Les Prophéties de Daniel et l’Apocalypse

par Uriah Smith


1. Les Prophéties de Daniel

Chapitre I.     Un Captif a la Cour de Babylone
Chapitre II.    Le Roi Reve aux Empires du Monde
Chapitre III.   L’Integrité Testée par le Feu
Chapitre IV.    Le Plus Grand Royaume
Chapitre V.     L’Ecriture sur le Mur
Chapitre VI.    Daniel dans la Fosse aux Lions
Chapitre VII.   La Lutte pour la Suprematie Mondiale
Chapitre VIII.  Le Monde Convoque Devant le Tribunal Celeste
Chapitre IX.    Une Periode Prophétique Traverse les Siecles
Chapitre X.     Dieu Intervient dans les Affaires du Monde
Chapitre XI.    Le Panorama de L’Avenir Devoile
Chapitre XII.   Le Moment Crucial de L’Histoire Approche

2. Les Prophéties de l’Apocalypse

Chapitre I. 	La Methode Divine de la Revelation Prophetique
Chapitre II.    Les Lettres de Jesus aux Eglises
Chapitre III.   « Voici Je Me Tiens a la Porte, et Je Frappe »
Chapitre IV.    Devant le Trone e Dieu
Chapitre V.     Le Defi du Livre Scelle
Chapitre VI.    Les Sceaux du Livre de la Prophétie sont Brises
Chapitre VII.   Le Sceau du Dieu Vivant
Chapitre VIII.  La Chute de L’Empire Romain
Chapitre IX.    Le Monde Musulman dans la Prophétie
Chapitre X.     La Proclamation Mondiale du Second Avénement
Chapitre XI.    La Bataille Entre la Bible et L’Athéisme
Chapitre XII.   Le Développement de L’Intolérance
Chapitre XIII.  La Lutte Séculaire pour la Liberté Religieuse
Chapitre XIV.   Le Dernier Avertissement de Dieu a un Monde Impie
Chapitre XV.    Les Coupes de la Colère de Dieu sont Prêtes
Chapitre XVI.   Sept Plaies Dévastent la Terre
Chapitre XVII.  L’Union Mondiale de L’Église et de L’État
Chapitre XVIII. La Condamnation de la Babylone Moderne
Chapitre XIX.   Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs
Chapitre XX.    La Nuit Millénaire du Monde
Chapitre XXI.   Un Nouveau Ciel et une Nouvelle Terre
Chapitre XXII.  La Paix Règne Enfin


Part 1. Les Prophéties de Daniel

Chapitre I. - Un Captif a la Cour de Babylone

VERS. 1-2: «1La troisième année du règne de Jojakim, roi de Juda, Nébucadnetsar, roi de Babylone, marcha contre Jérusalem, et l’assiégea. 2 Le Seigneur livra entre ses mains Jojakim, roi de Juda, et une partie des ustensiles de la maison de Dieu. Nébucadnetsar emporta les ustensiles au pays de Schinear, dans la maison du trésor de son dieu.»

Avec une franchise propre aux écrivains sacrés, Daniel entre tout de suite dans le vif du sujet. Il commence son livre dans un style historique simple. Les six premiers chapitres, excepté la prophétie du chapitre deux, ont un caractère narratif. Avec le chapitre sept, nous arrivons à la partie prophétique du livre.

Le siège de Jérusalem.--Comme toute personne consciente de proclamer une vérité bien connue, il va tout de suite présenter, une série de détails capables de prouver son exactitude. La chute de Jérusalem rapportée ici, et prédite par Jérémie, s’est accomplie en 606 av. J.-C. (Jérémie 25:8-11). Jérémie situe cette captivité lors de la quatrième année de Jojakim; Daniel durant la troisième année. Cette apparente contradiction est expliquée par le fait que Nébucadnetsar prépara son expédition vers la fin de la troisième année de Jojakim, année à partir de laquelle Daniel se base. Mais le roi n’acheva pas la soumission de Jérusalem avant le 9e mois de l’année suivante, année prise en compte par Jérémie. Jojakim, bien que lié pour être emmené à Babylone, s’humilia et fut autorisé à rester à Jérusalem en tant que souverain tributaire du roi de Babylone.

C’était la première fois que Jérusalem était prise par Nébucadnetsar. Par la suite, la ville se révolta deux fois, mais elle fut reprise par le même roi, et à chaque fois, il la traita avec plus de sévérité. La deuxième prise eut lieu sous le règne de Jojakin, fils de Jojakim, c’est alors que tous les ustensiles sacrés furent détruits ou pris, et les plus remarquables des habitants furent emmenés en captivité avec le roi. La troisième prise se produisit sous Sédéchias, quand la cité supporta un siège terrible. Pendant l’année et demie qu’il dura, les habitants de la ville endurèrent toutes les horreurs de la famine extrême. A la fin, la garnison et le roi tentèrent de s’échapper de la ville, mais ils furent capturés par les Chaldéens. Ceux-ci massacrèrent les fils du roi devant lui, et ses yeux furent crevés, puis il fut emmené à Babylone. Ainsi s’accomplit la prédiction d’Ezéchiel (Ezéchiel 12:13), selon laquelle le roi devait être conduit en captivité à Babylone, où il mourrait sans l’avoir vue. C’est à ce moment-là que la ville et le temple furent complètement détruits, et l’entière population de la campagne, à peu d’exception près, fut déportée à Babylone, en 586 av. J.-C.

Tel fut le témoignage de Dieu contre le péché--non pas que les Chaldéens aient été les favoris du Ciel, mais Dieu les utilisa pour punir les iniquités de Son peuple. Si les Israélites avaient été fidèles à Dieu, et s’ils avaient gardé Son Sabbat, Jérusalem aurait subsisté pour toujours. (Jérémie 17:24-27). Mais ils s’éloignèrent de Lui et l’abandonnèrent. Ils profanèrent les ustensiles sacrés en introduisant des idoles dans le temple; par conséquent, Dieu permit que ces ustensiles soient profanés davantage en les laissant emporter comme trophées dans les temples païens, à l’étranger.

Les captifs hébreux à Babylone.--Tandis que Jérusalem vivait des jours de trouble et de détresse, Daniel et ses compagnons étaient nourris et instruits dans le palais du roi de Babylone. Bien que captifs dans un pays inconnu, ils étaient probablement dans une situation beaucoup plus favorable que s’ils étaient restés dans leur pays natal.

VERS. 3-5: «3 Le roi donna l’ordre à Aschpenaz, chef de ses eunuques, d’amener quelques-uns des enfants d’Israël de race royale ou de famille noble, 4 de jeunes garçons sans défaut corporel, beaux de figure, doués de sagesse, d’intelligence et d’instruction, capables de servir dans le palais du roi, et à qui l’on enseignerait les lettres et la langue des Chaldéens. 5 Le roi leur assigna pour chaque jour une portion des mets de sa table et du vin dont il buvait, voulant les élever pendant trois années, au bout desquelles ils seraient au service du roi.»

Nous trouvons ici l’accomplissement probable des jugements prédits au roi Ezéchias par le prophète Esaïe, plus de cent ans auparavant. Quand ce roi montra, avec vanité, tous les trésors et les choses saintes de son palais et du royaume aux messagers du roi de Babylone, le prophète dit à Ezéchias que toutes ces belles choses seraient emportées comme trophées à la ville de Babylone, et que ses propres enfants, ses descendants, seraient emmenés comme eunuques, là-bas, dans le palais du roi (2 Rois 20:14-18).

Le mot «enfants» appliqué à ces captifs ne doit pas être restreint au sens où il est limité de nos jours. Il inclut aussi les adolescents. Nous apprenons par ces notes, que ces enfants étaient déjà «doués de sagesse, d’intelligence et d’instruction, capables de servir dans le palais du roi». En d’autres termes, ils avaient acquis un haut niveau d’éducation, et leurs forces physiques et intellectuelles étaient si développées qu’un connaisseur de la nature humaine pouvait se faire une idée précise de leurs capacités. On suppose qu’ils étaient âgés d’environ 18 ou 20 ans.

Le traitement que ces captifs hébreux reçurent, nous offre un exemple de la sage manière d’agir et de la libéralité du roi qui «monte», Nébucadnetsar. Au lieu de choisir des instruments pour satisfaire de bas et vils désirs, comme trop de rois le feront ultérieurement, il choisit de jeunes hommes devant être éduqués dans tous les sujets se rapportant au royaume, afin qu’ils lui soient une aide efficace pour l’administration de ses affaires. Il leur assigna chaque jour une partie de sa propre nourriture et de ses boissons. Au lieu d’un traitement vil que beaucoup auraient jugé suffisamment bon pour des captifs, il leur offrit de ses propres viandes royales. Durant une période de trois ans, ils purent bénéficier de tous les avantages du royaume. Bien que captifs, ils étaient des enfants royaux, et ils étaient traités en tant que tels par le roi compatissant des Chaldéens.

VERS. 6-7: «6 Il y avait parmi eux, d’entre les enfants de Juda, Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria. Le chef des eunuques leur donna des noms, 7 à Daniel celui de Beltschatsar, à Hanania celui de Schadrac, à Mischaël celui de Méschac, et à Azaria celui d’Abed-Négo.»

Daniel et ses compagnon rebaptisés.--Ce changement de noms eut lieu probablement à cause de la signification de leurs noms. En Hébreux, Daniel signifie «Juge pour Dieu»; Hanania «Don du Seigneur»; Mischaël «Qui est ce que Dieu est» et Azaria «Celui que Jéhova aide». Puisque ces noms faisaient référence au vrai Dieu et avaient une signification en relation avec son culte, leurs noms furent remplacés par d’autres ayant une définition en relation avec les divinités païennes et le culte des Chaldéens. Ainsi, Beltschatsar, le nom destiné à Daniel, signifie «Prince de Bel»: Shadrac, «Serviteur de Sin» (le dieu de la lune); Méschac «Celui qui est ce que Aku est» (Aku est l’équivalant Sumérien de Sin, le nom du dieu de la lune); et Abed-Négo «Serviteur de Nébo».

VERS. 8-16: «8 Daniel résolut de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin dont le roi buvait, et il pria le chef des eunuques de ne pas l’obliger à se souiller. 9 Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce devant le chef des eunuques. 10 Le chef des eunuques dit à Daniel: Je crains mon Seigneur le roi, qui a fixé ce que vous devez manger et boire; car pourquoi verrait-il votre visage plus abattu que celui des jeunes gens de votre âge? Vous exposeriez ma tête auprès du roi. 11 Alors Daniel dit à l’intendant à qui le chef des eunuques avait remis la surveillance de Daniel, de Hanania, de Mischaël et d’Azaria: 12 Eprouve tes serviteurs pendant dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire; 13 tu regarderas ensuite notre visage et celui des jeunes gens qui mangent les mets du roi, et tu agiras avec tes serviteurs d’après ce que tu auras vu. 14 Il leur accorda ce qu’ils demandaient, et les éprouva pendant dix jours. 15 Au bout de dix jours, ils avaient meilleur visage et plus d’embonpoint que tous les jeunes gens qui mangeaient les mets du roi. 16 L’intendant emportait les mets et le vin qui leur étaient destinés, et il leur donnait des légumes.»

Dans ce récit, Nébucadnetsar apparaît merveilleusement libre de fanatisme. Il ne semble pas avoir pris des mesures pour contraindre ses captifs royaux à changer de religion. Il lui suffisait qu’ils aient une religion, que ce soit celle qu’il professait ou non. Bien que leurs noms aient été remplacés par d’autres ayant une signification en relation avec un culte païen, il se peut que ce soit pour éviter l’usage de noms juifs par les Chaldéens, plutôt que pour indiquer un changement de sentiment ou de pratique de la part de ceux dont les noms ont été changés.

Le régime de Daniel.--Daniel décida de ne pas se souiller par la nourriture et le vin du roi. Daniel avait d’autres raisons pour faire cette démarche que le simple effet de ce régime sur son organisme, bien qu’il n’y avait aucun doute que ce domaine allait aussi bénéficier de l’alimentation qu’il se proposait d’adopter. Les rois et les princes des nations païennes étaient souvent de grands prêtres de leur religion, et il était très fréquent que leur nourriture fût d’abord offerte en sacrifice aux idoles, et le vin qu’ils utilisaient, versé comme libation devant leurs dieux. De plus, certaines des viandes consommées par les Chaldéens étaient déclarées impures par la loi juive. Quelles qu’en soient les raisons, Daniel ne pouvait pas, en accord avec sa religion, manger de ces aliments. Il dit donc respectueusement à l’officier correspondant, que par scrupules religieux, il ne voulait pas être obligé à se souiller.

Le prince des eunuques craignit d’accéder à la requête de Daniel, le roi lui-même ayant désigné la nourriture de Daniel et de ses compagnons. Ceci montre le grand intérêt personnel que le roi prit pour ces captifs. Il semble qu’il souhaitait sincèrement, leur assurer le meilleur développement physique et mental qu’il était possible d’atteindre. Il était loin du fanatisme et de la tyrannie qui habituellement ont un contrôle sur les coeurs de ceux qui sont investis de pouvoir absolu. Nous pouvons trouver dans le caractère de Nébucadnetsar beaucoup de choses dignes de notre plus grande admiration.

Il est intéressant de noter ce qui était inclus dans le régime réclamé par Daniel. La parole hébraïque zeroim, traduite par «légumineuses» ["légumes», dans la Bible Segond, en Français], est construite avec la même racine que le mot «semence» utilisé dans le récit de la création, où il est parlé de «toute herbe portant de la semence» et puis «tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre portant de la semence» [Genèse 1:29]. Il est assez clair que la requête de Daniel incluait les graines, les légumineuses et les fruits. En plus, si nous comprenons correctement Genèse 9:3, «l’herbe verte" elle-même a dû aussi être incluse dans la diète demandée. En d’autres termes, le menu demandé et reçu par Daniel, était composé de céréales, de légumineuses, de fruits, de noix et de légumes--un régime végétarien bien varié--avec la boisson universelle des animaux et des hommes, l’eau claire.

La Bible de Cambridge contient la note suivante au mot zeroim: «nourriture végétale en générale; il n’y a pas de raison de penser que le mot hébreux utilisé se limite, aux légumineuses, telles que les haricots et les pois, qui est ce que le mot «semence» signifie correctement. Genesius donne cette définition: «herbe portant de la semence, de la verdure, des légumes, c’est-à-dire la nourriture végétale, telle qu’elle était mangée dans le demi-jeûne, en opposition aux viandes et aux nourritures les plus délicates.»

Comme les dix jours d’essai de ce régime furent concluants, Daniel et ses compagnons furent autorisés à le poursuivre durant la totalité de leur instruction aux devoirs du palais.

VERS. 17-21: "17 Dieu accorda à ces quatre jeunes gens de la science, de l’intelligence dans toutes les lettres, et de la sagesse; et Daniel expliquait toutes les visions et tous les songes. 18 Au terme fixé par le roi pour qu’on les amenât, le chef des eunuques les présenta à Nébucadnetsar. 19 Le roi s’entretint avec eux; et, parmi tous ces jeunes gens, il ne s’en trouva aucun comme Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria. Ils furent donc admis au service du roi. 20 Sur tous les objets qui réclamaient de la sagesse et de l’intelligence, et sur lesquels le roi les interrogeait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et astrologues qui étaient dans tout son royaume. 21 Ainsi fut Daniel jusqu’à la première année du roi Cyrus.»

Après trois années d’études.--Il semble que l’interprétation des visions et des rêves ait été confiée seulement à Daniel. Mais la relation de Dieu avec Daniel à ce sujet ne prouve pas que ses compagnons aient été moins acceptés. Par leur sauvegarde au milieu de la fournaise ils eurent également la preuve de la faveur divine. Il est probable que Daniel avait des aptitudes naturelles qui le rendait particulièrement apte à ce travail spécial.

Le même intérêt personnel manifesté jusqu’ici par le roi à ces jeunes continua de se maintenir. Au bout de trois années, il les appela pour avoir un entretien personnel avec eux. Il voulait se rendre compte par lui-même, comment les choses s’étaient passées, et quel niveau ils avaient atteint. Cet entretien nous montre aussi que le roi était très versé dans tous les arts, les sciences des Chaldéens, autrement il n’aurait pas été qualifié pour les examiner. Comme il reconnaissait le mérite partout où il se trouvait, sans tenir compte de la nationalité ou de la religion, il les reconnut dix fois supérieurs à tous ceux de son propre pays.

Il est ajouté: « ainsi fut Daniel jusqu’à la première année du roi Cyrus ».

Chapitre II. - Le Roi Reve aux Empires du Monde

VERS. 1: «La seconde année du règne de Nébucadnetsar, Nébucadnetsar eut des songes. Il avait l’esprit agité, et ne pouvait dormir.»

Daniel fut emmené en captivité dans la première année de Nébucadnetsar. Durant trois ans il fut enseigné par des instructeurs, et naturellement, pendant cette période, il ne fut pas compté parmi les sages du royaume, et il ne prit pas part non plus aux affaires publiques. Cependant, les événements relatées dans ce chapitre se produisirent dans la deuxième année de Nébucadnetsar. Comment, alors, Daniel put-il être amené à interpréter le rêve du roi, lors de la deuxième année? L’explication repose sur le fait que Nébucadnetsar régna deux ans conjointement avec son père, Nabopolassar. Les Juifs comptaient à partir de ce moment, tandis que les Chaldéens prirent en compte le moment où il commença à régner seul, à la mort de son père. Donc, l’année dont il est question ici était la seconde année de son règne en accord avec la façon de compter des Chaldéens, mais la quatrième année selon les Juifs. Il semble donc que l’année suivant l’achèvement de la formation de Daniel, pour participer aux affaires de l’empire Chaldéen, Dieu, dans sa providence, l’amena à être remarqué dans tout le royaume d’une façon soudaine et extraordinaire.

VERS. 2: «Le roi fit appeler les magiciens, les astrologues, les enchanteurs et les Chaldéens, pour qu’ils lui disent ses songes. Ils vinrent, et se présentèrent devant le roi.»

Les sages du roi échouent.--Les magiciens pratiquaient la magie dans son sens le plus mauvais; ils accomplissaient tous les rites superstitieux et les cérémonies des devins, les jeteurs de sorts, et autres. Les astrologues étaient des hommes qui prétendaient prédire les événements par l’étude des astres. La science, ou la superstition de l’astrologie était extrêmement pratiquée dans l’antiquité par les nations orientales. Les sorciers prétendaient communiquer avec les morts. Nous croyons que le mot «sorcier» est toujours utilisé dans ce sens, dans les Ecritures. Les Chaldéens mentionnés ici, étaient une secte de philosophes semblables aux magiciens et aux astrologues, qui se dédiaient à l’étude des sciences naturelles et de la divination. Toutes ces sectes ou professions abondaient à Babylone. Le but recherché par chacune d’elles était le même: l’explication des mystères et la prédiction des événements. La principale différence qu’il y avait entre elles, résidaient dans les moyens utilisés pour atteindre leur objectif. L’explication que désirait le roi relevait de la compétence de chacun; il les fit donc tous venir. Pour le roi, c’était un problème important. Il était très troublé, et par conséquent, il concentra tous les sages de son royaume sur la solution de son inquiétude.

VERS. 3-4: «3 Le roi leur dit: J’ai eu un songe; mon esprit est agité, et je voudrais connaître ce songe. 4 Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne: O roi, vis éternellement! dis le songe à tes serviteurs, et nous en donnerons l’explication.»

Quelle que soit l’efficacité des vieux magiciens et des astrologues, ils semblent avoir été enseignés à fond dans l’art d’obtenir suffisamment d’informations pour se faire une base de calculs astucieux, ou formuler leurs réponses d’une façon si ambiguë qu’elles pourraient être interprétées quelle que soit la façon dont les événements tournaient. Dans le cas présent, fidèles à leur instinct rusé, ils demandèrent au roi de leur faire connaître son rêve. S’ils avaient obtenu cette information, il leur aurait été facile de trouver une interprétation qui n’aurait pas mis leur réputation en danger. Ils s’adressèrent eux-mêmes au roi en Syriaque [Langue sémitique, du groupe Araméen], un dialecte chaldéen utilisé par les classes éduquées et cultivées. A partir d’ici jusqu’à la fin du chapitre 7 de Daniel, le récit continue en chaldéen, la langue parlée par le roi.

VERS. 5-13: «5 Le roi reprit la parole et dit aux Chaldéens: La chose m’a échappé; si vous ne me faites pas connaître le songe et son explication, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en un tas d’immondices. 6 Mais si vous me dites le songe et son explication, vous recevrez de moi, des dons et des présents, et de grands honneurs. C’est pourquoi dites-moi le songe et son explication. 7 Ils répondirent pour la seconde fois: Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en donnerons l’explication. 8 Le roi reprit la parole et dit: Je m’aperçois, en vérité, que vous voulez gagner du temps, parce que vous voyez que la chose m’a échappé. 9 Si donc vous ne me faites pas connaître le songe, la même sentence vous enveloppera tous; vous voulez vous préparer à me dire des mensonges et des faussetés, en attendant que les temps soient changés. C’est pourquoi dites-moi le songe, et je saurai si vous êtes capables de m’en donner l’explication. 10 Les Chaldéens répondirent au roi: Il n’est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi; aussi jamais roi, quelque grand et puissant qu’il ait été, n’a exigé une pareille chose d’aucun magicien, astrologue ou Chaldéen. 11 Ce que le roi demande est difficile; il n’y a personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux dont la demeure n’est pas parmi les hommes. 12 Là-dessus le roi se mit en colère, et s’irrita violemment. Il ordonna qu’on fît périr tous les sages de Babylone. 13 La sentence fut publiée, les sages étaient mis à mort, et l’on cherchait Daniel et ses compagnons pour les faire périr.»

Ces versets contiennent le récit de la lutte désespérée entre les mages et le roi. Les premiers cherchaient une issue de secours car ils étaient pris sur leur propre terrain. Le roi était déterminé à ce qu’ils lui fassent connaître son rêve, ce qui était le moins que l’on pouvait attendre de leur profession.

Quelques-uns ont sévèrement censuré Nébucadnetsar sur ce sujet, et lui attribue le rôle d’un tyran cruel et déraisonnable. Mais ces magiciens ne professaient-ils pas être capables de révéler les choses cachées, de prédire les événements, et de faire connaître tous les mystères de la prévoyance humaine et de la pénétration, et de faire cela avec l’aide des agents surnaturels? Il n’y avait donc rien d’injuste dans la demande de Nébucadnetsar de lui faire connaître son rêve. Quand ils avaient déclaré que personne sauf les dieux dont la demeure n’était pas parmi les hommes ne pouvait connaître le problème du roi, c’était la reconnaissance tacite qu’ils n’avaient aucune communication avec ces dieux, et qu’ils ne connaissaient rien de plus que ce que la sagesse humaine et le discernement pouvaient révéler. «Là-dessus le roi se mit en colère, et s’irrita violemment». Il vit que lui et tout le peuple étaient les victimes de leurs supercheries. Si nous ne pouvons pas justifier ces mesures extrêmes auxquelles il eut recours, en décrétant leur mort et la destruction de leurs maisons, nous ne pouvons que sentir une cordiale sympathie pour lui dans sa condamnation de la classe de ces misérables imposteurs. Le roi ne voulut pas être du côté de la malhonnêteté ou de la supercherie.

VERS. 14-18: «14 Alors Daniel s’adressa d’une manière prudente et sensée à Arjoc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone. 15 Il prit la parole et dit à Arjoc, commandant du roi: Pourquoi la sentence du roi est-elle si sévère? Arjoc exposa la chose à Daniel. 16 Et Daniel se rendit vers le roi, et le pria de lui accorder du temps pour donner au roi l’explication. 17 Ensuite Daniel alla dans sa maison, et il instruisit de cette affaire Hanania, Mischaël et Azaria, ses compagnons, 18 les engageant à implorer la miséricorde du Dieu des cieux, afin qu’on ne fît pas périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.»

Dans ce récit, nous voyons comment la providence de Dieu agit dans plusieurs détails remarquables. Grâce à elle, le rêve du roi laissa une impression si puissante sur son esprit, qu’il le plongea dans une angoisse extrême, et cependant, il disparu ensuite de sa mémoire. Ceci permis de démasquer complètement le faux système des magiciens et des autres maîtres païens. Quand ils furent mis à l’épreuve pour faire connaître le rêve, ils furent dans l’impossibilité de le faire, bien qu’ils aient professé en être capables.

Il est à noter que Daniel et ses compagnons, déclarés antérieurement par le roi dix fois supérieurs à tous ses magiciens et astrologues, ne furent pas consultés sur ce problème. Mais ce fut providentiel. De la même façon que le rêve avait été oublié par le roi, il se vit inexplicablement empêché d’appeler Daniel en premier, pour qu’il lui révèle la solution du mystère. S’il avait d’abord appelé Daniel pour qu’il lui fasse connaître son problème, les magiciens n’auraient pas été mis à l’épreuve. Mais Dieu voulait d’abord donner une chance au système païen des Chaldéens. Il voulait les laisser faire leur preuve et échouer ignominieusement, et confesser leur complète incompétence, même sous la peine de mort, pour qu’ils puissent être mieux préparés à reconnaître Son intervention quand Il manifesterait finalement Son pouvoir par Ses serviteurs captifs, pour l’honneur de Son nom.

Il semble que le premier renseignement que Daniel ait eu du problème fut lorsque les bourreaux vinrent pour l’arrêter. Sa propre vie étant donc en jeu, il se sentit poussé à rechercher Dieu de tout son coeur jusqu’à ce qu’Il agisse pour la délivrance de Ses serviteurs. La demande de Daniel fut acceptée par le roi qui lui accorda du temps pour considérer le problème--un privilège que probablement aucun magicien n’aurait pu obtenir, puisque le roi les avait accusés de préparer des paroles fausses et malhonnêtes, et de chercher à gagner du temps dans ce but. Daniel alla tout de suite vers ses trois compagnons, et il leur demanda de s’unir à lui pour demander la miséricorde du Dieu des cieux sur ce secret. Il aurait pu prier seul, et sans doute il aurait été entendu. Mais à cette époque, comme aujourd’hui, la force du peuple de Dieu est dans son union. La promesse est faite, aux deux ou trois personnes qui se mettent d’accord pour demander quelque chose, qu’elle leur sera accordée (Matthieu 18:19, 20).

VERS. 19-23: «19 Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit. Et Daniel bénit le Dieu des cieux. 20 Daniel prit la parole et dit: Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité! A lui appartiennent la sagesse et la force. 21 C’est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui ont de l’intelligence. 22 Il révèle ce qui est profond et caché, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui. 23 Dieu de mes pères, je te glorifie et je te loue de ce que tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, de ce que tu nous as révélé le secret du roi.»

Nous ne savons pas si la réponse vint pendant que Daniel et ses compagnons faisaient encore monter leur requête ou bien si elle vint après, mais ce fut dans une vision pendant la nuit que Dieu se révéla lui-même en leur faveur. «Une vision pendant la nuit» signifie quelque chose qui est vu, en rêve ou en vision.

Daniel fit monter immédiatement une prière à Dieu pour sa miséricorde, et bien que sa prière n’est pas été conservée, son action de grâce reconnaissante est entièrement relatée. Dieu est honoré par les louanges que nous lui adressons pour les choses qu’Il a faites pour nous, aussi bien que par nos appels à l’aide. Que la ligne de conduite de Daniel soit un exemple pour nous dans ce domaine. Ne laissons pas Dieu manquer des louanges et des prières qu’il mérite pour toutes les miséricordes que nous recevons de sa main. Pendant le ministère de Christ sur la terre, ne purifia-t-il pas dix lépreux, et un seul ne revint-il pour le remercier? «Et les neuf autres, où sont-ils?» demanda tristement Jésus (Luc 17:17).

Daniel eut la certitude que le secret lui avait été révélé. Il n’alla pas d’abord chez le roi pour vérifier si ce qui lui avait été révélé était réellement le rêve du roi; mais il loua immédiatement Dieu d’avoir répondu à sa prière.

Bien que le secret ait été révélé à Daniel, il ne reçut pas cela comme un honneur personnel, comme si c’était par sa seule prière que la réponse avait été obtenue; mais il y associa immédiatement ses compagnons, et il reconnut que la réponse était due aussi bien à leurs prières qu’à la sienne. Il dit: «nous t’avons demandé» et «tu nous a révélé».

VERS. 24: Après cela, Daniel se rendit auprès d’Arjoc, à qui le roi avait ordonné de faire périr les sages de Babylone; il alla, et lui parla ainsi: Ne fais pas périr les sages de Babylone! Conduis-moi devant le roi, et je donnerai au roi l’explication.»

La première requête de Daniel fut pour les sages de Babylone. «Ne les détruis pas, car le secret du roi est révélé», implora-t-il. En fait, ce n’était pas par leurs mérites ou leur système païen de divination que cette révélation avait été donnée. Ils n’étaient dignes que de la condamnation du roi. Mais leur propre confession de leur totale impuissance en la matière était une humiliation suffisante pour eux, et Daniel était désireux de les voir partager les bénéfices de ce qui lui avait été montré, et voir leurs vies épargnées. Ils furent sauvés parce qu’il y avait un homme de Dieu parmi eux. Il en est toujours ainsi. A cause de Paul et Silas, tous les prisonniers furent libérés (Actes 16:26). A cause de Paul, la vie de tous ceux qui naviguèrent avec lui fut préservée (Actes 27:24). Bien souvent les méchants bénéficient de la présence du juste! Comme il serait bon qu’ils se souviennent des obligations que cela implique.

Qu’est-ce qui sauve le monde aujourd’hui? Pourquoi est-il encore épargné? A cause de quelques personnes justes. Si elles sont ôtées, quelle sera la durée de leur méchante coupable? Pas plus longue que celle des antédiluviens après l’entrée de Noé dans l’arche, ou que celle des Sodomites après que Lot fût sorti du milieu de leur présence souillée et corrompue. S’il s’était trouvé seulement dix justes, la multitude de ses méchants habitants aurait été épargnée à cause d’eux. Pourtant les méchants méprisent, ridiculisent et oppriment ceux grâce auxquels il leur est encore permis de jouir de la vie et de toutes ses bénédictions.

VERS. 25: «Arjoc conduisit promptement Daniel devant le roi, et lui parla ainsi: J’ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui donnera l’explication au roi.»

C’est toujours une particularité des ministres et des courtisans que d’essayer d’obtenir les bonnes grâces de leur souverain. C’est pour cette raison, qu’Arjoc se présenta comme ayant trouvé lui-même un homme qui ferait connaître l’interprétation désirée, comme si par intérêt pour le roi il était allé à la recherche d’une personne qui résoudrait le problème, personne qu’il finit par trouver. Pour démasquer le mensonge de son bourreau principal, il suffisait au roi de rappeler, comme il le fit probablement, son entrevue avec Daniel et la promesse de celui-ci, de lui montrer l’interprétation du rêve, si le temps lui était accordé (vers. 16).

VERS. 26-28: «26 Le roi prit la parole et dit à Daniel, qu’on nommait Beltschatsar: Es-tu capable de me faire connaître le songe que j’ai eu et son explication? 27 Daniel répondit en présence du roi et dit: Ce que le roi demande est un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont pas capables de découvrir au roi. 28 Mais il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi Nébucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps. Voici ton songe et les visions que tu as eues sur ta couche.»

"Es-tu capable de me faire connaître le songe que j’ai eu et son explication?» fut la salutation du roi à Daniel alors qu’il entrait dans la présence du roi. Bien qu’il connaissait déjà cet Hébreux, le roi semblait mettre en doute la capacité d’une personne si jeune et si inexpérimentée, de faire connaître le problème que les magiciens et les devins plus âgés et vénérés n’avaient pu trouver. Daniel déclara avec franchise que la sagesse des hommes, des astrologues, des devins et des magiciens ne peut lui faire connaître son secret. C’était hors de leur pouvoir. Par conséquent, le roi ne devait pas être en colère contre eux, ni mettre sa confiance dans leurs vaines superstitions. Le prophète va faire connaître le vrai Dieu, qui règne dans les cieux, et qui est le seul qui révèle les secrets. Daniel dit qu’Il est celui qui «fait connaître au roi Nébucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps».

VERS. 29-30: «29 Sur ta couche, ô roi, il t’est montré des pensées touchant ce qui sera après ce temps-ci; celui qui révèle les secrets t’a fait connaître ce qui arrivera. 30 Si ce secret m’a été révélé, ce n’est point qu’il y ait en moi une sagesse supérieure à celle de tous les vivants; mais c’est afin que l’explication soit donnée au roi, et que tu connaisses les pensées de ton coeur.»

Ici, un autre trait louable du caractère de Nébucadnetsar apparaît. Beaucoup de gouverneurs remplissent le présent de folies et de débauches sans penser au futur, le roi pensait aux jours à venir, avec un désir anxieux de connaître les événements qui les rempliraient. C’était en partie pour cette raison que Dieu lui donna ce rêve, que nous devons considérer comme une marque de la faveur divine envers le roi. Néanmoins, Dieu ne voulut pas travailler pour le roi indépendamment de son peuple. Bien qu’Il donna le rêve au roi, il envoya l’interprétation par l’un de ses fidèles serviteurs.

Tout d’abord, Daniel nia tout mérite pour l’interprétation, et il chercha ainsi à modifier les sentiments naturels d’orgueil du roi en attirant son attention sur le Dieu des cieux. Il l’informa que bien que le rêve lui ait été donné, ce n’était pas à cause de lui seule que l’interprétation était envoyée, mais aussi à cause d’eux. Dieu avait des serviteurs ici, et c’était pour eux qu’Il agissait. Ils avaient une plus grande valeur à ses yeux que le plus grand des rois et des souverains de la terre.

Combien l’oeuvre de Dieu était compréhensive dans ce cas! Par cette révélation du rêve du roi à Daniel, Il montra au roi les choses qu’il désirait, Il sauva ses serviteurs qui se confiaient en lui, Il amena la nation Chaldéenne à la connaissance de Celui qui connaît la fin dès le commencement, Il confondit les faux systèmes des devins et des magiciens, et devant leurs yeux Il honora son propre nom et exalta ses serviteurs.

Daniel raconte le rêve.--Après avoir bien fait comprendre au roi que le but du «Dieu des cieux» en lui donnant le rêve, était de «faire connaître ce qui arrivera», Daniel relata le rêve lui-même.

VERS. 31-35: «31 O roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue; cette statue était immense, et d’une splendeur extraordinaire; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible. 32 La tête de cette statue était d’or pur; sa poitrine et ses bras étaient d’argent; son ventre et ses cuisses étaient d’airain; 33 ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile. 34 Tu regardais, lorsqu’une pierre se détacha sans le secours d’aucune main, frappa les pieds de fer et d’argile de la statue, et les mit en pièces. 35 Alors le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été; le vent les emporta, et nulle trace n’en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre.»

Nébucadnetsar, adorateur des dieux Chaldéens, était un idolâtre. Une statue était donc un objet qui attirait immédiatement son attention et son respect. En outre, les royaumes terrestres, qui, comme nous le verrons plus loin, étaient représentés par cette statue, étaient des choses d’estime et de valeur à ses yeux.

Cette représentation faite dans le but de transmettre une vérité importante et nécessaire, était admirablement adaptée à l’esprit de Nébucadnetsar. De plus, en esquissant le déroulement des événements à travers toutes les époques au bénéfice de Son peuple, Dieu montrait à Nébucadnetsar le vide absolu et le peu de valeur de la pompe et de la gloire terrestres. Pouvait-il le lui transmettre d’une façon plus impressionnante que par une statue dont la tête était en or? Au-dessous de cette tête il y avait un corps composé de métaux de valeur décroissante jusqu’à parvenir au plus vil, le fer mêlé à l’argile qui formaient les pieds et les orteils. L’ensemble fut alors mis en pièce, et rendu semblable à la balle. Elle fut finalement emportée au loin et aucune trace n’en fut retrouvée, puis quelque chose de durable, de céleste et de valeur occupa sa place. Dieu voulu aussi montrer aux enfants des hommes que les royaumes terrestres arrivent à leur terme, et que les puissances et la gloire terrestres, sont comme une bulle brillante qui éclatera et disparaîtra. A cette place, si longtemps usurpée par ceux-ci, le royaume de Dieu sera établi et il n’aura pas de fin, et tous ceux qui auront un intérêt pour ce royaume reposeront à l’ombre de ses ailes paisibles pour toujours. Mais nous anticipons.

VERS. 36-38: «36 Voilà le songe. Nous en donnerons l’explication devant le roi. 37 O roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t’a donné l’empire, la puissance, la force et la gloire; 38 il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu’ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t’a fait dominer sur eux tous: c’est toi qui es la tête d’or.»

Daniel interprète le rêve.--Maintenant l’histoire la plus complète de l’empire mondial commence. En huit courts versets, le récit inspiré nous relate toute l’histoire, récit qui embrasse l’histoire de la pompe et de la puissance de ce monde. Quelques instants suffisent pour l’apprendre par coeur, pourtant la période qui est couverte débute il y a plus de vingt cinq siècles, et s’étend au-delà de l’apogée et de la chute des royaumes, au-delà de l’établissement et du renversement des empires, au-delà des cycles des événements et des époques, au-delà de notre époque, pour parvenir au royaume éternel. Le récit est si vaste qu’il embrasse tout cela, et cependant il est si détaillé qu’il nous donne les grands traits des royaumes terrestres depuis cette époque jusqu’à la nôtre. La sagesse humaine n’a jamais inventé un si court récit qui contient autant. Le langage humain n’a jamais décrit en si peu de mots une telle quantité de vérités historiques. Le doigt de Dieu est là. Prenons bien garde à la leçon.

Avec quel intérêt et étonnement le roi a-t-il dû écouter tandis qu’il était informé par le prophète que son royaume était la tête d’or de la magnifique statue. Daniel informa le roi que le Dieu du ciel lui avait donné ce royaume, et l’avait fait souverain de toutes choses. Cela pour l’empêcher de penser qu’il était parvenu seul à sa position grâce à son propre pouvoir et à sa sagesse, et pour que la gratitude de son coeur soit dirigée vers le vrai Dieu.

Le royaume de Babylone qui finalement donna la nation représentée par la tête d’or de la grande statue, fut fondée par Nimrod, l’arrière petit-fils de Noé, plus de deux mille ans avant Jésus-Christ. «Kouch engendra aussi Nimrod; c’est lui qui le premier, fut un vaillant chasseur devant l’Eternel; c’est pourquoi l’on dit: Comme Nimrod, vaillant chasseur devant l’Eternel. Il régna d’abord sur Babel [Babylone], Erec Accad et Calné, au pays de Schinear» (Genèse 10:8-10). Il semble que Nimrod fonda aussi la cité de Ninive, qui devint plus tard la capitale de l’Assyrie (Voir Genèse 10:11).

Accomplissement du rêve.--L’empire Babylonien fut établi par le général Nabopolassar qui devint aussi roi. Quand il mourut en 604 av. J.-C. son fils Nébucadnetsar devint roi. Campbell Thompson déclare: «Les événements ont déjà montré que Nébucadnetsar était un commandant énergique et brillant, et un homme physiquement fort, pleinement digne de succéder à son père. Il était devenu le plus grand homme de son époque et du Proche Orient, comme soldat, homme d’état et architecte. Si ses successeurs avaient été comme lui au lieu d’être des garçons inexpérimentés ou des dilettantes sans vigueur, les Perses auraient rencontré un sérieux problème à Babylone. ‘Toutes les nations lui seront soumises, à lui, à son fils, et au fils de son fils, jusqu’à ce que le temps de son pays arrive’ (Jérémie 27:7).»

Jérusalem fut prise par Nébucadnetsar dans la première année de son règne, et la troisième année de Jojakim, roi de Juda (Daniel 1:1), en 606 av. J.-C. Nébucadnetsar régna deux ans avec son père, Nabopolassar. C’est sur cette base que les Juifs calculèrent son règne, mais les Chaldéens se basèrent sur la date où il commença à régner seul, en 604 av. J.-C., comme mentionné ci-dessus. Quant aux successeurs de Nébucadnetsar, l’autorité citée ajoute: «Nébucadnetsar mourut en Août ou Septembre de l’année 562 av. J.-C., et son fils Amel-Marduk, que Jérémie appelle Evil-Merodach [Jérémie 52:31; 2 Rois 25:27], lui succéda (562-560 av. J.-C.). Il ne lui a été accordé que peu de temps pour prouver sa valeur; et les deux années de son court règne sont suffisantes pour montrer que les conditions politiques étaient à nouveau hostiles à la maison royale.»

Plus tard, les souverains Babyloniens, au pouvoir faible, ne parvinrent pas à égaler le règne de Nébucadnetsar. Cyrus roi de Perse, assiégea Babylone, et la prit par stratagème.

La caractéristique de l’empire Babylonien est indiquée par la tête d’or. Il fut le royaume doré de l’âge d’or. Babylone, sa métropole, s’éleva à une hauteur jamais atteinte par aucun de ses successeurs. Située dans le jardin de l’Orient, elle formait un carré parfait, qui avait, dit-on, 60 milles [environ 96 kilomètres] de périmètre, chaque côté étant de 15 milles [24 kilomètres], entourée par une muraille estimée à 200 ou 300 pieds de haut [60 ou 90 mètres] et épaisse de 87 pieds [25 mètres], entourée d’une douve ou fossé, d’une capacité cubique égale à la muraille elle-même; divisée en carrés par ses nombreuses rues, chacune de 150 pieds de large [45 mètres], se croisant à angle droit, toutes rectilignes et bien nivelées; ses 225 milles carrés [576 kilomètres carrés] de superficie occupaient des terrains et des jardins luxuriants, parsemés de magnifiques demeures--cette citée avec ses 60 milles [96 kilomètres] de douves, ses 60 milles [96 kilomètres] de murailles extérieures; avec dans son centre, 30 milles [48 kilomètres] de fleuve canalisé; ses portes de cuivre solide, ses jardins suspendus s’élevant de terrasses en terrasses jusqu’à atteindre en hauteur les murs eux-mêmes, son temple de Bel de 3 milles [5 kilomètres] de circonférence, ses deux palais royaux, l’un de 3 milles et demi [6 kilomètres] et l’autre de 8 milles [un peu plus de 12 kilomètres] de circonférence, avec son tunnel sous l’Euphrate reliant ces deux palais; ses arrangements parfaits et confortables, ses ornements, ses défenses, et ses ressources illimitées--cette citée, qui contenait beaucoup de merveilles du monde, était elle-même une autre merveille encore plus prodigieuse. Là, avec la terre entière prosternée à ses pieds, comme une reine d’une grandeur sans égale, qui reçut de la plume inspirée le titre brillant de: «gloire des royaumes, la beauté de l’excellence Chaldéenne» se dressa cette cité, capitale de ce royaume représenté par la tête d’or de la grande statue de l’histoire.

Telle était Babylone, avec Nébucadnetsar dans la force de l’âge, audacieux, vigoureux, et émérite, siégeant sur son trône, quand Daniel franchit ses murs pour servir comme captif dans ses palais splendides pour soixante-dix ans. Là, les enfants de Dieu, plus opprimés que réconfortés par la gloire et la prospérité du pays de leur captivité, suspendirent leurs harpes aux saules pleureurs des rives de l’Euphrate, et pleurèrent au souvenir de Sion.

Là, commença la captivité de l’église dans le sens le plus large; c’est à partir de ce moment là, que le peuple de Dieu a été soumis aux pouvoirs terrestres, et fut plus ou moins opprimé par eux. Ainsi en sera-t-il jusqu’à ce que toutes les puissances de la terre se rendent finalement à Celui qui a le droit de régner. Et voici que ce jour de délivrance approche rapidement.

Non seulement Daniel, mais tous les enfants de Dieu, du plus petit au plus grand, du plus humble au plus élevé rentreront bientôt dans une autre ville. Ce n’est pas seulement une cité de 60 milles [96 kilomètres], mais de 15 000 milles [2400 kilomètres] de périmètre; une citée dont les murs ne sont pas de bitume et de brique, mais de pierres précieuses et de jaspe; dont les rues ne sont pas pavées, lisses et belles comme celles de Babylone, mais d’or transparent; dont le fleuve n’est pas l’Euphrate mais le fleuve de la vie; dont la musique n’est pas celle des soupirs et des lamentations du coeur brisé des captifs, mais l’émouvant hymne de victoire sur la mort et le tombeau des multitudes rachetées qui s’élèvera; dont la lumière n’est pas la lumière intermittente de la terre, mais l’incessante et ineffable gloire de Dieu et de l’Agneau. Ils viendront dans cette cité non comme des captifs entrant dans un pays étranger, mais comme des exilés retournant à la maison de leur père; pas comme dans un lieu où leur courage sera atteint par des mots tels que «esclavage», «servitude» et «oppression» mais les douces paroles de, «foyer», «liberté», «paix», «pureté», «inexprimable félicité», et «vie éternelle»\1 qui feront tressaillir leurs âmes avec délice et pour toujours. Oui, nos bouches seront remplies de rires et nos langues de chants, lorsque Dieu ramènera Sion de la captivité (Psaume 126:1,2; Apocalypse 21:1-27).

VERS. 39: «Après toi, il s’élèvera un autre royaume, moindre que le tien; puis un troisième royaume qui sera d’airain, et qui dominera sur toute la terre.»

Nébucadnetsar régna quarante trois ans, et les souverains suivants lui succédèrent: Son fils, Evil-Merodach, deux ans; Neriglissar, son gendre, quatre ans; Laborosoarchod, fils de Neriglissar, neuf mois, qui n’est pas pris en compte dans le canon de Ptolémé car il n’a pas régné une année; et finalement, Nabonide, dont le fils, Belschatsar, petit-fils de Nébucadnetsar, était associé avec lui sur le trône.

"La preuve de cette association est contenue dans les cylindres de Nabonide trouvés à Mugheir, où la protection des dieux est demandée sur Nabu-nadid et son fils Bel-shar-uzur, dont l’association impliquait que le second régnerait plus tard. (British Museum Series, Vol. I, pl. 68, Nº.1) Cette association eut lieu, au plus tard, en 540 av. J.-C., la quinzième année de Nabonide, puisque la troisième année de Belschatsar est mentionnée dans Daniel 8:1. Si Belschatsar était un fils de la fille de Nébucadnetsar mariée à Nabonide après qu’il devint roi, il ne pouvait avoir plus de quatorze ans la quinzième année du règne de son père.»

La chute de Babylone.--Lors de la première année de Neriglissar, seulement deux ans après la mort de Nébucadnetsar, la guerre fatale éclata entre les Babyloniens et les Mèdes, et aboutit à la défaite du royaume Babylonien. Cyaxare, roi des Mèdes, qui est appelé «Darius» dans Daniel 5: 31, appela à son aide son neveu Cyrus d’origine Perse. La guerre fut une suite de succès ininterrompus pour les Mèdes et les Perses, jusqu’à la dix-huitième année de Nabonide (la troisième année de son fils Belschatsar), Cyrus mit le siège devant Babylone, la seule citée de tout l’Orient qui lui résistait encore. Les Babyloniens se rassemblèrent à l’intérieur de leurs murs apparemment imprenables, avec des provisions à leur portée pour vingt ans et, dans les limites de leur grande cité, suffisamment de terres cultivables pour nourrir les habitants et la garnison durant une période indéfinie. Ils se moquaient de Cyrus depuis leurs hautes murailles, et tournaient en dérision leurs efforts apparemment vains pour les soumettre. Selon toute probabilité humaine, ils avaient de bonnes raisons pour se croire en sécurité. A vues humaines, jamais cette cité ne pourrait être prise par les méthodes de guerre de cette époque. En conséquence, ils respiraient aussi librement et dormaient aussi profondément que s’il n’y avait aucun ennemi autour de leurs murailles assiégées. Mais Dieu avait décrété que l’orgueilleuse et méchante cité allait tomber de son trône glorieux. Et lorsqu’Il parle, quel est le bras mortel capable de mettre en échec Sa parole?

Dans leur sentiment de sécurité, repose la source de leur danger. Cyrus résolut de prendre par un stratagème ce qu’il n’avait pas pu obtenir par la force. Apprenant qu’une fête annuelle approchait, fête durant laquelle toute la cité s’adonnait à l’hilarité et aux festivités, il choisit cette date pour mettre son projet à exécution.

Il n’y avait pour lui aucune façon d’entrer dans la cité, à moins qu’il puisse trouver l’endroit où l’Euphrate entrait et sortait sous les murailles. Il résolu de faire du lit du fleuve son chemin pour pénétrer à l’intérieur du bastion de son ennemi. Pour cela, l’eau dut être détournée du canal traversant la cité. Dans ce but, dans la soirée du jour de fête mentionné plus haut, il détacha un corps de soldats pour détourner la rivière, à une heure donnée, dans le lac artificiel, à une courte distance en amont de la cité; un autre corps de soldats prit position à l’endroit où la rivière entrait dans la cité; et un troisième se positionna à 15 milles [24 kilomètres] en aval, là où le fleuve ressort de la cité. Les deux derniers corps avaient reçu l’instruction d’entrer dans le canal dès que le fleuve pourrait être passé à gué, et dans les ténèbres de la nuit, trouver leur chemin sous les murailles, et presser le pas jusqu’au palais du roi où ils surprendraient et tueraient les gardes, et captureraient ou massacreraient le roi. Quand l’eau fut détournée dans le lac, le fleuve fut bientôt suffisamment bas pour être passé à gué, et les soldats suivirent son canal jusque dans le coeur de la cité de Babylone.

Mais, tout cela aurait été en vain si la ville entière ne s’était pas laissée aller, durant cette nuit fatidique, à la négligence, à l’abandon, et la présomption, conditions sur lesquelles Cyrus comptait en grande mesure pour l’exécution de son dessein. De chaque côté du fleuve, à travers toute la ville, il y avait de hautes murailles d’une épaisseur égale à celle des murs extérieurs. Dans ces murailles il y avait des portes de bronze énormes, qui lorsqu’elles étaient fermées et gardées, empêchaient toute entrée, depuis le lit du fleuve, dans l’une des rues qui croisaient le fleuve. Si les portes avaient été fermées à ce moment-là, les soldats de Cyrus auraient pu traverser la ville par le lit du fleuve et ils en seraient ressortis, sans pouvoir la soumettre.

Mais dans l’ivresse et les orgies de cette nuit fatale, les portes qui donnaient sur le fleuve furent laissées ouvertes, comme le prophète Esaïe l’avait prédit longtemps à l’avance, par ces mots: «Ainsi parle l’Eternel à son oint, à Cyrus, qu’il tient par la main pour terrasser les nations devant lui, et pour relâcher la ceinture des rois, pour lui ouvrir les portes, afin qu’elles ne soient plus fermées» (Esaïe 45:1). L’entrée des soldats perses ne fut pas perçue. Beaucoup de joues auraient pâli de terreur si la subite baisse du fleuve avait été remarquée et son effrayante signification comprise. Bien des langues auraient donné l’alarme à travers la ville si les silhouettes noires des armées ennemies avaient été aperçues parcourant furtivement leur chemin vers la citadelle de leur supposée sécurité. Mais pas un ne vit la soudaine baisse des eaux; pas un ne remarqua l’entrée des guerriers perses; pas un ne veilla à ce que les portes qui donnaient sur le fleuve soient fermées et gardées; pas un ne se préoccupa d’autre chose que de voir comment plonger plus profondément et avec plus de témérité dans la débauche bestiale. La luxure de cette nuit coûta aux Babyloniens leur royaume et leur liberté. Ils entrèrent dans leur bestiales festivités, soumis au roi de Babylone; ils se réveillèrent esclaves du roi de Perse.

Les soldats de Cyrus firent d’abord connaître leur présence dans la cité par l’attaque des gardes royaux dans le vestibule du palais du roi. Belschatsar ne tarda pas à connaître la cause du tapage, et il mourut en combattant pour sa vie. Ce festin est décrit dans le cinquième chapitre du livre de Daniel, et la scène se termine par le simple rapport: «Cette même nuit, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué. Et Darius le Mède s’empara du royaume, étant âgé de soixante-deux ans».

L’historien Prideaux dit: «Darius le Mède, c’est-à-dire Cyaxare, l’oncle de Cyrus, prit le royaume, parce que Cyrus lui concéda le titre de toutes ses conquêtes aussi longtemps qu’il vivrait.»

Le premier empire symbolisé par la tête d’or de la grande statue eut une fin infâme. Il est naturel de supposer que le conquérant, devenant possesseur d’une cité aussi majestueuse que Babylone, surpassant de loin tout autre chose dans le monde, voudrait la prendre comme siège de son empire, et la maintenir dans toute sa splendeur. Mais Dieu avait dit que cette cité deviendrait un tas de décombres, et une habitation pour les animaux du désert; que ces maisons seraient pleines de chacals; que les bêtes sauvages des îles hurleraient dans ses habitations désolées, et qu’il y aurait des chiens sauvages dans ses palais. (Voir Esaïe 13:19-22). Elle devait d’abord être laissée déserte. Cyrus établit sa seconde capitale à Suse, une ville célèbre dans la province d’Elam, à l’est de Babylone, sur la rive du fleuve Choaspes, un affluent du Tigre. Cela se fit probablement dans la première année où il régna seul.

Comme l’orgueil des Babyloniens fut profondément blessé par cet acte, dans la cinquième année de Darius Hystaspe, en 517 av. J. C., ils se rebellèrent et attirèrent à nouveau sur eux-mêmes toute les forces de l’empire Perse. La ville fut prise une fois de plus par stratagème. Darius emporta les portes d’airain de la ville et abattit les murs de deux cent coudées à cinquante coudées. Ce fut le début de sa destruction. Cet acte, la laissa exposée aux ravages de toute bande hostile. Xerxès [Assuérus] à son retour de Grèce, pilla le temple de Bel de ses immenses richesses, et réduisit sa structure élevée en une ruine. Alexandre le Grand essaya de le reconstruire, mais après avoir employé dix mille hommes pendant deux mois pour nettoyer les décombres, il mourut à la suite d’une ivresse excessive et de la débauche, et les travaux furent suspendus. En l’an 294 av. J. C., Séleucos Nicator bâtit la ville de la Nouvelle Babylone à proximité de l’ancienne cité, et il employa une grande partie des matériaux et de nombreux habitants de la vieille ville, pour bâtir et peupler la nouvelle. A présent, presque vidée de ses habitants, la négligence et le délabrement parlaient d’une façon terrible de la vielle ville. La violence des princes Parthes hâta sa ruine. Vers la fin du quatrième siècle, elle était utilisée par les rois Perses comme enclos pour les bêtes sauvages. A la fin du douzième siècle, selon un célèbre voyageur, les nombreuses ruines restantes du palais de Nébucadnetsar étaient si pleines de serpents et de reptiles venimeux qu’elles ne pouvaient pas être inspectées attentivement sans grand danger. Et aujourd’hui, il ne reste presque plus assez de ruines pour marquer l’endroit où, autrefois, s’élevait la plus grande, la plus riche et la plus orgueilleuse cité de l’ancien monde.

Ainsi, les ruines de la grande Babylone nous montrent comment Dieu exécute avec précision Sa Parole, et fait apparaître les doutes du scepticisme comme une cécité volontaire.

"Après toi, il s’élèvera un autre royaume, moindre que le tien". Ici, l’emploi du mot «royaume», montre que les différentes parties de cette statue représentent des royaumes, et pas des rois particuliers. Il s’ensuit que, lorsqu’il est dit de Nébucadnetsar: «C’est toi qui est la tête d’or», bien que le pronom personnel soit utilisé, c’est du royaume et non du roi dont il est question.

L’empire médo-perse.--L’empire suivant, celui des Mèdes et des Perses, correspond à la poitrine et aux bras d’argent de la grande statue. Il devait être inférieur au royaume précédent. Dans quel aspect fut-il inférieur? Pas en pouvoir puisqu’il conquit Babylone. Pas en extension, car Cyrus asservit tout l’Orient depuis la mer Egée jusqu’au fleuve Indus, et ainsi, il battit un empire plus étendu. Mais il était inférieur en richesses, en luxe et en magnificence.

Du point de vue des Saintes Ecritures, le principal événement qui eut lieu sous l’empire Babylonien fut la captivité d’Israël; sous l’empire médo-perse ce fut la restauration d’Israël dans son propre pays. A la prise de Babylone, Cyrus, dans un geste de courtoisie, assigna la première place du royaume à son oncle Darius, en 538 av. J. C. Mais deux ans plus tard, Darius mourut, laissant Cyrus seul monarque de tout l’empire. Cette année là, où les soixante-dix années de captivité prenaient fin, Cyrus publia son fameux décret pour le retour des Juifs et la reconstruction de leur temple. C’était la première partie du grand décret pour la restauration et la reconstruction de Jérusalem (Esdras 6:14), qui fut complété dans la septième année du règne d’Artaxerxès, en 457 av. J. C., une date très importante, comme nous le verrons plus loin.

Après un règne de sept ans, Cyrus laissa le royaume à son fils Cambyse, qui régnera sept ans et cinq mois, jusqu’en 522 av. J. C. Dix monarques régnèrent entre cette date et l’année 336 av. J. C. L’année 335 av. J. C. est consignée comme la première année de Darius Codoman, le dernier des rois Perses. Cet homme, selon Prideaux, était de stature noble, il était grand, d’une grande bravoure et de bonne et généreuse disposition. Il eut la mauvaise fortune d’avoir à faire face à quelqu’un qui était un agent de l’accomplissement de la prophétie, et il n’avait aucune qualification, naturelle ou acquise qui pût lui donner le succès dans cette lutte inégale. A peine était-il sur le trône qu’il dut faire face à son formidable ennemi, Alexandre, à la tête des soldats grecs, se préparant à le renverser.

Nous laissons aux historiens, spécialistes en la matière, la cause et les détails de la lutte entre les Grecs et les Perses. Il suffit de dire que le moment décisif eut lieu dans la plaine d’Arbèles en 331 av. J. C., où les Grecs, bien qu’à un contre vingt, remportèrent la victoire décisive. Alexandre devint le maître absolu de l’empire Perse avec une extension jamais atteinte par aucun de ses propres rois.

L’empire grec.--"Puis un troisième royaume, qui sera d’airain,. . . dominera sur toute la terre», avait dit le prophète. Les paroles inspirées qui impliquèrent dans leur accomplissement une succession de gouvernements mondiaux sont brèves et rares. Dans le kaléidoscope politique toujours changeant, la Grèce entra dans le champ visuel pour être, durant un temps, le seul objet d’attention, en tant que troisième empire universel de la terre.

Après la bataille qui décida du sort de l’empire, Darius essaya de rallier les restes anéantis de son armée, pour défendre son royaume et ses droits. Mais de toute son armée, au début si nombreuse et bien équipée, il ne put réunir une force suffisante avec laquelle envisager de risquer un autre engagement avec les Grecs victorieux. Alexandre le poursuivit sur les ailes du vent. A plusieurs reprises, Darius échappa de justesse à son ennemi qui le traquait avec rapidité. Finalement, trois traîtres, Bessus, Nabarzane, et Barsaente, saisirent le prince infortuné, l’enfermèrent dans une charrette, et s’enfuirent avec leur prisonnier vers la Bactriane. Leur dessein était de sauver leurs propres vies en livrant leur roi, si Alexandre les poursuivaient. Celui-ci, apprenant la dangereuse position de Darius entre les mains des traîtres, se mit lui-même immédiatement à leur poursuite avec la partie la plus légère de son armée. Après plusieurs jours d’une marche forcée, ils atteignirent les traîtres. Ceux-ci, obligèrent Darius à monter à cheval pour aller plus vite. Devant son refus de le faire, ils lui infligèrent plusieurs blessures mortelles, puis ils abandonnèrent le moribond dans le char, et s’enfuirent à cheval.

Lorsqu’Alexandre arriva, il ne put que contempler la forme inerte du roi Perse, qui quelques mois auparavant s’asseyait sur le trône de l’empire universel. Le désastre, la défaite, et la désertion s’étaient abattus soudainement sur Darius. Son royaume fut conquis, ses trésors saisis, et sa famille réduite à la captivité. Maintenant, sauvagement tué par les mains des traîtres, son corps gisait ensanglanté dans un char rustique. La vue du spectacle mélancolique amenèrent des larmes dans les yeux d’Alexandre, pourtant accoutumé à toutes les horribles vicissitudes et les scènes sanglantes de la guerre. Lançant son manteau sur le corps, il ordonna qu’il soit convoyé jusqu’aux dames de la famille royale qui étaient captives à Suse, et il utilisa une partir de son trésor personnel pour lui offrir des funérailles royales.

Lorsque Darius mourut, Alexandre vit la place libérée de son formidable ennemi. Dès lors, il put passer son temps à sa façon, parfois jouissant du repos et du plaisir, d’autres fois partant à nouveau à la poursuite de quelques petites conquêtes. Il entreprit une grandiose campagne contre l’Inde, parce que se souvenant de la légende Grecque, Bacchus et Hercule, deux fils de Jupiter, dont il prétendait être aussi le fils, avaient fait de même. Avec une arrogance méprisable, il réclama des honneurs divins pour sa personne. Librement et sans aucune provocation, il abandonnait les villes conquises à la merci de ses troupes militaires sanguinaires et licencieuses. Il tuait fréquemment ses amis et ses favoris dans la frénésie de ses beuveries. Il encourageait tellement les soûleries parmi ses partisans que durant l’une d’elles, vingt d’entre eux moururent comme résultat de leur ivresse. Pour rentrer dans le détail, après être resté longtemps assis, buvant continuellement, il fut immédiatement invité à une autre orgie, durant laquelle, après avoir bu en l’honneur de chacun des vingt invités présents, l’histoire nous dit, bien qu’elle puisse paraître incroyable, qu’il but deux fois le contenu total de la coupe d’Hercule, d’une contenance approximative de six litres. Il fut pris d’une violente fièvre, de laquelle il mourut onze jours plus tard, le 13 Juin 323 av. J. C., alors qu’il était au seuil de l’âge mûr, dans sa trente-deuxième année.

VERS. 40: «Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces.»

La monarchie de fer de Rome.Jusqu’ici, tous les commentateurs sont en général d’accord quant à l’application de cette prophétie. Tous reconnaissent que Babylone, l’empire Médo-Perse et la Grèce sont représentés respectivement par la tête d’or, le thorax et les bras d’argent, les flancs d’airain. Mais alors qu’il n’y a jusque là aucun motif pour une diversité de vues, il existe cependant une différence d’interprétation quant au royaume symbolisé par la quatrième partie de la grande statue: les jambes de fer. Quel royaume succéda à la Grèce dans l’empire mondial, puisque les jambes de fer représente le quatrième empire de la série? Le témoignage de l’histoire est vaste et explicite sur ce point. Un royaume concorde, et un seul, à savoir Rome. Il conquit la Grèce; il asservit toutes les choses; comme le fer, il mit tout en pièces et blessa tout.

Newton Bishop dit: «Les quatre différents métaux doivent représenter quatre nations différentes: et comme l’or représente les Babyloniens, l’argent les Perses, et l’airain les Macédoniens; aussi, le fer ne peut représenter encore les Macédoniens, mais il doit nécessairement indiquer une autre nation: et nous nous risquons à dire qu’il n’y a pas une nation sur la terre, à laquelle appliquer cette description, si ce n’est celle des Romains.»

Gibbon, reprenant les images symboliques de Daniel, décrit cet empire de cette façon:

"Les armées de la République, parfois vaincues dans la bataille, toujours victorieuses dans la guerre, avancèrent à marche rapide vers l’Euphrate, le Danube, le Rhin, et l’océan; et les parties de la statue en or, ou en argent, ou en airain, qui purent servir à représenter les nations et leurs rois, furent successivement brisées par la monarchie de fer de Rome.»

Au début de l’ère chrétienne, cet empire comprenait tout le sud de l’Europe, la France, l’Angleterre, la plus grande partie des Pays-Bas, la Suisse, le sud de l’Allemagne, la Hongrie, la Turquie, et la Grèce, sans parler de ses possessions en Asie et en Afrique. Par conséquent, Gibbon peut dire de cela:

"L’empire Romain remplissait le monde, et quand cet empire tomba aux mains d’une seule personne, le monde devint une sûre et triste prison pour ses ennemis. . . Résister était fatal, et il était impossible de fuir.»

Il faut remarquer, qu’au début, le royaume est décrit comme étant totalement aussi fort que le fer. Ce fut la période de sa force, durant laquelle il a été comparé à un colosse puissant se jetant sur les nations, les conquérant toutes, et donnant des lois au monde. Mais cela ne pouvait continuer ainsi.

VERS. 41: «Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l’argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile.»

Rome divisée.La fragilité symbolisée par l’argile, appartient aussi bien aux pieds qu’aux orteils. Rome, avant sa division en dix royaumes, perdit de cette force du fer qu’elle possédait à un degré important pendant les premiers siècles de son avance rapide. Le luxe, accompagné de l’effémination et de la dégénérescence, qui détruisent aussi bien les nations que les individus, commencèrent à corroder et à affaiblir ses nerfs de fer, et prépara ainsi le chemin à sa désintégration en dix royaumes.

Les jambes de fer de la statue se terminent par les pieds et les orteils. Notre attention est attirée sur les orteils, au nombre de dix bien sûr, par leur mention précise dans la prophétie. Le royaume représenté par cette partie de la statue, à laquelle les orteils appartenaient, était finalement divisé en dix parties. Par conséquent, la question qui nous vient naturellement à l’esprit est la suivante: les dix orteils de la statue représentent-ils les dix divisions finales de l’empire romain? Nous répondons, oui.

La statue de Daniel 2 est en parallèle exact avec les quatre bêtes de la vision de Daniel 7. La quatrième bête représente le même royaume que les jambes de la statue. Les dix cornes de la bête correspondent naturellement aux dix orteils de la statue. Ces cornes sont clairement identifiées comme étant dix rois qui s’élèveront. Ils sont des royaumes aussi indépendants que le sont les bêtes elles-mêmes, car il est parlé précisément des bêtes de la même manière: «Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront» (Daniel 7:17). Ils ne représentent pas une lignée de rois successifs, mais des rois ou des royaumes qui existèrent à la même époque, car trois d’entre eux sont renversés par la petite corne. Les dix cornes, sans l’ombre d’un doute, représentent les dix royaumes de la Rome divisée.

Nous avons vu que dans l’interprétation de la statue que Daniel donne, il utilise le mot «roi» et «royaume» de façon interchangeable, le premier signifiant la même chose que le dernier. Dans le verset 44 il dit «dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume». Ceci prouve qu’au moment où le royaume de Dieu sera installé, il existera plusieurs rois. Il ne peut s’agir des quatre royaumes précédents, car il serait absurde d’utiliser un tel langage en référence à une dynastie de rois, puisque ce sera à l’époque du dernier roi seulement, et pas à une des époques précédentes, que le royaume de Dieu sera installé.

Les dix royaumes.--Ici, une division de dix nous est donc présentée; et que doit-elle nous indiquer symboliquement? Rien que les orteils de la statue. A moins que ce soit leur seule signification, nous sommes laissés complètement dans le noir quant à la nature et à l’étendue de la division que la prophétie révèle. Ce serait jeter un sérieux doute sur la prophétie elle-même que d’admettre cela. Nous sommes donc amenés à conclure que les dix orteils de la statue désignent les dix parties de l’empire romain divisé.

Cette division eut lieu entre les années 351 et 476 de notre ère. Cette dissolution couvrit donc une période de 125 ans, depuis le milieu du quatrième siècle jusqu’au dernier quart du cinquième siècle. Aucun des historiens que nous connaissons ne place le commencement du démembrement de l’empire romain avant 351, et il y a un accord général pour fixer sa fin en 476 ap. J.-C. Quant aux dates intermédiaires, c’est-à-dire, le moment précis où chacun des dix royaumes s’élève sur les ruines de l’empire romain, il y a une certaine différence d’opinion parmi les historiens. Cela n’a rien d’étrange si nous considérons que ce fut une époque de grande confusion et que la carte de l’empire romain subit de nombreux changements brusques et violents, pendant que la trajectoire des nations hostiles qui se précipitaient sur son territoire le traversait et le retraversait dans un labyrinthe de confusion. Mais tous les historiens s’accordent pour reconnaître que dix royaumes distincts surgirent du territoire de la Rome occidentale; et nous pouvons en toute sécurité leur fixer la période entre les dates citées plus haut; à savoir, 351 et 476 ap. J.-C.

Les dix nations qui contribuèrent le plus à la destruction de l’empire romain, et qui à un certain moment de leur histoire occupèrent respectivement des portions du territoire romain en tant que royaumes séparés et indépendants, peuvent être énumérées (sans tenir compte de la date de leur établissement) comme suit: les Huns, les Ostrogoths, les Wisigoths, les Francs, les Vandales, les Suèves, les Burgondes, les Hérules, les Anglo-Saxons, et les Lombards. La connexion entre ceux-ci et quelques nations modernes de l’Europe, est encore décelable dans les noms: Angleterre, Bourgogne, Lombardie, France, etc.

Mais on peut se demander: Pourquoi les deux jambes n’indiquent-elles pas, elles aussi, une division comme les orteils? N’est-il pas illogique de dire que les orteils désignent une division et pas les jambes, ou bien que les jambes indiquent une division et pas les orteils? Nous répondons que la prophétie doit elle-même diriger nos conclusions sur ce sujet; car si elle ne dit rien d’une division en relation avec les jambes, elle introduit le thème de la division en arrivant aux pieds et aux orteils. Le récit dit: «Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé». Aucune division ne pouvait avoir lieu, ou du moins elle n’est pas mentionnée, jusqu’à ce que l’élément débilitant soit introduit; et nous ne la trouvons qu’en arrivant aux pieds et aux orteils. Mais nous ne devons pas comprendre que l’argile désigne une division et le fer une autre, parce qu’après le fractionnement du royaume qui existait depuis longtemps, aucun des fragments ne fut aussi fort que le fer originel, mais tous étaient dans un état de faiblesse représenté par le mélange du fer et de l’argile.

Par conséquent, il est inévitable de conclure que le prophète a formulé ici le rapport de cause à effet. L’introduction de la faiblesse de l’argile, quand nous arrivons aux pieds, aboutit à la division du royaume en dix parties, représentées par les dix orteils; et ce résultat, ou cette division, est suggéré par l’allusion subite de la pluralité des rois contemporains. Donc, tant que nous ne trouvons pas d’évidence que les jambes représentent une division, mais plutôt de sérieuses objections contre une telle opinion, nous avons de bonnes raisons de supposer que les orteils représentent une division, telle qu’elle est soutenue ici.

En outre, chacune des quatre monarchies avait son territoire particulier, qui était celui de son royaume, et où nous devons chercher les événements principaux de son histoire annoncée par le symbole. Nous ne devons donc pas chercher ces divisions de l’empire Romain dans le territoire anciennement occupé par Babylone, par la Perse, ou la Grèce, mais dans le territoire de l’empire Romain, qui fut connu comme l’empire de l’Occident. Rome conquit le monde, mais le royaume de Rome, à proprement parlé, se trouvait à l’ouest de la Grèce. Ce royaume était celui représenté par les jambes de fer. C’est donc là qu’il nous faut chercher ces dix royaumes, et là, nous les trouverons. Nous ne sommes pas obligés de mutiler ou de déformer le symbole pour qu’il représente, avec exactitude, les événements historiques.

VERS. 43: «Tu as vu le fer mêlé avec l’argile, parce qu’ils se mêleront par des alliances humaines; mais ils ne seront point unis l’un à l’autre, de même que le fer ne s’allie point avec l’argile.»

Rome, dernier empire universel.--Avec Rome, le dernier empire universel est tombé. Jusqu’alors il était possible qu’une nation, après avoir atteint la supériorité sur ses voisins par ses prouesses, sa bravoure, et sa science de la guerre, consolide ses conquêtes en un vaste empire. Mais quand Rome tomba, ces possibilités disparurent pour toujours. Le fer, mêlé à l’argile, perdit sa force de cohésion. Aucun homme, ni aucune association d’hommes ne peut consolider les fragments. Ce point a été tellement repris par d’autres écrivains que nous citerons leurs paroles:

"Dès lors, son état divisé, la force première de l’empire disparut--mais pas de la même façon que cela était arrivé aux autres. Aucun autre royaume ne devait lui succéder, comme ce fut le cas des trois précédents. Il devait continuer, dans cette division en dix royaumes, jusqu’à ce que le royaume de la petite pierre le touche aux pieds pour le briser et en disperser les fragments comme le vent emporte la balle de l’aire en été. Cependant, durant tout ce temps, une partie de sa force devait subsister. Le prophète dit: «Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile» (verset 42). . . Maintes fois les hommes ont rêvé d’élever au-dessus des dominations un royaume puissant. Charlemagne essaya. Charles Quint, Louis XIV et Napoléon également. Mais aucun n’y parvint. Un simple verset de la prophétie était plus fort que toutes leurs armées. . . ‘En partie fort et en partie fragile’ disait la prophétie. Telle a été aussi l’histoire les concernant. . . Dix royaumes sortirent de lui; et ils étaient ‘fragiles’, et ils continuèrent à l’être (en partie fragile). . . Et «en partie fort", c’est-à-dire, qu’il garde encore dans sa fragilité suffisamment de fer pour résister aux tentatives de modelage de la part des autres. ‘Cela n’arrivera pas’, dit l’Eternel. ‘Cela n’a pas eu lieu’ dit le livre d’histoire.

"Mais alors, les hommes peuvent dire: ‘Il reste un autre plan. Si la force ni parvient pas, la diplomatie et la raison d’état le peuvent--nous essaierons’. Et comme la prophétie l’annonce quand elle dit: ‘ils se mêleront par des alliances humaines’ des alliances se feront, dans l’espoir de consolider leur pouvoir, et pour finalement unir leurs royaumes divisés en un seul.

"Et y parviendront-ils? Non. Le prophète répond: ‘Ils ne seront point unis l’un à l’autre, de même que le fer ne s’allie point avec l’argile.’ Et l’histoire de l’Europe, n’est rien d’autre qu’un reportage suivi de l’accomplissement de ces mots. De l’époque de Canute à nos jours, ce fut la politique des monarchies régnantes, le sentier battu qu’elles ont parcouru, pour atteindre un sceptre plus puissant et un empire plus grand. . . Napoléon. . . chercha à obtenir par une alliance ce qu’il n’avait pu obtenir par la force, à savoir, édifier un puissant empire consolidé. Et y parvint-il? Non. La très grande puissance avec laquelle il s’était allié, causa sa destruction, par les troupes de Blücher, dans la campagne de Waterloo! Le fer ne peut pas s’allier avec l’argile.»

Mais Napoléon ne fut pas le dernier à tenter l’expérience. De nombreuses guerres européennes suivirent les efforts du Petit Caporal. Pour éviter de futurs conflits, des dirigeants bienveillants recoururent à des expédients d’alliances pour préserver la paix, à tel point, qu’au début du vingtième siècle, n’importe quel héritier de haut rang d’Europe était apparenté à la famille royale Britannique. La première guerre mondiale démontra la futilité de ces tentatives.

Des horreurs de cette lutte titanesque un idéal naquit, exprimé par le Président Woodrow Wilson, en ces mots: «le monde a été fait pour la démocratie!» Avec la conviction qu’une guerre avait été menée afin d’en finir avec les guerres, on annonçait les droits naturels des minorités, et les principes de l’autodétermination, garantis par une ligue mondiale des nations qui saurait réfréner les dictateurs et punir les agresseurs.

Déjà, à l’ombre même du palais de la Société des Nations, des dirigeants s’élevaient pour détruire la paix mondiale et anéantir l’idéal d’une union mondiale, tout en prêchant une nouvelle révolution sociale. Ils promettaient le triomphe de la culture et d’une union basée sur la supériorité raciale qui assureraient mille ans de paix à la «partie forte» et à la «partie fragile» des nations de l’Europe.

Au milieu de la confusion, du naufrage des nations, de la destruction des institutions, de la perte des trésors accumulés par plusieurs siècles de sacrifices, à travers les yeux obscurcis par le chagrin de la perte de la fleur de sa jeunesse et le viol de ses jeunes filles, le massacre de ses enfants et de ses anciens, à travers les nuages de vapeur du sang humain, un monde affolé regarde anxieusement les signes d’un dénouement. Le mirage insaisissable d’un monde de paix basé sur la confiance d’une solidarité européenne, résultat de désirs irrationnels, reviendra-t-il pour pousser encore les hommes à oublier la déclaration de la parole de Dieu: «ils ne seront point unis l’un à l’autre».

Des alliances seront faites, et il peut paraître que le fer et l’argile fangeuse des pieds et des orteils de la grande statue ont finalement fusionné, mais Dieu a dit: «ils ne seront point unis l’un à l’autre. Les vieilles animosités peuvent sembler avoir disparu, et les dix rois avoir parcouru le chemin de toute la terre, mais «l’Ecriture ne peut être anéantie», (Jean 10:35).

Nous conclurons avec une parole de William Newton: «Et si cependant, comme résultat de ces alliances, ou de toute autre cause, ce nombre est parfois changé, cela ne doit pas nous surprendre. C’est, en effet, précisément ce que la prophétie semble annoncer. Le fer était mêlé à l’argile. Pendant une période, dans la statue, vous ne pouviez pas les distinguer l’un de l’autre. Mais ils n’allaient pas rester dans cet état. «Ils ne seront pas unis l’un à l’autre». La nature des substances le leur interdit et les paroles de la prophétie aussi. Pourtant, ils ont tenté de s’amalgamer--et souvent, il y eut une apparence de mélange des deux éléments. Mais il n’aboutit pas. Et avec quelle emphase marquée l’histoire affirme cette déclaration de la parole de Dieu!»

VERS. 44: «Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. C’est ce qu’indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d’aucune main, et qui a brisé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine.»

Le Dieu des cieux établit son royaume.--Ici nous atteignons le sommet de cette prophétie formidable. Quand le temps, dans sa trajectoire en avant, nous amènera à la scène sublime prédite ici, nous aurons atteint la fin de l’histoire humaine. Le royaume de Dieu! Quelle grandiose provision pour une dispensation nouvelle et glorieuse, dans laquelle Son peuple trouvera l’heureuse fin de la tristesse et du cours changeant de ce monde. Quel changement joyeux pour tous les justes, des ténèbres à la gloire, des conflits à la paix, du péché à un monde saint, de la mort à la vie, de la tyrannie et l’oppression à la liberté et aux privilèges bénis du royaume céleste! Quelle glorieuse transition, de la faiblesse à la force, du variable et décadent à l’immuable et l’éternel!

Mais quand ce royaume sera-t-il établi? Pouvons-nous espérer une réponse à une question si importante pour notre race? Ce sont des interrogations au sujet desquelles la Parole de Dieu ne nous laisse pas dans l’ignorance, et dans sa réponse nous voyons la valeur suprême de ce don céleste.

La Bible affirme clairement que le royaume de Dieu était dans le futur à l’époque de la Pâque de notre Seigneur (Matthieu 26:29). Christ n’a pas établi son royaume avant son ascension (Actes 1:6). Il déclara aussi que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu (1 Corinthiens 15:50). Ce fut le sujet d’une promesse faite aux apôtres, et à tous qui aiment Dieu (Jacques 2:5). Il est promis dans le futur au petit troupeau (Luc 12:32). C’est par beaucoup de tribulations que les saints entreront dans le royaume à venir (Actes 14:22). Il sera établi lorsque Christ aura jugé les vivants et les morts (2 Timothée 4:1). Ceci arrivera lorsqu’il viendra dans sa gloire (Matthieu 25:31-34). Nous ne voulons pas dire que le moment exact a été révélé (nous insistons sur le fait qu’il n’a pas été révélé) dans cette prophétie de Daniel 2 ou dans n’importe quelle autre prophétie; mais beaucoup d’indices de sa proximité allaient être présentés, si bien que la génération destinée à voir l’établissement de ce royaume pourrait savoir de façon certaine quand il s’approcherait et faire les préparatifs qui incombent aux enfants de Dieu pour qu’ils participent à toute sa gloire.

Le temps a développé complètement cette grande statue dans toutes ses parties. Elle représente avec la plus grande exactitude les événements politiques importants qu’elle était destinée à symboliser. Elle a été complète durant plus de quatorze siècles. Elle attend d’être brisée par la pierre qui se détache de la montagne sans le secours d’aucune main, c’est-à-dire, le royaume de Christ. Ceci s’accomplira lorsque le Seigneur se révélera au milieu d’une flamme de feu, «pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ» (2 Thessaloniciens 1:8; voir aussi Psaumes 2:8, 9). A l’époque de ces rois, le Dieu du ciel établira un royaume. Durant plusieurs siècles, et aujourd’hui encore, nous vivons à l’époque de ces rois. Si l’on se réfère aux prophéties, le prochain événement sera l’établissement du royaume éternel de Dieu. D’autres prophéties et de nombreux signes montrent de façon évidente que la venue de Christ est proche.

L’église chrétienne primitive interprétait les prophéties de Daniel 2, 7 et 8 comme nous aujourd’hui. Hippolyte, qui vécut entre 160 et 236 de notre ère, et fut, croit-on, disciple d’Irénée, l’un des quatre théologiens les plus grands de son époque, dit dans son exposé sur Daniel 2 et Daniel 7:

"La tête d’or de la statue et le lion représentaient les Babyloniens; la poitrine et les bras d’argent, et l’ours symbolisaient les Mèdes et les Perses; le ventre et les cuisses d’airain, et le léopard représentaient les Grecs, qui exercèrent la suprématie depuis l’époque d’Alexandre le Grand; les jambes de fer, et l’animal terrible et épouvantable, représentaient les Romains, qui conservent actuellement leur supériorité; les doigts de pieds qui étaient en partie de fer et en partie d’argile, et les dix cornes, étaient des emblèmes des royaumes qui ne se sont pas encore élevés; l’autre petite corne qui sort au milieu des autres représente l’antéchrist; la pierre qui frappe la terre et amène un jugement sur le monde était Christ.»

"Parle moi, oh bienheureux Daniel. Donne-moi, je te prie, une pleine assurance. Toi qui prophétisa sur le lion à Babylone où tu fus captif. Toi qui as révélé le futur de l’ours; parce que tu étais encore dans le monde et que tu vis les choses s’accomplir. Ensuite tu me parles du léopard; comment as-tu pu le savoir puisque tu étais au repos? Qui t’instruisit afin d’annoncer ces choses, sinon Celui qui te forma dans le sein de ta mère? Tu dis que c’est Dieu. Tu as parlé avec véracité, et pas faussement. Le léopard s’est élevé; le bouc est venu; il a blessé le bélier, lui a brisé ses cornes et il l’a foulé. Il a été élevé par sa chute. Les quatre cornes se sont dressées sur sa grande corne. Réjouis-toi, bienheureux Daniel! Tu n’as pas été dans l’erreur: toutes ces choses sont arrivées.

"Après cela, tu m’as aussi parlé de l’animal épouvantable et terrible. ‘Il avait de grandes dents de fer et des griffes de cuivre: il mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait’. Déjà, le fer règne; déjà, il asservit et met tout en pièces; déjà il soumet tous les récalcitrants; déjà nous pouvons voir ces choses nous-mêmes. Maintenant, nous glorifions Dieu d’avoir été instruits par toi.»

La partie de la prophétie qui s’était accomplie à cette époque était claire pour les chrétiens primitifs. Ils voyaient aussi que dix royaumes allaient surgir de l’empire Romain, et que l’antéchrist apparaîtrait parmi lui. Ils attendaient avec impatience et espérance la grande consommation, quand la seconde venue de Christ mettrait un terme à tous les royaumes terrestres, et que le royaume de justice serait établi.

Le royaume à venir! Ceci devrait être le thème de la génération présente. Lecteurs, êtes-vous prêts à vivre ce dénouement? Celui qui entre dans ce royaume n’y demeurera pas simplement durant une vie comme celle que les hommes vivent dans cet état présent. Il ne le verra pas dégénérer, ou vaincu par un royaume plus puissant. Non, il y entre pour participer à tous les privilèges et toutes les bénédictions, et partager ses gloires à tout jamais, parce que ce royaume «ne passera point sous la domination d’un autre peuple.»

Encore une fois, nous te demandons, es-tu prêt? Les conditions pour l’hériter sont très libérales: «Si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse» (Galates 3:29). Avez-vous des rapports amicaux avec Christ, le Roi qui vient? Aimez-vous son caractère? Tentez-vous de marcher humblement dans ses pas, et d’obéir à son enseignement? Dans le cas contraire, lisez quel sera votre sort dans le cas des personnages de la parabole, desquels il est dit: «Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence» (Luc 19:27). Il n’existera aucun royaume rival où vous pourrez trouver un asile si vous restez son ennemi, car le royaume de Dieu occupera tout le territoire jamais possédé par tous les royaumes de ce monde, passés ou présents. Il occupera toute la terre. Heureux seront ceux à qui le Souverain légitime, le Grand Roi Conquérant, dira à la fin: «Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume, qui vous a été préparé dès la fondation du monde» (Matthieu 25:34).

VERS. 46-49: «46 Alors le roi Nébucadnetsar tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu’on lui offrît des sacrifices et des parfums. 47 Le roi adressa la parole à Daniel et dit: En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il révèle les secrets, puisque tu as pu découvrir ce secret. 48 Ensuite le roi éleva Daniel, et lui fit de nombreux et riches présents; il lui donna le commandement de toute la province de Babylone, et l’établit chef suprême de tous les sages de Babylone. 49 Daniel pria le roi de remettre l’intendance de la province de Babylone à Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et Daniel était à la cour du roi.»

Nous devons retourner au palais de Nébucadnetsar, vers Daniel, en présence du roi. Il a fait connaître au monarque le rêve et son interprétation, tandis que les courtisans et les devins et les astrologues déconcertés attendent émerveillés, en silence et dans la crainte.

Nébucadnetsar loue Daniel.--En accomplissement de sa promesse, le roi fit de Daniel un grand homme. Il y a deux choses dans cette vie qui sont supposées faire un grand homme, et ces deux choses furent données par le roi à Daniel: Un homme est considéré grand s’il est très riche; et nous lisons que le roi lui donna de nombreux et riches présents. Si conjointement aux richesses un homme a du pouvoir, certainement du point de vue populaire il est considéré comme un grand homme; et le pouvoir fut octroyé à Daniel dans une grande mesure. Il fut fait gouverneur de la province de Babylone, et chef suprême de tous les sages de Babylone. De manière que Daniel reçut promptement et abondamment sa récompense pour sa fidélité à sa propre conscience et aux commandements de Dieu.

Daniel ne se laissa pas désorienter ou griser par ce signal de victoire et son merveilleux avancement. En premier lieu, il se souvint de ses trois compagnons qui l’assistèrent dans son inquiétude au sujet de l’affaire du roi. Comme ils l’aidèrent par leurs prières, il résolut de les faire participer à ses honneurs. A sa demande, les affaires de Babylone leur furent confiées, tandis que Daniel s’asseyait à la porte du roi. La porte était le lieu où se tenaient les réunions et où les sujets de grande importance étaient traités. Le récit nous déclare simplement que Daniel devint le principal conseiller du roi.

Chapitre III. - L’Integrité Testée par le Feu

VERS. 1: «Le roi Nébucadnetsar fit une statue d’or, haute de soixante coudées et large de six coudées. Il la dressa dans la vallée de Dura, dans la province de Babylone.»

Nous pouvons penser que cette statue devait avoir une certaine relation avec celle du rêve du roi, décrite dans le chapitre précédent. Dans ce rêve, la tête était en or et représentait le royaume de Nébucadnetsar. Des métaux de qualité inférieure, qui symbolisaient une succession de royaumes, lui succédaient. Nébucadnetsar se sentit très probablement satisfait que son royaume fût représenté par l’or; mais être suivi par d’autres royaumes ne lui plaisait pas trop. Aussi, au lieu d’avoir simplement la tête de sa statue en or, il la fit entièrement d’or, dans le but de montrer que son royaume ne serait jamais remplacé par un autre, mais qu’il se perpétuerait.

VERS. 2-7: «2 Le roi Nébucadnetsar fit convoquer les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges et tous les magistrats des provinces, pour qu’ils se rendissent à la dédicace de la statue qu’avait élevée le roi Nébucadnetsar. 3 Alors les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, s’assemblèrent pour la dédicace de la statue qu’avait élevée le roi Nébucadnetsar. Ils se placèrent devant la statue qu’avait élevée Nébucadnetsar. 4 Un héraut cria à haute voix: Voici ce qu’on vous ordonne, peuples, nations, hommes et toutes langues! 5 Au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d’instruments de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or qu’a élevée le roi Nébucadnetsar. 6 Quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas sera jeté à l’instant même au milieu d’une fournaise ardente. 7 C’est pourquoi, au moment où tous les peuples entendirent le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, et de toutes sortes d’instruments de musique, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues se prosternèrent et adorèrent la statue d’or qu’avait élevée le roi Nébucadnetsar.»

La dédicace de la statue.--La dédicace de cette statue devait être une grande occasion, car tous les responsables du royaume furent convoqués. Les hommes sont disposés à faire des efforts et des dépenses extrêmes pour soutenir les systèmes de culte idolâtres et païens. Comme il est triste que ceux qui ont la vraie religion soient dépassés dans ce domaine par ceux qui soutiennent le faux et la contrefaçon. L’adoration était accompagnée de musique; et quiconque n’y participait pas se voyait menacé d’être jeté dans la fournaise ardente. Les plus grands motifs toujours utilisés, pour pousser les hommes dans une direction sont, le plaisir d’un côté, la douleur de l’autre.

VERS. 8-12: «8 A cette occasion, et dans le même temps, quelques Chaldéens s’approchèrent et accusèrent les Juifs. 9 Ils prirent la parole et dirent au roi Nébucadnetsar: O roi, vis éternellement! 10 Tu as donné un ordre d’après lequel tous ceux qui entendraient le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d’instruments, devraient se prosterner et adorer la statue d’or, 11 et d’après lequel quiconque ne se prosternerait pas et n’adorerait pas serait jeté au milieu d’une fournaise ardente. 12 Or, il y a des Juifs à qui tu as remis l’intendance de la province de Babylone, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, hommes qui ne tiennent aucun compte de toi, ô roi; ils ne servent pas tes dieux, et ils n’adorent point la statue d’or que tu as élevée.»

Trois Hébreux mis à l’épreuve.--Les Chaldéens qui accusèrent les Juifs étaient probablement de la secte des philosophes; ils étaient encore agités par la douleur cuisante de leur incapacité à interpréter le songe du roi, relaté dans Daniel 2. Ils étaient fermement décidés à profiter de n’importe quel prétexte pour accuser les Juifs devant le roi, afin d’obtenir leur disgrâce et leur destruction. Ils encouragèrent les préjugés du roi par de fortes insinuations sur leur ingratitude. «Tu les as établis sur toutes les affaires de Babylone, et ils t’ont déjà désobéi», dirent-ils. Où se trouvait Daniel à ce moment-là, nous ne le savons pas. Il était probablement absent pour régler une affaire du royaume. Mais pourquoi, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, qui ne pouvaient pas adorer la statue étaient-ils présents à cette occasion? Etait-ce parce qu’ils étaient bien disposés à accomplir la bonne volonté du roi tant que leurs principes religieux n’étaient pas compromis? Le roi exigeait leur présence. Devant une telle exigence, ils devaient s’y conformer, il le fallait. Il exigeait d’eux l’adoration de la statue. Mais leur religion le leur interdisait, aussi refusèrent-ils de le faire.

VERS. 13-18: «13 Alors Nébucadnetsar, irrité et furieux, donna l’ordre qu’on amenât Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et ces hommes furent amenés devant le roi. 14 Nébucadnetsar prit la parole et leur dit: Est-ce de propos délibéré, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mes dieux, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai élevée? 15 Maintenant tenez-vous prêts, et au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d’instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue que j’ai faite; si vous ne l’adorez pas, vous serez jetés à l’instant même au milieu d’une fournaise ardente. Et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main? 16 Schadrac, Méschac et Abed-Nego répliquèrent au roi Nébucadnetsar: Nous n’avons pas besoin de te répondre là-dessus. 17 Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. 18 Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée.»

La patience du roi est montrée par le fait qu’il accorde à Schadrac, Méschac et à Abed-Nego une autre opportunité après leur première désobéissance à accomplir ses requêtes. Peut-être que la demande n’était pas tout à fait comprise. Ils ne pouvaient pas plaider en faveur de l’ignorance. Ils savaient ce que le roi voulait, et leur manquement à son commandement était un refus intentionnel et délibéré de lui désobéir. Pour beaucoup de rois ceci aurait été suffisant pour sceller leur sort. Mais non, Nébucadnetsar dit: je veux fermer les yeux sur cette offense si à la seconde épreuve vous accomplissez la loi. Mais ils informèrent le roi qu’il n’était pas nécessaire qu’il se dérange à renouveler le test.

Leur réponse était à la fois honnête et décisive. «Nous ne craignons pas de te répondre là-dessus», dirent-ils. C’est-à-dire, tu n’as pas besoin de nous accorder une autre épreuve; notre décision est prise. Nous pouvons répondre aussi bien maintenant qu’à n’importe quel autre moment; et notre réponse est que nous ne servirons pas tes dieux, et nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée. Notre Dieu peut nous délivrer de toi s’il le désire; mais s’il ne le veut pas, nous ne nous plaindrons pas. Nous connaissons sa volonté, et nous lui rendons une obéissance inconditionnelle.

VERS. 19-25: «19 Sur quoi Nébucadnetsar fut rempli de fureur, et il changea de visage en tournant ses regards contre Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Il reprit la parole et ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu’il ne convenait de la chauffer. 20 Puis il commanda à quelques-uns des plus vigoureux soldats de son armée de lier Schadrac, Méschac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise ardente. 21 Ces hommes furent liés avec leurs caleçons, leurs tuniques, leurs manteaux et leurs autres vêtements, et jetés au milieu de la fournaise ardente. 22 Comme l’ordre du roi était sévère, et que la fournaise était extraordinairement chauffée, la flamme tua les hommes qui y avaient jeté Schadrac, Méschac et Abed-Nego. 23 Et ces trois hommes, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise ardente. 24 Alors le roi Nébucadnetsar fut effrayé, et se leva précipitamment. Il prit la parole, et dit à ses conseillers: N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés? 25 Ils répondirent au roi: Certainement, ô roi! Il reprit et dit: Eh bien, je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu, et qui n’ont point de mal; et la figure du quatrième est semblable à celle d’un fils des dieux.»

Nébucadnetsar n’était pas totalement exempt des fautes et des folies dans lesquelles il est si facile, pour un monarque absolu, de tomber. Grisé par son pouvoir illimité, il ne pouvait pas supporter la désobéissance ou la contradiction. Si quelqu’un résistait à son autorité, même si c’était pour de bonnes raisons, il manifestait la faiblesse qui, en de telles circonstance, est commune à toute la race déchue, et il se mettait en rage folle. Bien que gouvernant le monde, il n’était pas capable d’accomplir le difficile devoir de dominer son propre esprit. Même l’aspect de son visage était changé. Au lieu du calme, de la dignité et de la maîtrise de soi qu’il aurait dû conserver, il laissa voir dans son expression et ses actes qu’il était l’esclave d’une passion ingouvernable.

Jetés dans la fournaise ardente.--La fournaise fut chauffée sept fois plus que d’habitude; en d’autres mots, à l’extrême. Le roi fit du zèle car même si la fournaise surchauffée avait eut l’effet espéré sur ceux qui y étaient jetées, les victimes auraient été détruites instantanément. Le roi n’avait rien à gagner avec sa fureur. Mais en voyant leur délivrance, la cause de Dieu et la vérité, y gagneraient beaucoup; aussi, plus intense serait la chaleur, plus grand et plus impressionnant serait le miracle lorsque les jeunes hommes en seraient délivrés.

Chaque circonstance révélait le pouvoir direct de Dieu. Les Hébreux furent attachés avec tous leurs vêtements, mais ils sortirent de la fournaise sans même que l’on remarquât l’odeur du feu. Les hommes les plus forts de l’armée avaient été choisis pour les y jeter, mais le feu les brûla sans qu’ils aient été en contact avec lui. Par contre, il n’eut aucun effet sur les Hébreux, bien qu’ils soient au coeur des flammes. Il est évident que le feu était sous le contrôle d’une intelligence surnaturelle, pourtant il consuma les cordes avec lesquelles ils furent attachés, aussi furent-ils libres de marcher au milieu du feu, qui ne brûla même pas leurs vêtements. Ils ne coururent pas hors du feu dès qu’ils furent libres, mais ils y restèrent, car il revenait au roi qui les avait fait jeter dans la fournaise de leur dire d’en sortir. De plus, il y avait une quatrième personne avec eux, et en Sa présence ils pouvaient être aussi joyeux et satisfaits au milieu du feu de la fournaise que dans les délices et le luxe du palais. Acceptons que dans toutes nos épreuves, nos afflictions, nos persécutions, et nos situations difficiles la présence de la «quatrième personne» nous accompagne, et cela nous suffira!

Le roi reçoit une nouvelle vision.--Le roi dit, «la figure du quatrième ressemble à celle du Fils de Dieu». Pour certains, ce langage est supposé se référer à Christ. La traduction plus littérale, en accord avec «The Revised Version», et d’autres autorités, serait «comme un fils des dieux», il a l’apparence d’un être divin. Bien que c’était sans doute la façon habituelle de Nébucadnetsar de parler des dieux qu’il adorait (Voir le commentaire sur Daniel 4:18), cela n’empêche pas son allusion à Christ, vu que le mot elahin, utilisé ici dans sa forme chaldéenne, bien qu’étant au pluriel, est régulièrement traduit par «Dieu» à travers tout l’Ancien Testament.

Quel cinglant reproche pour la folie et l’égarement du roi que cette délivrance de la fournaise ardente de ces notables! Un pouvoir supérieur à n’importe quel autre sur la terre défendit ceux qui étaient restés fermes devant l’idolâtrie, et avaient méprisé le culte et les commandements du roi. Aucun des dieux païens n’avait pu effectuer une telle délivrance, et il ne le pourrait jamais.

VERS. 26-30: «26 Ensuite Nébucadnetsar s’approcha de l’entrée de la fournaise ardente, et prenant la parole, il dit: «Schadrac, Méschac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu suprême, sortez et venez! Et Schadrac, Méschac et Abed-Nego, sortirent du milieu du feu. 27 Les satrapes, les intendants, les gouverneurs, et les conseillers du roi s’assemblèrent; ils virent que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n’étaient point endommagés, et que l’odeur du feu ne les avait pas atteints. 28 Nébucadnetsar prit la parole et dit: Béni soit le Dieu de Schadrac, de Méschac et d’Abed-Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en lui, et qui ont violé l’ordre du roi et livré leurs corps plutôt que de servir et d’adorer aucun autre dieu que leur Dieu! 29 Voici maintenant l’ordre que je donne: tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu’il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Schadrac, Méschac et Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce qu’il n’y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui. 30 Après cela, le roi fit prospérer Schadrac, Méschac et Abed-Nego, dans la province de Babylone.»

Quand ils en reçurent l’ordre, ces trois hommes sortirent de la fournaise. Puis les princes, les gouverneurs, et les conseillers du roi, sur le conseil et l’assentiment desquels ils avaient été jetés dans la fournaise (car le roi leur avait dit: «N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés? vers. 24), s’assemblèrent pour regarder ces hommes, et ils eurent la preuve tangible de leur protection miraculeuse. L’adoration de la grande statue était oubliée. L’intérêt de cette vaste foule de gens était concentré sur ces trois hommes remarquables. Comme elle a dû vite se répandre à travers tout l’empire la connaissance de cette délivrance, quand les gens rentrèrent dans leur province respective! Quel exemple remarquable de Dieu provoquant le courroux de l’homme pour en recevoir sa louange!

Le roi reconnaît le vrai Dieu.--Alors le roi bénit le Dieu de Schadrac, Méschac et Abed-Nego, et il fit un décret afin que personne ne parle mal de leur Dieu; ce que les Chaldéens avaient certainement fait. A cette époque, chaque nation avait son dieu ou ses dieux, parce qu’il y avait beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs. La victoire d’une nation sur une autre était considérée comme étant due au fait que les dieux de la nation vaincue n’avaient pas réussi à la libérer de ses conquérants. Les Juifs avaient été complètement conquis par les Babyloniens, et ceux-ci avaient sans doute parlé en termes peu flatteurs ou avec mépris du Dieu des Juifs. Maintenant le roi l’interdisait, parce qu’il comprenait clairement que son succès contre les Hébreux était le résultat de leurs péchés et non parce que leur Dieu manquait de pouvoir. Ceci plaçait le Dieu des Hébreux dans une position remarquable et exaltée en comparaison aux dieux des nations! C’était reconnaître qu’il imposait aux hommes une norme élevée de caractère moral, et donc, qu’il ne regardait pas leurs actions avec indifférence. Nébucadnetsar fit bien d’exalter publiquement le Dieu du ciel au-dessus de tous les autres dieux. Mais il n’avait pas plus le droit civil ou moral d’imposer à ses sujets une telle confession et un tel respect, ni de menacer de mort les hommes pour ne pas adorer le vrai Dieu, que d’avoir menacé de mort tous ceux qui refuseraient d’adorer sa statue d’or. Dieu ne force jamais la conscience.

Trois Hébreux reçoivent de l’avancement.--Le roi éleva les jeunes captifs, c’est-à-dire qu’il leur rendit les responsabilités qu’ils avaient avant d’être accusés de désobéissance et de trahison. A la fin du verset 30, la Septante, ou version grecque de l’Ancien Testament, ajoute le texte hébreux suivant: «Il les éleva comme gouverneurs de tous les Juifs qu’il y avait dans son royaume». Il est probable qu’il n’insista pas davantage à adorer sa statue.

Chapitre IV. - Le Plus Grand Royaume

VERS. 1-3: «1 Nébucadnetsar, roi, à tous les peuples, aux nations, aux hommes de toutes langues, qui habitent sur toute la terre. Que la paix vous soit donnée avec abondance! 2 Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu suprême a opérés à mon égard. 3 Que ses signes sont grands! que ses prodiges sont puissants! Son règne est un règne éternel, et sa domination subsiste de génération en génération.»

Ce chapitre, dit Adam Clarke, «est un décret dans les règles, et l’un des plus anciens récits; et il n’y a pas de doute qu’il fut copié des documents de l’état de Babylone. Daniel l’a conservé dans la langue originale.»

Le roi loue le vrai Dieu.--Ce décret de Nébucadnetsar fut promulgué de la façon habituelle. Il désirait faire connaître, non pas à quelques hommes seulement, mais à tous les peuples et à toutes les nations, la façon admirable dont Dieu avait agi avec lui. Les gens sont toujours disposés à raconter ce que Dieu a fait pour eux lorsqu’il s’agit de bénéfices ou de bénédictions. Nous devrions être également disposés à raconter ce qu’Il a fait pour nous humilier et nous châtier. Nébucadnetsar est un bon exemple dans ce domaine, comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre. Il confessa avec franchise, la vanité et l’orgueil de son coeur, et il parle librement des méthodes employées par Dieu pour l’humilier. Avec un esprit sincère de repentance et d’humiliation, il considéra comme une bonne chose de révéler ces choses pour que la souveraineté de Dieu soit exaltée et son nom adoré. Déjà, Nébucadnetsar ne demandait plus l’immutabilité de son royaume, mais il s’en remit totalement à Dieu, reconnaissant que seul Son royaume sera éternel, et Sa domination de génération en génération.

VERS. 4-18: «4 Moi, Nébucadnetsar, je vivais tranquille dans ma maison, et heureux dans mon palais. 5 J’ai eu un songe qui m’a effrayé; les pensées dont j’étais poursuivi sur ma couche et les visions de mon esprit me remplissaient d’épouvante. 6 J’ordonnai qu’on fit venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu’ils me donnassent l’explication du songe. 7 Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Chaldéens et les devins. Je leur dis le songe, et ils ne m’en donnèrent point l’explication. 8 En dernier lieu, se présenta devant moi Daniel, nommé Beltschatsar d’après le nom de mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui dis le songe: 9 -Beltschatsar, chef des magiciens, qui as en toi, je le sais, l’esprit des dieux saints, et pour qui aucun secret n’est difficile, donne-moi l’explication des visions que j’ai eues en songe. 10 Voici les visions de mon esprit, pendant que j’étais sur ma couche. Je regardais, et voici, il y avait au milieu de la terre un arbre d’une grande hauteur. 11 Cet arbre était devenu grand et fort, sa cime s’élevait jusqu’aux cieux, et on le voyait de toute la terre. 12 Son feuillage était beau, et ses fruits abondants; il portait de la nourriture pour tous; les bêtes des champs s’abritaient sous son ombre, les oiseaux du ciel faisaient leur demeure parmi ses branches, et tout être vivant tirait de lui sa nourriture. 13 Dans les visions de mon esprit, que j’avais sur ma couche, je regardais, et voici, un de ceux qui veillent et qui sont saints descendit des cieux. 14 Il cria avec force et parla ainsi: Abattez l’arbre, et coupez ses branches; secouez le feuillage, et dispersez les fruits; que les bêtes fuient de dessous, et les oiseaux du milieu de ses branches! 15 Mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe des champs. Qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et qu’il ait, comme les bêtes, l’herbe de la terre pour partage. 16 Son coeur d’homme lui sera ôté, et un coeur de bête lui sera donné; et sept temps passeront sur lui. 17 Cette sentence est un décret de ceux qui veillent, cette résolution est un ordre des saints, afin que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’Il le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes. 18 Voilà le songe que j’ai eu, moi, le roi Nébucadnetsar. Toi, Beltschatsar, donnes-en l’explication, puisque tous les sages de mon royaume ne peuvent me la donner; toi, tu le peux, car tu as en toi l’esprit des dieux saints.»

Cette partie du récit commence lorsque Nébucadnetsar a obtenu la victoire sur tous ses ennemis. Il a exécuté avec succès toutes ses entreprises militaires. Il avait asservi l’Assyrie, la Phénicie, la Judée, l’Egypte et l’Arabie. Ces grandes conquêtes le poussèrent probablement à la vanité et à la confiance en soi. C’est au moment où il se sentit le plus sûr, et alors qu’il était très improbable que quelque chose vienne perturber sa propre satisfaction tranquille, que Dieu choisit de l’affliger par des craintes et des pressentiments.

Le roi troublé par un autre rêve.--Mais qu’est-ce qui pouvait bien apporter des craintes dans le coeur d’un monarque comme Nébucadnetsar? Il avait guerroyé dès sa jeunesse. Il avait souvent affronté les périls de la bataille, les terreurs des massacres et des carnages, et au milieu de ces scènes il était resté impassible. Qu’est-ce qui pouvait bien l’effrayer maintenant? Aucun ennemi ne le menaçait, aucun nuage néfaste était visible! Ses propres pensées et visions étaient utilisées pour lui enseigner ce qu’aucune autre chose ne pouvait lui apprendre: une leçon salutaire de dépendance et d’humilité. Celui qui avait terrifié les autres, mais que les autres n’avaient pu terroriser, était terrifié par lui-même.

Les magiciens souffrirent une plus grande humiliation que celle relatée dans le deuxième chapitre. A ce moment-là, ils s’étaient vantés que s’ils connaissaient seulement le rêve ils pourraient en faire connaître l’interprétation. Cette fois, Nébucadnetsar se souvenait très bien de son rêve et il le leur raconta, mais les magiciens échouèrent à nouveau lamentablement. Ils furent incapable d’en donner l’explication, et une fois de plus le roi se tourna vers le prophète de Dieu.

Le royaume de Nébucadnetsar était symbolisé par un arbre au milieu de la terre. Babylone, la cité où régnait Nébucadnetsar, était approximativement au centre du monde connu. L’arbre s’élevait jusqu’aux cieux, son feuillage était beau. Sa gloire extérieure et sa splendeur étaient grandes. Ses fruits étaient abondants, et il portait de la nourriture pour tous. Les bêtes des champs s’abritaient sous son ombre; et les oiseaux du ciel faisaient leurs demeures dans ses branches. De quelle autre façon pouvait-on représenter avec plus de force et de clarté le fait que Nébucadnetsar gouvernait sur son royaume avec tant d’efficacité qu’il offrait une totale protection, le soutien et la prospérité à tous ses sujets? Quand l’ordre fut donné d’abattre l’arbre, il fut ordonné que la souche soit laissée en terre. Il fut protégé par des chaînes de fer et d’airain, afin qu’il ne pourrisse pas mais qu’il fût une source de croissance et de grandeur futures.

Le jour vient où les méchants seront abattus et il n’en restera rien. La miséricorde ne sera pas mélangée à leur châtiment. Il ne leur sera laissé ni racine ni rameau [Malachie 3:19].

Le décret disait: «Sept temps passeront sur lui». Il est évident que cette simple expression doit être comprise littéralement. Mais quelle est la durée de la période indiquée par les mots «sept temps»? Elle peut être déterminée par la durée pendant laquelle Nébucadnetsar, en accomplissement de la prédiction, fut conduit à faire sa demeure avec les bêtes des champs. Joseph nous dit qu’elle fut de sept années. Ici, un «temps» signifie donc une année.

Quel intérêt les saints, ou les anges, ont pour les affaires humaines! Ils regardent, comme aucun mortel ne peut le faire, combien l’orgueil du coeur humain est une chose inconvenante. En tant que ministres de Dieu, ils exécutent joyeusement Ses décrets pour corriger le mal. L’homme doit savoir qu’il n’est pas l’architecte de sa propre fortune, parce qu’il y a quelqu’Un qui gouverne le royaume des hommes et c’est de Lui que les homme devraient dépendre humblement. Un homme peut avoir beaucoup de succès en tant que monarque, mais il ne doit pas s’enorgueillir, car si Dieu ne lui avait pas permis de gouverner, il n’aurait jamais pu accéder à cette position honorable.

Nébucadnetsar reconnut la suprématie du vrai Dieu sur les oracles païens. Il demanda à Daniel de résoudre le mystère. «Toi, tu le peux», dit-il «car tu as en toi l’esprit des dieux saints».

Comme nous l’avons vu dans Daniel 3:25, Nébucadnetsar utilise ici encore sa manière habituelle de mentionner les «dieux» au pluriel, bien que la Septante traduise cette phrase de cette façon: «le Saint-Esprit de Dieu est en toi».

VERS. 19-27: «19 Alors Daniel, nommé Beltschatsar, fut un moment stupéfait, et ses pensées le troublaient. Le roi reprit et dit: Beltschatsar, que le songe et l’explication ne te troublent pas! Et Beltschatsar répondit: Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son explication pour tes adversaires! 20 L’arbre que tu as vu, qui était devenu fort, et dont la cime s’élevait jusqu’aux cieux, et qu’on voyait de tous les points de la terre; 21 cet arbre, dont le feuillage était beau et les fruits abondants, qui portait de la nourriture pour tous, sous lequel s’abritaient les bêtes des champs, et parmi les branches duquel les oiseaux du ciel faisaient leur demeure, 22 c’est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’aux cieux, et dont la domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre. 23 Le roi a vu l’un de ceux qui veillent et qui sont saints descendre des cieux et dire: Abattez l’arbre, et détruisez-le; mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe des champs; qu’il soit trempé de la rosé du ciel, et que son partage soit avec les bêtes des champs, jusqu’à ce que sept temps soient passés sur lui. 24 Voici l’explication, ô roi, voici le décret du Très-Haut, qui s’accomplira sur mon Seigneur le roi. 25 On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, et l’on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger; tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. 26 L’ordre de laisser le tronc où se trouvent les racines de l’arbre signifie que ton royaume te restera quand tu reconnaîtras que celui qui domine est dans les cieux. 27 C’est pourquoi, ô roi, puisse mon conseil te plaire! mets un terme à tes péchés en pratiquant la justice, et à tes iniquités en usant de compassion envers les malheureux, et ton bonheur pourra se prolonger.»

L’hésitation de Daniel, qui resta assis, frappé de stupeur pendant une heure, n’était pas due à une difficulté à interpréter le rêve, mais au sujet délicat qu’il devait faire connaître au roi. Daniel avait reçu des faveurs du roi, seulement des faveurs autant que nous sachions, et il lui coûtait d’être le porteur de la terrible menace d’un jugement contre lui telle qu’elle était contenue dans le rêve. Le prophète était troublé par la nécessité de décider quelle serait la meilleure façon de le lui faire connaître. Il semble que le roi s’attendait à recevoir quelque chose de ce style, aussi rassura-t-il le prophète en lui disant de ne pas se laisser troubler par le rêve ou son interprétation. C’était comme s’il avait dit: N’hésite pas à me le faire connaître, quelle que soit sa signification pour moi.

Daniel interprète le songe.--Ainsi rassuré, Daniel parla avec puissance et courtoisie: «Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son explication pour tes adversaires.» Ce rêve annonçait une calamité que Daniel aurait voulu voir s’abattre sur les ennemis du roi plutôt que sur lui.

Nébucadnetsar avait fait un exposé minutieux de son rêve, et aussitôt Daniel l’informa que le rêve s’appliquait à lui, qu’il était évident que le roi avait prononcé sa propre sentence. L’interprétation qui suivit était si claire qu’elle ne nécessita aucune explication. Les menaces de jugements étaient conditionnelles. Elles devaient enseigner au roi «que les Cieux gouvernent», le mot «Cieux» est utilisé ici pour Dieu, le gouverneur des cieux. Daniel profita de l’occasion pour donner au roi des conseils quant au jugement qui le menaçait. Mais il ne l’accusa pas avec un esprit dur et critique. La bonté et la persuasion furent les armes qu’il décida d’employer: «Puisse mon conseil te plaire!» De la même façon, l’apôtre Paul prient les hommes «de supporter ces paroles d’exhortation» (Hébreux 13: 22). Si le roi voulait mettre un terme à ses «péchés en pratiquant la justice» et à ses «iniquités en usant de compassion envers les malheureux», le résultat pourrait en être une prolongation de sa tranquillité, ou comme le dit une note dans la marge de certaines versions: «Par la repentance il aurait pu éviter le châtiment que le Seigneur se proposait de faire tomber sur lui».

VERS. 28-33: «28 Toutes ces choses se sont accomplies sur le roi Nébucadnetsar. 29 Au bout de douze mois, comme il se promenait dans le palais royal à Babylone, 30 le roi prit la parole et dit: N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie, comme résidence royale, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence? 31 La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix descendit du ciel: Apprends, roi Nébucadnetsar, qu’on va t’enlever le royaume. 32 On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger; et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. 33 Au même instant la parole s’accomplit sur Nébucadnetsar. Il fut chassé du milieu des hommes, il mangea de l’herbe comme les boeufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel; jusqu’à ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux des oiseaux.»

L’orgueil et l’humiliation du roi.--Nébucadnetsar ne tira pas profit de l’avertissement reçu, mais Dieu patienta douze mois avant de laisser tomber le châtiment. Durant tout ce temps, le roi continua à caresser l’orgueil dans son coeur, et finalement il atteint le point culminant que Dieu ne pouvait lui permettre de dépasser. Le roi était en train de marcher dans son palais, et comme il regardait les splendeurs de cette merveille du monde, la grande Babylone, la beauté des royaumes, il oublia la source de toute sa force et de sa grandeur et il s’exclama: «N’est-ce par ici Babylone la grande, que j’ai bâtie?» Les archéologues ont découvert les ruines de cette antique cité, que sir Frédéric Kenyon décrit comme suit:

«Ces ruines confirmèrent le caractère généralement dévasté du site, mais elles révélèrent aussi beaucoup de son plan, de son architecture et de son ornementation. Les édifices trouvés étaient presque tous l’oeuvre de Nébucadnetsar, qui reconstruisit considérablement la ville antérieure, son propre palais énorme (Babylone la grande, que j’ai bâtie, comme résidence royale, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence) étant le plus remarquable de tous.»

Le moment où Nébucadnetsar devait être humilié était arrivé. Une voix du ciel vint lui annoncer à nouveau le jugement menaçant, et la divine providence procéda immédiatement à son exécution. Il perdit la raison. La pompe et la gloire de sa grande cité ne l’enchantaient déjà plus. Dieu, par le contact de son doigt, lui enleva la capacité de l’apprécier et d’en jouir. Il abandonna la demeure des hommes, et chercha un refuge et la compagnie entre les bêtes des champs.

VERS. 34-37: «34 Après le temps marqué, moi, Nébucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le Très-Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. 35 Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant: il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise: 36 Que fais-tu? En ce temps, la raison me revint; la gloire de mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me furent rendues; mes conseillers et mes grands me redemandèrent; je fus rétabli dans mon royaume, et ma puissance ne fit que s’accroître. 37 Maintenant, moi, Nébucadnetsar, je loue, j’exalte et je glorifie le roi des cieux, dont toutes les oeuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil.»

Nébucadnetsar loue le Dieu des cieux.--A la fin des sept ans, la main de Dieu cessa d’affliger le roi, et il retrouva la raison et l’intelligence. Son premier geste fut de bénir le Très-Haut. A ce sujet, Matthew Henry nota avec beaucoup d’à propos: «On peut en toute justice considérer ceux qui ne bénissent ni ne louent Dieu comme privés de leur intelligence; et tant qu’ils ne commencent pas à être religieux, les hommes n’utilisent pas correctement leur raison, ni ne vivent comme des hommes jusqu’à ce qu’ils vivent pour la gloire de Dieu.»

L’honneur et l’intelligence lui furent rendus, ses conseillers le redemandèrent et il fut rétablit dans son royaume. Il reçut la promesse que son règne lui serait assuré (vers. 26). On dit que durant sa folie, son fils Evil-Merodach régna à sa place. L’interprétation que Daniel donna du rêve fut sans l’ombre d’un doute comprise au palais, et il fut probablement le sujet des conversations. Le retour de Nébucadnetsar dans son royaume dut être attendu avec intérêt. Nous n’avons pas d’information au sujet du pourquoi il lui fut permis de vivre dans les champs et dans des conditions si déplorables au lieu d’être confortablement assisté par les employés du palais.

L’affliction eut l’effet désiré. La leçon d’humilité fut apprise. Le roi ne l’oublia pas lorsqu’il retrouva sa prospérité. Il était prêt à reconnaître que le Très-Haut gouverne les royaumes des hommes, et il les donne à qui il veut. Il envoya à travers tout son royaume un avis royal dans lequel il reconnaissait son orgueil et un manifeste de louange et d’adoration du Roi des cieux.

C’est la dernière mention que nous avons de Nébucadnetsar. Ce décret est daté de 563 av. J. C., soit, d’après la chronologie adoptée par Adam Clarke, un an avant la mort de Nébucadnetsar, mais d’autres lui attribue une date qui précède sa mort de dix-sept ans. Il n’existe aucune indication que le roi soit retombé dans l’idolâtrie. Nous pouvons donc en conclure qu’il est mort en croyant au Dieu d’Israël.

Ainsi prit fin la vie de cet homme remarquable. Au milieu de toutes les tentations qui accompagnaient sa haute position de roi, nous pouvons supposer que Dieu vit en lui un coeur sincère, intègre, et des desseins purs, qu’Il pouvait utiliser pour la gloire de son nom. Il s’ensuit qu’Il oeuvra de façon admirable avec lui, dans le but apparent de le séparer de sa fausse religion, et de lui faire servir le vrai Dieu. Nous avons son rêve de la grande statue, qui contient une leçon de courage pour les hommes des générations futures. Nous nous souvenons de son expérience avec Schadrac, Méschac et Abed-Nego lorsqu’ils refusèrent d’adorer sa statue d’or, lors de laquelle il dut à nouveau reconnaître la suprématie du vrai Dieu. Pour finir, nous avons les admirables incidents enregistrés dans ce chapitre, qui nous montrent les efforts incessants du Seigneur pour amener Nébucadnetsar à reconnaître entièrement le Créateur. Ne nous est-il pas permis d’espérer que le plus illustre roi de Babylone, la tête d’or, aura finalement part à ce royaume devant lequel tous les royaumes de la terre seront comme la balle, et dont la gloire ne se flétrira jamais?

Chapitre V. - L’Ecriture sur le Mur

VERS. 1: «Le roi Belschatsar donna un grand festin à ses grands au nombre de mille, et il but du vin en leur présence.»

Ce chapitre décrit les dernières scènes de l’empire Babylonien, la transition entre l’or et l’argent de la grande statue de Daniel 2, et du lion à l’ours de la vision de Daniel 7. Certains pensent que ce festin était une fête annuelle en l’honneur de l’une des divinités païennes. Cyrus, qui était alors en train d’assiéger Babylone, eut connaissance de la fête et la prit en compte lorsqu’il fit ses plans pour prendre la ville. Notre traduction dit que Belschatsar, ayant invité mille de ses seigneurs, «il but. . . en leur présence». Certains traduisent cette expression de la façon suivante: «il buvait. . . contre les mille», ce qui laisse à entendre qu’en plus de n’importe quelle autre faiblesse, il était aussi un grand buveur.

VERS. 2-4: «2 Belschatsar, quand il eut goûté au vin, fit apporter les vases d’or et d’argent que son père Nébucadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, s’en servissent pour boire. 3 Alors on apporta les vases d’or qui avaient été enlevés du temple, de la maison de Dieu à Jérusalem; et le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, s’en servirent pour boire. 4 Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or, d’argent, d’airain, de fer, de bois et de pierre.»

Le fait que, lorsque le roi commença à sentir les effets du vin il demanda qu’on lui apportât la vaisselle sacrée qui avait été prise à Jérusalem, semble indiquer que la fête avait un caractère en rapport avec les victoires antérieures obtenues sur les Juifs. On pouvait certainement s’attendre à ce que le roi l’utilise pour célébrer la victoire qui avait permis aux Babyloniens de les obtenir. Probablement qu’aucun autre roi n’était allé si loin dans son impiété. Et tandis qu’ils buvaient du vin dans la vaisselle dédiée au vrai Dieu, ils priaient leurs dieux d’or, d’argent, d’airain, de bois et de pierre. Peut-être, comme nous l’avons noté dans les commentaires sur Daniel 3:29, célébraient-ils la supériorité du pouvoir de leurs dieux sur celui du Dieu des Juifs, dans la vaisselle desquels ils buvaient maintenant en l’honneur de leurs divinités païennes.

VERS. 5-9: «5 En ce moment, apparurent les doigts d’une main d’homme, et ils écrivirent, en face du chandelier, sur la chaux de la muraille du palais royal. Le roi vit cette extrémité de main qui écrivait. 6 Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent; les jointures de ses reins se relâchèrent, et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre. 7 Le roi cria avec force qu’on fit venir les astrologues, les Chaldéens et les devins; et le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone: Quiconque lira cette écriture et m’en donnera l’explication sera revêtu de pourpre, portera un collier d’or à son cou, et aura la troisième place dans le gouvernement du royaume. 8 Tous les sages du roi entrèrent; mais ils ne purent pas lire l’écriture et en donner au roi l’explication. 9 Sur quoi le roi Belschatsar fut très effrayé, il changea de couleur, et ses grands furent consternés.»

L’écriture sur le mur.--Aucun éclair de lumière surnaturelle, aucun tonnerre assourdissant ne retentit pour annoncer l’intervention de Dieu dans leur orgie impie. Une main apparut silencieusement, et traça des caractères mystiques sur le mur. Elle écrivit en face du chandelier. La terreur s’empara du roi, car sa conscience l’accusait. Bien qu’il ne put lire l’écriture, il savait que ce n’était pas un message de paix et de bénédiction qui était tracé dans ces caractères resplendissants sur le mur du palais. La description donnée par le prophète de l’effet que la peur produisit sur le roi est insurpassable. Le visage du roi fut changé, son coeur lui manqua , des douleurs s’emparèrent de lui, et ses tremblements étaient si violents que ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre. Il oublia sa vantardise et son orgie. Il oublia sa dignité. Et il hurla que ses astrologues et ses devins viennent lui révéler la signification de l’inscription mystérieuse.

VERS. 10-16: «10 La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la salle du festin, et prit ainsi la parole: O roi, vis éternellement! Que tes pensées ne te troublent pas, et que ton visage ne change pas de couleur! 11 Il y a dans ton royaume un homme qui a en lui l’esprit des dieux saints; et du temps de ton père, on trouva chez lui des lumières, de l’intelligence, et une sagesse semblable à la sagesse des dieux. Aussi le roi Nébucadnetsar, ton père, le roi, ton père, l’établit chef des magiciens, des astrologues, des Chaldéens, des devins, 12 parce qu’on trouva chez lui, chez Daniel, nommé par le roi Beltschatsar, un esprit supérieur, de la science et de l’intelligence, la faculté d’interpréter les songes, d’expliquer les énigmes, et de résoudre les questions difficiles. Que Daniel soit donc appelé, et il donnera l’explication. 13 Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Es-tu ce Daniel, l’un des captifs de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda? 14 J’ai appris sur ton compte que tu as en toi l’esprit des dieux, et qu’on trouve chez toi des lumières, de l’intelligence, et une sagesse extraordinaire. 15 On vient d’amener devant moi les sages et les astrologues, afin qu’ils lussent cette écriture et m’en donnassent l’explication; mais ils n’ont pas pu donner l’explication des mots. 16 J’ai appris que tu peux donner des explications et résoudre des questions difficiles; maintenant, si tu peux lire cette écriture et m’en donner l’explication, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras un collier d’or à ton cou, et tu auras la troisième place dans le gouvernement du royaume.»

Il semble, d’après les circonstances racontées ici, que Daniel en tant que prophète de Dieu ait été oublié de la cour et du palais. Ceci, peut-être parce qu’il dut s’absenter à Suse, la capitale de la province d’Elam, pour régler un problème du royaume (Daniel 8: 1, 2, 27). Il est probable que l’invasion du pays par les armées Perses l’avait obligé à revenir à Babylone. La reine, qui fit savoir au roi qu’il y avait une personne à laquelle il pouvait se confier pour obtenir la connaissance des choses surnaturelles, devait être la reine mère, fille de Nébucadnetsar. Elle devait se souvenir du conseil admirable que Daniel avait donné durant le règne de son père.

Ici, Nébucadnetsar est appelé père de Belschatsar, en accord avec la coutume alors commune d’appeler père n’importe lequel des ancêtres paternels, et fils n’importe lequel des descendants masculins. En réalité, Nébucadnetsar était le grand-père de Belschatsar. Lorsque Daniel entra, le roi demanda si le prophète était un des enfants des captifs de Juda. Il sembla donc, qu’un ordre avait été donné, tandis que les princes célébraient leur fête impie en l’honneur de leurs faux dieux, pour qu’un serviteur du vrai Dieu, un de ceux qu’ils retenaient en captivité, fût appelé à prononcer le jugement mérité de leur conduite impie.

VERS. 17-24: «17 Daniel répondit en présence du roi: Garde tes dons, et accorde à un autre tes présents; je lirai néanmoins l’écriture au roi, et je lui en donnerai l’explication. 18 O roi, le Dieu suprême avait donné à Nébucadnetsar, ton père, l’empire, la grandeur, la gloire et la magnificence; 19 et à cause de la grandeur qu’il lui avait donnée, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues étaient dans la crainte et tremblaient devant lui. Le roi faisait mourir ceux qu’il voulait, et il laissait la vie à ceux qu’il voulait; il élevait ceux qu’il voulait, et il abaissait ceux qu’il voulait. 20 Mais lorsque son coeur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire; 21 il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son coeur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages; on lui donna comme aux boeufs de l’herbe à manger, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Dieu suprême domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. 22 Et toi, Belschatsar, son fils, tu n’as pas humilié ton coeur, quoique tu susses toutes ces choses. 23 Tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux; les vases de sa maison ont été apportés devant toi, et vous vous en êtes servis pour boire du vin, toi et tes grands, tes femmes et tes concubines; tu as loué les dieux d’argent, d’or d’airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient point, qui n’entendent point, et qui ne savent rien, et tu n’as pas glorifié le Dieu qui a dans sa main ton souffle et toutes tes voies. 24 C’est pourquoi il a envoyé cette extrémité de main qui a tracé cette écriture.»

Daniel reprend Belschatsar.--Daniel tenta d’abord de détruire l’idée qu’il aurait pu être influencé par des intentions telles que celles qui motivaient les devins et les astrologues. Il dit: «accorde à un autre tes présents». Il voulait que tous tiennent pour un fait certain qu’il n’interpréterait pas cette écriture en vue de recevoir les dons et les récompenses offertes. Puis il raconta l’expérience du grand-père du roi, Nébucadnetsar, telle qu’elle est relatée dans le chapitre précédent. Il reprocha à Belschatsar, bien que sachant toutes ces choses, de ne pas avoir humilié son coeur, mais de s’être exalté contre le Dieu du ciel. Il avait même poussé son impiété au point de profaner les vases sacrés, en louant des dieux insensibles, de création humaine, et en refusant de glorifier le Dieu duquel dépendait son souffle. C’est pour cette raison que Daniel lui dit que la main avait été envoyée par Dieu, qu’il avait défié et insulté hardiment, pour tracer ces caractères terribles bien que leur signification en soit cachée. Ensuite il passa à l’explication de l’écriture.

VERS. 25-29: «25 Voici l’écriture qui a été tracée: Compté, compté, pesé, et divisé. 26 Et voici l’explication de ces mots. Compté: Dieu a compté ton règne, et y a mis fin. 27 Pesé: Tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé léger. 28 Divisé: Ton royaume sera divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses. 29 Aussitôt Belschatsar donna des ordres, et l’on revêtit Daniel de pourpre, on lui mit un collier d’or, et on publia qu’il aurait la troisième place dans le gouvernement du royaume.»

Daniel interprète l’écriture.--Chaque parole de cette inscription représente une phrase. Men:, «compté»; téqel: «pesé»; parsîn, du radical peres: «divisé». Dieu, que tu as défié, a ton règne entre ses mains, et il a compté ses jours et sa course s’achève précisément au moment où tu pensais qu’il était à l’apogée de sa prospérité. Toi, qui a exalté ton coeur par l’orgueil le plus grand de la terre, tu as été pesé et tu as été trouvé plus léger que la vanité. Ton royaume, que tu rêvais de voir subsister pour toujours, restera divisé entre les ennemis qui attendent déjà à tes portes.

Malgré cette terrible accusation, Belschatsar n’oublia pas sa promesse, mais il revêtit immédiatement Daniel d’un manteau pourpre, d’une chaîne d’or, et il le proclama troisième gouverneur du royaume. Ce que Daniel accepta probablement pour être dans une meilleure situation afin de veiller sur les intérêts de son peuple pendant la transition du royaume suivant.

VERS. 30-31: «30 Cette même nuit, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué. 31 Et Darius, le Mède, s’empara du royaume, étant âgé de soixante-deux ans.»

Cette scène, si brièvement mentionnée ici, a été décrite dans les observations que nous avons faites sur Daniel 2:39. Tandis que Belschatsar s’adonnait à son orgie présomptueuse, tandis que la main de l’ange traçait la sentence de l’empire sur les murs du palais, tandis que Daniel faisait connaître la terrible signification de l’écriture céleste, les soldats Perses entraient par le lit vide de l’Euphrate jusqu’au coeur de la ville, et s’approchaient rapidement du palais du roi avec les épées dégainées. On ne peut presque pas dire qu’ils le surprirent, parce que Dieu achevait de l’avertir de la fin qui l’attendait. Mais ils le trouvèrent et le tuèrent, et à cette heure-ci, l’empire de Babylone cessa d’exister.


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