tels cas sont fréquemment relatés dans les Ecritures. Dans 1 Rois 21: 8, nous lisons que Jézabel «écrivit au nom d'Achab des lettres qu'elle scella du sceau d'Achab». Ces lettres avaient alors toute l'autorité du roi Achab. Dans Esther 3: 12, on nous dit que «ce fut au nom du roi Assuérus que l'on écrivit, et on scella avec l'anneau du roi». Esther 8: 8 nous lisons: «Ecrivez donc. . .au nom du roi, et scellez avec l'anneau du roi; car une lettre écrite au nom du roi et scellée avec l'anneau du roi ne peut être révoquée.»

On utilise un sceau en relation avec une loi ou un décret qui requiert l'obéissance, ou sur des documents qui doivent recevoir une valeur légale ou qui doivent être soumis aux provisions de la loi. L'idée de la loi est inséparable du sceau.

Nous n'avons pas besoin de supposer que dans les décrets et les lois de Dieu, dont l'obéissance est obligatoire pour les hommes, un sceau littéral, fait avec des instruments littéraux, doive être apposé. Par la définition du terme et le but de l'utilisation d'un sceau, selon ce qui a déjà été démontré, nous devons comprendre qu'un sceau est ce qui donne la validité et l'authenticité aux décrets ou aux lois. Ceci se retrouve dans le nom ou la signature du pouvoir législateur, exprimé en termes qui montrent quel est le pouvoir et son droit à faire des lois et à en exiger l'obéissance. Même lorsqu'il s'agit d'un sceau littéral, le nom doit toujours être utilisé selon les références déjà données. Un exemple de l'emploi du nom seul se trouve dans Daniel 6: 8, où nous lisons: «Maintenant, ô roi, établis la défense, et signe l’écrit, afin qu'il ne soit pas changé, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui ne peut être abrogée.» (Version Darby, 1970). En d'autres termes, mets la signature de la royauté, qui montre qui exige l'obéissance, et que c’est son droit de l'exiger.

Dans la prophétie d'Esaïe 8, nous lisons: «Enveloppe cet oracle, scelle cette révélation, parmi mes disciples». Il doit s'agir d'une oeuvre consistant à faire revivre dans l'esprit des disciples quelques-unes des exigences de la loi qui avaient été oubliées ou déviées de leur véritable signification. Dans la prophétie, ceci s'appelle sceller la loi, ou lui redonner le sceau qui avait été ôté.

Les 144 000 qui doivent être scellés du sceau de Dieu sur leur front, selon ce que nous lisons dans le chapitre que nous étudions, sont à nouveau mentionnés dans Apocalypse 14: 1, où il est dit qu'ils ont le nom du Père écrit sur leur front.

Qu'est-ce que le sceau de Dieu?Deux conclusions ressortent inévitablement du raisonnement, des faits et des assertions bibliques qui précèdent:

1.Le sceau de Dieu se trouve dans la loi de Dieu.

2.Le sceau de Dieu est cette partie de la loi qui contient son nom, ou son titre descriptif, et qui démontre qui il est, l'extension de son royaume et son droit à gouverner.

Toutes les dénominations évangéliques principales admettent que la loi de Dieu se trouve contenue sommairement dans le Décalogue, ou les dix commandements. Il ne nous reste plus qu'à examiner ces commandements pour voir quel est celui qui constitue le sceau de la loi, ou en d'autres termes, celui qui fait connaître le vrai Dieu, le pouvoir législateur.

Les trois premiers commandements mentionnent «Dieu», mais nous ne pouvons pas discerner qui ils désignent, car il y a une multitude d'objets auxquels ce nom est appliqué. L'apôtre dit: «il existe réellement plusieurs dieux et plusieurs seigneurs» (1 Corinthiens 8: 5). Pour le moment, nous laisserons de côté le quatrième commandement. Le cinquième contient les mots «Jéhova» et «Dieu», mais ils ne sont pas définis, et les cinq préceptes restants, ne nomment pas Dieu. Avec la seule partie de la loi que nous avons examinée, il serait impossible de convaincre un idolâtre de son erreur. L'adorateur de statues pourrait dire: «L'idole qui est devant moi est mon dieu, son nom est dieu, et ce sont ses préceptes.» Celui qui adore les astres pourrait dire: «Le soleil est mon dieu, et je l'adore en accord avec cette loi.» De telle façon que sans le quatrième commandement, le Décalogue est nul et caduc, pour définir le culte qui doit être attribué au vrai Dieu.

Mais ajoutons maintenant le quatrième commandement, rendons à la loi ce précepte que beaucoup considèrent comme supprimé, et voyons quelle est la situation. Examinons ce commandement qui contient la déclaration: «Car en six jours l'Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu», et nous voyons tout de suite que nous sommes en train de lire les commandements de Celui qui créa toutes les choses. Le soleil, n'est donc pas le Dieu du Décalogue. Le vrai Dieu est celui qui fit le soleil. Aucun objet dans le ciel ou sur la terre représente celui qui exige ici l'obéissance, parce que le Dieu de cette loi est Celui qui fit toutes les choses créées. Nous avons maintenant une arme contre l'idolâtrie. Cette loi ne peut déjà plus s'appliquer aux «faux dieux qui n'ont point fait les cieux et la terre» (Jérémie 10: 11). L'Auteur de cette loi a déclaré qui il est, l'étendue de son royaume, et son droit à gouverner; parce que tout être créé doit reconnaître tout de suite, que Celui qui est le Créateur de toutes choses, à le droit d'exiger l'obéissance de toutes ses créatures. De façon qu'en ayant le quatrième commandement à sa place, ce document admirable qu'est le Décalogue, l'unique document existant parmi les hommes écrit du doigt de Dieu, porte une signature, il porte quelque chose qui le rend intelligible et authentique; il porte un sceau. Mais sans le quatrième commandement, la loi est incomplète et n'a aucune autorité.

De la logique qui précède, il est évident que le quatrième commandement constitue le sceau de la loi de Dieu, ou le sceau de Dieu. Les Ecritures ajoutent leur témoignage à cette conclusion.

Nous avons déjà vu que dans la Bible on utilise comme synonymes les mots «signe», «sceau» et «marque». Le Seigneur dit expressément que le Sabbat est un signe entre lui et son peuple. «Vous ne manquerez pas d'observer mes Sabbats, car ce sera entre moi et vous, et parmi vos descendants, un signe auquel on connaîtra que je suis l'Eternel qui vous sanctifie» (Exode 31: 13). Le même fait est répété dans Ezéchiel 20: 12, 20. Là, le Seigneur dit à son peuple que le but de l'observation du Sabbat était de leur faire savoir qu'Il est le vrai Dieu. C'est comme si Dieu avait dit: «Le Sabbat est un sceau. Pour ma part, c'est le sceau de mon autorité, le signe que j'ai le droit d'exiger l'obéissance; de votre part, il est le signe que vous m'acceptez comme votre Dieu.»

Si quelqu'un disait que ce principe ne peut s'appliquer actuellement aux chrétiens, car le Sabbat était seulement un signe entre Dieu et les Juifs, il suffirait de répondre que les termes «Juifs» et «Israël» dans le vrai sens biblique ne se limitent pas à la postérité littérale d'Abraham. Ce patriarche fut choisi au début, parce qu'il était l'ami de Dieu tandis que ses parents étaient idolâtres. Ses descendants furent choisis comme enfants de Dieu, gardiens de Sa loi et dépositaires de Sa vérité, parce que tous les autres peuples avaient apostasié. Ces paroles relatives au Sabbat leur furent adressées tandis qu’ils avaient l’honneur d’avoir été ainsi séparés de tous les autres peuples. Mais quand le mur de séparation fut abattu et que les Gentils furent invités à participer aux bénédictions d’Abraham, tous les fils de Dieu, Juifs et Gentils, entrèrent dans une relation nouvelle et plus étroite avec Dieu par son Fils, et ils sont maintenant décrits par des expressions comme celles-ci: «Le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement,» et «voici vraiment un Israélites» (Romains 2:29; Jean 1:47). Ces déclarations s’appliquent à tous ceux qui remplissent les conditions qui y sont exposées, parce qu’ils ont autant d’occasion de connaître le Seigneur que Son peuple de l’antiquité.

Donc, le Seigneur considère le Sabbat du quatrième commandement comme un signe entre Lui et Son peuple, ou le sceau de Sa loi pour tous les temps. Celui qui observe ce commandement démontre qu’il adore le véritable Dieu. Dans ce même commandement, Dieu se fait connaître comme notre Gouverneur légitime, puisqu’Il est notre Créateur.

En harmonie avec cette idée, il faut noter le fait significatif que lorsque les écrivains sacrés veulent faire une distinction entre le vrai Dieu et les faux dieux dont la description est équivoque, ils invoquent les grands faits de la création sur laquelle se base le quatrième commandement (Voir 2 Rois 19:15; 2 Chroniques 2:12; Néhémie 9:6; Psaume 96:5; 115:4-7, 15; 121:2; 124:8; 134:3; 146:6; Esaïe 37:16; 42:5; 44:24; 45:12; 51:13; Job 9:8; Jérémie 10:10-12; 32:17; 51:15; Actes 4:24; 14:15; 17:23, 24; Apoc. 4:11).

Notez bien que le même groupe qui, dans Apocalypse 7, porte le sceau du Dieu vivant sur leurs fronts, nous est présenté une autre fois dans Apocalypse 14:1, comme ayant le nom du Père sur leurs fronts. Ceci nous donne une bonne preuve que «le sceau du Dieu vivant» et «le nom du Père» sont utilisés comme synonymes. La chaîne des évidences se complète quand on vérifie que le quatrième commandement qui est, comme nous l’avons démontré, le sceau de la loi, est mentionné par le Seigneur comme quelque chose qui contient Son nom. La preuve de ceci se voit dans Deutéronome 16:6: «Mais c’est dans le lieu que choisira l’Éternel, ton Dieu, pour y faire résider son nom, que tu sanctifieras la Pâque.» Qu'y avait-il dans le lieu où la Pâque était sacrifiée? C’est là qu’était le sanctuaire qui contenait dans son lieu très saint l’arche avec les dix commandements, le quatrième l’identifiait comme Dieu véritable, et contenait son nom. Partout où était le quatrième commandement, là se trouvait le nom de Dieu, et il était le seul auquel le langage de ce passage pouvait s’appliquer (Voir Deutéronome 12:5, 11, 21; 14:23, 24).

Le scellement.--Maintenant que nous avons vérifié que le sceau de Dieu est le saint Sabbat, par lequel Son nom est identifié, nous sommes préparés à procéder à l’application des passages que nous étudions. Les scènes introduites dans les versets que nous considérons, les quatre vents qui vont souffler, pour précipiter les guerres et l’angoisse sur la terre, et le fait que cette oeuvre destructrice est retenue jusqu’à ce que les serviteurs de Dieu soient scellés, tout ceci nous rappelle comment les maisons des Israélites furent marquées avec le sang de l’agneau pascal et laissées de côté par l’ange qui parcourait le pays pour tuer les premiers-nés de l’Égypte (Exode 12). Souvenons-nous aussi de la marque que l’homme portant une écritoire plaçait sur tous ceux qui devaient être pardonnés par ceux qui suivaient avec leurs armes de carnage (Ezéchiel 9). Nous concluons que le sceau de Dieu placé sur Ses serviteurs est une marque distinctive, ou caractéristique religieuse, qui les exemptera des jugements de Dieu qui tomberont sur les impies autour d’eux.

Ayant trouvé le sceau de Dieu dans le quatrième commandement, nous nous interrogeons: L’observation de ce commandement implique-t-elle une particularité dans les pratiques religieuses? Oui, et elle est très remarquable. C’est un des faits les plus singuliers de l’histoire religieuse que, à une époque où la lumière de l’Évangile brille si intensément, quand l’influence du christianisme est si puissante et si étendue, une des pratiques les plus particulières qu’une personne puisse adopter, une des croix les plus lourdes qui puisse être portée, c’est la simple observation du quatrième commandement de la loi de Dieu. Ce précepte veut que le septième jour de la semaine soit observé comme jour de repos du Seigneur; tandis que la presque totalité de la chrétienté, sous les influences combinées du paganisme et de la papauté, s’est laissée séduire et garde le premier jour. Il suffit qu’une personne commence à observer le jour ordonné par le commandement pour qu’immédiatement elle soit signalée comme étant particulière. Elle est distincte de ceux qui professent appartenir au monde religieux ou séculaire.

Nous concluons que l’ange qui monte du côté du soleil levant et tient le sceau du Dieu vivant, est un messager divin chargé d’une réforme qui doit être réalisée parmi les hommes quant à l’observation du Sabbat du quatrième commandement. Les agents de cette oeuvre sur la terre sont donc les ministres de Christ, parce que la mission d’instruire leurs semblables dans les vérités de la Bible a été confiée aux hommes. Mais comme l’ordre règne dans l’exécution de tous les conseils divins, il n’est pas improbable qu’un ange littéral ait à sa charge la direction de cette réforme.

Nous avons noté que la chronologie de cette oeuvre la situe à notre époque. Ceci ressort davantage par le fait que dans la scène suivant le scellement des serviteurs de Dieu, ils se présentent devant le trône avec des palmes de victoire dans les mains. Le scellement est donc la dernière oeuvre qui est faite en leur faveur avant leur libération de la destruction qui s’abat sur le monde lors du second avènement.

Identité de l’ange qui scelle.--Dans Apocalypse 14, la même oeuvre nous est présentée sous le symbole d’un ange qui volait par le milieu du ciel avec l’avertissement le plus terrible qui soit jamais tombé dans les oreilles humaines. Bien que nous parlerons plus en détail de ceci quand nous arriverons à ce chapitre, nous nous référons maintenant à sa proclamation parce que c’est la dernière oeuvre qui doit être réalisée pour le monde, avant la venue de Christ, événement qui vient après dans cette prophétie, proclamation qui doit être synchronisée avec l’oeuvre présentée ici dans Apocalypse 7:1-3. L’ange qui a le sceau du Dieu vivant est donc le même que le troisième ange d’Apocalypse 14.

Cette opinion donne de la force à l’exposition antérieure du sceau. Comme résultat du scellement d’Apocalypse 7, un certain groupe est scellé du sceau du Dieu vivant, tandis que comme résultat du message du troisième ange d’Apocalypse 14, un groupe de personnes obéit à tous les «commandements de Dieu» (Apocalypse 14:12). Le quatrième commandement du Décalogue est le seul que le monde chrétien viole ouvertement et enseigne les hommes à violer. Que ceci soit la question vitale que ce message implique, est quelque chose qui découle du fait que l’observation des commandements, le jour du Seigneur inclus, est ce qui distingue les serviteurs de Dieu de ceux qui adorent la bête et reçoivent sa marque. Comme nous le démontrerons plus en avant, cette marque est l’observation d’un faux jour de repos.

Après avoir noté ainsi brièvement les principaux détails du sujet, nous arrivons maintenant au plus surprenant de tous. En accord avec l’argument chronologique précédent, nous découvrons que cette oeuvre est en train de s’accomplir maintenant devant nos yeux. Le message du troisième ange est déjà en train d’être proclamé. L’ange qui monte du côté du soleil levant est en train d’accomplir sa mission. La réforme relative à la question du jour du repos a déjà commencé; et en toute certitude, bien que d’une façon silencieuse, elle fait son chemin sur la terre. Elle est destinée à agiter tout pays qui reçoit la lumière de l’Évangile, et elle aura pour résultat un peuple préparé pour la venue rapide du Sauveur et scellé pour son royaume éternel. Le scellement des serviteurs de Dieu, par l’ange mentionné au verset 3, se produit donc en reconnaissance de leur fidélité à l’observation de la loi de Dieu, laquelle est identifiée par le quatrième commandement comme Créateur du ciel et de la terre, et comme Celui qui a établi le repos du septième jour en commémoration de cette grande oeuvre.

La rétention des quatre vents.--Encore une seule question et nous laisserons ces versets sur lesquels nous nous sommes tant étendus. Avons-nous vu, parmi les nations, un mouvement qui indiquerait que le cri de l’ange qui monte ait reçu une réponse? «Ne faites point de mal» par le souffle des vents «jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu». Il est vrai que le temps pendant lequel les vents sont retenus ne peut être une période de paix réelle. Il ne correspondrait pas à la prophétie, car pour qu’il soit évident que les vents sont retenus, il doit y avoir des troubles, de l’agitation, de la colère et des jalousies entre les nations, avec des explosions occasionnelles, comme des rafales de vent qui échappent à une tempête prisonnière. Ces explosions doivent être dominées de façon inespérée. De cette façon, et seulement ainsi, il serait évident pour celui qui observe les événements à la lumière de la prophétie que pour un motif la main contenante du Tout-Puissant pèse sur les éléments en lutte. Tel a été l’aspect de notre époque. Des complications inattendues sont apparues les unes après les autres, pour jeter le monde dans une confusion apparemment inextricable et menaçaient de produire une guerre immédiate et épouvantable, quand soudain et inexplicablement tout redevenait calme. Dans la dernière partie du XIXe siècle on a vu des exemples notables de cette coïncidence dans la conclusion soudaine de la guerre franco-allemande en 1871, la guerre ruso-turque en 1878, et la guerre hispano-américaine en 1898.

Ensuite il y eut, durant la première partie du siècle présent la première Guerre Mondiale pendant laquelle les quatre vents furent autorisés à souffler sur une grande partie du monde. Beaucoup d’écrivains déclarèrent que c’était l’Harmaguédon de l’Apocalypse. Avec le passage du temps, il sembla que cette grande conflagration allait consumer le monde entier, sans lui laisser de racine ou de branche. Mais, soudain, l’ange cria: «Retenez-vous», parce que le scellement n’est toujours pas terminé. Le 11 Novembre 1918, les quatre anges arrêtèrent les vents de la lutte, et un monde malade de guerre, fou de la terreur de quatre années de boucherie, se réjouit à nouveau d’une apparente paix et sécurité.

L’armistice fut acclamé comme le début d’un âge d’or et de paix, de prospérité et de bonne volonté entre les hommes, car cette guerre n’avait-elle été livrée pour en terminer avec les guerres? Des millions de personnes crurent que jamais plus une autre guerre aurait lieu, que le genre humain avait appris sa leçon. La paix n’était-elle pas plutôt due à la main de Dieu qui intervenait dans les affaires des nations pour faciliter la fin de la grande oeuvre décrite par les paroles de l’ange enregistrées dans le verset 3 du chapitre que nous considérons: «jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu»?

La période comprise entre l’armistice de 1918 et l’éclatement de la seconde Guerre Mondiale fut loin d’être pacifique, car l’Almanach Mondial présente, durant ce laps de temps, une liste d’au moins 17 conflits qui affectèrent quatre continents. Beaucoup de ces explosions menacèrent d’atteindre de sérieuses proportions. Mais chaque fois que le monde affligé commençait à craindre l’extension de ces conflits, les difficultés se résolvaient de façon inespérée. L’ange intervint-il en faveur de la paix?

Ensuite, d’une manière soudaine, les quatre anges lâchèrent à nouveau les vents et ceux-ci prirent la vitesse d’un tourbillon dans un conflit dévastateur global que nous appelons la seconde Guerre Mondiale, et presque le monde entier se vit affecté. Cette lutte dépasse de beaucoup la première, par son amplitude et les épouvantables déprédations qu’elle lâcha sur tout ce que l’humanité apprécie.

Nous ne pouvons pas comprendre ni expliquer le flux et le reflux de ces courants de guerre et de paix, si ce n’est par la révélation de Jésus-Christ donnée au prophète Jean, telle qu’elle est enregistrée dans ces versets. Quand il convient aux plans et aux desseins de Dieu de laisser souffler les vents des luttes, alors la nature humaine irrégénérée par la grâce de Dieu agit sans frein. Mais quand Il dit: «Assez», l’ange crie: «retenez-vous, retenez-vous, retenez-vous, retenez-vous», et la lutte cesse afin que l’oeuvre de Dieu puisse agir. Il en sera ainsi, jusqu’à la grande consommation du plan du salut.

Te sens-tu, ami lecteur, affligé par l’agitation et la confusion qu’il y a parmi les nations? Désires-tu savoir ce que signifie tout ceci? Tu trouveras la réponse dans le tableau présenté dans ces versets: «le Très-Haut domine sur le règne des hommes» et Il «le donne à qui Il lui plaît» (Daniel 4:32). Au moment qu’Il choisira, Il fera «cesser les combats jusqu’au bout de la terre.» (Psaume 46: 9).

VERS. 4-8: «4 Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël: 5 de la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau; de la tribu de Ruben, douze mille; de la tribu de Gad, douze mille; 6 de la tribu d’Aser, douze mille; de la tribu de Nephthali, douze mille; 7 de la tribu de Manassé, douze mille; de la tribu de Siméon, douze mille; de la tribu de Lévi, douze mille; de la tribu d’Issacar, douze mille; 8 de la tribu de Zabulon, douze mille; de la tribu de Joseph, douze mille; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau.»

Le nombre de ceux qui doivent être scellés.--Ici, on nous présente le nombre de ceux qui doivent être scellés: 144 000. Par le fait qu’il y ait douze mille scellés de chacune des douze tribus, certains en ont déduit que cette oeuvre a dû être réalisée il y a longtemps, au moins, au début de l’ère chrétienne, quand ces douze tribus avaient une existence littérale. Ils ne peuvent pas comprendre comment cette prophétie peut s’appliquer à notre époque, quand tout trait de distinction entre ces tribus a disparu depuis longtemps et a été effacé complètement. Nous recommandons à ces personnes de prendre note du langage employé au début de l’épître de Jacques: «Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut!Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves. » Ceux auxquels Jacques s’adresse, sont des croyants chrétiens, car ils sont frères. Certains s’étaient convertis du paganisme et d’autres du judaïsme, et cependant, il les inclut tous dans les douze tribus. Comment est-ce possible? Paul l’explique dans Romains 11:17-24. Dans l’image vivante de la greffe que l’apôtre introduit ici, le bon olivier représente Israël.

Certaines des branches –les descendants naturels d’Abraham- furent coupées à cause de leur incrédulité concernant le Christ. Par la foi en Christ, les greffons de l’olivier sauvage –les Gentils- sont greffés sur le bon olivier, et c’est ainsi que les douze tribus se perpétuent. Nous trouvons ici une explication du langage de Paullui-même: «tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël,» et «le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors;... mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement.» (Romains 9:6-8; 2:28, 29). Nous trouvons aussi, sur les portes de la Nouvelle Jérusalem, qui est une ville du Nouveau Testament, ou chrétienne, les noms des douze tribus des fils d’Israël. Sur les fondements de cette ville les noms des douze apôtres de l’Agneau sont inscrits (Apocalypse 21: 12-14).

Si les douze tribus appartenaient exclusivement à l’ère judaïque, l’ordre le plus naturel aurait été que leurs noms soient écrits sur les fondements, et ceux des douze apôtres sur les portes; mais non, les noms des douze tribus sont sur les portes. Comme à travers ces portes, qui portent ces inscriptions, toutes les armées des rachetés sortiront et entreront, ainsi, tous les rachetés seront comptés comme appartenant à ces douze tribus, sans considérer si, sur cette terre, ils furent juifs ou gentils.

Il faut noter que l’énumération des tribus diffère ici de celle donnée ailleurs. Dans le passage que nous étudions, on omet Éphraïm et Dan, et on met à leur place, Lévi et Joseph. Les commentateurs expliquent l’omission de Dan par le fait que cette tribu était celle qui s’adonna le plus à l’idolâtrie (Voir Juges 8). La tribu de Lévi occupe ici sa place avec le reste, parce que dans la Canaan céleste les raisons qui les empêchaient d’avoir un héritage n’existeront pas. Joseph est probablement substitué à Éphraïm, car il semble que c’était un nom qui s’appliquait ou à la tribu d’Éphraïm ou à celle de Manassé (Nombres 13:11).

Douze mille de chacune des douze tribus sont scellés, et ceci démontre que ce ne sont pas tous ceux qui dans les registres célestes avaient une place parmi les douze tribus, quand l’oeuvre du scellement commence, qui résistèrent à l’épreuve et furent finalement vainqueurs, parce que les noms déjà inscrits dans le livre de la vie peuvent avoir été effacés si les personnes qui les portent ne sont pas vainqueurs (Apocalypse 3:5).

VERS. 9-12: «9 Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. 10 Et ils criaient d’une voix forte, en disant: Le salut est à notre Dieu, qui est assis sur le trône, et à l’Agneau. 11 Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu, en disant: 12 Amen! La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance, et la force, soient à notre Dieu, aux siècles des siècles! Amen.»

Une fois le scellement terminé, Jean contemple une innombrable multitude qui, en extase, adore Dieu devant son trône. Cette vaste multitude est constituée, sans l’ombre d’un doute, par les sauvés de toute nation, tribu et langue qui ont été ressuscités lors de la seconde venue de Christ, ce qui démontre que le scellement est la dernière oeuvre réalisée en faveur du peuple de Dieu avant la translation.

VERS. 13-17: «13 Et l’un des vieillards prit la parole, et me dit: Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus? 14 Je lui dis: Mon Seigneur, tu le sais. Et il me dit: Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. 15 C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux; 16 ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur. 17 Car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.»

Un groupe spécial.--Les questions posées par l’un des vieillards à Jean: «Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus?» considérées en relation avec la réponse de Jean: «Mon Seigneur, tu le sais,» impliquent que Jean ne le savait pas, et elles sembleraient illogiques si elles se référaient à toute la grande multitude qu’il avait devant lui. Parce que Jean savait qui elle était et d’où elle était venue, puisqu’il venait de dire qu’elles étaient les personnes –rachetées bien sûr- de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Jean aurait pu répondre: ce sont les rachetés de toutes les nations de la terre. Aucun groupe ne nous est présenté, auquel on ferait naturellement allusion d’une façon spéciale, si ce n’est celui mentionné dans la première partie du chapitre: les 144 000. En fait, Jean avait vu les membres de ce groupe dans leur état mortel, quand ils étaient en train de recevoir le sceau du Dieu vivant parmi les scènes tumultueuses des derniers jours; mais tandis qu’ils sont parmi la multitude des rachetés, la transition est si grande et la condition dans laquelle ils se trouvent maintenant est si différente, qu’il ne les reconnaît pas comme étant le groupe spécial de ceux dont il a vu le scellement sur la terre. Les caractéristiques suivantes semblent s’appliquer de façon spéciale à ce groupe:

Ils viennent de la grande tribulation.--En fait, bien que tous les chrétiens, jusqu’à un certain point, doivent passer «par beaucoup de tribulations...» pour «entrer dans le royaume de Dieu» (Actes 14:22), ceci s’applique dans un sens tout spécial aux 144 000. Ils passent par l’époque «de détresse, telle qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent » (Daniel 12:1). Ils expérimentent la terreur mentale du temps d’angoisse de Jacob (Jérémie 30:4-7). Ils doivent subsister sans Médiateur durant les scènes terribles des sept dernières plaies, qui sont la manifestation de la colère de Dieu versée sans mélange sur la terre, comme nous pouvons le voir dans Apocalypse 15 et 16. Ils passent par l’époque de tribulation la plus sévère que le monde ait connue, mais ils triomphent finalement et ils sont libérés.

Ils portent des robes blanches.--«Ils ont lavés leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’Agneau». La dernière génération reçoit des conseils très énergiques sur la nécessité d’obtenir le vêtement blanc (Apocalypse 3: 5, 18). Les 144 000 refusent de violer les commandements de Dieu (Apocalypse 14:1, 12). On verra qu’ils basèrent leur espérance de la vie éternelle sur les mérites du sang versé par leur divin Rédempteur, et qu’ils ont fait de Lui la source de leur justice. L’affirmation qu’ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau a une force particulière.

Ils sont appelés prémices.--Le verset 15 décrit le poste d’honneur qu’ils occupent dans le royaume, et combien ils sont proches de Dieu. Ailleurs, ils sont appelés «prémices pour Dieu et pour l’Agneau» (Apocalypse 14:4).

Ils n’auront plus faim.--Dans le verset 16, on dit qu’ils «n’auront plus faim, ils n’auront plus soif». Ceci démontre qu’il y eut un moment où ils eurent faim et soif. A quoi ceci, se réfère-t-il? Comme il est sans doute fait allusion à quelque chose qu’ils expérimentèrent d’une manière toute spéciale, ne s’agirait-il pas des épreuves qu’ils souffrirent pendant le temps d’angoisse, surtout durant la chute des sept plaies? A ce moment là, les justes se verront réduits au pain et à l’eau, mais ces choses leur serontassurées (Esaïe 33:16), et ils auront le nécessaire pour subsister. Cependant, ne se peut-il pas que, lorsque les pâturages seront desséchés, que les arbres fruitiers et la végétation auront disparus (Joël 1:18-20), les fleuves et les sources d’eau deviendront du sang (Apocalypse 16:4-7), pour réduire au minimum leur relation avec la terre et les choses terrestres, les saints qui vivront à ce moment-là, auront à souffrir occasionnellement les extrêmes de la faim et de la soif? Mais une fois le royaume obtenu, «ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif.»

Le prophète continue: «le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur». Les 144 000 traversent la période durant laquelle le soleil reçoit le pouvoir de «brûler les hommes par le feu» (Apocalypse 16: 8, 9). Bien qu’ils sont protégés des effets meurtriers du soleil sur les impies qui les entourent, nous ne pouvons pas supposer que leur sensibilité se soit émoussée au point que la chaleur terrible les laisse insensibles. Non; et quand ils entrent dans les champs de la Canaan céleste, ils seront préparés à apprécier la promesse divine que le soleil ne leur fera aucun mal.

L’Agneau les paîtra.--Un autre témoignage qui s’applique au même groupe et en même temps dit que ceux qui «suivent L’Agneau partout où il va» le composent (Apocalypse 14:4). Ces deux expressions montrent l’étroite et divine communion à laquelle le Rédempteur les admet.

Dans le beau passage suivant, le Psalmiste semble faire allusion à la même promesse: «Ils se rassasient de l’abondance de ta maison, et tu les abreuves au torrent de tes délices» (Psaume 36:9). La phraséologie de cette promesse faite aux 144 000 se trouve aussi partiellement dans une prophétie glorieuse de la plume d’Ésaïe: «Il anéantit la mort pour toujours; le Seigneur, l’Éternel, essuie les larmes de tous les visages, il fait disparaître de toute la terre l’opprobre de son peuple; car l’Éternel a parlé» (Ésaïe 25:8).

Chapitre VIII. - La Chute de L’Empire Romain

VERS. 1: «Quand il ouvrit le septième sceau, il y eut dans le ciel un silence d’environ une demi-heure».

Le premier verset de ce chapitre est en relation avec les événements mentionnés dans les chapitres antérieurs, et il ne devrait donc pas être séparé d’eux par la division du chapitre. Ici, la série des sept sceaux recommence et se termine. Le sixième chapitre de l’Apocalypse prend fin avec l’exposition des événements du sixième sceau, et le huitième chapitre commence avec l’ouverture du septième sceau. Le septième chapitre représente donc une parenthèse entre le sixième et le septième sceau, et il est évident que le scellement d’Apocalypse sept appartient au sixième sceau.

Le silence dans le ciel.--Le sixième sceau ne nous amène pas jusqu’à la seconde venue de Christ, bien qu’il embrasse des événements étroitement liés à cette venue. Il présente les épouvantables commotions des éléments, où le ciel se retire comme un livre qu’on roule, la surface de la terre se fend, et les impies confessent que le grand jour de la colère de Dieu est arrivé. Ils se trouvent dans l’expectative de voir le Roi apparaître en gloire. Mais le sceau n’arrive pas jusqu’à cet événement. L’apparition personnelle de Christ doit donc arriver durant le sceau suivant.

Quand le Seigneur apparaît, il vient avec tous les saints anges (Matthieu 25:31). Quand tous les joueurs de harpes célestes abandonnent les cours de Dieu pour venir sur cette terre avec leur divin Seigneur tandis qu’il descend chercher les fruits de son oeuvre rédemptrice, n’y aura-t-il pas le silence dans le ciel? Cette période de silence, si nous la considérons comme un temps prophétique, dure environ sept jours.

VERS. 2: «Et je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu, et sept trompettes leur furent données.»

Ce verset présente une série nouvelle et distincte d’événements. Avec les sceaux, nous avons l’histoire de l’Église durant ce que nous appelons l’ère chrétienne. Avec les sept trompettes que nous abordons maintenant nous avons les principaux événements politiques et belliqueux qui se produisent pendant le même temps.

VERS. 3-5: «3 Et un autre ange vint, et il se tint sur l’autel, ayant un encensoir d’or; on lui donna beaucoup de parfums, afin qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône. 4 La fumée des parfums monta, avec les prières des saints, de la main de l’ange devant Dieu. 5 Et l’ange prit l’encensoir, le remplit du feu de l’autel, et le jeta sur la terre. Et il y eut des voix, des tonnerres, des éclairs, et un tremblement de terre.»

Après avoir présenté les sept anges de la scène du verset 2, Jean attire, pour un moment, notre attention sur une séquence totalement différente. L’ange qui s’approche de l’autel n’est pas un des sept qui reçoivent les trompettes. L’autel est celui des parfums, qui dans le sanctuaire terrestre se trouvait dans le premier appartement. Nous trouvons donc, ici, une autre preuve de l’existence d’un sanctuaire dans le ciel, avec ses ustensiles pour le service. Il était l’original duquel le terrestre était une image; et les visions de Jean nous conduisent à l’intérieur de ce sanctuaire céleste. A l’intérieur, nous voyons la réalisation d’une oeuvre en faveur de tous les saints. On nous présente ici, sans aucun doute, toute l’oeuvre de médiation qui est accomplie en faveur du peuple de Dieu pendant l’ère évangélique. Ceci ressort par le fait que l’ange offre de l’encens avec les prières de tous les saints. Le fait que l’ange remplit son encensoir de feu et le jette sur la terre met en évidence que cette vision nous conduit à la fin du temps, et par cet acte, il indique que son oeuvre est terminée. Déjà, des prières mêlées d’encens ne doivent plus être offertes. Cet acte symbolique ne peut s’appliquer qu’au moment où le ministère de Christ dans le sanctuaire en faveur de l’humanité prend fin pour toujours. Après cet acte de l’ange, il y a des voix, des tonnerres, des éclairs, et des tremblements de terre; selon ce qui nous est dit ailleurs, c’est exactement ce qui doit arriver à la fin du temps de grâce de l’humanité (Voir Apocalypse 11:19; 16:17,18).

Mais pourquoi ces versets sont-ils insérés ici? Ils constituent un message d’espérance et de consolation pour l’Eglise. Les sept anges avec leurs trompettes belliqueuses ont été présentés; des scènes terribles vont se produire lorsqu’ils sonneront de la trompette; mais avant de commencer à sonner, l’oeuvre de médiation qui est accomplie dans le ciel en faveur du peuple de Dieu, lui est montrée, et il est invité à contempler ce qui sera la source de sa force et son aide pendant cette période. Bien qu’il sera jeté dans les vagues tumultueuses de la guerre et des altercations, il doit se souvenir que son grand Souverain Sacrificateur continue à officier pour lui dans le sanctuaire céleste. Il pourra diriger ses prières vers ce lieu sacré avec la sécurité qu’elles seront offertes avec l’encens à leur Père céleste. Il pourra ainsi obtenir la force et le soutien durant toute la persécution.

VERS. 6: «Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.»

Les sept trompettes.--Reprenons en considération les sept trompettes, qui occuperont le reste de ce chapitre et tout le chapitre neuf. Le symbole des trompettes sonnées par les sept anges complète ce qu’annonçait la prophétie de Daniel 2 et 7 après la division du vieil empire romain en dix royaumes. Dans les quatre premières trompettes, nous avons une description des événements spéciaux qui signalèrent la chute de Rome.

VERS. 7: «Et il y eu de la grêle et du feu mêlés de sang, qui furent jetés sur la terre; et le tiers de la terre fut brûlé, et le tiers des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut brûlée.»

Alexander Keith a remarqué avec justesse ce qui suit:

«Personne ne pouvait mieux éclaircir les textes, ou les exposer plus complètement, que l’historien Gibbon ne l’a fait dans ce travail. Les chapitres du philosophe sceptique qui traitent directement du sujet, ont seulement besoin qu’on les pr©cède d’un texte et qu’on efface quelques paroles profanes, pour former une série d’exposition des chapitres 8 et 9 de l’Apocalypse de Jésus-Christ.» «Il ne reste que peu, ou rien à faire, à celui qui prétend les interpréter, si ce n’est de signaler les pages de Gibbon.»

Le premier châtiment grave qui tomba sur la Rome Occidentale dans son déclin, fut la guerre avec les Goths commandés par Alaric, qui prépara le chemin à d’autres incursions. La mort de l’empereur romain Théodose eut lieu en Janvier 395, et avant la fin de l’hiver, les Goths dirigés par Alaric, guerroyaient contre l’empire.

La première invasion que conduisit Alaric dévasta l’empire oriental. Il prit les villes fameuses et réduisit beaucoup de leurs habitants à l’esclavage. Il conquit les régions de la Thrace, de la Macédoine, l’Attique et le Péloponnèse, mais il n’arriva pas jusqu’à la ville de Rome. Plus tard, le chef Goth traversa les Alpes et les Apennins et se présenta devant les murs de la Ville Éternelle, qui fut prise par les barbares en 410.

«La grêle et du feu mêlés de sang» furent jetés sur la terre. Les terribles effets de l’invasion des Goths nous sont présentés sous ceux de «la grêle», vue l’origine septentrionale des envahisseurs; sous ceux «du feu» à cause de la destruction des villes et des champs par les flammes; et sous ceux du «sang» à cause des terribles tueries des habitants de l’empire que ces guerriers intrépides et audacieux commirent.

La première trompette.--Le coup de la première trompette se situe vers la fin du quatrième siècle et suivant, et concerne les invasions dévastatrices que les Goths firent subir à l’empire romain.

Après s’être bien étendu sur l’oeuvre d’Edward Gibbon, «History of the Decline of the Roman Empire» (Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire Romain), chapitres 30 à 33, relatifs aux conquêtes des Goths, Alexander Keith présente un résumé admirable des paroles de l’historien qui souligne l’accomplissement de la prophétie:

«Les larges extraits démontrent clairement comment Gibbon exposa bien et amplement ce passage de l’histoire de la première trompette, la première tempête qui s’abattit sur la terre romaine, et la première chute de Rome. Utilisant ses mots comme un commentaire plus direct, nous lisons ainsi la totalité du sujet: La nation des Goths était en armes quand on entendit le premier son de la trompette, et malgré l’inhabituelle sévérité de l’hiver, ils firent rouler leurs pesants chariots dans le lit large et gelé du fleuve. Les champs fertiles de Phocide et de Béotie furent couverts par un déluge de barbares; les hommes furent massacrés, les femmes et le bétail des villages en flammes furent chassés. Les marques profondes et sanglantes des Goths pouvaient facilement se discerner plusieurs années après. Tout le territoire de l’Attique fut dévasté par la funeste présence d’Alaric. Les plus chanceux des habitants de Corinthe, d’Argos et de Sparte échappèrent à la mort mais ils contemplèrent la destruction de leurs villes. Durant cette saison de grande chaleur où le lit des fleuves s’asséchèrent, Alaric envahit les territoires d’Occident. Le «vieillard solitaire de Vérone» (le poète Claudien) se lamenta pathétiquement sur le sort des arbres de son époque, qui brûlèrent dans la conflagration de tout le pays [notez les paroles de la prophétie: ‘Le tiers des arbres fut brûlé’]; et l’empereur des Romains prit la fuite devant le roi des Goths.

«Une furieuse tempête se leva parmi les nations de Germanie; depuis l’extrême nord, les barbares marchèrent presque jusqu’aux portes de Rome. Ils réussirent à détruire l’Occident. Le nuage sombre qui s’était formé tout au long des côtes de la Baltique, éclata accompagné de coups de tonnerre, sur les rives du Haut Danube. Les prairies de la Gaule, où paissaient les troupeaux, et les rives du Rhin couvertes d’élégantes maisons et de propriétés bien cultivées, formaient un panorama de paix et d’abondance, qui se transforma soudainement en un désert, qui se distinguait de la solitude de la nature uniquement par les ruines fumantes. Beaucoup de villes furent cruellement opprimées ou détruites. Plusieurs milliers furent mis à mort de façon inhumaine. Les flammes consumantes de la guerre s’étendirent sur la plus grande partie des dix-sept provinces de la Gaule.

«Ensuite, Alaric étendit ses ravages à l’Italie. Durant quatre ans, les Goths pillèrent et régnèrent sans contrôle. Et pendant le sac et l’incendie de Rome, les rues de la ville se remplirent de cadavres; les flammes consumèrent beaucoup d’édifices publics et particuliers; et les ruines d’un palais subsistèrent encore un siècle et demi plus tard comme monument grandiose de la guerre des Goths.»

Après ce résumé, Keith complète le tableau en disant:

«La phase finale du chapitre 33 de l’histoire de Gibbon est en elle même un commentaire clair et compréhensif; parce qu’en concluant sa propre description de cette période brève mais riche en événements, il concentre, comme des déclarations parallèles, la totalité de l’histoire et la substance de la prédiction. Mais les mots qui précèdent ces déclarations ne manquent pas de signification: ‘La dévotion publique de cette époque était impatiente d’exalter les saints et les martyres de l’église catholique, sur les autels de Diane et d’Hercule. L’union de l’empire romain fut dissoute; son génie humilié dans la poussière; et des armées de barbares inconnus, sortirent des régions glacées du Nord, établirent leur règne victorieux sur les provinces les plus belles d’Europe et d’Afrique.

«Le dernier mot, Afrique, est le signal pour la sonnerie de la deuxième trompette de sonner. La scène se transporte des rives de la Baltique à la côte méridionale de la Méditerranée, ou des régions glacées du nord aux plages brûlantes d’Afrique. Et au lieu d’une tempête de grêle qui s’abat sur la terre, une «montagne embrasée par le feu fut jetée dans la mer.»

VERS. 8, 9: «8 Le second ange sonna de la trompette. Et quelque chose comme une grande montagne embrasée par le feu fut jeté dans la mer; et le tiers de la mer devint du sang, 9 et le tiers des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient vie mourut, et le tiers des navires périt.»

La seconde trompette.--L’empire romain, après Constantin le Grand, se divisa en trois parties. D’où la mention fréquente du «tiers des hommes», allusion à la troisième partie de l’empire qui souffre du fléau. Cette division de l’empire Romain se fit à la mort de Constantin le Grand, par ses trois fils: Constance, Constantin II et Constant. Constance eut l’Orient et fixa sa résidence à Constantinople, la métropole de l’empire. Constantin II obtint la Grande Bretagne, la Gaule et l’Espagne. Constant régna sur l'Illyrie, l’Afrique et l’Italie.

Le son de la seconde trompette se réfère évidemment à l’invasion et à la conquête de l’Afrique, et plus tard de l’Italie, par Genséric, roi des Vandales. Ses conquêtes furent surtout navales, et ses triomphent furent «comme une grande montagne embrasée par le feu,... jetée dans la mer.» Quelle image pouvait mieux illustrer l’affrontement des flottes ou la destruction générale causée par la guerre sur les côtes maritimes? Pour expliquer cette trompette, nous avons besoin de chercher des événements qui eurent une influence sur le monde commercial. Le symbole utilisé ici nous pousse naturellement à chercher une agitation ou un bouleversement. Rien qui ne soit pas une féroce guerre navale ne peut accomplir la prédiction. Si le son des quatre premières trompettes se réfère à quatre événements remarquables qui contribuèrent à la chute de l’empire romain, et si la première trompette prédit les désastres commis par les Goths sous Alaric, dans l’étude de la seconde trompette, nous chercherons naturellement l’invasion suivante qui secoua le pouvoir romain et prépara sa chute. La grande invasion suivante fut celle de Genséric, à la tête des Vandales. Sa course arriva à son apogée entre les années 428-468. Ce grand chef vandale établit son quartier général en Afrique. Mais comme dit Gibbon, «la découverte et la conquête des nations noires [en Afrique] qui pouvaient vivre dans la zone torride, ne tenta pas l’ambition rationnelle de Genséric;aussi dirigea-t-il ses regards vers la mer; il résolut de créer une force navale, et exécuta sa décision audacieuse avec une persévérance active et constante.» Depuis le port de Carthage, il sortit à plusieurs reprises, comme pirate, pour enlever des proies au commerce romain et faire la guerre à l’empire. Pour faire face à ce monarque de la mer, l’empereur Majorien, fit d’intenses préparatifs navals.

«Les forêts des Apennins furent taillées; les arsenaux furent rétablis et les fabriques de Ravenne et Misènerestaurées ; l’Italie et la Gaule rivalisèrent pour faire de généreuses contributions au service public; et la marine impériale de trois cents grandes galères, avec une proportion adéquate de transports et de navires plus petits, se réunit dans le port sûr et spacieux de Carthagène en Espagne... Mais Genséric se sauva de la ruine imminente et inévitable par la trahison de quelques-uns des sujets puissants, qui l’enviaient ou qui craignaient le succès de leur seigneur. Guidé par leurs renseignements secrets, il surprit la flotte sans surveillance dans la baie de Carthagène; de nombreux bateaux furent coulés, capturés ou brûlés; et les préparatifs de trois années furent anéantis en un seul jour...

«Le royaume d’Italie, nom auquel avait été graduellement réduit l’empire d’Occident fut affligé pendant le gouvernement de Ricimer, par les déprédations incessantes des pirates vandales. Au printemps de chaque année, ils équipaient une flotte formidable dans le port de Carthage; et Genséric, bien que déjà vieux, commandait toujours en personne les expéditions les plus importantes...

«Les Vandales visitèrent plusieurs fois les côtes d’Espagne, de Ligurie, de Toscane, de Campanie, de Lucanie, Bruttium, Apulie, Calabre, Vénétie, Dalmatie, Épire, Grèce et Sicile...

«La célérité de leurs mouvements, leur permettait de menacer et d'attaquer les objectifs les plus éloignés qui attiraient leurs désirs; et comme ils embarquaient toujours un nombre suffisant de chevaux, ils pouvaient parcourir, à peine débarqués, la région atterrée avec un corps de cavalerie légère.»

Une dernière tentative désespérée de dépouiller Genséric de la souveraineté de la mer fut faite en 468 par Léon I, empereur d’Orient. Gibbon l’atteste ainsi:

«Le coût total de la campagne africaine, quels que soient les moyens de la financer, atteignit la somme de 130 000 livres d’or, quelques 5 200 000 livres sterling... La flotte qui sortit de Constantinople pour Carthage comptait 1 113 bateaux, et le nombre de soldats et de marins excédait les 100 000 hommes... L’armée d’Héraclius et la flotte de Marcellinus s’unirent ou secondèrent le lieutenant impérial... Le vent favorisa les desseins de Genséric. Il fit manoeuvrer ses plus grands navires de guerre par les Maures et les Vandales les plus vaillants, et ils remorquèrent à leur suite beaucoup de petites embarcations pleines de matériaux combustibles. Dans l’obscurité de la nuit, ces navires destructeurs furent poussés contre la flotte romaine, qui n’était pas sur ses gardes et qui ne soupçonnait rien, mais ils comprirent tout de suite le danger. Leur disposition fermée et encombrée facilita la progression du feu, qui se communiqua avec une violence rapide et irrésistible; et le bruit du vent, le crépitement des flammes, les cris discordants des soldats et des marins, qui ne pouvaient ni donner des ordres ni obéir, augmentaient l’horreur du tumulte nocturne. Tandis qu’ils travaillaient à s‘extirper des brûlots et sauver au moins une partie de la flotte, les galères de Genséric les assaillirent avec un courage mesuré et discipliné; et beaucoup de Romains qui échappèrent à la furie des flammes, furent tués ou capturés par les Vandales victorieux... Après la défaite de cette grande expédition, Genséric redevint le tyran de la mer; les côtes d’Italie, de Grèce et d’Asie furent à nouveau exposées à sa vengeance et à son avarice; Tripoli et la Sardaigne lui obéirent à nouveau; il ajouta la Sicile à ses nombreuses provinces; et avant de mourir, dans la plénitude des années et de la gloire, il contempla l’extinction finale de l’empire d’Occident.»

Concernant la part importante que cet audacieux corsaire joua dans la chute de Rome, Gibbon utilise le langage suivant: «Genséric, un nom qui, dans la destruction de l’empire romain, méritait un rang égal aux noms d’Alaric et Attila.»

VERS. 10, 11: «10 Le troisième sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. 11 Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux furent changé en absinthe, et beaucoup d’hommes moururent par les eaux, parce qu’elles étaient devenues amères.»

La troisième trompette.--Par l’interprétation et l’application de ce passage, nous arrivons au troisième événement important qui a pour résultat la subversion de l’empire romain. Dans l’exposé de l’accomplissement historique de cette troisième trompette nous reconnaissons notre dette envers les notes d’Albert Barnes pour quelques extraits. Comme le dit ce commentateur, pour expliquer ce passage, il est nécessaire «qu’il y ait un capitaine ou un guerrier qui puisse se comparer à un météore ardent; dont la course soit particulièrement brillante; qui apparaisse soudainement, comme une étoile filante, pour disparaître ensuite comme une étoile dont la lumière s’éteint dans les eaux; que la course dévastatrice de ce météore touche de grandes parties du monde où abondent les sources et les cours d’eau; qu’il se produise un effet comme si ces rivières et ces fontaines devenaient amères; c’est-à-dire que beaucoup de personnes meurent, et que les grandes désolations soient causées par la proximité de ces fleuves et de ces cours d’eaux, comme si une étoile amère et funeste était tombée dans les eaux, et que la mort se soit propagée sur les terre adjacentes qu’elles arrosent.»

En principe, il est admis que cette trompette fait allusion aux guerres désastreuses et aux invasions furieuses qu’Attila, roi des Huns, mena contre le pouvoir romain. En parlant de ce guerrier, et plus particulièrement de son apparence personnelle, Barnes dit:

«Son apparence ressemblait beaucoup à un brillant météore qui scintille dans le ciel. Il vint d’Orient avec ses Huns, et il les déversa soudainement sur l’empire, comme nous le verrons, avec la rapidité d’un météore scintillant. Il se considérait comme consacré à Mars, le dieu de la guerre, et il avait l’habitude de se parer d’une façon voyante et singulière, afin que son apparence, en accord avec le langage de ses adulateurs, suffise à éblouir ceux qui le regardaient.»

En parlant de la localisation des événements prédits par cette trompette, Barnes a noté:

«On dit surtout, que l’effet allait toucher les ‘fleuves et les sources d’eau’. Que ceci ait une application littérale, ou si, comme nous le supposons dans le cas de la seconde trompette, le langage utilisé se rapporte à la partie de l’empire qui serait particulièrement affectée par une invasion hostile, alors nous pouvons supposer qu’il s’agit des régions de l’empire où les cours d’eau et les sources, et plus particulièrement où naissent les rivières et les ruisseaux –car l’effet était permanent sur les ‘sources d’eaux’. En fait, les principales actions d’Attila avaient eu lieu dans les Alpes, et dans ces parties de l’empire d’où les fleuves descendent vers l’Italie. Gibbon décrit ainsi de façon générale l’invasion d’Attila: ‘Toute la largeur de l’Europe, qui s’étend sur plus de huit cents kilomètres depuis l’Euxine jusqu’à l’Adriatique, fut envahie en une seule fois, occupée et dévastée par les myriades de barbares qu’Attila conduisit dans la campagne.’»

Le nom de l’étoile est «Absinthe».--Le mot «absinthe» indique quelque chose aux conséquences amères. «Ces mots, qui sont en relation étroite avec le verset antérieur,... nous rappellent ... le caractère d’Attila, la misère dont il fut l’auteur ou l’instrument et la terreur que son nom inspirait.

«‘Extirpation totale et anéantissement’sont les termes qui définissent le mieux les calamités qu’il infligeait...

«Attila se réjouissait de ce que l’herbe ne repousserait pas là où son cheval était passé. ‘Le fléau de Dieu’ était le nom qu’il s’était attribué, et qu’il incluait parmi ses titres royaux. L’empereur d’occident, le sénat et le peuple de Rome, tentèrent d’apaiser la colère d’Attila, avec crainte et humilité. Et le dernier paragraphe des chapitres qui traitent de son histoire, s’intitule ‘symptômes de la décadence et de la ruine du gouvernement romain.’ Le nom de l’étoile était Absinthe.»

VERS. 12: «Le quatrième sonna de la trompette. Et le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le tiers en fût obscurci, et que le jour perdît un tiers de sa clarté, et la nuit de même.»

La quatrième trompette.--Nous comprenons que cette trompette symbolise la carrière d’Odoacre, le premier barbare qui gouverna l’Italie et qui fut en relation étroite avec la chute de la Rome occidentale. Les noms du soleil, de la lune et des étoiles – qui sont ici sans aucun doute utilisés symboliquement- désignent évidemment les grands luminaires du gouvernement romain: ses empereurs, ses sénateurs et ses consuls. Le dernier empereur de la Rome occidentale, fut Romulus, celui qu’on appelait Augustule par dérision, c’est-à-dire le «petit Auguste». La Rome occidentale tomba en 476. Cependant, bien que le soleil romain s’éteignit, ses luminaires subordonnés brillèrent faiblement pendant que le sénat et les consuls subsistaient. Mais après de nombreux revers civils et les changements de fortune politique, à la fin, toute la forme de l’ancien gouvernement fut bouleversée, et Rome elle-même, qui était l’impératrice du monde, se vit réduite à la condition d’un pauvre duché tributaire de l’Exarchat de Ravenne.

L’extinction de l’empire occidental est ainsi décrite par Gibbon:

«L’infortuné Augustule fut l’instrument de sa propre disgrâce: il présenta sa démission du sénat; et cette assemblée, dans un dernier acte d’obéissance à un prince romain, affecta encore l’esprit de liberté et les formes de la constitution. Par décret unanime, il envoya un décret à l’empereur Zénon, le beau-fils et successeur de Léon, récemment restauré sur le trône byzantin, après une courte rébellion. ‘Ils [les sénateurs] nièrent solennellement la nécessité, ou même le désir de poursuivre plus longtemps la succession impériale en Italie; car, d’après eux, la majesté d’un seul monarque suffit à dominer et à protéger l’Orient comme l’Occident. En leurs propres noms et en celui du peuple, ils consentirent à transférer le siège de l’empire universel de Rome à Constantinople; et ils renoncèrent vilement au droit d’élire leur seigneur, seul vestige qui leur restait encore de l’autorité qui avait donnée les lois au monde.’»

Alexander Keith commente la chute de Rome de la façon suivante:

«Le pouvoir et la gloire de Rome s’éteignit en tant que dominatrice de tout autre nation. Seul le nom restait à la reine des nations. Tout insigne de la royauté disparut de la ville impériale. Celle qui avait gouverné les nations était assise dans la poussière, comme une seconde Babylone, et il n’y avait pas de trône où les Césars avaient régné. Le dernier acte d’obéissance à un prince romain qu’exécuta cette assemblée autrefois auguste, fut l’acceptation de la démission du dernier empereur d’Occident, et l’abolition de la succession impériale en Italie. Le soleil de Rome avait été frappé...

«Un nouveau conquérant de l’Italie, l’Ostrogoth Théodoric, se leva rapidement, assuma sans aucun scrupule la pourpre royale et régna par droit de conquête. ‘La royauté de Théodoric fut proclamée par les Goths ( le 5 Mars 493), avec le consentement tardif, adverse et ambigu de l’empereur d’Orient’. Le pouvoir impérial romain, duquel Rome ou Constantinople avait été le siège, conjointement ou séparément, en Orient ou en Occident, ne fut déjà plus reconnu en Italie, et la troisième partie du soleil fut frappée au point de ne plus pouvoir émettre même les plus faibles rayons. Le pouvoir des Césars n’était déjà plus connu en Italie; et un roi Goth régnait sur Rome.

«Mais bien que le tiers du soleil fut frappé, et que le pouvoir de la Rome impérial cessa d’exister dans la ville des Césars, la lune et les étoiles continuèrent à briller pour un peu de temps encore dans la partie [impériale] occidentale, même au milieu des ténèbres Gothes. Le consul et le sénat [la lune et les étoiles] ne furent pas abolis par Théodoric. ‘Un historien Goth applaudit le consulat de Théodoric comme l’apogée de tout pouvoir et de toute grandeur temporels’, telle la lune qui règne la nuit, après le coucher du soleil. Et au lieu d’abolir cette charge, Théodoric lui-même ‘félicita ces favoris annuels de la fortune qui, sans les soins du trône, jouissaient de sa splendeur.’

«Mais, selon la prophétie, le consulat et le sénat de Rome arrivèrent à leur fin, bien qu’ils ne tombèrent pas par les mains des Vandales ni des Goths. La révolution suivante que souffrit l’Italie fut sa soumission à Bélisaire, le général de Justinien, empereur de l’Orient. Il ne pardonna pas ce que les barbares avaient consacré. ‘Le consulat romain anéanti par Justinien en 541’ est le titre du dernier paragraphe du chapitre 40 de l’histoire de la décadence et de la chute de Rome, par Gibbon. ‘La succession des consuls cessa finalement la treizième année de Justinien, dont le tempérament despotique pouvait apprécier l’extinction silencieuse d’un titre qui rappelait aux Romains leur ancienne liberté.’ ‘Le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles’. Dans le firmament politique du monde antique, tandis que le royaume de la Rome impériale subsistait, le titre d’empereur, le consulat et le sénat brillèrent comme le soleil, la lune et les étoiles. L’histoire de leur décadence et de leur chute arrive jusqu’au moment où les deux premiers [l’empereur et le consulat] ‘s’éteignirent’, en référence à Rome et à l’Italie, qui durant si longtemps avaient été la première des villes et le premier des pays; et finalement, quand la quatrième trompette s’achève, nous voyons ‘l’extinction de cette illustre assemblée’, le sénat romain. La ville qui avait régit le monde fut, comme une moquerie infligée à la grandeur humaine, conquise par l’eunuque Narsès, successeur de Bélisaire. Il mit les Goths en déroute (552 ), réussit la ‘conquête de Rome’, et le sort du sénat fut scellé.»

E. B. Elliott parle, comme suit, de l’accomplissement de cette partie de la prophétie dans l’extinction de l’empire d’Occident:

«Ainsi, fut préparée la catastrophe finale, par laquelle, les empereurs occidentaux et leur empire devaient s’éteindre. Il y avait longtemps que la gloire de Rome faisait défaut; leurs provinces leur avaient été arrachées les unes après les autres; le territoire qui leur restait encore était devenu désert; et leurs possessions maritimes, leurs flottes et leur commerce avaient été anéantis. Il leur restait peu de chose en dehors des titres vains et des insignes de la souveraineté. Et maintenant, le moment était venu, où même ceux-ci allaient leur être enlevés. Quelque vingt ans après la mort d’Attila, et beaucoup moins depuis la mort de Genséric (qui avait visité et mis à sac, peu de temps avant sa mort, la ville éternelle dans une de ses expéditions maritime, et avait préparé ainsi un peu plus le chemin de la consommation à venir), plus ou moins à cette époque, dis-je, Odoacre, chef des Hérules, un reste barbare de l’armée d’Attila laissé aux frontières alpines d’Italie, s’interposa avec l’ordre que le nom et la charge d’empereur romain d’Occident soient abolis. Les autorités s’inclinèrent devant lui en signe de soumission. Le dernier fantôme d’un empereur –dont le nom, Romulus Augustule, se prêtait singulièrement pour qu’un esprit réfléchi mette en contraste les gloires passées de Rome et sa dégradation présente- abdiqua; le sénat remit les insignes impériaux à Constantinople, et déclara à l’empereur d’Orient qu’un empereur suffisait pour tout l’empire. C’est ainsi que la troisième partie du soleil impérial fut éclipsée, celle qui appartenait à l’empire d’Occident, et il ne resplendissait déjà plus. Je dis qu’un tiers de ce monde appartenait à l’empire occidental, parce que la fraction apocalyptique est littéralement exacte. Dans le dernier arrangement entre les deux cours [orientale et occidentale], tout le tiers de l’Illyrie avait été transféré à la division orientale. De façon qu’en Occident ‘l’extinction de l’empire’ avait eu lieu; la nuit était venue.

«Malgré cela, il faut se rappeler que l’autorité du nom romain n’avait pas cessé complètement. Le sénat de Rome continuait à se réunir comme d’habitude. Les consuls étaient nommés chaque année, un par l’empereur oriental, et l’autre par l’Italie et Rome. Odoacre lui-même gouverna l’Italie sous un titre (celui de patrice) que lui conféra l’empereur d’Orient. Quant à ce qui se réfère aux provinces occidentales les plus éloignées, ou du moins les territoires les plus considérables parmi eux, le lien qui les unissait à l’empire romain ne fut pas coupé totalement. Il existait toujours une certaine reconnaissance, bien que faible, de l’autorité suprême impériale. La lune et les étoiles paraissaient réfléchir encore une faible lumière en Occident. Mais, avec le passage des événements qui se succédèrent rapidement pendant le demi siècle suivant, elles aussi s’éteignirent. Théodoric l’Ostrogoth, après avoir détruit les Hérules et leur royaume de Rome et Ravenne, régna en Italie de 493 à 526 en tant que souverain indépendant; et après la conquête d’Italie par Bélisaire et Narsès, quand ils vainquirent les Ostrogoths (conquête précédée de guerres et de désolations qui laissèrent le pays presque désert, surtout la ville au sept collines), le sénat romain fut dissout et le consulat abrogé. De plus, les princes barbares des provinces occidentales, leur indépendance du pouvoir impérial s’affermissait et était comprise plus distinctement. Après un siècle et demi de calamités presque sans pareil dans l’histoire des nations, comme l’indique correctement le Dr. Robertson, la déclaration de Jérôme, presque calquée de l’image apocalyptique, mais prononcée prématurément quand Alaric prit Rome pour la première fois, peut être finalement considérée comme accomplie.: ‘Calrissimum terrarum lumen extinctum est,’ ‘Le soleil glorieux du monde s’est éteint’; ou comme l’a exprimé le poète moderne, toujours sous l’influence des images apocalyptiques ‘Étoile par Étoile, je vis expirer leur gloire,’ jusqu’à ce qu’il ne reste pas même une étoile qui scintille dans la nuit obscure et vide.»

Les effrayants ravages commis par ces hordes barbares, sous leurs chefs courageux mais cruels et acharnés, dévastèrent Rome. Cependant, les calamités que souffrit l’empire sous les premières incursions de ces barbares furent légères en comparaison de celles qui allaient suivre. Elles n’étaient que les gouttes préliminaires d’une pluie torrentielle qui allait bientôt tomber sur le monde romain. Les trois trompettes qui restaient arrivaient couvertes d’un nuage de disgrâce, selon ce qui est indiqué dans les versets suivants.

VERS. 13: «Je regardai, et j’entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant d’une voix forte: Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause des autres sons de la trompette des trois anges qui vont sonner!»

Cet ange n’appartient pas à la série des sept qui ont les trompettes, mais il est simplement un autre messager céleste chargé de proclamer que les trois trompettes restantes annoncent des malheurs dus aux événements les plus terribles qui doivent se produire pendant qu’elles jouent. De manière que la trompette suivante, ou cinquième, est le premier malheur: la sixième, le second malheur; la septième, la dernière des trompettes, est le troisième malheur.

Chapitre IX. - Le Monde Musulman dans la Prophétie

VERS. 1: «Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre.»

La cinquième trompette.--Pour interpréter cette trompette nous recourrons à nouveau aux écrits d’Alexander Keith. Il dit:

«Il y a peu de parties de l’Apocalypse au sujet desquelles les interprètes sont aussi uniformément d’accord qu’avec l’application qu’ils donnent des cinquième et sixième trompettes, soit le premier et second malheurs; c’est-à-dire les Sarrasins et les Turcs. Leur signification est si claire qu’il est presque impossible d’interpréter faussement la prophétie. Au lieu d’exposer chaque cas, par un ou deux versets, tout le chapitre 9 de l’Apocalypse se divise en [deux] parties égales dédiées à la description des deux [trompettes ou malheurs].

«L’empire romain déclina de la même façon qu’il s’était élevé, par des conquêtes; mais les Sarrasins et les Turcs furent les instruments par lesquels une fausse religion devint le fléau d’une église apostate; d’où le fait que les cinquième et sixième trompettes, au lieu d’être appelées par ce seul nom comme les antérieures, sont appelées malheurs...

«Pour la première fois depuis l’extinction de l’empire d’Occident, Constantinople fut assiégée par Chosroes II, roi de Perse.»

Le prophète dit: «Je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre. La clef du puits de l’abîme lui fut donnée».

L’historien dit au sujet de cette époque:

«Tandis que le monarque perse [Chosroes II] contemplait les merveilles de son art et de son pouvoir, il reçut d’un obscur citoyen de la Mecque, une épître qui l’invitait à reconnaître Maho-et comme l’apôtre de Dieu. Il refusa l’invitation, et déchira l’épître. ‘Ainsi –s’exclama le prophète arabe- Dieu déchirera le royaume de Chosroes et rejettera ses prières.’ Situé aux frontières des deux grands empires d’Orient, Mahomet observait avec une joie secrète le progrès de leur destruction mutuelle et au milieu des triomphes perses, il osa prédire qu’avant plusieurs années la victoire reviendrait aux étendards romains. Au moment où il annonçait cela, selon ce que l’on dit, aucune prophétie pouvait paraître aussi loin de s’accomplir, puisque les premières années d’Héraclius paraissaient annoncer l’imminente dissolution de son empire.»

Cette étoile ne tomba pas sur un seul point, comme celle qui représentait Attila, mais elle tomba sur la terre.

Les provinces qui restaient à l’empire, en Asie et en Afrique, furent assujetties par Chosroes II, et ‘l’empire romain se vit réduit aux murailles de Constantinople, avec un résidu en Grèce, en Italie et en Afrique, avec quelques villes maritimes, entre Tyr et Trébizonde, sur la côte asiatique... L’expérience de six ans convainquit le monarque perse qu’il devait renoncer à la conquête de Constantinople et spécifier le tribut annuel ou rachat que devait payer l’empire romain: mille talents d’or, mille talents d’argent, mille manteaux de soies, mille chevaux et mille vierges. Héraclius accepta ces conditions ignominieuses; mais le temps et l’espace qu’il obtint pour collecter ces trésors au sein de la pauvreté de l’Orient le décida laborieusement à préparer une attaque audacieuse et désespérée.»

«Le roi de Perse avait méprisé l’obscur Sarrasin, et il s’était moqué du message envoyé par le supposé prophète de la Mecque. Pas même la chute de l’empire romain n’aurait ouvert la porte à l’islam, ni aux progrès des Sarrasins, propagateurs armés d’une imposture, car le monarque des Perses et le chagan des Avars (successeur d’Attila) s’étaient partagé les restes du royaume des Césars. Chosroes lui-même tomba. Les monarchies perse et romaine s’épuisèrent l’une l’autre. Et avant qu’une épée soit placée dans les mains du faux prophète, il la fit tomber des mains de ceux qui auraient pu l’arrêter dans sa course et écraser complètement son pouvoir.»

«Depuis Scipion et Hannibal, aucune entreprise plus osée n’avait été tentée que celle d’Héraclius pour la libération de l’empire... Il explora le chemin dangereux à travers la mer Noire et les montagnes de l’Arménie, il pénétra au coeur de la Perse, et fit réunir à nouveau les armées du grand roi pour la défense de leur pays ensanglanté...

«A la bataille de Ninive, qui fut féroce depuis l’aube jusqu’à onze heures, 28 étendards, en plus de ceux qui auraient été brisés ou déchirés, furent enlevés aux Perses; la plus grande partie de leur armée fut détruite, et les vainqueurs, cachant leurs propres pertes, passèrent la nuit sur le terrain... Les villes et les palais d’Assyrie furent pour la première fois ouverts par les romains.»

«L’empereur romain ne fut pas affermi par les conquêtes qu’il remporta; et en même temps, et par les mêmes méthodes, le chemin fut préparé aux multitudes sarrasines d’Arabie qui, comme les sauterelles de la même région, se déversèrent rapidement sur les empires Perse et Romain, en propageant sur leur parcours le credo obscur et trompeur de l’Islam. On ne pourrait désirer une illustration plus complète de cet événement, que celle donnée à la fin du chapitre [de Gibbon] duquel proviennent les extraits précédents.»

«Bien qu’une armée victorieuse s’était formée sous l’étendard d’Héraclius, l’effort inhabituel semble avoir épuisé plutôt qu’avivé leurs forces. Tandis que l’empereur triomphait à Constantinople ou à Jérusalem, une ville obscure des confins de la Syrie fut mise à sac par les Sarrasins, et ils détruisirent quelques troupes qui avançaient pour la secourir, événement commun et trivial s’il n’avait été le prélude d’une puissante révolution. Ces voleurs étaient les disciples de Mahomet; leur courage fanatique avait germé dans le désert; et durant les huit dernières années de son règne, Héraclius céda aux Arabes les provinces mêmes qu’il avait prises aux Perses.»

«‘L’esprit de supercherie et de fanatisme, dont l’origine n’est pas dans les cieux,» fut lâché sur la terre. L’abîme n’avait besoin que d’une clef pour être ouvert, et cette clef fut la chute de Chosroes. Il avait déchiré avec mépris la lettre d’un obscur citoyen de la Mecque. Mais quand depuis la splendeur de la gloire’, il s’enfonça dans la‘tour des ténèbres’ qu’aucun oeil ne pouvait pénétrer, le nom de Chosroes tomba soudainement dans l’oubli devant celui de Mahomet; car, il semble que celui qui croissait n’attendait que la chute de l’étoile. Après sa déroute totale et la perte de son empire, Chosroes fut assassiné en 628; et l’année 629 est marquée par ‘la conquête de l’Arabie’, et la première guerre des mahométans contre l’empire romain’. ‘Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre; la clef du puits de l’abîme lui fut donnée, et elle ouvrit le puits de l’abîme.’ Elle tomba sur la terre. Quand les forces de l’empire romain furent anéanties, et que le grand roi d’Orient gisait mort, dans sa tour sombre, la mise à sac d’une ville obscure des confins de la Syrie fut ‘le prélude d’une puissante révolution.’ ‘Les voleurs étaient les disciples de Mahomet, et leur courage fanatique avait germé dans le désert.’»

L’abîme.--Le mot grec abyssos, duquel vient notre «abîme», signifie «profond, sans fond», et peut s’appliquer à n’importe quel lieu désert, désolé et inculte. Il s’applique à la terre dans son état originel de chaos (Genèse 1:2). Dans ce cas, il peut se référer de façon appropriée aux déserts méconnus d’Arabie, des confins desquels sortirent les hordes sarrasines, comme des nuées de sauterelles. La chute du roi perse Chosroes II peut symboliser parfaitement l’ouverture de l’abîme, puisqu’elle prépara le chemin aux disciples de Mahomet pour qu’ils puissent sortir de leur obscur pays et propager leurs doctrines séductrices, par le feu et l’épée, jusqu’à couvrir de leurs ténèbres tout l’empire d’Orient.

VERS. 2: «La clef du puits de l’abîme lui fut donnée, et elle ouvrit le puits de l’abîme. Et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits.»

«Comme les vapeurs gênantes et même meurtrières que les vents, surtout ceux du sud-est, dispersent en Arabie, l’Islam propagea, à partir d’ici, son influence pestilentielle. Il se leva soudainement et se dispersa aussi largement que la fumée qui sort d’un abîme, comme la fumée d’une grande fournaise. Ce symbole était très approprié pour représenter la religion de Mahomet, ou en comparaison avec la lumière de l’Évangile de Jésus. Il n’était pas comme ce dernier, une lumière du ciel, mais la fumée de l’abîme.»

VERS. 3: «De la fumée, sortirent des sauterelles qui se répandirent sur la terre; et il leur fut donné un pouvoir comme le pouvoir qu’ont les scorpions de la terre.»

«Une fausse religion fut établie qui, bien qu’elle fut le fouet destiné à punir les transgressions et de l’idolâtrie, remplit le monde de ténèbres et de tromperies; et les essaims de Sarrasins, tels des sauterelles, se répandirent sur la terre, et répandirent rapidement la dévastation à travers l’empire romain, de l’est jusqu’à l’ouest. La grêle descendit des rives gelées de la Baltique; la montagne embrasée tomba sur la mer depuis l’Afrique; et les sauterelles (symbole approprié des Arabes) sortirent d’Arabie, leur terre natale. Ils vinrent comme des êtres destructeurs et, propageant une nouvelle doctrine, incitèrent à la rapine et à la violence pour des motifs religieux et d’intérêt.»

«On peut donner une illustration encore plus spécifique du pouvoir, semblable à celui des scorpions, qu’ils avaient reçu. Non seulement leurs attaques étaient rapides et vigoureuses, mais ‘la délicate sensibilité de l’honneur, qui souffre plus de l’insulte que du dommage, versa son venin mortel sur les querelles des Arabes; une action indécente, une parole méprisante, ne peuvent être expiées que par le sang de l’offenseur; et ils sont si invétérés dans leur patience, qu’ils attendent des mois, voire des années l’opportunité de se venger.’»

VERS. 4: «Il leur fut dit $e ne point faire de mal à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n’avaient pas le sceau de Dieu sur le front.»

Après la mort de Mahomet, le commandant AbñBakr lui succéda en 632, et son autorité et son gouvernement à peine établis, il réunit les tribus arabes pour les lancer à la conquête. Une fois son armée réunie, il donna à ses chefs les instructions sur les méthodes de la conquête:

«Quand vous combattrez la bataille du Seigneur, comportez-vous en homme, sans tourner le dos; mais ne souillez pas la victoire avec le sang des femmes et des enfants. Ne détruisez pas les palmeraies et ne brûlez pas les champs de céréales. Ne coupez pas les arbres fruitiers, et ne faites pas de mal au bétail; tuer juste que ce qui vous est nécessaire pour manger. Quand vous faites un pacte ou un contrat, accomplissez-le fidèlement, et respectez toujours votre parole. Lors de vos incursions, vous rencontrerez quelques personnes religieuses qui vivent retirées dans des monastères, et qui se proposent de servir Dieu de cette façon; laissez-les en paix; ne les tuez pas et ne détruisez pas leurs monastères; et vous trouverez une autre catégorie de personnes qui appartiennent à la synagogue de Satan, qui ont le crâne rasé; ne manquez pas de leur fendre le crâne, et ne leur faites pas de quartier jusqu’à ce qu’ils se fassent mahométans ou qu’ils paient un tribut.’»

«Ni dans la prophétie ni dans l’histoire il n’est dit que les recommandations les plus humaines furent aussi scrupuleusement respectées que le féroce mandat; mais il leur a été ordonné de le faire. Quoi qu’il en soit, celles qui précèdent sont les seules instructions que Gibbon enregistre; et elles furent données par Abñ Bakr aux chefs de toutes les armées sarrasines. Les ordres sont aussi spécifiques dans leur discrimination que la prédication. C’est comme si le calife lui-même avait agit en obéissance directe à un commandement supérieur à celui d’un homme mortel; dans l’action même de sortir pour combattre la religion de Jésus et propager l’Islam à sa place, il répéta les paroles que la Révélation de Jésus-Christ prédisait qu’il prononcerait.»

Le sceau de Dieu sur le front.--Dans les observations faites sur Apocalypse 7: 1-3, nous avons démontré que le sceau de Dieu est le Sabbat du quatrième commandement. L’histoire ne tait pas le fait qu’il y eut à travers toute l’ère évangélique, des personnes qui observèrent le vrai jour de repos. Mais la question que beaucoup se posent est la suivante: Qui étaient ces hommes, qui à cette époque, portaient le sceau de Dieu sur leur front, et qui allaient donc être exempts de l’oppression mahométane? Que le lecteur se rappelle le fait auquel nous avons déjà fait allusion, à savoir, qu’il y eut dans toute l’ère chrétienne des personnes qui ont eu le sceau de Dieu sur leur front, c’est-à-dire qu’elles observèrent intelligemment le vrai jour du repos. Considérez aussi, que ce qu’affirme la prophétie, c’est que cette puissance dévastatrice, les Sarrasins, n’est pas dirigée contre les observateurs du Sabbat, mais contre une autre catégorie de personnes. La question est donc libre de toute difficulté, parce que c’est tout ce qu’affirme la prophétie. Il y a une classe de personnes qui est directement mise en évidence, dans ce passage, à savoir, ceux qui n’ont pas le sceau de Dieu sur le front. La préservation de ceux qui ont le sceau de Dieu n’est présentée que par implication. Par conséquent, l’histoire n’enregistre pas que certains d’entre eux aient été affectés par une des calamités infligées par les Sarrasins à ceux qui furent l’objet de leur haine. Ils étaient envoyés contre une autre classe d‘hommes. La destruction de cette catégorie n’est pas mise en contraste avec la préservation des autres hommes, mais seulement avec celle des arbres fruitiers et des plantes vertes de la terre; comme si on leur avait dit: Ne faites pas de mal à l’herbe, ni aux arbres ni à aucune chose verte, mais seulement à une classe d’hommes. Dans l’accomplissement, nous trouvons l’étrange spectacle d’une armée d’envahisseurs qui épargne ce que les autres armées détruisent généralement: la nature et ses produits. En obéissance à l’autorisation de faire du mal aux hommes qui n’avaient pas le sceau de Dieu sur leur front, ils fendaient le crâne à une certaine catégorie de religieux qui se rasaient le sommet de la tête, et qui appartenaient à la synagogue de Satan. Il semble qu’il s’agissait de moines ou d’un autre ordre de l’église catholique romaine.

VERS. 5: «Il leur fut donné, non de les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois; et le tourment qu’elles causaient étaient comme le tourment que cause le scorpion, quand il pique un homme.»

«Leurs constantes incursions en territoire romain, et leurs fréquents assauts contre Constantinople même, était un tourment incessant dans tout l’empire qu’ils ne pouvaient assujettir, malgré la longue période à laquelle il est fait allusion par la suite, et durant laquelle ils continuèrent d’affliger gravement, par leurs attaques incessantes, une église idolâtre dont le pape était la tête... Ils avaient la charge de tourmenter, ensuite de faire du mal, mais de ne pas tuer ou détruire complètement. Ce qui est étonnant c’est qu’ils l’accomplirent.» (En référence aux cinq mois, voir le commentaire sur le verset 10).

VERS. 6: «En ces jours-là, les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas; ils désireront mourir, et la mort fuira loin d’eux.»

«Les hommes étaient fatigués de la vie, quand elle leur était épargnée uniquement pour le renouvellement de leurs malheurs, quand on violait tout ce qu’ils considéraient comme sacré et que tout ce qu’ils avaient de plus cher était menacé; et les Sarrasins sauvages les dominaient ou leur laissaient seulement un moment de repos toujours exposé à être interrompu soudainement ou violemment, comme par la piqûre d’un scorpion.»

VERS. 7: «Ces sauterelles ressemblaient à des chevaux préparés pour le combat; il y avait sur leurs têtes comme des couronnes semblables à de l’or, et leurs visages étaient comme des visages d’hommes.»

«Le cheval arabe occupe la première place dans le monde entier; et l’habileté du cavalier est l’art et la science de l’Arabie. Les Arabes barbus, rapides comme des sauterelles et armés comme des scorpions, prêts à foncer en un instant, étaient toujours prêts pour la bataille.

«Ils avaient ‘sur leurs têtes comme des couronnes semblables à de l’or’. Quand Mahomet entra à Médine (en 622) et qu’il fut pour la première fois reçu comme son prince, ‘un turban était déployé devant lui pour suppléer l’absence d’étendard.’ Les turbans des Sarrasins, comme des couronnes, étaient leur ornement et un motif de se vanter. Ils en étaient abondamment pourvus grâce au riche butin et ils les changeaient fréquemment.‘Prendre le turban’ signifiait proverbialement se faire musulman. De plus, anciennement, les Arabes se distinguaient par les mitres qu’ils portaient.»

«Et leurs visages étaient comme des visages d’hommes.» «La gravité et la fermeté de ses propos [de l’Arabe] est visible dans son attitude; ... ses seuls gestes consistent à se caresser la barbe, symbole vénérable de la virilité... L’honneur... de leurs barbes est très facilement blessé.»

VERS. 8: «Elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes, et leurs dents étaient comme des dents de lions.»

«Les femmes considèrent les cheveux longs comme une parure. Les Arabes, en contraste avec les autres hommes, portaient les cheveux comme les femmes, c’est-à-dire qu’ils ne les coupaient pas en accord avec leur coutume, selon Pline et d’autres. Mais il n’y avait rien d’efféminé dans leur caractère; car, comme pour montrer leur férocité et leur force pour dévorer, leurs dents étaient comme des dents de lions.»

VERS. 9: «Elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme un bruit de chars à plusieurs chevaux qui courent au combat.»

La cuirasse était utilisée par les Arabes à l’époque de Mahomet. Lors de la bataille de Uhud (la seconde à laquelle Mahomet prit part) contre les Qoraychites de la Mecque (en 624), ‘700 d’entre eux étaient porteurs de cuirasses.’»

«‘La charge des Arabes n’était pas, comme celle des Grecs et des Romains, l’effort d’une infanterie ferme et compacte. Leur force militaire se composait en grande partie de la cavalerie et des archers.’... D’un attouchement de la main, les chevaux arabes décollent à la vitesse du vent. ‘Le bruit de leurs ailes était comme un bruit de chars à plusieurs chevaux qui courent au combat.’ Leurs conquêtes furent merveilleuses tant par leur rapidité que par leur étendue, et leurs attaques étaient instantanées. Ils n’eurent pas moins de succès avec les Romains qu’avec les Perses.»

VERS. 10, 11: «10 Elles avaient des queues semblables à des scorpions et des aiguillons, et c’est dans leurs queues qu’était le pouvoir de faire du mal aux hommes pendant cinq mois. 11 Elles avaient sur elles comme roi l’ange de l’abîme, nommé en hébreu Abaddon, et en grec Appollyon.»

«Faire du mal aux hommes pendant cinq mois».--Une question se pose: A quels hommes devaient-ils faire du mal pendant cinq mois? Certainement à ceux qui plus tard devaient être mis à mort (voir le verset 15), à savoir, «le tiers des hommes», soit un tiers de l’empire romain, la partie grecque de celui-ci.

Quand devaient-ils commencer à les tourmenter? Le verset 11 répond à la question.

«Elles avaient sur elles comme roi...». Depuis la mort de Mahomet jusqu’à la fin du XIIIe siècle, les mahométans furent divisés en plusieurs factions sous divers chefs, mais sans un gouvernement civil général qui s’étende sur eux tous. Vers la fin du XIIIe siècle, Othman fonda un gouvernement ou empire qui grandit jusqu’à s’étendre sur toutes les principales tribus mahométanes, en les consolidant en une grande monarchie.

Leur roi s’appelait «l’ange de l’abîme». Un ange signifie un messager ou un ministre, qu’il soit bon ou mauvais, et pas toujours un être spirituel. «L’ange de l’abîme» serait le ministre principal de la religion qui sortit de là quand le puits fut ouvert. Cette religion est l’Islam, et le sultan était son ministre principal.

Son nom, en hébreu, est «Abaddon», le destructeur; en grec, «Apollyon», exterminateur ou destructeur. Par le fait qu’il ait deux noms différents, dans deux langues, il est évident que le caractère, plus que le nom du pouvoir, est ce qu’on veut montrer ici. Dans ce cas, comme c’est exprimé dans les deux langues, il est un destructeur. Tel a toujours été le caractère du gouvernement ottoman.

Mais quand, Othman fit-il son premier assaut contre l’empire grec? Selon Gibbon, «ce fut le 27 Juillet 1299 de l’ère chrétienne, qu’Othman envahie pour la première fois le territoire de Nicomédie; et l’exactitude singulière de la date semble révéler une certaine prévision de l’accroissement rapide et destructrice du monstre.»

Von Hammer, l’historien allemand de la Turquie, et d’autres auteurs, fixent cet événement en 1301. Mais quelles dates, les sources historiques de l’époque attestent-elles? Pachymeres était un historien ecclésiastique et séculier qui naquit à Nicée, ville située dans la région envahit par Othman, et il écrivit son histoire précisément pendant cette période, car il termina son oeuvre vers 1307. Il était donc contemporain d’Othman.

Possinus, en 1669, élabora une chronologie complète de l’histoire de Pachymeres, en donnant les dates des éclipses de la lune et du soleil, comme aussi d’autres événements enregistrés par Pachymeres dans son oeuvre. Au sujet de la date de 1299, Possinus dit:

«Maintenant, il nous faut donner l’époque exacte et fondamentale de l’empire ottoman. Nous tenterons de le faire en comparant minutieusement les dates données par les chroniqueurs arabes avec le témoignage de Pachymeres. Ce dernier auteur relate, dans le quatrième livre de sa seconde partie, chapitre 25, qu’Atman [nom grec de Othman] s’affermit en assumant le commandement d’une bande très puissante de guerriers audacieux et énergiques de Paphlagonie. Quand Muzalo, chef de l’armée romaine tenta d’empêcher sa progression, il fut vaincu lors d’une bataille près de Nicomédie, capitale de la Bithynie. Depuis lors, le maître du champ de bataille maintint cette ville en état de siège. Maintenant, Pachymeres est très explicite en déclarant que ces événements arrivèrent dans le voisinage de Bapheum, non loin de Nicomédie, le 27 Juillet. Nous affirmons dans notre récit, après avoir comparé soigneusement les événements, que la date fut celle de 1299 de notre Seigneur.»

Le récit auquel Possinus se réfère donne la date où ceux de Paphlagonie s’unirent aux forces d’Othman, événement qui eut lieu le 27 Juillet 1299 de l’ère chrétienne, la cinquième année du pape Boniface VIII et la sixième de Michel Paléologue. La déclaration est la suivante:

«Atman [Othman], le satrape des perses, appelé aussi Ottomans, fondateur de la dynastie encore régnante des Turcs, se fortifia grâce à un grand nombre de bandits féroces de Paphlagonie qui s’unirent à lui.»

Les Paphlagoniens, sous les fils d’Amurius, s’unirent à Othman dans son attaque du 27 Juillet, de sorte que Possinus nous donne deux fois la date de 1299 comme étant celle de cet événement. Grégoras, lui aussi un contemporain de Othman, appuie Gibbon et Pachymeres, en donnant la date de 1299 dans son récit de la division de l’Anatolie. La division entre dix émirs turcs eut lieu en 1300, comme l’appuient des historiens dignes de confiance. Grégoras déclare que dans le partage, Othman reçut l’Olympe et certaines parties de la Bithynie, ce qui montre qu’Othman avait déjà pris part à la bataille de Bapheum et avait conquis certaines parties de ce territoire gréco-romain.

«Les calculs de certains auteurs ont été basés sur la supposition que la période devait débuter avec la fondation de l’empire ottoman; mais c’est évidemment une erreur, parce que non seulement ils devaient avoir un roi, mais ils devaient tourmenter les hommes pendant cinq mois. Mais la période de tourment ne pouvait pas commencer avant la première attaque des bourreaux, qui eut lieu, comme nous l’avons déjà dit, le 27 Juillet 1299.»

Le calcul qui suit, basé sur ce point de départ, fut fait et publié pour la première fois dans un ouvrage intitulé «Christ’s Second Coming» (La seconde venue de Christ), de Josiah Litch, en 1838.

«Et son pouvoir était de ‘faire du mal aux hommes pendant cinq mois.’ Telle était la période de temps qui leur avait été concédée pour les tourmenter par des dépravations constantes, mais sans les tuer politiquement. ‘Cinq mois’ [à 30 jours par mois, cela fait 150 jours], c’est-à-dire 150 ans. En commençant le 27 Juillet 1299, le total des 150 ans arrive à 1449. Durant tout ce laps de temps, les Turcs étaient engagés dans une guerre presque permanente avec l’empire grec, mais sans le vaincre. Ils s’emparèrent de plusieurs provinces grecques et ils les conservèrent, mais l’indépendance grecque se maintint à Constantinople. Cependant, en 1449, à la fin des 150 ans, il se produisit un changement, dont l’histoire se trouvera sous la trompette suivante.

VERS. 12-15: «12 Le premier malheur est passé. Voici, il vient encore deux malheurs après cela. 13 Le sixième ange sonna de la trompette. Et j’entendis une voix venant des quatre cornes de l’autel d’or qui est devant Dieu, 14 et disant au sixième ange qui avait la trompette: Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d’Euphrate. 15 Et les quatre anges qui étaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, furent déliés afin qu’ils tuassent le tiers des hommes.»

La sixième trompette.--«Le premier malheur allait durer de la naissance de l’Islam jusqu’à la fin des cinq mois. Il prendrait alors fin et le second malheur commencerait. Et quand le sixième ange sonna de la trompette, il lui fut ordonné d’ôter les restrictions qui avaient été imposées à la nation pour qu’ils se limitent à faire du mal au tiers des hommes. Cet ordre vint des quatre cornes de l’autel d’or.»

Les quatre anges.--Ce sont les quatre principaux sultanats qui composaient l’empire ottoman, situés dans la région arrosée par l’Euphrate. Ces sultanats étaient situés à Alep, Iconion [Iconium], Damas et Bagdad. Jusqu’alors, ils avaient été contenus; mais Dieu donna un ordre et ils furent lâchés. Vers la fin de 1448, la fin des 150 ans de la période approchant, Jean Paléologue mourut sans laisser de fils pour lui succéder sur le trône de l’empire oriental. Son frère Constantin, successeur légitime, n’osa pas monter sur le trône sans le consentement du sultan turc. Des ambassadeurs envoyés à Hadrianopolis reçurent et rentrèrent avec des présents pour le nouveau souverain. Au début de 1449, par ces circonstances qui ne présageaient rien de bon, Constantin, le dernier empereur grec fut couronné.

Voici comment l’historien Gibbon relate l’événement dans son oeuvre monumentale:

«A la mort de Jean Paléologue,.. la famille royale, par la mort d’Andronic, et la profession monastique d’Isidore se vit réduite à trois princes: Constantin, Démétrios et Thomas, fils survivants de l’empereur Manuel. Le premier et le dernier de ceux-ci se trouvaient loin, à Morée... L’impératrice mère, le sénat et les soldats, le clergé et le peuple, se montrèrent unanimement en faveur du successeur légitime; et Thomas, le despote, qui ignorait le changement, revint accidentellement à la capitale, et prit la défense des intérêts de son frère absent avec un zèle approprié. L’historien Phranza nous dit qu’un ambassadeur fut envoyé immédiatement à la cour d’Hadrianopolis. Amurath le reçut avec des honneurs et le renvoya avec des cadeaux; mais l’approbation miséricordieuse du sultan turc annonçait sa suprématie, et la chute imminente de l’empire d’Orient. Les mains des illustres députés placèrent la couronne impériale sur la tête de Constantin.»

«Examinez soigneusement ce fait historique en relation avec la prédiction déjà donnée. Ce ne fut pas un assaut violent lancé contre les Grecs qui abattit leur empire ou leur enleva leur indépendance, mais simplement une remise volontaire de leur indépendance aux mains des Turcs, en disant:‘Je ne peux pas régner à moins que vous me le permettiez.’»

Les quatre anges ... furent déliés «pour l’heure, le jour, le mois et l’année», avec l’autorisation de tuer la troisième partie des hommes. Cette période durant laquelle la suprématie ottomane devait s’exercer, est de 391 ans et quinze jours. On arrive à cette conclusion de cette manière: Une année prophétique égale 360 jours ou 360 ans littéraux; un mois prophétique correspond à 30 jours ou 30 ans littéraux; un jour prophétique représente une année littérale; et une heure (la 24e partie d’un jour) équivaut à la 24e partie de l’année. Ceci nous amène au total de 391 ans et quinze jours.

«Mais, bien que les quatre anges furent déliés par la soumission volontaire des Grecs, une autre malchance attendait le siège de l’empire. Amurath, le sultan auquel la soumission de Deacozes fut présentée, et avec la permission duquel il régna à Constantinople, ne tarda pas à mourir et Mahomet II lui succéda, en 1451. Celui-ci convoitait Constantinople et il résolut d’en faire sa proie.

«Il fit donc des préparatifs pour assiéger et prendre la ville. Le siège commença le 6 avril 1453, et prit fin avec la prise de la ville et la mort du dernier des Constantins, le 16 Mai suivant. Et la ville des Césars devint le siège de l’empire ottoman.»

Les armes et la façon de guerroyer utilisées pendant le siège qui fit tomber Constantinople l’assujettit, avaient été notées clairement par le prophète, comme nous le verrons.

VERS. 16: «Le nombre des cavaliers de l’armée était de deux myriades de myriades; j’en entendis le nombre.»

«Les hordes de chevaux et leurs cavaliersétaient innombrables! Gibbon décrit la première invasion des territoires romains par les Turcs, comme suit: ‘Les myriades de Turcs couvraient une frontière de mille kilomètres, depuis le Taurus jusqu’à Azeroum, et le sang de 130 000 chrétiens fut le sacrifice gratuit offert au prophète arabe.’ Le lecteur doit juger si le nombre est destiné à transmettre l’idée d’un nombre exact. Certains supposent que ce que l’on veut dire, c’est deux fois 200 000 et selon quelques historiens, ce serait le nombre des guerriers turcs qui participèrent au siège de Constantinople. D’autres pensent que 200 000 000 est le nombre de tous les guerriers turcs qu’il y eut pendant les 391 ans et quinze jours de leur triomphe sur les Grecs.» Nous ne pouvons rien affirmer sur ce point, et ce n’est pas essentiel non plus.

VERS. 17: «Et ainsi je vis les chevaux dans la vision, et ceux qui les montaient, ayant des cuirasses couleur de feu, d’hyacinthe, et de soufre. Les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions; et de leurs bouches il sortait du feu, de la fumée, et du soufre.»

La première partie de la description peut se référer à l’aspect de ces cavaliers. Quant aux couleurs, le feu est rouge, puisque l’on dit communément «rouge comme le feu»; hyacinthe pour le bleu; le soufre pour le jaune. Telles étaient les couleurs qui prédominaient dans les vêtements de ces guerriers, de manière que la description correspondrait exactement à l’uniforme des Turcs, qui se composait surtout du rouge, ou écarlate, bleu et jaune. Les têtes des chevaux ressemblaient à celles des lions, pour faire ressortir leur force, leur courage et leur férocité; tandis que la dernière partie du verset se réfère sans aucun doute à l’usage de la poudre et des armes à feu à des fins belliqueuses, car leur usage venait de commencer. Tandis que les Turcs déchargeaient leurs armes à feu depuis le dos de leurs chevaux, ceux qui les regardaient de loin avaient l’impression que le feu, la fumée et le soufre sortaient de la bouche des chevaux.

Les commentateurs concordent sur le fait que la prophétie relative au feu, à la fumée et au soufre s’applique à l’emploi de la poudre par les Turcs pendant cette guerre contre l’empire oriental. Mais il est généralement fait allusion aux grands canons employés par cette puissance; tandis que la prophétie mentionne surtout les «chevaux» et le feu qui «sortait de leurs bouches», comme si on utilisait des armes plus petites depuis le dos du cheval. Barnes pense ainsi; et une déclaration de Gibbon confirme cette opinion. Il dit: «Les incessantes volées de lances et de flèches étaient accompagnées de la fumée, du bruit et du feu des fusils et des canons.» Nous avons ici une bonne évidence que les Turcs utilisaient les fusils; et deuxièmement, il est indiscutable qu’en général, ils guerroyaient surtout à cheval. Nous avons donc un appui à la conclusion qu’ils utilisaient des armes à feu à cheval, ce qui prouve l’exactitude de la prophétie selon l’illustration déjà rapportée.

Au sujet de l’usage des armes à feu par les Turcs dans leur campagne contre Constantinople, Elliott dit ceci:

«C’est au feu, à la fumée et au soufre, à l’artillerie et aux armes à feu de Mahomet, que la tuerie du tiers des hommes et la prise de Constantinople sont dues, et par conséquent, la destruction de l’empire grec. Plus de 1 100 années s’étaient écoulées depuis sa fondation par Constantin. Pendant ce laps de temps, les Goths, les Huns, les Avars, les Perses, les Bulgares, les Sarrasins, les Russes et même les Turcs ottomans eux-mêmes avaient lancé contre elle leurs assauts hostiles ou l’avaient assiégée. Mais les fortifications furent imprenables. Constantinople survécut, et avec elle l’empire grec. D’où l’anxiété que sentit Mahomet de trouver un moyen d’éliminer l’obstacle. Il demanda au fondeur de canons qui avait déserté et était passé de son côté: ‘Peux-tu me fondre un canon de taille suffisante pour faire tomber la muraille de Constantinople?’ Alors, la fonderie d’Hadrianopolis fut édifiée, le canon fondu, et l’artillerie préparée, puis le siège commença.

«Il est intéressant d’observer comment Gibbon, commentateur toujours aussi inconscient de la prophétie apocalyptique, place au premier plan de son tableau, ce nouvel instrument de guerre, dans son récit éloquent et vivant de la catastrophe finale de l’empire grec. Dans la préparation de celui-ci, il donne l’histoire de l’invention récente de la poudre, ‘ce mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois’; il parle, comme nous l’avons déjà dit, de la fonte des canons à Hadrianopolis; ensuite, dans la progression du siège, il décrit comment ‘les volées de lances et de flèches étaient accompagnées de la fumée, du bruit et du feu des fusils et des canons’; comment ‘la large file de l’artillerie turque était pointée contre les murailles, et quatorze batteries grondaient à la fois contre les lieux les plus accessibles’; comment ‘les fortifications qui avaient résisté durant des siècles à la violence hostile furent démantelées de tous les côtés par les canons ottomans, des brèches furent ouvertes, et près de la porte de Saint-Romain, quatre tours furent nivelées au raz du sol’; comment ‘depuis les lignes, les galeries et le pont, l’artillerie ottomane tonnait de tout côté, et tant sur le champ que dans la ville, les Grecs comme les Turcs, se virent enveloppés dans un nuage de fumée, qui ne put être dissipé que par la libération finale ou la destruction de l’empire romain’ ; comment finalement, ‘Constantinople fut irrémédiablement subjuguée par les assiégeants qui se précipitèrent dans les brèches, et sa religion piétinée dans la poussière par les conquérants musulmans’. Je dis qu’il vaut la peine d’observer comment Gibbon attribue, de façon marquée et frappante, la prise de la ville, et par là, la destruction de l’empire, à l’artillerie ottomane. Car, que fait-il si ce n’est un commentaire des paroles de la prophétie? ‘Le tiers des hommes fut tué par ces trois fléaux, par le feu, par la fumée, et par le soufre, qui sortaient de leurs bouches.’»

VERS. 18, 19: «18 Le tiers des hommes fut tué par ces trois fléaux, par le feu, par la fumée, et par le soufre qui sortaient de leurs bouches. 19 Car le pouvoir des chevaux était dans leurs bouches et dans leurs queues; leurs queues étaient semblables à des serpents ayant des têtes, et c’est avec elles qu’ils faisaient du mal.»

Ce verset exprime l’effet meurtrier de la nouvelle façon de faire la guerre. Par ces trois agents: la poudre, les armes à feu portables et les canons, Constantinople fut finalement vaincue et livrée aux mains des Turcs.

En plus du feu, de la fumée et du soufre qui paraissent sortir de leurs bouches, il est dit que leur pouvoir était aussi dans leurs queues. La signification de cette expression semble être que les queues des chevaux étaient le symbole ou l’emblème de leur autorité. C’est un fait remarquable que la queue des chevaux est un étendard turc bien connu, le symbole d’une charge et d’autorité. Le tableau que Jean parait avoir vu consiste en des chevaux qui lançaient du feu et de la fumée, et ce qui était également étrange, c’est qu’il vit que leur pouvoir de répandre la désolation se trouvait dans la queue des chevaux. Quiconque regarde un corps de cavalerie avec de tels étendards ou enseignes sera surpris par cet aspect insolite ou remarquable, et parlerait de leurs bannières comme ce qui concentrerait et dirigerait leur pouvoir.

Cette suprématie des Mahométans sur les Grecs allait continuer, comme nous l’avons déjà indiqué, 391 ans et quinze jours. «En partant du moment où les 150 ans prirent fin, en 1449, la période devait se terminer le 11 Août 1840. A en juger par la façon dont la suprématie ottomane débuta, à savoir, par une reconnaissance volontaire de la part de l’empereur grec qu’il ne régnerait qu’avec la permission du sultan turc, nous devrions en conclure naturellement que la chute ou la disparition de l’indépendance turque se produirait de la même manière; et que la fin de la période spécifique [c’est-à-dire, le 11 Août 1840 ] le sultan devrait remettre volontairement son indépendance aux mains des puissances chrétiennes,» exactement comme, 391 ans et quinze jours avant, il l’avait reçu des mains de l’empereur chrétien Constantin XIII.

C’est l’application que Josiah Litch donna à la prophétie et la conclusion à laquelle il parvint en 1838, deux ans avant que l’événement qu’il attendait n’arrive. Cette année-là, il prédit que la puissance turque tomberait «tôt ou tard, pendant le mois d’Août 1840.» Mais peu de jours avant l’accomplissement de la prophétie il conclut plus précisément que la période concédée aux Turcs se terminerait le 11 Août 1840. C’était un calcul purement basé sur les périodes prophétiques des Écritures. Il est approprié de se demander si les événements furent en accord avec les calculs. Le sujet se résume comme suit:

Quand se termina l’indépendance mahométane à Constantinople? Plusieurs années avant 1840, le sultan avait été entraîné dans une guerre avec Méhémet Ali, pacha d’Égypte. «En 1838 il y aurait eu une guerre entre le sultan et son vassal égyptien, si l’influence des ambassadeurs étrangers n’avait réfréné celui-ci... En 1839 les hostilités recommencèrent et se poursuivirent jusqu’à ce que dans une bataille générale entre les armées du sultan et Méhémet, l’armée du sultan fut complètement détruite et sa flotte capturée par Méhémet et emmenée en Égypte. La flotte du sultan était si réduite, que lorsque les hostilités du mois d’Août recommencèrent, il avait seulement deux bateaux de première qualité et trois frégates comme tristes restes de ce qui avait été autrefois la puissante flotte turque. Méhémet refusa de rendre cette flotte au sultan, et déclara que si les puissances tentaient de la lui enlever, il la brûlerait. C’est là qu’en étaient les choses quand, en 1840, l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et la Prusse intervinrent et tentèrent de régler le problème; parce qu’il était évident que, si on le laissait faire, Méhémet ne tarderait pas à être maître du trône du sultan.»

Le sultan accepta cette intervention des grandes puissances, et il remit ainsi volontairement la question entre leurs mains. Une conférence des puissances eut lieu à Londres, avec l’assistance du cheikh Effendi Bey Likgis comme plénipotentiaire turc. On prépara, pour le présenter au pacha d’Égypte, un accord par lequel le sultan lui offrait le gouvernement héréditaire d’Égypte, et toute la partie de la Syrie qui s’étendait depuis le golfe de Suez jusqu’au lac de Tibériade, avec la province d’Acre, durant toute sa vie. Et lui, devra évacuer tous les domaines du sultan qu’il occupait alors, et rendre la flotte ottomane. S’il refusait d’accepter l’offre du sultan, les quatre puissances prendraient les choses en main, et utiliseraient les moyens jugés convenables pour lui imposer les conditions.

Il est clair que dès que cet ultimatum serait remis à la juridiction de Méhémet Ali, pacha d’Égypte, le sujet échapperait pour toujours au contrôle du sultan, et la disposition de ses affaires serait dès lors entre les mains des puissances étrangères. Le sultan envoya Rifat Bey à Alexandrie sur un vapeur du gouvernement, pour qu’il communique l’ultimatum à Méhémet Ali. Cet ultimatum lui fut remis le 11 Août 1840. Ce même jour, à Constantinople, le sultan envoya une note aux ambassadeurs des quatre puissances pour leur demander quel plan il devait adopter si les conditions de l’ultimatum étaient refusées, ce à quoi ils répondirent que les mesures nécessaires avaient été prises, et qu’il n’y avait aucune raison de s’alarmer au sujet de n’importe quelle éventualité qui pourrait se présenter.

Les citations suivantes prouvent les faits:

«Par le vapeur français du 24, nous avons reçu des nouvelles d’Égypte datées du 16. Elles ne révèlent aucun changement dans la décision du pacha. Sûr de la bravoure de son armée arabe et de la force des fortifications qui défendent sa capitale, il semble décidé à s’en tenir à la dernière alternative; et comme il est maintenant inévitable d’y recourir, toute espérance de régler le problème sans versement de sang peut être considérée comme perdue. Immédiatement après l’arrivée du vapeur‘Cyclope’ avec les nouvelles de la convention des quatre puissances, on dit que Méhémet abandonna Alexandrie et fit une courte tournée en Basse Égypte. L’objet de son absence à un tel moment était en partie pour éviter les conférences avec les consuls européens, mais surtout tenter de réveiller par sa présence le fanatisme des tribus bédouines et faciliter le recrutement de nouvelles forces. Pendant l’intervalle de son absence, le vapeur du gouvernement turc, qui était arrivé à Alexandrie le 11, avec l’envoyé Rifat Bey à bord, fut sur ses ordres, mis en quarantaine, et il ne fut pas libéré avant le 16. Cependant, avant le départ du bateau, et le jour même où il fut autorisé à utiliser le port après la quarantaine, le fonctionnaire déjà nommé eut une audience avec le pacha et lui communiqua l’ordre du sultan concernant l’évacuation des provinces syriennes. Il lui fixa une autre audience pour le jour suivant, quand en présence des consuls des puissances européennes, il recevrait sa réponse définitive, et l’informerait de l’alternative en cas de refus d’obéir, en lui donnant dix jours concédés par la convention pour décider de la conduite qui lui paraissait appropriée.»

Le correspondant du Morning Chronicle, de Londres, dans un communiqué daté «Constantinople, le 12 Août 1840, dit:

«Je n’ai que peu de choses à ajouter à ma dernière lettre quant aux plans des quatre grandes puissances; et je crois que les détails que je vous ai donnés alors, composent tout ce qui a été décidé ici. La portion du pacha, comme je l’ai déclaré alors, ne doit pas aller au-delà de la ligne d’Acre, et elle n’inclut pas l’Arabie ni la Candie. L’Égypte seule doit être héritée par sa famille, et la province d’Acre doit être considérée comme un pachalik qui sera gouverné par son fils tant qu’il vivra, mais il dépendra après de la volonté de la Porte; et même ce dernier ne lui sera concédé que s’il accepte ces conditions et rend la flotte ottomane dans un laps de temps de dix jours. En cas de refus, ce pachalik sera supprimé. On lui offrira alors seulement l’Égypte, avec dix autres jours pour délibérer avant d’employer la force contre lui. Cependant, la façon dont la force serait employée, s’il refusait d’accomplir les conditions –on bloquerait simplement la côte, ou on bombarderait sa capitale et on attaquerait ses armées dans les provinces syriennes,- reste à étudier; une note remise hier par les quatre ambassadeurs, en réponse à une question que leur fit la Porte au sujet du plan qui serait adopté dans un tel cas, n’éclaire pas non plus ce point. Elle dit simplement que les mesures nécessaires ont été prises, et que le Divan ne devait pas s’alarmer au sujet de n’importe quelle éventualité qui pourrait se présenter par la suite.»

Analysons les citations qui précèdent:

1.L’ultimatum arriva à Alexandrie le 11 Août 1840.

2.La lettre du correspondant du Morning Chronicle, de Londres, porte la date du 12 Août 1840.

3.Le correspondant déclare que la question de la Porte Sublime fut présentée aux représentants des quatre grandes puissances, et la réponse fut reçue hier. Donc, dans sa propre capitale, hier la Porte Sublime s’adressa aux ambassadeurs des quatre puissances chrétiennes d’Europe, pour savoir quelles mesures on avait prises concernant une situation qui affectait de façon vitale son empire; et on lui dit que «les mesures nécessaires ont été prises», mais elle ne put savoir quelles étaient ces mesures; bien qu’on lui communiquât de ne pas s’alarmer «au sujet de n’importe quelle éventualité qui pourrait se présenter». Depuis ce jour, hier, qui était le 11 Août 1840, les quatre puissances chrétiennes d’Europe, et pas la Porte Sublime, allaient manipuler ces éventualités.

Le 11 Août 1840, la période de 391 ans et quinze jours accordée au pouvoir ottoman prit fin; et que devint l’indépendance du sultan? ELLE DISPARUT. Entre quelles mains la suprématie de l’empire ottoman passa-t-elle? Elle passa aux mains des quatre grandes puissances; et cet empire continua d’exister depuis lors uniquement par la tolérance de ces puissances chrétiennes. C’est ainsi que la prophétie s’est accomplie au pied de la lettre.

Depuis que le calcul concernant ce sujet fut publié en 1843, des milliers de personnes observèrent avec intérêt le moment fixé pour l’accomplissement de la prophétie. Quand celle-ci s’est accomplie avec exactitude, par l’événement mentionné et que l’application qui avait été donnée de la prophétie se révéla correcte, elle donna un puissant élan au grand mouvement adventiste qui commençait à attirer l’attention du monde.

VERS. 20, 21: «20 Les autres hommes qui ne furent pas tués par ces fléaux ne se repentirent pas des oeuvres de leurs mains, de manière à ne point adorer les démons, et les idoles d’or, d’argent, d’airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher; 21 et ils ne se repentirent pas de leurs meurtres, ni de leurs enchantements, ni de leur impudicité, ni de leurs vols.»

Dieu veut que les hommes prennent note des jugements et apprennent les leçons qu’Il veut nous enseigner par eux. Mais comme nous sommes lents à apprendre, et comme nous sommes aveugles aux indications de la Providence! Les événements qui arrivèrent pendant la sonnerie de la sixième trompette constituèrent le second malheur, et cependant, ces châtiments n’induisirent pas les hommes à améliorer leur conduite et leur moralité. Ceux qui échappèrent n’apprirent rien de sa manifestation sur la terre.

Les hordes de Sarrasins et de Turcs furent lâchés sur la chrétienté apostate comme un fouet et un châtiment. Les hommes ont soufferts de la punition, mais ils n’en ont tiré aucune leçon.


Chapitre X. - La Proclamation Mondiale du Second Avénement

VERS. 1, 2: «1 Je vis un autre ange puissant, qui descendait du ciel, enveloppé d’une nuée; au-dessus de sa tête était l’arc-en-ciel, et son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu. 2 Il tenait dans sa main un petit livre ouvert. Il posa son pied droit sur la mer, et son pied gauche sur la terre; et il cria d’une voix forte, comme rugit un lion.»

Dans ce passage nous avons un autre cas, d’un enchaînement de pensées consécutives et interrompue momentanément. Le chapitre 9 de l’Apocalypse prend fin avec les événements de la sixième trompette; mais le son de la septième n’est présenté que dans Apocalypse 11:15. Tout le chapitre 10 et une partie du 11 constituent une parenthèse entre la sixième et la septième trompette. Tout ce qui est en relation avec la sixième trompette se trouve au chapitre 9. Mais le prophète doit présenter d’autres événements avant que ne débute l’autre trompette, et il le fait dans la partie de son livre qui commence avec ce passage et continue jusqu’au verset 15 d’Apocalypse 11. C’est dans ce cadre que s’intègre le chapitre 10. Prenons d’abord en considération la chronologie du message donné par l’ange.

Un petit livre.--«Il tenait dans sa main un petit livre ouvert.» Nous pouvons déduire de ce langage, que ce livre fut fermé pendant un certain temps. Nous lisons dans le livre de Daniel que ce livre devait être fermé et scellé un certain temps: «Toi Daniel, tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Plusieurs le liront, et la connaissance augmentera.» Puisque ce livre devait rester scellé jusqu’au temps de la fin, nous en déduisons, qu’au temps de la fin le livre serait ouvert. Si la fermeture du livre est mentionnée dans la prophétie, il est donc raisonnable de s’attendre à ce que parmi les prédictions des événements devant se produire au temps de la fin, l’ouverture de ce livre ne soit aussi mentionnée. Dans aucun livre, excepté celui de Daniel, il n’est dit qu’il fut tenu secret et scellé, et nulle part il n’est dit qu’il fut ouvert, sauf ici dans l’Apocalypse 10. De plus, nous voyons que le contenu attribué au livre est le même dans les deux endroits. Le livre que Daniel devait sceller se rapportait au temps: «Quand sera la fin de ces prodiges?» (Daniel 12:6). Quand l’ange de ce chapitre descend en tenant dans sa main le livre ouvert sur lequel il base sa proclamation, il donne un message en relation avec le temps, comme nous le verrons au verset 6. Aucune autre chose n’est nécessaire pour démontrer que les deux expressions se réfèrent à un même livre, et pour prouver que le petit livre que l’ange tenait ouvert dans sa main était le livre mentionné dans la prophétie de Daniel.

Un point important est maintenant précisé dans notre tentative d’établir la chronologie de cet ange. Nous avons vu que les prophéties, surtout les périodes prophétiques de Daniel, ne seraient pas ouvertes avant le temps de la fin. Si ce livre est celui que l’ange tenait ouvert dans sa main, il est logique de déduire qu’il proclame son message après le moment où le livre doit être ouvert, ou à un moment suivant le commencement du temps de la fin. Tout ce qui nous reste à découvrir sur ce point est de savoir quand commença le temps de la fin; nous avons déjà vu que le livre de Daniel nous donne les informations nécessaires pour le définir. Dans Daniel 11: 30, on nous présente la puissance papale. Au verset 35, nous lisons: «Quelques-uns des hommes sages succomberont, afin qu’ils soient épurés, purifiés et blanchis, jusqu’au temps de la fin, car elle n’arrivera qu’au temps marqué.» La période mentionnée ici est celle de la suprématie de la petite corne, durant laquelle les saints, les temps et la loi seront remis entre ses mains, et seront l’objet de terribles persécutions de sa part. Cette période finit en 1798, quand les 1260 ans de la suprématie papale prirent fin. Alors, le temps de la fin commença, et le livre fut ouvert. Depuis lors, beaucoup l’ont parcouru et la connaissance des prophéties a augmenté d’une façon merveilleuse (Voir les commentaires sur Daniel 12:4).

La chronologie des événements d’Apocalypse 10 se détermine encore mieux par le fait que cet ange semble être identique au premier ange d’Apocalypse 14. Les détails de son identité se remarquent facilement: Tous deux doivent proclamer un message spécial. Tous deux font une proclamation d’une voix forte. Tous deux utilisent un langage similaire, et se réfèrent au Créateur comme étant celui qui a créé les cieux, la terre, la mer et toutes les choses qui s’y trouvent. Et tous deux parlent d’une période de temps, car l’un jure que le temps ne sera plus, et l’autre proclame que l’heure du jugement de Dieu est venue.

Mais le message d’Apocalypse 14:6 se situe à un moment ultérieur au commencement du temps de la fin. C’est une proclamation de l’arrivée de l’heure du jugement de Dieu, et donc elle doit s’appliquer à la dernière génération. Paul ne prêcha pas que l’heure du jugement était arrivée. Martin Luther et ses compagnons ne le prêchèrent pas non plus. Paul parle d’un jugement à venir, situé dans un futur indéfini, et Luther le place à 300 ans après son époque. De plus, Paul met l’Eglise en garde contre la prédication que l’heure du jugement peut arriver avant un certain temps. Il dit: «Pour ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre bon sens, et de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme de péché, le fils de la perdition.» (2 Thessaloniciens 2: 1-3). Ici, Paul nous présente l’homme de péché, la petite corne, c’est-à-dire la papauté, et avec sa recommandation il englobe toute la période de sa suprématie qui, comme nous l’avons déjà noté, dure 1260 ans, qui se terminèrent en 1798.

En 1798, donc, la restriction contre la proclamation de la proche venue du jour de Christ cessa. En 1798 commence le temps de la fin, et le sceau du petit livre est ôté. Depuis lors, l’ange d’Apocalypse 14 est en train de proclamer que l’heure du jugement de Dieu est arrivée. Aussi, depuis lors, l’ange du chapitre 10 se tient debout sur la terre et la mer, et proclame que le temps ne sera plus. Nous ne pouvons pas douter de son identité. Tous les arguments qui contribuent à situer l’un nous aident également dans le cas de l’autre.

Nous n’avons pas besoin d’entrer dans une argumentation étendue pour démontrer que la génération actuelle est en train de vivre l’accomplissement de ces deux prophéties. Dans la prédication du second avènement, surtout entre 1840 et 1844, leur accomplissement plein et détaillé commence. La position de cet ange, avec un pied sur la terre et l’autre sur la mer, montre l’ampleur de sa proclamation par mer et par terre. Si ce message avait été destiné à un seul pays, il aurait suffit que l’ange prenne position sur la terre uniquement. Mais il a un pied sur la mer, et nous pouvons en déduire que son message devait traverser les océans et s’étendre aux diverses nations et parties du globe. Cette déduction est renforcée par le fait que la proclamation de l’avènement dont il est question atteint toutes les stations missionnaires du monde. Nous aborderons à nouveau le sujet dans les commentaires sur Apocalypse 14.

VERS. 3, 4: «3 Il cria d’une voix forte, comme rugit un lion. Quand il cria, les sept tonnerres firent entendre leurs voix. 4 Et quand les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, j’allais écrire; et j’entendis du ciel une voix qui disait: Scelle ce qu’ont dit les sept tonnerres, et ne l’écris pas.»

Les sept tonnerres.--Il serait vain de spéculer sur les sept tonnerres, dans l’espoir d’obtenir une connaissance définie de ce qu’ils prononcèrent. Manifestement, il s’agit de quelque chose qui ne devait pas être porté à la connaissance de l’Eglise. Nous devons accepter les instructions que Jean reçut à ce sujet, et les laisser telles qu’il les laissa, scellées, pas écrites, et donc, inconnues de nous.

VERS. 5, 6: «5 Et l’ange, que je voyais debout sur la mer et sur la terre, leva sa main droite vers le ciel, 6 et jura par celui qui vit aux siècles des siècles, qui a créé le ciel et les choses qui y sont, la terre et les choses qui y sont, et la mer et les choses qui y sont, qu’il n’y aurait plus de temps.»

Il n’y aurait plus de temps.--Quelle est la signification de cette déclaration solennelle? Elle ne peut pas signifier qu’avec le message de cet ange, le temps, tel qu’il est calculé dans ce monde, en comparaison avec l’éternité, prendrait fin. Le verset suivant parle des jours de la voix du septième ange, et dans Apocalypse 11: 15-19 on nous indique quelques-uns des événements qui arriveront sous cette trompette dans la condition actuelle. Il ne peut s’agir du temps de grâce, parce que celui-ci ne prend fin que lorsque Christ achève son oeuvre de sacrificateur, ce qui n’arrive qu’après le moment où le septième ange commence à sonner de la trompette (Apocalypse 11: 15, 19; 15: 5-8). Il s’agit donc du temps prophétique, parce qu’il n’y en a aucun autre auquel se référer.

Le mot «temps» dans ce verset, que la version en français courant (1997) a traduit par le mot «délai», est rendu dans l’original grec par chronos, temps. Évidemment les traducteurs ne pensaient à aucun temps prophétique, et ils ne purent discerner une autre traduction appropriée en dehors de celle de «délai». Bien que cette traduction puisse être admise par extension et implication, quand le contexte semble le justifier, il n’y a pas dans le contexte du verset 6 quelque chose qui la justifie. De fait, l’amertume expérimentée après avoir mangé symboliquement le petit livre dans les versets 8-10 est due précisément au fait que la venue du Seigneur a été retardée plus que ne l’espéraient ceux qui l’attendaient en 1844, et ceci précisément parce que leur tâche de prêcher l’Évangile n’était toujours pas terminée, selon ce qui est clairement indiqué dans le verset 11. Sûrement que dans une annonce faite avec tant d’emphase comme celle du verset 6, si on voulait dire «délai» au lieu de «temps» (prophétique), le mot habituel qui signifie «délai», anabolé , serait celui utilisé, comme il l’est dans Actes 25: 17, ou parfois okneo, comme dans Hébreux 9: 38. Il est vrai que le verbe dérivé de chronos, à savoir chronizei s’utilise dans le sens de retarder, comme dans Matthieu 24:48 et Luc 12:45. Mais chronizei signifie seulement «passer le temps» ou «laisser passer le temps», et c’est pourquoi il prend le sens de «retarder». Mais chronos signifie le «temps» absolu, et toutes les raisons existent de croire que s’est sa signification ici (dans le sens prophétique) dans le verset 6; et vu qu’il est utilisé dans une prédiction en relation avec une prophétie très importante, il est juste de le comprendre comme signifiant «temps prophétique». En d’autres termes, il n’y aura pas d’autre temps prophétique; non pas que le temps ne sera plus utilisé dans son sens prophétique, parce que «aux jours de la voix du septième ange», qui sont mentionnés immédiatement après, représentent sans aucun doute, les années du septième ange. Ceci veut plutôt dire, qu’aucune période prophétique ne s’étendrait au-delà du temps de ce message. Des arguments sur les plus longues périodes prophétiques montrant que celles-ci ne s’étendront pas au-delà de l’automne 1844 peuvent être trouvés dans les observations sur Daniel 8:14.

VERS. 7: «mais qu’aux jours de la voix du septième ange, quand il sonnerait de la trompette, le mystère de Dieu s’accomplirait, comme il l’a annoncé à ses serviteurs les prophètes.»

Cette septième trompette n’est pas celle mentionnée dans 1 Corinthiens 15: 52 comme étant la dernière trompette qui réveille les morts; mais c’est la septième de la série des sept trompettes, et comme les autres de la série, la durée de sa sonnerie occupe des jours prophétiques (années). Le jour où elle commencera à sonner, le mystère de Dieu sera consumé. Non pas le jour où elle commencera à jouer, pas au moment où sort la première note, mais au début des années de sa sonnerie, le mystère de Dieu s’accomplira.

En nous basant sur les événements qui doivent se réaliser tandis que la septième trompette sonne, nous pouvons fixer d’une façon suffisamment précise son commencement à la fin des périodes prophétiques, en 1844. Le mystère de Dieu doit s’accomplir postérieurement à cette date. Ce grand événement, quel que soit sa nature, va nous surprendre. Une grande oeuvre finale et décisive, avec toute l’importance et la solennité qu’elle porte, est toute proche. La fin de n’importe quelle oeuvre de Dieu a de l’importance. Un tel acte signale une ère solennelle et importante. Quand notre Sauveur mourut sur la croix, il s’exclama: «Tout est accompli.» (Jean 19:30). Quand la grande oeuvre de miséricorde en faveur de l’homme déchu sera terminée, une voix du trône de Dieu proclamera, comme le son du tonnerre, la sentence solennelle: «C’en est fait!» (Apocalypse 16:17). Ce n’est donc pas une sollicitude injustifiée qui nous pousse à demander quelle relation ont les événements avec nos espérances et nos intérêts éternels. Quand nous lisons que le mystère de Dieu doit s’accomplir, nous nous demandons quel est ce mystère et en quoi consiste son accomplissement.

Le mystère de Dieu.--Quelques témoignages directs de la Parole de Dieu, qui nous furent donnés comme des lampes pour éclairer nos pieds, démontreront ce qu’est le mystère de Dieu. «Nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.» (Éphésiens 1:9, 10). Ici, le dessein que Dieu a de réunir toutes les choses en Christ est appelé le «mystère» de sa volonté. Il s’accomplit par l’Évangile. «Priez pour moi, afin qu’il me soit donné, quand j’ouvre la bouche, de faire connaître hardiment et librement le mystère de l’Évangile.» (Éphésiens 6:19). Dans ce verset l’Évangile est appelé mystère. Dans Colossiens 4:3, il est appelé le mystère de Christ. Nous lisons aussi: «C’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère sur lequel je viens d’écrire en peu de mots.... Ce mystère c’est que les païens sont cohéritiers, forment un seul corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile.» (Éphésiens 3:3, 6). Paul déclare ici qu’il a connu le mystère par révélation, comme il l’a déjà écrit. Il se réfère à son épître aux Galates, où il nota, en ces termes, ce qui lui avait été donné par «révélation»: «Je vous déclare, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme; car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par révélation de Jésus-Christ.» (Galates 1: 11, 12). Dans ce passage Paul nous dit clairement que ce qu’il a reçu par révélation c’est l’Évangile. Dans Éphésiens 3:3, il l’appelle le mystère qui lui fut communiqué par révélation, comme il l’a écrit avant. L’épître aux Galates fut écrite vers l’an 54, et celle aux Éphésiens plus ou moins vers l’an 65.

Face à ces témoignages, peu seront disposés à nier que le mystère de Dieu c’est l’Évangile. C’est comme si l’ange avait déclaré: «aux jours de la voix du septième ange, quand il sonnerait de la trompette, l’Évangile s’accomplirait. En quoi consiste l’accomplissement de l’Évangile? Demandons-nous d’abord dans quel but il fut donné. Il fut donné pour choisir du milieu des nations un peuple qui portât le nom de Dieu. (Actes 15:14). Son accomplissement aura donc lieu à la fin de cette oeuvre. Il sera accompli quand le nombre des fils de Dieu sera complet, quand la miséricorde ne sera plus offerte, et que le temps de grâce aura pris fin.

Le thème est maintenant développé devant nous dans toute son amplitude. Telle est l’oeuvre grandiose qui doit être réalisée aux jours où la voix du septième ange, car les notes de sa trompette doivent se répercuter à travers le monde et ceci a commencé à l’époque mémorable de 1844. Dieu ne tarde pas dans l’exécution de ses desseins. Son oeuvre n’est pas incertaine. Sommes-nous prêts à y faire face?

VERS. 8-10: «8 Et la voix, que j’avais entendue du ciel, me parla de nouveau, et dit: Va, prends le petit livre ouvert dans la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre. 9 Et j’allai vers l’ange, en lui disant de me donner le petit livre. Et il me dit: Prends-le, et avale-le; il sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. 10 Je pris le petit livre de la main de l’ange, et je l’avalai; il fut dans ma bouche doux comme du miel, mais quand je l’eus avalé, mes entrailles furent remplies d’amertume.»

Jean nous est présenté comme devant jouer un rôle en tant que représentant de l’Église, probablement à cause des choses particulières que celle-ci devait expérimenter par la suite, et que le Seigneur de la prophétie voulait faire consigner, choses qui n’auraient pas été bien comprises sous le symbole de l’ange. Quand une proclamation directe et solennelle est présentée, les anges peuvent être employés comme symbole pour représenter les maîtres religieux qui proclament ce message, comme dans Apocalypse 14. Mais quand une expérience particulière de l’Église doit être présentée, il est plus approprié qu’elle soit montrée dans la personne d’un membre de la famille humaine. C’est pourquoi Jean est appelé à jouer un rôle dans cette représentation symbolique. Ceci étant le cas, l’ange qui apparaît à Jean peut représenter le messager divin qui a la charge de transmettre ce message; ou il apparaît dans le but de représenter la nature du message, et son origine.

La douceur et l’amertume.--L’ange de ce chapitre a dans sa main un «petit livre ouvert». Dans les commentaires sur le verset 2, nous avons démontré que ce «petit livre» était le livre de Daniel qui avait été scellé «jusqu’aux temps de la fin» (Daniel 12:9). Il allait être ouvert au moment où les prophéties du petit livre seraient comprises.

Dans les commentaires sur Daniel 8:14 nous avons montré que la purification du sanctuaire céleste commença en 1844. Les étudiants de la prophétie qui firent cette découverte comprirent que le sanctuaire signifiait la terre, et ils considéraient faussement que cette prédiction signifiait que le Seigneur viendrait purifier la terre de sa contamination et du péché à cette date.

Ce message de la venue du Seigneur en 1844 fut rapidement propagé dans toute l’Amérique et dans d’autres parties du monde. Les coeurs des hommes furent profondément bouleversés et les églises protestantes de cette époque furent secouées. Des dizaines de milliers de personnes pensaient que le Seigneur viendrait à la fin de la grande période prophétique des 2300 jours, en 1844. (Voir Daniel 8:14; 9:25-27). Elles firent tous les préparatifs pour le recevoir dans la joie et l’allégresse, mais ensuite l’amertume de la désillusion se produisit, parce que le Seigneur ne vint pas. Leur erreur fut qu’elles ne comprirent pas la nature de l’événement qui devait arriver à la fin de cette période prophétique, mais non dans leur manière de calculer le temps.

En conséquence, nous lisons dans le verset 10: «Il fut dans ma bouche doux comme du miel, mais quand je l’eus avalé, mes entrailles furent remplies d’amertume.»

Une oeuvre de plus à faire.--Mais la désillusion n’était pas la preuve que le mouvement n’était pas du Seigneur, parce que dans ce chapitre 10 de l’Apocalypse Il anticipe cette expérience, et dans le dernier verset Il signale à ses enfants une oeuvre d’extension mondiale à accomplir avant sa glorieuse apparition, car leur tâche n’est toujours pas terminée. Cette oeuvre est amplement présentée dans le message des trois anges du chapitre 14. (Voir ce qu’expérimenteront les prophètes, dans Jérémie 15:16-18; Ezéchiel 3:1-3, 10).

VERS. 11: «Puis on me dit: Il faut que tu prophétises de nouveau sur beaucoup de peuples, de nations, de langues, et de rois.»

Jean, en tant que représentant de l’Église, reçoit ici une autre mission. Un autre message uni à ceux du premier et du second ange, doit être proclamé au monde. En d’autres termes, nous avons ici une prophétie du message du troisième ange qui est en train de s’accomplir maintenant. Cette oeuvre ne s’accomplira pas non plus en un seul point, parce qu’elle doit atteindre «beaucoup de peuples, de nations, de langues, et de rois», comme nous le verrons clairement dans notre étude d’Apocalypse 14: 6-12.

Chapitre XI. - La Bataille Entre la Bible et L’Athéisme

VERS. 1, 2: «1 On me donna un roseau semblable à une verge, en disant: Lève-toi, et mesure le temple de Dieu, l’autel, et ceux qui y adorent. 2 Mais le parvis extérieur du temple, laisse-le en dehors, et ne le mesure pas; car il a été donné aux nations, et elles fouleront aux pieds la ville sainte pendant quarante-deux mois.»

Ici, les instructions que l’ange commença à donner à Jean dans le chapitre précédent, continuent; d’où le fait que ces versets appartiennent en réalité au chapitre 10, et ils ne devraient pas en être séparés par la division actuelle. Dans le dernier verset d’Apocalypse 10, l’ange donna une nouvelle mission à Jean en tant que représentant de l’Église. En d’autres termes, comme nous l’avons déjà démontré, ce verset est en relation avec le temple du Dieu du ciel, et il est destiné à préparer une certaine classe de personnes comme adorateurs.

La verge à mesurer.--Ici, le temple ne peut pas symboliser l’Église, parce que l’Église est présentée en relation avec ce temple comme étant «ceux qui y adorent». Il s’agit donc du temple littéral qui se trouve au ciel, et les adorateurs sont la véritable Église sur la terre. Donc, la mesure de ces adorateurs n’est pas celle de leur taille, ou de toutes autres dimensions corporelles en pieds et en pouces. Ils doivent être mesurés en tant qu’adorateurs, et le caractère peut se mesurer uniquement par une norme de justice, une loi ou un principe d’action. Nous arrivons ainsi à la conclusion que le Décalogue, la norme que Dieu donna pour mesurer «l’homme tout entier», constitue une partie de la verge à mesurer que l’ange place entre les mains de Jean. Lors de l’accomplissement de cette prophétie, sous le message du troisième ange, cette même loi a été placée, d’une façon spéciale, entre les mains de l’Église. C’est la norme avec laquelle les adorateurs du vrai Dieu doivent être testés.

En percevant ce que signifie mesurer ceux qui adorent dans le temple, nous nous demandonsce que signifie la mesure du temple. Pour mesurer n’importe quel objet, nous devons donner une attention spéciale à cet objet. L’invitation à se lever et à mesurer le temple de Dieu, est un ordre prophétique qui ordonne à l’Église d’examiner d’une manière particulièrement attentive le thème du temple ou sanctuaire. Mais comment cela doit-il se faire avec la verge à mesurer, donnée à l’Église? Nous ne pourrions pas le faire uniquement avec les dix commandements. Mais quand nous acceptons tout le message, il nous induit à examiner le sanctuaire céleste, avec les dix commandements de Dieu et le ministère de Christ. C’est pour cela que nous concluons que la verge à mesurer, considérée comme un tout, est le message spécial qui est donné à l’Église et qui englobe les grandes vérités particulières pour ce temps, les dix commandements inclus.

Ce message attire notre attention vers le temple céleste, d'où jaillissent la lumière et la vérité sur ce thème. Ainsi, nous mesurons le temple et l’autel, c’est-à-dire le ministère, en relation avec le temple, l’oeuvre et la charge de notre Souverain Sacrificateur; et nous mesurons les adorateurs avec cette partie de la verge qui est en relation avec le caractère: le Décalogue.

«Le parvis extérieur du temple, laisse-le en dehors». Ceci doit être interprété comme signifiant que l’attention de l’Église se dirige maintenant vers l’intérieur du temple et le service qui y est accompli. Les sujets qui se réfèrent au parvis sont peu importants maintenant. Il a été donné aux Gentils. Le parvis désigne cette terre car, en relation avec le sanctuaire, le parvis était le lieu où les victimes étaient immolées et où le sang de celles-ci devait être porté à l’intérieur. La victime antitypique devait mourir dans l’atrium antitypique, et elle mourut sur le Calvaire, en Judée. En introduisant les Gentils ici, l’attention du prophète est attirée sur le détail important de l’apostasie des Gentils, qui devaient piétiner la ville sainte durant quarante deux mois. Nous retournons donc dans le passé par une transition facile et naturelle, et notre attention est attirée vers une nouvelle série d’événements.

VERS. 3: «Je donnerai à mes deux témoins le pouvoir de prophétiser, revêtus de sacs, pendant mille deux cent soixante jours.»

La période de «mille deux cent soixante jours» est mentionnée de différentes manières dans les Écritures. Elle se présente sous ces trois formes:

Comme 1260 jours dans ce verset et dans Apocalypse 12:6.
Comme 42 mois dans l’Apocalypse 11:2 et 13:5.
Comme 3 temps et demi dans Daniel 7:25 et 12:7; et Apocalypse 12:14.

Tous ces passages se rapportent à la même période et peuvent se calculer facilement. Un temps égale une année, selon Daniel 11:13. Une année compte 12 mois, et le mois biblique est de 30 jours. Nous obtenons donc:

1 an de 12 mois, et 30 jours par mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 360 jours
3 ans et demi ou temps, de 360 jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . 1260 jours
42 mois de 30 jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1260 jours

Nous reconnaîtrons tous, sans aucun doute, que l’année a douze mois, mais que le mois a trente jours, c’est une chose qui a peut-être besoin d’être démontrée. Le récit du déluge dans la Genèse 7 et 8 nous y aidera. Là, nous apprenons ce qui suit:

1.Que le déluge commença le 17e jour du second mois (Genèse 7:11).

2.Que les eaux commencèrent à baisser le 17e jour du septième mois (Genèse 8:4).

3.Que le déluge dura cinq mois, depuis le second mois jusqu’au septième.

La lecture de Genèse 7:24 nous révèle que «les eaux furent grosses sur la terre pendant cent cinquante jours». Notre calcul fait apparaître cinq mois. Ce texte mentionne 150 jours; d’où: 5 mois sont égaux à 150 jours, soit 30 jours par mois.

Nous avons ainsi une mesure définie pour calculer les périodes prophétiques, si nous prenons en compte que dans la prophétie un jour est égal à un an littéral.

Les deux témoins.--Pendant cette période de 1260 ans les témoins étaient vêtus de sacs, ou dans l’obscurité; et Dieu leur donne le pouvoir de subsister et de continuer à donner leur témoignage durant cette époque obscure et lugubre. Mais qui sont ou que sont ces témoins?

VERS. 4: «Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent devant le Seigneur de la terre.»

Une allusion évidente est faite ici à Zacharie 4:11-14, où il est sous-entendu que les deux oliviers représentent la Parole de Dieu. David témoigne: «La révélation de tes paroles éclairent, elle donne de l’intelligence aux simples.» et «Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier.» (Psaume 119:130, 105). Le témoignage écrit a plus de force que le témoignage oral. Jésus déclara au sujet des Écritures de l’Ancien Testament: «ce sont elles qui rendent témoignage de moi.» (Jean 5:39).

George Croly dit: «Les deux témoins sont l’Ancien et le Nouveau Testament. . . Le principal dessein des Écritures est de donner témoignage de la miséricorde et de la vérité de Dieu. Notre Seigneur nous commande de: ‘sondez les Écritures. . . ce sont elles qui rendent témoignage de moi.’ Il dit ceci aux Juifs, et il décrit ainsi le rôle et le caractère de l’Ancien Testament. Mais le Nouveau Testament est également destiné à donner témoignage. ‘Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations.» (Matthieu 24:14).

Ces déclarations et ces considérations suffisent à prouver que l’Ancien et le Nouveau Testament sont les deux témoins de Christ.

VERS. 5: «Si quelqu’un veut leur faire du mal, du feu sort de leur bouche et dévore leurs ennemis; et si quelqu’un veut leur faire du mal, il faut qu’il soit tué de cette manière.»

Faire du mal à la Parole de Dieu c’est s’opposer à son témoignage, le corrompre ou le pervertir, et éloigner d’elle les gens. De leur bouche sort du feu pour dévorer ceux qui accomplissent cette oeuvre, c’est-à-dire que dans cette Parole un jugement de feu est prononcé contre eux. Elle déclare qu’ils recevront leur châtiment dans le lac de feu et de soufre (Malachie 4:1; Apocalypse 20:15; 22:18, 19).

VERS. 6: «Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe point de pluie pendant les jours de leur prophétie; et ils ont le pouvoir de changer les eaux en sang, et de frapper la terre de toute espèce de plaie, chaque fois qu’ils le voudront.»

Dans quel sens ces témoins ont-ils le pouvoir de fermer le ciel, de changer les eaux en sang, et de faire tomber des plaies sur la terre? Élie ferma le ciel et il ne plut pas pendant trois ans et demi, mais il le fit sur l’ordre de Jéhova. Moïse, sur un commandement de l’Éternel, changea les eaux en sang. Comme ces jugements enregistrés se sont accomplis, ainsi aussi s’accompliront toute menace et jugement qui seront prononcés contre n’importe quel peuple.

«Chaque fois qu’ils le voudront» signifie qu’aussi souvent que ces jugements ont été enregistrés dans leurs pages ils auront lieu. Un exemple de ceci doit encore être expérimenté par le monde quand les sept dernières plaies lui seront infligées.

VERS. 7, 8: «7 Quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, les vaincra, et les tuera. 8 Et leurs cadavres seront sur la place de la grande ville, qui est appelée, dans un sens spirituel, Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié.»

«Quand ils auront achevé leur témoignage,» il s’agit du témoignage qu’ils donnèrent «revêtus de sacs». La période durant laquelle ils devaient être revêtus de sacs est terminée, ou comme il est dit dans un autre endroit, la durée de la persécution a été abrégée (Matthieu 24:22) avant que n’expire cette période. «Dans la prophétie, une ‘bête’ représente un royaume ou une puissance (Voir Daniel 7:17, 23). Une question apparaît: Quand les témoins cessèrent-ils d’être vêtus de sacs? Et un royaume, tel que celui qui est décrit, leur fit-il la guerre durant la période mentionnée? S’il est correct de dire qu’en 538 les témoins commencèrent à se revêtir de sacs, et si les 42 mois sont 1260 jours prophétiques, ou années, cette période nous amène en 1798. Un royaume tel qu’il est décrit leur fit-il la guerre, plus ou moins à cette époque? Remarquons que cette bête ou royaume sort de l’abîme; c’est-à-dire, qu’elle n’a pas de fondement. C’est une puissance athée, ‘dans un sens spirituel. . . Égypte.’ (Voir Exode 5:2: ‘Pharaon répondit: Qui est l’Éternel, pour que j’obéisse à sa voix, en laissant aller Israël? Je ne connais point l’Éternel, et je ne laisserai point aller Israël.). C’est l’athéisme. Un royaume manifesta-t-il le même esprit vers 1798? Oui, la France; en tant que nation, elle nia l’existence de Dieu, et fit la guerre contre la Monarchie du ciel.»

«En 1793,. . . par un pacte solennel de la législature et du peuple, l'Évangile fut aboli en France. Les outrages infligés aux exemplaires de la Bible n'avaient déjà plus d'importance; sa vie est dans ses doctrines, et l'extinction des doctrines c'est l'extinction de la Bible. Par le décret du gouvernement français qui déclara que la nation ne reconnaissait pas Dieu, l'Ancien et le Nouveau Testament furent mis à mort dans tous les coins de la France républicaine. Mais, dans le saccage général de tous les lieux de culte, les injures aux livres sacrés ne pouvaient pas manquer. A Lyon, ils furent attachés à la queue d'un âne et traînés en procession à travers les rues. . .

«Le premier Novembre 1793, Gobet, et les prêtres de Paris, avaient jeté la soutane et abjuré la religion. Le 11, un 'grand festival', dédié à la 'Raison et à la Vérité' fut célébré dans la cathédrale de Notre-Dame qui avait été profanée et rebaptisée 'Temple de la Raison'. Dans le centre de l'église, on érigea une pyramide couronnée d'un temple qui portait l'inscription 'A la philosophie'. Le flambeau de 'la Vérité' était sur l'autel de 'la Raison' diffusant la lumière, etc. La Convention Nationale et toutes les autorités assistèrent à cette cérémonie burlesque et insultante.»

La Sodome spirituelle.--«Cette puissance 'est appelée, dans un sens spirituel, Sodome'. Quel est le péché caractéristique de Sodome? La licence. La France eut-elle ce caractère? Oui; la fornication fut établie par loi durant la période citée. 'Spirituellement' elle fut le lieu 'où leur Seigneur a été crucifié'. Ceci s'applique-t-il à la France? Oui, et dans plus d'un sens. Premièrement, en 1572, il y eut un complot pour détruire tous les Huguenots pieux; et en une nuit, 50 000 d'entre eux furent assassinés de sang froid, et dans les rues de Paris le sang coulait littéralement. C'est ainsi que notre Seigneur fut spirituellement crucifié en la personne de ses disciples. Ensuite, le mot d'ordre et la devise des français incrédules furent 'ÉCRASEZ L'INFÂME', en désignant Christ. On peut donc vraiment dire, 'où leur Seigneur a été crucifié'. L'esprit même de l'abîme se manifesta dans cette nation.

«Mais, la France fit-elle la guerre contre la Bible? Oui; et en 1793, l'Assemblée Constituante française promulgua un décret interdisant la Bible, et en accomplissement de ce décret, les Bibles furent rassemblées et brûlées avec toutes les manifestations possibles de mépris, et toutes les institutions de la Bible furent interdites. Le jour de repos fut aboli et chaque dixième jour on s'abandonna à l'allégresse et au blasphème. Le baptême et la communion furent supprimés. On nia l'existence de Dieu; et la mort fut déclarée sommeil éternel. La déesse de la Raison, une femme vile, fut exaltée et adorée publiquement. Nous avons certainement ici la puissance qui répond avec exactitude à la prophétie.» Ce point sera développé encore plus dans les commentaires sur le verset suivant.

VERS. 9: «Des hommes d'entre les peuples, les tribus, les langues, et les nations, verront leurs cadavres pendant trois jours et demi, et ils ne permettront pas que leurs cadavres soient mis dans un sépulcre.»

Ce verset montre les sentiments des autres nations bien plus que de celle qui commit l'outrage contre les témoins. Elles voyaient que la France incrédule avait fait la guerre à la Bible, mais elles ne voulurent pas, en tant que nations, se laisser induire à participer à cette oeuvre impie, ni laisser enterrer les témoins assassinés, ni les cacher parmi elles, bien qu'ils fussent morts depuis trois jours et demi, soit trois ans et demi, en France. Non; cette tentative même de la France servit à inciter les chrétiens de partout, à s’investir à nouveau en faveur de la Bible, selon ce que nous verrons à présent.»

VERS. 10: «Et à cause d’eux les habitants de la terre se réjouiront et seront dans l’allégresse, et ils s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes ont tourmenté les habitants de la terre.»

«Ceci montre l’allégresse que ressentirent ceux qui haïssaient la Bible, ou qui étaient tourmentés par elle. La joie des incrédules fut grande partout pendant un temps. Mais ‘la joie des impies est brève’, et il en fut ainsi en France, parce que la guerre contre la Bible et le christianisme les a presque complètement engloutis. Ils avaient entrepris la destruction des deux témoins de Christ, mais ils remplirent la France de sang et de terreur, de manière qu’ils furent horrifiés par les résultats de leurs actions impies, et ils comprirent qu’il était de leur intérêt de cesser d’attaquer la Bible.»

VERS. 11: «Après les trois jours et demi, un esprit de vie, venant de Dieu, entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds; et une grande crainte s’empara de ceux qui les voyaient.»

Les témoins restaurés.--«En 1793, l’Assemblée Française promulgua le décret qui supprimait la Bible. Exactement trois ans plus tard on présenta à l’Assemblée la décision d’abroger ce décret et d’accorder la tolérance aux Écritures. Cette résolution fut en attente pendant six mois, après quoi elle fut prise en considération et acceptée sans un seul vote contre. De façon que, précisément trois ans et demi après, les témoins ‘se tinrent sur leurs pieds; et une grande crainte s’empara de ceux qui les voyaient’. Ce ne sont que les résultats épouvantables du rejet de la Bible qui poussèrent la France à cesser les attaques contre ces témoins.»

«Le 17 Juin, Camille Jourdan, au ‘Conseil des Cinq Cents’, présenta le rapport mémorable sur la ‘révision des lois relatives au culte religieux.’ Il consistait en plusieurs propositions, qui abolissaient les restrictions républicaines du culte papal, et les restrictions papales du culte protestant. Ces propositions étaient les suivantes:

1.Que tous les citoyens pouvaient acheter ou louer des édifices pour le libre exercice religieux.

2.Que toutes les congrégations pouvaient se réunir au son des cloches.

3.Qu’aucune mise à l’épreuve ou promesse d’aucune sorte, non exigées des autres citoyens, ne le soit des ministres de ces congrégations.

4.Que n’importe quelle personne qui tente d’empêcher ou d’interrompre de quelque manière que ce soit le culte public, soit pénalisée d’une amende entre 50et 500 livres; et si l’interruption est provoquée par des autorités constituées, ces autorités seront pénalisées d’une amende double.

5.Que l’entrée aux assemblées, dans un but de culte religieux, soit libre pour tous les citoyens.

6.Que toutes les autres lois concernant le culte religieux soient abolies.

«Ces règlements, comprenant toute la condition des cultes en France, furent en fait une bénédiction spéciale pour le protestantisme. Le papisme était déjà en pleine voie de restauration. Mais le protestantisme, écrasé sous les pieds de Louis XIV et sans appui sur la foi populaire, avait besoin de l’appui direct de l’Etat pour ‘se tenir sur ses pieds’. Le rapport semble même avoir eu une considération spéciale pour les dommages envers l’église; les vieilles interdictions de célébrer le culte public, de posséder des lieux de culte, d’avoir des revenus, etc. . .

«Depuis cette époque l’Église a été libre en France. . .

«L’Église et la Bible étaient mortes en France de Novembre 1793 jusqu’à Juin 1797. Les trois ans et demi étaient passés; et la Bible, qui fut interdite depuis si longtemps et avec tant de sévérité, occupa une place d’honneur, et fut ouvertement le livre du protestantisme libre.»

VERS. 12: «Et ils entendirent du ciel une voix qui leur disait: Montez ici! Et ils montèrent au ciel dans la nuée; et leurs ennemis les virent.»

«Ils montèrent au ciel».--«Pour comprendre cette expression, voyons Daniel 4:22: ‘la grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’aux cieux’. Nous voyons ici que l’expression signifie une grande exaltation. Les Écritures sont-elles parvenues à un tel degré d’exaltation, comme ce qui est indiqué ici, depuis que la France leur fit la guerre? Oui, vraiment. Peu après, la Société Biblique Britannique s’organisa (en 1804); ensuite, la Société Biblique Américaine suivit (en 1816); et avec leurs auxiliaires presque innombrables, elles répandaient la Bible partout.» Avant 1804, la Bible avait été imprimée et circulait en cinquante langues.

«Fin Décembre 1942, la Bible avait été traduite dans sa totalité ou partiellement en 1058 langues et dialectes.»

Aucun autre livre ne peut être comparé à la Bible par son coût infime et par le nombre d’exemplaires mis en circulation. La Société Biblique Américaine informa qu’elle avait imprimé et fait circuler 7.696.739 Bibles complètes ou partielles en 1940; 8.096.069 en 1941; 6.254.642 en 1942. La Société Biblique Britannique et Étrangère, à la fin de l’année 1941, diffusa 11.017.334 exemplaires; et en 1942, 7.120.000 livres.

Un calcul prudent fait monter à six millions le nombre de Bibles imprimées annuellement par les maisons commerciales. D’où une production annuelle d’exemplaires ou de portions de la Bible atteignant le chiffre énorme de vingt-cinq à trente millions de livres par an.

Depuis son organisation jusqu’en 1942 inclus, la Société Biblique Américaine avait produit 321.951.266 exemplaires; et la Société Britannique et Étrangère avait sorti, jusqu’en Mars 1942, 539.664.024 livres, soit un total de 861.600.000 exemplaires produits par ces deux sociétés seulement. En Mai 1940 la Société Biblique Américaine a dit: «On calcule que les neufs dixièmes des 2 milliards d’habitants du monde pourraient maintenant, s’ils le voulaient, lire la Bible dans leur langue.» La Bible est exaltée au-delà de toute valeur, parce qu’elle est, après Son Fils, la bénédiction la plus précieuse que Dieu ait donnée à l’homme, et elle donne un glorieux témoignage au sujet de Son Fils. Oui, les Écritures ont été réellement exaltées jusqu’au «ciel dans la nuée», car une nuée est l’emblème de l’élévation céleste.

VERS. 13: «A cette heure-là, il y eut un grand tremblement de terre, et la dixième partie de la ville tomba; sept mille hommes furent tués dans ce tremblement de terre, et les autres furent effrayés et donnèrent gloire au Dieu du ciel.«

«De quelle ville s’agit-il? Voyons Apocalypse 17:18: ‘Et la femme que tu as vue, c’est la grande ville qui a la royauté sur les rois [les royaumes] de la terre.’ Cette ville, c’est la puissance romaine papale. La France est une des ‘dix cornes’ qui donnèrent ‘leur puissance et leur autorité à la bête’ ou l’un des dix royaumes qui sortirent de l’empire d’occident de Rome, selon ce qu’indiquent les dix orteils des pieds de la statue de Nébucadnetsar, la bête à dix cornes de Daniel 7: 24, et le dragon à dix cornes que Jean vit (Apocalypse 12:3). La France était donc ‘la dixième partie de la ville’, et elle fut l’un des ministres les plus énergiques de la vengeance papale; mais lors de cette révolution elle ‘tomba’, et avec elle le dernier exécuteur civil de la colère papale. Et ‘sept mille hommes [dans l’original, noms d’hommes]furent tués dans ce tremblement de terre’. La France fit la guerre, lors de sa révolution de l’année 1789 et suivantes, à tous les titres et à la noblesse. . . ‘Et les autres furent effrayés et donnèrent gloire au Dieu du ciel.’ Leur tentative pour déshonorer Dieu et défier le ciel remplit la France de telles scènes de sang, de boucherie et d’horreurs, que même les incrédules tremblèrent et furent épouvantés; et ‘les autres’ qui échappèrent aux atrocités de ce moment ‘donnèrent gloire au Dieu du ciel, pas volontairement, mais le Dieu du ciel fit que cette colère de l’homme le loue en permettant que tout le monde vît que ceux qui guerroient contre le ciel creusent leur propre tombe; et c’est ainsi que les moyens mêmes que les hommes impies employèrent pour ternir la gloire de Dieu se transformèrent en faveur de celle-ci.»

VERS. 14: «Le second malheur est passé. Voici, le troisième malheur vient bientôt.»

Les trompettes continuent.--La série des six trompettes recommence ici. Le second malheur s’est terminé avec la sixième trompette, le 11 Août 1840, et le troisième malheur se présente sous le son de la septième trompette, qui commença en 1844.

Où en sommes-nous alors? «Voici», c’est-à-dire remarquez bien, ‘le troisième malheur vient bientôt.» Les terribles scènes du second malheur sont passées, et maintenant, nous sommes à l’époque où la trompette qui amène le troisième et dernier malheur sonne. Rechercherons-nous la paix et la sécurité, un millénaire temporel, mille ans de justice et de prospérité sur la terre? Prions avec plus de ferveur le Seigneur pour qu’il réveille un monde qui dort.

VERS. 15-17: «15 Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient: le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des siècles. 16 Et les vingt-quatre vieillards, qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes, se prosternèrent sur leurs faces, et ils adorèrent Dieu, 17 en disant:Nous te rendons grâce, Seigneur Dieu tout-puissant, qui es, et qui étais, de ce que tu as saisi ta grande puissance et pris possession de ton règne.»

Il semblerait que du verset 15 jusqu’à la fin du chapitre, nous parcourons trois périodes différentes depuis la sonnerie du septième ange jusqu’à la fin. Dans les versets qui sont cités ici, le prophète regarde vers l’avenir, au moment de l’établissement du royaume de Dieu. Bien que la septième trompette commence à sonner, il se peut que les grandes voix célestes, qui doivent proclamer que les royaumes de ce monde appartiennent désormais à notre Seigneur et à son Christ, ne sont pas encore audibles, à moins que ce ne soit une anticipation de l’accomplissement rapide de l’événement. Mais la septième trompette, comme les six précédentes, englobe une période de temps, et le transfert des royaumes des puissances terrestres à Celui qui a le droit de régner, est l’événement principal qui doit arriver durant les premières années de la sonnerie. D’où le fait que cet événement, à l’exclusion de tous les autres, requiert l’attention du prophète (Voir les observations sur le verset 19). Dans le verset suivant, Jean rétrocède et considère les événements intermédiaires.

VERS. 18: «Les nations se sont irritées; et ta colère est venue, et le temps est venu de juger les morts, de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de détruire ceux qui détruisent la terre.»

Les nations se sont irritées.--Commençant avec l’éclatement spontané des révolutions en Europe en 1848, la colère d’une nation contre une autre est allée constamment en augmentant. Les jalousies et les haines parmi les nations ont été la règle bien plus que l’exception. Ceci s’est surtout manifesté par les deux guerres mondiales du XXe siècle, quand il semblait que les hommes étaient disposés à détruire des nations entières par le feu de leur colère.

Voici les paroles exactes d’un professeur de l’Université de Harvard:

«Jusqu’ici, le XXe siècle a été la période la plus sanglante et une des plus agitées, et donc l’une des plus cruelles et des moins humanitaires, de toute l’histoire de la civilisation occidentale et peut-être des chroniques de l’humanité en général.»

Ta colère est venue.--La colère de Dieu envers la génération actuelle est complétée par les sept plaies (Apocalypse 15:1), auxquelles nous devons donc ici nous référer, et qui très bientôt seront déversées sur la terre.

Le temps est venu de juger les morts.--La grande majorité des morts, c’est-à-dire les impies, restent dans leurs tombes après le déversement des plaies, et après la fin de l’ère évangélique. Un jugement destiné à assigner à chacun le châtiment qu’il mérite pour ses péchés, est accompli par les saints avec le Christ pendant les mille ans qui suivent la première résurrection (1 Corinthiens 6:2; Apocalypse 20:4). Dans la mesure où ce jugement suit la colère de Dieu ou les sept dernières plaies, il semble qu’il soit nécessaire de se référer à lui comme le jugement des impies pendant les mille ans, qui a déjà été mentionné; parce que le jugement investigatif est réalisé avant le versement des plaies.

La récompense des serviteurs les prophètes.--Ils recevront leur récompense lors de la seconde venue de Christ, parce qu’Il apporte leur rétribution avec lui (Matthieu 16:27; Apocalypse 22:12). Toutefois, les saints ne recevront pas leur récompense complète avant d’entrer en possession de la nouvelle terre (Matthieu 25:34).

Le châtiment des impies.--«Détruire ceux qui détruisent la terre», se rapporte au moment où tous les impies, qui ont littéralement dévasté de vastes régions et détruit d’innombrables vies humaines, seront dévorés pour toujours par ces feux purificateurs que Dieu envoie du ciel (2 Pierre 3:7; Apocalypse 20:9). C’est ainsi que la septième trompette se termine à la fin des mille ans. C’est une pensée qui nous remplit de joie, mais aussi de frayeur. La trompette qui sonne maintenant arrive jusqu’à la destruction finale des impies, et jusqu’au moment où les saints, revêtus d’immortalité glorieuse, seront établis et en sécurité dans la terre rénovée.

VERS. 19: «Et le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l’arche de son alliance apparut dans son temple. Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre, et une forte grêle.»

Le temple ouvert.--Une fois de plus le prophète nous fait retourner au début de la trompette. Après avoir présenté la septième trompette dans le verset 15, le premier grand événement qui est exposé au voyant est le transfert du royaume terrestre au gouvernement céleste. Dieu assume son grand pouvoir, et écrase pour toujours la rébellion de cette terre, et il établit Christ sur son propre trône, et conserve lui-même le pouvoir suprême sur tous. Nous revenons ensuite à la condition des nations, au jugement qui doit tomber sur elles, et au destin final tant des saints que des pécheurs (verset 18). Après avoir parcouru ce champ de vision, notre attention est à nouveau invitée à retourner au verset que nous étudions, à la fin du sacerdoce de Christ, la dernière scène de l’oeuvre de miséricorde en faveur d’un monde coupable.

Le temple est ouvert, et on entre dans le second appartement du sanctuaire. Nous savons qu’il s’agit du lieu très saint qui est ouvert ici, parce que nous voyons l’arche; et ce n’est que dans cet appartement qu’elle était déposée. Cette ouverture arrive à la fin des 2300 jours, quand le sanctuaire devait être purifié (Daniel 8:14). C’est à ce moment-là que les périodes prophétiques se terminèrent et que le septième ange commença à sonner de la trompette. Depuis 1844, le peuple de Dieu a vu, par la foi, la porte ouverte dans le ciel, et l’arche du témoignage de Dieu à l’intérieur. Il est évident, par les mots utilisés par Jean pour décrire l’arche, que les tables de la loi sont là, tout comme elles furent dans l’arche du sanctuaire dressé par Moïse. Il l’appelle «l’arche de son témoignage».

L’arche est appelée l’arche de l’alliance, ou du témoignage, parce qu’elle fut faite dans le but express de contenir les tables du témoignage ou dix commandements (Exode 25:16; 31:18; Deutéronome 10:2, 5). Elle n’avait pas d’autre usage, et elle devait son nom uniquement au fait qu’elle contenait les tables de la loi. Si elle n’avait pas contenu les tables, elle ne serait pas l’arche du témoignage de Dieu, et elle ne pourrait pas réellement s’appeler ainsi. Cependant, Jean, en contemplant l’arche dans le ciel tandis que la septième trompette sonne, continue de l’appeler « l’arche du témoignage», ce qui nous donne une preuve irréfutable que la loi est toujours là, sans que se soit altéré un seul trait de lettre de la copie qui fut remise pour un temps au soin des hommes dans l’arche typique du tabernacle, à l’époque de Moïse.

Les disciples de la parole prophétique ont aussi reçu la verge et ils sont en train de mesurer le temple, l’autel et ceux qui y adorent (Apocalypse 11:1). Ils sont en train de proclamer leur dernière prophétie devant les nations, les peuples et les langues (Apocalypse 10:11). Le drame, avec les éclairs, les tonnerres, les voix et les tremblements de terre, la grande grêle qui constitueront la dernière convulsion de la nature avant que toutes les choses soient renouvelées à la fin des mille ans, ne tardera pas à se terminer (Apocalypse 21:5). (Voir les commentaires sur Apocalypse 16:17-21).

Chapitre XII. - Le Développement de L’Intolérance

VERS. 1-3: « 1Un grand signe parut dans le ciel: une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. 2 Elle était enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de l’enfantement. 3 Un autre signe parut encore dans le ciel; et voici, c’était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes.»

La compréhension de cette partie du chapitre, implique un peu plus qu’une simple définition des symboles présentés. Elle peut se résumer en peu de mots.

«Une femme», représente la véritable Église (2 Corinthiens 11: 2). Une femme dépravée signifie habituellement une église apostate ou corrompue (Ézéchiel 23:2-4; Apocalypse 17:3-6, 15, 18). Par analogie, une femme pure, comme dans ce cas, représentera la véritable Église. «Le soleil» évoque ici la lumière et la gloire de l’ère évangélique. «La lune» est le symbole de l’époque mosaïque. Comme la lune réfléchit la lumière du soleil, de même, l’ère antérieure renvoya la lumière du présent. Elles ont le type et l’ombre; nous avons maintenant l’antitype et la substance. «Une couronne de douze étoiles» symbolise de façon appropriée les douze apôtres. «Un grand dragon rouge» représente la Rome païenne (Voir les commentaires sur les versets 4 et 5). «Le ciel» c’est l’espace où l’apôtre vit cette représentation. Nous ne devons pas supposer que les scènes présentées ici à Jean, se déroulèrent dans le ciel où Dieu réside, car ce sont des événements qui eurent lieu sur la terre. Cette vision, que les yeux du prophète contemplèrent, semblait se dérouler dans la région occupée par le soleil, la lune et les étoiles, région que nous appelons le ciel.

Les versets 1 et 2 couvrent une période qui commence précisément au début de l’ère chrétienne, quand l’Église attendait avec impatience la venue du Messie, et elle s’étend jusqu’au plein établissement de l’Église évangélique avec sa couronne de douze apôtres (Luc 2:25, 26, 38).

On ne pouvait pas trouver de symboles plus adéquats et impressionnants que ceux employés ici. La dispensation mosaïque brillait de la lumière empruntée par anticipation à l’ère chrétienne, de même que la lune réfléchit la lumière qu’elle reçoit du soleil. Comme il était donc approprié de représenter la première par la lune et la seconde par le soleil! La femme, l’Église, avait la lune sous ses pieds, c’est-à-dire, l’ère mosaïque qui venait de s’achever, et elle était revêtue de la lumière du soleil évangélique qui venait de naître. Par anticipation, on nous présente l’Église pleinement organisée, avec ses douze apôtres, avant que n’apparaisse sur la scène, l’enfant mâle, le Christ. Elle devait être constituée immédiatement après le début du ministère de Christ; et Il est en relation plus étroite avec cette Église qu’avec celle de l’époque antérieure. Il est impossible de mal interpréter ce passage; de manière que cette représentation ne violente aucun système correct d’interprétation.

VERS. 4-6: «4 Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté. 5 Elle enfanta un fils, qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer. Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône. 6 Et la femme s’enfuit dans le désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin qu’elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours.»

Le tiers des étoiles du ciel.--Le dragon entraîna le tiers des étoiles du ciel. Si les douze étoiles de la couronne de la femme représentent symboliquement les douze apôtres, alors les étoiles entraînées par le dragon avant sa tentative de meurtre de l’enfant mâle, c’est-à-dire avant l’ère chrétienne, peuvent symboliser une partie des dirigeants du peuple juif. Dans Apocalypse 8:12, nous avons déjà vu que le soleil, la lune et les étoiles sont parfois utilisés dans un sens symbolique. La Judée devint une province romaine soixante-dix ans avant la naissance du Messie. Les Juifs avaient trois sortes de dirigeants: les rois, les prêtres et le Sanhédrin. Un tiers de ceux-ci, les rois, fut ôté par le pouvoir romain. Philip Smith, après avoir décrit le siège de Jérusalem par les Romains et Hérode, et sa capitulation au printemps de l’an 37 av. J.-C., après une résistance obstinée qui dura six mois, dit: «Telle fut la fin de la dynastie asmonéenne, exactement 130 ans après les premières victoires de Judas Maccabée, et la septième année après qu’Aristobule ceignit le diadème.»

Cette allusion aux étoiles a, sans aucun doute, une signification plus large et elle est en relation avec les vérités soulignées dans les versets 7-9 de ce chapitre. En résultat du conflit présenté ici, il est évident que le tiers de l’armée angélique, qui s’est unie à Satan dans sa rébellion contre le Gouvernement de l’univers, fut jeté hors des parvis glorieux.

Le dragon se tint devant la femme.--Il est maintenant nécessaire d’identifier le pouvoir symbolisé par le dragon, et ceci se fait très facilement. Le témoignage au sujet de «l’enfant mâle» que le dragon tente de détruire est applicable à un seul être apparu sur cette terre, à savoir notre Seigneur Jésus-Christ. Aucun autre ne fut enlevé vers Dieu et vers son trône. Mais Lui, fut aussi exalté (Éphésiens 1:20, 21; Hébreux 8:1; Apocalypse 3:21). Aucun autre n’a reçu de Dieu la mission de gouverner toutes les nations avec une verge de fer, mais Lui, il fut désigné pour cette oeuvre (Psaume 2:7-9).

Il n’y a plus de doute que l’enfant mâle représente Jésus-Christ. Le temps auquel la prophétie se réfère est également évident. Ce fut l’époque où Christ apparut dans ce monde comme un enfant à Bethléhem.

Il sera maintenant facile de découvrir quel est le pouvoir symbolisé par le dragon, parce qu’il représente un pouvoir qui tente de détruire le Christ au moment de sa naissance. Aucune réponse n’est nécessaire pour celui qui aura lu comment Hérode, dans son effort diabolique pour tuer l’enfant Jésus, ordonna la mise à mort de tous les enfants de Bethléhem âgés de moins de deux ans. Mais qui était Hérode? Il était un gouverneur romain, car il tire son pouvoir de Rome, qui régnait alors sur tout le monde (Luc 2:1), et donc il joua un rôle en tant qu’acteur responsable dans cet événement. De plus, Rome était l’unique gouvernement terrestre qui, alors, pouvait se voir symboliser dans la prophétie, pour la simple raison que sa domination était universelle. Les commentateurs protestants ont en général des raisons concluantes pour considérer que l’empire romain est le pouvoir indiqué par le grand dragon rouge.

Il convient peut-être de mentionner le fait que du second au cinquième siècle, le dragon était, après l’aigle, le principal emblème des légions romaines. Ce dragon est de couleur rouge, comme pour mieux correspondre au tableau présenté par le voyant de Patmos et proclamer: Rome est la nation représentée ici.

Comme nous l’avons vu, Rome tenta de détruire Jésus-Christ par la machination infernale d’Hérode. L’enfant que l'Église attendait en veillant, était notre Rédempteur adorable, qui bientôt gouvernera les nations avec une verge de fer. Hérode ne put le détruire. Toutes les puissances combinées de la terre et de l’enfer ne purent le vaincre. Bien que la tombe le retint un moment en son pouvoir, il rompit ses liens cruels, ouvrit un chemin vivant pour l’humanité, et fut enlevé vers Dieu et son trône. Il monta au ciel à la vue de ses disciples, leur laissant à eux et à nous, la promesse de son retour.

L’Église s’enfuit dans le désert quand le pape fut fermement établi en 538, et là, elle fut soutenue par la parole de Dieu et le ministère des anges pendant la longue domination sombre et sanglante de ce pouvoir qui dura 1260 ans.

VERS. 7-12: «7 Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, 8 mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. 9 Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, et ses anges furent précipités avec lui. 10 Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait: Maintenant le salut est arrivé, et la puissance, et le règne de notre Dieu, et l’autorité de son Christ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit. 11 Il l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. 12 C’est pourquoi réjouissez-vous cieux, et vous qui habitez dans les cieux. Malheur à la terre et à la mer! car le diable est descendu vers vous, animé d’une grande colère, sachant qu’il a peu de temps.»

Guerre dans le ciel.--Les six premiers versets de ce chapitre, comme nous l’avons vu, nous conduisent à la fin des 1260 ans, en 1798, date qui signale la fin de la suprématie papale. Dans le verset 7, il est aussi clair qu’on nous fait reculer à des siècles antérieurs. Jusqu’où? Jusqu’au temps dont il est question au début du chapitre, c’est-à-dire au moment de la première venue [de Jésus], quand Satan, avec une ingéniosité infernale, agissant par l’intermédiaire du pouvoir de la Rome païenne, tenta de tuer le Sauveur des hommes; et même encore plus loin, au moment où commença la grande controverse entre la vérité et l’iniquité, quand dans le ciel même, Michel (Christ) et ses anges s’affrontèrent avec le dragon (Satan) et ses anges. Pour avoir des preuves que Michel est le Christ, voir Jude 9:1; Daniel 12:1.

Ils ne furent pas les plus forts.--Remercions Dieu parce que dans ce vieux conflit, le grand trompeur fut vaincu. Lucifer «Astre brillant, fils de l’aurore», avec l’envie et la haine dans son coeur, se plaça à la tête de l’armée d’anges mécontents en rébellion contre le gouvernement de Dieu. Mais les Écritures disent qu’ils «ne furent pas les plus forts», «il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.»

Des siècles plus tard, quand Christ vint pour la première fois sur la terre, «le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan», fit un grand effort sous le déguisement du grand dragon rouge, qui représentait la Rome païenne, pour détruire le Rédempteur du monde. Satan avait attendu la mission de Christ sur la terre comme sa dernière opportunité d’obtenir le succès de son dessein de détruire le plan du salut. Il se présenta à Christ avec des tentations spécieuses et avec l’espoir de le vaincre. Il essaya de diverses façons de mettre Christ à mort durant son ministère. Quand il parvint à l’enfermer dans la tombe, il tenta avec un triomphe malveillant, de l’y retenir. Mais le Fils de Dieu sortit victorieux de chaque rencontre; et il transmet cette promesse miséricordieuse à ses fidèles disciples: «Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône.» (Apocalypse 3:21). Ceci nous démontre que Christ dut soutenir une guerre tandis qu’il était sur la terre, et qu’il obtint la victoire. Satan vit son dernier effort et sa dernière machination avorter. Il s’était vanté de pouvoir vaincre le Fils de Dieu quand il viendrait accomplir sa mission dans ce monde, et qu’il ferait ainsi échouer ignominieusement le plan du salut. Il savait bien que s’il était battu dans son dernier effort désespéré pour déjouer l’oeuvre de Dieu, il perdrait sa dernière espérance, et tout serait perdu. En accord avec le verset 8, il ne fut pas le plus fort, et c’est pour cette raison que nous pouvons chanter: «réjouissez-vous, cieux, et vous qui habitez dans les cieux.»

Leur place ne fut plus trouvée dans le ciel.--Satan et les anges déchus essuyèrent une terrible défaite, que Christ décrit ainsi: «Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.» (Luc 10:18). Et Pierre nous dit que ces anges déchus, Dieu «les a précipités dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement». (2 Pierre 2:4).

L’espérance, qu’il caressait depuis si longtemps, de vaincre le Fils de l’homme quand il assumerait notre nature, disparut pour toujours. Son pouvoir fut limité. Il ne pouvait déjà plus espérer une rencontre personnelle avec le Fils de Dieu, car Christ l’avait battu. Désormais, l’Église (la femme), est l’objet de sa malice, et il recourt à tous les moyens infâmes qui allaient caractériser sa colère contre elle.

Mais on entend chanter dans le ciel: «maintenant le salut est arrivé». Comment est-ce possible, si ces scènes appartiennent au passé? Le salut, la force, le royaume de Dieu et le pouvoir de son Christ étaient-ils déjà venus? Pas du tout; mais ce chant était entonné avec les yeux fixés sur l’avenir. Ces choses étaient certaines. La grande victoire qui décidait pour toujours de la question de leur établissement avait été gagnée par Christ.

Ensuite, le prophète jette un regard sur l’oeuvre de Satan, de son époque jusqu’à la fin (versets 11 et 12), soit, la période durant laquelle les «frères» fidèles vainquent par le sang de l’Agneau et la parole de leur témoignage, tandis que la colère de l’ennemi s’intensifie à mesure que le temps qui lui reste diminue.

Ce fut Satan qui poussa Hérode à donner la mort au Sauveur. Mais l’agent principal que le chef des rebelles employa pour combattre le Christ et son peuple, durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, fut l’empire romain, dont la religion dominante était le paganisme. De façon que, si le dragon représente surtout Satan, il symbolise dans un second sens la Rome païenne.

VERS. 13-17: «13 Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l’enfant mâle. 14 Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât au désert, vers son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps, et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent. 15 Et, de sa bouche, le serpent lança de l’eau comme un fleuve derrière la femme, afin de l’entraîner par le fleuve. 16 Et la terre secourut la femme, et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa bouche. 17 Et le dragon fut irrité contre la femme, et il s’en alla faire la guerre aux restes de sa postérité, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus.»

L’Église au désert.--Ici, on nous fait remonter une fois de plus à l’époque où Satan comprit qu’il avait totalement échoué dans ses tentatives contre le Seigneur de gloire tandis qu’Il accomplissait sa mission terrestre. Alors sa colère décupla, comme c’est noté ici, contre l’Église que Christ avait établie. Nous voyons ensuite l’Église dans la condition qui est décrite, comme fuyant dans le «désert». Ceci pour indiquer un isolement des regards publics, et une dissimulation de leurs ennemis. Cette église, qui durant tout le Moyen Âge trompetait ses ordres hautains à la chrétienté et étalait ses étendards tapageurs devant les multitudes étonnées, n’était pas l’Église de Christ; elle était le corps du mystère d’iniquité.

Le «mystère de la piété» fut Dieu manifesté ici comme homme; le «mystère d’iniquité» fut un homme qui affirmait être Dieu. Telle fut la grande apostasie produite par l’union du paganisme avec le christianisme. La véritable Église était cachée. Elle adorait Dieu dans des lieux secrets. Les cavernes et les coins cachés des vallées du Piémont peuvent être considérés comme de bons exemples de lieux où la vérité de l’Évangile fut considérée comme sacrée et elle fut enlevée de la colère de ses ennemis. Là, Dieu veilla sur son Église, et par sa providence, il la protégea et la soutint.

Les ailes d’aigle qui lui furent données signifient adéquatement la célérité avec laquelle la vraie Église fut obligée de chercher un refuge quand l’homme de péché fut installé au pouvoir. Dans ce but, l’assistance de Dieu lui fut facilitée. Dieu emploie une image semblable lorsqu’Il décrit la façon dont il prit soin de l’ancien Israël: «vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et amenés vers moi.» (Exode 19:4).

La période durant laquelle la femme est maintenue au désert, «un temps, des temps et la moitié d’un temps», utilisée dans une phrase similaire dans Daniel 7:25, nous donne la clé pour expliquer ce dernier passage. La même période est appelée dans Apocalypse 12:6, «mille deux cent soixante jours». Ceci démontre qu’un «temps» égale une année, soit 360 jours; deux «temps», deux années, ou 720 jours; et «la moitié d’un temps» une demi-année, ou 180 jours, ce qui nous donne un total de 1260 jours. Comme il s’agit de jours symboliques, ils signifient 1260 ans littéraux.

Le serpent lança de sa bouche de l’eau comme un fleuve pour entraîner l’Église. Par ses fausses doctrines, la papauté avait corrompu et dominé toutes les nations, de façon qu’elle put exercer un contrôle absolu sur le pouvoir civil pendant de longs siècles. Par elle, Satan pouvait lancer l’inondation puissante de la persécution contre l’Église, dans toutes les directions, et elle ne tarda pas à le faire. (Voir les références sur les terribles persécutions dont l’Église fut l’objet, dans les observations sur Daniel 7:25) Des millions de croyants fidèles furent emportés par le fleuve, mais l’Église ne fut pas totalement submergée, car les jours furent abrégés à cause des élus (Matthieu 24:22).

«La terre secourut la femme» en ouvrant sa bouche et elle engloutit le fleuve. La Réforme protestante du XVIe siècle commença son oeuvre. Dieu suscita Martin Luther et ses collaborateurs pour qu’ils révèlent le véritable caractère de la papauté et pour qu’ils brisent le sortilège que la superstition avait utilisé pour réduire les esprits à l’esclavage. Luther afficha ses thèses sur la porte de Wittenberg; et la plume avec laquelle il les écrivit, selon le rêve symbolique du bon électeur Frédéric de Saxe, traversa vraiment le continent, et fit trembler la triple tiare sur la tête du pape. Les princes commencèrent à embrasser la cause des réformateurs. Ce fut l’aube de la lumière et de la liberté religieuse, et Dieu n’allait pas permettre que les ténèbres absorbent leur éclat.

Le sortilège fut brisé. Les hommes découvrirent que les bulles et les anathèmes du pape tombaient impuissants à leurs pieds aussitôt qu’ils osaient exercer le droit que Dieu leur donnait de régir leurs consciences par sa Parole seulement. Les défenseurs de la véritable foi se multiplièrent. Très vite il y eut assez de sol protestant en Europe et au Nouveau Monde pour absorber le fleuve de la colère papale et lui ôter son pouvoir de faire du mal à l’Église. C’est ainsi que la terre aida la femme et continue à l’aider aujourd’hui encore, puisque les principales nations de la chrétienté ont favorisé l’esprit de la Réforme et de la liberté religieuse.

Il s’en alla faire la guerre au reste.--Mais le dragon n’a pas achevé son oeuvre. Le verset 17 nous présente un autre déchaînement final de sa colère, cette fois contre la dernière génération de croyants qui vit sur la terre. Nous disons la dernière génération parce que la guerre du dragon est dirigée «contre le reste de sa postérité» [de la femme], c’est-à-dire la véritable Église, et aucune génération si ce n’est la dernière ne peut vraiment être représentée par le reste. S’il est correct de dire que nous sommes arrivés à la dernière génération qui doit vivre les scènes finales de l’histoire de cette terre, cette guerre contre la vérité ne peut plus être très loin dans le futur.

Ce reste se caractérise par le fait qu’il garde les commandements de Dieu et qu’il a le témoignage de Jésus-Christ. Ceci indique que, dans les derniers jours, une réforme du Sabbat sera réalisée, parce que le Sabbat seul, comme appartenant aux commandements, contient une différence de foi et de pratique parmi ceux qui acceptent le décalogue comme loi morale. Ceci est plus particulièrement évident dans le message d’Apocalypse 14:9-12.


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