II. Les Prophéties de l’Apocalypse - Uriah Smith (Ch. 13)


Chapitre XIII. - La Lutte Séculaire pour la Liberté Religieuse

VERS. 1-4: «1 Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphèmes. 2 La bête que je vis était semblable à un léopard; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion: Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité. 3 Et je vis l’une de ses têtes comme blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l’admiration derrière la bête. 4 Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête; et ils adorèrent la bête en disant: Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle?»

La mer symbolise «des peuples, des foules, des nations, des langues.» (Apocalypse 17:15). Dans la Bible, une bête est le symbole d’une nation ou d’une puissance. Parfois, elle représente seulement le pouvoir civil, ou bien le pouvoir ecclésiastique uni au pouvoir civil. Chaque fois que l’on voit surgir une bête de la mer, ceci signifie que cette puissance se lève d’un territoire fortement peuplé. Si les vents soufflent sur la mer, comme dans Daniel 7:2, 3, ceci indique des agitations politiques, des luttes civiles et des révolutions.

Par le dragon du chapitre antérieur et la bête qui est montrée ici, on nous présente la puissance romaine dans son ensemble, c’est-à-dire dans ses deux phases: la païenne et la papale; d’où le fait que ces deux symboles ont tous deux sept têtes et dix cornes (Voir les commentaires sur Apocalypse 17:10).

Semblable à un léopard.--La bête à sept têtes et dix cornes, semblable à un léopard, qui nous est présentée ici, symbolise une puissance qui exerce aussi bien l’autorité ecclésiastique que civile. Ce point a suffisamment d’importance pour justifier la présentation de certains arguments concluants afin de le prouver.

La chaîne prophétique, dans laquelle ce symbole est présenté, commence avec Apocalypse 12. Les symboles des gouvernements terrestres englobés dans la prophétie sont le dragon d’Apocalypse 12, la bête semblable à un léopard, et la bête à deux cornes d’Apocalypse 13. La même chaîne prophétique continue évidemment dans le chapitre 14. D’Apocalypse 12:1 à Apocalypse 14:5, nous avons donc une chaîne prophétique distincte et complète en elle-même.

Toutes ces puissances nous sont présentées comme des bêtes sauvages persécutant l’Église de Dieu. La scène débute avec l’Église symbolisée par une femme attendant impatiemment l’accomplissement de la promesse: que la semence de la femme, le Seigneur de gloire, se manifeste parmi les hommes. Le dragon se tenait devant la femme pour dévorer son fils. Son mauvais dessein est tenu en échec, et le fils est enlevé vers Dieu et son trône. Vient ensuite une période durant laquelle l’Église souffre sévèrement de l’oppression du dragon, ou de la puissance qui le représente. Dans cette partie de la scène, le prophète regarde occasionnellement l’avenir, en une fois presque jusqu’à la fin, parce que tous les ennemis de l’Église vont être mus par l’esprit du dragon. Dans le verset 1 d’Apocalypse 13, nous remontons au moment où la bête, semblable à un léopard, successeur du dragon, commence sa carrière. L’Église souffre l’opposition et la persécution de cette puissance pendant la longue période de 1260 ans. Après cette période d’opposition, l’Église connaît un autre conflit, bref mais intense, avec la bête à deux cornes. Ensuite la libération arrive. La prophétie s’achève avec l’Église libre de toutes persécutions, debout, victorieuse avec l’Agneau sur le Mont-Sion. Grâces soient rendues à Dieu pour la promesse sûre d’une victoire finale!

Le seul personnage qui reste toujours le même dans toutes les scènes, et dont l’histoire est le thème principal de toute la prophétie, est la véritable Église de Dieu. Les autres personnages sont ses persécuteurs, et ils ne sont présentés que parce qu’ils sont tels. Ici, comme introduction, nous soulevons la questionsuivante : qu’est-ce qui persécute toujours la vraie religion? Une fausse religion. Qui a déjà entendu que le seul pouvoir civil de n’importe quelle nation ait persécuté le peuple de Dieu de sa propre initiative? Les gouvernements peuvent combattre d’autres gouvernements pour venger un dommage réel ou imaginaire, ou pour acquérir des territoires et étendre leur pouvoir. Mais les gouvernements ne persécutent pas (remarquez le verbe, ne persécutent pas) les gens pour motif religieux, à moins qu’ils soient sous le contrôle d’un système religieux opposé ou hostile.

La bête semblable à un léopard est une puissance persécutrice.--Les puissances présentées dans cette prophétie: le dragon, la bête semblable à un léopard, et la bête à deux cornes des versets 11-17, sont toutes des puissances persécutrices. Elles agissent par rage et hostilité contre le peuple et l’Église de Dieu. Ce fait est en lui-même une évidence suffisamment concluante qu’en chacune de ces puissances l’élément ecclésiastique ou religieux est le pouvoir contrôleur.

Prenons le dragon. Que symbolise-t-il? La réponse est indéniable: d’abord Satan, selon ce que nous avons démontré précédemment; ensuite, l’empire romain. Mais ce n’est pas suffisant. Personne ne se contentera de cette seule réponse. Elle doit être plus définie. Aussi nous ajoutons: l’empire romain dans sa forme païenne, comme tous doivent l’admettre. Mais dès que nous disons païenne, nous introduisons un élément religieux, car le paganisme est un des systèmes les plus gigantesques de fausse religion que Satan ait inventé. Aussi, le dragon est une puissance ecclésiastique à tel point que la caractéristique même qui le distingue est un faux système religieux. Pourquoi le dragon persécutait-il l’Église de Christ? Il la persécutait parce que le christianisme allait gagner du terrain sur le paganisme, en détruisant ses superstitions, en renversant ses idoles et en démantelant ses temples. L’élément religieux de cette puissance était touché, et la persécution en était le résultat.

Venons-en maintenant à la bête semblable à un léopard, d’Apocalypse 13. Que symbolise-t-elle? La réponse est: l’empire romain. Mais le dragon symbolisait l’empire romain. Pourquoi le même symbole ne continue-t-il pas à le représenter? Parce qu’il y a eu un changement dans le caractère religieux de l’empire. Cette bête représente Rome dans sa forme de soi-disant christianisme. C’est ce changement de religion, et ceci seulement, qui rend nécessaire un changement de symbole. Cette bête diffère du dragon par une seule chose: elle présente un aspect religieux différent. Ce serait donc une erreur d’affirmer qu’elle représente simplement le pouvoir civil romain.

Un symbole de la papauté.--Le dragon donne son pouvoir, son trône et une grande autorité à cette bête. Quelle puissance succéda à la Rome païenne? Nous savons tous que ce fut la Rome papale. Il ne nous est pas important pour le moment, de savoir quand et de quelle façon eut lieu ce changement. Ce qui ressort et que tous reconnaissent, c’est que la phase suivante et importante pour l’empire romain, après sa forme païenne, fut la forme papale. Il ne serait donc pas correct de dire que la Rome païenne donna son pouvoir et son trône à une forme de gouvernement simplement civile qui n’avait aucun élément religieux. Même en forçant beaucoup l’imagination, une telle transaction ne peut pas se concevoir. Mais on reconnaît ici deux phases de l’empire; et dans la prophétie, Rome est païenne jusqu’à ce qu’elle devienne papale. La déclaration que le dragon donne son pouvoir et son trône à la bête semblable à un léopard est une évidence de plus que le dragon d’Apocalypse 12:3 est utilisé comme symbole de la Rome païenne. Mais derrière chacune de ces puissances, se trouve Satan, qui les dirige dans leur oeuvre impie.

Mais il se peut que quelqu’un affirme qu’aussi bien la bête semblable à un léopard que la bête à deux cornes sont nécessaires pour constituer la papauté, et que pour cela le dragon donne à ces deux puissances, son trône et une grande autorité. Mais la prophétie ne le dit pas. Le dragon traite uniquement avec la bête semblable à un léopard. C’est seulement à cette bête qu’il donne son pouvoir, son trône et une grande autorité. C’est la bête dont l’une des têtes est blessée à mort, et qui guérit par la suite; c’est derrière cette bête que la terre entière s’émerveille; c’est la bête qui profère des blasphèmes et qui opprime les saints pendant 1260 ans. Elle fait tout cela avant l’apparition de la puissance qui vient après, la bête à deux cornes. Aussi, seule la bête semblable à un léopard symbolise l’empire romain dans sa forme papale, dont l’influence dirigeante est ecclésiastique.

Elle est identique à la petite corne.--Pour démontrer ceci plus amplement, il nous suffit de faire un parallèle entre la petite corne de Daniel 7:8, 20, 24. 25 et cette puissance. On verra alors que la petite corne et la bête semblable à un léopard symbolisent la même puissance. On admet généralement que la petite corne symbolise la papauté. Six points peuvent être présentés pour établir son identité:

1.La petite corne est un pouvoir blasphémateur. «Il prononcera des paroles contre le Très-Haut» (Daniel 7:25). La bête semblable à un léopard d’Apocalypse 13:6, fait la même chose: «Elle ouvrit la bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu.»

2.La petite corne fait «la guerre aux saints et» l’emporte sur eux. La bête d’Apocalypse 13: 7 fait la guerre aux saints et elle les vainc.

3.La petite corne avait une bouche qui parlait avec arrogance (Daniel 7:8, 20). Au sujet de cette bête nous lisons: «elle proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes» (Apocalypse 13:5).

4.La petite corne s’éleva quand cessa la forme païenne de l’empire romain. La bête d’Apocalypse 13:2 apparaît à ce moment-là; parce que le dragon, c’est-à-dire la Rome païenne, lui donne son pouvoir, son trône et une grande autorité.

5.Le pouvoir est donné à la petite corne de subsister un temps, des temps et la moitié d’un temps, soit 1260 ans (Daniel 7:25). Le pouvoir est aussi donné à cette bête pendant 42 mois, soit 1260 ans (Apocalypse 13:5).

6.A la fin de la période spécifiée de 1260 ans, les «saints», les «temps» et la «loi» allaient être libérés de la «main» de la petite corne (Daniel 7:25). A la fin de la même période, la bête semblable à un léopard devait être emmenée en «captivité» (Apocalypse 13:10). Ces deux caractéristiques s’accomplirent pendant la captivité et l’exil du pape, et le renversement de la papauté par la France en 1798.

Ces six points prouvent de façon satisfaisante l’identité de la petite corne et de la bête semblable à un léopard. Quand dans la prophétie nous avons, comme dans ce cas, deux symboles qui représentent des puissances qui apparaissent en même temps sur la scène, qui occupent le même territoire, qui manifestent le même caractère, qui accomplissent la même oeuvre, qui subsistent pendant la même période et qui ont le même sort, ces symboles représentent une même et identique puissance.

Elle reçut une blessure mortelle.--La tête qui reçut une blessure mortelle fut la tête papale. Nous aboutissons à cette conclusion par le principe évident que quand il est parlé dans la prophétie du symbole d’un quelconque gouvernement il s’applique à ce gouvernement aussi longtemps que ce symbole le représente. Maintenant Rome est représentée par deux symboles: le dragon et la bête semblable à un léopard, parce qu’elle présente deux phases: la païenne et la papale; et tout ce qui se dit au sujet du dragon s’applique à la Rome mais seulement sous sa forme païenne, et ce que l’on dit de la bête semblable à un léopard ne s’applique qu’à la forme soi-disant chrétienne de Rome. Jean dit que ce fut l’une des têtes de cette dernière bête semblable à un léopard qui fut blessée à mort. En d’autres termes, cette blessure fut infligée à la forme de gouvernement qui existait sous l’empire romain après son changement du paganisme au christianisme. Il est donc évident que la tête papale fut celle qui fut blessée à mort et dont la blessure fut guérie. Recevoir la blessure correspond à aller en captivité (Apocalypse 13:10). La blessure fut infligée quand le pape fut fait prisonnier par le général français Berthier et la papauté fut abolie pendant un temps en 1798. Dépouillée de son pouvoir civil et ecclésiastique, le pape captif, Pie VI, mourut en exil à Valence dans le Dauphiné, en France, le 29 Août 1799. Mais la blessure mortelle commença à guérir quand la papauté fut rétablie, bien qu’avec moins de pouvoir qu’antérieurement, par l’élection d’un nouveau pape, le 14 Mars 1800.

VERS. 5-10: «5 Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes; et il lui fut donné le pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois. 6 Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. 7 Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Et il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue, et toute nation. 8 Et tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’Agneau, qui a été immolé. 9 Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende. 10 Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité; si quelqu’un tue par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la persévérance et la foi des saints.»

Elle profère des blasphèmes.--Cette bête ouvre «sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.» Nous avons déjà mentionné dans les commentaires sur le livre de Daniel la signification de l’expression: «il prononcera des paroles contre le Très-Haut.» (Daniel 7:25). Dans le verset 5 de ce chapitre de l’Apocalypse, on utilise des mots similaires, car «elle proférait des paroles arrogantes». Mais on ajoute le mot «blasphèmes», lequel indique de toute évidence que les «paroles arrogantes» sont des déclarations blasphématoires contre le Dieu du ciel.

Dans les Évangiles nous trouvons des indications de ce qui constitue un blasphème. Dans Jean 10:33 nous lisons que les Juifs accusèrent faussement Jésus de blasphémer. Ils dirent: «toi qui es homme,tu te fais Dieu». Dans le cas du Sauveur, c’était faux, parce qu’il était le Fils de Dieu. Il était «Emmanuel, Dieu avec nous». Mais quand l’homme assume les privilèges de Dieu et les titres de la divinité, ceci constitue un blasphème.

Dans Luc 5:21, nous trouvons les pharisiens essayant de surprendre Jésus dans ses paroles. Ils demandèrent: «qui est celui-ci, qui profère des blasphèmes? Qui peut pardonner les péchés, si ce n’est Dieu seul?» Jésus pouvait pardonner les transgressions parce qu’il était le Sauveur divin. Mais quand un homme mortel affirme avoir une telle autorité il blasphème certainement.

Nous pourrions nous demander si la puissance représentée par ce symbole a accompli cette partie de la prophétie. Dans les commentaires sur Daniel 7:25 nous avons vu clairement qu’elle avait «parlé avec arrogance» contre le Dieu du ciel. Observons maintenant ce qui est dit concernant la prétention du prêtre à pardonner les péchés:

«Le prêtre occupe la place du Sauveur même quand il dit:‘Ego te absolvo’ [je t’absous], il absout du péché. . . Pour pardonner un seul péché toute la puissance de Dieu est nécessaire. . . Mais la seule chose que Dieu puisse faire par sa toute puissance, le prêtre peut le faire aussi en disant: ‘Ego te absolvo a pecatis tuis’. . . Innocent III écrivit: ‘En vérité, il n’est pas exagéré de dire qu’en vue du caractère sublime de leur charge les prêtres sont autant de dieux.’»

Notons encore d’autres déclarations blasphématoires de cette puissance:

«Mais notre étonnement doit être plus grand encore quand nous trouvons qu’en obéissance aux paroles de leurs prêtres: HOC EST CORPUS MEUM [Ceci est Mon corps], Dieu lui-même descend sur l’autel, Il vient d’où qu’on L’appelle, et aussi souvent qu’on L’appelle, et Il se place dans leurs mains, même lorsqu’ils sont Ses ennemis. Et après être venu, Il reste à leur entière disposition; ils Le déplacent comme ils veulent d’un lieu à un autre; ils peuvent, s’ils le désirent, L’enfermer dans le tabernacle, ou L’exposer sur l’autel, ou L’emporter hors de l’église; ils peuvent, s’ils le désirent, manger Sa chair et alimenter les autres. Oh! comme leur pouvoir est grand!--dit Saint Laurent Justinien, en parlant des prêtres. Il tombe une parole de leurs lèvres et le corps de Christ est là substantiellement formé de la matière du pain, et le Verbe Incarné descendu du ciel se trouve réellement présent sur la table de l’autel!’ »

«Ainsi, le prêtre peut, d’une certaine façon, être appelé créateur de son Créateur. . . ‘Le pouvoir du prêtre--dit Saint Bernardin de Sienne--est le pouvoir de la personne divine; parce que la transsubstantiation du pain demande autant de pouvoir que la création du monde.’»

C’est ainsi que cette puissance, représentée par la bête, blasphème contre le temple du ciel, attirant l’attention de ses sujets vers son propre trône et son palais, au lieu du tabernacle de Dieu; déviant leur attention du Fils de Dieu vers le sacrifice de la messe.

Elle blasphème contre ceux qui demeurent dans le ciel en assumant le pouvoir de pardonner les péchés, et elle dévie ainsi les hommes de l’oeuvre de médiation de Christ et ses assistants célestes dans le sanctuaire d’en haut.

Le verset 10 nous fait revenir aux événements de 1798, quand ce pouvoir, qui avait emmené les saints de Dieu en captivité pendant 1260 ans, fut lui-même emmené en captivité.

VERS. 11: «Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon.»

Une bête à deux cornes.--Ce verset présente le troisième grand symbole de la chaîne prophétique que nous examinons, celui que nous pouvons appeler la bête à deux cornes. Voyons à quoi il s’applique. Le dragon, ou Rome païenne, et la bête semblable à un léopard, ou Rome papale, nous présentent deux grandes organisations représentatives de deux grands systèmes d’une fausse religion. L’analogie semble exiger que le symbole restant, la bête à deux cornes, ait une application similaire et trouve son accomplissement dans une nation représentative d’un autre grand système de religion. L’unique système restant qui exerce une influence de contrôle dans le monde aujourd’hui est le protestantisme. Pris dans son sens abstrait, le paganisme englobe tous les pays païens, qui contiennent plus de la moitié de la population du globe. Le catholicisme, duquel la religion grecque orthodoxe peut être considérée comme partie intégrante, presque identique à lui, réunit la majorité des nations qui composent la chrétienté. Dans d’autres prophéties on nous a donné un tableau de l’islam et son influence (Voir les commentaires sur Daniel 11 et Apocalypse 9). Mais le protestantisme est la religion des nations qui constitue l’avant-garde du monde quant à la liberté, les connaissances, le progrès et le pouvoir.

Un symbole des États-Unis.--Si donc le protestantisme est la religion que nous devons chercher, à quelle nation représentative de cette religion s’applique la prophétie? Il y a des nations protestantes notables en Europe; mais, pour des raisons que nous verrons après, le symbole ne peut pas leur être appliqué. Une soigneuse investigation nous a amené à la conclusion qu’il s’applique à l’Amérique protestante, c’est-à-dire aux États-Unis d’Amérique. Nous allons analyser soigneusement la raison d’une telle application et les évidences qui l’appuient.

Avons-nous des motifs de croire que les États-Unis seraient mentionnés dans la prophétie? Comment les autres nations trouvèrent-elles une place dans le récit prophétique? Premièrement parce qu’elles jouèrent un rôle éminent dans l’histoire du monde, deuxièmement et surtout, parce qu’elles exercèrent une juridiction sur le peuple de Dieu ou elle eurent avec lui des relations importantes. Dans les annales bibliques et de l’histoire séculaire, nous trouvons des données desquelles nous pouvons déduire cette règle relative à la mention prophétique des gouvernements terrestres: Une nation entre dans la prophétie quand l’oeuvre et le destin du peuple de Dieu est définitivement lié à elle. Toutes ces conditions se réalisent dans le cas des États-Unis. La conviction que la naissance et le progrès de cette nation ont été tels que la Providence considéra comme approprié de les prédire dans la prophétie, a pénétré dans beaucoup d’esprits.

Le gouverneur Pownal, homme d’état anglais, prédit en 1780, tandis que la Révolution américaine se déroulait, que ce pays deviendrait indépendant; qu’une activité civilisatrice bien supérieure à celle que l’Europe ne pourrait jamais connaître l’animerait; et que sa puissance commerciale et navale parviendrait aux confins du globe. Il mentionne ensuite l’établissement probable de ce pays comme puissance libre et souveraine, et il l’appelle «une révolution qui a des indices plus étranges d’intervention divine, en substitution du cours commun des affaires humaines que n’importe quel événement que le monde ait expérimenté.»

George Alfred Townsend, parlant des disgrâces qui accompagnèrent les autres gouvernements de l’hémisphère occidental dit:

«L’histoire des États-Unis fut séparée par une Providence bienfaisante, de cette sauvage et cruelle histoire du reste du continent.»

Des considérations comme celles-ci tendent à éveiller dans chaque esprit la solide conviction que la nation qui nous intéresse a joué un rôle dans l’exécution des desseins providentiels de Dieu dans ce monde, et qu’elle doit être mentionnée dans une partie de la prophétie.

Chronologie de cette puissance.--A quelle époque de l’histoire de ce monde, la prophétie place-t-elle la naissance de cette puissance? La base des conclusions auxquelles nous devons arriver a été déjà placée dans les faits présentés au sujet de la bête semblable à un léopard. C’était au moment où cette bête fut emmenée en captivité, ou mise à mort par l’épée (verset 10), ou lorsqu’elle eut une de ses têtes blessée à mort (verset 3), que Jean vit la bête à deux cornes qui montait. Si la bête semblable à un léopard signifie la papauté, comme nous l’avons prouvé de façon concluante, et si sa captivité en exil s’accomplit lors du renversement temporaire de la papauté par les Français, en 1798, alors le moment de la naissance de cette puissance nous est clairement spécifié. Le verbe «monter» doit signifier que la puissance à laquelle il s’applique était organisée depuis peu, et elle était en train de prendre de l’importance et avait de l’influence.

Qui peut douter qu’elle était la nation qui en réalité «montait» en 1798? Il est certainement nécessaire d’admettre que les États-Unis sont l’unique puissance qui satisfait les caractéristiques de la prophétie du point de vue de la chronologie.

La lutte des colonies américaines pour l’indépendance débuta en 1775. En 1776, elles se déclarèrent nations libres et indépendantes. En 1777, elles se réunirent en Congrès et les articles de leur Confédération furent adoptés par leurs délégués des treize états d’origine: New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, New York, New Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie, Caroline du Nord et du Sud et Géorgie. En 1783, la guerre d’Indépendance prit fin par un traité de paix avec la Grande-Bretagne, qui reconnut l’indépendance des États-Unis et leur céda plus de deux millions de kilomètres carrés de territoire. En 1787, la Constitution fut instaurée; le 26 Juillet 1788, onze des treize états d’origine l’avaient ratifiée; et elle entra en vigueur le 1er Mars 1789. Les États-Unis commencèrent donc avec plus ou moins deux millions de kilomètres carrés de superficie et moins de quatre millions d’habitants. Nous arrivons ainsi en 1798, quand la nation fit son entrée dans la prophétie.

John Wesley, dans ses notes sur Apocalypse 13, écrites en 1754, dit au sujet de la bête à deux cornes:

«Elle n’est pas encore venue, bien qu’elle ne doive plus être loin. Parce qu’elle doit paraître à la fin des quarante-deux mois de la première bête.»

L’âge de cette puissance.--Il y a dans la prophétie de bonnes évidences que le gouvernement symbolisé par la bête à deux cornes se présente pendant la première partie de sa carrière; c’est-à-dire, alors qu’elle est encore une jeune puissance. Jean dit: «Je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau.» Pourquoi Jean ne dit-il pas tout simplement «elle avait deux cornes»? Pourquoi ajouta-t-il «semblables à celles d’un agneau»? Ce doit être dans le but de faire ressortir le caractère de cette bête et montrer que non seulement elle se conduit d’une façon innocente et inoffensive, mais aussi que c’est une jeune puissance; parce que les cornes d’un agneau sont des cornes qui commencent tout juste à croître.

Gardons à l’esprit qu’avec l’argument précédent relatif à la chronologie, notre regard est fixé sur l’année 1798, quand la puissance symbolisée était jeune. Quelle est la puissance remarquable qui allait prendre alors de l’importance, mais qui était jeune? Ce n’était pas l’Angleterre, ni la France, ni la Russie, ni aucune puissance européenne. Si nous cherchons une jeune puissance qui se lève à cette époque, nous devons diriger les yeux vers le Nouveau Monde. Mais aussitôt dirigés dans cette direction, ils se fixent inévitablement sur les États-Unis comme puissance en question. Aucune autre puissance située à l’ouest de l’Atlantique ne concorde avec la description.

La localisation de la bête à deux cornes.--Une seule déclaration de la prophétie suffit à nous amener à des conclusions importantes et correctes sur ce point. Jean l’appelle «l’autre bête». Ce n’est donc pas une partie de la première bête; et la puissance qu’elle symbolise ne fait pas partie non plus de ce que représente cette première bête. Ceci est fatal pour l’affirmation de ceux qui évitent d’appliquer ce symbole aux États-Unis en disant qu’elle signifie une phase de la papauté; parce que si c’était le cas, elle serait une partie de la bête précédente, celle semblable à un léopard.

Vu que c’est une autre «bête», qui «monte de la terre», elle doit se trouver dans un territoire qui n’a pas été couvert par d’autres symboles. Babylone et la Médo-Perse englobent toute la partie civilisée de l’Asie. La Grèce englobe l’Europe orientale, la Russie incluse. Rome, avec les dix royaumes dans lesquels elle s’est divisée, représentés par les dix orteils des pieds de la statue de Daniel 2, les dix cornes de la quatrième bête de Daniel 7, les dix cornes du dragon d’Apocalypse 12 et les dix cornes de la bête semblable à un léopard d’Apocalypse 13, englobe toute l’Europe occidentale. En d’autres termes, tout l’hémisphère oriental connu par l’histoire et la civilisation est englobé par les symboles prophétiques dont l’application ne laisse pas place au moindre doute.

Mais il y a dans l’hémisphère occidental une nation puissante, qui est, comme nous l’avons déjà vu, digne d’être mentionnée par la prophétie, mais qui n’a pas encore été présentée par elle. Il reste aussi un symbole qui n’a pas été appliqué. Tous l’ont été sauf un, et toutes les régions disponibles de l’hémisphère oriental sont englobées par les applications. De tous les symboles mentionnés, il en reste un: la bête à deux cornes d’Apocalypse 13. De tous les pays de la terre pour lesquels il y a un motif d’être mentionnés par la prophétie, il en reste seulement un: les États-Unis d’Amérique. Les États-Unis représentent-ils la bête à deux cornes? Si c’est le cas, tous les symboles trouvent leur application, et tout le territoire est englobé. Dans le cas contraire, les États-Unis ne sont pas représentés dans la prophétie, et le symbole de la bête à deux cornes ne trouve aucune nation à laquelle il puisse s’appliquer. Mais la première de ces suppositions n’est pas probable, et la seconde n’est pas possible.

Un autre facteur, qui nous aidera à localiser cette puissance, vient du fait que Jean la vit monter de la terre. Si la mer, de laquelle la bête semblable à un léopard s’est levée (Apocalypse 13:1), représente des peuples, des nations et des foules (Apocalypse 17:15), la terre suggère par contraste un territoire nouveau et pas occupé auparavant. Si nous excluons les continents de l’hémisphère oriental et si nous cherchons un territoire autrefois méconnu de la civilisation, notre attention se dirige nécessairement vers l’hémisphère occidental.

Comment elle naquit.--La façon dont la bête à deux cornes monte, avec sa localisation, son âge et sa chronologie, démontre qu’il s’agit d’un symbole des États-Unis. Jean vit que la bête «montait de la terre». Cette expression doit être utilisée à propos pour signaler le contraste entre la naissance de cette bête et celle des autres symboles prophétiques nationaux. Les quatre bêtes de Daniel 7 et la bête semblable à un léopard, d’Apocalypse 13, surgirent toutes de la mer. Généralement, les nouvelles nations se lèvent par le renversement des autres, et elles occupent leur place. Mais aucune autre nation n’est renversée pour faire place aux États-Unis, et il y avait déjà quinze ans qu’ils avaient obtenu leur indépendance quand ils entrèrent dans le champ de la prophétie. Le prophète vit seulement un tableau paisible.

Le mot utilisé dans le verset 11 pour décrire la manière dont cette bête monte est très significatif. C’est anabainon, dont l’une des principales définitions est: «croître ou germer comme une plante». C’est un fait notable que quelques écrivains politiques, sans se référer à la prophétie, ont utilisé cette même image pour mieux exprimer l’idée de la naissance des États-Unis. George Alfred Townsend dit:

«Dans ce réseau d’îles, les Antilles, la vie des deux Amériques [du Nord et du Sud] commença. Là, Christophe Colomb vit la terre; là, l’Espagne débuta son néfaste et brillant empire occidental: de là, partirent Cortés pour le Mexique, De Soto pour le Mississippi, Balboa pour le Pacifique et Pizarro pour le Pérou. L’histoire des États-Unis fut séparée par une Providence bienfaisante de cette histoire sauvage et cruelle du reste du continent, et comme une semence silencieuse, nous grandîmes jusqu’à devenir un empire; tandis que l’empire qui commençait au sud, se vit balayé par un ouragan si interminable que la partie de son histoire que nous pouvons vérifier est seulement celle illuminée par les rayons mêmes qui le dévastèrent. La croissance de l’Amérique anglaise peut être comparée à une série de chants lyriques interprétés par des chanteurs séparés qui, en s’alliant, forment à la fin un choeur puissant qui en attire beaucoup de loin, qui augmente et se prolonge jusqu’à ce qu’il assume la dignité et les proportions d’un chant épique.»

Dans la Nation, de Dublin, un écrivain parla des États-Unis comme d’un empire admirable qui était en train, qui «surgira» et «au milieu du silence de la terre, augmentera quotidiennement son pouvoir et sa fierté.»

Dans un discours sur les exilés anglais qui fondèrent ce gouvernement, Edward Everett dit:

«Cherchèrent-ils un lieu retiré, inoffensif par son obscurité, et sûr par son éloignement, où la petite église de Leyden puisse avoir la liberté de conscience? Voici les puissantes régions où, par une conquête pacifique--victoria sine clade [victoire sans lutte]--les étendards de la croix sont arrivés.»

Le lecteur veut-il maintenant comparer ces expressions: «elle montait de la terre», «au milieu du silence de la terre», «comme une semence silencieuse nous grandîmes jusqu’à devenir un empire», «les puissantes régions», assurées par «une conquête pacifique». La première est employée par le prophète quand il dit ce qui arriverait quand la bête à deux cornes se lèverait; les autres proviennent d’écrivains politiques qui expliquent ce qui arriva dans l’histoire des États-Unis d’Amérique du Nord. Quelqu’un peut-il ne pas voir que les trois dernières sont des synonymes exacts de la première, et qu’elles sont l’accomplissement absolu de la prédiction?

Une autre question apparaît naturellement: Les États-Unis, s’élevèrent-ils d’une façon qui remplit les caractéristiques de la prophétie? Peu avant que ne débute la Réforme, à l’époque de Martin Luther, il y a plus de quatre cents ans, cet hémisphère occidental fut découvert. La Réforme réveilla les nations qui étaient enchaînées dans les liens amers de la superstition et de l’oppression, et leur fit comprendre une grande vérité, à savoir, que le ciel donne à tous les hommes le droit d’adorer Dieu en accord avec les dictées de leur propre conscience. Mais les gouverneurs ne voulaient pas perdre leur pouvoir, et l’intolérance religieuse continua à opprimer les gens. En de telles circonstances, un groupe de héros religieux résolut de chercher dans les terres vierges de l’Amérique la mesure de liberté civile et religieuse qu’ils désiraient tant. Pour accomplir leur noble but, cent de ces exilés volontaires débarquèrent du «Mayflower» sur la côte de la Nouvelle Angleterre, le 21 Décembre 1620. «Là,--dit Martyn--naquit la Nouvelle Angleterre,» et son «premier cri de nouveau-né fut une prière et une action de grâce au Seigneur.»

Un autre colonie anglaise permanente s’était établie à Jamestown, en Virginie, en 1607. Avec le passage du temps, d’autres colonies s’établirent et s’organisèrent, qui restèrent toutes assujetties à la couronne anglaise jusqu’à la déclaration de leur indépendance, le 4 Juillet 1776.

La population de ces colonies atteignit en 1701, 262 000 âmes; en 1749, 1 046 000; en 1775, 2 803 000. Alors, la lutte pour l’indépendance éclata, l’établissement d’un gouvernement constitutionnel uni, et la proclamation au monde que tous pouvaient trouver ici un asile contre l’oppression et l’intolérance. Les immigrants accoururent du Vieux Monde par milliers, et la population et la prospérité de la nouvelle nation augmentèrent par des moyens pacifiques. De grands territoires furent achetés ou acquis par traités pour que tous ceux qui venaient, puissent s’installer. Maintenant, en sautant plus de 150 ans, pour arriver au second quart du XXe siècle, les territoires des États-Unis se sont étendus jusqu’à occuper plus de huit millions de kilomètres carrés, et sa population s’est élevée à 140 000 000 habitants.

Le développement des États-Unis dans sa prospérité matérielle et ses connaissances étonne le monde, et appuie certainement notre application de la prophétie.

Le caractère de son gouvernement symbolisé.--Dans cette division du thème, nous trouvons des évidences supplémentaires que le symbole représente les États-Unis. En décrivant ce pouvoir, Jean dit qu’il «avait deux cornessemblables à celles d’un agneau». Les cornes de l’agneau indiquent sa jeunesse, son innocence et sa douceur. En tant que nouvelle puissance récemment née, les États-Unis répondent admirablement au symbole quant à son âge, tandis qu’on ne trouve aucune autre puissance qui le fasse. Si on considère les cornes comme un indice de pouvoir et de caractère, on peut décider qu’elles sont en relation avec le gouvernement qui nous occupe si on peut déterminer quel est le secret de sa force et ce que révèle son caractère ou ce qu’il professe ouvertement. J. A. Bingham nous donne une clé de tout le sujet en disant que le but de ceux qui, au début, partirent à la recherche des plages d’Amérique du Nord était de fonder «ce que le monde n’avait pas vu depuis des siècles, à savoir, une église sans pape et un état sans roi.» Ou en d’autres mots, un gouvernement dans lequel le pouvoir ecclésiastique serait séparé du civil, un gouvernement caractérisé par la liberté civile et religieuse.

Des arguments ne sont pas nécessaire pour démontrer que c’est précisément ce que professe le gouvernement américain. La section 4 de l’article IV de la Constitution des États-Unis dit en partie: «Aucun examen religieux ne sera réclamé comme qualification nécessaire à n’importe quelle charge ou responsabilité publique aux États-Unis.» Le premier amendement de la Constitution commence ainsi: «Le Congrès ne fera aucune loi sur l’établissement de la religion ou interdisant le libre exercice de celle-ci.» Ces articles offrent la plus grande garantie de liberté civile et religieuse, une séparation complète et perpétuelle de l’état et de l’église. Quels meilleurs symboles pouvait-on nous donner d’eux que les «deux cornes semblables à celles d’un agneau»? Dans quel autre pays peut-on trouver un tel état de choses capable de représenter si parfaitement cette présentation du symbole d’Apocalypse 13?

Républicain dans sa forme.--La bête à deux cornes n’a pas de couronne sur ses cornes, car elle a symbolisé une nation dotée d’un gouvernement de forme républicaine. La couronne est le symbole d’un gouvernement de forme monarchique ou dictatoriale, et dans ce cas, l’absence de couronne suggère un gouvernement dont le pouvoir ne réside pas dans un gouvernement unique, mais se trouve aux mains du peuple.

Mais ceci n’est pas la preuve la plus convainquante que la nation symbolisée ici est républicaine dans sa façon de gouverner. Le verset 14 nous indique qu’un appel est fait au peuple quand il s’agit d’exécuter une action nationale: «disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête.» Tel est réellement le cas des États-Unis. La Constitution sur laquelle ils sont basés garantit «une forme républicaine de gouvernement», comme nous l’avons déjà démontré. Ceci constitue un autre échelon de la chaîne des évidences que ce symbole s’applique aux États-Unis d’Amérique. Il n’existe aucun autre gouvernement auquel appliquer raisonnablement ce symbole.

Une nation protestante.--La bête à deux cornes symbolise une nation qui ne peut pas appartenir à la religion catholique. La papauté est fondamentalement une union de l’église et de l’État. La Constitution des États-Unis d’Amérique (Article VI) déclare que «aucun examen religieux ne sera réclamé comme qualification nécessaire à n’importe quelle charge ou responsabilité publique», et par là, elle établit une séparation perpétuelle de l’église et de l’État. La liberté civile et religieuse est un principe fondamental du protestantisme. Les fondateurs du grand pays qui est devenu les États-Unis, pour avoir vécu en des temps qui leur permirent d’être les témoins des résultats de l’union de l’église et de l’État, se montrèrent jaloux des libertés qu’ils réclamaient comme les droits de tous, et ils dénonçaient prestement tout ce qui pouvait ressembler à une union entre l’église et l’État. Aussi, du point de vue religieux, les États-Unis sont une nation protestante et ils satisfont les caractéristiques de la prophétie là-dessus. La prophétie nous oriente à nouveau vers cette nation. Avant d’entrer dans la discussion d’un autre aspect de ce symbole prophétique, qu’il nous soit permis de repasser les points déjà établis:

- La puissance symbolisée par la bête à deux cornes doit être une nation distincte des puissances civiles et ecclésiastiques du Vieux Monde.

- Elle doit naître dans l’hémisphère occidental.

- Elle doit assumer l’éminence et l’influence vers l’année 1798.

- Elle doit naître d’une façon pacifique et silencieuse, et elle ne doit pas augmenter son pouvoir et son territoire par des guerres agressives et des conquêtes, comme le firent les autres nations.

- Son progrès doit être si évident qu’il étonne le spectateur, comme le ferait la croissance perceptible d’un animal sous ses yeux.

- Elle doit être républicaine dans sa forme de gouvernement

- Elle doit appartenir à la religion protestante.

- Elle doit présenter au monde, comme indice de son caractère et comme éléments de son gouvernement, deux grands principes qui sont en eux-mêmes parfaitement justes, innocents et semblables à un agneau.

- Elle doit accomplir son oeuvre après 1798.

Nous avons vu que toutes ces caractéristiques, qu’on peut affirmer concluantes, se trouvent jusqu’ici dans l’histoire des États-Unis; tandis qu’aucune autre nation ne les accomplit. Il est donc impossible d’appliquer le symbole d’Apocalypse 13: 11 à une autre nation que les États-Unis d’Amérique.

«Elle parlait comme un dragon».--Maintenant que nous avons identifié les États-Unis d’Amérique comme la puissance symbolisée par la bête à deux cornes, nous pouvons suivre, sans crainte ni préjugé, le cours que cette nation suit en accord avec ce qui est clairement tracé dans la prophétie elle-même. En le faisant, nous voyons une fois de plus que le dragon, ou premier symbole présenté dans la chaîne prophétique que nous étudions, poursuivait implacablement l’Église de Dieu. La bête semblable à un léopard qui lui faisait suite, était elle aussi une puissance persécutrice, car elle ôta la vie à des millions de chrétiens pendant les 1260 ans. Quand nous arrivons à la troisième bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, on dit qu’elle «parlait comme un dragon». Ceci veut dire qu’à un certain moment sa nature d’agneau change pour devenir celle d’un dragon, de telle façon qu’elle parle et agisse comme le dragon avant elle.

Permettez-moi de dire, en relation avec cela, qu’il nous est douloureux de voir qu’une nation née si pacifique, et consacrée à des principes de gouvernement si nobles, en vienne à assumer la nature des bêtes qui la précédèrent et, en le faisant, s’abaisse jusqu’à persécuter le peuple de Dieu. Mais il ne nous reste pas d’autre remède que de nous laisser guider dans notre étude par l’esquisse divinement inspirée que nous a donnée la prophétie. Vu que les États-Unis sont la puissance représentée par le symbole qui parle comme un dragon, on en déduit que des lois injustes et oppressives seront promulguées contre la foi religieuse et pratique de ses citoyens au point de mériter le nom de puissance persécutrice.

VERS. 12: «Elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie.»

Elle exercera un pouvoir persécuteur.--Non seulement cette nation parle comme un dragon, mais «elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa présence.» Si nous jetons un coup d’oeil rétrospectif, nous découvrirons que la première bête est celle semblable à un léopard, symbole de la papauté. La seule conclusion que nous pouvons tirer est qu’une nation dite protestante exercera le pouvoir persécuteur de la papauté, et deviendra donc, pseudo-protestante, c’est-à-dire le «faux-prophète» mentionné dans Apocalypse 19:20 et expliqué dans le prochain sujet.

Cette puissance exerce ce pouvoir en obligeant les gens qui se trouvent sous sa juridiction à «adorer la première bête», la papauté. Le mot grec pour «adorer» est très significatif. Il vient du verbe kuneo, «je baise», avec une préposition qui indique que le baiser est adressé à quelqu’un, dans ce cas à la papauté, ou sa tête nominale, le pape. On le traduit habituellement par «rendre hommage, se prosterner devant,» comme l’emploie la version de la Septante dans le décret de Nébucadnetsar envoyé à tous «peuples, nations et hommes de toutes langues» qui leur ordonna: «vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or qu’a élevée le roi Nébucadnetsar » dans la plaine de la Dura (Daniel 3:4, 5). Cette adoration doit signifier que les gens se soumettent à l’autorité et au décret des personnes à qui ils rendent hommage. Tel est le tableau présenté dans la prophétie de l’adoration rendue à la papauté par un peuple soi-disant protestant.

VERS. 13, 14: «13 Elle opérait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre à la vue des hommes. 14 Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait.»

Elle opérait de grands prodiges.--Dans cette partie de la prédiction qui présente l’oeuvre de la bête à deux cornes, nous lisons qu’elle «opérait de grand prodiges, même jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre à la vue des hommes.» Cette caractéristique est une preuve supplémentaire que les États-Unis sont la puissance représentée par la bête à deux cornes. Personne ne niera que nous vivons dans un siècle de merveilles. Que le lecteur se reporte à nos observations sur Daniel 12:4 concernant les exploits étonnants de notre époque et des illustrations des grands triomphes des connaissances scientifiques et inventives.

Mais la prophétie ne s’accomplit pas avec le grand progrès de la connaissance, des découvertes remarquables et des inventions modernes. Les signes auxquels se réfère le prophète sont évidemment réalisés dans le but de tromper les gens, car nous lisons au verset 14: «elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête.»

Nous devons déterminer maintenant par quels moyens les miracles en question sont réalisés, parce qu’Apocalypse 16:13, 14 se rapporte à «des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre.»

En prédisant les événements qui se produiront précisément avant sa venue, le Seigneur dit: «car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus.» (Matthieu 24:24). Dans ce passage, il est donc prédit des prodiges qui seront réalisés dans le but de tromper si puissamment que, si c’était possible, même les élus seraient séduits.

Ici (comme dans beaucoup d’autres endroits) on prédit que dans les derniers jours, une puissance accomplissant des prodiges se développerait, et qu’elle se manifesterait d’une façon surprenante et sans pareille pour propager le mensonge et l’erreur. Les «esprits de démons» sortiraient sur «toute la terre», mais la nation avec laquelle ceci est en relation d’une façon spéciale dans Apocalypse 13, est celle représentée par la bête à deux cornes, ou «faux-prophète». Nous devons donc conclure que la prophétie indique qu’une telle oeuvre sera réalisée aux États-Unis. Voyons-nous quelque chose de ce style aujourd’hui?

Dans toutes les classes de la société il existe la croyance bien répandue et l’enseignement selon lequel quand un être humain meurt et que son corps est déposé dans la tombe, un «esprit» ou «âme» immortelle se sépare de lui, pour aller dans le lieu où il recevra sa récompense ou son châtiment. Cette croyance le pousse à se poser la question: «Si les esprits désincarnés sont vivants, pourquoi ne pourrions-nous pas nous mettre en communication avec eux?» Ils sont des milliers à croire qu’ils peuvent le faire et qui le font, et ils sont nombreux ceux qui assurent recevoir des communications de leurs amis défunts.

Mais la Bible, dans les termes les plus explicites, nous assure que les morts sont complètements inactifs et inconscients jusqu’à la résurrection; que les morts ne savent rien (Écclésiaste 9:5); que leur esprit cesse toute activité (Psaume 146:4); que leurs sentiments ont péri (Écclésiaste 9:6); et qu’il n’y a aucune activité, pensée, connaissance ou sagesse dans le sépulcre où ils gisent (Écclésiaste 9:10). Aussi, n’importe quel être ou esprit qui vient à nous en professant être un de nos amis défunts, affirme une chose que la Parole de Dieu déclare impossible. Que nos amis ou parents morts ne reviennent pas vers nous est démontré dans 2 Samuel 12:23, où David dit au sujet de son fils mort: «Maintenant qu’il est mort. . . J’irai vers lui, mais il ne reviendra pas vers moi.» N’importe quel être ou esprit, qui vient ainsi vers nous, ne peut pas être un bon ange, parce que les anges de Dieu ne mentent pas. Les esprits de démons mentent, car c’est ce en quoi consiste leur tâche depuis que leur chef énonça en Éden le premier mensonge au sujet de la mort: «Vous ne mourrez pas» alors que le Seigneur avait dit clairement à Adam: «Vous mourrez» (Genèse 3:4; 2:17).

Où naquit le spiritisme.--Le spiritisme moderne répond aussi à la prophétie par le fait qu’il eut son origine aux États-Unis et ses prodiges sont en relation avec l’oeuvre de la bête à deux cornes. Il commença à Hydesville, dans l’état de New-York, dans la famille de John D. Fox, fin Mars 1848, et il se propagea avec une rapidité incroyable dans tous les pays du monde.

Ces supposées révélations occasionnèrent beaucoup d’agitation, et quelques personnes éminentes se mirent à étudier la «supercherie des coups», comme on appelait communément les phénomènes spirites. Depuis lors, le spiritisme a été, dans le monde moderne, une force qui est allée en augmentant constamment. Il est difficile de déterminer le nombre de ses adeptes, parce qu’un grand nombre de ceux qui croient et pratiquent ses enseignements déclarent n’appartenir à aucune dénomination; mais d’un autre côté, beaucoup de ceux qui continuent d’appartenir à différentes organisations religieuses tentent, cependant, de communiquer avec les morts. On a calculé qu’il y a 16 000 000 de spirites en Amérique du Nord; et dans le monde entier, si nous incluons les adhérents des religions païennes dans lesquelles le spiritisme joue un rôle très important, ils atteindraient sans doute un total de plusieurs centaines de millions.

Comme Sir Arthur Conan Doyle le remarqua, il y a quelques années:

«Les humbles manifestations de Hydesville ont mûri et ont produit des résultats qui ont attiré le groupe le plus sélect d’intellectuels de ce pays durant les dernières vingt années, et à mon avis, elles sont destinées à produire le plus grand développement de l’expérience humaine que le monde ait jamais vu.» «Si une telle opinion du christianisme fut généralement acceptée, et renforcée par la sécurité et la démonstration de la Nouvelle Révélation qui, selon ce que je crois, vient de l’au-delà, il semblait alors que cela pourrait aboutir à un credo qui pourrait unir les églises, être réconcilié avec la science, défier toutes les attaques et soutenir la foi chrétienne pour un temps indéfini.»

Les enseignements du spiritisme.--Mais les doctrines qu’enseignent les spirites contredisent vraiment la Parole de Dieu. Au sujet de leur attitude envers la Bible, notez le paragraphe suivant:

«Nous ne voulons pas cacher le simple fait qu’il y a des parties de la Bible qui ne s’amalgament pas avec notre enseignement, puisqu’il est, en réalité, le mélange de l’erreur humaine qui arrive par l’intermédiaire de l’esprit du médium choisi.» «Les livres dans leur condition actuelle ne sont, en aucune façon, l’oeuvre de l’auteur à qui ils sont attribués. Ils sont la compilation d’Esdras et de ses scribes, et ils ne font qu’incorporer les concepts et les légendes de l’époque. . . Nous mentionnons ceci pour éviter de suite le besoin de répondre à n’importe quel passage de ces livres qui peuvent être cités comme argument.»

Lisons maintenant ce que les spiritespensent de Christ et de son oeuvre d’expiation:

«Ils [les spirites] assurent aussi que Jésus-Christ n’a rien à voir avec la question de la vie et de la mort, et eux ne savent rien de la ‘médiation de notre Sauveur Jésus-Christ’.»

Les croyants au spiritisme, ne croient pas non plus à la seconde venue de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ:

«Jésus-Christ est en train d’organiser Ses plans pour venir chercher son peuple, pour révéler davantage de lumière et purifier les croyances erronées qui se sont accumulées dans le passé. J’ai entendu quelque chose là-dessus provenant d’autres sources. Est-ce cela le retour de Christ? C’est le retour spirituel. Il n’y aura pas de retour physique tel que l’homme l’a rêvé. Son retour vers son peuple, se fera par la voix de ses messagers parlant à ceux dont les oreilles sont ouvertes.»

Les phénomènes spirites.--Comme ces paroles sont significatives! Il y a plusieurs siècles, le voyant de Patmos déclara qu’une puissance faisant de grands prodiges se lèverait aux États-Unis, et voici que le spiritisme se présente en affirmant faire ces choses là.

Le spiritisme répond avec exactitude à la prophétie par la manifestation de grands signes et de prodiges. Parmi les diverses choses qu’il a accomplies, on peut noter les suivantes: Divers objets transportés d’un lieu à un autre par les esprits; de merveilleuses musiques produites sans l’intervention humaine, avec ou sans l’aide d’instruments visibles; de nombreux cas confirmés de guérison; des personnes transportées dans les airs par les esprits en présence de spectateurs; lévitation de tables qui restaient ensuite en l’air avec de nombreuses personnes dessus; des esprits qui se sont présentés sous forme corporelle et qui ont parlé de façon audible.

La puissance représentée dans cette prophétie doit «fairedescendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes.» Mais cette manifestation de son pouvoir, comme les autres, a pour but de «séduire leshabitants de la terre». Les miracles sont réalisés par les «esprits de démons» (Apocalypse 16:14). Et les avertissements de la Parole de Dieu contre ceux qui entament des relations avec les mauvais esprits sont nombreux. A l’époque de l’église primitive, de solennels avertissements furent donnés à l’Église de Dieu: «Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons.» (1 Timothée 4:1). Le conseil que Dieu donne à son peuple, en ces derniers jours, est: «Si l’on vous dit: Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs, répondez: un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants? A la loi et au témoignage! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple.» (Ésaïe 8:19, 20)

VERS. 15-17: «15 Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. 16 Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, 17 et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom».

Elle fait une image à la bête.--La réalisation de miracles est en étroite relation avec l’érection d’une image à la bête. Le prophète met ces deux choses en relationdans le verset 14: «Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait.» La tromperie réalisée par les miracles prépare le chemin pour que l’exigence qu’une image soit faite à la bête puisse s’accomplir.

Pour comprendre ce que constitue une image à la bête papale, nous devons d’abord avoir une idée définie de ce que constitue la papauté elle-même. Le plein développement de la bête, ou établissement de la suprématie papale, date de la fameuse lettre de Justinien, qui entra en vigueur en 538 et institua le pape comme tête de l’église et correcteur des hérésies. La papauté était une église investie du pouvoir civil, un corps ecclésiastique qui avait le pouvoir de châtier tous les dissidents par la confiscation de leurs biens, l’emprisonnement, la torture ou la mort. Que serait une image de la bête? Un autre établissement ecclésiastique investi du pouvoir civil; en d’autres termes, une union de l’église et de l’État. Comment une telle image pourrait-elle se former aux États-Unis? En permettant aux églises protestantes de se revêtir de pouvoir pour définir et châtier l’hérésie, imposer ses dogmes sous peine de châtiments imposés par la loi civile, et nous pourrons demander si nous n’aurions pas une reproduction exacte de ce que fut la papauté pendant sa suprématie.

Il est certain que nous l’aurons. Mais cette éventualité est-elle possible dans un pays dont les pierres angulaires sont la liberté civile et religieuse, et dont le droit de chacun à «la vie, la liberté, et la recherche du bonheur» a été reconnu sans discussion à travers les âges? Examinons maintenant les évidences.

Une nation fondée sur la liberté.--La main de Dieu accompagna les hommes nobles et religieux qui jetèrent les bases de la nouvelle nation. L’honorable Henry D. Estabrook, dit en parlant de l’Association des Avocats du Connecticut: «Dans ce grand continent, que Dieu avait maintenu caché dans un petit monde,--ici, avec un nouveau ciel et une nouvelle terre, où les vieilles choses étaient passées, des foules vinrent de toutes les nations, avec des besoins divers et des credos variés, mais unis par le coeur, l’âme et l’esprit dans un même but, et elles édifièrent un autel à la liberté, le premier qui fut jamais construit ou qui serait jamais construit, et elles l’appelèrent: la Constitution des États-Unis.»

C’était en 1787. Le prophète vit que vers 1798, la bête semblable à un agneau monterait de la terre. Il ne s’agissait donc pas d’une coïncidence. George Washington, le premier président des États-Unis, a dit dans son discours d’inauguration:

«Aucun peuple ne peut se sentir plus obligé que celui des États-Unis à reconnaître et à adorer la Main Invisible qui dirige les affaires des hommes. Chaque pas que nous avons fait en avant pour obtenir une nation indépendante semble avoir été honoré d’un signe de l’activité providentielle.»

Dans sa réponse à ce discours remarquable, le sénat déclara:

«Quand nous contemplons la coïncidence des circonstances et la merveilleuse combinaison des causes qui préparèrent graduellement le peuple de ce pays à l’indépendance; quand nous contemplons l’origine, le progrès et la fin de la guerre récente qui lui donna un nom parmi les nations de la terre; nous nous sentons, avec vous, inévitablement poussés à reconnaître et à adorer le grand Arbitre de l’univers, par qui les empires se lèvent et tombent.»

La lutte contre la tyrannie religieuse.--Ces hommes n’étaient pas seulement pieux, mais sages et prévoyants. Quand certains groupes religieux demandèrent que «la reconnaissance explicite du Dieu unique et véritable et de Jésus-Christ» soit inclus dans la Constitution, la demande fut rejetée. En écrivant au sujet de cet incident, Thomas Jefferson dit: «L’insertion fut rejetée par une grande majorité, comme preuve qu’ils avaient l’intention d’y inclure le manteau de leur protection au Juif et au Gentil, au Chrétien et au Musulman, à l’Hindou et à l’infidèle de n’importe quelle dénomination.»

Le 18 Février 1874, la Commission des Affaires Judiciaires de la Chambre donna cette information en réponse à une pétition similaire: «Comme ce pays, dont le gouvernement était alors en train de placer le fondement, devait être la patrie des opprimés de toutes les nations de la terre, qu’ils soient chrétiens ou païens, et comprenant bien les dangers que l’union entre l’église et l’état avait imposé à tant de nations du Vieux Monde, à une grande majorité [ils admirent] qu’il ne convenait pas d’inclure, dans la Constitution ou dans le cadre du gouvernement, quelque chose qui puisse être interprété comme se référant à un quelconque credo religieux ou doctrine.»

L’histoire atteste le fait que ces grands hommes qui jetèrent les pierres fondamentales, sur lesquelles s’érigèrent les États-Unis, regardèrent l’avenir avec une vision presque prophétique et ils distinguèrent les dangers que la liberté personnelle aurait à affronter un jour dans le pays. Leurs craintes furent bien exprimées par Thomas Jefferson: «L’esprit des temps peut s’altérer et il s’altérera. Nos gouvernements se corrompront et notre peuple deviendra négligent. Un seul fanatique peut commencer la persécution et des hommes meilleurs que lui être ses victimes. On ne répétera jamais assez que le moment d’établir tout droit essentiel sur une base légale, est lorsque nos gouverneurs sont honorés et que nous sommes unis. Après la fin de cette guerre, nous irons en déclinant. Ce ne sera pas alors le moment de recourir au peuple à chaque instant pour obtenir de l’appui. Aussi, on oubliera et on méprisera ses droits. Lui-même les oubliera, excepté l’unique faculté de gagner de l’argent, et jamais il ne pensera à s’unir pour obtenir le respect dû à ses droits. Aussi, les chaînes que nous ne faisons pas tomber à la fin de cette guerre, resteront très longtemps parmi nous, et elles deviendront toujours plus lourdes, jusqu’à ce que nos droits revivent ou meurent dans un bouleversement.»

Le 4 Juillet 1788, le juge James Wilson prononça un discours, dans lequel il signala comment les ennemis de la liberté étaient en train d’agir. Il dit: «Les ennemis de la liberté sont astucieux et insidieux. Une falsification lui vole [à la liberté] son vêtement, imite ses manières, copie sa signature, prend son nom. Mais le véritable nom de cette trompeuse est ‘licence’. Son effronterie est telle qu’elle accusera la liberté d’imposture; et avec une audace éhontée elle insistera pour se présenter comme étant la seule personne véridique, et qu’elle seule a droit au respect que sa personne mérite. Pour ceux qui sont étourdis et sans discernement, et qui se laissent impressionner plus profondément par l’impudence que par le mérite modeste, ses assertions ont très souvent du succès. Elle reçoit les honneurs de la liberté, et la liberté elle-même est traitée comme une traîtresse et une usurpatrice. Mais en général, cet imposteur audacieux ne joue qu’un rôle secondaire. Bien qu’elle seule apparaisse sur la scène, ses mouvements sont régis par l’ambition obscure, qui reste assise et cachée derrière le rideau, et elle sait que le despotisme, son autre favori, peut toujours suivre le succès de la licence. Contre ces ennemis de la liberté, qui agissent de concert, bien qu’ils paraissent appartenir à des bandes opposées, le patriote se maintiendra toujours en garde et vigilant."

Menacés par la domination ecclésiastique.--Remarquez que dans le panorama des événements à venir qui passèrent devant le prophète Jean, il fut témoin de ce changement étonnant dans la nature de la bête à deux cornes. En fin de compte, elle commença à parler «comme un dragon» et à contrôler le culte de son peuple, «disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête.»

La bête «qui avait la blessure de l’épée et qui vivait», c’est la papauté. C’était une église qui dominait le pouvoir civil. En d’autres termes, c’était une union de l’église et de l’État, et elle imposait ses dogmes religieux par l’intermédiaire du pouvoir civil, sous peine de confiscation des biens, emprisonnement et mort. Une image de la bête serait une autre organisation ecclésiastique investie du pouvoir civil, une autre union de l’église et de l’État pour imposer les dogmes religieux par des lois.

Nous trouvons des preuves qu'une telle image doit se former dans le fait que de grandes organisations protestantes influantes, dont le but est d'établir et d'imposer certaines normes religieuses par la loi, sont déjà en train d'agir et agiront avec persistance. En voici quelques-unes: National Reform Association (Association pour la Réforme nationale), International Reform Bureau (Bureau pour la Réforme Nationale), Lord's Day Alliance (Alliance pour le Jour du Seigneur), Federal Council of the Churches of Christ in America (Concile Fédéral des Églises de Christ en Amérique). De plus, les sociétés catholiques des États-Unis, en accord avec leur tradition séculaire, tendent au même but. Finalement, ces deux forces sont destinées à se donner la main dans un effort commun.

La National Reform Association confesse que son objectif est «d'obtenir un amendement de la Constitution des États-Unis . . . qui montre que c’est une nation chrétienne, et de placer toutes les lois, les institutions et les usages chrétiens de notre gouvernement sur une base incontestablement légale dans la loi fondamentale du pays.»

Au sujet de la question de faire des États-Unis une «nation chrétienne», l’évêque Earl Cranston, docteur en théologie de l’église méthodiste épiscopale, fit les observations suivantes dans un discours prononcé à Washington, le 13 Mars 1910:

«Supposons que cette nation soit déclarée chrétienne par une interprétation constitutionnelle. Quelle en serait sa signification? Laquelle des deux définitions opposées du christianisme serait la plus indiquée pour le mot «chrétienne»? L’idée protestante bien sûr; parce que sous notre système les majorités gouvernent, et la majorité des Américains des États-Unis sont protestants. Très bien. Mais supposons que par l’addition de certains territoires américains contigus, avec 12 millions ou plus de catholiques, l’annexion de quelques îles en plus, avec 6 autres millions de catholiques, et la même proportion d’immigrants que maintenant, les catholiques deviennent la majorité dans quelques années; qui peut alors douter un seul instant que le pape régnant assumerait le contrôle de la législation et du gouvernement? Il dirait, en toute confiance et logique: ‘C’est une nation chrétienne. C’est ce qu’elle déclarait depuis le début et c’est aussi ce qu’elle déclare, depuis plusieurs années. Une majorité définit alors ce qu’était le christianisme et ce qu’il doit être’. Cette ‘majorité’ serait le pape.»

Cette association, organisée pour réaliser une soi-disant «Réforme Nationale», n’a pas de scrupules à s’unir avec le pape pour atteindre son objectif d’établir une religion nationale. Elle déclare: «Cordialement, joyeusement, nous reconnaissons le fait que dans les républiques sud-américaines, en France et dans d’autres pays européens, les catholiques romains sont les défenseurs reconnus du christianisme national, et ils s’opposent à toutes les propositions tendant à les séculariser. . . Toutes les fois qu’ils sont disposés à coopérer pour résister au progrès de l’athéisme politique, nous leurs donnerons la main avec joie. Lors d’une conférence mondiale pour la promotion du christianisme national, qui devait se célébrer sous peu, beaucoup de pays pouvaient être représentés seulement par des catholiques romains.»

Prendrons-nous note maintenant de l’objectif que les autres organisations confessent avoir?

Dans une History of the International Reform Bureau, la société dit d’elle-même: «Le Bureau pour la Réforme est le premier groupe politique chrétien établi dans notre capitale nationale pour parler au gouvernement en faveur de toutes les dénominations.»

Dans les pages 61 et 65 de l’ouvrage déjà cité on déclare que l’obtention de lois qui rendent obligatoire l’observation du dimanche est un des principaux objectifs de cette organisation et d’autres similaires.

En parlant devant la Commission Judiciaire du Sénat des États-Unis contre le projet de la Cour Suprême, le professeur Théodore Graebner, de Concordia College, Saint-Louis, fit cette observation intéressante:

«Il y a maintenant plus de cinquante ans, la National Reform Association tenta . . . de convertir toute l’éducation publique au christianisme et avec elle faire de Jésus-Christ le roi de la nation. . . Le mouvement subsiste encore aujourd’hui, et il est en train de donner le jour à une énorme quantité de publications dans le but d’obtenir l’adoption d’un amendement chrétien.»

L’objectif réel de cette organisation est d’imposer la religion aux gens par une promulgation légale, obtenir une loi dominicale et réglementer le christianisme de la population.

Un feuillet publié par l’organisation Lord’s Day Alliance, des États-Unis, nous expose son objectif:

«1) Préserver le jour du Seigneur [Dimanche] pour l’Amérique; 2) Obtenir une alliance active dans chaque état où il n’y en a toujours pas d’organisée; 3) inciter le gouvernement Fédéral, autant qu’il est possible, à donner l’exemple dans l’observation du sabbat.»

Ceci signifie obtenir, autant qu’il est possible, des lois d’État et nationales qui imposent l’observation du dimanche, le même moyen par lequel l’église obtint le contrôle de l’État et par lequel, ensemble, ils s’unirent pendant le IV et V siècles de l’ère chrétienne.

Le Concile Fédéral des Églises de Christ en Amérique, qui est pour beaucoup l’union la plus puissante et représentative des églises protestantes de la nation, affirma donc représenter, à ses débuts, 18 organisations et 50 000 000 de membres. En exposant les raisons de son existence, elle déclara:

«Que les grandes organisations chrétiennes de notre pays doivent être unies . . . [en traitant] des questions comme celles qui se réfèrent au mariage, au divorce, la profanation du jour du repos, les maux sociaux,» etc.

En définissant comment elle se proposait d’agir, quant à la profanation du «sabbat», le Concile déclara:

«Qu’il résiste énergiquement à toutes les violations des revendications et de la sainteté du jour du Seigneur, au moyen de la presse, des associations et de l’alliance pour le jour du Seigneur, et par une telle législation on peut obtenir la protection et la conservation de ce rempart de notre christianisme américain.»

On voit ainsi que l’obtention de lois pour imposer l’observation du dimanche est un trait saillant de toutes ces organisations dans leurs efforts pour «christianiser» la nation. En participant à ces efforts, beaucoup ne voient pas qu’ils sont en train de rejeter les principes du christianisme, du protestantisme et du gouvernement des États-Unis, et qu’ils se placent directement sous la main du pouvoir qui créa le «sabbat» du dimancheet obtint le contrôle du pouvoir civil au moyen de la législation dominicale: la papauté.

Ce danger fut clairement discerné par les législateurs des États-Unis il y a plus d’un siècle. En 1830, certaines réclamations pour interdire le transport du courrier et l’ouverture des postes le dimanche, furent soumises à la Commission du Courrier, nommée par le Congrès. Cette commission donna un rapport défavorable à la pétition des mémorialistes. Ce rapport fut adopté et imprimé sur l’ordre du Sénat des États-Unis, et la Commission fut relevée de toute considération ultérieure sur le sujet. Au sujet de la Constitution, il disait:

«La Commission chercha en vain dans cet instrument une délégation de pouvoir autorisant ce corps à s’informer et à déterminer quelle partie du temps devait être mise à part. . . ou s’il y en avait une mise à part par le Très-Haut pour les exercices religieux.

«La Constitution considère la conscience du Juif aussi sacrée que celle du chrétien; et elle ne donne pas plus d’autorité pour adopter une mesure qui affecte la conscience d’une seule personne que toute une communauté. Le représentant qui voudrait violer ce principe perdrait son caractère de délégué et la confiance de ses constituants. Si le Congrès déclarait le premier jour de la semaine saint, il ne convaincrait pas le Juif ou le sabbatiste. Il les laissera tous deux insatisfaits, et en conséquence, il ne les convertirait pas non plus. . . Si, par un acte solennel législatif il détermine un point de la loi de Dieu, ou s’il indique au citoyen un devoir religieux, on peut avec la même correction procéder à la définition de chaque partie de la révélation divine; et imposer toute obligation religieuse, même les formes et les cérémonies de culte, la dotation de l’église et le soutien du clergé.

Ceux qui élaborèrent la Constitution reconnaissaient le principe éternel que la relation de l’homme avec son Dieu est au-dessus de la législation humaine, et que les droits de leur conscience sont inaliénables.»

Ils tentent d’établir la justice par la loi.--Il est bien triste que les dirigeants religieux de notre époque ne soient déjà plus aussi sensibles aux dangers qui se cachent dans leur programme pour rendre les gens meilleurs par la promulgation légale des dogmes religieux.

Nous ne méprisons pas les nobles services que les églises protestantes ont rendus à l’humanité et au monde avec l’introduction et la défense des grands principes du protestantisme, la propagation de l’Évangile et la défense de la cause de la liberté.

Que personne ne croie que nous voulons jeter des ombres sur le caractère des hommes engagés dans cette entreprise que nous considérons. Ce sont des hommes de haute qualité morale, qui tentent sincèrement d’arrêter et d’éliminer les maux qui assaillent la société. Personne ne peut douter que leurs efforts donneront, de bien des façons, de bons fruits. Nous leur souhaitons tout le succès possible dans leur oeuvre pour la promotion de la tempérance, l’élimination de la guerre, la sauvegarde de la jeunesse et autres nobles buts. Tous les croyants doivent prier et travailler en faveur de ces choses.

Pourquoi ces bonnes personnes se laissent-elles alors dévier au point de faire quelque chose contre laquelle la Bible prononce une solennelle admonestation? La raison en est qu’ils se sont détournés du conseil que Dieu donne dans sa Parole, et ils sont en train d’essayer d’établir à leur manière la justice et le royaume de Dieu sur la terre. Ils ont méprisé les parties prophétiques de la Bible, par lesquelles nous pouvons connaître à quelle étape du conflit entre le royaume de Satan et celui de Christ cette époque est arrivée, et comment coopérer avec la providence de Dieu, aux temps où nous vivons. Ils ont coupé leur relation avec leur Chef divin et les moyens qu’Il utilise aujourd’hui pour faire progresser Son royaume sur la terre. Ils ont une conception erronée du royaume à venir, et ils attendent un royaume mêlé d’éléments terrestres, qui doit s’établir par des moyens terrestres, tels que le vote, la législation et l’éducation.

Dans de telles circonstances il n’est pas surprenant qu’ils travaillent d’une manière qui contrarie la providence de Dieu. C’est une erreur fatale qui est commise que celle de ne pas vouloir se laisser guider par les instructions de la Parole de Dieu. Plus le zèle d’une église est grand quand elle s’est égarée et suit une conduite erronée, plus le dommage causé sera grand.

L’apôtre Paul parle d’un temps où les hommes auront «l’apparence de la piété, mais» ils renieront «ce qui en fait la force».

Nous regrettons beaucoup de voir les églises protestantes actives dans l’accomplissement de cette partie de la prophétie. Bien qu’il leur manque la puissance de Dieu, elles conservent les formes extérieures du culte chrétien. Ayant perdu la puissance de Dieu, elles ont recours chaque fois un peu plus à l’État pour suppléer à leurs manques. Toute l’histoire atteste que c’est précisément dans la proportion où une quelconque organisation ecclésiastique populaire et importante perd l’Esprit et la puissance de Dieu, qu’elle sollicite l’appui du bras civil et la religion en arrive à être finalement une partie de l’État. Il en sera ainsi avec la formation de l’image de la bête, car la prophétie déclare: «Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués» (Apocalypse 13: 5).

Si une organisation ecclésiastique se forme, et le gouvernement la légalise et lui donne le pouvoir d’imposer aux gens les dogmes que les différentes dénominations peuvent adopter comme base d’union, qu’obtenons-nous? Exactement ce que la prophétie présente: une image de la bête papale dotée de vie par la bête à deux cornes, pour qu’elle parle et agisse avec puissance.

La marque de la bête--La bête à deux cornes impose à ses sujets la marque de la première bête. Trois agents ont été introduits dans la prophétie, et nous devons les distinguer soigneusement pour éviter toute confusion.

La bête papale est la puissance qui est désignée comme la «bête», la «première bête», «la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait», et «la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie». Ces expressions se réfèrent à la même puissance, et quel que soit le moment où elles se présentent dans cette prophétie, elles se réfèrent exclusivement à la papauté.

La bête à deux cornes est la puissance présentée dans Apocalypse 13: 11 et, dans le reste de la prophétie, elle est représentée par le pronom «elle», jusqu’au verset 17 (avec la possible exception du verset 16 où l’expression «elle fît» peut se référer à l’image de la bête).

L’image de la bête est habituellement appelée dans les chapitres suivants de l’Apocalypse, «l’image»; ainsi, le danger de confondre cet agent avec un autre est nul. L’action attribuée à l’image consiste à parler comme un dragon et à imposer l’adoration d’elle-même sous peine de mort. C’est la seule promulgation que la prophétie annonce comme imposée sous peine de mort.

La marque de la bête est imposée directement ou par l’intermédiaire de l’image, par la bête à deux cornes. La peine qu’elle applique au refus de recevoir cette marque est la perte de tous les privilèges sociaux, la privation du droit d’acheter et de vendre. La marque est celle de la bête papale. Le message du troisième ange d’Apocalypse 14: 9 à 12 est un avertissement très solennel et saisissant contre cette adoration de la bête et de son image, et la réception de sa marque.

Selon cette prophétie, c’est donc la crise que nous devrons très bientôt affronter. Certaines organisations humaines, dominées et dirigées par l’esprit du dragon, vont ordonner aux hommes de faire certaines choses qui sont en réalité l’adoration d’une puissance religieuse apostate et la réception de sa marque. S’ils refusent de le faire, ils perdront leurs droits de citoyens, et ils deviendront les parias de la terre. Ils doivent faire quelque chose qui est un culte à l’image de la bête, ou perdre la vie. D’un autre côté, Dieu envoie un message un peu avant que son peuple affronte cette terrible crise, comme nous le verrons dans les observations sur Apocalypse 14: 9 à 12, pour déclarer que tous ceux qui font l’une de ces choses, «il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère.» Celui qui refuse d’accomplir les exigences des puissances terrestres s’expose aux sanctions les plus sévères que les hommes puissent infliger. Celui qui les accomplit s’expose aux menaces les plus terribles de la colère divine qui se trouvent dans la Parole de Dieu. Les habitants du monde, de cette époque, sous la plus grande pression des deux côtés qui ne s’est jamais fait sentir à n’importe quelle génération, devront décider s’ils obéiront aux hommes ou à Dieu.

L’adoration de la bête et de son image et la réception de sa marque doivent être quelque chose qui implique la plus grande offense qui puisse être commise envers Dieu, pour mériter une dénonciation si sévère. C’est une oeuvre qui, comme nous l’avons déjà démontrée, est accomplie dans les derniers jours. Puisque Dieu nous a donné dans sa Parole des évidences très abondantes, que nous vivons dans les derniers jours, que personne n’a besoin d’être surpris par le jour du Seigneur comme par un voleur, il nous a aussi donné les évidences par lesquelles nous pouvons déterminer ce que signifie recevoir la marque de la bête, afin que nous puissions éviter le terrible châtiment qui suivra certainement sa réception. Dieu ne joue pas avec les espoirs et les destins des hommes pour prononcer une condamnation épouvantable contre certains péchés et ensuite nous laisser sans la possibilité de savoir ce qu’est ce péché et comment nous en préserver.

Aussi, nous attirons maintenant votre attention sur une question importante: qu’est-ce que la marque de la bête? L’image d’une marque provient d’une ancienne coutume. Thomas Newton dit:

«Dans l’antiquité, c’était la coutume que les serviteurs reçoivent la marque de leur maître, et les soldats celle de leur général; et les adorateurs d’une divinité particulière, celle de leur divinité. Ces marques s’imprimaient généralement sur la main droite ou sur le front, et elles consistaient en quelques hiéroglyphes, ou dans le nom exprimé en lettres communes, ou déguisé par les lettres numériques, selon la fantaisie de celui qui imposait la marque.»

Prideaux dit que Ptolémée Philopatôr ordonna que tous les Juifs qui sollicitaient leur immatriculation comme citoyens d’Alexandrie se fassent imprimer avec du fer ardent, sous peine de mort, les tracés d’une feuille de lierre (insigne de son dieu, Bacchus).

Le mot grec utilisé dans cette prophétie traduit par marque est charagma, qui signifie: «une sculpture, une gravure, une marque entaillée ou poinçonnée, tamponnée.» Il est présent neuf fois dans le Nouveau Testament, et à l’exception d’Actes 17: 29, il se réfère chaque fois à la marque de la bête. Nous ne devons donc pas en déduire qu’il s’agit d’une marque littérale, mais que l’imposition d’une marque littérale, comme elle se pratiquait dans l’antiquité, est utilisée ici, comme une figure pour illustrer certains actes qui seront exécutés en accomplissement de la prophétie. De cette marque littérale qui était utilisée dans l’antiquité, nous apprenons quelque chose sur la signification qu’elle a dans la prophétie, parce qu’il doit y avoir une certaine ressemblance entre le symbole et la chose symbolisée. Dans son emploi littéral, la marque signifiait que la personne qui la recevait était la servante de celui dont elle portait la marque, elle reconnaissait son autorité et lui promettait fidélité. Ainsi aussi, la marque de la bête ou du pape, doit être quelque chose qui se fait ou qui se professe par laquelle on reconnaît l’autorité de ce pouvoir. Qu’est-ce que c’est?

Caractéristiques du pouvoir papal.--Il est plus naturel de le chercher dans une des caractéristiques du pouvoir papal. En décrivant ce pouvoir sous le symbole d’une petite corne, Daniel dit de lui qu’il fait la guerre à Dieu en opprimant les saints du Très-Haut et en espérant changer les temps et la loi. Le prophète spécifia expressément ce point: «il espérera changer les temps et la loi de Dieu» (Daniel 7: 25). Ceci se réfère certainement à la loi du Très-Haut. Appliquer cette expression à une loi humaine et faire que la prophétie dise: «il prononcera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les saints du Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi» serait évidemment faire violence au langage du prophète. Mais l’appliquer à la loi de Dieu, de façon qu’il dise: «il prononcera des parole contre le Très-Haut, il opprimera les saints du Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi» est quelque chose de logique et conséquent. Au mot «loi», l’hébreu a «dath» et la Septante met «nomos», et cette forme singulière suggère directement la loi de Dieu. La papauté a été capable de faire plus que simplement «penser» changer les lois humaines. Elle les a changées à sa guise. Elle a annulé des décrets royaux et impériaux, et elle a absout les sujets de leur serment de fidélité à leurs souverains légitimes. Elle a mis son «bras long» dans les affaires des nations, et elle a amené des princes à se prosterner à ses pieds dans la plus abjecte humilité. Mais le prophète contemple des actes de présomption encore plus grands. Il la voit s’efforcer de faire ce qu’elle ne pouvait accomplir, ni même penser faire. Il la voit tenter un acte qu’aucun homme ou groupe d’hommes ne peut réaliser; à savoir, changer la loi du Très-Haut. Souvenons-nous de cela tandis que nous examinons le témoignage d’un autre auteur sacré au sujet du même thème.

L’apôtre Paul parle du même pouvoir dans 2 Thessaloniciens 2. Il le décrit, sous la personne du pape, comme «l’homme de péché», qui s’exalte «au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu», c’est-à-dire l’église. Et c’est ainsi que le pape s’exalte, comme celui auquel toute l’église doit regarder comme représentant l’autorité à la place de Dieu.

Nous demandons au lecteur de peser soigneusement la question de voir comment il peut s’exalter au-dessus de Dieu. Parcourons toute l’échelle des procédés humains, allons aux extrêmes de l’effort humain, et voyons au moyen de quel plan, quelle action, quelle assertion, cet usurpateur pourrait s’exalter au-dessus de Dieu. Il pourrait instituer toutes les cérémonies qu’il voudrait, prescrire n’importe quelle forme de culte, montrer tout le pouvoir qu’il voudrait, tant qu’il y aura des commandements de Dieu que les gens se sentiront obligés de prendre en considération plutôt que les siens, il ne sera pas au-dessus de Dieu. Il pourrait promulguer une loi et enseigner aux gens à avoir d’aussi grandes obligations envers elle qu’envers la loi de Dieu; et même ainsi, il ne serait qu’égal à Dieu.

Mais il devait faire plus que cela; il allait tenter de se placer au-dessus de Dieu. Pour cela, il allait promulguer une loi qui serait en conflit avec la loi de Dieu. Pour lui, la façon la plus efficace de se placer dans la position que la prophétie lui assigne, consiste à changer la loi de Dieu. En réussissant à faire que les gens adoptent le changement au lieu de la promulgation originelle, alors celui qui changea la loi, serait au-dessus de Dieu, le Législateur. Telle est l’oeuvre que la puissance représentée par la petite corne ferait, selon ce que dit Daniel.

Telle est l’oeuvre que la papauté allait accomplir selon la prophétie, qui ne peut se tromper. Mais quand cette oeuvre se fera, qu’auront les habitants du monde? Ils auront deux lois qui exigent l’obéissance. L’une est la loi de Dieu, telle qu’Il la promulgua à son origine, l’incarnation de sa volonté et l’expression de ce qu’Il réclame de ses créatures; l’autre est une édition révisée de cette loi, qui émane du pape de Rome et qui exprime sa volonté. Comment les gens doivent-ils déterminer celle de ces deux puissances qu’ils vont adorer et honorer? S’ils gardent la loi de Dieu telle qu’Il la donna, c’est à Lui qu’ils obéissent et qu’ils adorent. S’ils observent la loi telle que la papauté l’a changée, ils adorent cette puissance.

De plus, la prophétie ne dit pas que la petite corne, la papauté, mettrait de côté la loi de Dieu et en donnerait une totalement différente. Ceci ne serait pas changer la loi, mais en donner une nouvelle. Elle allait seulement tenter un changement, pour que la loi provenant de Dieu et la loi donnée par la papauté soient précisément les même excepté la partie changée par le pape. Les deux lois ont beaucoup de points en commun. Mais aucun des préceptes qu’elles ont en commun ne peut distinguer une personne comme adoratrice d’une puissance plutôt qu’une autre. Si la loi de Dieu dit: «Tu ne tueras point», et que la loi donnée par la papauté dise la même chose, personne ne peut dire par l’observation de ce précepte, si une personne obéit à Dieu plutôt qu’au pape, ou au pape plutôt qu’à Dieu. Mais quand un précepte a été changé, c’est le sujet de l’action, alors quiconque observe ce précepte tel qu’il fut donné à l’origine par Dieu, se distingue par lui comme adorateur de Dieu; et la personne qui observe celui qui a été changé est marquée comme étant un adepte de la puissance qui fit le changement. Il n’y a pas d’autre façon de distinguer les deux classes d’adorateurs.

Aucun esprit sincère ne peut être en désaccord avec cette conclusion, mais elle donne une réponse générale à la question: «Qu’est-ce que la marque de la bête?» La réponse est simplement celle-ci: La marque de la bête est le changement que la bête tente de faire dans la loi de Dieu.

Le changement de la loi de Dieu.--Demandons-nous maintenant en quoi consiste ce changement. Par la loi de Dieu, nous comprenons la loi morale, la seule loi de l’univers, dont l’obligation est immuable et perpétuelle. Dans sa définition du mot «loi» en accord avec le sens universel que lui donne la chrétienté, Webster dit: «La loi morale est sommairement contenue dans le Décalogue, écrie par le doigt de Dieu sur deux tables de pierre, et remise à Moïse sur le Mont Sinaï.»

Dans notre commentaire sur Daniel 7:25, sur la prédiction que la papauté pensera «changer les temps et la loi», nous présentons les preuves du Catéchisme Romain basé sur l’autorité indiscutable du Concile de Trente et publié par l’ordre du pape Pie V dans la presse du Vatican, à Rome, pour démontrer que l’église avait changé le jour de repos, du septième jour de la semaine au premier. Bien que ce catéchisme publie entièrement le quatrième commandement tel qu’on peut le lire dans la Bible, et bien qu’il soit complètement conservé dans la Bible catholique officielle en latin, la Vulgate, et dans les versions officielles dans d’autres langues, les livres de catéchisme utilisés pour l’enseignement moderne omettent tout le commandement et à sa place ils donnent l’ordre de «sanctifier les fêtes». En Français, ils disent «les dimanches tu garderas en servant Dieu dévotement», tandis qu’en anglais ils citent habituellement la première phrase du commandement divin: «Souviens-toi du jour du repos», et ensuite ils ajoutent un long témoignage au sujet du changement du jour de repos du Sabbat au dimanche effectué «par l’autorité de l’église catholique et la tradition apostolique». Tout ce qui peut être dit sur le texte du Catéchisme du Concile de Trente et de la Bible catholique romaine qui conservent tout le commandement tel qu’il se trouve dans les Écritures, est que quoi qu’il en soit, ceci ne supprime pas la pratique des prélats et des prêtres qui est d’enseigner seulement l’institution d’un Sabbat, mais le place au premier jour de la semaine au lieu du septième, par autorité de l’église.

Rappelez-vous qu’en accord avec la prophétie, la papauté allait penser changer les temps et la loi. Ceci implique clairement l’idée d’une intention et d’un dessein, et fait que ces critères soient essentiels pour le changement en question. Mais concernant l’omission du second commandement, les catholiques expliquent qu’il est inclus dans le premier, et donc il ne doit pas être compté comme un commandement séparé. Au sujet du dixième, ils soutiennent qu’il y a une distinction si claire des idées qu’il nécessite deux commandements; de façon qu’ils font de l’interdiction de convoiter l’épouse du prochain le neuvième commandement, et le dixième avec l’interdiction de convoiter les biens du prochain.

Ils affirment qu’ils donnent les commandements exactement comme Dieu voulut qu’ils soient compris; de façon que, bien que nous considérions ces actes comme erronés dans leur interprétation des commandements, nous ne pouvons pas les considérer comme des changements intentionnels. Mais ce n’est pas le cas avec le quatrième commandement. A son sujet, ils n’affirment pas que leur version soit égale à celle que Dieu donna. Ils affirment expressément qu’il y a un changement et qu’il a été fait par l’église. Plus loin, nous illustrons la façon dont il est écrit dans les catéchismes ultérieurs à celui de Trente et dotés de l’imprimatur ecclésiastique.

Certains des catéchismes les plus simples ne mentionnent aucun changement du jour de repos, mais ils déclarent catégoriquement que le commandement du Sabbat ordonne qu’on observe le dimanche:

«Question: Dites le troisième commandement.

«Réponse: Souviens-toi de garder le Saint Sabbat.

«Q.: Qu’ordonne le troisième commandement?

«R.: De sanctifier le dimanche.»

D’autres disent que l’église changea le jour du culte. Dans un «Nouveau catéchisme de doctrine et pratique chrétienne», nous trouvons ce qui suit, en relation avec le troisième commandement:

«Quel est le jour du Sabbat?

«Le septième jour, notre Samedi.

«Gardez-vous le Sabbat?

«Non; nous gardons le jour du Seigneur.

«Quel est-il?

«Le premier jour: le dimanche.

«Qui le changea?

«L’Église catholique.»

Dans le très connu Catéchisme de Baltimore, nous trouvons cette explication:

«Question: Quel est le troisième commandement?

«Réponse: Le troisième commandement est: Souviens-toi que tu dois sanctifier le jour du Sabbat.

«Q.: Que nous ordonne le troisième commandement?

«R.: Le troisième commandement nous ordonne de sanctifier le jour du Seigneur. . .

«Q.: Le Sabbat et le dimanche sont-ils les mêmes?

«R.: Le Sabbat et le dimanche ne sont pas les mêmes. Le Sabbat est le septième jour de la semaine, et c’est le jour qui était sanctifié sous l’ancienne loi; le dimanche est le premier jour de la semaine, et c’est le jour qui est sanctifié sous la nouvelle loi.

«Q.: Pourquoi l’église nous ordonne-t-elle de sanctifier le dimanche au lieu du Sabbat?

«R.: L’église nous ordonne de sanctifier le dimanche au lieu du Sabbat parce que Christ ressuscita des morts le dimanche, et c’est un dimanche qu’il envoya le Saint-Esprit sur les disciples.»

Dans un autre ouvrage d’enseignement religieux catholique: The Catholic Christian Instructed, nous lisons:

«Question: Quelle justification avons-nous pour garder le dimanche plutôt que l’ancien Sabbat, qui était le Samedi?

«Réponse: Nous avons l’autorité de l’église catholique et la tradition apostolique.

«Q.: Les Écritures enseignent-elles quelque part qu’on doit observer le dimanche comme Sabbat?

«R.: Les Écritures nous ordonnent d’écouter l’église (Matthieu 18: 17; Luc 10: 16), et de garder les traditions des apôtres (2 Thessaloniciens 2: 15), mais les Écritures ne mentionnent par ce changement du Sabbat en particulier.»

Dans un Doctrinal Catechism, (Catéchisme Doctrinal) nous trouvons un témoignage additionnel sur ce thème:

«Question: Avez-vous une autre manière de prouver que l’église a le pouvoir d’instituer des fêteset des jours saints ?

«Réponse: Si elle n’avait pas un tel pouvoir, elle ne pourrait pas avoir fait ce qui concorde avec tous les auteurs religieux modernes: elle n’aurait pas pu substituer l’observation du dimanche, premier jour de la semaine, à la place du celle du Sabbat, le septième jour, changement qui n’est pas autorisé par les Écritures.»

Dans An Abridgment of the Christian Doctrine (Un abrégé de la doctrine chrétienne), nous trouvons le témoignage suivant:

«Question: Quelle preuve apportez-vous que l’église a le pouvoir d’ordonner des fêtes et des jours saints?

«Réponse: Par l’acte même d’avoir changé le Sabbat au dimanche, que les protestants reconnaissent; et ils se contredisent donc en gardant strictement le dimanche, tandis qu’ils violent la majorité des autres fêtes prescrites par la même église.

«Q.: Comment le prouvez-vous?

«R.: Parce qu’en observant le dimanche ils reconnaissent le pouvoir qu’a l’Église d’ordonner des fêtes, et de commander qu’elles soient observées sous peine de péché.»

Dans The catechism Simply Explained, (Le catéchisme expliqué simplement), se trouvent les questions et les réponses suivantes:

«Question: Quel est le troisième commandement?

«Réponse: Le troisième commandement est: Souviens-toi de sanctifier le jour de Sabbat.

«Q.: Que nous ordonne le troisième commandement?

«R.: Le troisième commandement nous ordonne de sanctifier le dimanche. Le jour du Sabbat des Juifs était le Samedi; nous, les chrétiens, nous sanctifions le dimanche. L’Église changea l’observation du Sabbat par celle du dimanche, par le pouvoir que notre Seigneur lui donna.»

C’est ce que la puissance papale affirme avoir fait concernant le quatrième commandement. Les catholiques reconnaissent clairement qu’il n’y a pas d’autorisation biblique au changement qu’ils firent, mais qu’il est basé uniquement sur l’autorité de l’Église. Ils réclament comme preuve ou marque d’autorité de leur Église «l’acte même d’avoir changé le Sabbat au dimanche», et ils le présentent comme une preuve de son pouvoir à cet égard.

«Mais, dira quelqu’un, je croyais que Christ avait changé le jour de repos.» Ils sont nombreux ceux qui le supposent, parce que c’est ce qu’on leur a enseigné. Nous voulons simplement leur rappeler, qu’en accord avec la prophétie, l’unique changement qui devait se faire dans la loi de Dieu devait être accompli par la petite corne de Daniel 7, l’homme de péché de 2 Thessaloniciens 2; et que le seul changement qui a été fait en elle est le changement du Sabbat. Maintenant, si Christ fit un tel changement, il joua le rôle de la puissance blasphématrice mentionnée par Daniel et Paul; et c’est une conclusion inacceptable pour n’importe quel chrétien.

Pourquoi certains tentent-ils de prouver que Christ changea le Sabbat? Qui que ce soit qui le tente entreprend une tâche ingrate. Le pape ne l’en remerciera pas; parce que si l’on prouve que Christ fit le changement, le pape est privé de sa marque d’autorité et de puissance. Aucun protestant réellement éclairé ne lui sera reconnaissant, parce que s’il réussit, il ne ferait que démontrer que la papauté n’a pas fait l’oeuvre prédite qu’elle ferait, que la prophétie a échoué et qu’on ne peut pas avoir confiance dans les Écritures. Il vaut mieux laisser le sujet tel que le présente la prophétie, et reconnaître la véracité de l’affirmation faite par le pape.

Quand une personne est accusée d’avoir fait quelque chose, et que cette personne confesse d’elle-même ce qu’elle a fait, ceci suffit généralement pour décider de son cas. Aussi, quand la prophétie affirme qu’une certaine puissance se lève, fait l’oeuvre prédite, pour affirmer ensuite avec audace qu’elle l’a accomplie, quel besoin y a-t-il de trouver des évidencessupplémentaires ? Le monde ne doit pas oublier que la grande apostasie prédite par Paul s’est produite; que l’homme de péché exerça durant de longs siècles un monopole presque total sur l’enseignement chrétien dans le monde; que le mystère d’iniquité a recouvert presque toute la chrétienté des ténèbres de son ombre et des erreurs de ses doctrines; et que la théologie de notre époque est issue de cette ère d’erreurs, de ténèbres et de corruption. Il n’est donc pas étonnant de trouver encore quelques reliques du papisme à rejeter avant que la réforme soit complète! Alexander Campbell, fondateur de l’église des Disciples de Christ, dit en parlant des différentes sectes protestantes:

«Toutes conservent dans leur sein, dans leurs organisations ecclésiastiques, leur culte, leurs doctrines et leurs rites, plusieurs reliques du papisme. Dans la plupart des cas, ce sont des réformes du papisme, et des réformes partielles. Les doctrines et les traditions des hommes entravent toujours la puissance et le progrès de l’Évangile entre leurs mains.»

La nature du changement que la petite corne tente d’effectuer dans la loi de Dieu mérite d’être considérée. Fidèle à son dessein de s’exalter au-dessus de Dieu, elle voulut changer le commandement qui, parmi tous les autres, est le commandement fondamental de la loi, celui qui fait connaître le Législateur et qui contient sa signature en tant que Roi. Le quatrième commandement est tout cela tandis qu’aucun autre ne l’est. Il est vrai que quatre autres commandements contiennent le mot Dieu, et trois d’entre eux ont aussi le mot Jéhova. Mais qui est le Dieu Jéhova dont ils parlent? Il est impossible de le dire sans le quatrième commandement, parce que les idolâtres de toute catégorie appliquent les termes Dieu et Seigneur aux multiples objets de leur adoration. Mais avec le quatrième commandement, qui nomme l’Auteur du Décalogue, on annule d’un trait de plume toutes les revendications de tous les faux dieux. Le Dieu qui réclame ici notre adoration n’est pas un être créé, mais celui qui créa toutes choses. Le Créateur de la terre, de la mer, du soleil et de la lune, et toutes les armées des étoiles; le Défenseur et le Gouverneur de l’univers, est celui qui exige, comme il en a le droit de par sa position, notre suprême considération en préférence à n’importe quel autre objet. Le commandement qui fait connaître ces faits est donc celui que ce pouvoir qui se propose de s’exalter lui-même au-dessus de Dieu, aurait logiquement essayé de changer. Dieu nous donna le Sabbat afin que chaque semaine nous nous souvenions de Lui, et en tant qu’institution commémorative de l’oeuvre qu’Il fit en créant les cieux et la terre, il soit une puissante barrière contre le paganisme et l’idolâtrie. Il est la signature et le sceau de la loi. Par son enseignement et sa pratique, la papauté l’a ôté de sa place et lui a substitué une autre institution que l’Église présente comme un signe de son autorité.

La décision entre le Sabbat et le dimanche.--Ce changement du quatrième commandement doit donc être le changement signalé par la prophétie; et le sabbat dominical doit être la marque de la bête. Il se peut qu’en se trouvant face à cette conclusion certains de ceux qui ont été enseignés depuis longtemps à considérer cette institution avec révérence, reculeront presque horrifiés. L’espace ne nous permet pas ici, et ce n’est pas non plus le moment, de rentrer dans une longue discussion sur la question du Sabbat, ou d’exposer l’origine et la nature de l’observation du premier jour de la semaine. Mais qu’il nous soit permis de présenter seulement cette proposition: Si le septième jour continue d’être le Sabbat ordonné par le quatrième commandement, si l’observation du premier jour de la semaine n’a aucun fondement dans les Écritures, si cette observation a été introduite comme institution chrétienne et intentionnellement placée à la place du Sabbat du Décalogue par la puissance symbolisée par la bête qui le mit là comme signe et témoignage de son pouvoir de légiférer pour l’église, le changement du Sabbat au dimanche n’est-il pas inévitablement la marque de la bête? La réponse doit être affirmative. Les hypothèses que nous venons d’énoncer sont toutes des certitudes.

Qui reçoit la marque de la bête?--On pourra aussidire: Alors tous les observateurs du dimanche portent la marque de la bête; donc, toutes les bonnes personnes des siècles passés qui gardèrent ce jour reçurent la marque de la bête; Luther, Whitefield, les Wesley, et tous ceux qui accomplirent une grande et noble oeuvre de réforme portèrent la marque de la bête; alors toutes les bénédictions qui furent déversées sur les églises réformées furent versées sur des personnes portant la marque de la bête; et tous les croyants de notre époque qui observent le dimanche comme étant le Sabbat, portent la marque de la bête. Nous répondons: il n’en est pas ainsi. Nous regrettons de devoir dire que certains de ceux qui professent enseigner la religion, bien qu’ils furent repris plusieurs fois, persistèrent à nous calomnier sur ce point. Nous n’avons jamais soutenu une telle opinion, et nous ne l’avons pas enseignée. Nos propositions initiales ne conduisent pas à une telle conclusion.

Nous vous prions de nous prêter une grande attention. La marque et l’adoration de la bête sont imposées par la bête à deux cornes. La réception de la marque de la bête est un acte spécifique que doit faire exécuter la bête à deux cornes. Le message du troisième ange d’Apocalypse 14 est un avertissement envoyé miséricordieusement par anticipation afin de préparer les gens au danger qui approche. Il ne peut donc pas y avoir d’adoration de la bête ou une réception de sa marque, comme les annonce la prophétie, tant qu’elles ne seront pas imposées par la bête à deux cornes et acceptées individuellement en connaissance de cause. Nous avons vu que l’intention était essentielle au changement que la papauté fit dans la loi de Dieu, pour effectuer cette modification dans la marque de cette puissance; ainsi, l’intention est aussi nécessaire dans l’adoption du changement par les individus pour qu’elle constitue la réception de cette marque. En d’autres termes, une personne doit adopter le changement en sachant qu’il est l’oeuvre de la bête et le recevoir par l’autorité de ce pouvoir en opposition au commandement de Dieu, avant de pouvoir dire qu’elle a reçu la marque de la bête.

Mais que dirons-nous des personnes mentionnées plus haut qui gardèrent le dimanche dans le passé, et de la majorité de ceux qui le gardent aujourd’hui? L’observent-ils en tant qu’institution de la papauté? Non. Ont-ils fait leur choix entre ce jour de repos et celui de notre Seigneur, en comprenant ce qu’exigeait chacun des deux pouvoirs? Non. Sur quelle base le gardèrent-ils et le gardent-ils encore? Savaient-ils et savent-ils qu’ils étaient et qu’ils sont en train d’observer un commandement de Dieu? Ont-ils la marque de la bête? D’aucune façon. Leur conduite peut être attribuée à une erreur reçue inconsciemment de l’Église de Rome, pas comme un acte d’adoration intentionnel.

Mais qu’en sera-t-il dans le futur? L’église qui doit se préparer pour la seconde venue de Christ doit être entièrement libre des erreurs et des corruptions papales. Une réforme doit être faite sur la question du Sabbat. Le troisième ange d’Apocalypse 14 proclame les commandements de Dieu, et conduit les hommes au vrai jour de repos au lieu du faux. Le dragon est en colère et contrôle les gouvernements impies de la terre de telle façon qu’il les induit à exercer toute l’autorité du pouvoir humain pour faire accomplir les exigences de l’homme de péché. Alors le problème est honnêtement exposé devant les gens. La loi de Dieu exige que l’on garde le vrai Sabbat; la loi de l’église catholique, de l’église pseudo-protestante et du pays exige qu’on observe un sabbat contrefait. Ceux qui refusent d’observer le vrai jour sont menacés de la colère de Dieu sans mélange; ceux qui rejettent le faux jour sont menacés de persécution et de mort par les gouvernements terrestres. Face à un tel dilemme, que fait celui qui cède aux exigences humaines? Il dit virtuellement à Dieu: Je connais tes exigences, mais je ne les accomplirai pas. Je sais que le pouvoir qui m’ordonne d’adorer n’est pas chrétien, mais je cède pour sauver ma vie. Je renonce à t’être fidèle, je m’incline devant l’usurpateur. Dorénavant, la bête est l’objet de mon adoration; sous sa bannière, en opposition à ton autorité, je m’aligne dès maintenant; par défi à tes commandements, je lui accorde désormais l’obéissance de mon coeur et ma vie.

Tel est l’esprit qui fera agir ceux qui adorent la bête, un esprit qui insulte en face le Dieu de l’univers, et qui, uniquement par manque de pouvoir, se voit empêché de renverser son gouvernement et réduire à néant son trône. Sera-t-il étrange que Jéhova prononce la menace la plus terrible que contienne sa Parole contre une conduite si provocante pour le ciel?

L’oeuvre finale--Nous avons vu ce qui constituera de façon appropriée une image à la bête, comme celle que la bête à deux cornes doit faire, et nous avons aussi vérifié que la possibilité existe qu’une telle image se lève aux États-Unis d’Amérique. Nous avons aussi vu ce qui constitue la marque de la bête qui doit être imposée à tous. Une organisation ecclésiastique composée de différentes sectes du pays, en coalition avec le catholicisme romain, par la promulgation et l’imposition d’une loi civile pour l’observation du sabbat dominical, accomplira ce que la prophétie présente en référence à l’image et à la marque de la bête. Ces mouvements, ou leur équivalent exact, sont ce que la prophétie requiert pour être accomplie. La chaîne de preuves qui conduit à ces conclusions est si directe et précise qu’il est impossible de les éluder. Elles sont la conséquence claire et logique des prémices qu’elles nous donnent.

Quand pour la première fois Apocalypse 13: 11 à 13 fut appliqué aux États-Unis, dès 1850, ces opinions au sujet d’une union des églises et un mouvement en faveur des lois dominicales furent adoptées. A cette époque, il n’y avait aucun indice qu’un tel problème apparaîtrait. Les États-Unis avaient donné d’abondantes preuves par leur situation, l’époque et la manière dont ils naquirent, et leur caractère apparent, qu’ils étaient la puissance symbolisée par la bête à deux cornes. Il ne pouvait pas y avoir d’erreur dans la conclusion qu’ils étaient la nation désignée par le symbole. Mais il y avait là des prédictions qui indiquaient une union de l’Église et de l’État, et une imposition du jour du repos papal comme marque de la bête. Ce n’était pas alors un petit acte de foi d’assumer l’opinion que les États-Unis suivraient une telle conduite alors qu’il n’existait aucune probabilité apparente qu’ils le feraient.

Les fondateurs de la République américaine, en élaborant ses lois organiques, ne voulaient pas qu’il se produise un jour des difficultés pour des motifs de conscience. La Constitution fédérale et la majorité des constitutions des états contiennent des clauses qui garantissent la liberté religieuse la plus totale. Mais le développement du mouvement en faveur des lois dominicales démontra amplement, dès 1850, que la prophétie peut s’accomplir malgré les sauvegardes que les pères fondateurs de la nation élevèrent contre l’intolérance.

La prophétie ne spécifie pas exactement comment la tyrannie sur les âmes et les corps des hommes doit se développer. Elle peut venir d’un homme ou d’un groupe d’hommes, politiques, religieux ou d’un autre caractère. Mais elle domine tout: petits et grands. Elle gouverne les finances, puisque les riches et les pauvres sentent sa poigne. Elle régit l’économie, car personne ne peut acheter ou vendre sans sa permission et sa marque. Elle impose la religion, puisqu’elle oblige tout le monde, sous peine de mort, à adorer en accord avec ses lois.

Il est naturellement répugnant à un esprit américain de penser que la persécution religieuse puisse souiller l’histoire d’une nation fondée sur la liberté pour tous. Mais, depuis sa fondation, ces hommes d’État les plus prévoyants reconnurent que la tendance à imposer les dogmes religieux par la loi est trop commune parmi l’humanité, et propice à provoquer la persécution active dans les endroits les plus inattendus.

Il faut dire à l’honneur de la nation, qu’à travers son histoire elle a eu de nobles réactions qui maintinrent en échec cette tendance, dont les fondateurs envisagèrent la possible manifestation. Mais aucun Américain ne peut fermer les yeux sur le fait que parallèlement à ces nobles efforts, des tentatives de certains dirigeants religieux zélés mais malavisés, ont existé pour imposer par la force des comportements religieux.

La prophétie prédit qu’une période de persécution viendra. La bête à deux cornes obligera tout le monde à recevoir une marque, et fera tuer tous ceux qui ne voudront pas adorer l’image; c’est-à-dire que sa volonté, ses desseins et ses efforts vont dans ce sens. Elle fera cette promulgation, elle fera passer cette loi. Mais ceci ne veut pas dire que tous seront mis à mort, nous ne croyons même pas qu’ils seront nombreux. Dieu interviendra en faveur de son peuple. Ceux qui garderont la parole de la persévérance en Christ, seront gardés à l’heure de la tentation (Apocalypse 3: 10). Aucun malheur n’atteindra ceux qui feront de Dieu leur refuge (Psaume 91: 9, 10). Tous ceux qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés (Daniel 12: 1). En tant que vainqueurs de la bête et de son image, ils seront rachetés d’entre les hommes, et ils chanteront un cantique de triomphe devant le trône de Dieu (Apocalypse 14: 2 à 4).

VERS. 18: «C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nom est six cent soixante-six.»

Le nombre de son nom.--Le nombre de la bête, dit la prophétie, «est un nombre d’homme». S’il doit dériver d’un nom ou titre, il est naturel de conclure qu’il est un nom ou titre d’un homme particulier ou représentatif. L’expression la plus plausible qui nous a été suggérée comme contenant le nombre de la bête est un des titres appliqué au pape de Rome. Ce titre est: Vicarius Filii Dei, «Vicaire du Fils de Dieu». Il vaut la peine de noter que la Version Catholique de la Bible en anglais, la Douay, contient le commentaire suivant sur Apocalypse 13: 18:

«Les lettres numérales de son nom formeront ce numéro.» En prenant les lettres de ce titre qui sont utilisées comme chiffres romains, nous avons V=5, I=1, C=100, U (autrefois la même lettre que le V)=5, I=1, L=50, I=1, I=1, D=500, I=1. En additionnant tous ces nombres nous obtenons 666.

Certains ont affirmé que la valeur numérale du titre des papes devait se calculer en accord avec la valeur que les Grecs donnaient aux lettres, puisque Jean écrivit en grec, mais comme le titre apparaît en latin, langue officielle de l’église de Rome et de la Bible qu’elle adopta, la Vulgate, un tel procédé détruirait la valeur numérale de ce titre dans sa propre langue. Il semble raisonnable qu’un titre latin exhibe ses valeurs numérales latines plutôt que les valeurs que les lettres ont en grec.

Quant à la pratique de représenter les noms par des numéros, nous lisons: «C’était une méthode pratiquée parmi les anciens, que celle de noter les noms par des numéros.»

«La coutume de représenter les numéros par des lettres de l’alphabet fut à l’origine, parmi les anciens, de la pratique de représenter les noms par des numéros. Les exemples de cette sorte abondent parmi les écrits des païens, des Juifs et des chrétiens.»

«C’était une méthode pratiquée parmi les anciens, que celle de désigner les noms par des numéros. Par exemple, le nom de Tot, ou le Mercure des Égyptiens, était indiqué par numéro 1218. . . Ce fut la méthode usuelle dans toutes les dispensations de Dieu, que le Saint-Esprit accommode ses expressions aux coutumes, aux modes et aux manières à travers les âges. Aussi, comme cet art et mystère des numéros était si commun parmi les anciens, il n’est pas tellement étonnant que la bête aussi ait un numéro, le 666.»

Ce titre, Vicarius Filii Dei, ou une autre forme équivalente, est apparu si fréquemment dans la littérature catholique romaine et ses rites à travers les siècles, qu’il n’est presque pas nécessaire d’ajouter une autre preuve de sa validité et de son importance. Quelques-unes des variantes sont: Vicaire de Christ, Vicaire de Jésus-Christ, Vicaire de Dieu. Une citation du cardinal Manning illustre ces diverses formes du même titre:

«Maintenant, ils disent aussi: ‘Voyez cette Église Catholique, cette Église de Dieu, faible et rejetée par les nations mêmes qui se disent catholiques. Là, se trouvent la France catholique, l’Allemagne catholique et l’Italie catholique qui renoncent à leur adhésion simulée au pouvoir temporel du Vicaire de Jésus-Christ’. Et ainsi, parce que l’église semble faible, et que le Vicaire du Fils de Dieu est en train de revivre la passion de son Maître sur la terre, nous nous scandalisons et nous détournons de lui nos visages.» (C’est nous qui soulignons).

Et dans d’autres parties du même livre, diverses autres variations de ce titre sont employées.

Au sujet de l’importance de la position occupée par le pape en accord avec le titre que nous considérons ou ses équivalences, nous citerons J. A. Wylie, dans son commentaire de l’Apologie d’Ennodius écrite en défense du pape Symmaque:

«Nous trouvons que le concile [de Rome, en 502 ou 503] convoqué par Théodoric s’opposa à l’investigation sur les accusations présentées contre le pape Symmaque, pour les raisons présentées par son défenseur Ennodius, à savoir, ‘que le pape, en tant que Vicaire de Dieu, était le juge de tous, et ne pouvait être lui-même jugé par personne.’ ‘Dans cette apologie--observe Mosheim--le lecteur percevra que les fondements de cet énorme pouvoir que les papes de Rome acquerraient plus tard, avaient déjà été placés.’»

Pendant les dernières années, la validité du titre a été discutée, mais les évidences historiques demeurent que ce titre que s’arrogea la papauté servit à soutenir l’autorité des papes tandis qu’ils établissaient leur grande suprématie temporelle pendant l’apogée du romanisme, dans les temps médiévaux, et pour conserver leur autorité spirituelle jusqu’à aujourd’hui.

Ce titre particulier de Vicarius Filii Dei apparaît déjà en 752-774 dans un document historiquement connu comme «la Donation de Constantin». Bien que plus tard on prouva que ce document avait été écrit par une autre personne et signé du nom de Constantin pour lui donner le poids de son autorité,--une coutume commune pendant le Moyen Age-, cette soi-disant Donation de Constantin fut utilisée, comme authentique, par au moins neuf papes durant sept siècles ou plus pour établir la suprématie spirituelle et temporelle des évêques de Rome.

Le titre même fut simplement une invention pour désigner la charge de Pierre comme premier pape en harmonie avec la prétention bien connue de l’église catholique romaine, que les paroles de Jésus enregistrées dans Matthieu 16: 18, 19 conféraient à Pierre le premier évêché de l’église,--argument que les protestants n’ont jamais accepté-, et que cet évêché se transmit à ses successeurs sue le siège papal, tel que cela est déclaré dans la Donation de Constantin et que l’église le soutient jusqu’à aujourd’hui.

Le document qui utilise le titre fut confirmé par un concile de l’église, dit Binius, haut dignitaire catholique romain de Cologne, cité par Labbé et Cossart. Il fut incorporé dans la loi canonique catholique romaine par Gratien, et quand cette dernière oeuvre fut révisée et publiée, avec l’approbation du pape Grégoire XIII, le titre fut conservé. Quand Lucio Ferraris écrivit son oeuvre théologique élaborée, vers 1755, il donna sous le mot «pape» le titre de Vicarius Filii Dei, et cita comme autorité la loi canonique révisée. A nouveau, quand l’oeuvre de Ferraris fut révisée, amplifiée et publiée à Rome en 1890, le titre et le document furent conservés.

Au sujet de l’oeuvre théologique de Ferraris, que nous venons de citer, la Catholic Encyclopedia dit qu’elle «sera toujours une précieuse mine d’information».

Nous citerons ici le latin de la Donation de Constantin, confirmé par un concile de l’Église, incorporé dans la loi canonique romaine et cité par Ferraris:

«Ut si#ut Beatus Petrus in terris Vicarius Filii Dei fuit constitutus, ita et Pontifices eius succesores in terris principatus potestatum amplius, quam terrenae imperialis mostrae serenitatis mansuetudo habere videtur.»

Christopher Coleman traduit ce paragraphe de la loi canonique de Gratien, comme suit:

«Comme le béni Pierre semble avoir été constitué Vicaire du Fils de Dieu sur la terre, ainsi aussi les pontifes qui sont les représentants de ce prince même des apôtres, doivent obtenir de nous et de notre empire le pouvoir d’une suprématie plus grande que la clémence de notre sérénité impériale terrestre.»

Une traduction plus libre faite par Edwin Lee Johnson, professeur de latin et de grec à l’université de Vanderbilt, dit:

«Précisément comme le bienheureux Pierre fut nommé sur la terre Vicaire du Fils de Dieu, ainsi aussi il semble que les pontifes ses successeurs, ont sur la terre le pouvoir du gouvernement principal aussi bien que son Excellence, son Impériale et Sereine Altesse sur la terre.»

Ainsi se termine le chapitre 13 d’Apocalypse, laissant le peuple de Dieu face aux puissances meurtrières de la terre déployées contre lui, et aux décrets de mort et à l’ostracisme de la société parce qu’ils observent les commandements de Dieu. Au temps spécifié, le spiritisme accomplira des prodiges plus étonnants, séduisant le monde entier, sauf les élus (Matthieu 24: 24; 2 Thessaloniciens 2: 8-12). Ce sera l’heure de la tentation, ou épreuve, qui vient, comme le dernier test, sur le monde, pour éprouver tous les habitants de la terre, selon ce que mentionne Apocalypse 3: 10.

Quel est l’enjeu du conflit? Cette question importante ne peut pas rester sans réponse. Les cinq premiers versets du chapitre suivant complètent la chaîne de cette prophétie, et révèlent le triomphe glorieux des champions de la vérité.

Chapitre XIV. - Le Dernier Avertissement de Dieu a un Monde Impie

VERS. 1-5: «1 Je regardai, et voici, l’Agneau se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur leurs fronts. 2 Et j’entendis du ciel une voix, comme un bruit de grosses eaux, comme le bruit d’un grand tonnerre; et la voix que j’entendis était comme celle de joueurs de harpes jouant de leurs harpes. 3 Et ils chantent un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre êtres vivants et les vieillards. Et personne ne pouvait apprendre le cantique, si ce n’est les cent quarante-quatre mille, qui avaient été rachetés de la terre. 4 Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges; ils suivent l’Agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d’entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l’Agneau; 5 et dans leur bouche il ne s’est point trouvé de mensonge, car ils sont irrépréhensibles.»

Une caractéristique admirable de la parole prophétique est que nous n’y voyons jamais le peuple de Dieu abandonné à une situation désespérée par ses épreuves et ses difficultés. Après lui avoir montré des scènes futures de danger, la voix de la prophétie ne le laisse pas là, à deviner quel sera son sort, ni douter, ni même désespérer du résultat final. Elle le conduit jusqu’à la fin, et lui révèle le triomphe des fidèles.

Les premiers cinq versets d’Apocalypse 14 en sont un exemple. Le chapitre 13 se termine en nous présentant le peuple de Dieu comme une petite compagnie, apparemment faible et sans défense, dans un conflit mortel avec les plus grandes puissances de la terre que le dragon ait pu mobiliser à son service. Avec l’appui de l’autorité suprême du pays, un décret est promulgué pour que tous adorent l’image et reçoivent la marque, sous peine de mort pour tous ceux qui s’y refusent. Que peuvent faire les enfants de Dieu dans un tel conflit et dans une telle extrémité? Qu’adviendra-t-il d’eux? Avec l’apôtre, regardons en avant, la scène suivante du drame qui se déroule. Et que voyons-nous? La même compagnie debout sur le Mont Sion en compagnie de l’Agneau. Mais c’est une compagnie victorieuse, jouant de la harpe dans les parvis célestes. Ceci nous assure que lorsque notre conflit avec les puissances des ténèbres arrive, non seulement la délivrance est certaine mais elle sera immédiate.

Les cent quarante-quatre mille.--Nous croyons que les cent quarante-quatre mille dont il est question ici sur le Mont Sion, sont les saints qui dans Apocalypse 13 furent l’objet du courroux de la bête et de son image.

Ils sont identifiés aux scellés décrits dans Apocalypse 7, qui nous ont été déjà montrés comme étant les justes qui vivent quand Christ revient pour la seconde fois.

«Ils ont été rachetés d’entre les hommes» (verset 4), est une expression qui peut seulement s’appliquer à ceux qui sont translatés d’entre les vivants. Paul travailla avec le désir de parvenir à la résurrection d’entre les morts (Philippiens 3:11). Telle est l’espérance de ceux qui dorment en Jésus: la résurrection des morts. Une rédemption d’entre les hommes, doit signifier quelque chose de différent, et ne peut vouloir dire qu’une chose, à savoir la translation. En conséquence, les 144 000 sont les saints qui vivront et seront translatés quand se produira la seconde venue de Christ (Voir le commentaire sur le verset 13).

Sur quel Mont Sion Jean voit-il cette compagnie? C’est le Mont Sion céleste; parce que le chant des joueurs de harpe, qui provient sans doute de cette même compagnie, s’entend comme provenant du ciel. C’est la même Sion de laquelle le Seigneur laisse entendre sa voix quand il parle à son peuple en étroite relation avec la venue du Fils de l’Homme (Joël 3:16; Hébreux 12:25-28; Apocalypse 16:17). Accepter le fait qu’il y ait dans le ciel un Mont Sion et une Jérusalem est un puissant antidote contre la fausse doctrine d’un second temps de grâce et un millénaire de paix sur la terre.

Quelques détails de plus sur les 144 000, outre ceux donnés dans Apocalypse 7, exigent notre attention:

Ils portent le nom du Père et de l’Agneau écrit sur leurs fronts. Dans Apocalypse 7, on dit qu’ils ont le sceau de Dieu sur leurs fronts. On nous donne ainsi une clé importante pour comprendre ce qu’est le sceau de Dieu, parce que de suite, nous percevons que le Père considère son nom comme un sceau. Ce commandement de la loi qui contient le nom de Dieu est donc le sceau de Dieu. Le commandement du Sabbat est le seul qui contient le titre descriptif par lequel on peut distinguer le véritable Dieu de tous les faux dieux. Partout où il était placé, là se trouvait le nom du Père (Deutéronome 12:5, 14, 18, 21; 14:23; 16:2, 6; etc.). Aussi, quiconque garde ce commandement porte le sceau du Dieu vivant.

Ils chantent un cantique nouveau qu’aucun autre groupe ne peut apprendre. Dans Apocalypse 15:3, il est appelé le cantique de Moïse et de l’Agneau. Le cantique de Moïse, tel qu’il se trouve dans Exode 15, célèbre une libération. Aussi, le cantique des 144 000 est celui de leur libération. Personne d’autre ne peut y participer parce qu’aucun autre groupe n’expérimentera ce qu’ils ont expérimenté.

«Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes». Dans les Écritures, une femme symbolise une église. Une femme vertueuse représente une église pure; une femme corrompue est une église apostate. C’est donc une caractéristique de cette compagnie, dont les membres, au moment de leur libération, ne se sont pas contaminés avec les églises déchues de la terre, et ne sont pas en relation avec elles. Cependant, nous ne devons pas comprendre qu’ils n’aient jamais eu de relation avec quelques-unes de ces églises, parce que c’est uniquement à un certain moment que les gens sont contaminés par elles. Dans Apocalypse 18:4, nous trouvons un appel adressé au peuple de Dieu qui se trouve dans Babylone, afin qu’il en sorte, pour ne pas participer à ses péchés. En prêtant attention à cet avertissement et en se séparant d’elle, ils échappent à la contamination de ses péchés. De même pour les 144 000. Bien que quelques-uns d’entre eux aient été, à un certain moment, en relation avec les églises corrompues, ils ont coupé ces rapports au moment où les poursuivre plus longtemps serait devenu un péché.

Ils suivent l’Agneau partout où il va. Nous comprenons qu’il s’agit d’eux dans leur état de rachetés. Ils sont les compagnons spéciaux de leur Seigneur glorifié dans le royaume. Au sujet de cette compagnie et de la même période, nous lisons: «Car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie» (Apocalypse 7:17).

Ils sont «comme des prémices pour Dieu et pour l’Agneau». Ce terme semble s’appliquer à différentes personnes pour montrer leur condition particulière. Christ représente les prémices comme antitype de la gerbe agitée. Les premiers qui reçurent l’Évangile sont appelés par Jacques «lesprémices de ses créatures» (Jacques 1:18). Aussi, les 144 000, préparés pour le grenier céleste pendant les scènes troublées qu’ils vécurent ici sur la terre pendant les derniers jours, translatés au ciel sans voir la mort, puis élevés à une position prééminente, sont appelés dans ce sens «prémices pour Dieu et pour l’Agneau». La chaîne prophétique qui débuta avec Apocalypse 12 se termine avec cette description des 144 000 triomphants.

VERS. 6-7: «6 Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. 7Il disait d’une voix forte: «Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux.»

Le message du premier ange.--Ici, on nous présente une autre scène et une autre chaîne d’événements prophétiques. Nous savons qu’il en est ainsi, parce que les versets antérieurs décrivent un groupe de rachetés dans leur état immortel,--une scène qui fait partie de la chaîne prophétique commencée dans le premier verset d’Apocalypse 12, et qui l’achève puisqu’aucune prophétie ne va au-delà de l’état immortel. Chaque fois qu’une chaîne prophétique nous amène à la fin du monde, nous savons qu’elle s’achève là, et ce qui est présenté ultérieurement appartient à une nouvelle série d’événements. Le livre de l’Apocalypse surtout, se compose de ces chaînes prophétiques indépendantes, comme nous l’avons déjà démontré par quelques exemples.

Le message décrit dans ces versets est le premier de ceux connus comme «les trois messages d’Apocalypse 14». La prophétie elle-même justifie leur appellation de premier, second et troisième message. Dans les versets qui suivent, le dernier ange qui se présente avec un message s’appelle distinctement «le troisième ange», nous en déduisons donc que le précédent était le second ange; et l’antérieur à celui-ci, le premier.

Ces anges sont évidemment symboliques, car l’oeuvre qui leur est assignée est celle de prêcher l’Évangile éternel aux gens. Mais la prédication de l’Évangile n’a pas été confiée à des anges littéraux, mais à des hommes, et ceux-ci sont responsables de cette mission sacrée placée entre leurs mains. Aussi, chacun de ces trois anges symbolise ceux qui sont envoyés pour faire connaître à leurs semblables les vérités spéciales qui constituent ces messages.

Les anges littéraux s’intéressent intensément à l’oeuvre que la grâce accomplit parmi les hommes, et ils sont envoyés pour servir ceux qui ont hérité du salut. Comme l’ordre règne dans tous les mouvements et les rendez-vous du monde céleste, il n’est pas si insolite de supposer qu’un ange littéral est chargé de l’oeuvre de chaque message (Hébreux 1:14; Apocalypse 1:1; 22:16).

Nous voyons dans ces symboles le grand contraste que la Bible établit entre les choses terrestres et les célestes. Chaque fois que des gouvernements terrestres doivent être représentés, même les meilleurs d’entre eux, le symbole le plus approprié qui peut être trouvé est une bête sauvage. Mais quand l’oeuvre de Dieu doit débuter, elle est symbolisée par un ange revêtu de beauté et ceint de puissance.

L’importance de l’oeuvre présentée dans Apocalypse 14:6-12 sera évidente pour celui qui l’étudie avec attention. Toutes les fois où ces messages doivent être prêchés, ils devront constituer par leur nature même le thème du plus grand intérêt pour la génération qu’ils concernent. Nous ne voulons pas dire que la grande multitude de l’humanité qui vit alors leur prêtera attention, parce qu’à toutes les époques du monde ceux qui ne manifestèrent aucun intérêt pour la vérité présente furent beaucoup trop nombreux. Mais ils constituent le thème auquel les gens devraient prêter l’attention la plus fervente s’ils sont conscients qu’ils concernent leurs intérêts les plus élevés.

Quand Dieu envoie Ses ministres annoncer au monde que l’heure de Son jugement est venue, que Babylone est tombée, que quiconque adore la bête et son image devra boire «du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère»,--la menace la plus terrible que l’on puisse trouver dans les Écritures--personne ne peut sans danger pour son âme, traiter cet avertissement comme sans importance, ou le laisser de côté par négligence ou mépris. D’où, la nécessité, à toutes les époques, de réaliser les efforts les plus fervents pour comprendre l’oeuvre du Seigneur, de peur de perdre les bénéfices de la vérité présente. Ceci s’applique surtout à notre époque, alors que tant d’évidences nous avertissent de la prompte venue de la crise finale sur la terre.

Cet ange d’Apocalypse 14:6 est appelé «l’autre ange», parce que Jean avait vu auparavant, un ange qui volait par le ciel d’une manière singulière, selon ce que décrit Apocalypse 8:13, et proclamait que les trois dernières des sept trompettes seraient des malheurs (Voir les commentaires sur Apocalypse 8:13).

L’époque de la proclamation du message.--Le premier point qui doit d’abord être déterminé est l’époque à laquelle ce message doit être donné. Quand doit-on attendre la proclamation: «L’heure de son jugement est venue»? La possibilité que ce soit à notre propre époque fait qu’il est essentiel pour nous d’examiner cette question avec une sérieuse attention. Mais à mesure que nous avançons nous voyons avec plus de preuves positives, qu’il en est ainsi. Ceci devrait accélérer chaque battement et faire palpiter tout coeur qui sent l’importance sublime de cette heure que nous vivons.

Trois positions seulement sont possibles quant à l’époque où cette prophétie doit s’accomplir. Ce sont:

1.Que ce message fut donné dans le passé, à l’époque des apôtres, ou des réformateurs;

2.Qu’il doit être donné dans le futur;

3.Qu’il appartient à la génération actuelle.

Informons nous d’abord de la première possibilité. La nature même du message détruit l’idée qu’il ait été donné à l’époque des apôtres. Eux-mêmes ne proclamèrent pas que l’heure du jugement de Dieu était arrivée. S’ils l’avaient fait, ils n’auraient pas dit la vérité, et leur message aurait porté l’estampille du mensonge infâme. Ils avaient quelque chose à dire sur le jugement, mais ils indiquèrent qu’il aurait lieu dans un futur indéfini. En accord avec les paroles de Christ lui-même, le jugement final de Sodome et Gomorrhe, Tyr et Sidon, Chorazin et Capernaüm, se trouvait à cette époque dans un futur indéfini (Matthieu 10:15; 11:21-24). Paul déclara aux Athéniens superstitieux que Dieu avait convenu d’un jour pour juger le monde (Hébreux 17:31). Il parla à Félix «sur la justice, sur la tempérance, et sur le jugement à venir» (Actes 24:25). Il écrivit aux Romains au sujet d’un jour où Dieu jugerait les secrets des hommes par Jésus-Christ (Romains 2:16). Il invita les Corinthiens à regarder vers une époque où il serait nécessaire que tous comparaissent «devant le tribunal de Christ» (2 Corinthiens 5:10). Jacques écrivit aux frères dispersés que dans un temps futur ils seraient jugés par la loi de la liberté (Jacques 2:12). Tant Pierre que Jude parlent des premiers anges rebelles réservés pour le jugement du grand jour, alors encore dans le futur, pour lequel sont aussi réservés les impies de ce monde (2 Pierre 2:4, 9; Jude 6). Comme tout ceci est différent de la proclamation solennelle faite au monde que «l’heure de son jugement est venue!»,--un son qui doit être entendu quand le message nous est donné.

Depuis les jours des apôtres aucune situation n’aurait pu être interprétée comme l’accomplissement de ce premier message, jusqu’à ce que nous arrivions à la Réforme du XVIe siècle. Quelques-uns affirment que Luther et ses collaborateurs donnèrent le premier message et que les deux suivants ont été donnés depuis lors. Les faits historiques se chargeront de décider de la question. Où sont les preuves que les réformateurs firent une telle proclamation? Leurs enseignements ont été totalement enregistrés, et leurs écrits conservés. Quand et où réveillèrent-ils le monde par la proclamation que l’heure du jugement de Dieu était arrivée? Nous ne trouvons nulle part qu’ils aient prêché une telle chose.

«Certains interprètes supposent que le passage cité plus haut (Apocalypse 14:6-11) se réfère à l’époque de la Réforme et qu’elle s’accomplit dans la prédication de Luther et des autres personnages éminents qui furent suscités à cette époque pour proclamer les erreurs de l’église romaine. . . Mais il me semble que ces interprétations trouvent des objections insurmontables. Le premier ange a pour mission de prêcher l’Évangile d’une façon beaucoup plus étendue que ne le firent les réformateurs. Loin de prêcher à tous les habitants de la terre, ils ne prêchèrent même pas à toute l’Europe chrétienne. La Réforme ne put pénétrer dans certains royaumes les plus étendus de la juridiction romaine. L’Espagne, le Portugal et l’Italie furent totalement exclus. On ne peut pas dire non plus, avec logique et véracité, que l’heure du jugement de Dieu était arrivée à l’époque de la Réforme. . . L’heure du jugement de Dieu est un temps bien connu et défini avec exactitude dans les prophéties chronologiques de Daniel et Jean.»

«J’espère--a dit Luther--que le dernier jour du jugement n’est pas loin, et en vérité je me persuade qu’il ne tardera pas plus de trois cents ans; parce que la Parole de Dieu décroîtra et s’obscurcira par faute de pasteurs fidèles et de serviteurs de Dieu. Bientôt, on entendra la voix: ‘Voici, l’époux vient’. Dieu ne veut et ne peut pas tolérer davantage ce monde impie; il doit se présenter au jour terrible et châtier le mépris de Sa Parole.»

Ces notes sont décisives pour ce qui concerne les réformateurs.

Et comme les considérations précédentes suffisent pour nous empêcher d’appliquer au passé le message du jugement, nous consacrerons notre attention à l’opinion qui le situe dans une époque future, au-delà de la seconde venue. La raison qui est invoquée pour situer le message à cette époque est le fait que Jean vit l’ange voler au milieu du ciel immédiatement après avoir vu l’Agneau sur le Mont Sion avec les 144 000, qui est un événement futur. Si le livre de l’Apocalypse était une prophétie consécutive, ce raisonnement serait de poids; mais comme elle consiste en une série de chaînes prophétiques indépendantes, et comme il a déjà été démontré qu’une de ces chaînes se termine avec le verset 5 de ce chapitre, et qu’une nouvelle commence au verset 6, la position qui précède ne peut être soutenue. Pour démontrer que le message ne peut pas trouver son accomplissement dans une époque ultérieure au second avènement il suffira de donner quelques raisons.

La mission apostolique s’étend seulement jusqu’à la «moisson» qui est la fin du monde (Matthieu 13:39). Aussi, si cet ange vient avec «l’Évangile éternel» après cet événement, il prêche un autre évangile, et il s’expose à l’anathème de Paul dans Galates 1:8.

Le second message ne peut donc être donné avant le premier, mais le second message annonce la chute de Babylone, et après cela, on entendit une voix dans le ciel qui disait: «Sortez du milieu d’elle mon peuple.» Il serait absurde de le situer après le second avènement de Christ, puisque tous les enfants de Dieu, tant les vivants que ceux qui étaient morts, sont enlevés à la rencontre du Seigneur dans les airs, pour être avec Lui pour toujours (1 Thessaloniciens 4:17). Ils ne peuvent pas être invités à sortir de Babylone après cet événement. Christ ne les emmène pas à Babylone, mais à la maison de son Père, où il y a beaucoup de demeures (Jean 14:2, 3).

Un regard au message du troisième ange, qui devrait s’accomplir à une époque future, si c’est ce qui doit arriver avec le premier, nous révélera mieux l’impossibilité de soutenir cette opinion. Ce message donne un avertissement aux adorateurs de la bête papale. Mais la bête papale a été détruite et jetée aux flammes à la venue de Christ (Daniel 7:11; 2 Thessaloniciens 2:8). Elle est alors jetée dans l’étang ardent afin de ne plus perturber les saints du Très-Haut (Apocalypse 19:20). Pourquoi nous empêtrer dans l’inconséquence de situer un message contre l’adoration de la bête à une époque où la bête a cessé d’exister, et dont l’adoration est impossible?

Dans Apocalypse 14:13, une promesse est prononcée pour ceux qui meurent «dès à présent» dans le Seigneur, c’est-à-dire depuis le moment où le triple message est commencé à être donné. C’est une démonstration parfaite que le message doit être proclamé avant la première résurrection, parce qu’après cet événement tous ceux qui y prennent part ne mourront pas. Aussi, nous écartons cette opinion relative à une époque future comme antibiblique et impossible.

L’heure du jugement donne une note caractéristique.--Nous sommes maintenant préparés à examiner la troisième opinion, à savoir, que le message appartient à la génération actuelle. Les arguments des deux propositions antérieures ont beaucoup contribué à établir la dernière. Si le message n’a pas été donné dans le passé, et s’il ne peut pas être donné dans le futur, après la venue de Christ, à quel autre endroit peut-il se situer si ce n’est dans la génération actuelle, puisque nous vivons dans les derniers jours, juste avant la seconde venue de Christ? A vrai dire, la nature même du message le limite à la dernière génération. Il proclame que l’heure du jugement de Dieu est arrivée. Le jugement appartient au moment final de l’oeuvre du salut en faveur du monde, et la proclamation annonçant sa venue ne peut se réaliser qu’au moment où nous approchons de la fin. Il est d’ailleurs montré que le message appartient au temps actuel en prouvant que cet ange est le même que celui d’Apocalypse 10 (Voir les explications du chapitre 10).

L’apôtre Paul, qui parla du «jugement à venir» au gouverneur romain Félix, proclama à ses auditeurs de l’Aréopage que Dieu «a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné» (Actes 17:31).

La prophétie des 2300 jours de Daniel 8 et 9, indiquait sans erreur possible cette heure du jugement. Cette période prophétique, la plus longue des Écritures, va de 457 avant J.-C. jusqu’en 1844 de notre ère. Alors, comme nous l’avons déjà vu en étudiant la prophétie de Daniel, le sanctuaire allait être purifié. Cette purification, en accord avec le service typique de Lévitique 16, était l’oeuvre finale de l’expiation. Il ressort des citations suivantes que l’oeuvre du dernier jour de l’année, dans le service typique, n’était qu’une figure du jour du jugement:

«Le grand Jour des Expiations, avec ses services si particuliers et impressionnants, tombait le dixième jour du septième mois. . . C’était un jour où chaque homme était appelé à jeûner et à humilier son âme; à réfléchir avec tristesse et pénitence sur ses actions pécheresses et ses transgressions. . . Celui qui ne s’affligeait pas de la sorte était menacé de la peine de mort, châtiment direct de la main de Jéhova.» «Remarquons la date exacte du Jour des Expiations. Elle tombait le dixième jour du septième mois. Le Jubilé commençait aussi le même jour et était annoncé par la trompette solennelle, symbole de Dieu qui s’approche pour juger

«On supposait que le jour du Nouvel An (1er de Tishri) les décrets divins étaient écrits, et qu’au Jour des Expiations (10 de Tishri), ils étaient scellés, et c’est pour cette raison que cette décade s’appelle les Jours Terribles, ou les Dix Jours de Pénitence. Le Jour des Expiations était si terrible qu’un livre du rituel juif nous dit que les anges eux-mêmes allaient d’un lieu à un autre avec crainte et tremblement, en disant: ‘Voici, l’heure du jugement est arrivée.’»

«Dieu, assis sur Son trône pour juger le monde. . . ouvre le Livre des Annales; on le lit, et là, se trouve la signature de chaque homme. La trompette sonne; on entend une petite voix; les anges tremblent, en disant: ‘C’est le jour du jugement.’ Au jour du Nouvel An, le décret est écrit; au Jour des Expiations, ceux qui doivent vivre et ceux qui doivent mourir sont scellés.»

Quelqu’un pourrait se demander si un message de ce caractère a été donné au monde, ou s’il est en train d’être proclamé. Nous croyons que le grand mouvement de la seconde venue, du siècle passé, correspond exactement à la prophétie.

La seconde venue de Christ est une autre note caractéristique.--Déjà, en 1831, William Miller, de Low Hampton, dans l’état de New York, parvint à la conclusion, à la suite d’une fervente et persévérante étude des prophéties, que la fin de l’ère évangélique touchait à son terme. Il pensait que cette fin arriverait à la fin des périodes prophétiques, vers l’année 1843. Plus tard, il déplaça cette date à l’automne de 1844. Ses recherches furent une étude persévérante et logique des prophéties, parce qu’il adopta une règle d’interprétation saine. Sur elle se base toute forme religieuse et tout progrès dans la connaissance prophétique. Cette règle consiste à prendre tout le langage des Écritures, comme celui de n’importe quel autre livre, dans son sens littéral à moins que le contexte ou la linguistique requiert d’être compris figurativement, et laisser les passages des Écritures s’expliquer les uns les autres. Il est vrai qu’il commit une erreur sur un point vital, comme nous l’expliquerons plus loin; mais en principe, et dans un grand nombre de détails, il avait raison. Il suivait le chemin correct, et il fit un progrès immense en comparaison de tous les systèmes théologiques de son époque. Quand il commença à parler de ses opinions, elles furent reçues très favorablement, et un grand réveil religieux se produisit dans différentes parties du pays.

Bientôt, une multitude de collaborateurs se réunirent autour de son étendard. Parmi eux, on peut mentionner des hommes comme F.G. Brown, Charles Fitch, Josiah Litch, J. V. Himes, et d’autres qui étaient alors des hommes éminents par leur piété et par l’influence qu’ils exerçaient dans le monde religieux. La période entre 1840 et 1844 fut une époque d’intense activité et de grand progrès dans cette oeuvre. Un message qui avait toutes les caractéristiques requises pour être l’accomplissement de la proclamation d’Apocalypse 14:6, 7 fut proclamé au monde. Ce fut vraiment cet Évangile du royaume que Christ avait déclaré devoir être annoncé au monde entier, alors viendrait la fin (Matthieu 24:14). L’accomplissement de n’importe lequel de ces deux passages implique la prédication de l’imminence de la fin. L’Évangile ne pourrait être prêché à toutes les nations comme signe de la fin sans être reconnu comme tel, et la proximité de la fin était du moins un de ses thèmes principaux. L’Advent Herald exprima clairement cette vérité dans le langage suivant:

«Comme une indication de l’imminence de la fin, on devait voir ‘un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple.’ (Apocalypse 14:6). La mission de cet ange était de prêcher le même Évangile qui avait été proclamé dans le passé, mais il est mis en relation avec le motif additionnel de la proximité du royaume, car ‘il disait d’une voix forte: Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux.’ (verset 7). Aucune simple prédication de l’Évangile, sans l’annonce de la proximité de la fin, ne pourrait accomplir ce message.»

Les personnes qui étaient engagées dans ce mouvement supposaient que c’était l’accomplissement d’une prophétie, et assuraient qu’elles étaient en train de donner le message d’Apocalypse 14:6, 7.

«Cette nuit, je voudrais vous dire: ‘Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue’, dans un sens strict et littéral. Nous sommes maintenant à la fin de ce dernier jour duquel l’apôtre a dit: ‘par là nous connaissons que c’est la dernière heure.’. . . Nous nous trouvons à l’aube de ce jour,--nous sommes à sa dernière heure; et il est proche, très proche, à la porte même. Mes chers auditeurs, je vous supplie de considérer qu’il est là, à la porte même, selon tous ceux qui ont étudié ce sujet et ont cherché l’enseignement de Dieu;. . . lesquels déclarent unanimement que . . . le royaume de Christ est à portée de la main.»

«Apocalypse 14 présente l’ange comme volant au milieu du ciel, tenant un Évangile éternel pour le prêcher à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, tribu, langue et peuple. Quand l’événement indiqué par ce symbole s’accomplira, le jour du jugement du Seigneur sera imminent, parce que l’ange déclare à tous les hommes: ‘Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue.’»

«Le devoir incombe à tous de donner l’invitation: ‘Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue’, mais c’est davantage le devoir des ministres de Dieu.»

Mais le mouvement général relatif à la seconde venue de Christ et la proclamation que ‘l’heure de son jugement est venue’, ne se limita pas à l’hémisphère occidentale. Il fut mondial. Il accomplit sous ce rapport, la proclamation de l’ange ‘à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple.’ Mourant Brock, un ecclésiastique anglican et grand leader du mouvement adventiste dans les Îles Britanniques, nous dit:

«L’espérance de la proche venue du Rédempteur et de la voix de mise en garde ne sont pas seulement attendues en Grande Bretagne, mais aussi en Amérique, en Inde et dans le continent Européen. Un de nos missionnaires allemands relata dernièrement qu’à Wurtemberg, il y a une colonie chrétienne de plusieurs centaines de personnes qui se distinguent principalement par leur attente du second avènement. Et un ministre chrétien qui vient des rives de la Mer Caspienne m’a dit que la même attente quotidienne existe parmi ceux de sa nation. Ils en parlent constamment comme ‘du jour de la consolation’. Dans une petite publication intitulée ‘Le millenium’, l’auteur dit qu’il sait qu’en Amérique environ 300 ministres de la Parole sont en train de prêcher cet ‘Évangile du royaume’, tandis que dans ce pays, ajoute-t-il, il y a environ 700 églises anglicanes qui font de même.»

Le Dr. Joseph Wolff voyagea en Arabie, à travers la région habitée par les descendants de Hobab, beau-frère de Moïse. Il écrit dans un livre ce qu’il vit au Yémen:

«Les Arabes de ce lieu ont un livre appelé ‘Seera’, qui traite de la seconde venue de Christ, et de son règne en gloire

«J’ai passé six jours au Yémen, avec les fils des Récabites. . . Ils ne boivent pas de vin, ne plantent pas de vignes, ne sèment pas, ils vivent sous des tentes, et se souviennent des paroles de Jonadab, fils de Récab. Avec eux, il y avait des fils de la tribu de Dan, qui résident près de Yerim, en Hadramaut, qui attendaient, comme les fils de Récab, la proche venue du Messie sur les nuées des cieux.»

D. T. Taylor dit au sujet de la grande diffusion de l’espérance adventiste:

«A Wurtemberg, il y a une colonie chrétienne qui compte plusieurs centaines de membres qui attendent la prochaine venue de Christ; il y en a aussi une autre sur les rives de la Mer Caspienne qui a la même croyance. Les Molokans, grand groupe de dissidents de l’église grecque russe, qui résident sur les rives de la Baltique--un peuple très pieux dont on dit qu’ils ‘n’ont que la Bible pour credo, et les Saintes Écritures comme norme de leur foi’--se caractérisent par leur ‘espérance du règne proche et visible de Christ sur la terre’. En Russie, la doctrine de la venue de Christ et de son royaume, se prêche jusqu’à un certain point, et nombreux sont ceux de la classe humble qui la reçoivent. Elle a été très débattue en Allemagne, surtout au sud, parmi les Moraves. En Norvège, des affiches et des livres sur le retour de Christ et cette doctrine, ont abondamment circulé. Parmi les Tatares, du Tatarstan, l’expectative de l’avènement de Christ prévaut plus ou moins à cette époque. Des publications anglaises et américaines sur cette doctrine ont été envoyées en Hollande, en Allemagne, en Inde, en Irlande, à Constantinople, à Rome et dans presque toutes les stations missionnaire du globe. . .

«Le Dr. Joseph Wolff, selon les notes qu’il fit dans son journal entre les années 1821 et 1845, proclama le proche retour du Seigneur en Palestine et en Égypte, sur les bords de la Mer Rouge, en Mésopotamie, en Crimée, en Perse, en Géorgie, à travers l’empire Ottoman, en Grèce, en Arabie, au Turkestan, à Bokhara, en Afghanistan, au Cachemire, en Hindoustan et au Tibet, en Hollande, en Écosse et en Irlande, à Constantinople, à Jérusalem, à Santa Helena et aussi à bord d’un bateau en Méditerranée, et dans la ville de New York à toutes les dénominations. Il déclare avoir prêché parmi les Juifs, les Turcs, les Mahométans, les Perses, les Hindous, les Chaldéens, les Syriens, les Sabéens, aux pachas, aux cheikhs, aux shahs, aux rois d’Organtsh et Bokhara, à la reine de Grèce, etc. Au sujet de ses travaux extraordinaires, l’Investigator dit: ‘Il est probable que personne n’a fait autant de publicité à la doctrine de la seconde venue du Seigneur Jésus-Christ que ce missionnaire bien connu du monde entier. Partout où il alla, il proclama l’imminence du retour en gloire du Messie.’»

Un autre écrivain du grand mouvement adventiste dit:

«Que l’avertissement du Seigneur ait été réellement entendu, et que la voix se soit amplifiée dans l’église à cette même époque, comme la proximité du retour, est indéniable. On peut affirmer sans crainte que de 1828 à 1833. . . un plus grand nombre de feuillets et de travaux destinés à traiter du thème de l’avènement et à déclarer sa proximité parvinrent au public et furent annoncés dans les principaux périodiques religieux de l’époque, que dans n’importe quel autre siècle de toute la période écoulée depuis le temps des apôtres; oui, et probablement plus que dans tous les siècles passés depuis lors.»

L’erreur commise par les Adventistes en 1844 ne se référait pas au temps, comme l’ont bien démontré les arguments sur les 70 semaines et les 2300 jours de Daniel 9. Elle se rapportait à la nature de l’événement qui devait arriver à la fin de ces jours, comme cela a été prouvé dans les raisonnements relatifs au sanctuaire de Daniel 8. En supposant que la terre était le sanctuaire, dont la purification devait être réalisée par le feu quand le Seigneur du ciel apparaîtrait, ils s’attendaient naturellement à ce que Christ vienne à la fin de ces jours. A cause de leur erreur sur ce point, ils souffrirent une désillusion cinglante, prédite dans les Écritures elles-mêmes, bien que tout ce que la prophétie déclarait, et tout ce qu’ils devaient avoir attendu, s’accomplit avec une exactitude absolue à cette époque. La purification du sanctuaire commença; mais elle n’amena pas Christ sur cette terre, parce que la terre n’était pas le sanctuaire; et sa purification n’entraîna pas la destruction de la terre, parce que la purification du sanctuaire se réalisa par le sang d’une offrande ou sacrifice, et non par le feu. Ceci fut l’amertume du petit livre pour l’Église (Apocalypse 10:10). Ce fut la venue du Fils de l’Homme, non pas sur la terre mais auprès de l’Ancien des jours (Daniel 7:13, 14). Ce fut l’arrivée de l’époux aux noces, présentée dans la parabole des dix vierges de Matthieu 25.

Les vierges folles dirent alors aux sages: «Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.» Les vierges sages répondirent: «allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva.» Il ne s’agit pas de la venue de Christ sur cette terre, parce que c’est une venue qui précède les noces; mais les noces, c’est-à-dire la réception du royaume (Voir les commentaires sur Apocalypse 21), doivent précéder Sa venue sur cette terre pour recevoir Son peuple, qui doivent être les invités au banquet des noces (Luc 19:12; Apocalypse 19:7 à 9). Cette venue dont il est question dans la parabole doit donc être la même venue que celle de l’Ancien des Jours mentionnée dans Daniel 7: 13, 14).

«Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.» Après l’arrivée de l’époux aux noces, un examen des invités est fait pour voir ceux qui sont prêts pour participer à la cérémonie, selon la parabole de Matthieu 22:1 à 13. La dernière chose qui précède les noces, est l’entrée du Roi qui vient vérifier si les invités ont tous revêtu le vêtement adéquat des noces; tous ceux qui, après cet examen, sont trouvés revêtus et acceptés par le Roi, ne perdent plus cet habit, mais leur immortalité est assurée. Mais cette question d’aptitude pour entrer dans le royaume est déterminée uniquement par le jugement investigatif du sanctuaire.

L’oeuvre finale qui est accomplie dans le sanctuaire, l’expiation ou purification de celui-ci, n’est donc rien d’autre que l’examen des invités pour voir ceux qui possèdent l’habit des noces. En conséquence, tant que cette oeuvre ne sera pas terminée, ceux qui seront «prêts» à entrer dans la salle des noces ne seront pas déterminés. «Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces.» Cette courte expression nous fait passer, à partir du moment de l’arrivée de l’époux aux noces, à travers toute la période de la purification du sanctuaire, ou examen des conviés. Quand cet examen sera terminé, le temps de grâce sera achevé, et la porte se fermera.

La relation qu’il y a entre la parabole et le message que nous examinons est maintenant évident. Il présente une période durant laquelle les invités se préparent pour les noces de l’Agneau, et c’est l’oeuvre du jugement à laquelle le message nous conduit quand il déclare: «L’heure de son jugement est venue.» Ce message doit être proclamé d’une voix forte. Il fut annoncé avec la puissance indiquée entre les années 1840 et 1844, surtout pendant l’automne de cette dernière année, qui nous amène à la fin des 2300 jours, moment où le jugement débute quand Christ commence la purification du sanctuaire.

Comme nous l’avons déjà démontré, cette oeuvre ne nous amène pas à la fin du temps de grâce, mais au commencement du jugement investigatif. Et nous sommes maintenant en train de vivre cette heure du jugement. Aujourd’hui, comme à l’époque à laquelle nous nous sommes déjà référés, le message du jugement est en train d’être proclamé par toute la terre. Aujourd’hui retentit la proclamation solennelle du jugement «à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » qui «disait d’une voix forte: Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux.» (Apocalypse 14:6, 7).

Avant de considérer le message du second ange, méditons un moment sur l’importance et la signification sublime de la vérité admirable révélée ici si clairement. Nous nous trouvons au seuil même du monde éternel. Le dernier message de la miséricorde de Dieu est en train d’être donné à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Dans le sanctuaire céleste les scènes finales du grand plan de la rédemption sont en train de se dérouler. Pensez-y! L’heure du jugement de Dieu est arrivée. Le jugement investigatif qui touche chaque âme et qui précède immédiatement la venue de Jésus, se déroule actuellement dans le ciel. Un vêtement de noces--le manteau immaculé de la justice de Christ--a été fourni à un prix infini à tous ceux qui veulent l’accepter. «Comment cela va-t-il se passer pour toi et pour moi lorsque le Roi viendra? «Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste.» (1 Jean 2:1).

VERS. 8: «Et un autre, un second ange suivit, en disant: Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande, qui a abreuvé toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité!»

Le message du second ange.--La période de ce message est grandement déterminée par celle du premier. Le premier ne peut que précéder le second; mais le premier se limite aux derniers jours. Cependant, le second doit être donné avant la fin, parce qu’aucun mouvement de la classe décrite n’est possible après cet événement. Il fait donc partie de ce mouvement religieux qui apparaît à la fin des temps avec une référence spéciale à la venue de Christ.

Il convient donc de se demander: que signifie le mot «Babylone»? Qu’est-ce que sa chute? Comment se produit-elle? En ce qui concerne le mot «Babylone», les notes marginales que contiennent certaines Bibles, en face de Genèse 10:10 et 11:9, nous renseignent. Nimrod régna d’abord sur Babel, ou Babylone. Ce nom signifie «confusion», parce que là, Dieu confondit le langage des constructeurs de la tour. Le nom est ici utilisé figurativement pour désigner la grande ville symbolique de l’Apocalypse, probablement en référence spéciale à la signification du terme et à la manière dont elle vit le jour. Il s’applique à quelque chose sur quoi on peut inscrire le mot «confusion» pour spécifier ses caractéristiques principales.

Il y a seulement trois choses auxquelles il est possible d’appliquer cette parole. Ce sont: le monde religieux apostat en général, l’église papale en particulier, et la ville de Rome. En examinant ces termes, nous démontrerons ce que Babylone n’est pas.

Babylone ne se limite pas à l’église catholique romaine. Nous ne nions pas que cette église forme la plus grande partie de la grande Babylone. Les descriptions d’Apocalypse 17 semblent s’appliquer particulièrement à elle. Mais le nom qu’elle porte sur son front: «Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre», révèle l’existence d’autres relations familiales. Si cette église est la mère, qui sont ses filles? Le fait qu’il est parlé de ses filles démontre qu’en plus de l’église catholique romaine, il y a d’autres corps religieux qui sont englobés sous cette désignation. De plus, un appel en relation avec ce message doit être fait: «Sortez du milieu d’elle, mon peuple.» (Apocalypse 18: 1 à 4). Comme ce message doit être donné pendant la génération actuelle, il ressort que, si aucune autre église que la catholique romaine n’est incluse dans Babylone, le peuple de Dieu se trouve actuellement dans la communion de cette église, et il est invité à en sortir. Mais aucun protestant ne sera disposé à admettre cette conclusion.

Babylone n’est pas la ville de Rome. L’argument selon lequel certains se basent pour affirmer que la ville de Rome est la Babylone de l’Apocalypse est le suivant: L’ange dit à Jean que la femme qu’il avait vue était la grande ville qui régnait sur les rois de la terre, et que les sept têtes de la bête étaient sept montagnes sur lesquelles la femme était assise. Ensuite, en donnant à la ville et aux montagnes une signification littérale, ils appliquent la déclaration à la Rome littérale vu que celle-ci est édifiée sur sept collines.

Le principe sur lequel est basée cette interprétation suppose que l’application d’un symbole doit toujours être littérale. Tout ceci tombe à l’eau quand on peut démontrer que les symboles s’expliquent parfois en les remplaçant par d’autres symboles, et en expliquant ensuite ces derniers. Ceci peut se faire facilement. Dans Apocalypse 11:3, le symbole des deux témoins nous est présenté. Le verset suivant dit: «Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent devant le Seigneur de la terre.» Dans ce cas, le premier symbole est le même que l’autre symbole expliqué clairement dans une autre partie. Il en est de même dans le cas qui nous occupe. «Les sept têtes sont sept montagnes» et «La femme. . . c’est la grande ville»; et il ne sera pas difficile de démontrer que les montagnes et la ville sont utilisées symboliquement. Nous attirons l’attention du lecteur sur ce qui suit:

Dans Apocalypse 13, il est dit qu’une des sept têtes est blessée à mort. Cette tête ne peut donc pas être une montagne littérale, parce qu’il serait insensé de parler d’une montagne blessée à mort.

Chacune des sept têtes porte une couronne. Qui a déjà vu une montagne littérale porter une couronne?

Les sept têtes sont évidemment différentes formes de gouvernement qui se succèdent dans le cours du temps, puisque nous lisons: «Cinq sont tombés, un existe, l’autre n’est pas encore venu.» (Apocalypse 17:10). Mais les sept collines sur lesquelles Rome est édifiée ne sont pas successives, et il serait absurde de leur appliquer ce langage.

En accord avec Daniel 7:6 comparé avec Daniel 8: 8 et 22, les têtes représentent des gouvernements, et selon Daniel 2:35 et 44, et Jérémie 51:25, les montagnes symbolisent des royaumes. En accord avec ces faits, une traduction littérale d’Apocalypse 17:9 et 10, dissipe toute obscurité: «Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois.» On voit ainsi que l’ange représente les têtes par des montagnes, et ensuite, il explique que les montagnes sont sept rois successifs. La signification est transférée d’un symbole sur l’autre, puis l’explication du second symbole est donnée.

Il ressort de l’argument précédent que «la femme» ne peut pas représenter une ville littérale, car les montagnes sur lesquelles la femme est assise sont symboliques et une ville littérale ne peut reposer sur des montagnes symboliques. De plus, Rome était le siège du dragon d’Apocalypse 12, et le dragon le transféra à la bête (Apocalypse 13:2). Elle devint ainsi le siège de la bête; mais ce serait mêler d’une façon singulière les images que de faire du siège une seule chose, sur laquelle s’assoit la bête, et une femme assise sur la bête.

Si la ville de Rome était la Babylone de l’Apocalypse, quelle incongruité aurions-nous dans Apocalypse 18:1 à 4, vu que dans ce cas, la chute de Babylone serait la déroute et la destruction de la ville, en fait sa destruction complète par le feu, selon le verset 8! Mais remarquons ce qui arrive après sa chute. Babylone devient «une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux». Comment cela peut-il se produire dans une ville après sa destruction complète par le feu? De plus, après cela, on entend une voix qui dit: «Sortez du milieu d’elle, mon peuple». Les enfants de Dieu, sont-ils tous dans Rome? Pas du tout. Pouvons-nous imaginer combien, parmi ceux qui seraient là, pourraient être invités à sortir après que la ville ait été brûlée par le feu? Il n’est pas nécessaire de s’étendre davantage sur le sujet pour démontrer que Babylone ne peut être la ville de Rome.

Que signifie Babylone?--Babylone signifie l’église universelle mondaine. Après avoir vu qu’elle ne peut être aucune des deux choses auxquelles le terme pourrait s’appliquer, c’est ce qu’elle doit représenter. Mais nous ne nous voyons pas réduits à cette sorte de raisonnement sur ce sujet. Babylone est appelée une «femme». Le symbole d’une femme représente une église. Nous interprétons la femme d’Apocalypse 12 comme signifiant une église. La femme d’Apocalypse 17 doit être interprétée sans l’ombre d’un doute comme symbolisant aussi une église. Le caractère de la femme détermine le caractère de l’église représentée. Une femme chaste représente une église pure, une femme vile une église impure ou apostate. La femme de Babylone est elle-même une prostituée, et la mère de filles qui lui ressemblent. Cette circonstance, comme le nom lui-même, démontre que Babylone ne se limite pas à un seul corps ecclésiastique, mais est composée de plusieurs. Elle doit englober tous ceux qui ont une nature semblable, et représente toutes les églises corrompues et apostates de la terre. Ceci expliquera peut-être le langage d’Apocalypse 18:24, qui nous dit que quand Dieu demande à la grande Babylone le sang de Ses martyrs, on trouve chez elle «le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre.»

A travers les siècles, presque tous les pays d’Europe ont eu leur église d’État, et la majorité de ces pays ont actuellement leurs religions établies, qui s’opposent avec zèle aux dissidents. Babylone a enivré toutes les nations avec le vin de la fureur de sa fornication, c’est-à-dire avec ses fausses doctrines. Aussi, elle ne peut que symboliser l’église mondiale universelle.

La grande ville de Babylone se compose de trois parties. Les grandes religions du monde peuvent, elles aussi, se regrouper en trois groupes. La première, qui est aussi la plus ancienne et la plus répandue, est le paganisme, qui est symbolisée à part, sous la forme du dragon. La seconde est la grande apostasie papale, symbolisée par la bête. La troisième sont les filles, ou descendantes de cette église, symbolisées par la bête à deux cornes, bien qu’elles ne les englobent pas toutes. La guerre, l’oppression, la conformité au monde, le formalisme religieux, le culte de Mammon, la recherche des plaisirs et la conservation d’innombrables erreurs de l’église catholique romaine, identifient avec une exactitude fidèle et triste la grande masse des églises protestantes comme partie importante de cette grande Babylone, objet de l’avertissement.

Un coup d’oeil à la conduite suivie par l’église protestante face à certaines occasions le prouvera encore mieux. Quand Rome eut le pouvoir, elle détruisit de vastes multitudes de ceux qu’elle appelait hérétiques. L’église protestante a manifesté le même esprit. Le bûcher, sur lequel les protestants de Genève avec Jean Calvin en tête, firent mourir Michel Servet, l’atteste. La longue oppression des dissidents par l’église anglicane le prouve. Le fait que les pères puritains de la Nouvelle Angleterre pendirent les Quakers et battirent les Baptistes, bien qu’eux-mêmes avaient dû fuir une oppression similaire de la part de l’église anglicane, en sont la preuve. Mais ces choses, diront certains, appartiennent au passé. C’est vrai, mais elles démontrent que, quand les personnes gouvernées par de forts préjudices religieux peuvent exercer une coercition sur les dissidents, elles ne savent pas refuser, et cette faiblesse doit se voir aux États-Unis en accomplissement ultérieur de la prophétie finale d’Apocalypse 13.

Christ voulait que son Église soit Une. Il pria pour que ses disciples soient Un, comme Lui et le Père sont Un; parce que l’Évangile aurait alors eu de la puissance, et aurait induit le monde à croire en lui. Au lieu de cela, voyez la confusion qui existe dans le monde protestant, les nombreuses barrières de divisions qui les séparent en un réseau de sociétés, et les nombreux credo aussi discordants que les langues de ceux qui furent dispersés quand ils édifièrent la tour de Babel. Dieu n’est pas l’auteur de tout ceci. C’est l’état des choses que le mot «Babylone» décrit d’une façon adéquate. Ce mot est évidement utilisé dans ce but, et pas comme un terme de reproche. Au lieu d’être plein de ressentiment quand on mentionne ce terme, les gens devraient plutôt examiner leur situation et voir si leur foi ou pratique est coupable d’avoir une relation avec cette grande ville de la confusion. Si c’est le cas, ils doivent immédiatement se séparer d’elle.

La véritable église est une vierge chaste (2 Corinthiens 11:2). L’église qui s’est unie par amitié avec le monde, est une prostituée. C’est cette relation illicite avec les rois de la terre qui fait d’elle la grande prostituée d’Apocalypse (Apocalypse 17). De même, l’église juive, au début, la jeune mariée du Seigneur (Jérémie 2:3; 31:32), se transforma en prostituée (Ézéchiel 16). Quand cette église apostasia et s’éloigna de Dieu, elle fut appelée Sodome (Ésaïe 1), et la «grande ville» (Babylone) est aussi appelée de cette façon dans Apocalypse 11. L’union illicite avec le monde dont Babylone est coupable, est une preuve positive que ce nom ne désigne pas le pouvoir civil. Le fait que les enfants de Dieu sont au milieu d’elle, juste avant sa destruction, prouve qu’elle professe être un corps religieux. Pour ces raisons, il est très évident que la Babylone d’Apocalypse est l’église déclarée qui s’est unie au monde.

«Elle est tombée, Babylone».--Portons maintenant notre attention sur la chute de Babylone. Après avoir vu ce qui constituait Babylone, il ne sera pas difficile de savoir ce que signifie l’annonce de sa chute. Comme Babylone n’est pas une ville littérale, sa chute ne peut pas l’être non plus. Nous avons déjà vu que ce serait absurde. De plus, la même prophétie établit la plus claire distinction entre la chute et la destruction de Babylone. Babylone «tombe» avant d’être «détruite» avec violence, comme une pierre de moulin jetée dans la mer, et d’être complètement «brûlée par le feu». La «chute» est donc spirituelle car la voix s’adresse aux enfants de Dieu qui sont encore en relation avec elle, et leur dit: «Sortez du milieu d’elle, mon peuple». Ensuite, elle en donne immédiatement la raison: «afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux.» Babylone continue donc d’exister dans le péché, et ses plaies doivent l’atteindre dans le futur, après sa chute.

Ceux qui appliquent le mot Babylone uniquement à la papauté, soutiennent que la chute de Babylone est la perte du pouvoir civil de l’église papale. A cause de cette chute, Babylone devient « un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux»; mais il n’en est pas ainsi de la perte du pouvoir civil de Rome.

Les enfants de Dieu sont appelés à sortir de Babylone, à cause de l’augmentation du péché qui résulte de sa chute. Mais la perte du pouvoir temporel de la papauté ne constitue pas une raison supplémentaire pour laquelle le peuple de Dieu doit abandonner cette église.

Babylone souffre de cette chute spirituelle parce qu’elle a abreuvé toutes les nations avec «le vin de la fureur [pas la colère, mais la passion] de son impudicité». Ceci ne peut se référer qu’à une seule chose, à savoir les fausses doctrines. Elle a corrompu les vérités pures de la Parole de Dieu et a enivré les nations avec des fables agréables. Sous la forme de la papauté elle supplanta l’Évangile et le remplaça par un faux système de salut:

Par la doctrine de l’Immaculée Conception, elle nia qu’en Christ, Dieu habita dans la chair humaine.

Elle mit de côté la médiation de Christ et la remplaça par un autre système de médiation.

Elle tenta d’enlever le sacerdoce de Jésus et de le remplacer par un sacerdoce terrestre.

Elle fit dépendre le salut de la confession à un homme mortel, et sépara ainsi le pécheur de Jésus, le seul par qui les péchés peuvent être pardonnés.

Elle rejeta le salut par la foi commeune «hérésie condamnable», et la remplaça par la doctrine du salut par les oeuvres.

Son plus grand blasphème est la doctrine de la transsubstantiation, ou sacrifice idolâtre de la messe, auquel elle donne la même valeur que celui de la croix et déclare que, dans un certain sens, «il a des avantages sur la croix» parce que par lui «s’accomplit l’oeuvre de notre rédemption».

Parmi les doctrines contraires à la Parole de Dieu qu’elle enseigne, on peut mentionner les suivantes:

1.La substitution de la tradition et la voix de l’Église comme guides infaillibles à la place de la Bible.

2.Le changement du Sabbat du quatrième commandement, ou septième jour, par la fête du dimanche comme repos du Seigneur en souvenir de sa résurrection, institution qui n’a jamais été ordonnée par Dieu et qui ne peut pas commémorer adéquatement cet événement. Engendré par le paganisme comme « la fête solaire débridée de tous les temps païens », le dimanche fut emmené au baptistère par le pape et christianisé comme institution de l’église évangélique. Telle fut la tentative de destruction du monument évocateur que le grand Dieu avait élevé pour commémorer son oeuvre magnifique de la création, et on tenta d’en ériger un autre à la place pour commémorer la résurrection de Christ, sans motif, vu que le Seigneur lui-même avait déjà prévu une institution dans ce but : le baptême par immersion.

3.La doctrine de l’immortalité naturelle de l’âme provient aussi du monde païen, et ce furent les « pères de l’église » qui introduisirent cette doctrine pernicieuse comme faisant partie de la vérité divine. Cette erreur annule les deux doctrines bibliques de la résurrection et du jugement général, et ouvre une porte au spiritisme moderne. De cette erreur sortiront d’autres doctrines funestes comme l’état conscient des morts, le culte des saints, la mariologie, le purgatoire, les récompenses remises au moment de la mort, les prières et les baptêmes en faveur des morts, les tourments éternels et le salut universel.

4.La doctrine selon laquelle les saints, en tant qu’esprits désincarnés, trouvent leur héritage éternel dans les régions lointaines et indéfinies, « au-delà des limites du temps et de l’espace ». Elle égare une multitude de personnes de l’enseignement biblique selon lequel cette terre doit être détruite par le feu au jour du jugement et de la destruction des impies, et que de leurs cendres la voix du Tout-Puissant fera surgir une nouvelle terre, qui sera le futur royaume éternel de gloire que les saints posséderont comme héritage éternel.

5.Le baptême par aspersion, au lieu de celui par immersion qui est la seule façon biblique de baptiser et de commémorer de manière adéquate la sépulture et la résurrection de notre Seigneur, en accord avec le but auquel il était destiné. En corrompant cette ordonnance et en détruisant le souvenir de la résurrection de Christ, le terrain fut préparé pour la mise en place d’une autre chose, à savoir le repos dominical.

6.L’enseignement que la venue de Christ est un événement spirituel et non littéral, qui s’est accompli lors de la destruction de Jérusalem, ou qui a lieu lors de la conversion, de la mort ou au moyen du spiritisme. Beaucoup ont été conduits par de tels enseignements à s’opposer catégoriquement à la doctrine biblique selon laquelle la seconde venue de Christ est un événement défini, futur, littéral, personnel et visible, qui aura pour résultat la destruction de tous ses ennemis, mais qui apportera la vie éternelle à tous ses enfants.

7.La doctrine d’un millénium temporel, ou mille ans de paix, de prospérité et de justice pour toute la terre avant la venue de Christ. Cette doctrine est surtout destinée à fermer les oreilles des gens pour qu’ils n’entendent pas les avertissements sur l’approche du second avènement, et elle endormira probablement tant d’âmes dans un état de sécurité charnelle qu’elle les conduira à leur ruine finale comme n’importe quelle hérésie que le grand ennemi de la vérité ait jamais imaginée.

Application de la chute de Babylone.--Pour en venir plus particulièrement à l’application de la prophétie concernant la chute de Babylone, voyons comment le monde religieux répondit face à la possibilité d’un tel changement au moment de la proclamation de ce second message conjointement au premier, vers 1844. Le paganisme n’était qu’apostasie et corruption dès le début, et il l’est toujours. Aucune chute spirituelle n’est possible pour lui. Le catholicisme romain avait été dans une condition déchue pendant de nombreux siècles. Mais les églises protestantes avaient commencé à réformer la corruption papale et avaient fait une oeuvre noble. En un mot, elles se trouvaient dans une position qui leur permettait de souffrir une chute spirituelle. La conclusion est donc inévitable que le message qui annonce la chute se réfère à presque toutes les églises protestantes.

La question que l’on peut se poser est pourquoi cette proclamation ne s’est pas faite avant, si une partie tellement importante de Babylone était tombée depuis si longtemps. Voici la réponse: On ne pouvait pas dire que Babylone dans son ensemble était tombée tandis qu’une partie demeurait debout. On ne pouvait pas l’annoncer avant que la condition du monde protestant n’empirât, et que la vérité--unique sentier du progrès--ne fût sacrifiée. Quand ceci arriva, et que le protestantisme expérimenta une chute spirituelle, la proclamation concernant Babylone dans son ensemble put se faire, tandis qu’elle n’avait pu se faire avant: «Elle est tombée, Babylone.»

Il convient peut-être de s’informer davantage de la raison ayant provoquée la chute de Babylone, --qui fit boire à toutes les nations du vin de la fureur de sa fornication--appliquée aux églises protestantes à l’époque en question. Le problème de Babylone réside dans sa confusion de la vérité et ses fausses doctrines qui en découlent. Parce qu’elle les propage laborieusement et qu’elle s’y accroche quand on lui offre la lumière et la vérité qui devrait la corriger, elle se trouve dans une situation déchue.

Les églises protestantes étaient arrivées à un point où elles auraient dû monter à un niveau religieux plus élevé. Elles pouvaient accepter la lumière et la vérité qui leur étaient offertes, et atteindre ce niveau supérieur, ou elles pouvaient les refuser, et perdre leur spiritualité et la faveur de Dieu, ou en d’autres termes, expérimenter une chute spirituelle.

La vérité que Dieu considéra adéquate d’employer comme instrument pour cette oeuvre fut le message du premier ange. La doctrine qui était prêchée était que l’heure du jugement de Dieu était arrivée, ce qui rendait imminente la seconde venue de Christ. Après l’avoir suffisamment écoutée pour y voir les bénédictions qui en découlait, et les bons résultats qu’elle produisait, les églises dans leur ensemble la rejetèrent avec mépris et moqueries. C’est ainsi que furent testés ceux qui démontrèrent clairement que leur coeur était avec le monde et pas avec le Seigneur, et qu’ils préféraient continuer de cette façon.

Mais le message aurait guéri les maux qui existaient alors dans le monde religieux. Le prophète dit, peut-être en rapport avec ce temps: «Nous avons voulu guérir Babylone, mais elle n’a pas guéri» (Jérémie 51: 9). Quelqu’un peut demander: «comment savons-nous que la réception de ce message aurait eu cet effet?» Parce que tel fut l’effet chez tous ceux qui le reçurent. Ils sortirent des différentes dénominations, et les barrières qui les séparaient furent enlevées; les croyances conflictuelles furent réduites en poussière; ils abandonnèrent l’espérance antibiblique d’un millénium temporel; ils corrigèrent leurs fausses opinions sur la seconde venue de Jésus; l’orgueil et la conformité au monde s’évanouirent; les torts furent redressés; les coeurs s’unirent dans la douce communion; l’amour et la joie régnaient pleinement. Si la doctrine fit tout ceci en faveur des quelques-uns qui la reçurent, elle l’aurait aussi fait pour tous s’ils l’avaient reçue, mais le message fut rejeté.

Dans tout le pays s’élevait le cri: «Elle est tombée, Babylone», et en anticipation du mouvement présenté dans Apocalypse 18:1 à 4, ceux qui proclamèrent le message ajoutèrent: «Sortez du milieu d’elle, mon peuple.» En résultat, des milliers de personnes coupèrent leurs relations avec les diverses dénominations.

Un changement notable se produisit dans les églises quant à leur condition spirituelle. Quand une personne refuse la lumière, elle se place obligatoirement dans les ténèbres; quand elle rejette la lumière elle place inévitablement les pieds et les mains dans le carcan de l’erreur. Une perte ou chute spirituelle suit. C’est ce qu’expérimentèrent les églises. Elles décidèrent d’adhérer aux vieilles erreurs, et de continuer à propager leurs fausses doctrines parmi les gens. Aussi, la lumière et la vérité les abandonnèrent.

Quelques-unes sentirent et déplorèrent le changement. Des témoignages de leurs écrivains nous dépeignent leur condition à cette époque.

En 1844, le Christian Palladium exprima les plaintes suivantes:

«Partout nous entendons des voix plaintives emportées par la brise du ciel, glaciales comme les rafales venant des icebergs du nord, se déposant comme des cauchemars sur les poitrines timides, et absorbant les énergies des faibles, elles nous indiquent que la tiédeur, la division, l’anarchie et la désolation angoissent les confins de Sion.»

En 1844, le Religious Telescope, utilise aussi le langage suivant:

«Nous n’avons jamais expérimenté une décadence religieuse aussi générale qu’à l’heure l’actuelle. . . Quand nous nous souvenons des rares cas de vraie conversion, de l’impénitence et de la dureté presque sans égales des pécheurs, nous nous écrions presque involontairement: Dieu a-t-il oublié d’être miséricordieux? ou a-t-il fermé la porte de sa grâce?»

A peu près à cette même époque, des invitations au jeûne et à la prière pour le retour du Saint-Esprit furent publiées dans les journaux religieux. Même le Sun de Philadelphie publia ce qui suit en Novembre 1844:

«Les soussignés, les pasteurs et les membres des diverses dénominations de Philadelphie et de la région, croyant solennellement que les ‘signes des temps’ actuels, à savoir, la pauvreté spirituelle de nos églises en général et les maux extrêmes qui règnent dans le monde autour de nous, semblent inviter à grands cris tous les chrétiens à avoir des moments spéciaux de prière, accordons-nous donc, si Dieu le permet, pour nous unir dans une semaine spéciale de prière au Dieu Tout-Puissant, pour qu’Il déverse son Saint-Esprit sur notre ville, notre pays et le monde.»

Charles G. Finney, un évangéliste bien connu a dit en Février 1844: «Nous avons gardé à l’esprit le fait, que les églises protestantes de notre pays manifestaient en général de l’apathie ou de l’hostilité envers presque toutes les réformes morales de l’époque. Il y a des exceptions partielles, mais elles ne suffisent pas à empêcher que cette réalité soit générale. Nous avons un autre fait qui le corrobore: l’absence presque universelle d’influences vivifiantes dans les églises. L’apathie spirituelle prévaut partout, et elle est terriblement profonde, comme l’atteste la presse religieuse de tout le pays. . . Les églises sont en général en train de dégénérer tristement. Elles se sont beaucoup éloignées du Seigneur, et Lui, il s’est retiré d’elles.»

En Novembre 1844, le Oberlin Evangelist observa dans l’article d’un éditorial:

«Certains de nos journaux religieux déplorent le fait que les réveils ont presque totalement cessé dans nos églises, comme tous l’attestent. Il y a longtemps qu’on n’avait pas connu une époque de pauvreté si générale. Il existe un grand esprit de réveil politique et de zèle dans tous les départements des opérations commerciales; mais hélas, la décadence et la mort s’installent comme un cauchemar au coeur de l’activité chrétienne et du saint amour envers Dieu et envers les âmes. Les formes extérieures de la religion sont conservées; la routine des devoirs dominicaux continue; mais quant aux moments de «rafraîchissement de la présence du Seigneur» dans lesquels la crainte surprend l’hypocrisie, la conviction s’attache au pécheur et les coeurs humbles s’accrochent aux promesses et luttent puissamment pour la conversion des âmes, ces moments-là, ne sont connus qu’à travers les doux souvenirs des jours qui furent mais qui n’existent plus.»

Non seulement les églises souffrirent d’une perte marquée de la spiritualité en 1844, mais depuis lors, la décadence s’est poursuivie d’une façon notable.

Le Congregationalist dit en Novembre 1858:

«La piété ne s’est pas réveillée dans nos églises au point de nous permettre d’attendre avec confiance les fruits légitimes et pratiques qu’elle aurait dû donner. Par exemple, nous aurions dû avoir la sécurité qu’après une manifestation de la grâce les trésoreries de nos sociétés de bienfaisance se rempliraient comme le lit des ruisseaux se remplit après une pluie abondante. Mais les administrateurs de nos sociétés se plaignent du manque de sympathie et d’aide apporté par les églises.

«Voici une autre illustration encore plus triste de la même vérité générale. Le Watchman and Reflector a déclaré récemment qu’il n’y avait jamais eu parmi les églises baptistes une diffusion de la dissension aussi lamentable que celle qui prévaut actuellement. . .. Il suffira de jeter un coup d’oeil aux séminaires de notre propre dénomination pour se convaincre que le mal ne se limite pas aux Baptistes.»

Le principal journal méthodiste, le Christian Advocate, de New York, publia un article en 1883 duquel nous recopions les déclarations suivantes:

1.«Qu’on maquille le fait comme on voudra, l’église se trouve, dans son sens général, dans une décadence spirituelle rapide. Bien qu’elle croisse en nombre et en force monétaire, elle est en train de devenir extrêmement faible et limitée dans sa spiritualité, tant sur la chaire que parmi les membres. Elle est en train d’assumer la forme et le caractère de l’église de Laodicée.

2.«. . . Il y a des milliers de ministres des églises locales et des associations, et plusieurs milliers de membres laïcs qui sont morts et qui ont aussi peu de valeur que des figuiers stériles. Ils ne contribuent en rien à la nature temporelle ou spirituelle des progrès et des victoires de l’Évangile sur toute la terre. Si tous ces os secs de notre église et leurs congrégations pouvaient ressusciter et être recrutés pour un service fidèle et actif, comme les manifestations du pouvoir divin seraient glorieuses et nouvelles!»

Le rédacteur du Western Christian Advocate écrivit en 1893 au sujet de son église:

«Écris à l’église Méthodiste: La grande difficulté pour nous aujourd’hui est que le salut des âmes en danger reçoit notre dernière et mineure considération. Beaucoup de nos congrégations se conduisent comme des clubs sociaux. Elles se sont changées en centre d’influence sociale. On tente d’en faire partie pour progresser dans la société, dans les affaires ou dans la politique. Les prédicateurs invités sont ceux qui savent ‘adoucir les textes pour flatter les oreilles, et cacher soigneusement la condamnation.’

«Les cultes dominicaux servent d’occasion pour étaler l’élégance des dernières modes dans les parures. Même les plus petits sont ornés comme s’ils étaient des complices de l’orgueil. Si on lit les ‘règlements’ c’est pour accomplir au pied de la lettre une loi dont l’esprit a fui il y a longtemps. Les registres sont pleins de noms de personnes inconverties. On peut rencontrer des membres officiels dans les loges, les balcons et les parterres des théâtres et des opéras. Ceux qui reçoivent la communion assistent aux courses, organisent et participent à des bals et des parties de cartes. La distinction qu’il y a entre ceux qui sont dans l’église et ceux du dehors est si vague que les hommes sourient quand on les sollicite pour s’unir à l’église, et parfois ils nous disent qu’au dehors ils trouvent les hommes meilleurs.

«Quand nous allons auprès des foules, très souvent nous le faisons avec tant de condescendance prétentieuse que le propre respect les fait fuir loin de nous.

«Et cependant, sous l’influence des riches et des impies, nous nous sommes tellement développés, qu’ils nous sont devenus nécessaires. L’application de la discipline au pied de la lettre pendant une année seulement réduirait de moitié la totalité de nos membres, notre société missionnaire ferait banqueroute, nos églises luxueuses fermeraient, paralyseraient nos intérêts identiques, laisseraient nos pasteurs et nos évêques sans revenus et dans l’angoisse. Mais le fait subsiste qu’une de ces deux choses doit arriver: ou l’église doit être disciplinée ou le Saint-Esprit de Dieu cherchera d’autres dénominations organisées. La cognée a été mise à la racine des arbres. Nous sommes appelés à nous repentir. L’oeuvre de Dieu doit être faite. Si nous nous plaçons au milieu du chemin, Il nous éliminera.»

L’Independent de New York, du 3 Décembre 1896, contenait un article de D. L. Moody, duquel nous extrayons ce qui suit:

«Dans un numéro récent de votre journal, j’ai vu un article dans lequel un correspondant déclarait qu’aucune des trois mille églises ou plus des organisations congrégationalistes et presbytériennes de ce pays ne pouvait signaler qu’un seul membre se soit ajouté par profession de foi durant l’année passée. Est-ce vrai? Cette pensée s’est emparée de moi de telle manière que je ne peux l’oublier. Elle suffit à horrifier l’âme de tout véritable chrétien.

«Si une telle chose se produit dans ces deux grandes dénominations, quelle sera la condition des autres? Allons-nous tous rester tranquillement assis et laisser aller les choses? Nos journaux religieux et nos pupitres vont-ils se taire comme des ‘chiens muets, incapables d’aboyer’, au lieu d’avertir le peuple que le danger approche? N’élèverons-nous pas tous notre voix comme des trompettes? Que doit penser le Fils de Dieu du résultat de notre labeur? Que doit penser le monde incrédule d’un chrétien qui ne produit plus de fruit? Nous soucions-nous des multitudes d’âmes qui descendent à la perdition chaque année tandis que nous demeurons assis à les regarder? Où en sera notre pays à la fin des dix prochaines annéessi nous ne nous réveillons pas?»

La condition de décadence spirituelle dans laquelle les églises, en général, étaient tombées, comme résultats du rejet du message du premier ange, les conduisit à accepter des doctrines erronées et corrompues. Pendant la dernière partie du XIXe siècle on devait voir un changement notable dans l’attitude des dirigeants et des fidèles des églises protestantes, à l’égard des doctrines de base des Écritures. Ayant refusé la vérité, ils acceptèrent l’erreur. La théorie de l’évolution, adoptée par de nombreux dirigeants des églises, était, selon les paroles d’un grand écrivain religieux, «le rejet du Créateur». Un défenseur religieux de la théorie déclareque «la prière est la communion avec mon moi racial intime.»

Les effets de la théorie évolutionniste sur la foi des églises sont si apparents que les commentaires publics sur la situation sont très communs. Un professeur de théologie d’une grande université observe:

«Il semble qu’aujourd’hui, la grande tradition morale judéo-chrétienne, qui est la partie la plus ancienne de notre héritage, est en train de s’effriter sous nos yeux. . . La foi en la science est devenue si forte, et elle a acquis tant de propre suffisance, et s’est si bien enracinée dans notre société, que beaucoup de ceux qui l’hébergent ont perdu tout désir de l’unir à autre chose. . . L’homme qui se confie en une science physique pour décrire le monde ne trouve aucune place concevable où placer une divinité. . . Les philosophies qui expriment aujourd’hui leurs intérêts basiques [des hommes] ne se préoccupent déjà plus, comme au XIXe siècle, de justifier une croyance en Dieu et l’immortalité. Ces idées ont simplement disparu de toute tentative sérieuse d’arriver à comprendre le monde. . . L’actuel conflit de la foi religieuse avec la science ne se rapporte déjà plus à une explication scientifique du monde, mais à une explication scientifique de la religion. L’effet vraiment révolutionnaire de la foi scientifique sur la religion aujourd’hui, n’est pas sa nouvelle vision de l’univers mais sa nouvelle vision de la religion.»

Quelle est cette nouvelle vision de la religion? Un porte-parole du libéralisme moderne l’explique franchement:

«Les protestants libéraux ont abandonné la croyance en l’infaillibilité verbale de la Bible.» «Nous croyons que Jésus fut un être humain, non pas un être surnaturel différent de tous les autres hommes en qualité. Nous croyons qu’il naquit normalement, et qu’il affronta les problèmes et les difficultés de la vie sans aucun renfort secret de pouvoir miraculeux. . . Pour nous, la mort de Jésus n’est pas différente en essence de la mort des autres héros.»

«Aujourd’hui, la vieille croyance selon laquelle Jésus apparaîtra à nouveau dans le ciel pour inaugurer un jugement dramatique du monde, pour condamner Satan et les démons dans l’enfer, et conduire les anges et les chrétiens au paradis, s’est réduite à la doctrine ésotérique d’une minorité au lieu d’être une conviction universelle de grande influence dans le monde chrétien. Une fois qu’un homme moderne accepte ce que les historiens lui disent quant à l’âge de l’univers, et une fois qu’il accepte ce que les hommes de science lui disent au sujet de la nature du processus évolutionniste, il ne peut pas croire qu’il ne se produira jamais un dénouement spectaculaire des affaires du monde comme celui qu’attendaient les premiers chrétiens.» «Nous nous proposons de prendre de l’ancien christianisme les éléments qui semblent avoir une valeur permanente, de les combiner avec les convictions religieuses et les perceptions éthiques qui ont surgi pendant les temps modernes, et avec ce matériel composé, d’élaborer une nouvelle formule du message chrétien. Nous admettons franchement que notre évangile n’est pas le ‘vieil évangile’, ni même une version modifiée du vieil évangile proclamé maintenant depuis les pupitres conservateurs. Le nôtre, nous le confessons, est un ‘nouvel évangile’.»

Si le protestantisme avait accepté le message du premier ange, il aurait permi à l’église d’être la lumière pour toutes les nations. Mais par son rejet du message, il a trahi sa mission et a laissé les nations sans le témoignage de la vérité présente qu’il aurait pu avoir; en conséquence elles marchent à tâtons dans les ténèbres de l’erreur et de la superstition comme résultat des influences intoxicantes et stupéfiantes du système de fausses doctrines que cette église édifia et ne voulut pas abandonner.

Robert M. Hutchins, recteur de l’Université de Chicago, dit au sujet de notre condition spirituelle:

«Nous ne savons pas où nous allons, ni pourquoi, et nous avons presque renoncé à la tentative de le découvrir. Nous sommes désespérés parce que les clés qui devaient ouvrir les portes du ciel nous ont introduits dans une prison plus grande, mais aussi plus oppressive. Nous pensions que ces clés étaient la science et l’intelligence libre de l’homme. Elles ont échoué. Il y a longtemps que nous avons rejeté Dieu. Qui pouvons-nous appeler maintenant?»

Dans son numéro du 24 Mai 1941, l’Inquirer de Philadelphia tenta d’analyser notre condition dans un article éditorial:

«Il semble que nous soyons arrivés à l’un de ces moments solennels de l’histoire où la civilisation s’arrête épouvantée en présence de forces beaucoup plus complexes et trop terribles par leur puissance pour être évaluées avec exactitude. Confrontés à des problèmes qui ne peuvent être écartés que par des enfants irréfléchis et insensés, nous sommes arrivés au carrefour où tout poteau indicateur nous laisse perplexes. Pendant des années, des assauts chaque fois plus acerbes ont été lancés contre la religion. Il nous semblait que nous n’avions pas besoin de nous préoccuper si ‘les vieilles croyances se relâchaient ou s’effondraient.’ Il semblait que dans cette civilisation, comme dans celles du passé quand elles approchaient de leur fin inévitable, nous, et ce terme englobe toute l’humanité en général, nous sommes devenus beaucoup trop sûrs de nous-mêmes. . .

«Nous avons observé, et beaucoup d’entre nous avec un peu de méfiance, le développement des cultes étranges et la recrudescence des philosophies païennes. Sans le moindre trouble, nous avons remarqué la naissance de l’humanisme moderne, avec sa négation d’un pouvoir plus grand que le nôtre; son exaltation de l’homme au point de le faire l’égal de son Créateur. Maintenant, quand la civilisation est peut-être en train de mourir debout, la barrière gonflée de notre propre suffisance est en train d’éclater dans l’espace. Les êtres humains sont enfin en train de commencer à découvrir qu’ils ne sont pas de petits dieux, mais seulement de petits hommes.»

Mais à force de se séparer de Dieu, les églises populaires en arriveront finalement à une condition où les vrais chrétiens ne pourront plus continuer à être en relation avec elles; et ils seront invités à en sortir. Nous le verrons dans l’avenir en accomplissement d’Apocalypse 18:1 à 4. Nous croyons que ce moment viendra quand, en plus de leurs corruptions, les églises commenceront à lever la main de l’oppression contre les saints (Voir les commentaires sur Apocalypse 18).

VERS. 9-12: «9 Et un autre ange, un troisième ange les suivit, en disant d’une voix forte: Si quelqu’un adore la bête et son image, et reçoit une marque sur son front ou sur sa main, 10 il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l’Agneau. 11 Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et quiconque reçoit la marque de son nom. 12 C’est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus.»

Le message du troisième ange.--La signification de ce message est l’une des plus épouvantables. On ne peut pas trouver dans toute la Bible une menace aussi sévère de la colère divine. Le péché contre lequel nous sommes mis en garde doit être un péché terrible, et il doit être si clairement défini que tous pourront le comprendre, et savoir ainsi comment éviter les jugements prononcés contre lui.

Il faut remarquer que ces messages s’ajoutent l’un à l’autre, c’est-à-dire que l’un ne disparaît pas quand l’autre s’y ajoute. De telle façon que pendant un moment, le premier message était le seul à être proclamé. Puis le second message apparut sans que le premier ne cesse d’être proclamé. Dès lors il y eut deux messages. Le troisième les suivit sans les remplacer, mais il s’unit simplement à eux, de telle façon que maintenant nous avons trois messages qui sont proclamés simultanément, ou mieux dit, un triple message qui englobe les vérités des trois; et le dernier est donc la proclamation culminante. Tant que l’oeuvre ne sera pas terminée, l’heure du jugement de Dieu et la chute de Babylone ne cesseront pas d’être réelles. La proclamation de ces faits en relation avec les vérités présentées par le message du troisième ange continuent d’être nécessaires.

On notera aussi la relation logique qu’il y a entre les messages eux-mêmes. Si nous considérons la situation au moment qui précède immédiatement l’apparition du premier message, nous voyons que le monde religieux protestant nécessitait une grande réforme. Des divisions et la confusion existaient dans les églises. Celles-ci continuaient à s’accrocher à beaucoup d’erreurs et de superstitions papales. La puissance de l’Évangile était compromise entre leurs mains. Pour corriger ces maux, la doctrine de la seconde venue de Christ fut présentée et proclamée avec puissance. Elles auraient dû la recevoir et obtenir d’elle une nouvelle vie. Au lieu de cela, elles la rejetèrent et en souffrirent les conséquences spirituelles. Ensuite, vint le second message qui annonçait le résultat de ce rejet, et déclarait ce qui n’était pas seulement un fait en lui-même, mais un verdict judiciaire divin prononcé contre les églises à cause de leur rébellion; à savoir, que Dieu les avait abandonnées, et qu’elles avaient souffert une chute spirituelle.

Ceci n’eut pas pour effet de les réveiller et de les induire à corriger leurs erreurs, comme elles auraient pu le faire si elles avaient été disposées à être reprises et corrigées. Quelle fut la suite? Ceci prépara le chemin à un mouvement encore plus rétrograde, vers une apostasie plus grande et des maux plus profonds. Les puissances des ténèbres poursuivaient leur oeuvre, et si les églises persévéraient dans cette conduite de rejet de la lumière et de la vérité, elles ne tarderaient pas à adorer la bête et à recevoir sa marque. Telle sera la conséquence logique de cette conduite qui débuta par le rejet du premier message. Maintenant, une autre proclamation est envoyée annonçant solennellement que ceux qui le feront [adorer la bête] boiront le vin de la fureur de Dieu, versée sans mélange dans la coupe de sa colère. Ce qui équivaut à dire: Vous rejetez le premier message, et vous expérimentez une chute spirituelle. Si vous continuez à refuser d’accepter la vérité et à mépriser les avertissements envoyés, vous épuiserez les derniers recours de la grâce divine, et vous subirez finalement une destruction littérale sans remède. C’est la menace la plus sévère que Dieu puisse infliger dans cette vie, et c’est la dernière. Peu l’écouteront et seront sauvés, mais la multitude persévérera et périra.

La proclamation du message du troisième ange est le dernier mouvement religieux spécial qui doit être accompli avant que le Seigneur n’apparaisse, parce qu’immédiatement après, Jean contemple Quelqu’Un comme le Fils de l’homme qui vient sur une grande nuée blanche pour récolter la moisson de la terre. Ceci ne peut que représenter la seconde venue de Christ. Aussi, si la seconde venue de Christ est proche, le moment est arrivé de proclamer ce message. Ils sont nombreux ceux qui de vive voix ou par écrit enseignent avec ferveur que nous sommes dans les derniers jours, et que la venue de Jésus est proche; mais quand nous leur rappelons cette prophétie, ils se trouvent soudain comme perdus en pleine mer, sans ancre, sans carte ni boussole. Ils ne savent qu’en faire. Ils ne peuvent voir comme nous que, si ce qui a été enseigné sur la venue de Christ est vrai, et que le Seigneur est proche, quelque part,--oui, sur toute la terre--ils doivent écouter les reproches du message du troisième ange.

Les arguments se rapportant aux deux messages précédents fixent l’époque de la proclamation du troisième, et démontrent qu’il appartient à ce temps-ci. Mais la meilleure évidence que le message est en train d’être proclamé au monde se trouve dans les événements qui démontrent son accomplissement. Nous avons identifié le premier message comme la proclamation principale du grand mouvement adventiste de 1840-1844. Nous avons l’accomplissement du second message en relation avec ce mouvement pendant la dernière année mentionnée. Regardons maintenant ce qui est arrivé depuis lors.

Quand Christ n’est pas venu en 1844, tout le corps des adventistes se vit soumis à une confusion plus ou moins grande. Beaucoup renoncèrent complètement au mouvement. Un grand nombre conclurent que l’argument relatif au temps était erroné, et immédiatement ils tentèrent de réajuster les périodes prophétiques, et fixèrent une nouvelle date pour la venue du Seigneur, tâche qu’ils poursuivent à un degré plus ou moins grand jusqu’au moment actuel, en fixant une nouvelle date chaque fois qu’elle passe. Quelques-uns cherchèrent avec attention et sincérité la cause de l’erreur, et se virent confirmés dans leur opinion que le mouvement adventiste avait été providentiel, et l’argument se référant au temps, correct; mais ils virent qu’ils avaient commis une erreur quant au sanctuaire, et que cette erreur expliquait leur désillusion. Ils virent que le sanctuaire de Daniel 8: 14 n’était pas la terre, comme ils l’avaient supposé, que la purification ne se réalisait pas par le feu, et que la prophétie relative à cela ne signifiait pas la venue du Seigneur. Ils trouvèrent dans les Écritures des évidences claires que le sanctuaire en question était le temple céleste, que Paul appelle le «sanctuaire», le «véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme». De plus, ils découvrirent que sa purification, selon l’image, allait consister dans le ministère final du sacrificateur dans le second appartement, ou lieu très saint. Ils comprirent alors que le moment était venu de l’accomplissement d’Apocalypse 11: 19: «Et le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l’arche de son alliance apparut dans son temple.»

Leur attention ayant été attirée sur l’arche, ils se virent naturellement poussés à examiner la loi contenue dans l’arche. Que l’arche contenait la loi était évident puisqu’elle s’appelait « l’arche du témoignage ». Elle n’aurait pas été appelée ainsi si elle n’avait pas contenu la loi. Là, était donc l’arche céleste, le grand antitype de celle qui, pendant l’époque des «ombres», exista ici sur la terre. La loi que contenait cette arche céleste devait être, par conséquent, le grand original de la loi écrite sur les tables dont la copie se trouvait dans l’arche terrestre. Ces deux lois devaient dire précisément la même chose, mot pour mot, trait pour trait. Supposer autre chose serait imaginer des mensonges. Cette loi continue à être la loi du gouvernement de Dieu, et son quatrième commandement, aujourd’hui comme au commencement, exige qu’on observe le septième jour de la semaine comme le Sabbat. Quiconque admet l’argument se rapportant au sanctuaire ne discute ce point.

C’est ainsi que la lumière du message du troisième ange resplendit sur l’église. Ses membres virent tout de suite que le monde avait le droit d’exiger, de ceux qui professaient le proclamer, une explication de tous les symboles qu’il contenait: la bête, l’image, le culte et la marque. C’est pourquoi, ils firent de ces points les sujets d’une étude spéciale. Ils découvrirent que le témoignage des Écritures était clair et abondant, et ils n’eurent pas besoin de beaucoup de temps pour formuler, à partir des vérités révélées, des déclarations et des preuves claires qui expliquaient tous ces points.

Un message d’avertissement.--Les arguments qui démontrent ce que constituent la bête, l’image et la marque, ont déjà été présentés dans les commentaires sur Apocalypse 13; et on a démontré que la bête à deux cornes, qui fait une image à la bête et impose sa marque, est les États-Unis d’Amérique. Cette oeuvre et ses agents, contre lesquels le message du troisième ange lance un avertissement, sont une preuve supplémentaire que ce message doit être proclamé maintenant, et révèlent l’harmonie la plus concluante dans toutes ces prophéties. Nous n’avons pas besoin de répéter les arguments ici; il suffira de récapituler les points établis:

-La «bête» est la puissance Catholique Romaine.

-La « marque de la bête » est l’institution que cette puissance présente comme preuve de son autorité pour légiférer sur les affaires de l’église, et dominer les consciences des hommes pour les maintenir dans le péché. Elle consiste à faire un changement dans la loi de Dieu pour lui ôter sa signature royale. Le Sabbat, ou septième jour de la semaine, qui est la grande institution commémorative de l’oeuvre créatrice de Jéhovah, est enlevé de sa place dans le Décalogue et un sabbat contrefait, le premier jour de la semaine, le remplace.

-« L’image de la bête» est une combinaison ecclésiastique qui ressemble à la bête pour être revêtue de pouvoir afin d’imposer ses décrets sous peine de châtiments de la loi civile.

-La « bête à deux cornes », qui donne à l’image le pouvoir de parler et d’agir, représente les États-Unis d’Amérique, qui avancent vers la formation de l’image de la bête.

-La bête à deux cornes impose la marque de la bête, c’est-à-dire qu’elle établit légalement l’observation du premier jour de la semaine, ou dimanche, comme jour de repos. Nous avons déjà remarqué ce qui est en train de se faire dans ce sens. Le mouvement est promu par des individus et des groupes organisés qui suscitent l’agitation pour obtenir des lois religieuses avec leurs meilleures revendications.

Mais les gens ne doivent pas être laissés dans les ténèbres quant à ce sujet. Le message du troisième ange lance une protestation solennelle contre tout ce mal. Il démasque l’oeuvre de la bête, révèle la nature de son opposition à la loi de Dieu, avertit les gens contre l’accomplissement de ses demandes, et signale à tous le chemin de la vérité. Ceci réveille naturellement l’opposition, et l’église se sent d’autant plus induite à chercher l’aide du pouvoir humain en faveur de ses dogmes qu’elle manque d’autorité divine.

Qu’est-ce que ce message accompli, et quel progrès le monde a-t-il fait jusqu’à maintenant? En réponse à ces questions, on peut présenter quelques faits surprenants. La première publication qui a été faite dans son intérêt, vit le jour en 1849. Aujourd’hui ce message est proclamé dans les livres, les brochures et les journaux, qui sont publiés dans 200 langues différentes, et 83 maisons d’édition le disséminent dans les deux hémisphères, et éditent 313 journaux. La valeur des publications qu’elles ont fait circuler en 1942 atteint les 5 467 664, 99 $ (or). Leur oeuvre d’évangélisation s’accomplit dans 413 pays, et dans plus de 810 langues.

Le moins que l’on puisse dire d’un tel mouvement est qu’il demande une explication. Nous avons trouvé des mouvements qui accomplissaient d’une façon surprenante et exacte les messages du premier et du second ange. Ici nous en avons un autre qui attire l’attention du monde en accomplissement du troisième message. Il affirme être cet accomplissement, et demande au monde d’examiner les lettres de créances sur lesquelles se basent ses droits de faire une telle revendication. Examinons-les.

«Le troisième ange les suivit». Ce mouvement suit donc les deux mentionnés plus haut. Il reprend et continue la proclamation des vérités qu’ils proclamaient, et il leur ajoute ce que contient le message du troisième ange.

Le troisième message se caractérise par un avertissement contre la bête. Ainsi, ce mouvement souligne, parmi ses thèmes, une explication de ce symbole, expose aux gens ce qu’il est, et quels sont ses affirmations et ses actes blasphématoires.

Le troisième message avertit le monde entier contre l’adoration de la bête. Ce mouvement explique aussi comment cette puissance créa dans le christianisme certaines institutions qui s’opposent aux commandements du Très-Haut, et démontre que si on les honore, on adore cette puissance. «Ne savez-vous pas qu’en vous livrant à quelqu’un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez?» (Romains 6:16).

Le troisième message met en garde le monde entier contre la réception de la marque de la bête. Ce mouvement consacre aussi une grande partie de son oeuvre à démontrer ce qu’est la marque de la bête, et avertit les gens contre sa réception. Son désir de le faire est d’autant plus grand que cette puissance anti-chrétienne a agi si astucieusement que la majorité s’est laissée séduire et fait inconsciemment des concessions à son autorité. Il démontre que la marque de la bête est une institution qui a reçu le manteau chrétien, et s’est introduite insidieusement dans l’église chrétienne de telle façon qu’elle annule l’autorité de Jéhova et intronise celle de la bête. Dépouillée de tous ses déguisements, elle établi simplement un sabbat contrefait, le premier jour de la semaine, au lieu du Sabbat de Jéhova, le septième jour de la semaine. Mais c’est une usurpation que le grand Dieu ne peut tolérer et l’église du reste doit s’en libérer avant d’être prête pour la venue de Christ. D’où l’avertissement urgent: Que personne n’adore la bête et ne reçoive sa marque.

Le troisième message a quelque chose à dire contre l’adoration de l’image de la bête. Aussi, ce mouvement parle de ce thème et explique ce que sera l’image, ou du moins, il explique la prophétie de la bête à deux cornes. Il révèle où doit se former cette image. La prophétie concerne cette génération; et elle est de toute évidence sur le point de s’accomplir.

En dehors des Adventistes du Septième Jour, il n’existe aucune dénomination religieuse qui affirme être l’accomplissement du message du troisième ange; il n’y en a aucune qui fasse ressortir les thèmes frappants auxquels ce livre est dédié. Que ferons-nous de ces choses? Est-ce l’accomplissement? On doit le reconnaître comme tel, à moins de pouvoir démontrer que les messages du premier et du second ange n’ont pas été entendus; que les interprétations données de la bête, de l’image et de son adoration ne sont pas correctes; et que toutes les prophéties et les signes, les évidences qui prouvent la proximité de la venue de Christ, et donc la nécessité de proclamer le message, peuvent être mises de côté. C’est une chose qui sera très difficile à faire pour toute personne qui étudie la Bible avec intelligence.

Le fruit de la proclamation présentée dans le verset 12 démontre encore mieux l’exactitude des interprétations offertes. On y mentionne un groupe duquel il est dit: «C’est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus.» Cette oeuvre est en train de s’accomplir au coeur même de la chrétienté, et ceux qui reçoivent le message se distinguent par leur observation des commandements de Dieu. Quelle différence y a-t-il dans leur pratique, et quelle est la seule différence parmi les chrétienssur ce sujet ? Seulement celle-ci: Certains pensent qu’ils gardent le quatrième commandement en consacrant le premier jour de la semaine au repos et au culte. D’autres soutiennent que le septième jour est celui qui a été mis à part pour de tels devoirs, et ils passent ces heures en conséquence, reprenant leurs activités ordinaires le premier jour. On ne pourrait tracer une ligne de démarcation plus claire entre ces deux classes de croyants. Le temps qu’une catégorie considère comme sacré et destiné à des fins religieuses est considéré par l’autre catégorie comme séculaire et consacré au travail ordinaire. Une partie se repose pieusement tandis que l’autre travaille avec zèle. Tandis qu’un groupe vaque à ses occupations mondaines, on trouve l’autre retirée de toute activité, et ceci coupe brutalement toute voie aux relations commerciales entre eux. Durant deux jours de la semaine, ces deux groupes sont séparés par leur différence doctrinale et pratique, quant au quatrième commandement. Aucun autre commandement ne pourrait créer une différence aussi remarquable.

Le Sabbat se détache dans le message.--Le message du troisième ange pousse ses adhérents à observer le septième jour, parce que ce n’est que de cette façon qu’ils peuvent se distinguer, dans la mesure où l’observation du premier jour ne distinguerait pas une personne des foules qui observaient déjà ce jour quand le message fut présenté. Nous avons des preuves supplémentaires que l’observation du dimanche est la marque de la bête, parce que le message, qui met surtout l’accent sur l’avertissement contre la réception de la marque de la bête, conduira donc ses adhérents à écarter cette pratique qui constitue la marque, et à adopter la conduite opposée. Il les poussera à abandonner l’observation du premier jour de la semaine et à adopter celle du septième. Compte tenu de ceci, on voit immédiatement qu’il y a plus que de simples déductions en faveur du fait que l’observation du dimanche est la marque de la bête contre laquelle nous sommes mis en garde, et que l’observation du septième jour est l’opposé, c’est-à-dire le sceau de Dieu.

Ceci harmonise les arguments se rapportant au sceau de Dieu, donnés dans les observations sur Apocalypse 7. On y démontre que les mots «signes», «sceau» et «marque» sont synonymes, et que Dieu nous indique que Son Sabbat est Son signe, ou sceau en référence à Son peuple. Ainsi, Dieu a Son sceau qui est Son Sabbat. La bête a une marque qui est une contrefaçon du sabbat. L’un est le septième jour, l’autre le premier jour. La chrétienté sera finalement divisée en deux groupes seulement: (1) Ceux qui seront scellés avec le sceau du Dieu vivant, c’est-à-dire, ceux qui porteront Son signe et garderont Son Sabbat; (2) ceux qui recevront la marque de la bête, c’est-à-dire qu’ils seront porteurs de son signe et observeront son sabbat falsifié. A ce propos, le message du troisième ange nous illumine et nous avertit.

Vu que le septième jour a tant d’importance, il convient de présenter ici les faits principaux qui sont en relation avec l’institution du Sabbat.

Le Sabbat fut établi au commencement, quand la première semaine [de la création] fut achevée (Genèse 2:1 à 3).

C’était le septième jour de cette semaine, et elle fut basée sur des faits immuables qui étaient en relation inséparable avec leur propre nom et leur existence. En se reposant le septième jour, Dieu fit de lui Son jour de repos, ou Sabbat (repos) de Jéhova; et il ne cessera jamais d’être Son jour de repos, car ce fait ne pourra jamais être changé. Dieu l’a alors sanctifié, ou mis à part, selon ce que nous indique le récit; et cette sanctification ne doit jamais cesser, à moins qu’un acte de Jéhova lui-même ne l’annule d’une manière aussi directe et explicite que celui par lequel Il institua ce jour au commencement. Personne ne peut dire qu’il l’a fait et celui qui le dira ne pourra pas le prouver.

Le Sabbat n’a rien qui soit de nature typique ou cérémonielle, parce qu’il a été institué avant que l’homme ne pèche; il appartient donc à une époque où aucun type, image ou ombre ne pouvaient exister.

Les lois et les institutions qui existaient avant la chute de l’homme étaient originelles dans leur nature. Elles provenaient de la relation qu’il y avait entre Dieu et l’homme, et de celle que devaientt avoir les êtres humains entre eux; et ils auraient conservé pour toujours son caractère si l’homme n’avait pas péché, et n’en avait pas été affecté. En d’autres mots, elles étaient de par leur nature même immuables et éternelles. Les lois cérémonielles et typiques doivent leur origine au fait que l’homme avait péché. D’une dispensation à l’autre elles étaient sujettes à des changements; et elles furent, et elles seulement, abolies lors de la crucifixion. La loi du Sabbat était une loi originelle, et donc immuable et éternelle.

La sanctification du Sabbat en Éden prouve son existence depuis la création jusqu’au Sinaï. Là, il fut placé au coeur même du Décalogue quand Dieu le prononça de sa voix audible et il l’écrivit de son doigt sur des tables de pierre. Ce sont des circonstances qui le séparent pour toujours des lois cérémonielles, et le place parmi les lois morales et éternelles.

Le Sabbat n’est pas indéfini; ce n’est pas un quelconque septième jour après les six jours de travail. La loi du Sinaï (Exode 20:8 à 11) l’indique d’une façon aussi claire que le langage le permet. Les événements qui l’engendrèrent (Genèse 2:1 à 3) le limite à un septième jour bien défini. Les 6 240 miracles accomplis à l’occasion du Sabbat, tandis que le peuple d’Israël était dans le désert, à raison de trois chaque semaine pendant 40 ans, quand une double provision de manne leur était accordée le sixième jour, et se conservait du sixième au septième jour (Exode 16), démontrent que c’est un jour particulier, et non une portion de temps ordinaire. Dire autre chose serait comme affirmer que l’anniversaire de Washington ou du jour de l’Indépendance n’est que la 365ième partie d’une année, et peut se célébrer n’importe quel jour aussi bien que le jour réel où il eut lieu.

Le Sabbat fait partie de cette loi que notre Seigneur déclara ouvertement qu’il n’était pas venu détruire. D’un autre côté, il affirma très solennellement qu’elle subsisterait avec tous ses iotas et ses traits de lettres tant que la terre durerait (Matthieu 5:17 à 20).

Il fait partie de cette loi que Paul déclara, non abolie, sinon confirmée par la foi de Christ (Romains 3:31). Au contraire, la loi cérémonielle ou typique, qui annonçait Christ, et cessa quand il fut crucifié, fut annulée ou remplacée par la foi en lui (Éphésiens 2:15).

Il fait partie de cette loi royale, la loi qui appartient au roi Jéhova, que Jacques appelle la loi de liberté, et par laquelle nous serons jugés au dernier jour. Dieu n’établit pas des normes différentes de jugement pour chaque époque du monde (Jacques 2:11, 12).

C’est le «jour du Seigneur» d’Apocalypse 1:10 (Voir commentaires sur ce verset).

Il apparaît comme la grande institution au sujet de laquelle une grande réforme est prédite dans les derniers jours (Comparez Ésaïe 56:1, 2 avec 1 Pierre 1:5). Cette réforme englobe aussi le message que nous étudions.

A la nouvelle création, le Sabbat, fidèle à son origine et sa nature, refera son apparition, et dès lors, ses bénédictions seront déversées sur le peuple de Dieu à travers toute l’éternité (Ésaïe 66:22, 23).

Tel est le bref synopsis de quelques-uns des arguments démontrant que la loi du Sabbat n’a pas été abrogée ni son institution changée; qu’on ne peut pas dire qu’une personne garde les commandements de Dieu à moins qu’elle n’observe ce jour. C’est un grand honneur que d’être en relation avec une telle institution; et prêter attention à ses commandements apportera une bénédiction infinie.

Le châtiment de ceux qui adorent la bête.--Ceux-ci seront tourmentés dans le feu et le soufre en présence des saints anges et de l’Agneau. Quand ce châtiment sera-t-il infligé? Dans Apocalypse 19: 20 on voient que lorsque Jésus reviendra pour la seconde fois il y aura des châtiments qui peuvent être appelés: étang ardent de feu et de soufre. C’est là que la bête et le faux prophète seront jetés vivants. Ceci ne peut se rapporter qu’à la destruction qui leur est infligée au commencement et pas à la fin des mille ans. Dans Ésaïe, il y a un passage remarquable auquel nous nous voyons obligés de nous référer pour expliquer les phrases de menace que le troisième ange prononce, car il décrit, sans l’ombre d’un doute, des scènes qui doivent arriver lors de la seconde venue et tandis que la terre demeure désolée pendant les mille ans qui suivent. On est presque obligé de reconnaître que le langage de l’Apocalypse reproduit des parties de cette prophétie. Après avoir décrit la colère de Jéhova manifestée sur toutes les nations, la grande tuerie de leurs armées, et les cieux qui sont roulés comme un livre, le prophète dit: «Car c’est un jour de vengeance pour l’Éternel, une année de représailles pour la cause de Sion.Les torrents d’Édom seront changés en poix, et sa poussière en soufre; et sa terre sera comme la poix qui brûle. Elle ne s’éteindra ni jour ni nuit, la fumée s’en élèvera éternellement; d’âge en âge elle sera désolée, à tout jamais personne n’y passera.» (Ésaïe 34:8 à 10). En vue de ce qui nous est révélé, à savoir l’existence d’un lac de feu dans lequel tous les pécheurs périront à la fin des mille ans, nous ne pouvons que conclure que la destruction des impies vivants au début de cette période, et la condamnation finale de tous les méchants à la fin de cette même période, sont similaires.

L’expression «aux siècles des siècles» (Apocalypse 14:11), ne peut pas signifier l’éternité. Ceci est évident par le simple fait que ce châtiment est infligé sur cette terre, où le temps se mesure en jours et en nuits. Ceci est mieux démontré par le passage d’Ésaïe déjà mentionné, qui est, comme nous l’avons déjà suggéré, l’endroit d’où ce langage est tiré, et il s’applique au même temps. Ce que dit Ésaïe, il l’applique à la terre d’Idumée; mais que cette expression désigne la terre littérale d’Édom, située au Sud-Est de la Judée, ou qu’elle représente, comme c’est sans doute le cas, toute la terre au moment où le Seigneur Jésus sera révélé dans le ciel au milieu des flammes de feu, et quand l’année des rétributions de la controverse de Sion arrive, dans n’importe quel cas, la scène aura éventuellement une fin. Cette terre doit finalement être rénovée, purifiée de toutes taches de péché, de tout vestige de souffrance et de décadence, et elle deviendra une habitation de la justice et de la joie à travers toute l’éternité. Le mot aion, traduit ici par «aux siècles des siècles» est ici défini par G. Abbot-Smith, dans son petit dictionnaire grec du Nouveau Testament: «un espace de temps, comme une vie, une génération, une période de l’histoire, une période indéfiniment longue.» De manière que, sans forcer la signification acceptée du mot grec, nous pouvons l’interpréter ici en harmonie avec les autres déclarations catégoriques de l’Écriture.

L’époque du message du troisième ange est une période de patience pour le peuple de Dieu. Paul et Jacques nous donnent tous les deux des instructions à ce sujet (Hébreux 10:36; Jacques 5:7, 8). Tant qu’il dure, le groupe qui attend garde les commandements de Dieu, le Décalogue, et conserve la foi de Jésus, c’est-à-dire qu’ils accomplissent tous les enseignements de Christ et de ses apôtres tels qu’ils sont contenus dans le Nouveau Testament. Le vrai Sabbat, tel que le présente le Décalogue, est ainsi mis vivement en contraste avec le sabbat falsifié, la marque de la bête, qui distingue finalement ceux qui rejettent le message du troisième ange.

VERS. 13-16: «13 Et j’entendis du ciel une voix qui disait: Écris: Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent. 14 Je regardai, et voici, il y avait une nuée blanche, et sur la nuée était assis quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et dans sa main une faucille tranchante. 15 Et un autre ange sortit du temple, criant d’une voix forte à celui qui était assis sur la nuée: Lance ta faucille, et moissonne; car l’heure de moissonner est venue, car la moisson de la terre est mûre. 16 Et celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre. Et la terre fut moissonnée.»

Une crise solennelle.--Les événements deviennent de plus en plus solennels au fur et à mesure que nous approchons de la fin. C’est ce fait qui donne au message du troisième ange, qui est actuellement proclamé, une solennité et une importance inhabituelles. C’est le dernier avertissement qui doit être proclamé avant la venue du Fils de l’homme, qui est représenté ici comme assis sur une nuée blanche, avec une couronne sur la tête, et une faucille dans la main, prêt à moissonner la terre.

Nous sommes en train de traverser rapidement une échéance prophétique qui culmine par la révélation du Seigneur Jésus dans le ciel au milieu de flammes de feu, pour se venger de ses ennemis et récompenser ses saints. Et pas seulement ça, mais nous sommes si proches de son accomplissement que le prochain chaînon de la chaîne est cet événement suprême et crucial. Le temps ne recule jamais. Comme le fleuve ne vacille pas à l’approche du précipice, mais avec une force irrésistible, il entraîne avec lui tous les corps qui flottent sur lui; et comme les saisons n’inversent jamais leur course, mais que l’été fait suite à l’attendrissement des bourgeons du figuier, et l’hivers suit la chute des feuilles; nous aussi nous sommes entraînés vers l’avant, que nous le voulions ou non, que nous soyons prêts ou pas, vers la crise inévitable et irréversible. Ah! Combien peu, parmi ceux qui professent orgueilleusement leur religion et les pécheurs négligents, s’imaginent ce qui les attend! Comme il est difficile de comprendre cela, même pour ceux qui connaissent la vérité et professent la suivre!

Une bénédiction promise.--Une voix céleste ordonna à Jean d’écrire: «Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur», et la réponse de l’Esprit est: «Oui, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent.» «Dès à présent» doit signifier à partir d’un moment particulier. Quel moment? Évidement, le commencement du message en relation avec lequel ceci est dit. Mais pourquoi les morts qui meurent dès ce moment sont-ils heureux? Cette béatitude prononcée sur eux doit l’avoir été pour une raison spéciale. Ne serait-ce pas parce qu’ils échappent au temps de terrible danger que les saints doivent affronter à l’approche de la fin de leur pèlerinage? Bien qu’ils soient bienheureux avec tous les justes morts, ils ont l’avantage sur eux d’appartenir sans doute à ce groupe qui ressuscitera pour la vie éternelle lors de la résurrection spéciale de Daniel 12:2.

Il faut noter que dans cette chaîne prophétique trois anges précèdent le Fils de l’homme qui vient sur la nuée blanche, et trois sont présentés après ce symbole. Nous avons déjà exprimé l’opinion que les anges littéraux participent aux scènes décrites ici. Les trois premiers ont la charge des trois messages spéciaux. Le message du quatrième ange doit être proclamé de façon évidente après que le Fils de l’homme ait achevé son oeuvre sacerdotale et se soit assis sur la nuée blanche, mais avant qu’Il apparaisse sur les nuées des cieux. Comme les paroles sont adressées à celui qui est assis sur la nuée blanche, ayant à la main une faucille aiguisée prête pour la moisson, il doit indiquer un message de prière de la part de l’église, après que son oeuvre ait été achevée en faveur du monde, que le temps de probation ait cessé et que le Seigneur apparaisse et emporte son peuple avec lui. C’est assurément le grand cri mentionné par notre Seigneur dans Luc 18:7, 8, en relation avec la venue du Fils de l’homme. Cette prière sera exaucée; les élus seront vengés; car la parole ne dit-elle pas: «Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit? Celui qui est assis sur la nuée lancera sa faucille, et les saints, représentés par le blé de la terre, seront engrangés dans les greniers célestes.

Le blé engrangé.--La prophétie nous dit que «celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre. Et la terre fut moissonnée». Ces paroles nous transportent au-delà du second avènement, avec ses scènes de destruction pour les impies et de salut pour les justes. Nous devons donc chercher au-delà de ces scènes l’application des versets suivants.

VERS. 17-20: «17 Et un autre ange sortit du temple qui est dans le ciel, ayant, lui aussi, une faucille tranchante. 18 Et un autre ange, qui avait autorité sur le feu, sortit de l’autel, et s’adressa d’une voix forte à celui qui avait la faucille tranchante, disant: Lance ta faucille tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre; car les raisins de la terre sont mûrs. 19 Et l’ange jeta sa faucille sur la terre. Et il vendangea la vigne de la terre, et jeta la vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu. 20 Et la cuve fut foulée hors de la ville; et du sang sortit de la cuve, jusqu’aux mors des chevaux, sur une étendue de mille six cents stades.»

La cuve de la colère de Dieu.--Les deux derniers anges ont quelque chose à voir avec les impies, qui sont représentés sous la forme bien appropriée des grappes de la vigne de la terre. Ne serait-ce pas le sort final de ce groupe à la fin des mille ans qui nous est présenté ici, la prophétie montrant ce qui arrive finalement tant aux justes qu’aux impies: Les justes sont revêtus d’immortalité, sains et saufs dans le royaume, tandis que les impies périssent hors de la ville? Il est difficile d’appliquer ceci au moment du second avènement, parce que les événements sont donnés ici en ordre chronologique, et la destruction des impies serait contemporaine à l’enlèvement des justes. De plus, les impies qui sont vivants quand le Christ vient, boivent la coupe de Sa colère. Mais, ce passage nous présente le moment où ils périssent dans la cuve de Sa colère, de laquelle il est dit qu’elle est «foulée hors de la ville», ce qui correspond bien à la description d’Apocalypse 20:9, cette dernière expression indiquant plus naturellement sa destruction finale et complète.

L’ange sort du temple, où sont gardés les registres et sont déterminés les châtiments. L’autre ange a l’autorité sur le feu. Ceci peut se rapporter au fait que le feu est l’agent qui détruit finalement les impies, bien que, pour garder cette image, les impies sont comparés aux grappes de la vigne de la terre, et il est dit qu’ils sont jetés dans le grand pressoir qui est hors de la ville. Du sang sort de la cuve jusqu’aux mors des chevaux. Nous savons que les impies sont condamnés à être entièrement dévorés par un déluge de flammes qui descendra d’auprès de Dieu, dans le ciel, mais nous ne savons pas quelle tuerie aura lieu avant, parmi l’armée des condamnées. Il n’est pas improbable que ces expressions se réaliseront littéralement. Comme les quatre premiers anges de cette série indiquèrent un mouvement notable de la part du peuple de Dieu; les deux derniers peuvent signifier la même chose; parce que les saints doivent jouer un certain rôle dans la détermination et l’exécution du châtiment final des impies (1 Corinthiens 6:2; Psaume 149:9).

Les saints triomphent.--Cette prophétie se termine comme les autres, par le triomphe de Dieu, de Christ et des rachetés.

Chapitre XV. - Les Coupes de la Colère de Dieu sont Prêtes

Ce chapitre nous présente les sept dernières plaies, manifestations de la colère céleste versée généreusement et sans mélange, sur la dernière génération d’impies. L’oeuvre de miséricorde sera alors achevée pour toujours.

VERS. 1-8: «1 Puis je vis dans le ciel un autre signe, grand et admirable: sept anges, qui tenaient sept fléaux, les derniers, car par eux s’accomplit la colère de Dieu. 2 Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu la bête, et son image, et le nombre de son nom, debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu. 3 Et ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau, en disant: Tes oeuvres sont grandes et admirables, Seigneur Dieu tout-puissant! Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations! 4 Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom? Car seul tu es saint. Et toutes les nations viendront, et se prosterneront devant toi, parce que tes jugements ont été manifestés. 5 Après cela, je regardai, et le temple du tabernacle du témoignage fut ouvert dans le ciel. 6 Et les sept anges qui tenaient les sept fléaux sortirent du temple, revêtus d’un lin pur, éclatant, et ayant des ceintures d’or autour de la poitrine. 7 Et l’un des quatre êtres vivants donna aux sept anges sept coupes d’or, pleines de la colère du Dieu qui vit aux siècles des siècles . 8 Et le temple fut rempli de fumée, à cause de la gloire de Dieu et de sa puissance; et personne ne pouvait entrer dans le temple, jusqu’à ce que les sept fléaux des sept anges fussent accomplis.»

Une scène préparatoire.--C’est ce que nous lisons dans le chapitre 15. Il nous ramène à une nouvelle série d’événements. Tout le chapitre n’est qu’une introduction aux plus terribles jugements que le Tout-Puissant ait jamais fait tomber sur la terre: les sept dernières plaies. Ce que nous contemplons ici, est une solennelle préparation au déversement de ces coupes sans mélange de miséricorde. Le verset 5 montre que les plaies tomberont après la fin du ministère du sanctuaire, parce que le temple est ouvert avant qu’elles soient déversées. Elles sont données à sept anges vêtus de lin pur et éclatant, symbole adéquat de la pureté de la justice de Dieu manifestée dans ses châtiments. Ils reçoivent ces coupes de l’une des quatre bêtes, ou créatures vivantes. Dans les commentaires sur Apocalypse 4, nous avons démontré que ces êtres assistaient Christ dans l’oeuvre qu’il accomplit dans le sanctuaire. Il est tout à fait juste que leur revienne le droit de remettre aux ministres de la vengeance les calices de la colère qui doivent être déversés sur ceux qui méprisèrent la miséricorde de Christ, abusèrent de Sa longanimité, accumulèrent l’opprobre sur Son nom et le crucifièrent à nouveau en persécutant Ses disciples! Tandis que les sept anges accomplissent leur terrible mission, le temple se remplit de la gloire de Dieu et personne (oudeis, aucun être) ne peut y rentrer. Ceci démontre que l’oeuvre de miséricorde est achevée, car il n’y a aucun office pendant le déversement des plaies. D’où le fait que les manifestations de la colère de Dieu sont sans mélange de miséricorde.

Le peuple de Dieu rappelé.--Les enfants de Dieu ne sont pas oubliés dans cette scène. Dans les versets 2 à 4, le prophète est autorisé à les contempler par anticipation, comme vainqueurs sur la mer qui avait l’apparence du verre mêlé de feu. Ils chantent le cantique de Moïse et de l’Agneau tandis qu’ils se tiennent sur cette immensité étincelante de gloire. La mer de verre sur laquelle se trouvent ces vainqueurs, est la même que celle d’Apocalypse 4:6, située devant le trône céleste. Vu que rien ne prouve qu’il y ait eu un changement de lieu, et comme les saints se trouvent sur elle, nous avons la preuve indiscutable, et confirmée par Apocalypse 14:1 à 5, que les saints sont emmenés au ciel pour recevoir leur récompense. Comme le soleil resplendissant perce soudainement les nuages de minuit, ainsi, on nous présente une scène, une promesse donnée aux humbles disciples de l’Agneau à l’heure de la tentation, pour les assurer de l’amour et du soin de Dieu, aussi bien que de la certitude de leur récompense finale. « Dites que le juste prospérera, car il jouira du fruit de ses oeuvres. Malheur au méchant! il sera dans l’infortune.» (Ésaïe 3:10,11).

Le cantique chanté par les vainqueurs, le cantique de Moïse et de l’Agneau, nous est donné ici en abrégé: « Tes oeuvres sont grandes et admirables, Seigneur Dieu tout-puissant! Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations! » C’est un chant d’une grandeur infinie. Comme ces mots sont profonds! Comme son thème est sublime! Il évoque les oeuvres de Dieu qui sont une manifestation de sa gloire. Par une vision immortelle, les saints seront capables de comprendre, ce qu’ils ne peuvent pas faire dans leur condition actuelle, bien que l’astronomie révèle suffisamment de choses pour remplir tous les coeurs d’admiration. De notre petit monde, nous passons à notre soleil, à 155 millions de kilomètres de distance; de là au soleil le plus proche du nôtre, à quarante billions de kilomètres de lui; ensuite, la double étoile polaire, dont la lumière nécessite 400 ans pour atteindre notre monde, et traversant de nombreux systèmes, de groupes d’étoiles et de constellations, nous arrivons à la grande étoile Rigel, dans Orion, qui resplendit avec la puissance de 15 000 astres comme notre soleil! Il peut bien être le grand centre autour duquel tournent ces myriades d’orbes resplendissantes! On peut bien s’exclamer: « Tes oeuvres sont grandes et admirables! » Mais le cantique mentionne aussi autre chose: la providence et la grâce de Dieu: « Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations! » Toutes les relations de Dieu avec ses créatures seront justifiées pour toujours aux yeux des rachetés et à la vue de tous les mondes. Après notre cécité, toutes nos perplexités, nos épreuves, nous pourrons nous exclamer finalement par l’exubérance de la joie satisfaite: « Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations! »


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