II. Les Prophéties de l’Apocalypse - Uriah Smith


Chapitre I. - La Methode Divine de la Revelation Prophetique

Le livre de l'Apocalypse débute par l'annonce de son titre, accompagné d'une bénédiction pour ceux qui prêtent une grande attention à ses déclarations prophétiques solennelles:

VERS. 1-3: «1 Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qu'il a fait connaître, par l'envoi de son ange, à son serviteur Jean, 2 lequel a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, tout ce qu'il a vu. 3 Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites! Car le temps est proche.»

Le titre.--Dans certaines versions, on a conservé au livre le titre de «Révélation» et on y a ajouté «de Saint Jean, le théologien»; mais en le faisant, on contredit les paroles du livre lui-même qui déclare être «la Révélation de Jésus-Christ». Jésus-Christ est le Révélateur et pas Jean. Jean n'a été que l'écrivain employé par Christ pour écrire cette révélation destinée au bénéfice de Son église. Ce Jean, est le disciple que Jésus aima et favorisa le plus des douze. Il fut évangéliste, apôtre et auteur de l'Evangile et des épîtres qui portent son nom. A tous ces titres, il faut aussi ajouter celui de prophète; parce que l'Apocalypse est une prophétie, et c'est ainsi que Jean la nomme. Mais le contenu de ce livre provient d'une source encore plus élevée. Il n'est pas seulement la révélation de Jésus-Christ mais celle que Dieu Lui donna. Son origine est d'abord la grande Source de toute sagesse et vérité: Dieu le Père; il la communiqua à Jésus-Christ, le Fils; et Christ l'envoya par son ange à son serviteur Jean.

Le caractère du livre.--Il s'exprime en une parole: Révélation. Une révélation est quelque chose de révélé ou porté à la connaissance; ce n'est pas quelque chose de caché ou de voilé. Moïse nous dit que «les choses cachées sont à l'Eternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité.» Deutéronome 29:29). Aussi, le titre même du livre est une réfutation suffisante de l'opinion qui est parfois émise sur ce livre qu'il fait partie des mystères de Dieu, et ne peut être compris. Si tel était le cas, il porterait un titre tel que «le Mystère», ou «Le Livre caché», et pas la «Révélation».

Son objectif.--«Pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt». Qui sont ses serviteurs? Au bénéfice de qui la révélation est-elle donnée? Etait-elle réservée à quelques personnes spécifiques, à quelques églises en particulier, ou pour une période déterminée? Non; elle est destinée à toute l'église de toutes les époques, aussi longtemps que tous les événements prédits dans ce livre ne seront pas accomplis. Elle est réservée à tous ceux qui peuvent s'appeler «ses serviteurs,» peu importe le moment et le lieu où ils se trouvent.

Dieu dit qu'il donna cette prophétie pour révéler à ses serviteurs les choses qui doivent arriver; et cependant, beaucoup de ceux qui présentent sa Parole disent que personne ne peut la comprendre. C'est comme si Dieu tentait de faire connaître à l'humanité des vérités importantes tout en tombant dans le manque de bon sens terrestre de les revêtir d'un langage ou de figures incompréhensibles pour l'esprit humain. C'est comme s'il imposait à une personne la contemplation d'un objet lointain pour ensuite élever une barrière impénétrable entre cette personne et l'objet, ou comme s'il donnait à ses serviteurs une lumière pour les guider à travers les ténèbres de la nuit pour ensuite jeter sur cette lumière un voile épais qui ne laisse passer aucun rayon de sa splendeur. Comme les hommes qui jouent de cette façon avec sa Parole déshonorent Dieu! La Révélation accomplira le dessein pour lequel elle fut donnée, et ses «serviteurs» apprendront d'elle «les choses qui doivent arriver bientôt», et qui concernent leur salut éternel.

Son ange.--Christ envoya la Révélation et la fit connaître à Jean par «son ange». Il semble qu'il s'agisse d'un ange particulier. Quel est l'ange qui peut être appelé ange du Christ? Nous trouvons la réponse à cette question dans notre étude même, comme nous pouvons le voir dans les commentaires sur Daniel 10:21. Nous en arrivons à la conclusion que les vérités destinées à être révélées à Daniel furent confiées exclusivement à Christ et à un ange appelé Gabriel. La mission de Christ dans le livre de l'Apocalypse est semblable à la communication d'une vérité importante donnée au prophète Daniel le bien-aimé: faire connaître une réalité essentielle à Jean, le «disciple bien-aimé». Qui peut être, dans cette mission, son ange sinon celui qui aida Daniel dans l'oeuvre prophétique antérieure, à savoir l'ange Gabriel? Il semble aussi très juste que le même ange qui fut appelé à transmettre des messages au prophète bien-aimé d'autrefois, accomplisse la même charge pour le prophète Jean à l'époque évangélique (Voir les commentaires sur Apocalypse 19:10).

Une bénédiction pour le lecteur.--«Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie». Une bénédiction aussi directe et catégorique a-t-elle déjà été prononcée sur la lecture et l'observation de quelqu'autre partie de la Parole de Dieu? Comme elle nous stimule à l'étudier! Dirons-nous que nous ne pouvons pas la comprendre? Serait-il logique d'offrir à ceux qui étudieraient un livre une bénédiction qui ne leur serait d'aucun profit? Dieu a prononcé sa bénédiction sur le lecteur de cette prophétie, et il a scellé de son approbation l'étude approfondie de ses pages merveilleuses. Avec ce stimulant d'origine divine, l'enfant de Dieu ne peut être inquiété par les mille contre-attaques des hommes.

Tout accomplissement de la prophétie impose des devoirs. Dans l'Apocalypse, il y a des choses qui doivent être observées et réalisées. Des obligations doivent être exécutées en résultat de la compréhension et de l'accomplissement de la prophétie. Nous en avons un exemple remarquable dans Apocalypse 14: 12, où il nous est dit: «C'est ici la persévérance des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus.»

«Le temps est proche», écrit Jean, et en le disant, il nous donne un autre motif d'étude de ce livre. Ceci devient chaque fois plus important au fur et à mesure que nous approchons de la fin. Sur ce thème, nous vous offrons les pensées impressionnantes d'un autre écrivain: «L'importance de l'étude de l'Apocalypse augmente avec la marche du temps. Il y a là des 'choses qui doivent arriver rapidement' . . . Déjà lorsque Jean écrivit les paroles de Dieu, le témoignage de Jésus-Christ et toutes les choses qu'il vit, la longue période durant laquelle devaient s'accomplir ces scènes successives, approchait. La première en relation avec la série était sur le point de se réaliser. Si sa proximité constituait alors une raison pour prêter attention au contenu du livre, combien plus aujourd'hui! Chaque siècle qui passe, chaque année qui file, intensifie l'urgence avec laquelle nous devons être attentif à cette partie finale des Saintes Ecritures. Et l'intensité avec laquelle nos contemporains se consacrent aux choses terrestres n'accentue-t-elle pas encore plus le caractère raisonnable de cette exigence? Il est sûr qu'il n'y a jamais eu une époque au cours de laquelle on éprouva autant le besoin d'une force puissante pour contrecarrer cette intensité. La Révélation de Jésus-Christ fidèlement étudiée exerce une influence correcte et appropriée. Ah! si tous les chrétiens recevaient pleinement la bénédiction destinée à 'celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie'. «

La dédicace.--Après la bénédiction, vient la dédicace:

VERS. 4-6: «4 Jean, aux sept églises qui sont en Asie: que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui était, et qui vient, et de la part des sept Esprits qui sont devant son trône, 5 et de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre! A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, 6 et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen!»

Les églises d'Asie.--Il y avait plus de sept églises en Asie, même dans cette partie occidentale de l'Asie, connue comme l'Asie Mineure. Et si nous considérons un territoire encore plus petit, telle que la petite partie où se trouvaient les sept églises mentionnées plus loin, nous découvrons que parmi elles il y avait d'autres églises importantes. Colosses était à une courte distance de Laodicée. Patmos, où Jean eut sa vision, était située plus près de Milet que de n'importe laquelle des sept églises nommées. De plus, Milet était un centre important du christianisme, à en juger par le fait qu'en y faisant étape, Paul fit appeler les anciens de l'Eglise d'Ephèse pour qu'il les vît dans ce lieu (Actes 20: 17-38). Là, il a laissé entre de bonnes mains chrétiennes son disciple Trophime malade (2 Timothée 4: 20). Troas, où Paul passa un certain temps avec les disciples, et d'où il commença son voyage après le sabbat, n'était pas très loin de Pergame, l'une des sept églises nommées.

Il est donc intéressant de définir pourquoi sept des églises d'Asie Mineure furent choisies comme celles auxquelles l'Apocalypse devait être dédiée. Se peut-il que la salutation d'Apocalypse 1 soit réservée seulement aux églises désignées par leur nom? En est-il de même pour les avertissements qui leur sont adressés dans Apocalypse 2 et 3? Les conditions qui y sont décrites étaient-elles uniquement celles qui existaient à ce moment-là ou bien étaient-elles celles qui se présenteraient plus tard? Nous ne pouvons pas arriver à cette conclusion pour de bonnes et solides raisons:

Tout le livre de l'Apocalypse est dédié aux sept églises (Voir Apocalypse 1:3, 11, 19; 22: 18, 19). Le livre n'est pas plus applicable à leurs membres qu'à n'importe quels autres chrétiens d'Asie Mineure, comme par exemple ceux qui demeuraient dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce et en Bithynie, à ceux auxquels Pierre adresse son épître (1 Pierre 1:1); ou aux chrétiens de Colosses, Troas et Milet, vivants au milieu même des églises mentionnées.

Seule une petite partie du livre pourrait se référer individuellement aux sept églises, ou à n'importe quel chrétien de l'époque de Jean, parce que la plupart des événements qui y sont présentés sont si loin dans le futur qu'ils n'allaient pas se produire durant la vie de la génération qui vivait alors, ni même pendant la période où ces églises allaient subsister. En conséquence, ces églises-là n'avaient rien à voir avec les événements en question.

Les sept étoiles que le Fils de l'homme tenait dans sa main droite sont, comme il le dit, les sept églises (vers. 20). Tous seront d'accord que les sept anges des églises sont leurs ministres. Le fait qu'ils soient dans la main droite du Fils de l'homme montre le soutien, la direction et la protection qu'il leur prodiguait. Mais il y en avait seulement sept dans sa main droite. Sont-ils seulement sept, ceux qui sont l'objet de tout le soin du grand Maître des assemblées? Tous les vrais ministres de toute l'époque évangélique, ne peuvent-ils pas obtenir de cette représentation la consolation de savoir qu'ils sont soutenus et guidés par la main droite de Celui qui est la grande Tête de l'Eglise? Telle semble être l'unique conclusion logique.

De plus, Jean, pénétrant du regard dans l'ère chrétienne, vit le Fils de l'homme au milieu de seulement sept chandeliers, qui représentent les sept églises. La position du Fils de l'homme parmi eux doit symboliser sa présence avec ses enfants, le soin vigilant qu'il exerce sur eux, et la surveillance de toutes leurs oeuvres. Mais, connaît-il ainsi seulement sept églises individuelles? Ne pouvons-nous pas en conclure que cette scène représente son attitude envers toutes ses églises à travers l'ère évangélique? Alors, pourquoi sept seulement sont mentionnées? Le chiffre sept est employé dans la Bible pour montrer la plénitude et la perfection. Ainsi, les sept chandeliers représentent l'Eglise évangélique à travers sept périodes, et les sept églises peuvent recevoir la même application.

Pourquoi les sept églises, mentionnées en particulier, furent-elles choisies? Sans doute, parce que les noms de ces églises, en accord avec les définitions des mots, font ressortir les caractéristiques de ces périodes de l'ère évangélique qu'elles devaient respectivement représenter.

Donc, on comprend facilement que les «sept églises» ne représentent pas seulement les sept églises littérales de l'Asie qui portaient les noms mentionnés, mais sept périodes de l'église chrétienne, depuis les jours des apôtres jusqu'à la fin du temps de grâce (Voir les commentaires sur Apocalypse 2:1).

La source de la bénédiction.--«De la part de Celui qui est, qui était, et qui vient», est une expression qui, dans ce cas, se réfère à Dieu le Père, car le Saint-Esprit et Jésus-Christ sont mentionnés séparément dans le contexte immédiat.

Les sept Esprits.--Cette expression ne se rapporte probablement pas aux anges, mais à l'Esprit de Dieu. C'est l'une des sources de grâce et de paix pour l'Eglise. Au sujet du thème intéressant des sept Esprits, Thompson observe: «C'est-à-dire le Saint-Esprit, appelé 'les sept Esprits', parce que sept est un chiffre sacré et parfait; car ce nom ne lui est pas donné. . . pour montrer une pluralité intérieure, mais la plénitude et la perfection de ses dons et de ses actions.» Albert Barnes dit: «Le chiffre sept peut avoir été donné au Saint-Esprit en référence à la diversité ou la plénitude de ses actions dans les âmes humaines, et à son intervention multiple dans les affaires du monde, comme nous le développerons ultérieurement dans ce livre.»

Son trône.--Il s'agit du trône de Dieu le Père, parce que Christ n'est pas encore monté sur son propre trône. Les sept Esprits qui sont devant le trône indiquent peut-être «le fait que l'Esprit divin était, pour ainsi dire, préparé à être envoyé, selon une représentation commune aux Ecritures, à accomplir des desseins importants dans les affaires humaines.»

Jésus-Christ.--Quelques-unes des caractéristiques de Christ sont mentionnées ici. Il est le «Témoin Fidèle». Tout ce qu'il a affirmé s'accomplira avec certitude.

«Le premier-né d'entre les morts» est une expression parallèle à d'autres qui se trouvent dans 1 Corinthiens 15:20, 23 «prémices de ceux qui sont morts»; Hébreux 1:6 «le premier-né»; Romains 8:29 «le premier-né entre plusieurs frères»; Colossiens 1:15, 18 «le premier-né de toute la création», et s'appliquent à Christ. Mais ces expressions n'indiquent pas qu'il fut le premier être à ressusciter des morts quant au temps; parce que d'autres ressuscitèrent avant lui. De plus, c'est un point sans importance. Christ est le personnage principal et central de tous ceux qui sortirent de la tombe, parce que s'il y en a eu qui ressuscitèrent avant lui ce fut en vertu de la venue de Christ, de son oeuvre et de sa résurrection. Dans le dessein de Dieu, il fut le premier quant au temps aussi bien qu'à l'importance, parce que si quelques-uns furent libérés du pouvoir de la mort avant lui, cela n'arriva qu'après que le dessein, que Christ triomphât sur le sépulcre, fut formé dans l'esprit de Dieu, qui «appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient» (Romains 4: 17), et ils furent libérés en vertu de ce grand dessein qui devait s'accomplir au moment voulu.

Christ est le «prince des rois de la terre». Dans un certain sens, il l'est déjà maintenant. Paul nous dit, dans Ephésiens 1:20, 21, qu'il s'est assis à la droite de Dieu «dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir.» Les noms les plus honorés de ce monde sont ceux des princes, des rois, des empereurs et des puissants. Mais Christ a été placé bien au-dessus d'eux. Il est assis avec son Père sur le trône du royaume universel, et il est au même niveau que lui dans le contrôle des affaires de toutes les nations de la terre (Apocalypse 3:21).

Dans un sens très spécial, Christ est le prince de tous les rois de la terre quand il monte sur son propre trône, et les royaumes de ce monde deviennent «les royaumes de notre Seigneur et son Christ,» quand ils sont remis entre ses mains par le Père, et il vient en portant sur son vêtement le titre de : «Roi des rois et Seigneur des seigneurs», pour briser les nations comme on rompt un vase de potier (Apocalypse 19: 16; 2:27; Psaume 2: 8, 9).

De plus, on parle de Christ comme de «celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang». Parfois nous croyons que nous avons reçu beaucoup d'amour de nos amis et de nos parents terrestres: nos parents, nos frères, nos soeurs, ou nos amis intimes, mais nous voyons qu'aucun amour ne mérite ce nom quand on le compare à l'amour de Christ pour nous. La phrase suivante intensifie la signification des paroles antérieures: et il «nous a délivrés de nos péchés par son sang». Quel amour! L'apôtre dit: «Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jean 15:13). Mais Christ a prouvé son amour en mourant pour nous, «alors que nous étions encore pécheurs». Et il y a plus encore: «il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père». Nous qui étions attaqués par la lèpre du péché, il nous a purifiés; nous qui étions ses ennemis il a fait de nous non seulement ses amis, mais il nous a élevés à des postes d'honneur et de dignité. Quel amour incomparable! Quelle provision sans pareille Dieu a-t-Il fait pour que nous puissions être purifiés du péché! Considérons un instant le service du sanctuaire et sa merveilleuse signification. Quand un pêcheur confesse ses péchés et reçoit le pardon, il les place sur Christ, l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Dans les livres du ciel où ils étaient enregistrés, le sang de Christ les couvre, et si celui qui s'est converti à Dieu reste fidèle à sa profession de foi, ses péchés ne seront jamais révélés, mais ils seront détruits par le feu qui purifiera la terre quand les pécheurs et le péché seront consumés. Le prophète Esaïe dit: «Tu as jeté derrière toi tous mes péchés» (Esaïe 38:17). Alors la déclaration que le Seigneur fit par Jérémie s'accomplira: «Je ne me souviendrai plus de leur péché» (Jérémie 31: 34).

Il n'y a rien d'étrange à ce que le disciple Jean aimant et aimé attribuât à cet Etre qui a tant fait pour nous, la gloire et la puissance, aux siècles des siècles.

VERS. 7: «Voici, il vient avec les nuées. Et tout oeil le verra, et ceux qui l'ont percé; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui.»

Ici, Jean nous transporte dans l'avenir, à la seconde venue de Christ en gloire, événement culminant de son intervention en faveur de ce monde déchu. Il vint une fois revêtu de faiblesse, il revient maintenant avec puissance; il vint dans le passé revêtu d'humilité, il vient dans la gloire. Il vient sur les nuées, comme lors de l'ascension (Actes 1: 9, 11).

Sa venue est visible.--«Tout oeil le verra». Tous ceux qui seront vivants quand il reviendra, le verront. Il n'est pas fait allusion à une venue personnelle de Christ qui se produirait dans le silence de minuit, ou seulement dans le désert ou dans les chambres secrètes. Il ne vient pas comme un voleur dans le sens d'une venue furtive, secrète ou silencieuse. Mais il vient chercher ses plus précieux trésors, ses saints qui dorment et qui vivent, ceux qu'il racheta avec son sang précieux; ceux qu'il arracha du pouvoir de la mort dans un combat franc et juste; et pour qui sa venue sera visible et triomphale. Elle sera comme la clarté et la splendeur de l'éclair qui «part de l'Orient et se montre jusqu'en Occident» (Matthieu 24: 27). Elle sera comme le son d'une trompette qui pénètre jusqu'au plus profond de la terre, et qui d'une voix puissante réveillera les saints endormis dans leur lit de poussière (Matthieu 24: 31; 1 Thessaloniciens 4: 16). Elle surprendra les impies comme un voleur parce qu'ils fermèrent les yeux avec persistance pour ne pas voir les indices de sa venue imminente, et parce qu'ils ne voulurent pas croire les déclarations de sa Parole qui annonçaient son approche. Présenter deux venues: une privée et une autre publique, en relation avec le second avènement, comme quelques-uns le font, ne peut se baser sur les Écritures.

«Et ceux qui l'ont percé».--En plus de «tout oeil», (comme mentionné plus avant), il y a une allusion spéciale à ceux qui jouèrent un rôle dans la tragédie de sa mort; ceci indique qu'ils le verront revenir sur la terre dans le triomphe et la gloire. Mais comment est-ce possible? S'ils ne vivent pas à ce moment là, comment pourront-ils le contempler lors de sa venue? Il y aura une résurrection des morts. C'est la seule façon pour ceux qui furent couchés dans la tombe de revenir à la vie. Mais pourquoi ces impies ressuscitent-ils à ce moment-là puisque la résurrection générale des méchants ne se produit que mille ans après le second avènement? (Apocalypse 20: 1-6).

Daniel dit à ce sujet: «En ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple; et ce sera une époque de détresse, telle qu'il n'y en a point eue depuis que les nations existent jusqu'à cette époque. En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés. Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour la honte éternelle.» (Daniel 12: 1, 2).

Ce qui nous est présenté ici est une résurrection partielle, la résurrection d'un certain groupe de justes et d'impies. Elle a lieu avant la résurrection générale de n'importe quel groupe. Plusieurs de ceux qui dorment, mais pas tous, se réveilleront alors; c'est-à-dire, quelques justes pour la vie éternelle, et quelques impies pour la honte et l'opprobre éternels. Cette résurrection se produit en relation avec le grand temps d'angoisse sans précédent qui aura lieu juste avant la venue du Seigneur. Ceux qui le percèrent ne peuvent-ils pas être parmi ceux qui ressusciteront pour la honte et l'opprobre éternels? Qu'y a-t-il de plus approprié que de voir ceux qui jouèrent un rôle dans la grande humiliation du Seigneur, et ceux qui furent à la tête de la rébellion contre lui d'une façon spéciale, ressusciter pour contempler sa majesté terrible quand il revient triomphant avec des flammes de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à son Évangile?

La réponse de l'Eglise est: «Oui. Amen.» Bien que cette venue de Christ soit pour les impies une scène de terreur et de destruction, elle est pour les justes une scène de joie et de triomphe. Cette venue, qui est comme des flammes de feu, pour exécuter la justice sur les impies, apportera la récompense à tous ceux qui auront cru (2 Thessaloniciens 1: 6-10). Tous ceux qui aiment Christ salueront toute déclaration et tout indice de son retour comme une grande et joyeuse nouvelle.

VERS. 8: «Je suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant.»

Ici, une personne autre que Jean parle. En déclarant qui il est, il utilise deux des mêmes caractéristiques, «l'Alpha et l'Oméga», qui se trouvent dans Apocalypse 22:13, où en accord avec les versets 12 et 16 de ce chapitre, il est clair que c'est Christ qui parle dans le verset 8.

VERS. 9: «Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus.»

Ici, le thème change, parce que Jean introduit le lieu et les circonstances dans lesquelles la révélation lui fut donnée. D'abord, il se présente comme le frère de l'Eglise universelle, son compagnon dans les tribulations.

Dans ce passage Jean se réfère évidemment au futur royaume de gloire. Il introduit la pensée que la tribulation fait partie de la préparation nécessaire pour entrer dans le royaume de Dieu. Cette idée se retrouve dans des passages comme ceux-ci: «c'est par beaucoup de tribulations qu'ils nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes 14: 22,) «si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2: 12). Il est vrai que tant que nous vivons ici dans la chair, les croyants en Christ ont accès au trône de la grâce. C'est au trône de la grâce que nous sommes conduits lorsque nous nous convertissons, parce que Dieu «nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour» (Colossiens 1: 13). Mais au second avènement du Sauveur, quand le royaume de la gloire sera inauguré, les saints qui sont maintenant membres du royaume de la grâce, en étant rachetés du présent siècle mauvais, auront accès au trône de sa gloire. Alors, les tribulations seront terminées, et les enfants de Dieu se réjouiront dans la lumière de la présence du Roi des rois pendant toute l'éternité.

Le lieu où il écrivit.--Patmos est un îlot aride en face de la côte occidentale de l'Asie Mineure, entre l'île d'Icare et le promontoire de Milet, où à l'époque de Jean se trouvait l'église chrétienne la plus proche. Il avait 16 kilomètre de long et environs 10 de large sur sa plus grande largeur. La côte est escarpée et consiste en une succession de caps qui forment de nombreux ports. Le seul actuellement utilisé, est une baie profonde entourée de hautes montagnes sur tous ses côtés sauf un, et il est protégé par un promontoire. La ville rattachée à ce port est située sur une montagne élevée et rocheuse qui s'élève au bord même de la mer. A mi-chemin environ de la montagne où est édifiée la ville, il y a une grotte naturelle dans la roche, où, selon la tradition, Jean eut sa vision et écrivit l'Apocalypse. A cause du caractère austère et désolé de cette île, elle était utilisée sous l'Empire Romain comme lieu d'exil. Ceci nous explique pourquoi Jean y fut exilé. L'exil de l'apôtre eut lieu sous l'empereur Domitien, vers l'an 94 de notre ère; l'Apocalypse fut donc écrite en 95 ou 96.

Les motifs de son exil.--«A cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus». Tel est le grave délit et crime de Jean. Le tyran Domitien, qui portait alors la pourpre impériale de Rome, était plus éminent pour ses vices que pour sa position civile, et il tremblait devant cet apôtre âgé mais indomptable. Il n'osait pas permettre la proclamation de l’Évangile dans son royaume. Il exila Jean sur l'îlot solitaire de Patmos, où l'on peut dire qu'il était aussi hors du monde que s'il était mort. Après l'avoir isolé sur ce lieu aride, et l'avoir condamné au cruel travail de la mine, l'empereur pensa sans doute qu'il avait éliminé le prédicateur de la justice et que le monde n'entendrait plus jamais parler de lui.

Probablement, les persécuteurs de John Bunyan pensèrent-ils la même chose quand ils l'enfermèrent dans la prison de Bedford. Mais lorsque l'homme pense avoir enterré la vérité dans l'oubli éternel, le Seigneur lui donne une résurrection qui décuple sa gloire et son pouvoir. De la sombre et étroite cellule de Bunyan jaillit la splendeur de la lumière spirituelle, grâce au «Voyage du Pèlerin», qui pendant presque trois cents ans a favorisé les intérêts de l’Évangile. Depuis l'île aride de Patmos, où Domitien pensait avoir éteint pour toujours au moins une torche de la vérité, surgit la plus magnifique révélation de tout le canon sacré pour déverser sa lumière divine sur tout le monde chrétien jusqu'à la fin des temps. Combien, parmi ceux qui honorèrent et ceux qui honorent encore le nom du disciple bien-aimé, pour ses visions de la gloire céleste, ont ignoré le nom du monstre qui le fit exiler! Il est vrai que les paroles de l’Écriture qui affirment que «la mémoire du juste dure toujours», «mais le nom des méchants tombe en pourriture» (Psaume 112: 6; Proverbes 10: 7) sont encore valables aujourd'hui.

VERS. 10: «Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix forte, comme le son d'une trompette.»

Bien que Jean était déporté et mis à l'écart de tous ceux qui professaient la même foi que lui, au point de sembler presque complètement isolé du monde, il n'était séparé ni de Dieu, ni de Christ, ni du Saint-Esprit, ni des saints anges. Il maintenait sa communion avec son divin Sauveur. L'expression «en esprit» semble montrer l'état le plus sublime d'élévation spirituelle auquel une personne peut être élevée par l'Esprit de Dieu. Il marque le début de sa vision.

Le jour du Seigneur.--Quel est le jour désigné ici? Cette question a reçu différentes réponses. Une catégorie de personnes soutiennent que l'expression «jour du Seigneur» embrasse toute l'ère évangélique et ne se réfère pas à un jour de 24 heures. Une autre catégorie soutient que le jour du Seigneur est le jour du jugement, le jour du Seigneur qui est très souvent mentionné dans les Écritures. La troisième opinion est que l'expression se rapporte au premier jour de la semaine. Mais il y a encore une autre classe de personnes qui soutient que c'est le septième jour, jour de repos du Seigneur.

A la première de ces opinions il suffit de répondre que le livre fut écrit par Jean dans l'île de Patmos, le jour du Seigneur. Son auteur, le lieu où il fut écrit et le jour où il fut daté, sont des choses qui eurent une existence réelle et pas seulement symbolique ou mystique. Mais si nous disons que le jour représentait l'ère évangélique, nous lui donnons une signification symbolique ou mystique qui n'est pas admissible. Pourquoi Jean aurait-il besoin d'expliquer qu'il écrivait «le jour du Seigneur» si l'expression signifiait l'ère évangélique? C'est bien connu que le livre de l'Apocalypse fut écrit quelques soixante-dix ans après la mort de Christ.

Le second avis, qu'il s'agit du jour du jugement, ne peut pas être correct. Même si Jean a eu une vision concernant le jour du jugement, il ne pouvait pas l'avoir durant ce jour qui est encore dans le futur. Le mot grec durant est 3/4 v, «dans»; il a été défini par Thayer de la façon suivante, quand il se réfère au temps: «Périodes et portions de temps dans lesquelles arrive quelque chose, dans, durant.» Il ne signifie jamais «au sujet de» ou «concernant». Aussi, ceux qui mettent en relation cette expression avec le jour du jugement contredisent le langage utilisé, en lui faisant dire «concernant» au lieu de «durant», ou bien il font dire à Jean un étrange mensonge en affirmant qu'il eut une vision sur l'île de Patmos, il y a plus de 1800 ans, durant un jour de jugement encore dans le futur.

La troisième opinion, selon laquelle le jour du Seigneur est le premier jour de la semaine, est la plus répandue. Mais les preuves en sa faveur font défaut. Le texte lui-même ne définit pas le terme «jour du Seigneur», aussi, s'il signifie premier jour de la semaine, nous devons chercher dans une autre partie de la Bible la preuve que ce jour de la semaine était habituellement appelé ainsi. Les seuls autres auteurs inspirés qui parlent du premier jours de la semaine, sont Matthieu, Marc, Luc et Paul; et ils le désignent simplement comme «premier jour de la semaine». Jamais ils ne parlent de lui en termes qui le distinguent comme étant supérieur aux autres six jours ouvrables. Le plus remarquable, du point de vue populaire, c'est que trois d'entre eux parlent de lui au moment même où l'on dit que par la résurrection de Christ le premier jour de la semaine devint le jour du Seigneur, et deux d'entre eux le mentionnent trente ans après cet événement.

On dit que le «jour du Seigneur» était l'expression usuelle pour désigner le premier jour de la semaine; mais, où en est la preuve? Personne ne peut la trouver. En réalité, nous avons des preuves du contraire. Si cela avait été la façon universelle de désigner le premier jour de la semaine quand l'Apocalypse fut écrite, l'auteur lui-même l'aurait appelé de cette façon dans tous ses écrits suivants. Mais Jean écrivit son Évangile après avoir écrit l'Apocalypse, et cependant, il n'appelle pas le premier jour de la semaine «jour du Seigneur», mais simplement «le premier jour de la semaine». Le lecteur qui désire des preuves que l’Évangile de Jean fut écrit après l'Apocalypse les trouvera dans les ouvrages des écrivains qui font autorité en la matière.

L'affirmation faite en faveur du premier jour est encore plus catégoriquement réfutée par le fait que ni le Père ni le Fils ne réclamèrent le premier jour comme étant le leur, dans un sens supérieur à celui de n'importe quel autre jour de travail. Ni l'Un ni l'Autre ne le bénit jamais, ni ne l'appela saint. S'il devait être appelé jour du Seigneur parce que Christ ressuscita ce jour-là, il ne fait aucun doute que l'inspiration nous en aurait informés. Si en l'absence de toute instruction relative à la résurrection nous appelons jour du Seigneur le jour durant lequel elle se produisit, pourquoi ne donnerions-nous pas le même nom aux jours où se produisirent la crucifixion et l'ascension, qui sont des événements aussi essentiels au plan du salut que la résurrection?

Puisque les trois opinions déjà examinées ont été réfutées, la quatrième, à savoir, que le jour du Seigneur désigne le Sabbat, nécessite toute notre attention. En faveur de cette opinion on peut invoquer les preuves les plus claires. Quand au commencement Dieu donna à l'homme six jours de la semaine pour travailler, il se réserva expressément le septième jour, il le bénit, et déclara qu'il lui appartenait comme son saint jour (Genèse 2: 1-3). Moïse dit à Israël dans le désert de Sin, le sixième jour de la semaine: «Demain est le jour de repos, le Sabbat consacré à l’Éternel.» (Exode 16: 23).

Nous arrivons au Sinaï, où le grand Législateur proclama ses préceptes moraux au milieu d'une scène grandiose et terrible; et dans un code suprême, il réclama comme lui appartenant son jour sanctifié: «Le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu: . . . Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour: c'est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.» Par le prophète Esaïe, huit cents ans plus tard, Dieu parla de la façon suivante: «Si tu retiens ton pied pendant le Sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, . . . Alors tu mettras ton plaisir en l’Éternel.» (Esaïe 58: 13, 14).

A l'époque du Nouveau Testament, Celui qui est Un avec le Père déclare expressément: «de sorte que le Fils de l'homme est maître même du Sabbat» (Marc 2: 28). Quelqu'un peut-il nier que ce jour était celui du Seigneur? Nous voyons donc, que quand on mentionne le titre de Seigneur, qu'il s'agisse du Père ou du Fils, aucun autre jour ne peut être appelé jour du Seigneur, si ce n'est le Sabbat du grand Créateur.

Pendant l'ère chrétienne, il y a un jour qui se distingue des autres jours de la semaine comme «jour du Seigneur». L'affirmation que certains ont faite qu'il n'y a pas de Sabbat pendant l'ère évangélique, mais que tous les jours sont égaux, est absolument réfutée par ce fait. En l'appelant jour du Seigneur, l'apôtre nous a donné, vers la fin du premier siècle, la confirmation apostolique pour l'observation de l'unique jour qui peut être appelé jour du Seigneur, à savoir le septième de la semaine.

Quand Christ était sur la terre, il indiqua clairement quel était son jour en disant: «Car le Fils de l'homme est maître du Sabbat» (Matthieu 12: 8). S'il avait dit: «Le Fils de l'homme est Seigneur du premier jour de la semaine,» ne serait-ce pas maintenant une preuve concluante que le dimanche est le jour du Seigneur? Bien sûr que si, et pour de bonnes raisons. Aussi, il faudrait reconnaître la validité du même argument en faveur du septième jour, en référence duquel cette déclaration fut prononcée.

VERS. 11-18: «11 qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Eglises, à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée. 12 Je me tournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, !près m'être retourné, je vis sept chandeliers d'or, 13 et, au milieu des chandeliers, quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, vêtu d'une longue robe, et ayant une ceinture d'or sur la poitrine. 14 Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige; ses yeux étaient comme une flamme de feu; 15 ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans la fournaise ; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux. 16 Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants; et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans sa force. 17 Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite, en disant: Ne crains point! 18 Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J'étais mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts.»

L'expression «je me retournai pour connaître quelle était la voix», se réfère à la personne de qui provient la voix.

Sept chandeliers d'or.--Ils ne peuvent pas être l'antitype du chandelier d'or qu'il y avait dans le service typique du temple, parce qu'il n'y avait qu'un seul chandelier à sept branches. Il est toujours parlé de lui au singulier. Mais ici, nous avons sept chandeliers, qui sont plutôt des «supports de lampes», ou des bases sur lesquelles étaient placées les lampes pour qu'elles illuminent une pièce. Ils n'ont absolument rien à voir avec le chandelier de l'ancien tabernacle. Au contraire, ces bases de lampe se trouvent aussi éloignées l'une de l'autre que le Fils de l'homme marchant au milieu d'elles.

Le Fils de l'homme.--Le personnage central, celui qui attire toute l'attention de la scène qui s'ouvre maintenant à la vue de Jean, est la personne majestueuse du Fils de l'homme, Jésus-Christ. La description qui en est donnée ici, avec sa longue robe, ses cheveux blancs non par l'âge, mais par la splendeur de la gloire céleste, ses yeux de feu, ses pieds qui resplendissent comme le bronze en fusion, et sa voix semblable au bruit de grandes eaux, ne peut pas être surpassée par sa grandeur et sa sublimité. Vaincu par la présence de cet Être vénérable, et peut-être par le sentiment aigu de son indignité humaine, Jean tombe à ses pieds comme mort, mais une main consolatrice se pose sur lui, et une voix encourageante lui dit de ne pas avoir peur. C'est également le privilège des chrétiens d'aujourd'hui, de sentir que la même main se pose sur eux pour les fortifier dans les moments d'épreuve et d'affliction, et d'entendre la même voix qui leur dit: «Ne crains point!».

Mais la sécurité la plus encourageante que ces paroles de consolation apportent provient de la déclaration que fait cet Etre exalté, qu'Il vit pour toujours et qu'Il est l'arbitre de la mort et du sépulcre. Il dit: «Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts» [hadès, le sépulcre]. La mort est un tyran vaincu. Elle peut recueillir dans la tombe les êtres précieux de la terre, et se réjouir un moment pour son triomphe apparent. Mais elle est en train d'accomplir une tâche infructueuse, parce que la clef de sa sombre prison lui a été ôtée, et elle est maintenant entre les mains de quelqu'un de plus puissant qu'elle. Elle est obligée de déposer ses trophées dans une région sur laquelle un autre a le contrôle absolu; et cet autre est l'Ami immuable et le Rédempteur qui s'est compromis pour sauver son peuple. Aussi, ne vous attristez pas pour les justes qui sont morts: ils sont en lieu sûr. Un ennemi les garde pendant un certain temps, mais un ami a la clef du lieu où ils sont provisoirement enfermés.

VERS. 19: «Ecris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles».

Dans ce verset, l'ordre bien précis est donné à Jean d'écrire toute la révélation, car elle allait se référer surtout à des choses encore dans l'avenir. Dans peu de cas, elle allait faire allusion à des événements déjà dans le passé ou qui étaient sur le point d'avoir lieu; mais ces allusions avaient simplement pour but d'introduire des choses qui allaient s'accomplir plus tard, afin qu'il ne manque aucun chaînon à la chaîne.

VERS. 20: «le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers d'or. Les sept étoiles sont les anges des sept Eglises, et les sept chandeliers sont les sept Eglises.»

Représenter le Fils de l'homme tenant dans la main seulement les ministres des sept églises littérales de l'Asie Mineure, et marchant seulement au milieu de ces sept églises, serait réduire à une comparaison insignifiante les représentations et les déclarations sublimes de ce chapitre et des suivants. Le soin providentiel et la présence du Seigneur ne se limitent pas à un nombre spécifique d'églises, mais ils sont pour tout son peuple; non seulement aux jours de Jean, mais pour tous les temps. «Et voici, je suis avec vous tous les jours--dit-il à ses disciples--jusqu'à la fin du monde.» (Voir les observations sur le verset 4).


Chapitre II. - Les Lettres de Jesus aux Eglises

Dans le premier chapitre, le prophète a ébauché le thème des sept églises, représentées par les sept chandeliers, et de leurs ministres évoqués par les sept étoiles. Maintenant, il considère chaque église en particulier, et écrit le message qui lui est destiné. Dans chaque cas, l'épître s'adresse à l'ange ou ministre de l'église.

VERS. 1-7: «1 Ecris à l'ange de l'Eglise d'Ephèse: Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or: 2 Je connais tes oeuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les a trouvés menteurs; 3 que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t'es point lassé. 4 Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour. 5 Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres; sinon, je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. 6 Tu as pourtant ceci, c'est que tu hais les oeuvres des Nicolaïtes, oeuvres que je hais aussi. 7 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises: A celui qui vaincra je donnerai à manger de l'arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu.»

L'église d'Ephèse.--Dans les observations sur Apocalypse 1: 4, nous sont présentées quelques-unes des raisons pour lesquelles les messages destinés aux sept églises doivent être considérés comme prophétiques et applicables à sept périodes distinctes qui embrassent l'ère chrétienne. On peut ajouter ici que cette opinion n'est pas nouvelle. Thomas Newton dit: «Beaucoup soutiennent, et parmi eux des hommes aussi instruits que More et Vitringa, que les sept épîtres sont prophétiques d'autant de périodes successives et d'états de l'église depuis le commencement jusqu'à la fin.»

Thomas Scott dit: «Plusieurs commentateurs se sont imaginés que ces épîtres adressées aux sept églises étaient des prophéties bibliques de sept périodes distinctes, dans lesquelles toute la période depuis celle des apôtres jusqu'à la fin du monde allait se diviser.»

Bien que ni Newton ni Scott n'appuient cette opinion, leur témoignage démontre que beaucoup de commentateurs l'avaient acceptée. Deux d'entre eux disent:

«Le plus ancien commentateur de l'Apocalypse, dont l'oeuvre est parvenue jusqu'à nous, fut Victorino, évêque de Pettau, ou Petavium, qui souffrit le martyre en l'an 303. Il était contemporain d'Irénée, homme de piété et diligent dans la présentation des enseignements des Écritures, et vigoureux dans sa perception de la signification des écris sacrés. A l'exception de quelques fragments, la majeure partie de ses écrits a été perdue. Ses commentaires de l'Apocalypse subsistent, dans un texte moins pur que ce que nous pourrions désirer, mais assez pour nous donner le résumé de ses opinions. Dans sa Scholia in Apocalypsin, il dit que, ce que Jean envoie à une église, il le destine à toutes les églises; que Paul fut le premier à enseigner qu'il y avait sept églises dans le monde entier, et que les sept églises représentent l'Eglise Catholique; et que Jean, afin de garder la même méthode, n'avait pas voulu excéder le chiffre sept.

«Ce que Victorino veut dire est que Paul, en écrivant à sept églises, et seulement à sept, voulait donner à entendre que toutes les églises de tous les temps sont comprises dans les sept; et que, de la même manière, les sept églises de l'Apocalypse sont destinées à englober toutes les églises du monde: c'est-à-dire l'Eglise catholique de tous les âges. Telle était l'opinion de Ticonio, au IV siècle; d'Arethas de Cappadoce et Primasius de Adrumète, au VI siècle; et de Vitringa, Mede, More, Girdlestone, et beaucoup d'autres théologiens des époques ultérieures.»

«Mede interpréta les Sept Epîtres comme les Sept Ages prophétiques de l'Eglise, de telle façon que tout ce qu'il y avait de bon à leur sujet s'y trouvait prophétisé ainsi que tout ce qu'il y avait de mal au sujet de Rome (voir Trench, p. 228). Même plus tard, Vitringa interpréta les épîtres selon le même principe.

«Mede (dans ses 'Oeuvres', Advert., chap. 10, p. 905) présente plus en détails son opinion comme suit: 'Si nous considérons que le chiffre sept, qui est un chiffre de succession (révolution) de temps, ou si nous considérons le choix du Saint-Esprit qui ne prend pas en compte toutes les églises, pas même les plus fameuses du monde, comme Antioche, Alexandrie, Rome, . . . si on considère bien ces choses, ne peut-on pas voir que ces sept églises, en plus de leur aspect littéral, sont destinées à être des modèles et des figures des différentes époques de l'église catholique depuis le commencement jusqu'à la fin? De telle façon que ces sept églises seraient pour nous des exemples prophétiques de sept tempéraments et conditions successives de toute l'église visible selon les divers âges. . . Et si ceci est accepté. . . alors la première église (c'est-à-dire l'église d'Éphèse) doit certainement être la première, et la dernière sera la dernière. . . La mention des faux Juifs et de la synagogue de Satan (dans Apocalypse 2) en parlant des cinq églises du milieu, indique qu'elles appartiennent à l'époque de la Bête et de Babylone. Et quant à la septième, nous savons où la situer: aux environs de la chute de la Bête, et un peu après sa destruction, quand la Nouvelle Jérusalem vient.'»

Il ressort des auteurs cités que ce qui poussa les commentateurs des temps les plus modernes à se détacher de l'opinion qui attribuait une nature prophétique aux messages des sept églises, c'est la doctrine comparativement récente et antibiblique du millénaire temporel. La dernière condition de l'Église, selon ce qui est décrit dans Apocalypse 3: 15-17, est considérée comme incompatible avec l'état glorieux des choses qui doit exister sur cette terre pendant mille ans, quand tout le monde se sera converti à Dieu. Dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres, on essaye de manoeuvrer l'opinion biblique afin qu'elle s'adapte à une autre plus agréable. Comme par le passé, les coeurs humains continuent à aimer les choses plaisantes, et leurs oreilles sont toujours ouvertes favorablement pour ceux qui prêchent la paix.

La première église nommée est Éphèse. Selon l'interprétation que nous donnons ici, ce symbole embrasse la première période de l'Église, c'est-à-dire l'ère apostolique. La définition d'Éphèse est «désirable», mot qui décrit fidèlement le caractère et la condition de l'Église durant sa première étape. Les premiers chrétiens avaient reçu la doctrine de Christ dans toute sa pureté. Ils bénéficiaient des dons du Saint-Esprit. Ils se distinguaient par leurs oeuvres, leur travail et leur persévérance. Fidèles aux purs principes enseignés par Christ, ils ne pouvaient supporter ceux des méchants, et ils éprouvaient les faux apôtres, ils mettaient à nu leur vrai caractère et ils les trouvaient menteurs. Nous n'avons pas la certitude que l'église littérale d'Éphèse ait agi de la sorte à une plus grande échelle que les autres églises de cette époque. L'apôtre Paul ne le laisse pas entendre dans son épître qu'il adresse à cette église. C'était une oeuvre que toute l'église chrétienne réalisait à cette époque; et c'était la plus appropriée des oeuvres de cette époque (Voir Actes 15; 2 Corinthiens 11: 13).

L'ange de l'église.--L'ange d'une église doit représenter un messager ou un ministre de cette église. Comme chaque église englobe une certaine période, l'ange de chaque église doit représenter le ministère, c'est-à-dire tous les vrais ministres de Christ durant la période embrassée par cette église. Par le fait que les différents messages étaient adressés aux ministres, nous ne devons pas comprendre qu'ils sont appliqués à eux seulement, mais aussi à l'église par leur intermédiaire.

Une raison de se plaindre.--«Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour». «L'abandon du premier amour mérite autant un reproche que de s'écarter d'une doctrine fondamentale ou de la moralité biblique. L'Église n'est pas accusée ici d'être déchue de la grâce, ni d'avoir laissé s'éteindre son amour, mais de ce qu'il ait diminué. Aucun zèle, aucune souffrance ne peut expier la disparition du premier amour.» Le moment ne devrait jamais arriver, dans l'expérience du chrétien, où si on lui demande quel fut le moment où son amour pour Christ était le plus fort, il ne puisse pas dire : «actuellement». Mais si une telle occasion se présentait, alors il doit se souvenir d'où il est tombé, méditer là-dessus, se rappeler soigneusement l'état de son acceptation antérieure de Dieu, et s'empresser de se repentir et retourner sur ses pas jusqu'à cette position désirable. L'amour comme la foi, se manifeste par les oeuvres; et le premier amour, quand il est atteint, produira toujours les oeuvres correspondantes.

Le reproche.--«Je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes.» La venue mentionnée ici doit être figurative. Elle signifie «jugement» ou «châtiment», et celui-ci est conditionnel. Oter le chandelier signifie que l'Église sera privée de la lumière et des avantages de l'Évangile, qui seront confiés à d'autres mains, à moins qu'elle ne remplisse mieux les responsabilités de sa mission. Cela signifie que Christ rejette ses membres en tant que ses représentants qui doivent apporter la lumière de sa vérité et l'Évangile au monde. Cette menace s'applique autant aux membres individuellement qu'à l'Église dans son ensemble. Nous ne savons pas combien de ceux qui professaient le christianisme durant cette période furent déficients ou rejetés, mais ils furent sans aucun doute nombreux. Les choses continuèrent ainsi, quelques-uns restèrent fermes, d'autres apostasièrent, et cessèrent de transmettre la lumière au monde; mais de nouveaux convertis vinrent occuper les places laissées vides par la mort et l'apostasie, jusqu'à ce que l'Église atteigne une nouvelle ère dans son expérience, signalée par une autre période de son histoire, et couverte par un autre message.

Les Nicolaïtes.--Comme Christ est disposé à louer son peuple pour n'importe quelle qualité qu'il possède! S'il y a quelque chose qu'il approuve, il le mentionne d'abord. Dans ce message à l'église d'Ephèse, après avoir mentionné ses caractéristiques élogieuses, et ensuite ses échecs, comme s'il ne voulait pas oublier aucune de ses bonnes qualités, il dit que ses membres haïssent les actions des Nicolaïtes, et que lui aussi les hait. Leurs doctrines sont condamnées dans le verset 15. Il semble que les actions de ces personnes étaient une abomination pour le ciel. Leur origine est, dans un certain sens, douteuse. Certains disent qu'ils avaient pour origine Nicolas d'Antioche, un des sept diacres (Actes 6: 5), d'autres assurent qu'ils lui attribuaient l'origine de leurs doctrines pour bénéficier du prestige de son nom, tandis qu'une troisième opinion soutient que la secte reçut son nom d'un certain Nicolas d'une époque ultérieure. La dernière théorie est probablement la plus correcte. Quant à leurs doctrines et leurs pratiques, il semble qu'ils préconisaient la mise en commun des épouses, ils considéraient l'adultère et la fornication avec indifférence, et ils permettaient la consommation de choses offertes aux idoles (Voir Clarke, Kitto, et autres commentateurs).

L'invitation à être attentif.--«Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux églises.» C'est une manière solennelle d'attirer l'attention universelle à ce qui est d'importance générale et prodigieuse. Le même langage est adressé à chacune des sept églises. Lorsqu'il fut sur la terre, Christ employa la même façon de parler pour attirer l'attention des gens sur ses enseignements les plus importants. Il l'utilise en référence à la mission de Jean (Matthieu 11: 15), dans la parabole du semeur (Matthieu 13: 9), dans celle de l'ivraie, qui présente la fin du monde (Matthieu 13: 43). Elle est aussi employée en relation avec l'accomplissement d'une prophétie importante dans Apocalypse 13: 9.

La promesse faite au vainqueur.--La promesse est faite au vainqueur qu'il mangera de l'arbre de vie qui pousse au milieu du paradis, ou jardin de Dieu. Où se trouve ce paradis? Il se trouve au troisième ciel. Paul écrit, dans 2 Corinthiens 12: 2, qu'il a connu un homme (il se réfère à lui-même) qui fut ravi au troisième ciel. Dans le verset 4, il dit qu'il fut enlevé au «Paradis», ce qui nous donne une seule conclusion, à savoir que le Paradis se trouve au troisième ciel. Il semble que c'est dans ce Paradis que se trouve l'arbre de la vie. La Bible présente un seul arbre de la vie. Elle le mentionne six fois; trois fois dans la Genèse, et trois fois dans l'Apocalypse; mais chaque fois le nom est accompagné de l'article défini «le». C'est l'arbre de la vie du premier livre de la Bible, l'arbre de la vie dans le dernier; l'arbre de la vie dans le «Paradis» (terme utilisé pour «jardin» dans la traduction grecque de la Genèse), dans l'Eden au commencement, l'arbre de la vie dans le Paradis céleste duquel Jean parle maintenant. S'il y a un seul arbre, et s'il était au commencement sur la terre, on peut se demander comment se trouve-t-il maintenant dans le ciel? La réponse est qu'il a du être emporté dans le Paradis céleste. L'unique raison pour laquelle une chose située à une certaine place se trouve ensuite à une autre, est qu'elle y a été transportée. Il y a de bonnes raisons pour croire que l'arbre de la vie et le Paradis furent transportés de la terre au ciel. Un commentateur fit cette remarque à ce sujet:

«Le fait que Dieu ait placé des chérubins 'pour garder le chemin de l'arbre de vie' (Genèse 3: 24) dans le jardin d'Eden, n'a pas seulement un aspect de sévérité judiciaire, mais c'est aussi, dans un certain sens, une promesse pleine de consolation. La merveilleuse demeure de laquelle l'homme fut expulsé, ne fut pas anéantie ni laissée à l'abandon ou à la ruine, mais elle fut retirée de la terre et de l'homme, et elle fut remise au soin des êtres les plus parfaits de Dieu, afin qu'elle puisse être rendue finalement à l'homme quand il aura été racheté (Apocalypse 22: 2). Le jardin, tel qu'il existait avant que Dieu ne le plante et l'embellisse, tomba sous la malédiction, comme le reste de la terre, mais ce qu'il avait de céleste et paradisiaque en fut exempt et fut confié aux chérubins. Le vrai Paradis (idéal) a été transféré au monde invisible. Du moins, une copie symbolique de celui-ci, placée dans le lieu très saint du tabernacle, fut donnée au peuple d'Israël, en accord avec le modèle que Moïse vit sur la montagne (Exode 25: 9, 40); et l'original lui-même, en tant qu'habitation renouvelée de l'homme racheté, descendra finalement sur la terre (Apocalypse 21: 10).»

Une restauration qui inclura plus que ce qu'Adam perdit est donc promise au vainqueur. Cette promesse est destinée non seulement aux vainqueurs de cette période de l'Eglise, mais à tous les vainqueurs de toutes les époques, parce que les grandes récompenses du ciel n'ont pas de restriction. Efforce toi, lecteur, d'être vainqueur, parce que celui qui obtient l'accès à l'arbre de vie au milieu du Paradis de Dieu, ne mourra jamais.

L'époque d'Ephèse.--Cette période comprise par la première église peut être considérée comme débutant à la résurrection de Christ jusqu'à la fin du premier siècle, ou jusqu'à la mort du dernier des apôtres.

VERS. 8-11: «8 Ecris à l'ange de l'église de Smyrne: Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort, et qui est revenu à la vie: 9 Je connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tu sois riche), et les calomnies de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. 10 Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. 11 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux églises: Celui qui vaincra n'aura pas à souffrir la seconde mort.»

L'église de Smyrne.--Remarquons qu'en se présentant à chaque église, le Seigneur mentionne quelques-unes de ses caractéristiques qui le rendent particulièrement apte à leur donner le témoignage qu'il prononce. A l'église de Smyrne, qui est sur le point de passer par la terrible épreuve de la persécution, il se révèle comme celui qui fut mort mais qui est vivant maintenant. Si ses membres sont appelés à sceller leur témoignage de leur sang, ils doivent se souvenir que les yeux de Celui qui avait partagé le même sort les contemplent, mais il avait triomphé de la mort, et il pouvait les sortir de la tombe dans laquelle le martyr les avait fait descendre.

Pauvreté et richesse.--«Je connais. . . ta pauvreté (bien que tu sois riche)», lui dit Christ. Au premier abord, ceci peut paraître étrangement paradoxal. Mais quels sont ceux qui sont réellement riches dans ce monde? Ceux qui sont riches «en la foi» et «héritiers du royaume». Les richesses de ce monde, pour lesquelles les hommes luttent avec tant d'énergie, et pour lesquelles ils troquent fréquemment le bonheur actuel et la vie éternelle future, sont une «monnaie qui n'a pas cours dans le ciel». Un autre écrivain a dit: «Il y a beaucoup de riches pauvres, et beaucoup de pauvres riches».

Ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas.--Il est évident qu'ici le mot «Juifs» n'est pas utilisé dans son sens littéral. Il indique un caractère qui fut approuvé par les normes évangéliques. Le langage de Paul éclaire ce sujet: «Le Juif ce n'est pas celui qui en a les dehors; et la circoncision, ce n'est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement; et la circoncision, c'est celle du coeur, selon l'esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu.» (Romains 9: 28, 29). Il dit aussi: «Car tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israël, et, pour être la postérité d'Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants» (Romains 9: 6, 7). Dans Galates 3: 28, 29, Paul nous dit encore, qu'en Christ il n'y a pas de telles différences extérieures comme celles qui caractérisent les Juifs ou les Grecs; mais si nous sommes en Christ, alors, nous sommes «la postérité d'Abraham» (dans le vrai sens), et héritiers selon la promesse. Dire, comme le font certains, que le terme «Juifs» ne s'applique jamais aux chrétiens, c'est contredire toutes les déclarations inspirées de Paul, et le témoignage que le Témoin fidèle et véritable adresse à l'église de Smyrne. Certains simulaient hypocritement être Juifs dans ce sens chrétien, alors qu'ils ne possédaient pas les caractéristiques nécessaires. Ceux-ci appartenaient à la synagogue de Satan.

Une tribulation de dix jours.--Puisque ce message est prophétique, le temps mentionné doit être aussi considéré prophétiquement. Comme un jour prophétique représente une année littérale, les dix jours représentent dix ans. C'est un fait notable que la dernière et la plus sanguinaire des persécutions que souffrit l'Église chrétienne, fut celle qui commença sous Dioclétien et dura précisément dix ans, de 303 à 313.

Il serait difficile d'appliquer ce langage si ces messages ne sont pas considérés prophétiquement; parce que dans ce cas il s'agirait seulement de dix jours littéraux. Il ne paraît pas probable qu'une persécution de dix jours uniquement, ou soufferte par une seule église, ait été l'objet d'une prophétie; et de plus, on ne peut pas trouver un tel cas de persécution limitée. D'autre part, si cette persécution s'applique à n'importe quelle période remarquable, comment peut-on dire qu'une seule église fut touchée? Toutes les églises souffrirent durant ces persécutions. Il ne serait donc pas approprié de choisir un seul groupe particulier, à l'exclusion des autres, comme étant touché par cette calamité.

L'avertissement.--«Sois fidèle jusqu'à la mort». Certains ont voulu faire de cette expression un argument en faveur de la réception de l'immortalité au moment de la mort. C'est un argument qui n'a pas de poids, parce qu'on n'affirme pas ici que la couronne de vie soit concédée immédiatement après la mort. Par conséquent, nous devons étudier d'autres passages des Écritures pour savoir quand la couronne de vie est attribuée; et ces passages suivants nous informent clairement. Paul déclare que cette couronne de vie sera donnée lorsque Christ apparaîtra (2 Timothée 4: 8); lorsque la dernière trompette sonnera (1 Corinthiens 15: 51-54); quand le Seigneur lui-même descendra du ciel (1 Thessaloniciens 4: 16, 17); quand le Prince des bergers apparaîtra, dit Pierre (1 Pierre 5: 4); à la résurrection des justes, dit Christ (Luc 14; 14); quand il reviendra pour emmener les siens dans les maisons qu'il a préparées pour eux, afin qu'ils soient toujours avec lui (Jean 14: 3). «Sois fidèle jusqu'à la mort», et en étant ainsi fidèle, lorsque le moment arrivera où les saints de Dieu seront récompensés, tu recevras la couronne de vie.

La promesse au vainqueur.--«Il n'aura pas à souffrir la seconde mort». Le langage employé ici par Christ est un bon commentaire de ce qu'il enseigna à ses disciples: «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne.» (Matthieu 10: 28). Les membres de l'église de Smyrne pouvaient être mis à mort, mais la vie future qui leur sera donnée, ne pourra être enlevée par aucun homme, et Dieu ne le voudrait pas. Ils ne devaient donc pas craindre ceux qui pouvaient tuer le corps, ni avoir peur de rien de ce qu'ils devaient souffrir, car leur existence éternelle leur était assurée.

Signification et époque de l'église.--Smyrne signifie «myrrhe», nom tout à fait adéquat pour l'Eglise de Dieu tandis qu'elle passait par le four de la persécution, et elle était pour lui un «doux parfum». Mais nous arrivons très vite à l'époque de Constantin, quand l'Eglise se trouve dans une nouvelle phase, ce qui rend nécessaire l'application d'un nom très différent et un autre message.

En accord avec l'application qui précède, la date de la période de Smyrne serait de l'an 100 à 323.

VERS. 12-17: «12 Ecris à l'ange de l'Eglise de Pergame: Voici ce que dit celui qui a l'épée aiguë, à deux tranchants: 13 Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n'as pas renié ma foi, même aux jours d'Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure. 14 Mais j'ai quelque chose contre toi, c'est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël, pour qu'ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu'ils se livrassent à l'impudicité. 15 De même, toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes. 16 Repens-toi donc; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l'épée de ma bouche. 17 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux églises: A celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit.»

L'église de Pergame.--Aucune parole de condamnation n'a été prononcée contre l'église antérieure. La persécution tend toujours à maintenir l'Eglise pure, et incite ses membres à la piété. Mais nous arrivons maintenant à la période représentée par l'église de Pergame, durant laquelle des influences qui introduisirent des erreurs et des maux commencent à oeuvrer dans l'église.

"Pergame» signifie «hauteur, élévation». Ce fut une époque durant laquelle les vrais serviteurs de Dieu eurent à lutter contre l'esprit de politique mondaine, l'orgueil et la popularité qui apparaissaient parmi ceux qui professaient suivre Christ, et contre les manifestations virulentes du mystère d'iniquité, qui aboutit au plein développement de «l'homme de péché», c'est-à-dire la papauté (2 Thessaloniciens 2:3).

L'éloge.--"Là où Satan a sa demeure». Christ reconnaît la situation défavorable de son peuple durant cette époque. Le langage n'a probablement pas pour but de désigner un lieu. Satan oeuvre partout où demeurent les chrétiens. Mais il y a certainement des moments où il oeuvre avec un pouvoir spécial, et l'époque de l'église de Pergame fut un de ceux-ci. Pendant cette période, la doctrine de Christ s'est corrompue, le mystère d'iniquité oeuvrait, et Satan jetait les fondements d'un système prodigieux d'apostasie: la papauté. Cette déviation fut prédite par Paul en 2 Thessaloniciens 2:3.

Il est intéressant de noter que la ville de Pergame devint le siège d'un ancien culte babylonien du soleil. «Les mages chaldéens eurent une longue période de prospérité dans Babylone. Un pontife désigné par le souverain présidait un collège de 72 hiérophantes. . . [Après l'occupation médo-perse] les Chaldéens vaincus prirent la fuite en Asie Mineure, et ils établirent leur collège central à Pergame, où ils avaient emmené avec eux le palladium de Babylone, ou pierre cubique. Là, libres du contrôle de l'Etat, ils perpétuèrent les rites de leur religion, en intriguant avec les Grecs ils tramèrent contre la paix de l'empire perse.»

Antipas.--Il y a de bons motifs pour croire que ce nom se réfère à une classe de personnes, et pas à un individu; parce que nous n'avons pas maintenant d'informations authentiques au sujet d'un tel personnage. William Miller dit à ce sujet: «On suppose qu'Antipas n'était pas une personne, mais une classe d'hommes qui s'opposait à cette époque au pouvoir des évêques, ou des papes, et que le mot est une combinaison de deux vocables: 'Anti', opposé, et 'pas', papa ou père. Beaucoup de ces hommes souffrirent le martyr à cette époque, à Constantinople et à Rome, où les évêques et les papes commençaient à exercer le pouvoir qui soumit très vite les rois de la terre et qui piétina les droits de l'Eglise de Christ. Et, pour ma part, je ne vois aucun motif pour refuser cette explication du mot «Antipas» dans ce texte, puisque l'histoire de cette époque ne dit absolument rien au sujet d'un individu appelé de cette façon.»

Le dictionnaire biblique de Watson dit: «L'histoire ecclésiastique ancienne ne contient pas une seule mention de cet Antipas.» Adam Clarke fait allusion à l'existence d'un écrit appelé «Actes d'Antipas», mais il laisse à entendre qu'il ne mérite aucun crédit.

La raison du reproche.--Les situations désavantageuses n'excusent pas la présence des maux dans l'Église. Bien que cette église agissait à un moment où Satan élaborait de puissantes séductions, ses membres avaient le devoir de se maintenir libres de ses mauvaises doctrines. Ils sont donc censurés pour héberger parmi eux ceux qui soutiennent les doctrines de Balaam et des Nicolaïtes (Voir les commentaires sur les Nicolaïtes au verset 6). La doctrine de Balaam nous est partiellement révélée ici. Il enseigna à Balak à mettre une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël (Voir le récit complet de ses agissements et ses résultats dans Nombres 22:25; 31:13-16). Il semble que Balaam désirait maudire Israël pour obtenir la riche récompense que Balak lui avait offerte. Mais comme le Seigneur ne lui permit pas de le maudire, il résolut d'atteindre le même résultat d'une autre façon. Il conseilla à Balak de séduire les Israélites par l'intermédiaire des femmes de Moab pour qu'ils participent à la célébration des rites idolâtres et à tous les actes licencieux qui les accompagnaient. Le plan fut un succès. Les abominations de l'idolâtrie se répandirent par tout le campement d'Israël, la malédiction de Dieu tomba sur lui et 24 000 personnes moururent.

Les doctrines, dont la présence dans l'église de Pergame attira un reproche, étaient similaires dans leur tendance, car elles conduisaient à l'idolâtrie spirituelle, et à une relation illicite entre l'église et le monde. Cet esprit produisit finalement l'union des pouvoirs civils et ecclésiastiques qui culmina par la formation de la papauté.

L'avertissement.--Christ déclara que si les membres de l'église de Pergame ne se repentaient pas, il prendrait les choses en main, et il viendrait à eux (en jugement), et plaiderait contre eux; et toute l'église serait considérée responsable des maux qui avaient occasionné les hérésies qu'elle avait hébergées.

La promesse au vainqueur.--La promesse est faite au vainqueur qu'il mangera de la manne cachée, et qu'il recevra l'approbation du Seigneur sous la forme d'une pierre blanche, sur laquelle sera gravé un nom nouveau et précieux. La majeure partie des commentateurs applique la manne, la pierre blanche et le nouveau nom, aux bénédictions spirituelles dont on peut jouir dans cette vie; mais comme toutes les autres promesses faites au vainqueur, celles-ci se réfèrent sans l'ombre d'un doute à l'avenir et elles s'accompliront au moment où les saints seront récompensés. Les explications suivantes sont les plus justes:

"Les commentateurs supposent en général que ceci se réfère à l'ancienne coutume judiciaire de laisser tomber une pierre noire dans une urne lorsqu'on voulait exprimer une condamnation, ou une pierre blanche lorsqu'on voulait gracier le prisonnier. Mais c'est un acte si distinct de celui décrit dans le passage que nous considérons: 'je lui donnerai un caillou', que nous sommes disposés à être d'accord avec ceux qui pensent qu'il s'agit d'une coutume très différente, et connue de celui qui a lu les classiques, qui concorde bien avec le cas que nous avons devant nous. A l'époque primitive, quand il était difficile de voyager faute de lieux d'hébergement publics, l'hospitalité était exercée par des particuliers. Nous en trouvons de nombreuses preuves dans toute l'histoire, et surtout dans l'Ancien Testament. Entre les personnes qui étaient l'objet de cette hospitalité et celles qui la pratiquaient, il y avait fréquemment des relations très amicales et une considération mutuelle; et cela devint une coutume bien établie parmi les Grecs et les Romains que de donner aux hôtes une marque particulière, qui se transmettait de père en fils et assurait l'hospitalité et un bon traitement chaque fois qu'elle était présentée. Cette marque était généralement une petite pierre blanche, coupée au milieu et sur chacune de ses moitiés le propriétaire de la maison et son hôte écrivaient mutuellement leurs noms, et ensuite ils les échangeaient. La présentation de cette pierre suffisait à assurer l'amitié à eux et leurs descendants quel que soit le moment où ils reviendraient voyager par la même région, bien qu'il soit évident que ces pierres devaient être gardées en privé, et les noms écrits sur elles devaient être cachés avec soin, afin que d'autres personnes n'obtiennent pas les privilèges à la place de ceux à qui ils étaient destinés.

Comme elle est donc naturelle l'allusion à cette coutume : 'Je donnerai de la manne cachée; et en l'ayant fait, en ayant partagé mon hospitalité avec lui, et l'ayant reconnu comme mon hôte, mon ami, je lui ferai cadeau d'un 'caillou blanc; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit'. Je lui donnerai une garantie de mon amitié, sacrée et inviolable, que lui seul connaît.»

Au sujet du nouveau nom, John Wesley dit de manière très appropriée: «Jacob, après sa victoire, reçut le nouveau nom d'Israël. Veux-tu savoir quel sera ton nouveau nom? C'est facile: vaincs. Tant que tu n'auras pas vaincu, toutes tes recherches seront vaines. Alors tu le liras sur la pierre blanche.»

La durée de la période de cette église.--La période comprise par cette église s'étend depuis les jours de Constantin, ou mieux dit, depuis sa présumée conversion au christianisme en 323 jusqu'à l'établissement de la papauté en 538.

VERS. 18-29: «18 Ecris à l'ange de Thyatire: Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l'airain ardent: 19 Je connais tes oeuvres, ton amour, ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières oeuvres plus nombreuses que les premières. 20 Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. 21 Je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité. 22 Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu'ils ne se repentent de leurs oeuvres. 23 Je ferai mourir de mort ses enfants; et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs, et je vous rendrai à chacun selon vos oeuvres. 24 A vous, à tous les autres de Thyatire, qui ne reçoivent pas cette doctrine, et qui n'ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils les appellent, je vous dis: Je ne mets pas sur vous d'autre fardeau; 25 seulement, ce que vous avez, retenez-le jusqu'à ce que je vienne. 26 A celui qui vaincra, et qui gardera jusqu'à la fin mes oeuvres, je donnerai autorité sur les nations. 27 Il les paîtra avec une verge de fer, comme on brise les vases d'argiles, ainsi que moi-même j'en ai reçu le pouvoir de mon Père. 28 Et je lui donnerai l'étoile du matin. 29 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises.»

Si la période englobée par l'église de Pergame a bien été localisée correctement, elle prit fin lorsque la papauté a été établie en 538. La division la plus naturelle qui peut être assignée à l'église de Thyatire serait la durée de la suprématie papale, soit les 1260 ans qui vont de 538 à 1798.

L'église de Thyatire.--Thyatire signifie «douce saveur du travail» ou «sacrifice de contrition». Ceci décrit bien l'état de l'église de Jésus-Christ pendant la longue période du triomphe de la persécution papale. Cette ère, qui fut celle d'une tribulation épouvantable pour l'église telle qu'il n'y en eut jamais (Matthieu 24: 21), améliora la condition religieuse des croyants. Ils reçurent donc, à cause de leurs oeuvres, de leur charité, de leur service, leur foi et leur patience, l'éloge de Celui dont les yeux sont des flammes de feu. Les oeuvres sont à nouveau mentionnées comme dignes d'un double éloge, vu que les dernières furent meilleures que les premières. La condition des membres s'est améliorée; ils ont crû en grâce dans tous les éléments du christianisme. Ce progrès, dans de telles conditions, fut complimenté par le Seigneur.

Cette église est la seule qui reçut l'éloge de s'être améliorée dans les choses spirituelles. Mais comme pour l'église de Pergame les circonstances défavorables n'excusent pas l'existence des fausses doctrines, car aucune quantité de travail, de charité, de service, de foi ou de patience ne pourrait servir de compensation pour la présence d'un tel péché. Un reproche lui est donc adressé pour tolérer un agent de Satan dans son sein.

La cause du reproche.--"La femme Jézabel». Comme dans l'église précédente Antipas ne représentait pas un individu mais une classe de personnes, «Jézabel» doit aussi se comprendre dans le même sens. Le Dictionnaire Biblique de Watson affirme que: «Le nom de Jézabel est utilisé proverbialement. Apocalypse 2: 20.» Et William Miller explique: «Jézabel est un nom métaphorique, en allusion à l'épouse d'Achab, qui tua les prophètes du Seigneur, et alimenta les prophètes de Baal à sa propre table. Aucune autre figure plus vivante ne pouvait mieux décrire les abominations papales (Voir 1 Rois 18, 19 et 21. . .). Il est très évident, par l'histoire et par ce verset d'Apocalypse, que l'Église de Christ permit que quelques moines papaux prêchassent et enseignassent dans son sein».

Dans le Comprehensive Commentary, nous trouvons la remarque suivante: «il est parlé des enfants, ce qui confirme l'idée qu'il s'agit d'une secte et de ses prosélytes.»

Les châtiments qui menacent cette femme s'harmonisent avec les menaces qu'il y a dans d'autres parties de ce livre contre l'Eglise catholique romaine, sous le symbole d'une femme corrompue, mère des prostituées et des abominations de la terre (Voir Apocalypse 17-19). La mort qui la menace est, sans l'ombre d'un doute, la seconde mort, qui aura lieu à la fin des mille ans de l'Apocalypse 20, quand Celui qui scrute les reins et les coeurs de tous les hommes lui donnera une rétribution juste. Remarquons aussi la déclaration: «Je vous rendrai à chacun selon vos oeuvres», comme preuve que les paroles adressées à cette église s'appliquent prophétiquement à la récompense finale ou au châtiment de tous les êtres responsables.

«Toutes les églises connaîtront».--Il a été dit que cette expression prouve que toutes les églises ne peuvent pas représenter sept périodes successives de l'ère évangélique, mais qu'elles devaient être contemporaines. Dans le cas contraire, toutes les églises ne pourraient pas savoir que Christ est «Celui qui sonde les reins et les coeurs», en voyant les jugements sur Jézabel et ses enfants. Mais quand les églises doivent-elles connaître tout cela? Quand ses enfants seront condamnés à mort. Si c'est le moment où la seconde mort est infligée aux impies, alors toutes les églises sauront, en contemplant ce châtiment, qu'aucune chose secrète, aucune mauvaise pensée ou dessein du coeur n'échappent à la connaissance de Celui qui, avec ses yeux de flamme, scrute les coeurs humains.

«Je ne mets pas sur vous d'autre fardeau». Nous croyons qu'il s'agit de la promesse pour l'Église qu'elle serait soulagée de la charge qu'elle a dû supporter durant si longtemps, à savoir le poids de l'oppression papale. Cette expression ne peut pas s'appliquer à la réception de nouvelles vérités, parce que la vérité n'est une charge pour aucune personne responsable. Mais les jours de persécution qui touchaient l'Église allaient être écourtés à cause des élus (Matthieu 24: 22). «Ils seront un peu secourus», dit le prophète (Daniel 11: 34). «La terre secourut la femme», dit Jean (Apocalypse 12: 16).

La mise en garde.--«Ce que vous avez, retenez-le jusqu'à ce que je vienne». Ce sont les paroles du Fils de Dieu, et elles nous présentent une venue inconditionnelle. Les églises d'Éphèse et de Pergame, furent menacées d'une venue conditionnelle: «Repens-toi donc; sinon, je viendrai à toi bientôt». Cette venue implique un châtiment. Mais la venue dont il est question ici est d'un caractère différent. Ce n'est pas une menace de punition. Elle ne dépend d'aucune condition. Elle est présentée au croyant comme une espérance, et elle ne peut pas se référer à un autre événement que la seconde venue future du Seigneur dans la gloire, quand les épreuves du chrétien cesseront et que ses efforts et ses luttes dans le cours de la vie pour recevoir une couronne de justice seront récompensés d'un succès éternel.

Cette église nous conduit jusqu'au moment où les signes les plus immédiats de la venue toute proche commencent à s'accomplir. En 1780, huit ans avant que cette période ne se termine, les signes prédits concernant la lune et le soleil eurent lieu (Voir les commentaires sur Apocalypse 6: 12). De ces événements, le Sauveur a dit: «Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche» (Luc 21: 28). Nous arrivons à un point de l'histoire de cette église où la fin est si proche que nous pouvons attirer l'attention des gens plus particulièrement sur cet événement. Christ avait dit à ses disciples: «Faites du commerce avec cet argent jusqu'à ce que je revienne» (Luc 19: 13, Bible en Français courant, 1997). Maintenant, il dit en parlant de la charge qu'ils doivent porter: «retenez-le jusqu'à ce que je vienne».

La promesse faite au vainqueur.--«Jusqu'à la fin». Il doit s'agir de l'ère chrétienne. «Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé», dit Christ (Matthieu 24: 13). N'avons nous pas ici une promesse similaire à celle qui est faite à ceux qui font les oeuvres de Christ, et observent ce qu'Il a ordonné et gardent la foi de Jésus? (Apocalypse 14:12).

«Autorité sur les nations.--Les impies règnent sur ce monde, et les serviteurs de Christ ne sont pas estimés. Mais le moment viendra où la justice dominera; où l'impiété sera vue telle qu'elle est, et elle sera méprisée; où le sceptre du pouvoir sera aux mains du peuple de Dieu. Cette promesse est expliquée par les passages et les faits suivants: les nations doivent être remises par le Père aux mains du Christ, pour qu'Il les gouverne avec une verge de fer, et qu'Il les brise comme un vase de potier (Psaume 2:8, 9). Associés à Christ quand Il débute son règne puissant et le jugement, se trouveront ses saints (Apocalypse 3: 21). Ils devront régner avec Lui, dans cette position, pendant mille ans (1 Corinthiens 6: 2, 3). A la fin des mille ans, les saints auront l'honneur de participer avec Christ à l'exécution de la sentence écrite (Psaume 149: 9).

L'étoile du matin.--Christ dit dans Apocalypse 22:16, qu'il est l'Etoile du matin, précurseur immédiat du jour. Dans 2 Pierre 1: 19, elle est associée avec l'apparition du jour: «jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève». Durant la longue nuit de veille des saints, la Parole de Dieu déverse sur leur sentier la lumière dont ils ont besoin. Mais quand la lumière du matin apparaît dans leurs coeurs, où l'étoile du matin est donnée aux vainqueurs, ils seront admis à avoir une relation si étroite avec Christ que leurs coeurs seront pleinement éclairés par son Esprit, et ils marcheront dans sa lumière. Ils n'auront plus besoin de la parole de la prophétie, qui resplendit maintenant comme une torche dans un lieu obscur. Hâte-toi, ô heure glorieuse, quand la lumière du céleste jour éclatant, se lèvera sur le sentier des fidèles, et que les rayons de la gloire du monde éternel doreront leurs bannières!

Chapitre III. - « Voici Je Me Tiens a la Porte, et Je Frappe »

VERS. 1-6: « 1 Ecris à l'ange de l'Eglise de Sardes: Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles: Je connais tes oeuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort. 2 Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir; car je n'ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu. 3 Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi. 4 Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n'ont pas souillé leurs vêtements; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu'ils en sont dignes. 5 Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs; je n'effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. 6 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises.»

L'église de Sardes.--Si les dates des églises précédentes ont été données correctement, la période de l'église de Sardes doit commencer vers 1798. «Sardes» signifie «prince» ou «chant de joie» ou «ce qui reste». Ce sont donc les églises réformées qui constituent cette église, depuis la date mentionnée jusqu'au grand mouvement qui annonce l'ère suivante dans l'histoire du peuple de Dieu.

Le motif de la plainte.--Le grand défaut qui est reproché à l'ange de Sardes est qu'il passe pour être vivant, mais il est mort. Comme la position qu'occupa cette église nominale durant cette période fut élevée, du point de vue mondain! Ses titres pompeux, et la faveur dont elle jouit avec le monde attirent l'attention. Mais l'orgueil et la popularité s'étaient tant développés chez elle, que la spiritualité avait presque disparu, la ligne de séparation entre l'église et le monde avait été effacée, et les différentes organisations populaires étaient des églises de Christ, de nom seulement.

Cette église devait entendre la proclamation de la doctrine du second avènement. «Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur.» Ceci explique que la doctrine du retour serait proclamée, et le devoir de veiller serait confié à l'Église. La venue dont il est question est inconditionnelle; seule la façon dont elle se produirait pour chacun de ses membres est conditionnelle. Le fait de ne pas veiller n'empêcherait pas la venue du Seigneur; mais s'ils veillent, ils éviteraient d'être surpris comme un voleur. Le jour du Seigneur surprendra uniquement ceux qui ne veillent pas. «Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur dans la nuit» --dit Paul, (1 Thessaloniciens 5: 4).

«Tu as à Sardes quelques hommes», semble indiquer une période de mondanité sans pareille dans l'Eglise. Mais, même dans cet état de chose, il y en a quelques-uns dont les vêtements n'ont pas été contaminés, quelques-uns qui se sont maintenus libres de l'influence corruptrice du péché. Jacques dit: «La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.» (Jacques 1: 27).

La promesse faite au vainqueur.--«Ils marcheront avec moi en vêtements blancs.» Le Seigneur n'oublie pas ses enfants, où qu'ils se trouvent, même s'ils sont peu nombreux. Chrétien solitaire qui ne peux pas avoir de communion avec d'autres qui partagent la même foi précieuse, as-tu parfois l'impression que l'armée des incrédules va t'absorber? Le Seigneur ne t'as pas oublié. La multitude des impies qui t'entoure ne peut pas être grande au point de te cacher de sa vue. Si tu te maintiens sans tache du mal qui t'environne, la promesse t'est assurée. Tu obtiendras le vêtement blanc du vainqueur. Tu marcheras avec le Seigneur dans la gloire. «Car l'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.» (Apocalypse 7: 17).

Le fait d'être vêtu de vêtements blancs nous est expliqué dans d'autres passages comme le symbole du troc de l'iniquité avec la justice (Voir Zacharie, 3: 4, 5). L'ordre: «Otez-lui les vêtements sales», nous est expliqué par le langage qui suit: «Vois je t'enlève ton iniquité.» Le «fin lin», ou «vêtements blancs», «sont les oeuvres justes des saints» (Apocalypse 19: 8).

Le livre de vie.--Ici, un objet d'un intérêt saisissant est introduit. Un livre volumineux, dans lequel sont inscrits les noms de tous les candidats à la vie éternelle! Le danger existe-t-il que nos noms, après avoir été notés dans ce journal céleste, puissent être effacés? Oui, sinon cet avertissement n'aurait pas été écrit. Même Paul craignit d'être rejeté (1 Corinthiens 9: 27). La seule façon de maintenir nos noms dans ce livre consiste à nous maintenir vainqueurs jusqu'à la fin. Mais tous n'obtiendront pas la victoire. Leurs noms seront donc effacés. Il est fait allusion ici à un moment futur défini, pendant lequel cette oeuvre sera accomplie. Christ dit: «Je n'effacerai pas» les noms des vainqueurs, ce qui implique aussi, qu'en même temps, Il effacera les noms de ceux qui n'auront pas vaincu. Ceci n'aura-t-il pas lieu au moment mentionné par Pierre? «Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur.» (Actes 3: 19).

Dire au vainqueur que son nom ne sera pas effacé du livre de la vie, c'est dire aussi que ses péchés seront supprimés du livre dans lequel ils étaient enregistrés, ils ne témoigneront plus contre lui (Hébreux 8: 12). Cela signifie que, ou son nom ou ses péchés doivent être effacés des registres célestes. Comme la pensée, que nous sommes maintenant pardonnés si nous confessons nos transgressions, est précieuse! Alors, si nous demeurons fidèles à Dieu, ces péchés seront effacés quand Jésus viendra.

Quand cette heure décisive viendra, et elle ne peut plus être très loin dans l'avenir, quel sera ton cas, cher lecteur? Tes péchés auront-ils été effacés, et ton nom conservé dans le livre de la vie? Ou bien, ton nom aura-t-il disparu du livre de la vie, et tes péchés laissés pour qu'ils présentent leur témoignage épouvantable contre toi?

La présentation dans la gloire.--«Je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges». Christ enseigna que selon que les hommes le confessent ou le renient, le méprisent ou l'honorent ici, il les confessera ou les reniera devant son Père dans le ciel et devant ses saints anges (Matthieu 10: 32, 33; Marc 8: 38: Luc 12: 8, 9). Qui peut mesurer l'honneur que représente le fait d'être approuvé devant les armées célestes? Qui peut concevoir le bonheur de ce moment où nous serons reconnus par le Seigneur de la vie devant son Père comme étant ceux qui firent sa volonté, combattirent le bon combat, achevèrent la course, l'honorèrent devant les hommes, vainquirent, et dont les noms sont, par Ses mérites, dignes de demeurer dans le livre impérissable de la vie pour toujours?

VERS. 7-13: «7Ecris à l'ange de l'église de Philadelphie: Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n'ouvrira: 8 Je connais tes oeuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n'as pas renié mon nom, j'ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. 9 Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent; voici, je les ferai venir se prosterner à tes pieds, et connaître que je t'ai aimé. 10 Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l'heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. 11 Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. 12 Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus; j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. 13 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises.»

L'église de Philadelphie.--«Philadelphie» signifie «amour fraternel», et exprime la situation et l'esprit de ceux qui reçurent le message adventiste jusqu'à l'automne de 1844. Le grand réveil religieux qui, suite à l'étude des prophéties, se produisit pendant la première partie du XIXe siècle, culmina dans ce mouvement adventiste. Des hommes de toutes les organisations religieuses furent convaincus que la venue de Christ approchait. En sortant des diverses églises, ils laissèrent derrière eux les noms et les sentiments sectaires. Les coeurs battaient en accord tandis que tous unissaient leurs efforts pour donner l'avertissement aux églises et au monde, et ils signalaient la venue du Fils de l'homme comme la véritable espérance du croyant. Ils abandonnèrent l'égoïsme et la convoitise, et ils manifestèrent un esprit de sacrifice et de consécration. L'Esprit de Dieu accompagnait chaque vrai croyant, et sa louange était sur chaque langue. Ceux qui ne participèrent pas à ce mouvement ne purent pas comprendre pleinement à quel point les vrais croyants examinaient leurs coeurs, à quel point ils se consacraient à Dieu, et combien grands étaient la paix et la joie du Saint-Esprit, l'amour pur et fervent qu'ils avaient les uns pour les autres.

La clé de David.--La clé est un symbole de pouvoir. Le Fils de Dieu est l'héritier légitime du trône de David; et il doit assumer son grand pouvoir et régner; raison pour laquelle il nous est présenté comme ayant la clé de David. Le trône de David, ou de Christ, sur lequel il doit régner, est inclus dans la capitale de son royaume, la Nouvelle Jérusalem qui est maintenant au ciel, mais qui doit être établie sur cette terre, où il régnera pour toujours (Apocalypse 21: 1-5; Luc 1: 32, 33).

«Celui qui ouvre, et personne ne fermera».--Pour comprendre ce langage, il est nécessaire de considérer la position de Christ et de son oeuvre en relation avec son ministère dans le sanctuaire, ou le véritable tabernacle céleste (Hébreux 8:2). Une figure ou un modèle de ce sanctuaire céleste exista dans le passé, sur la terre. Ce fut le sanctuaire construit par Moïse (Exode 25: 8, 9; Actes 7: 44; Hébreux 9: 1, 21, 23, 24). La structure terrestre avait deux appartements: le lieu saint et le lieu très saint (Exode 26: 33, 34). Dans le premier appartement, il y avait le chandelier, la table des pains de proposition, l'autel des parfums. Dans le second, se trouvaient l'arche, qui contenait les tables de l'alliance, ou les dix commandements, et les chérubins (Hébreux 9: 1-5). Le sanctuaire dans lequel Christ officie dans le ciel a aussi deux appartements, parce que Hébreux 9: 21-24 nous indique clairement que le tabernacle et tous les ustensiles étaient des «images des choses» célestes. Comme tout fut fait en accord avec le modèle, le sanctuaire céleste a aussi des meubles similaires à ceux du terrestre. Pour reconnaître l'antitype du chandelier d'or et de l'autel des parfums, le premier appartement, voir Apocalypse 4: 5; 8: 3; quant à l'antitype de l'arche de l'alliance, avec ses dix commandements, voir Apocalypse 11: 19. Les sacrificateurs officiaient dans le sanctuaire terrestre (Exode 28: 41, 43; Hébreux 9: 6, 7; 13: 11). Le ministère de ces sacrificateurs était une ombre du ministère de Christ dans le sanctuaire céleste (Hébreux 8: 4, 5).

Le cycle complet des services se réalisait dans le sanctuaire terrestre une fois par an (Hébreux 9: 7). Mais dans le sanctuaire céleste le service a lieu une fois pour toutes (Hébreux 7: 27; 9: 12). A la fin du cycle typique annuel, le souverain sacrificateur entrait dans le second appartement, ou lieu très saint du sanctuaire, pour faire l'expiation; et cette oeuvre était appelée de façon appropriée, la purification du sanctuaire (Lévitique 16: 20, 30, 33; Ezéchiel 45: 18). Quand le ministère dans le lieu très saint commençait, celui qui se déroulait dans le lieu saint cessait; et il n'y avait pas de service pendant que le souverain sacrificateur se trouvait dans le lieu très saint (Lévitique 16: 17).

Une ouverture ou fermeture similaire, ou un changement de ministère, doit être réalisé par Christ quand le moment arrivera de purifier le sanctuaire céleste. Le moment de débuter ce service arriva à la fin des 2300 jours [années], en 1844. On peut appliquer à cet événement l'ouverture et la fermeture mentionnées dans le passage que nous considérons, ou le fait d'ouvrir représenterait le commencement du ministère de Christ dans le lieu très saint, et le fait de fermer, la cessation de ce service dans le premier appartement, ou lieu saint (Voir l'exposition du thème du sanctuaire et sa purification, en relation avec Daniel 8: 14).

Le verset 4 s'applique probablement à ceux qui n'avancent pas conjointement avec le progrès de la lumière de la vérité, et qui s'opposent à ce que d'autres croyants le fassent. A ceux-là, on leur fera encore sentir et confesser que Dieu aime ceux qui obéissent à sa Parole, et avancent dans la connaissance de la vérité.

«La parole de la persévérance».--Jean dit dans Apocalypse 14: 12: «C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus». Ceux qui vivent maintenant en obéissant patiemment et fidèlement aux commandements de Dieu et la foi de Jésus, seront gardés à l'heure de la tentation et du danger (Voir les commentaires sur Apocalypse 13: 13-17).

«Je viens bientôt».--La seconde venue de Christ nous est à nouveau présentée, avec une emphase plus grande que dans n'importe quel autre des messages précédents. L'attention des croyants est appelée sur la proximité de cet événement. Le message s'applique à une période où ce grand dénouement est imminent. Il met en évidence d'une façon indubitable la nature prophétique de ce message. Ce qui est dit aux trois premières églises ne contient aucune allusion à la seconde venue de Christ, pour le simple fait qu'aux périodes qu'elles embrassent, cet événement ne pouvait pas être bibliquement attendu. Mais avec l'église de Thyatire, le moment était arrivé où cette grande espérance commençait à naître. L'attention est attirée sur cette espérance par une simple allusion: «Retenez-le [votre fardeau] jusqu'à ce que je vienne».

L'étape suivante de l'Église, la période de Sardes, trouve l'Eglise plus proche de cet événement, et la grande proclamation qui doit annoncer la venue de Christ est mentionnée, et le devoir de veiller est imposé à l'Église: «Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur». Plus tard, nous arrivons à l'église de Philadelphie, et la proximité du même grand dénouement induit alors le Saint et Véritable à prononcer la déclaration émouvante: «Je viens bientôt».

Il ressort de tout cela que ces églises occupent des époques successivement plus proches du grand jour du Seigneur, car, avec une insistance qui va en augmentant, ce grand événement se renforce toujours plus, et l'attention est appelée vers lui d'une manière définie et impressionnante. En arrivant à cette période, l'église peut voir en vérité que le jour approche (Hébreux 10: 25).

Le conseil.--«Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne». Par notre fidélité, nous ne privons personne de la couronne. Le verbe traduit par «prendre» a de nombreuses définitions, parmi lesquelles: «quitter, enlever, priver de». Personne ni quoi que ce soit ne peut vous pousser à renoncer à la vérité, ou à vous écarter des voies droites du Seigneur, pour vous faire perdre la récompense.

La promesse faite au vainqueur.--Le vainqueur doit être une colonne dans le temple de Dieu, et il n'en sortira jamais. Le temple doit représenter ici une église, et la promesse d'en être une colonne est la promesse d'une place d'honneur, le séjour et la sécurité dans l'Église, représentée comme un édifice céleste. Quand le moment de l'accomplissement de cette partie de la promesse arrive, le temps de grâce sera achevé, et le vainqueur sera pleinement enraciné dans la vérité et scellé. «et il n'en sortira plus», c'est-à-dire, il sera hors de danger d'une chute. Il appartiendra au Seigneur pour toujours, et son salut sera assuré définitivement.

On peut dire qu'à partir du moment où les chrétiens vainquent et sont scellés pour le ciel, ils sont marqués comme appartenant à Dieu et à Christ, et ils portent l'adresse de leur destinée: la nouvelle Jérusalem. Ils doivent porter sur eux, le nom de Dieu, à qui ils appartiennent; et le nom de la Nouvelle Jérusalem, et pas celui de l'ancienne que certains cherchent en vain. Ils porteront aussi le nouveau nom de Christ, par l'autorité duquel ils doivent recevoir la vie éternelle, et entrer dans le royaume. Ainsi scellés et marqués, les saints de Dieu seront en sécurité. Aucun ennemi ne pourra les empêcher d'arriver à leur destination, le port glorieux du repos: la Nouvelle Jérusalem céleste.

VERS. 14-22: «14 Ecris à l'ange de l'église de Laodicée: Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu: 15 Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant! 16 Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. 17 Parce que tu dis: je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, 18 je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. 19 Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime. 20 Aie donc du zèle, et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. 21 Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. 22 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises.»

L'église de Laodicée.--«Laodicée» signifie «le jugement du peuple», ou selon Cruden, «un peuple juste». Le message adressé à cette église présente les scènes finales du temps de grâce. Il révèle une période de jugement. C'est la dernière étape de l'Église. En conséquence elle s'applique à ceux qui ont cru au message du troisième ange, le dernier message de miséricorde proclamé avant le retour de Christ (Apocalypse 14: 9-14). Tandis que l'oeuvre du grand jour des expiation se déroule, et que le jugement investigatif de la maison de Dieu progresse, il y a une période durant laquelle l'Église qui attend, observe comme règle de vie la sainte et juste loi de Dieu.

«Voici ce que dit l'Amen».--Il s'agit donc du message final adressé aux églises, avant la fin du temps de grâce. La description qui est faite des membres indifférents de Laodicée est surprenante et terrible. Cependant, il est indéniable, parce que le Témoin est «fidèle et véritable». De plus, c'est le «commencement de la création de Dieu». Certains, en se basant sur ce langage, ont tenté de soutenir l'erreur que Christ était un être créé, dont l'existence est antérieure à n'importe quel autre être ou chose créés, c'est-à-dire qu'il suit dans l'ordre le Dieu éternel et existant par lui-même. Mais le langage n'implique pas qu'il fût créé; parce que les mots «le commencement de la création» peuvent simplement signifier, à proprement parler, que l'oeuvre de la création a été commencée par Lui. «Rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle» [la Parole]. Mais d'autres, avec plus de raison, interprètent le mot «arche» comme signifiant «l'agent» ou la «cause efficiente», qui est une des définitions du mot, et ils comprennent que Christ est l'agent par lequel Dieu créa toutes choses.

La raison de la plainte.--L'accusation présentée contre les Laodicéens est qu'ils sont tièdes, ni froids ni chauds. Ils manquent de cette ferveur religieuse et de cette dévotion exigées par leur situation au moment final de l'histoire du monde et par le fait que la lumière de la prophétie resplendit sur leur sentier. Cette tiédeur est démontrée par le manque de bonnes oeuvres, parce que c'est la connaissance de ses oeuvres qui induit le Témoin fidèle et véritable à présenter cette terrible accusation contre eux.

«Puisses-tu être froid ou bouillant!» Dans ce message les conditions spirituelles sont présentées: la froideur, la tiédeur et la chaleur. Il est important de déterminer ce que représente chaque condition, afin de nous prémunir contre les conclusions erronées. Nous devons considérer trois conditions spirituelles qui affectent l'Eglise et pas le monde. Il n'est pas difficile de concevoir ce que signifie le terme «chaud». Tout de suite, ce mot évoque un zèle intense, quand toutes les affections, élevées au plus haut point, se concentrent vers Dieu et sa cause, et se manifestent par les oeuvres correspondantes. Etre tiède, c'est manquer de ce zèle, c'est être dans une condition où la ferveur du coeur fait défaut, où il n'y a pas d'abnégation, où aucune croix n'est portée, il n'y a pas de témoignage franc pour Christ, et aucune agression courageuse ne maintient l'armure brillante. Le pire de tout c'est que la tiédeur implique la satisfaction complète dans cet état. Mais que signifie être froid? Signifie-t-il un état de corruption, d'impiété et de péché, comme celui qui caractérise le monde des incrédules? Nous ne pouvons pas le concevoir de cette façon pour plusieurs raisons:

Il nous répugne de nous représenter Christ désirant, quelles que soient les circonstances, que certaines personnes se trouvent dans de telles conditions, parce qu'Il dit: «Puisses-tu être froid ou bouillant!» Aucun état ne peut offenser plus le Christ que le pécheur en rébellion ouverte, avec le coeur plein de mal. Il serait donc incorrect de se représenter le Christ préférant cet état à n'importe quelle situation dans laquelle son peuple puisse se trouver tout en continuant à être sien.

Au verset 16, il menace de s'en débarrasser parce qu'ils ne sont ni froids ni bouillants. Cela revient à dire que s'ils étaient froids ou bouillants, il ne les rejetterait pas. Mais si le froid représentait un état d'impiété mondaine ouverte, ils seraient très vite expulsés. Ce n'est donc pas la signification correcte.

Nous sommes dans l'obligation de conclure que par ces mots notre Seigneur ne se réfère pas à ceux qui sont hors de son Eglise, mais qu'Il mentionne trois degrés de maladie spirituelle, desquels deux sont plus acceptables que le troisième. La chaleur et le froid sont préférables à la tiédeur. Mais quelle sorte de condition spirituelle est représentée par le mot «froid»? Nous pouvons observer en premier lieu que c'est une condition de sensibilité. A cet égard, il est supérieur à la tiédeur, qui est un état d'insensibilité, d'indifférence et de satisfaction suprême de soi-même. Etre chaud est aussi un état de sensibilité. Comme la «chaleur» dénote une ferveur joyeuse, un exercice vivant et toutes les affections, avec un coeur débordant de la présence sensible de Dieu et de son amour, le «froid» semblerait désigner une condition spirituelle qui se caractérise par le manque de ces traits, bien que dans cette condition la personne ressent ce manque. Cet état est bien décrit par Job: «Oh! Si je savais où le trouver, si je pouvais arriver jusqu'à son trône.» (Job 23: 3).

Dans cette condition, il n'y a pas d'indifférence, ni de contentement, mais une sensation de froideur, d'incommodité et de manque de préparation. On cherche quelque chose de meilleur. Il y a de l'espérance pour une personne qui se trouve dans une telle condition. Quand un homme sent qu'il lui manque quelque chose et le désire, il s'efforce de l'obtenir. Ce qu'il y a de plus décourageant chez les tièdes c'est qu'il ne leur manque rien et qu'ils n'ont besoin de rien. Il est donc facile de comprendre pourquoi notre Seigneur préférerait voir son Église dans une condition de froideur incommode, plutôt que dans une condition de tiédeur commode indifférente et facile. La personne qui est froide ne le restera pas longtemps. Ses efforts ne tarderont pas à la conduire à une condition bouillante. Mais si elle est tiède, elle court le danger de demeurer ainsi jusqu'à ce que le Témoin fidèle et véritable se voit dans l'obligation de la rejeter comme la cause de nausées et de répugnance.

«Je te vomirai de ma bouche.--Ici, l'image est poussée plus loin, et le rejet des tièdes est exprimé par les nausées occasionnées par l'eau tiède. Ceci signifie l'expulsion finale, la complète séparation de son Église.

«Je suis riche, je me suis enrichi».--C'est ce que croyaient les Laodicéens de leur condition. Ce ne sont pas des hypocrites, parce qu'ils ne savent pas qu'ils sont pauvres, misérables, aveugles et nus.

Le conseil.--«Je te conseille d'acheter de moi», dit le véritable Témoin, «de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu. . . , et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies.» Ceci montre tout de suite aux Laodicéens trompés les choses qui leur font défaut, et le degré de leur indigence. Il leur montre aussi où ils peuvent obtenir ces choses dont ils sont si démunis, et il leur présente la nécessité de les obtenir rapidement. Le cas est si urgent, que notre grand Avocat, depuis le tribunal céleste, nous envoie un conseil spécial à ce sujet. Le fait que Celui qui s'est abaissé à nous signaler nos fautes et à nous conseiller ce que nous devions acheter, est celui qui possède ces choses pour nous les octroyer et nous inviter à les lui demander, est la plus grande garantie possible que notre demande sera acceptée et que nous recevrons ce que nous lui demandons.

Mais comment pouvons-nous acheter ces choses? De la même façon que nous obtenons les autres grâces de l'Evangile. «Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer! (Esaïe 55: 1). Nous pouvons acheter simplement en demandant; acheter en rejetant les babioles de la terre et en recevant à leur place les trésors inestimables, acheter en venant simplement et en recevant, acheter sans rien donner en échange. Qu'achetons-nous dans ces conditions miséricordieuses? Du pain qui ne se gâte pas, un vêtement immaculé qui ne se salit pas, des richesses qui ne se corrompent pas, et «un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel est réservé dans les cieux.» (1 Pierre 1: 4). «Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse.» (Galates 3: 29). Comment obtenons-nous cet héritage? De la même façon qu'Abraham obtint la promesse, c'est-à-dire par la foi (Romains 4: 13, 14).

Il n'est donc pas étonnant que tout le chapitre 11 des Hébreux soit consacré à ce sujet important, et qu'il présente les grandes prouesses qu'ils réalisèrent, et les précieuses promesses qu'ils obtinrent par la foi. Dans Hébreux 12: 1, la grande conclusion de l'argumentation nous est donnée dans l'exhortation adressée aux chrétiens pour qu'il se défassent de toute charge et du péché (d'incrédulité) qui les assaillent avec tant de facilité.

Il n'y a pas de chose qui épuisera plus rapidement les sources de la spiritualité et nous enfoncera dans la plus complète pauvreté en rapport avec les choses du royaume de Dieu, que de laisser la foi s'éteindre et l'incrédulité pénétrer dans le coeur. Pour être agréable aux yeux de Dieu, toute action doit être inspirée par la foi. En venant à Lui, la première chose dont nous avons besoin est de croire qu'Il existe. Nous sommes sauvés par la foi comme principal agent de la grâce qui est le don de Dieu (Hébreux 11: 6; Ephésiens 2: 8).

De ceci, il se dégage que la foi est l'élément principal de la richesse spirituelle. Mais si, comme nous l'avons déjà observé, aucune grâce isolée ne peut répondre à la signification complète du mot «or», il n'y a pas de doute que d'autres choses doivent être incluses avec la foi (Hébreux 11: 1; Romains 8: 24, 25). Paul nous dit aussi, que la foi agit par amour, et ailleurs, il nous parle d'être «riches en bonnes oeuvres» (Galates 5: 6; 1 Timothée 6: 18). Cela veut dire que l'amour ne peut pas être séparé de la foi. Nous trouvons donc que les trois choses sont associées par Paul dans 1 Corinthiens 13 à la foi, l'espérance et la charité (ou amour); mais la plus grande est l'amour, qui est «riche en bonnes oeuvres». Tel est l'or éprouvé par le feu qu'il nous est conseillé d'acheter.

Les vêtements blancs.--Sur ce point, il semble qu'il n'y ait pas beaucoup de motif de controverse. Quelques passages nous donneront la clé pour comprendre cette expression. Le prophète dit que «toute notre justice est comme un vêtement souillé» [ en Anglais, des «haillons sales»] (Esaïe 64: 5). Il nous est conseillé d'acheter l'opposé du vêtement souillé, à savoir un habit complet et sans tache. Dans Zacharie 3: 3 et 4, la même image est employée et Jean, dans Apocalypse 19: 8, dit clairement que «le fin lin, ce sont les oeuvres justes des saints».

Le collyre.--Une diversité d'opinions quant au collyre est plus courante que celles concernant les vêtements blancs. L'onction des yeux ne doit certainement pas être prise dans un sens littéral, parce qu'il est question ici de choses spirituelles. Le collyre doit désigner quelque chose qui vivifie notre discernement spirituel. La Parole de Dieu nous révèle un seul agent capable de réaliser cela, à savoir le Saint-Esprit. Dans Actes 10: 38, nous lisons que: «Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth.» L'auteur même qui nous a transmis la révélation de Jésus-Christ, que nous sommes en train d'étudier, écrivit à l'Eglise, dans sa première épître: «vous avez reçu l'onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance. . . l'onction que vous avez reçue demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu'elle est véritable et qu'elle n'est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu'elle vous a donnés.» (1 Jean 2: 20, 27). Si nous recourons à son Evangile, nous découvrons que l'oeuvre que Jean présente ici comme étant réalisée par l'onction est exactement la même que celle attribuée au Saint-Esprit. «Le Consolateur, l'Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.» (Jean 14: 26. Voir aussi Jean 16: 13)-

Le Témoin fidèle et véritable nous conseille donc formellement et solennellement, par les images de l'or, des vêtements blancs et du collyre, de nous procurer de lui une augmentation des grâces célestes de la foi, de l'espérance et de la charité, de la justice que lui seul peut donner, et une onction du Saint-Esprit. Mais comment est-il possible qu'un peuple manquant de toutes ces choses puisse se considérer riche? Une déduction est envisageable, et qui est peut-être aussi nécessaire, car aucune autre n'est possible. Remarquons que les Laodicéens ne sont pas censurés pour les doctrines qu'ils soutiennent. Ils ne sont pas accusés d'héberger Jézabel, ni de tolérer les doctrines de Balaam ou des Nicolaïtes. D'après ce que nous savons, leur croyance est correcte, et leur doctrine est saine.

On en déduit donc qu'ils se conforment à une doctrine correcte. Ils sont satisfaits d'avoir une forme correcte de religion, sans son efficacité. Ayant reçu la lumière sur les événements finaux de l'ère évangélique, et ayant une connaissance théorique exacte des vérités destinées à la dernière génération humaine, ils se reposent là-dessus et négligent le pouvoir spirituel qui change la vie et donne un caractère énergique. Par leurs actions, sans l'ombre d'un doute, et non par leurs paroles, ils se déclarent riches. Ayant une telle lumière et une telle vérité, que peuvent-ils souhaiter de plus? Leur justice n'est-elle pas complète, pourvu qu'ils défendent la théorie et qu'ils se conforment dans leur vie extérieure à l'augmentation de la lumière qu'ils ont reçue sur les commandements de Dieu et la foi de Jésus? Par hasard, ne sont-ils pas riches et n'ont-ils pas besoin de rien? C'est là que réside leur échec. Tout leur être devrait réclamer l'Esprit, le zèle, la ferveur, la vie et le pouvoir du christianisme vivant.

La preuve de l'amour.--Aussi étrange que cela paraisse, le châtiment est une preuve d'amour. «Je reprends et je châtie tous ceux que j'aime». Si nous sommes exempts du châtiment, nous sommes donc des enfants illégitimes (Hébreux 12: 8)--Auguste C. Thompson dit: «Ici, la loi miséricordieuse de son économie nous est présentée. . .. Comme dans une certaine mesure, tous ont besoin du châtiment, tous le reçoivent, et ils ont ainsi la preuve de l'affection du Sauveur. C'est une leçon difficile à apprendre, et les croyants sont des élèves lents à comprendre; cependant, il y a ici et là dans toute la Parole de Dieu et sa providence, des démonstrations que les épreuves sont ses bénédictions, et aucun enfant n'échappe à la verge. Les blocs incorrigiblement mal formés et de contexture grossière sont retouchés, tandis que ceux qui sont choisis pour la structure glorieuse sont soumis au ciseau et au marteau. Il n'y a pas dans la vigne de vraie grappe qui ne doive passer par le pressoir. 'Pour ma part, dit un théologien âgé, très affligé, je bénis Dieu parce que j'ai observé et senti tant de miséricorde dans sa colère que je suis presque transporté. J'ai un certain plaisir à penser combien ses grâces sont infiniment douces, quand ses jugements sont si miséricordieux.' Aussi, vu l'origine et le but des châtiments que vous recevez: 'Aie donc du zèle, et repens-toi'. Ne perdez pas de temps; ne perdez pas un seul coup de la verge, mais repentez-vous tout de suite. Soyez fervent. C'est la première application de la stimulation.»

«Aie donc du zèle, et repens-toi».--Bien que, comme nous l'avons déjà vu, la condition représentée par la froideur est préférable à la tiédeur, ce n'est pas l'état dans lequel notre Seigneur désire nous trouver. Nous ne sommes jamais exhortés à rechercher cette condition. Il y en a une bien meilleure qu'il nous est conseillé d'atteindre; à savoir, être zélés, fervents, avec des coeurs ardents, servant notre Maître.

Christ frappe à la porte.--«C'est le coeur des coeurs--dit Auguste C. Thompson. Malgré leur attitude offensive et malgré leur caractère désagréable, il ressent un tel amour pour leurs âmes qu'il s'abaisse à solliciter le privilège de les bénir. «Voici, je me tiens à la porte et je frappe.» Pourquoi frappe-t-il? Pas parce qu'il est sans foyer. . . Parmi les châteaux de son Père aucune entrée n'est fermée pour lui. Dans la gloire, il est la vie de tout coeur, la lumière de tout oeil, le chant de toute langue. Mais il va de porte en porte dans Laodicée. Il s'arrête à chacune d'elle et il frappe, parce qu'il est venu chercher et sauver ce qui était perdu, parce qu'il ne peut renoncer au dessein de communiquer la vie éternelle à tous ceux que son Père lui a donnés, et parce qu'il ne peut pas être connu des convives à moins qu'ils lui ouvrent la porte et lui donnent la bienvenue. Avez-vous acheté un terrain, ou cinq paires de boeufs, et, tenant votre chapeau à la main, vous priez pour être excusé? Il frappe et frappe. Mais vous ne pouvez pas recevoir de visite maintenant; votre travail vous a laissé épuisé; vous vous êtes installé confortablement sur le sofa, et vous faites dire que vous êtes occupé. . . Il frappe et frappe encore. . . C'est l'heure de la réunion de prière ou du concert mensuel; ou vous avez l'occasion de faire une visite chrétienne à une personne ou à un parent; mais vous ne bougez pas. . . Oh! Quelle tiédeur écoeurante! Oh! Fatale mondanité! Le Seigneur de gloire parcourt tout le trajet depuis son palais céleste, il vient pauvrement, suant du sang, à la porte de celui qui professe être son ami, qui lui doit tout, et il ne peut pas entrer. Il vient sauver un homme dont la maison est en feu, et il ne veut pas le laisser entrer. Comme la patience de Jésus-Christ est haute et profonde! Même le païen Publius a reçu Paul, et il le logea courtoisement durant trois jours. Les soi-disant chrétiens diront-ils au Seigneur des apôtres qu'ils n'ont pas de quoi le loger?»

«Si quelqu'un entend ma voix».--Le Seigneur supplie tout en frappant. Le mot «si» implique que certains ne veulent pas entendre. Bien qu'il soit à la porte et frappe, il y en a qui ferment leurs oreilles pour ne pas écouter ses tendres appels. Mais il ne suffit pas simplement d'entendre. Nous devons ouvrir la porte. Beaucoup de ceux qui au début entendent sa voix, et pendant un certain temps se sentent enclins à l'écouter, finalement cessent de faire le nécessaire pour s'assurer la communion avec l'Hôte céleste.

Lecteur, prêtes-tu l'oreille aux supplications que le Sauveur t'adresse? Sa voix est-elle la bienvenue pour toi? Lui ouvriras-tu la porte et le laisseras-tu entrer? Ou bien la porte de ton coeur est-elle obstruée par des monceaux de scories de ce monde que tu n'es pas disposé à enlever? Rappelles-toi que le Seigneur de la vie ne force jamais l'entrée. Il condescend à venir et à appeler, et il tente d'être accepté; mais il établit sa demeure seulement dans les coeurs de ceux qui le reçoivent comme un hôte bienvenu, et l'invitent comme tel.

Ensuite la promesse vient. «J'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.» Comme cette image est forte et émouvante! Un ami participe avec un autre à un repas joyeux et sociable! Tous deux soutiennent une conversation libre et intime. Quel régal que d'avoir le Roi de gloire comme hôte! Ce n'est pas une union ordinaire ou un privilège habituel auquel ce langage se réfère! Qui peut rester indifférent face à une supplication si tendre et une promesse si miséricordieuse? On ne nous demande même pas de mettre la table pour cet Hôte exalté. Il s'en charge lui-même, non pas avec des aliments grossiers de la terre, mais avec les denrées de son propre grenier céleste. Il nous offre des avant-goûts de la gloire qu'il nous révélera sous peu. Il nous donne des arrhes de notre futur héritage, qui est incorruptible, sans contamination et impérissable. En vérité, si nous remplissons les conditions et que nous recevons cette promesse, nous expérimenterons la naissance de l'Étoile du matin dans nos coeurs, et nous contemplerons l'aube d'une glorieuse matinée pour l'Eglise de Dieu.

La promesse au vainqueur.--Le Seigneur fait la promesse de souper avec ses disciples avant d'exprimer la promesse finale au vainqueur. Ceci démontre que les bénédictions incluses dans cette promesse doivent être appréciées pendant le temps de grâce et d'épreuve. Maintenant, la promesse adressée au vainqueur s'ajoute à toutes les autres : «Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône.» Là, les promesses du Seigneur atteignent leur apogée. Après avoir été, au commencement, rebelle, déchu, dégradé et contaminé, l'homme est réconcilié avec Dieu par l'oeuvre du Rédempteur. Il est purifié de ses contaminations, racheté de sa chute, rendu immortel et finalement élevé à une place sur le trône de son Sauveur. Les honneurs et l'exaltation ne peuvent pas aller plus loin. Les esprits humains ne peuvent pas concevoir cet état, son langage ne peut pas le décrire. Nous pouvons seulement poursuivre notre travail jusqu'à ce que nous sachions ce que ce sera, si nous remportons la victoire.

Dans ce verset, il n'y a pas seulement une promesse glorieuse, mais aussi une doctrine importante. On nous enseigne ici, que Christ règne consécutivement sur deux trônes. Le premier est le trône de son Père et le second le sien propre. Ce verset déclare qu'Il a vaincu et que maintenant, Il est assis avec son Père sur son trône. Il est maintenant associé avec son Père sur le trône de la domination universelle, et il se trouve à sa droite, bien au-dessus de toute domination, de toute autorité, et de toute puissance (Ephésiens 1: 20-22). Tandis qu'Il est là, il est à la fois prêtre et roi. Il est sacrificateur, «ministre du sanctuaire»; mais en même temps, il «est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux» (Hébreux 8: 1, 2). Ce poste et cette oeuvre de notre Seigneur furent prédits de cette façon par le prophète Zacharie: «Tu lui diras: Ainsi parle l'Eternel des armées: Voici, un homme, dont le nom est germe [Christ], germera dans son lieu, et bâtira le temple de l'Eternel. . . Il [Christ] portera les insignes de la majesté; il s'assiéra et dominera sur son trône, il sera sacrificateur sur son trône, et une parfaite union régnera entre l'un et l'autre» (Zacharie 6: 12, 13).

Mais le temps arrive où il devra changer de position, et laissant le trône de son Père, il assumera le sien. Ceci arrivera quand le moment viendra de donner la récompense aux vainqueurs, parce quand ils la reçoivent, ils s'assiéront avec Christ sur son trône, comme il vainquit et il est maintenant assis avec son Père sur son trône. Ici, Paul présente ce changement de position de Christ:

«Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu le Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu'il dit que tout lui a été soumis, il est évident que celui qui lui a soumis toute choses est excepté. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.» (1 Corinthiens 15: 24-28).

Les vérités enseignées dans ce passage peuvent être brièvement exprimées dans une paraphrase, si dans chaque cas, au lieu des pronoms, on utilise les substantifs auxquels ils se réfèrent respectivement:

« Ensuite viendra la fin (de l'ère actuelle), quand Christ aura remis le royaume (qu'il partage maintenant avec son Père) à Dieu, c'est-à-dire le Père; quand Dieu détruit toute domination, toute autorité et toute puissance (qui s'oppose à l'oeuvre du Fils). Parce que Christ doit régner (sur le trône de son Père) jusqu'à ce que le Père mette tous les ennemis de Christ sous ses pieds [Voir Psaume 110:1]. Le dernier ennemi qui sera détruit est la mort. Parce que Dieu aura (alors) mis toutes les choses sous les pieds de Christ. Mais quand Dieu dit: Toutes les choses se soumettent à Christ (qui débute son règne sur son propre trône), il est évident que Dieu est excepté, car il est celui qui a soumis toutes les choses sous Christ. Et quand toutes les choses auront été assujetties à Christ, alors Christ s'assujettira lui-même à Dieu qui a soumis toutes les choses sous lui, afin que Dieu soit tout en tous.»

Il ressort de ceci, que le royaume que Christ remet à son Père est celui qu'il gouverne actuellement sur le trône de son Père, où , il nous est dit qu'il est assis maintenant. Il remet ce royaume à la fin de sa médiation sacerdotale, quand le moment arrive d'assumer son propre trône. Après ce règne sur le trône de son père David, il est assujetti uniquement à Dieu, qui conserve sa position sur le trône de la domination universelle. Les saints participent à ce règne de Christ. « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône ». « Ils revinrent à la vie et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans » (Apocalypse 20: 4). Nous comprenons qu'il s'agit d'un règne spécial, ou avec un but spécial, comme on peut le noter dans ce chapitre 20, parce que le règne réel des saints doit être pour toujours (Daniel 7: 18, 27). Comment une attraction terrestre peut-elle dévier notre regard de cette perspective éternelle et céleste?

Ainsi se terminent les messages aux sept églises. Comme ce témoignage est direct et scrutateur! Quelles leçons ils contiennent pour tous les croyants de tous les âges! C'est tout aussi vrai pour la dernière église que pour la première, que toutes leurs oeuvres sont connues de Celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or. Rien ne peut être caché à son regard scrutateur. Bien que ses menaces aux hypocrites et aux ouvriers d'iniquité soient terribles, comme elles peuvent l'être en toute justice; combien grandes, consolatrices, miséricordieuses et glorieuses sont ses promesses à ceux qui l'aiment et le suivent avec un coeur sincère!

Chapitre IV. - Devant le Trone e Dieu

VERS. 1: « Après cela, je regardai, et voici, une porte était ouverte dans le ciel. La première voix que j'avais entendue, comme le son d'une trompette, et qui me parlait, dit: Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite.»

Dans les trois premiers chapitres, Jean expose la vision qu'il a eue du Fils de l'homme. Il décrit sa personne majestueuse, et a noté les paroles que sa voix, comme le bruit de nombreuses eaux, a prononcées. Maintenant, une nouvelle scène et une nouvelle vision s'ouvrent devant nous. L'expression «après cela» ne signifie pas que le récit d'Apocalypse 4 et les chapitres suivants doivent se réaliser après l'accomplissement de tout ce qui a été enregistré dans les trois chapitres antérieurs. Elle signifie simplement qu'après que le prophète ait vu et entendu ce qui est déjà noté, il eut la nouvelle vision qui est introduite maintenant.

Une porte ouverte dans le ciel.--On nous parle ici d'une porte ouverte dans le ciel, mais pas une porte qui donne un accès direct au ciel. La traduction est fidèle à l'original: «et voici, une porte était ouverte dans le ciel». Il ne s'agit pas du ciel qui s'ouvre devant Jean, comme ce fut le cas pour Etienne (Actes 7: 26), mais d'un lieu situé dans le ciel fut ouvert devant lui, et il lui fut permis de contempler ce qui se passait à l'intérieur. D'autres parties du livre démontreront clairement que le sanctuaire céleste fut ce que Jean vit ouvert.

Ce qui doit arriver dans la suite.--Comparez ceci avec Apocalypse 1: 1. Le grand objet de la Révélation semble consister à présenter les événements futurs de façon à informer, édifier et consoler l'Eglise.

VERS. 2-5: «2 Aussitôt je fus ravi en Esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu'un était assis. 3 Celui qui était assis avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine; et le trône était environné d'un arc-en-ciel semblable à de l'émeraude. 4 Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or. 5 Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres. Devant le trône brûlent sept lampes ardentes, qui sont les sept Esprits de Dieu.»

En Esprit.--Nous avons déjà rencontré dans ce livre cette phrase: «je fus ravi en Esprit au jour du Seigneur» (Apocalypse 1: 10). Et nous avons vu qu'elle signifiait que Jean eut une vision le Sabbat, vrai jour du Seigneur. Si, là, elle exprimait qu'il était en vision, elle doit avoir la même signification ici. La première vision s'est donc achevée à la fin du troisième chapitre, et une nouvelle vision est introduite ici. Il n'y a aucune objection à cet avis qu'avant cela, Jean se trouvait dans une telle condition spirituelle qu'il put regarder et voir une porte ouverte dans le ciel et entendre une voix comme un puissant son de trompette qui l’invitait à voir de plus près les choses célestes. Etienne aussi, rempli du Saint-Esprit, regarda en haut et vit les cieux ouverts, et le Fils de l'homme à la droite de Dieu. Etre ravi en Esprit démontre une condition exaltée d'élévation spirituelle. Aucune information ne nous est donnée quant au jour où la vision a été donnée.

A nouveau enlevé dans une vision céleste, Jean a d'abord contemplé un trône dans le ciel sur lequel l'Etre Divin était assis. La description de l'aspect qu'offre ce personnage, avec ses vêtements de diverses couleurs, suggère tout de suite à l'esprit un monarque paré de ses habits royaux. Autour du trône il y avait un arc-en-ciel, qui ajoutait de la majesté à la scène, et il nous rappelle que, bien que celui qui était assis sur le trône soit un gouverneur puissant et absolu, il est néanmoins le gardien de l'alliance de Dieu.

Les vingt-quatre vieillards.--Qui sont ces êtres qui entourent le trône de gloire? On notera qu'ils portent des vêtements blancs et des couronnes d'or sur leur tête, insignes d'un conflit terminé et d'une victoire gagnée. Nous en concluons qu'ils ont participé une fois à la guerre chrétienne, et qu'ils marchèrent dans le sentier terrestre avec tous les saints; mais ils furent vainqueurs et, par anticipation à la grande multitude des rachetés, ils portent des couronnes de vainqueurs dans le monde céleste. En fait, ils nous le disent clairement dans le chant de louange qu'ils adressent à l'Agneau: «Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu nous as rachetés pour Dieu par ton sang de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation.» [traduction de l'Anglais] (Apocalypse 5: 9). Ils chantent ce cantique avant que se produisent les événements mentionnés dans la prophétie des sept sceaux; car ils chantent dans le but de louer l'Agneau parce qu'il est digne de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux précisément pour ce qu'il a déjà accompli : leur rédemption. Ce n'est pas quelque chose d'intercalé ici par anticipation, qui s'appliquera dans l'avenir, mais qui exprime un fait absolu et achevé dans l'histoire de ceux qui la chante. Ils sont donc une catégorie de personnes rachetées, -rachetées de cette terre- comme toutes les autres, elles doivent être rachetées par le sang précieux de Christ.

Lisons-nous ailleurs quelque chose de relatif à une telle classe de rachetés? Nous croyons que Paul se réfère à ce même groupe quand il écrit: «il a emmené des captifs» (Ephésiens 4: 8). Si nous remontons aux événements arrivés en relation avec la crucifixion et la résurrection de Christ, nous lisons: «les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. Etant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.» (Matthieu 27: 52, 53). La page sacrée apporte donc une réponse directe à notre question. Ce sont quelques-uns de ceux qui sortirent de leur tombe quand Christ ressuscita, et ils furent comptés parmi l'illustre multitude que Jésus sortit de la captivité du domaine obscur de la mort quand il monta triomphalement au ciel. Matthieu parle de leur résurrection, Paul de leur ascension, et Jean les contemple dans le ciel, exécutant leurs devoirs sacrés pour l'accomplissement desquels ils furent ressuscités.

Nous ne sommes pas les seuls à croire une telle chose. John Wesley parle des vingt-quatre vieillards comme suit: «'Vêtus de vêtements blancs'. Ceci, et leur couronne d'or démontrent qu'ils avaient déjà terminé leur course et assumé leur poste parmi les citoyens du ciel. Ils ne sont pas appelés des âmes, et par conséquent, il est probable qu'ils ont déjà leur corps glorifié. Comparez avec Matthieu 27: 52.»

Il faut prêter une attention particulière au fait qu'il est dit que les vingt-quatre vieillards sont assis sur des trônes. En grec, thronoi, trône, le même mot qui est utilisé trois fois dans les versets 2 et 3, et une fois dans le verset 4, qui succède immédiatement à celui-ci. La version en Français courant dit: «Autour du trône, il y avait vingt-quatre autres trônes, sur lesquels étaient assis vingt-quatre anciens.» Par conséquent, ce passage éclaire l'expression qui se trouve dans Daniel 7: 9: «Des trônes furent mis en place». Ce sont les mêmes trônes; et comme nous l'avons déjà indiqué dans les commentaires sur ce passage, il ne s'agit pas de trônes qui sont enlevés mais mis en place. L'image vient de la coutume orientale de placer des tapis ou des divans pour que les hôtes distingués puissent s'y asseoir. Ces vingt-quatre vieillards (Voir les commentaires sur Apocalypse 5) sont évidemment des assistants de Christ dans son oeuvre médiatrice dans le sanctuaire céleste. Quand la scène de jugement décrite dans Daniel 7:9 débute dans le lieu très saint, leurs trônes furent placés là, en accord avec le témoignage de ce passage.

Les sept lampes ardentes.--Dans ces lampes ardentes, nous avons l'antitype du chandelier d'or du sanctuaire terrestre, avec ses sept lampes qui brûlaient en permanence. Ce chandelier était placé, sur indication divine, dans le premier appartement du sanctuaire terrestre (Exode 25: 31, 32, 37; 26: 35; 27: 20). Maintenant, quand Jean nous dit qu'il vit une porte ouverte dans le ciel, et dans l'appartement qu'elle laissait voir, il aperçut l'antitype du chandelier d'or du sanctuaire terrestre, nous avons une bonne preuve qu'il était en train de regarder à l'intérieur du premier appartement du sanctuaire céleste.

VERS. 6-11: «6 Il y a encore devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal. Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d'yeux devant et derrière. 7 Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le troisième être vivant a la face d'un homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. 8 Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes, et ils sont remplis d'yeux tout autour et au dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit: Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est, et qui vient! 9 Quand les êtres vivants rendent gloire et honneur et actions de grâces à celui qui est assis sur le trône, à celui qui vit aux siècles des siècles, 10 les vingt-quatre vieillards se prosternent devant celui qui est assis sur le trône, et ils adorent celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jettent leurs couronnes devant le trône, en disant: 11 Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance; car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées.»

La mer de verre.--Elle n'est pas composée de verre, mais c'est une grande étendue qui ressemble au verre. «Elle est cristalline ou transparente», comme dit James Strong, dans son Greek Dictionnary. L'idée est mieux rendue en le comparant au cristal, qui est défini comme «quelque chose de concret et translucide comme la glace ou le verre.» La situation de cette mer est telle qu'elle démontre qu'elle n'a aucune analogie avec la cuve ou «la mer» de l'ancien service typique. Elle peut s'étendre sous le trône et en être son fondement, et peut-être celui de la cité même. Elle nous est à nouveau présentée dans Apocalypse 15: 2, comme le lieu où se trouveront les vainqueurs, dans la joie extatique de la victoire finale. Là, nous louerons Celui qui nous donna la victoire.

Les quatre êtres vivants.--Certains ont traduit «êtres vivants» par «animaux» ce qui est très regrettable. Le mot grec zoon, signifie à proprement parler «un être vivant». Bloomfield dit dans son commentaire: «'Quatre êtres vivants' (pas animaux). C'est ainsi que Heinr le rend… Je crois que tous les commentateurs reconnaissent le bon sens de cette correction. Le mot est très différent de therion, bête sauvage, qui désigne les animaux prophétiques des chapitres 13 et suivants (Scholefield). De plus, Bulkeley ajoute de nombreux exemples de zoon, pour montrer, qu'il peut s'agir non seulement d'un être vivant, mais aussi d'un être humain, surtout Origène qui l'applique à notre Seigneur Jésus.»

Des images similaires sont employées dans le premier chapitre d'Ezéchiel. Les qualités qu'elles semblent représenter sont la force, la persévérance, l'entendement et la rapidité: la force de l'affection, la persévérance dans l'exécution des exigences du devoir, l'entendement pour comprendre la volonté divine et la rapidité à obéir. Ces êtres vivants sont en relation encore plus étroite avec le trône qu'avec les vingt-quatre vieillards, car ils sont présentés comme étant au milieu et autour du trône. Comme les anciens, dans leur chant, ils attribuent des louanges à l'Agneau pour les avoir rachetés de la terre. Ils appartiennent donc au même groupe, et ils représentent une partie de la grande multitude qui, selon ce qui a déjà été écrit (Voir les observations sur le verset 4), fut arrachée à la captivité de la mort et conduite au ciel. Au sujet de leur rédemption voir les notes sur Apocalypse 5: 8.

Ils n'ont pas de repos.--«Oh, quelle bienheureuse inquiétude!» -s'exclama John Wesley. Le thème de leur adoration constante est: «Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est, et qui vient!» Jamais un accord aussi sublime n'est sorti de lèvres créées. Il le répète jour et nuit, c'est-à-dire continuellement, car l'expression est utilisée uniquement pour s'adapter à notre manière de compter le temps, parce qu'il ne peut pas y avoir de nuit près du trône de Dieu (Apocalypse 21: 23, 25).

Nous les mortels, nous sommes enclins à nous fatiguer de répéter le simple témoignage que nous donnons de la bonté et la miséricorde de Dieu. Parfois, nous nous sentons tentés de ne rien dire, parce que nous ne pouvons pas dire continuellement des choses nouvelles. Mais ne pouvons-nous pas apprendre une leçon profitable de la conduite suivie par ces êtres saints et célestes, qui ne se lassent jamais de la répétition incessante de ces mots: «Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu,» et ils ne permettent pas que ces paroles vieillissent pour eux, parce que dans leur coeur brûle toujours le sentiment de sa sainteté, de sa bonté et de son amour? La louange ne leur paraît pas monotone, parce qu'en l'exprimant ils obtiennent une nouvelle vision des attributs du Tout-Puissant. Ils s'élèvent encore plus haut dans la compréhension de leur vision de ses perfections; l'horizon s'étale devant eux; leurs coeurs se dilatent; et les nouvelles émotions de l'adoration leur arrachent une nouvelle expression de leur sainte salutation, qui leur semble elle-même nouvelle: « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant! »

Il peut en être de même pour nous. Bien que nous répétons souvent les mêmes mots au sujet de la bonté, la miséricorde et l'amour de Dieu, la valeur de la vérité et les attraits du monde à venir, ne vieillissent pas pour nos oreilles. Durant toute notre vie nous devons nous élever vers de nouveaux concepts des bénédictions contenues dans ces thèmes glorieux.

« Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance.» Comme Il est digne! Nous ne pourrons jamais le comprendre tant que, comme les êtres saints qui s'expriment dans ce langage, nous soyons transformés et dotés d'immortalité, pour être présentés « devant sa gloire irrépréhensibles.» (Jude 24).

« Tu as créé toutes choses.» -- L'honneur, la gloire et le pouvoir attribués à Dieu sont basés sur les oeuvres de la création. « C'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées ». Dieu voulut, toutes les choses arrivèrent à l'existence; et par le même pouvoir elles sont préservées et soutenues.

Chapitre V. - Le Defi du Livre Scelle

VERS. 1: «Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux.»

En commençant ce nouveau chapitre, l'apôtre a encore la même vision à l'esprit. Par «celui qui était assis sur le trône», il veut désigner évidemment le Père, puisque plus loin, il introduit le Fils «un Agneau qui était là comme immolé». Le livre que Jean vit contenait une révélation des scènes qui allaient se dérouler dans l'histoire de l'Eglise jusqu'à la fin des temps. Le fait que le volume se trouve dans la main droite de Celui qui était assis sur le trône peut vouloir dire que la connaissance du futur revient à Dieu seul, excepté ce qu'il considère naturel de révéler à d'autres.

Le livre scellé.--Les livres utilisés à l'époque où l'Apocalypse fut donnée n'avaient pas la forme de nos livres actuels. Ils n'étaient pas composés d'une série de feuilles reliées, mais ils étaient faits de bandes de parchemin ou d'autre matériel qui s'enroulaient. Wesley dit à ce sujet:

«Les livres communs des anciens n'étaient pas comme les nôtres, mais c'étaient des volumes, ou de longs morceaux de parchemin, enroulés autour d'un long bâton comme nous enroulons les tissus de soie. Tel était le livre présenté ici, scellé de sept sceaux. Ce n'était pas comme si l'apôtre voyait tous les sceaux à la fois; parce qu'il y avait sept volumes enroulés les uns dans les autres, et chacun d'eux était scellé; de manière qu'en l'ouvrant et en déroulant le premier, le second apparaissait après avoir été descellé, et ainsi successivement jusqu'au septième sceau.»

Ce livre n'était pas écrit à l'intérieur et à l'extérieur, comme semble l'indiquer la ponctuation de la version que nous utilisons. «Grotius, Lowman, Fuller, etc. . ., » dit la Cottage Bible, suppriment ainsi la virgule: 'écrit en dedans, et en dehors scellé'.» Et il a déjà été donné suffisamment d'explications sur la façon dont étaient disposés les sceaux.

VERS. 2-4: «2 Et je vis un ange puissant, qui criait d'une voix forte: Qui est digne d'ouvrir le livre, et d'en rompre les sceaux? 3 Et personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne put ouvrir le livre ni le regarder. 4 Et je pleurai beaucoup de ce que personne ne fut trouvé digne d'ouvrir le livre ni de le regarder.»

Le défi.--Il semblerait que dans la vision, Dieu soutenait ce livre à la vue de l'univers, et un ange fort, sans doute un être éminent et puissant, s'avance comme un crieur, et d'une voix forte, il défia tous les êtres de l'univers de montrer la force de leur sagesse en ouvrant les conseils de Dieu. Qui pouvait être trouvé digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux? Une pause suit. En silence, l'univers reconnaît qu'il est incapable et indigne d'entrer dans les conseils de son Créateur. «Et personne dans le ciel, . . . ne put ouvrir.» Le grec oudéís, personne, ne signifie pas seulement aucun homme, mais aucun être dans les cieux. N'est-ce pas une preuve que les facultés des anges sont limitées, comme celles de l'homme, quand il s'agit de pénétrer l'avenir et de révéler ce qui doit arriver? Quand l'apôtre vit que personne ne s'avançait pour ouvrir le livre, il craignit beaucoup que les conseils de Dieu concernant son peuple ne soient révélés. Poussé par ses tendres sentiments naturels et sa préoccupation pour l'Église, il pleura beaucoup. John Wesley dit: «Comme ils sont loin d'héberger le sentiment de saint Jean ceux qui s'informent de tout autre chose plutôt que du contenu de ce livre!»

Joseph Benson dit au sujet de «je pleurai beaucoup»: «Comme il était très affecté par la pensée qu'aucun être n'avait été trouvé capable de comprendre, de révéler et d'accomplir les conseils divins, il craignit qu'ils continuassent d'être cachés à l'Église. Ce pleur de l'apôtre jaillissait de la grandeur de son esprit. Le coeur tendre qu'il avait toujours eu, se manifestait plus clairement maintenant qu'il n'était plus maître de lui-même. L'Apocalypse ne fut pas écrite sans larmes, et elle ne peut pas être comprise sans larmes.»

VERS. 5-7: «5 Et l'un des vieillards me dit: Ne pleure point; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. 6 Et je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un Agneau qui était là comme immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par toute la terre. 7 Il vint, et il prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône.»

Jean n'est pas abandonné longtemps à ses pleurs. Dieu ne veut pas que ses enfants soient privés d'une connaissance qui puisse leur être bénéfique. Des mesures avaient été prises pour l'ouverture du livre. En conséquence, un des anciens conseilla Jean: «Ne pleure point; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.» La raison pour laquelle un des anciens, de préférence à un autre être, dut donner cette information à Jean, ne nous semble pas évidente, à moins qu'elle réside dans le fait qu'ayant été racheté, il connaît Christ et s'intéresse tout spécialement à tout ce qui concerne le bien-être de l'Église sur la terre.

Ici, Christ est appelé le «lion de la tribu de Juda». Pourquoi est-il appelé lion? Et pourquoi, de la tribu de Juda? En réponse à la première question, on peut dire que c'est probablement pour montrer sa force. Comme le lion est le roi des animaux, le monarque des bois, il est un emblème idéal de l'autorité et du pouvoir royaux. Quant au qualificatif «de la tribu de Juda», il vient sans aucun doute de la prophétie de Genèse 49: 9, 10.

Le rejeton de David.--Christ était celui qui soutenait David dans sa position et son pouvoir. Nous ne pouvons pas douter que la position de David fut ordonnée par Christ et qu'Il le soutint d'une façon spéciale. David était le type ou l'image et Christ était l'antitype. Le trône et le règne de David sur Israël était une figure du règne de Christ sur son peuple. Il régnera sur «le trône de David, son père». Ainsi comme Christ apparut dans la descendance de David quand il prit sur lui notre nature humaine, il est aussi appelé «la postérité de David», un rameau . . . du tronc d'Isaï» (Apocalypse 22: 16; Esaïe 11: 1, 10). Vu sa relation avec le trône de David et son droit à régner sur le peuple de Dieu, il était juste que l'ouverture des sceaux lui ait été confiée.

Il a vaincu.--Ces paroles indiquent que le droit d'ouvrir le livre fut acquis par une victoire obtenue dans un conflit antérieur. Nous trouvons le récit de son triomphe plus en avant dans ce chapitre. La scène suivante nous présente la grande oeuvre de Christ en tant que Rédempteur du monde, et l'effusion de son sang pour la rémission du péché et le salut de l'homme. Il s'est vu exposé aux plus féroces assauts de Satan lors de cette oeuvre. Mais il supporta la tentation et l'agonie de la croix, il fut vainqueur de la mort et du sépulcre, assurant le chemin de notre rédemption, il triompha. C'est pour cette raison que les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens chantent: «Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as été racheté pour Dieu par ton sang».

Jean cherche le lion de la tribu de Juda et contemple un Agneau comme immolé, au milieu du trône, et les quatre êtres vivants et les anciens.

Au milieu du trône.--Philip Doddridge traduit ce passage de cette façon: «Je vis. . . au milieu de l'espace entre le trône et les quatre êtres vivants, et au milieu des anciens,. . . un Agneau.» Dans le centre de la scène, il y avait le trône du Père, et debout, au milieu de l'espace ouvert qui l'entourait, il y avait le Fils, représenté par le symbole d'un agneau immolé. Autour d'eux, se trouvaient les saints qui avaient été rachetés: premièrement, ceux qui sont représentés par les quatre êtres vivants; ensuite les anciens forment le second cercle, et les anges forment le troisième (verset 11). La dignité de Christ tandis qu'elle se détache ici sous l'image d'un agneau immolé, est l'objet de l'admiration de toute la sainte multitude.

Comme immolé.--John C. Woodhouse, comme le cite un commentaire, dit: «Le Grec implique que l'Agneau apparaît comme blessé au cou et à la gorge, comme victime immolée sur l'autel.» Adam Clarke dit au sujet de cette phrase: «C'est comme si nous assistions au moment où il devait être offert. Ceci est très important; l'offrande et le sacrifice de Christ sont si importants aux yeux de Dieu, qu'on continue de le représenter comme étant sur le point de verser son sang pour les offenses des hommes.»

Sept cornes et sept yeux.--Les cornes sont le symbole du pouvoir et les yeux symbolisent la sagesse. Sept est le numéro que désigne le caractère de ce qui est complet, ou la perfection. Par là, on veut nous enseigner que le pouvoir parfait et la sagesse parfaite sont inhérents à l'Agneau.

Il vint et il prit le livre.--Certains commentateurs ont trouvé l'idée incongrue que le livre soit pris par l'Agneau, et ont eu recours à divers expédients pour éviter la difficulté. Mais, n'est-ce un principe bien établi que n'importe quelle action exécutée par la personne ou l'être représenté par un symbole puisse également être désignée par le symbole? N'est-ce pas l'explication que le passage nécessite? Nous savons que l'Agneau est un symbole de Christ. Nous savons qu'il n'y a rien d'incongru à ce que Christ prenne un livre; et quand nous lisons que le livre fut pris, nous pensons à l'action, exécutée non par un agneau mais par Celui de qui l'agneau était le symbole.

VERS. 8-10: «8 Quand il eut pris le livre, les quatre être vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums, qui sont les prières des saints. 9 Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; 10 tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.»

Des coupes pleines de parfums.--Cette expression nous permet de nous faire une idée de la façon dont les rachetés, représentés par les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards, emploient leur temps. Ils ont des coupes ou des calices d'or pleins de parfums, ou d'encens, qui sont les prières des saints. C'est un ministère qui incombe aux sacrificateurs.

Le lecteur se souviendra que dans l'ancien service typique, le souverain sacrificateur avait beaucoup d'assistants. Quand nous considérons que maintenant nous sommes en train de regarder à l'intérieur du sanctuaire céleste, nous en arrivons à la conclusion que ces rachetés sont ceux qui assistent notre grand Souverain Sacrificateur dans le ciel. C'est sans doute dans ce but qu'ils furent rachetés. N’est-il pas normal de voir notre Seigneur assisté, dans son oeuvre sacerdotale en faveur de la famille humaine, par de nobles membres de cette famille qui, par leur vie sainte et un caractère pur, furent dignes d'être ressuscités pour cela? (Voir les observations sur Apocalypse 4: 4).

Nous savons que beaucoup éprouvent une grande aversion à la pensée qu'il y a des choses réelles et tangibles dans le ciel. Mais bien que l'Apocalypse utilise surtout des images, elle ne contient pas de fiction. Elle décrit des choses réelles, et nous comprenons la réalité quand nous parvenons à une interprétation correcte des images. De cette façon, dans cette vision, nous savons que l'Etre assis sur le trône est Dieu. Il est réellement là. Nous savons que l'Agneau symbolise Christ. Lui aussi est réellement là. Il monta au ciel avec un corps littéral, tangible, et qui peut dire qu'Il ne le conserve pas?

Aussi, si notre Souverain Sacrificateur est un être littéral, il doit y avoir un lieu littéral où le servir. Si les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens représentent ceux que Christ a libérés de la captivité de la mort quand il est ressuscité et monté au ciel, pourquoi ne seraient-ils pas des êtres aussi littéraux quand ils sont au ciel que lorsqu'ils le furent quand ils y montèrent?

Le chant.--Il est appelé un «cantique nouveau», et il l’est sans doute quant à l'occasion et à la composition. Ils furent les premiers à pouvoir le chanter, parce qu'ils furent les premiers à être rachetés. Ils se nomment eux-mêmes «un royaume et des sacrificateurs». Nous avons déjà vu dans quel sens ils sont des sacrificateurs. Ils assistent le Christ dans son oeuvre sacerdotale. Dans le même sens, ils sont aussi rois, sans doute parce que Christ s'est assis avec son Père sur son trône, et indubitablement, ils sont ses ministres qui doivent jouer un rôle en relation avec le gouvernement céleste dans ce qui se réfère à ce monde.

L'anticipation.--«Nous régnerons sur la terre». Malgré qu'ils soient rachetés et qu'ils entourent le trône de Dieu et de l'Agneau, où tout est gloire ineffable, leur cantique parle d'un état encore plus élevé qu'ils atteindront quand la grande oeuvre de la rédemption aura pris fin, et qu’avec toute la famille de Dieu, ils régneront sur la terre, l'héritage promis et éternelle résidence des saints (Romains 4: 13; Galates 3: 29; Psaume 37: 11; Matthieu 5: 5; 2 Pierre 3: 13; Esaïe 65: 17-25; Apocalypse 21: 1-5).

VERS. 11, 12: «11 Je regardai, et j'entendis la voix de beaucoup d'anges autour du trône et des êtres vivants et des vieillards, et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers. 12 Ils disaient d'une voix forte: l'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire, et la louange.»

Le sanctuaire céleste.--Comme le concept que nous avons de la grandeur et de la gloire du temple céleste est mesquin! Jean fut introduit dans ce temple au début du chapitre 4 de l'Apocalypse, par la porte qui fut ouverte dans le ciel. Il continue à regarder à l'intérieur de ce même temple dans Apocalypse 5: 11, 12. Maintenant il contemple les armées célestes. Autour du trône il y a tous ceux qui sont représentés par les quatre êtres vivants. Ensuite viennent les vingt-quatre vieillards. Jean voit une multitude d'anges célestes qui entoure l'ensemble. Combien sont-ils? Combien, d'après nous, peuvent se réunir dans l'intérieur du temple céleste? «Des myriades de myriades» s'exclame le voyant. Il semblerait qu'il n'y ait pas de nombre capable d'englober la multitude innombrable, celle que l'auteur de l'épître aux Hébreux appelle les «milliers qui forment le choeur des anges» (Hébreux 12: 22). Et ils étaient dans le sanctuaire céleste.

Telle est la compagnie que Jean vit assemblée dans le lieu qui est le centre de culte de tout l'univers, et où se déroule le merveilleux plan du salut de l'humanité. La figure centrale de cette multitude innombrable et sainte est l'Agneau de Dieu, et l'acte principal de sa vie, qui fait naître de la multitude des expressions d'adoration, était l'effusion de son sang pour le salut de l'homme déchu. Toutes les voix de cette armée céleste s'unissent pour lui donner la gloire qu'Il mérite: «L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire, et la louange.» C'est une assemblée digne du lieu. C'est un chant d'adoration digne d'être donné à Celui qui par l'effusion de son sang devint le rachat de beaucoup, et qui, en tant que grand Souverain Sacrificateur dans le sanctuaire céleste, continue à présenter les mérites de son sacrifice en notre faveur. Là-haut donc, devant cette si auguste assemblée, notre vie doit bientôt être examinée. Qu'est-ce qui nous rendra capables de résister à une épreuve si scrutatrice? Qu'est-ce qui nous rendra capables de nous lever et de subsister à la fin avec toute la multitude, sans péché devant le ciel? Oh! mérite infini du sang de Christ! qui peut nous purifier de toutes nos contaminations, et nous faire fouler la sainte montagne de Sion! Oh! grâce infinie de Dieu, qui peut nous préparer à affronter la gloire, et nous donner la hardiesse de rentrer en sa présence même, avec une joie indicible!

VERS. 13, 14: «13 Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer, et tout ce qui s'y trouve, je les entendis qui disaient : A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles » 14 Et les quatre êtres vivants disaient : Amen! Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent.»

Un univers purifié.--Dans le verset 13 nous trouvons une déclaration prise hors de son ordre chronologique dans le but de suivre jusqu'à la fin la déclaration ou l'allusion antérieure. Ceci arrive très souvent dans la Bible. Dans ce cas, on anticipe le moment où l'oeuvre de la rédemption sera terminée. Dans le verset 10, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards avaient déclaré: « Ils régneront sur la terre». Maintenant l'esprit du prophète est emmené, par anticipation, au moment de l'événement. Il regarde vers l'avenir, au moment où le nombre des rachetés sera complet, l'univers libéré du péché et des pécheurs, et un hymne universel d'adoration à Dieu et à l'Agneau s'élèvera.

Il est futile de tenter d'appliquer ceci à l'Église dans sa condition actuelle, ou de toute autre période passée depuis que le péché entra dans le monde, ou même depuis que Satan chuta de sa haute position d'ange de lumière et d'amour dans le ciel. Pendant le moment auquel Jean fait allusion, toute créature dans le ciel et sur la terre, sans aucune exception, élève un hymne de bénédictions à Dieu. Mais quant à ce qui se réfère seulement à ce monde, depuis la chute, ce sont des malédictions plutôt que des bénédictions qui se sont élevées de la plus grande majorité des membres de notre genre humain apostat, contre Dieu et son trône. Et il en sera ainsi tant que régnera le péché.

Nous ne pouvons donc pas situer cette scène que Jean décrit, à moins que nous n'anticipions le moment où le plan de la rédemption sera complet, et où les saints commenceront leur règne promis sur la terre.

Ce chant d'adoration est adressé à l'Agneau aussi bien qu'au Père assis sur le trône. « A Celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles! » (Apocalypse 5:13).

En revenant de la scène glorieuse, anticipée dans le verset 13, aux événements qui se produisent dans le sanctuaire céleste devant lui, le prophète entend les quatre êtres vivants dire: « Amen! ».

Chapitre VI. - Les Sceaux du Livre de la Prophetie sont Brises

VERS. 1, 2: «1 Je regardai, quand l'Agneau ouvrit un des sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre être vivants qui disait comme d'une voix de tonnerre: Viens. 2 Je regardai, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre.»

L'Agneau prit le livre, et tout de suite, il ouvrit les sceaux. L'attention de l'apôtre est attirée par les scènes qui se présentent sous chaque sceau. Nous avons déjà noté que dans les Ecritures le numéro sept signifie ce qui est parfait et complet. Les sept sceaux représentent des événements d'un caractère religieux, et ils contiennent l'histoire de l'Eglise depuis le commencement de l'ère chrétienne jusqu'à la seconde venue de Christ. A mesure que les sceaux se rompent, et que les écrits apparaissent, les scènes sont présentées à Jean, non par la lecture de la description, mais par une représentation de ce qui est décrit dans le livre, représentation qui défile devant ses yeux comme animée par des personnages vivants, et dans le lieu où la réalité devra avoir lieu, à savoir, sur la terre.

Le premier sceau.--Le premier symbole est un cheval blanc, monté par un cavalier armé d'un arc. Une couronne lui est donnée et il sort victorieux et pour vaincre, l'emblème adéquat des triomphes de l'Evangile du premier siècle de l'ère chrétienne. La blancheur du cheval signifie la pureté de la foi de ce siècle. La couronne donnée au cavalier et sa sortie comme un vainqueur pour faire encore plus de conquêtes représentent le zèle et le succès avec lesquels la vérité fut promulguée par ses premiers pasteurs. Par quels symboles l'oeuvre du christianisme aurait-elle pu être mieux représentée alors qu'elle agit comme un principe agressif contre les terribles systèmes de l'erreur contre lesquels elle eut a combattre au début? Le cavalier de ce cheval partit. Dans quelle direction? Sa commission est sans limite. L'Evangile était pour le monde entier.

VERS. 3, 4: «3 Quand il ouvrit le second sceau, j'entendis le second être vivant qui disait: Viens. 4 Et il sortit un autre cheval roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'enlever la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres; et une grande épée lui fut donnée.

Le second sceau.--Peut-être que la première caractéristique que nous remarquons parmi ces symboles est le contraste qu'il y a dans la couleur des chevaux. Celui-ci a sans doute une signification spéciale. Si la blancheur du premier cheval représente la pureté de l'Evangile durant la période englobée par ce symbole, la couleur rouge du second cheval devrai signifier qu'à cette époque, cette pureté originelle commence à se corrompre. Le mystère d'iniquité agissait déjà à l'époque de Paul, et au début de la période symbolisée par le second sceau, et celle qui professait être l'Eglise de Christ était déjà si corrompue que ce changement de couleur remarqué dans la description du symbole qui la représente était nécessaire. Des erreurs commençaient à apparaître. Le matérialisme faisait son entrée. Le pouvoir ecclésiastique essayait de s'allier au pouvoir séculier; des troubles et des agitions en étaient le résultat.

Parlant de cette période de l'église chrétienne qui va de l'an 100 à 311, un historien dit:

«Nous passons maintenant de l'église apostolique primitive à la gréco-romaine; de l'étape de création à celle de la conservation; de la source de la révélation divine au courant du développement humain; des inspirations des apôtres et des prophètes aux productions des maîtres illuminés mais faillibles. La main de Dieu avait tracé une grosse ligne de démarcation entre le siècle des miracles et les suivants, pour démontrer, par la transition abrupte et le contraste surprenant, la différence qu'il y a entre l'oeuvre de Dieu et celle des hommes.» «La seconde période, depuis la mort de l'apôtre Jean jusqu'à la fin des persécutions, ou jusqu'à l'ascension de Constantin, le premier empereur chrétien, est l'ère classique. . . de la persécution païenne, et du martyr et de l'héroïsme chrétiens. . . Ceci fournit un commentaire continue des paroles du Sauveur: 'Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups'.» «L'époque antérieure au concile de Nicée. . . est. . . la racine commune de laquelle les deux [le catholicisme et le protestantisme] sortirent, le catholicisme (grec et romain) d'abord, et le protestantisme plus tard. C'est la transition naturelle entre l'ère apostolique et l'ère de Nicée, bien qu'elle laissât derrière elle de nombreuses vérités de la première importance (spécialement des doctrines pauliniennes) qui devaient s'établir et être explorées dans les siècles futurs. Nous pouvons y trouver les formes élémentaires du credo catholique, l'organisation et le culte de l'église catholique, et aussi les germes de presque toutes les corruptions du christianisme grec et romain.»

L'esprit de cette époque atteint peut-être son apogée aux jours de Constantin, qui fut appelé premier empereur chrétien, dont la conversion au christianisme en 323 produisit un compromis entre l'Eglise et l'empire romain. L'Edit de Milan, en 313, accordait la tolérance aux chrétiens et autorisait les gens à se convertir au christianisme. Kenneth S. Latourette déclare que les actes qui précédèrent immédiatement l'Edit de Milan et qui culminèrent par sa promulgation en 313 «restent la plus significative des nombreuses bornes sur la route où l'Eglise et l'Etat avancèrent vers la coopération.»

Cet érudit moderne de l'histoire de l'église dit aussi:

«Le christianisme, en donnant le jour à l'Eglise, développa une institution qui était partiellement en rivalité avec l'Etat. Il créa une société dans l'empire qui, selon ce que beaucoup croyaient, menaçait l'existence même de ce dernier. Le conflit fut très marqué durant un siècle ou plus, avant Constantin. . . Quand Constantin fit la paix avec la foi il sembla que le conflit s'était résolu par l'obtention du contrôle de l'Eglise par l'Etat. Cependant, même pendant les jours d'apparente subordination de l'Eglise au gouvernement, les ecclésiastiques tentaient d'influencer les directives de ce dernier.»

Un tel état de chose répond fidèlement à la déclaration du prophète: le cavalier reçut le pouvoir «d'enlever la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres; et une grande épée lui fut donnée».

VERS. 5, 6: «5 Quand il ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième être vivant qui disait: Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance dans sa main. 6 Et j'entendis au milieu des quatre êtres vivants une voix qui disait: Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d'orge pour un denier; mais ne fais point de mal à l'huile et au vin.»

Le troisième sceau.--Comme la corruption a avancé rapidement! Quel contraste de couleur entre ce symbole et le premier! C'est un cheval noir, précisément la couleur opposée au blanc! Ce symbole doit représenter une période de grandes ténèbres et de corruption morale dans l'Eglise. Les événements du second sceau préparèrent le terrain pour qu'un état présenté se produise. Le temps écoulé entre le règne de Constantin et l'établissement de la papauté en 538 peut être remarqué à juste titre comme le temps où surgirent les erreurs les plus sombres et les superstitions les plus absurdes. Mosheim dit au sujet de la période qui succéda immédiatement l'époque de Constantin:

«Ces vaines fictions, qu'un attachement à la philosophie platonique et aux opinions populaires avaient fait adopter par la grande majorité des docteurs chrétiens avant l'époque de Constantin, furent maintenant confirmées, amplifiées et embellies de diverses manières. De là naquirent cette vénération extravagante pour les saints défunts, et ces notions absurdes d'un certain feu destiné à purifier les âmes désincarnées, qui prévalaient maintenant, et qui laissaient partout des traces dans le public. De là venait aussi le célibat des prêtres, le culte des statues et des reliques qui, avec le fil du temps détruisirent presque la religion chrétienne, ou du moins il éclipsa son éclat et corrompit son essence même, de la façon la plus déplorable. Un énorme système de superstitions de toutes sortes prenait graduellement la place de la vraie religion et de la piété. Cette odieuse révolution était due à une variété d'origines. Une ridicule précipitation à recevoir les nouvelles opinions, un désir absurde d'imiter les rites païens et de les fusionner au culte chrétien, et cette propension oisive de l'humanité en général à rechercher une religion de mauvais goût et pleine d'ostentation, tout ceci contribua à établir le règne de la superstition sur les ruines du christianisme.»

Plus loin il ajoute: «Il faudrait un volume entier pour contenir les diverses supercheries que des fripons rusés pratiquèrent avec succès pour tromper les ignorants, quand la vraie religion fut presque totalement remplacée par l'horrible superstition.»

Ces citations de Mosheim contiennent une description de la période couverte par le cheval noir du troisième sceau, et elle correspond exactement à la prophétie. On peut y voir comment le paganisme a corrompu le Christianisme; et comment pendant cette période le faux système qui résulta de l'établissement de la papauté s'acheva rapidement dans sa plénitude complète et mûrit dans toute la déplorable perfection de sa force et de sa stature.

La balance.--«La balance indiquait que la religion et le pouvoir civil allaient s'unir en la personne qui administrerait le pouvoir exécutif dans le gouvernement, et qui prétendrait avoir l'autorité judiciaire tant dans l'Eglise que dans l'Etat. C'était vrai pour les empereurs romains depuis l'époque de Constantin jusqu'au règne de Justinien, quand il remit le pouvoir judiciaire à l'évêque de Rome.»

Le blé et l'orge.--«Les mesures de blé et d'orge qui sont données pour un denier indiquent que les membres de l'Eglise se consacreront avec avidité aux biens de ce monde, et que l'amour de l'argent prévaudrait, car pour de l'argent ils se sépareront de n'importe quoi.»

L'huile et le vin.--Ceci «symbolise les grâces spirituelles, la foi et l'amour, et il y avait un grand danger à ce que celles-ci soient submergées par un tel esprit mondain. Et il est bien prouvé par tous les historiens que la prospérité de l'église de cette époque produisit les corruptions qui menèrent finalement à l'apostasie et à l'établissement des abominations antichrétiennes.»

Il faut observer que la voix, qui limitait la quantité de blé qui pouvait être obtenue pour un denier et qui disait: «ne fais point de mal à l'huile et au vin», ne provient d'aucun être sur cette terre, mais du milieu des quatre êtres vivants, ce qui signifie que bien que les sous-bergers ou soi-disant ministres de Christ ne prenaient pas soin du troupeau, le Seigneur ne l'oubliait pas durant cette époque de ténèbres. Une voix du ciel arrive. Il veille à ce que l'esprit de mondanité n'ait pas le dessus au point que le christianisme se perde totalement, ou que l'huile et le vin, les grâces de la piété véritable, disparaissent de la terre.

VERS. 7, 8: «7 Quand il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième être vivant qui disait: Viens. 8 Je regardai, et voici, parut un cheval d'une couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la mort, et le séjour des morts l'accompagnait. Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l'épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre.»

Le quatrième sceau.--La couleur de ce cheval est remarquable. Le mot dénote à l'origine la «couleur pâle et jaunâtre» qui se voit sur les plantes fanées ou malades. Ce symbole doit représenter un état de choses extrême dans l'Eglise qui professe appartenir à Dieu. Le cavalier qui montait ce cheval s'appelait la Mort et l'Enfer (Hades, sépulcre) le suivait. La mortalité était si grande à cette période qu'il semblait que «les pâles nations des morts» étaient venues sur la terre, et étaient suivies de ce pouvoir ravageur. Il est difficile de se tromper sur l'époque couverte par ce sceau. Il doit s'agir de celle où le pape exerce sa domination persécutrice sans restriction, plus ou moins à partir de l'année 538 jusqu'au moment où les réformateurs commencent à dévoiler les corruptions du système papal.

«Le pouvoir leur fut donné», «leur» c'est-à-dire au pouvoir personnifié par la mort assise sur le cheval pâle; à savoir, la papauté. Par la quatrième partie de la terre on comprend, sans l'ombre d'un doute, le territoire sur lequel ce pouvoir avait sa juridiction; et «l'épée», «la famine», «la mortalité» (c'est-à-dire, ce qui provoque la mort, comme les outrages ou la torture), et les bêtes de la terre, sont des images qui représentent les moyens par lesquels des millions de martyrs furent mis à mort.

VERS. 9-11: «9 Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu. 10 Ils crièrent d'une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre? 11 Une robe blanche fut donnée à chacun d'eux; et il leur fut dit de se tenir en repos quelques temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux.»

Le cinquième sceau.--Sous le cinquième sceau, les martyrs réclament vengeance, et des robes blanches leur sont données. Les questions qui nous viennent tout de suite à l'esprit et demandent une solution, sont celles-ci: ce sceau englobe-t-il une période de temps, et si tel est le cas, quelle est-elle? Où est l'autel au-dessous duquel les âmes sont vues? Que signifie leur cri de vengeance? Que représentent les robes blanches qui leur sont données? Quand reposent-elles pour un peu de temps, et qui sont leurs compagnons de service qui doivent être mis à mort comme eux? Nous croyons que toutes ces questions peuvent recevoir une réponse satisfaisante.

Il semble logique de croire que ce sceau, comme tous les autres, doit englober une certaine période de temps, et que la date de son application est caractéristique si les sceaux antérieurs ont été localisés correctement. Comme ceci suit la période de persécution papale, le temps contenu par ce sceau doit débuter quand la Réforme commence à miner la structure papale et à freiner le pouvoir persécuteur de l'église catholique romaine.

L'autel.--Il ne peut s'agir d'aucun autel céleste, mais c'est évidemment le lieu où les victimes ont été mises à mort, l'autel du sacrifice. A ce propos, Adam Clarke déclare: «Une vision symbolique lui fut présentée, dans laquelle il vit un autel; et dessous, les âmes de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la Parole de Dieu--qui avaient souffert le martyre par amour au christianisme,--sont représentées comme mortes à nouveau, victimes de l'idolâtrie et de la superstition. L'autel est sur la terre et pas au ciel.» On trouve une confirmation de cette opinion dans le fait que Jean est en train de contempler des scènes qui se déroulent sur la terre. Les âmes sont représentées sous l'autel, comme des victimes mortes dessus et dont le sang coule à sa base, pour tomber ensuite autour.

Les âmes sous l'autel.--Cette représentation est populairement considérée comme une preuve catégorique qu'il y a des esprits désincarnés et conscients après la mort. Ici, affirme-t-on, Jean vit des âmes désincarnées mais conscientes et connaissant les événements passés, puisqu'elles demandent à être vengées de leurs persécuteurs. Cette interprétation est inadmissible pour plusieurs raisons.

La théorie populaire place ces âmes dans le ciel, mais l'autel du sacrifice sur lequel elles furent mises à mort et sous lequel elles sont vues, ne peut pas être là-haut. Le seul autel mentionné comme étant dans le ciel est l'autel des parfums; mais il ne serait pas correct de se représenter les victimes qui viennent d'être mises à mort sous l'autel des parfums, car il n'a jamais été consacré à un tel usage.

Il répugnerait à toutes nos idées sur l'état céleste de se représenter les âmes qu'il y a au ciel enfermées sous un autel.

Pouvons-nous supposer que le désir de vengeance dominerait à tel point ces âmes dans le ciel qu'il les maintiendrait mécontentes et inquiètes jusqu'à ce que leurs ennemis soient châtiés, malgré la joie et la gloire de l'état ineffable dont elles devraient jouir? Ne devraient-elles pas se réjouir plutôt d'avoir souffert la persécution et d'être arrivées ainsi plus vite en présence de leur Rédempteur, à la droite duquel se trouve la plénitude de la joie et des plaisirs éternels?

Et de plus, la théorie populaire qui place ces âmes dans le ciel, situe en même temps les impies dans le lac de feu, se tordant dans des tourments indicibles, bien vue de l'armée céleste. Maintenant les âmes représentées sous le cinquième sceau étaient celles qui étaient mortes pendant le sceau antérieur, des décades et des siècles avant. Sans aucun doute, leurs persécuteurs avaient disparu de la scène et, selon la théorie que nous étudions, ils devaient être en train de souffrir sous leurs yeux les tourments de l'enfer.

Cependant, comme si elles n'étaient pas satisfaites de cela, elles clament à Dieu comme s'il retardait sa vengeance de leurs assassins. Quelle plus grande vengeance pouvaient-elles réclamer? Ou si leurs persécuteurs étaient encore sur la terre, elles devaient savoir que tôt ou tard ils devraient s'unir à la vaste multitude qui journellement descend par la porte de la mort dans le monde du malheur. Cette supposition ne les rend pas plus aimables. Une chose est au moins évidente: la théorie populaire concernant l'état des morts, des justes et des impies, ne peut pas être correcte, ou l'interprétation qui est généralement donnée de ce passage est erronée, car elles s'excluent mutuellement.

Mais on insiste sur le fait que ces âmes doivent être conscientes, parce qu'elles clament à Dieu. Cet argument aurait du poids s'il n'existait pas une figure de langage qui s'appelle la personnification. Mais comme elle existe, il conviendrait, à certaines occasions, d'attribuer la vie, le mouvement et l'intelligence aux objets inanimés. Ainsi, dit-on que le sang d'Abel crie de la terre jusqu'à Dieu (Genèse 4: 9, 10). La pierre crie du milieu de la muraille, et le bois qui lie la charpente lui répond (Habakuk 2: 11). Le salaire des ouvriers volés crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées (Jacques 5: 4). Les âmes de notre texte pourraient tout aussi bien crier, et ne pas être conscientes pour autant.

L'incongruité de la théorie populaire basée dans ce verset est apparente, car Albert Barnes fait la concession suivante: «Nous ne devons pas supposer que ceci arriva littéralement, et que Jean vit en réalité les âmes des martyrs sous l'autel; parce que toute la représentation est symbolique; nous ne devons pas supposer non plus que les victimes qui sont dans le ciel prient réellement pour être vengées de ceux qui leur firent du mal, ou que les rachetés continueront à prier dans le ciel pour des choses terrestres; mais on peut déduire avec justice de ce passage qu'il y aura un souvenir aussi réel des maux soufferts par les persécutés, les lésés et les opprimés, que si on faisait une telle prière; et que les oppresseurs ont autant à craindre de la vengeance divine que si ceux à qui ils portèrent préjudice clamaient dans le ciel au Dieu qui entend la prière et qui venge.»

En référence à des passages comme celui-ci, le lecteur se voit induit à l'erreur par la définition populaire du mot «âme». Cette définition populaire lui fait supposer que ce texte parle d'une essence immatérielle, invisible et immortelle qu'il y a dans l'homme, et qui, à peine le corps mort, s'élève vers la liberté qu'il convoite. Dans aucun cas l'emploi du mot dans l'original grec ou hébreux ne permet d'accepter une telle définition. Il signifie plus souvent «vie» et fréquemment il est traduit par «personne». Il s'applique aussi bien aux morts qu'aux vivants, comme on peut le voir dans Genèse 2: 7, où le mot «vivant» n'aurait pas eu besoin d'être rajouté si la vie avait été un attribut inséparable de l'âme; et dans Nombres 19: 13, où la concordance hébraïque dit «âme morte». De plus, ces âmes prient pour que leur sang soit vengé, et le sang est quelque chose qui, selon la théorie populaire, ne peut pas avoir une âme immatérielle. Le mot «âmes» peut simplement signifier les martyrs, ceux qui furent mis à mort, et les «âmes de ceux qui» est une périphrase pour indiquer toute leur personne. Ces êtres humains furent représentés à Jean comme ayant été mis à mort sur l'autel des sacrifices papaux, sur cette terre, et ils sont morts dessous. Ils n'étaient certainement pas vivants quand Jean les vit pendant le cinquième sceau, parce que plus tard ils lui sont à nouveau présentés presque sous le même langage, et il nous assure que la première fois où ils reprirent vie après leur martyre c'est lors de la résurrection des justes (Apocalypse 20: 4-6). Tandis qu'ils gisent là, victimes de la soif de sang et d'oppression manifestée par la papauté au Moyen Age, ils crient à Dieu de les venger, comme le sang d'Abel criait à Dieu depuis la terre.

Les robes blanches.--Leur cri: «Jusques à quand, Maître. . . tardes-tu à tirer vengeance de notre sang?» reçoit une réponse partiale. Ils descendirent dans la tombe de la façon la plus ignominieuse. Leur vie a été présentée sous un faux jour, leur réputation a été souillée, leur nom sali, et leurs tombes couvertes de honte et d'opprobre, comme si elles contenaient la poussière déshonorée des personnages les plus vils et méprisables. En fait, l'église de Rome, qui modelait alors le sentiment des principales nations de la terre, n'épargnait pas ses efforts pour faire de ses victimes un objet de haine pour tous.

Mais la Réforme commença son oeuvre. On commença à s'apercevoir que l'église était corrompue et peu honorable, et que ceux contre lesquels elle déversait sa colère étaient les bons, les purs, les fidèles. L'oeuvre se poursuivit parmi les nations les plus illustres de la terre, et la réputation de l'église déclinait tandis que celle des martyrs augmentait, jusqu'à ce que toutes les corruptions et les abominations papales soient pleinement exposées. Alors ce gigantesque système d'iniquité fut dévoilé au monde dans toute sa difformité nue, tandis que les martyrs furent vengés de toutes les calomnies sous lesquelles l'église persécutrice voulut les enterrer. Alors on vit qu'ils avaient souffert, non parce qu'ils étaient vils et criminels, mais «à cause de la Parole de Dieu et du témoignage qu'ils avaient rendu». Alors on chanta leurs louanges, on admira leurs vertus, on applaudit leur courage, on honora leur nom et on apprécia leur mémoire. C'est ainsi qu'on leur donna des robes blanches.

Quelque temps encore.--L'oeuvre cruelle du catholicisme romain ne cessa pas complètement, ni même quand la Réforme se fût étendue et établie fermement. La véritable Eglise devait encore subir bien des explosions de haine et de persécution. Beaucoup devaient encore être châtiés comme hérétiques, et se voir unis à la grande armée des martyrs. La totale justification de leur cause devait encore être retardée pour un peu de temps. Pendant ce temps, Rome ajouta des centaines de milliers à la vaste multitude dont le sang avait déjà été versé. Mais l'esprit de persécution fut finalement freiné, la cause des martyrs fut vengée, et le «quelque temps encore» du cinquième sceau arriva à sa fin

VERS. 12-17: «12 Je regardai, quand il ouvrit le sixième sceau; et il y eu un grand tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang, 13 et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes. 14 Le ciel se retira comme un livre qu'on roule; et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leurs places. 15 Les rois de la terre, les riches, les puissants, tous les esclaves et les hommes libres, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes. 16 Et ils disaient aux montagnes et aux rochers: Tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône, et devant la colère de l'Agneau; 17 car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister?»

Le sixième sceau.--Telles sont les scènes solennelles et sublimes qui arrivent sous le sixième sceau. Le fait que nous sommes en train de vivre maintenant au temps des événements puissants de ce sceau, comme ce sera démontré présentement, tend certainement à réveiller dans chaque coeur un intérêt intense pour les choses divines.

Entre le cinquième et le sixième sceau, le langage semble changer soudainement et complètement pour passer du hautement figuratif au strictement littéral. Quelle qu'en soit la cause, le changement ne peut être nié. Aucun principe d'interprétation ne peut rendre le langage littéral des sceaux antérieurs, ni ne peut être rendu facilement figuratif dans ce sceau. Nous devons donc accepter le changement, bien que nous ne puissions l'expliquer. Il y a cependant, un fait significatif sur lequel nous voulons attirer ici l'attention. C'était pendant la période englobée par ce sceau que les parties prophétiques de la parole de Dieu devaient être descellées, et que beaucoup devaient les parcourir, ou appliquer leur attention à comprendre ces choses, et ainsi, la connaissance de cette partie de la parole de Dieu allait augmenter énormément. Nous suggérons que c'est peut être la raison du changement de langage, et que les événements de ce sceau, arrivant à une époque où ces choses devaient être comprises pleinement, ne sont déjà plus présentés sous forme d'images, mais dans un langage clair et sans équivoque.

Le grand tremblement de terre.--Le premier événement décrit sous ce sceau, et peut-être celui qui marque son commencement, est un grand tremblement de terre. Comme accomplissement saisissant de cette prédiction, nous nous référons au grand tremblement de terre du 1er Novembre 1755, connu comme celui de Lisbonne. Au sujet de ce tremblement de terre, Robert Sears dit:

«Le grand tremblement de 1755 s'étendit sur au moins onze millions de kilomètres carrés. Ses effets se déployèrent jusque sous les eaux, dans beaucoup de lieux où ses secousses ne furent pas perceptibles. Il affecta les plus grandes portions des continents européen, africain et américain; mais son extrême violence toucha la partie sud-occidentale du premier.» «En Afrique, ce tremblement de terre se fit sentir presque aussi sévèrement qu'en Europe. Une grande partie de la ville d'Alger fut détruite. Beaucoup de maisons s'effondrèrent à Fez et Meknès, et une multitude de personnes furent ensevelies sous leurs ruines. Les mêmes effets se produisirent à Marrakech. Des actions similaires eurent également lieu à Tanger, Tetuan, et Funchal dans l'île de Madère; et probablement. . . toute l'Afrique fut secouée par cette convulsion terrible. Elle s'étendit dans le nord jusqu'en Norvège et en Suède; l'Allemagne, la Hollande, la France, la Grande Bretagne et l'Irlande furent toutes plus ou moins secouées par la même grande et terrible commotion des éléments.» «La ville de Lisbonne. . . avant cette calamité. . . avait plus ou moins. . . 150.000 habitants. . . Mr Barretti dit 'que l'on estime que 90.000 personnes périrent durant ce jour fatal.'»

Sir Charles Lyell fait la description graphique suivante de ce phénomène remarquable:

«Dans aucune partie de la région volcanique de l'Europe méridionale ne s'est produit, dans les temps modernes, un tremblement de terre tel que celui qui eut lieu le 1er Novembre 1755, à Lisbonne. On entendit des sourds grondements souterrains, et immédiatement après, une violente secousse abattit la plus grande partie de cette ville. En plus ou moins six minutes 60.000 personnes perdirent la vie. Puis on vit la mer se retirer, laissant ses rives à sec, pour revenir ensuite sur elle-même et s'élever à quelques quinze mètres au-dessus de son niveau habituel. Les montagnes d'Arrábida, Estrela, Julio, Marao y Cintra, qui sont quelques-unes des plus grandes du Portugal furent secouées impétueusement, pour ainsi dire même jusqu'en leurs fondements; et les sommets de quelques-unes d'entre elles s'ouvrirent, se fendirent de façon surprenante, et des masses énormes furent jetés dans les vallées sous-jacentes. On dit que des flammes, qu'on suppose électriques, sortirent de ces montagnes; on dit aussi qu'elles fumèrent ; mais de vastes nuages de poussière peuvent avoir donné cette apparence. . .

«La grande étendue touchée par ce tremblement de terre de Lisbonne est considérable. La secousse fut très violente en Espagne, au Portugal et au nord de l'Afrique; mais dans presque toute l'Europe et même les Antilles sentirent le séisme le même jour. Un port appelé Setúbal, à trente kilomètres de Lisbonne, s'effondra. A Alger et Fez, en Afrique, l'agitation de la terre fut également violente, et à huit lieues de Marrakech, un village disparut, avec ses huit ou dix mille habitants, bétail inclus. Peu après, la terre se referma sur eux.

«Le séisme se fit sentir en mer, sur le pont d'un navire, à l'ouest de Lisbonne, et la sensation produite fut très similaire à celle ressentit sur terre. En face de Sanlúcar, le capitaine du bateau 'Nancy' sentit que son navire était secoué si violemment qu'il pensa s'être échoué, mais en jetant la sonde, il trouva une grande profondeur d'eau. Le capitaine Clarke, du Denia, se trouvant à 36º 24' de latitude nord, entre les neuf et dix heures du matin, sentit son bateau secoué aussi violemment que s'il avait échoué sur une roche. Un autre navire, à quarante lieues à l'ouest du cap San Vicente, subit un choc si violent que les hommes furent jetés à un demi-mètre perpendiculairement vers le haut, sur le pont. A Antigua et la Barbade, comme en Norvège, en Suède, en Allemagne, en Hollande, en Corse, en Suisse et en Italie, des tremblements et de légères oscillations du sol furent ressentis.

«L'agitation des lacs, des fleuves et des sources en Grandes Bretagne, fut notable. A Loch Lomond, en Ecosse, par exemple, l'eau, sans la moindre cause apparente, s'éleva contre ses bords, pour ensuite s'abaisser beaucoup par rapport à son niveau habituel. La plus grande hauteur perpendiculaire de cette montée fut de 70 centimètres. On dit que le mouvement de ce tremblement de terre fut ondulatoire, et qu'il se déplaça à la vitesse de 30 kilomètres à la minute. Une grande vague balaya la côte d'Espagne, et on dit qu'elle s'éleva à 18 mètres à Cadix. A Tanger, en Afrique, elle s'éleva et retomba 18 fois sur la côte; à Funchal, à Madère, elle s'éleva perpendiculairement à environ cinq mètres au-dessus de la marée la plus haute, bien que la marée qui monte ou baisse de deux mètres, était à la moitié de sa descente. Après être entrée dans la ville et avoir occasionné de graves dommages, elle inonda d'autres ports de l'île. A Kinsale, en Irlande, une lame se précipita dans le port, fit virevolter de nombreux vaisseaux, et se déversa sur la place du marché.»

Si le lecteur cherche dans son atlas les pays mentionnés, il verra combien la superficie terrestre agitée par cette convulsion épouvantable fut grande. Il se peut qu'il y ait eu d'autres tremblements de terre qui furent aussi sévères dans des localités particulières, mais aucun autre n'apporte toutes les conditions nécessaires pour constituer un événement adéquat pour marquer l'ouverture du sixième sceau.

L'obscurcissement du soleil.--Selon ce qu'annonce la prophétie, après le tremblement de terre, «le soleil devint noir comme un sac de crin». Cette partie de la prédiction s'est aussi accomplie. Nous n'avons pas besoin d'entrer ici dans des détails au sujet de l'admirable obscurcissement du soleil qui se produisit le 19 Mai 1780. La majorité des lecteurs auront lu des récits de ce qui arriva alors. Les déclarations suivantes, de différents auteurs, donnent une idée de sa nature:

«Le jour obscur du 19 Mai 1780--ainsi nommé à cause de sa remarquable obscurité, qui ce jour-là, s'étendit à toute la Nouvelle Angleterre. . . L'obscurité commença plus ou moins à dix heures du matin et se poursuivit jusqu'à minuit de la nuit suivante, mais avec une certaine différence de degré et de durée dans les différents endroits. . . La vraie cause de ce phénomène considérable n'est pas connue.»

«Au mois de Mai 1780, il y eut en Nouvelle Angleterre, un jour obscur très terrifiant, durant lequel tous les visages parurent devenir noirs, et les gens furent remplis de terreur. Il y eut une grande angoisse dans le village où vivait Edward Lee, car les hommes craignaient que le jour du jugement soit venu; et tous les voisins se rassemblèrent autour du saint, qui passa les heures sombres à prier avec ferveur pour la multitude angoissée.»

«La date de ces ténèbres extraordinaires fut le 19 Mai 1780--dit le professeur Williams--Elles arrivèrent entre dix et once heures du matin, et continuèrent jusqu'à minuit de la nuit suivante, mais avec différents aspects dans différents lieux. . .

«L'intensité que cette obscurité atteignit fut différente dans les divers endroits. Dans presque toute l'étendue du pays, l'obscurité fut telle que, sans la lumière des bougies, les gens ne purent pas lire des lettres d'imprimerie communes, ni voir l'heure à la montre, ni manger ou vaquer à leurs devoirs domestiques. Dans certains endroits les ténèbres furent si denses que les gens ne purent lire des lettres d'imprimerie à l'air libre pendant plusieurs heures; mais je crois que ce ne fut pas un cas général.

«L'extension de ces ténèbres fut considérable. Notre information sur le sujet n'est pas aussi complète que nous le voudrions; mais d'après les récits reçus, elles semblent avoir atteint tous les états de la Nouvelle Angleterre. On les observa jusqu'à Falmouth à l'est (Portland, Maine). Vers l'ouest, jusqu'aux confins du Connecticut, et Albany. Au sud, on les observa tout le long des côtes, et au nord aussi loin que s'étendaient les colonies [américaines]. Il est probable qu'elles s'étendirent au-delà de ces limites dans quelques directions, mais on ne peut pas déterminer les démarcations exactes par les observations que j'ai pu réunir.

«Quant à sa durée, elle fut dans ce lieu d'au moins quatorze heures; mais il est probable qu'elle ne fut pas la même dans les différentes parties du pays.

«L'aspect et les effets furent tels qu'ils offraient une perspective extrêmement sombre et assourdie. Des chandelles furent allumées dans les maisons; les oiseaux après avoir terminé leur chant du soir disparurent et se turent; les hôtes de la basse-cour se retirèrent dans leur poulailler; les coqs chantèrent tous à la ronde comme au point du jour; les objets ne pouvaient se distinguer qu'à une courte distance; et tout avait l'aspect et l'obscurité de la nuit.»

«Le 19 Mai 1780, fut un jour particulièrement obscur. On alluma des bougies dans de nombreuses maisons; les oiseaux se turent et disparurent, et les animaux de la basse-cour se retirèrent dans leur poulailler. . . L'opinion générale qui prévalait partout était que le jour du jugement approchait.»

La lune entière devint comme du sang.--Les ténèbres de la nuit suivante du 19 Mai 1780 furent aussi extraordinaires que celles du jour.

«Les ténèbres de la nuit suivante furent probablement aussi denses que les plus denses qu'on ait observées depuis que l'ordre du Tout-Puissant fit jaillir la lumière. . . Je ne pouvais m'empêcher de me dire alors que si tous les corps lumineux de l'univers avaient été enveloppés d'impénétrables ténèbres, ou s'ils avaient été supprimés, l'obscurité n'eût pu être plus complète. Une feuille de papier blanc soutenue à quelques pouces des yeux était aussi invisible que le velours le plus noir.»

«Dans la soirée. . . depuis que les enfants d'Israël sortirent de la maison de servitude, il n'y eut peut-être jamais de nuit plus obscure. Ces ténèbres épaisses se maintinrent plus ou moins jusqu'à une heure, bien que la lune fût pleine le jour précédent.»

Cette déclaration sur la phase lunaire démontre l'impossibilité qu'il y ait eu une éclipse du soleil. Chaque fois que la lune apparut pendant cette nuit mémorable, comme cela arriva par instant, elle avait, en accord avec cette prophétie, l'apparence du sang.

Les étoiles du ciel tombèrent.--A nouveau la voix du ciel clame: «Tout est accompli!» Nous nous référons à la grande pluie de météores du 13 Novembre 1833, au sujet de laquelle quelques témoignages suffiront:

«En entendant crier: 'Regardez par la fenêtre!, je sautai du lit où je dormais profondément, et avec étonnement je vis l'orient illuminé par l'aurore et les météores. . . J'appelai mon épouse pour qu'elle contemple le spectacle; et tandis qu'elle s'habillait, elle s'exclama: 'regarde comme les étoiles tombent!' Je répondis: 'C'est le prodige!' et nous sentîmes dans notre coeur que c'était un signe des derniers jours. Parce qu'en réalité, 'les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes' (Apoc. 6: 13).

«Et comment tombaient-elles? Ni moi, ni aucun membre de ma famille n'entendîmes une explosion; et si nous devions chercher une comparaison dans la nature, nous ne pourrions pas en trouver un aussi adéquat pour illustrer l'aspect du ciel, que celui utilisé par Jean dans la prophétie déjà citée. 'Il pleut du feu!' dit quelqu'un. Un autre: 'C'était comme une pluie de feu!'. Un autre encore: 'C'était comme les grands flocons de neige qui tombent avant l'arrivée d'une tempête, ou comme les grosses gouttes de pluies avant une averse.' J'admets la justesse de ces comparaisons par leur exactitude commune; mais elles sont loin d'avoir la justesse de l'image employée par le prophète: 'Les étoiles du ciel tombèrent sur la terre'. Ce n'était ni des feuilles, ni des flocons, ni des gouttes de feu; mais c'était ce que le monde comprend par 'étoiles filantes'; et quelqu'un en parlant à ses compagnons pendant la scène, disait: 'Regarde comme les étoiles tombent!' et celui qui l'écoutait ne perdit pas de temps à corriger l'astronomie de celui qui avait parlé, comme il n'aurait pas perdu de temps à répondre: 'Le soleil ne bouge pas', à celui qui lui aurait dit: 'le soleil est en train de se lever' [la terre tourne autour du soleil]. Les étoiles tombaient «comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes'. Les météores qui tombaient ne venaient pas comme de plusieurs arbres secoués, mais comme d'un seul. Ceux qui apparaissaient à l'est tombaient vers l'est; ceux qui apparaissaient au nord tombaient vers le nord; ceux qui apparaissaient à l'ouest tombaient vers l'ouest; et ceux qui apparaissaient au sud tombaient vers le sud (car je sortis de ma résidence au parc), et ils ne tombaient pas comme les fruits mûrs. Loin de là! Mais ils volaient, ils étaient jetés, comme des fruits verts, qui au départ, refusent d'abandonner la branche; et quand ils se détachaient, ils volaient à grande vitesse, tout droit vers le bas; et dans la multitude qui tombait, quelques-uns croisaient la trajectoire des autres, comme s'ils étaient jetés avec une plus grande ou plus petite force.»

«Le phénomène le plus sublime d'étoiles filantes jamais enregistré dans l'histoire du monde eut lieu à travers les Etats-Unis, au matin du 13 novembre 1833. L'extension de cette étonnante manifestation n'a pas été établie avec précision, mais elle embrassa une partie considérable de la superficie terrestre. . . Sa première apparence était celle d'un feu d'artifice des plus imposants par sa grandeur, qui couvrait toute la voûte céleste de myriades de boules de feu semblables à des fusées volantes. Leur éclat était brillant, resplendissant et permanent. Et ils tombaient à la fréquence des flocons de neige lors des premières chutes de neige de Décembre. En comparaison avec les splendeurs de cette exhibition céleste les fusées volantes et les feux d'artifice les plus brillants ne sont rien d'autre que le scintillement de la plus petite étoile face à la splendeur du soleil. Le ciel entier semblait en mouvement, et il suggéraient à quelques-uns l'épouvantable image employée dans l'Apocalypse en référence à l'ouverture du sixième sceau, quand «les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes' ».

«Après avoir recueilli et confronté les récits parus dans tous les journaux du pays, et aussi les nombreuses lettres qui me furent adressées ou à des hommes de sciences de mes amis, les récits suivants me semblèrent présenter les faits principaux en relation avec le phénomène. La pluie de météores couvrit presque tout le territoire nord américain, étant apparu avec une splendeur presque égale depuis les possessions britanniques dans le nord jusqu'aux Antilles et au Mexique, au sud, et depuis le 61e degré de longitude à l'est de la côte américaine jusqu'à l'Océan Pacifique à l'ouest. A travers cette immense région, la durée fut plus ou moins la même. Les météores commencèrent à attirer l'attention par leur fréquence et leur brillance inhabituelles de vingt et une heures à minuit; leur apparition fut plus saisissante de deux à cinq heures; ils atteignirent leur maximum, dans beaucoup d'endroits, vers quatre heures; et ils continuèrent à tomber jusqu'à ce que la lumière du jour les rendit invisibles.»

«Le spectacle a dû être des plus sublimes. L'apôtre Jean a dû l'avoir devant lui quand il dit, dans le passage traitant de l'ouverture du sixième sceau: 'et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes'. «

Le ciel se retira comme un livre.--Cet événement dirige notre attention vers le futur. Après avoir examiné le passé et contemplé l'accomplissement de la parole de Dieu, on nous invite maintenant à regarder les événements du futur, dont la venue n'est pas moins sûre. Notre position est définie d'une façon sans équivoque. Nous nous trouvons entre le verset 13 et 14 de ce chapitre. Nous attendons le moment où le ciel se retirera comme un livre qui s'enroule. Ces moments sont de la plus grande solennité et importance, parce que nous ne savons pas à quel point l'accomplissement de ces choses peut être proche.

Ce retrait du ciel est inclus dans ce que les auteurs des Evangiles appellent, dans la même série d'événements, l'ébranlement des puissances des cieux. D'autres passages nous donnent plus de détails sur cette prédiction. Dans Hébreux 12: 25-27; Joël 3: 16; Jérémie 25: 30-33; Apocalypse 16: 17, nous apprenons que la voix de Dieu, lorsqu'il parle depuis le ciel, occasionnera cette épouvantable commotion de la terre et du ciel. Le Seigneur avait déjà parlé de sa voix audible, quand il donna sa loi éternelle depuis le Sinaï. Alors, la terre trembla. Lorsqu'Il parlera à nouveau, la terre ne sera pas la seule à trembler, mais le ciel aussi. Alors, «la terre chancelle comme un homme ivre». «Elle tombe et ne se relève plus» (Esaïe 24). Les montagnes se déplaceront de leurs solides fondements. Les îles seront soudainement remuées de leur place au milieu de la mer. De la plaine surgiront des montagnes escarpées. Des roches jailliront de la superficie fendue de la terre. Tandis que la voix de Dieu se répercute sur la terre, la plus grande confusion régnera dans la nature.

Pour se convaincre que ceci n'est pas une simple fantaisie de l'imagination, il suffit de lire les phrases exactes que quelques-uns des prophètes utilisèrent en référence à ce temps. Esaïe dit: «La terre est déchirée, la terre se brise, la terre chancelle. La terre chancelle comme un homme ivre, elle vacille comme une cabane; son péché pèse sur elle, elle tombe, et ne se relève pas» (Esaïe 24: 19, 20). Le langage tout aussi émouvant de Jérémie décrit la scène comme suit: «Je regarde la terre, et voici, elle est informe et vide; les cieux, et leur lumière a disparu. Je regarde les montagnes, et voici, elles sont ébranlées; et toutes les collines chancellent. Je regarde, et voici, il n'y a point d'homme; et tous les oiseaux des cieux ont pris la fuite. . . Car ainsi parle l'Eternel: Tout le pays est dévasté» (Jérémie 4: 23-27).

Alors, le rêve de sécurité charnel élaboré par le monde sera effectivement détruit. Les rois, intoxiqués par leur propre autorité terrestre, qui n'ont jamais songé qu'un pouvoir supérieur au leur pouvait exister, comprennent maintenant qu'il y a Quelqu'un qui règne comme Roi des rois. Les grands contemplent la vanité de toute la pompe terrestre, parce qu'il y a une grandeur supérieure à celle de la terre. Les riches jettent leur or et leur argent aux taupes et aux chauves-souris, parce qu'ils ne peuvent les sauver en ce jour. Les capitaines oublient leur brève autorité, et les puissants oublient leur force. Tout serviteur qui se trouve dans le pire des esclavages du péché, et l'homme libre, c'est-à-dire toutes les catégories d'impies, depuis le plus grand jusqu'au plus humble, participent aux cris collectifs de consternation et de désespoir.

Ceux qui ne prièrent jamais Celui dont le bras aurait pu les sauver, élèvent maintenant une prière agonisante aux rochers et aux montagnes pour qu'ils les ensevelissent pour toujours et les cachent aux yeux de Celui dont la présence leur apporte la destruction. Ils voudraient bien maintenant éviter la récolte de ce qu'ils ont semé par une vie de concupiscence et de péché. Ils voudraient bien fuir de la colère qu'ils ont accumulée sur eux-mêmes pour ce jour. Ils voudraient bien s'enfoncer avec tout leur catalogue de crimes dans les ténèbres éternelles. Aussi, fuient-ils dans les rochers, les cavernes et les antres que leur offrent maintenant la superficie fissurée de la terre. Mais il est trop tard. Ils ne peuvent ni cacher leur culpabilité ni échapper à la vengeance tant retardée.

Le jour qu'ils pensèrent ne voir jamais arriver les a surpris finalement comme un piège, et le langage involontaire de leur coeur est: «Le grand jour de sa colère est venu; qui pourra subsister?» Avant l'arrivée de ce jour, avec ses scènes terrifiantes, nous te prions, cher lecteur, de prêter l'attention la plus sérieuse et la plus sincère à ton salut.

Beaucoup font maintenant étalage de leur mépris pour la prière mais, à un moment ou à un autre, les hommes doivent prier. Ceux qui ne veulent pas prier Dieu maintenant avec pénitence, prieront alors les rochers et les montagnes avec désespoir; et ce sera la plus grande réunion de prière qui ne se sera jamais célébrée.


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