I. Les Prophéties de Daniel - (Ch. 6)


Chapitre VI. - Daniel dans la Fosse aux Lions

VERS. 1-5: «1 Darius trouva bon d’établir sur le royaume cent vingt satrapes, qui devaient être dans tout le royaume. 2 Il mit à leur tête trois chefs, au nombre desquels était Daniel, afin que ces satrapes leur rendissent compte, et que le roi ne souffrît aucun dommage. 3 Daniel surpassait les chefs et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur; et le roi pensait à l’établir sur tout le royaume. 4 Alors les chefs et les satrapes cherchèrent une occasion d’accuser Daniel en ce qui concernait les affaires du royaume. Mais ils ne purent trouver aucune occasion, ni aucune chose à reprendre, parce qu’il était fidèle, et qu’on n’apercevait chez lui ni faute, ni rien de mauvais. 5 Et ces hommes dirent: Nous ne trouvons aucune occasion contre ce Daniel, à moins que nous n’en trouvions une dans la loi de son Dieu.»

Babylone fut prise par les Perses, et Darius le Mède fut intronisé en 538 av. J.-C. Lorsque Darius mourut deux ans plus tard, Cyrus monta sur le trône. L’événement mentionné dans ce chapitre eut donc lieu quelque part entre ces deux dates.

Daniel était un dirigeant actif du royaume lorsque Babylone atteignit l’apogée de sa gloire. Depuis lors jusqu’à ce que les Mèdes et les Perses s’emparent du trône de l’empire universel, il était un résident de la capital familiarisé avec toutes les affaires du royaume. Cependant, nous n’avons aucun récit concernant les événements qui arrivèrent durant sa longue activité dans chacun des royaumes. Seuls quelques événements font surface ici et là qui peuvent inspirer foi, espérance et courage au le coeur des enfants de Dieu de toutes les époques, et les pousser à être fidèles à leur adhésion à la droiture. L’événement raconté dans ce chapitre est mentionné dans Hébreux 11, où il nous est parlé de ceux qui par la foi «fermèrent la gueule des lions».

Daniel premier ministre de l’empire des Mèdes et des Perses.--Darius établit cent vingt princes sur le royaume, parce qu’on suppose qu’à cette époque il devait y avoir cent vingt provinces dans l’empire, chacune ayant son prince ou son gouverneur. Grâce aux victoires de Cambyse et de Darius Hystaspe, l’empire s’agrandit jusqu’à avoir cent vingt sept provinces (Esther 1:1). Trois présidents furent placés sur ces princes, et Daniel fut le responsable. Daniel fut sans aucun doute élevé à ce poste à cause de son esprit exemplaire et de la fidélité qu’il manifesta dans son travail.

En tant que responsable de l’empire de Babylone, Daniel aurait pu être considéré par Darius comme un ennemi digne d’être banni ou éliminé de n’importe quelle façon. Ou, en tant que captif d’une nation alors en ruine, il aurait pu être méprisé. Mais il faut dire, en hommage à Darius, que Daniel eut sa préférence à tous les autres, parce que la perspicacité du roi vit en lui un esprit magnifique, et il pensa l’établir sur tout le royaume.

Alors, la jalousie de tous les autres princes s’éveilla contre lui, et ils commencèrent à tramer sa destruction. La conduite de Daniel était parfaite, dans tout ce qui concernait le royaume. Il était fidèle en tout. Ils ne pouvaient pas trouver une seule raison de se plaindre de lui sur ce sujet. Alors, ils se dirent qu’ils ne trouveraient aucune occasion de l’accuser, excepté dans la loi de son Dieu. Qu’il en soit de même pour nous! Personne ne pourrait demander une meilleure recommandation.

VERS. 6-10: «6 Puis ces chefs et ces satrapes se rendirent tumultueusement auprès du roi, et lui parlèrent ainsi: Roi Darius, vis éternellement! 7 Tous les chefs du royaume, les intendants, les satrapes, les conseillers, et les gouverneurs sont d’avis qu’il soit publié un édit royal, avec une défense sévère, portant que quiconque, dans l’espace de trente jours adressera des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions. 8 Maintenant, ô roi, confirme la défense, et écris le décret, afin qu’il soit irrévocable, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est immuable. 9 Là-dessus le roi Darius écrivit le décret et la défense. 10 Lorsque Daniel sut que le décret était écrit, il se retira dans sa maison, où les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem; et trois fois par jour il se mettait à genoux, il priait, et il louait son Dieu, comme il le faisait auparavant.»

Le complot contre Daniel.--Remarquez les moyens que ces personnes utilisèrent pour accomplir leur dessein néfaste. Ils se rendirent vers le roi, d’une façon tumultueuse, dit la note dans la marge. Ils vinrent comme s’ils avaient un sujet d’extrême importance à lui soumettre. Ils assurèrent que tous étaient d’accord. Ce qui était faux, puisque Daniel, leur supérieur, ne fut pas consulté sur ce sujet.

Le décret qu’ils présentaient semblait destiné à accroître l’honneur et le respect de la volonté du roi. Aucune prière ou demande, disaient-ils, ne devaient être adressées à aucun homme ou dieu, sauf au roi, durant trente jours. Sous cette approche élogieuse, les princes cachèrent leur mauvaise intention envers Daniel. Le roi signa le décret, et il devint une loi immuable des Mèdes et des Perses.

Notez la subtilité de ces hommes, l’extrémité à laquelle ils en arrivèrent pour provoquer la ruine de l’homme bon. S’ils avaient indiqué dans le décret qu’aucune prière ne devait être adressée au Dieu des Hébreux, ce qui était le véritable but recherché, le roi aurait immédiatement deviné leur dessein, et il n’aurait pas signé le décret. Mais ils lui avaient donné une application générale, et ils se montrèrent disposés à laisser de côté et à insulter leur propre religion et la multitude de leurs dieux, pour provoquer la ruine de l’objet de leur haine.

Daniel comprit ce qui était en train de se tramer contre lui, mais il ne fit rien pour déjouer la conspiration. Il se recommanda simplement à Dieu et en confia le résultat à la Providence. Il n’abandonna pas la capitale en prétextant des affaires d’état à traiter, il n’accomplit pas non plus ses dévotions d’une façon plus secrète qu’à l’ordinaire. Quand il sut que le décret avait été signé, il s’agenouilla trois fois par jour, comme c’était son habitude, la face tournée vers sa Jérusalem bien-aimée, et il offrit ses prières et ses supplications à Dieu.

VERS. 11-17: «11 Alors ces hommes entrèrent tumultueusement, et ils trouvèrent Daniel qui priait et invoquait son Dieu. 12 Puis ils se présentèrent devant le roi, et lui dirent au sujet de la défense royale: N’as-tu pas écrit une défense portant que quiconque dans l’espace de trente jours adresserait des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions? Le roi répondit: La chose est certaine, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est immuable. 13 Ils prirent de nouveau la parole et dirent au roi: Daniel, l’un des captifs de Juda, n’a tenu aucun compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as écrite, et il fait sa prière trois fois le jour. 14 Le roi fut très affligé quand il entendit cela; il prit à coeur de délivrer Daniel, et jusqu’au coucher du soleil il s’efforça de le sauver. 15 Mais ces hommes insistèrent auprès du roi, et lui dirent: Sache, ô roi, que la loi des Mèdes et des Perses exige que toute défense ou tout décret confirmé par le roi soit irrévocable. 16 Alors le roi donna l’ordre qu’on amena Daniel, et qu’on le jetât dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Puisse ton Dieu, que tu sers avec persévérance, te délivrer! 17 On apporta une pierre, et on la mit sur l’ouverture de la fosse; le roi la scella de son anneau et de l’anneau de ses grands, afin que rien ne fût changé à l’égard de Daniel.»

Daniel jeté dans la fosse aux lions.--Une fois le piège tendu, il ne restait plus à ces hommes qu’à regarder leur victime se prendre au piège. Aussi, ils vinrent ensemble, cette fois-ci à la résidence de Daniel, comme si une affaire importante les obligeait subitement à consulter le responsable des présidents; et, voici qu’ils le trouvèrent en train de prier son Dieu, ce qu’ils attendaient et espéraient. Jusque-là leur plan s’était réalisé comme ils l’avaient imaginé. Ils ne tardèrent donc pas à se présenter devant le roi avec leur accusation.

En entendant dire du monarque que le décret était en vigueur, ils furent prêts à dénoncer Daniel. Afin d’exciter les préjugés du roi, ils dirent: «Daniel, l’un des captifs de Juda, n’a tenu aucun compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as écrite.» Oui, se plaignirent-ils, ce pauvre captif, qui dépend entièrement de toi pour tout ce dont il jouit, au lieu d’être reconnaissant et d’apprécier tes faveurs, il n’a aucune considération pour toi, ni ne fait aucune attention à ton décret. Alors le roi vit le piège qu’ils avaient tendu aussi bien à lui qu’à Daniel, et il travailla jusqu’au coucher du soleil pour le délivrer, probablement par des efforts personnels auprès des conspirateurs pour les induire à l’indulgence, ou par des arguments ou des efforts pour abroger la loi. Mais la loi fut maintenue; et Daniel, le vénérable, le sérieux, le droit, et le serviteur le plus irréprochable du royaume fut jeté dans la fosse aux lions.

VERS. 18-24: «18 Le roi se rendit ensuite dans son palais; il passa la nuit à jeun, il ne fit point venir de concubine auprès de lui, et il ne put se livrer au sommeil. 19 Le roi se leva au point du jour, avec l’aurore, et il alla précipitamment à la fosse aux lions. 20 En s’approchant de la fosse, il appela Daniel d’une voix triste. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec persévérance, a-t-il pu te délivrer des lions? 21 Et Daniel dit au roi: Roi, vis éternellement! 22 Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal, parce j’ai été trouvé innocent devant lui; et devant toi non plus, ô roi, je n’ai rien fait de mauvais. 23 Alors le roi fut très joyeux, et il ordonna qu’on fît sortir Daniel de la fosse. Daniel fut retiré de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait eu confiance en son Dieu. 24 Le roi ordonna que ces hommes qui avaient accusés Daniel fussent amenés et jetés dans la fosse aux lions, eux leurs enfants et leurs femmes; et avant qu’ils fussent parvenus au fond de la fosse, les lions les saisirent et brisèrent tous leurs os.»

Daniel délivré.--La conduite du roi après que Daniel ait été jeté dans la fosse aux lions témoigne de l’intérêt sincère qu’il éprouvait pour le prophète, et de la sévère condamnation qu’il ressentait pour sa propre conduite sur ce sujet. A l’aube, il se dirigea vers la fosse des bêtes affamées et voraces. Daniel était vivant, et sa réponse à la salutation du monarque n’était pas un reproche pour avoir cédé à ses mauvais conseillers. En termes respectueux, il dit: «Roi, vis éternellement!» Ensuite, il rappela au roi d’une façon qui dut le toucher vivement, mais sans l’offenser, qu’il ne lui avait fait aucun mal. A cause de son innocence, Dieu, qu’il servit continuellement, avait envoyé son ange et fermé la gueule des lions.

Car Daniel était là, protégé par un pouvoir supérieur à tout pouvoir sur la terre. Sa cause fut défendue et son innocence fut proclamée. «Et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait eu confiance en son Dieu». La foi le sauva. Un miracle eut lieu. Pourquoi les accusateurs de Daniel furent-ils emmenés et jetés dans la fosse? Probablement, parce qu’ils attribuèrent la préservation de Daniel non pas à un miracle accompli en sa faveur, mais dû au fait que les lions n’avaient pas eu faim à ce moment là. Le roi a dû dire: «Dans ce cas, ils ne vous attaqueront pas non plus, aussi, nous allons vérifier cela en vous y mettant à sa place.» Les lions étaient suffisamment affamés maintenant que l’intervention divine n’agissait plus, et ces hommes furent mis en pièces avant d’avoir atteint le fond de la fosse. C’est ainsi que Daniel fut doublement vengé, et les paroles de Salomon s’accomplir d’une manière frappante: «Le juste est délivré de la détresse, et le méchant prend sa place» (Prov. 11:8).

VERS. 25-28: «25 Après cela, le roi Darius écrivit à tous les peuples, à toutes les nations, aux hommes de toutes langues, qui habitaient sur toute la terre: Que la paix vous soit donnée avec abondance! 26 J’ordonne que, dans toute l’étendue de mon royaume, on ait de la crainte et de la frayeur pour le Dieu de Daniel. Car il est le Dieu vivant, et il subsiste éternellement; son royaume ne sera jamais détruit, et sa domination durera jusqu’à la fin. 27 C’est lui qui délivre et qui sauve, qui opère des signes et des prodiges dans les cieux et sur la terre. C’est lui qui a délivré Daniel de la puissance des lions. 28 Daniel prospéra sous le règne de Darius, et sous le règne de Cyrus, le Perse.»

Daniel prospère.--La délivrance de Daniel eut pour résultat la promulgation, à travers tout l’empire, d’une autre proclamation en faveur du vrai Dieu, le Dieu d’Israël. Il fut commandé à tous les hommes d’avoir de la crainte et de la frayeur pour Lui. Le complot que les ennemis de Daniel avaient élaboré pour provoquer sa ruine, ne réussit qu’à le faire avancer. Dans ce cas, comme dans l’expérience des trois Hébreux dans la fournaise ardente, l’approbation de Dieu est placée sur deux grandes catégories de devoirs: refuser de céder à tout péché connu, et refuser d’accomplir tout devoir connu. Le peuple de Dieu, à travers tous les âges, peut tirer un encouragement de ces deux exemples.

Le décret du roi présentait le caractère du vrai Dieu: Il est le Créateur; tout les autres n’ont aucune vie par eux-mêmes. Il est éternel; tous les autres sont impuissants et sans valeur. Il possède un royaume; car il les a tous faits et il les gouverne tous. Son royaume ne sera pas détruit; tous les autres auront une fin. Sa domination n’a pas de fin; aucun pouvoir humain ne prévaudra contre lui. Il délivre ceux qui sont en esclavage. Il sauve Ses serviteurs de leurs ennemis quand ils l’appellent à l’aide. Il accomplit des merveilles dans les cieux et des signes sur la terre. Et pour compléter le tout, il délivra Daniel, et offrit à nos yeux la preuve la plus éclatante de Son pouvoir et de Sa bonté à sauver Son serviteur du pouvoir des lions. Quelle éloge du grand Dieu et de son fidèle serviteur!

Ainsi se termine la partie historique du livre de Daniel.

Chapitre VII. - La Lutte pour la Suprematie Mondiale

VERS. 1: «La première année de Belschatsar, roi de Babylone, Daniel eut un songe et des visions de son esprit, pendant qu’il était sur sa couche. Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses».

Il s’agit du même Belschatsar mentionné dans Daniel 5. Chronologiquement ce chapitre précède le cinquième; mais ici, la chronologie est laissée de côté pour que la partie historique du livre reste séparée du reste.

VERS. 2-3: «2 Daniel commença et dit: Je regardais pendant ma vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption sur la grande mer. 3 Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l’un de l’autre.»

Daniel relate lui-même sa vision.--Le langage des Ecritures doit toujours être pris dans son sens littéral à moins qu’il y n’ait de bonnes raisons pour le prendre dans son sens figuré. Tout ce qui est figuré doit être interprété par ce qui est littéral. Que le langage employé ici soit symbolique est évident à partir du verset 17, qui dit: «Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre.» Que cela se réfère à des royaumes, et pas seulement à des rois individuels, est évident dans le verset 18: «les saints du Très-Haut recevront le royaume». En donnant l’explication du verset 23, l’ange dit: «Le quatrième animal, c’est un quatrième royaume qui existera sur la terre». Ces quatre animaux sont des symboles de quatre grands royaumes. Les circonstances dans lesquelles ils s’élevèrent, tels qu’ils sont représentés dans la prophétie, sont aussi décrites dans un langage symbolique. Les symboles introduits sont les quatre vents, la mer, quatre grands animaux, dix cornes, et une autre corne qui a des yeux et une bouche et qui fit la guerre contre Dieu et contre Son peuple. Il nous faut maintenant nous informer de leur signification.

Dans le langage symbolique les vents représentent des luttes, des agitations politiques, et des guerres, comme nous le lisons dans le prophète Jérémie: «Voici, la calamité va de nation en nation, et une grande tempête s’élève des extrémités de la terre. Ceux que tuera l’Eternel en ce jour seront étendus d’un bout à l’autre de la terre» (Jérémie 25:32, 33). Le prophète parle d’une controverse qu’il aura avec les nations. La lutte et l’agitation qui sont à l’origine de toute cette destruction sont appelées «une grande tempête».

Que ces vents représentent les luttes et les guerres est évident dans la vision elle-même. Comme résultat des vents qui soufflent, les royaumes s’élèvent et tombent sous les agitations politiques.

Les mers et les eaux, quand elles sont utilisées comme symbole biblique, représentent des peuples, des nations, et des langues. L’ange dit au prophète Jean: «Les eaux que tu as vues,. . . ce sont des peuples, des foules, des nations, et des langues» (Apocalypse 17:15).

La signification du symbole des quatre bêtes est donnée à Daniel avant la fin de la vision: «Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre.» Avec cette explication des symboles, le champ de la vision est définitivement ouvert devant nous.

Si ces bêtes représentent quatre rois, ou royaumes, nous pouvons nous demander, où commencerons-nous et quels sont ces quatre empires représentés? Ces bêtes s’élèveront consécutivement, car ils sont énumérés du premier au quatrième. Le dernier subsiste encore lorsque les scènes terrestres s’achèvent par le jugement final. Depuis l’époque de Daniel jusqu’à la fin de l’histoire de ce monde, il devait y avoir seulement quatre empires universels, comme nous l’avons appris par le songe de la grande statue de Nébucadnetsar, dans Daniel 2, songe interprété soixante-cinq ans plus tôt. Daniel vivait encore sous le royaume représenté par la tête d’or.

La première bête de cette vision doit donc représenter le même royaume que la tête d’or de la grande statue, appelé Babylone. Les autres bêtes représentent sans aucun doute, les royaumes successifs dépeins par cette statue. Mais si cette vision couvre essentiellement la même période de l’histoire que la statue de Daniel 2, la question qui se pose est: pourquoi fut-elle donnée? Pourquoi la première vision ne fut-elle pas suffisante? Nous répondons que l’histoire des empires du monde est présentée et représentée pour détacher certaines caractéristiques, certains faits et particularités additionnels. La leçon nous est donnée «règle sur règle» en accord avec les Ecritures. Dans le chapitre 2, seul l’aspect politique du pouvoir mondial est décrit. Ici, les gouvernements terrestres sont présentés en relation avec la vérité et le peuple de Dieu. Leur vrai caractère est révélé par les symboles utilisés, à savoir, les bêtes.

VERS. 4: «Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l’un de l’autre. Le premier était semblable à un lion, et avait des ailes d’aigle; je regardais, jusqu’au moment où ses ailes furent arrachées; il fut enlevé de terre et mis debout sur ses pieds comme un homme, et un coeur d’homme lui fut donné.»

Le lion.--Dans la vision de Daniel 7, la première bête vue par le prophète était un lion. Au sujet de l’utilisation du lion comme symbole, lire Jérémie 4:7; 50:17, 43, 44. Le lion qui apparaît dans la vision avait des ailes d’aigles. L’utilisation symbolique des ailes est décrite d’une façon impressionnante dans Habakuk 1:6-8 où il est dit que les Chaldéens «volent comme l’aigle qui fond sur sa proie».

Par ces symboles, il nous est facile de déduire que Babylone était un royaume d’une grande force, et que sous Nébucadnetsar ses conquêtes s’étendirent avec une grande rapidité. Mais il vint un moment où ses ailes lui furent arrachées. Le lion ne se précipitait déjà plus sur sa proie comme un aigle. Son audace et son courage de lion en vinrent à disparaître. Un coeur d’homme, faible, craintif, et défaillant, prit la place de la force du lion. Telle fut la condition de la nation durant les dernières années de son histoire, lorsqu’elle devint faible et efféminée par la richesse et le luxe.

VERS. 5: «Et voici, un second animal était semblable à un ours, et se tenait sur le côté; il avait trois côtes dans la gueule entre les dents, et on lui disait: Lève-toi, mange beaucoup de chair.»

L’ours.--Comme dans la statue de Daniel 2, on remarque dans cette suite de symboles une détérioration à mesure que nous descendons d’un royaume à un autre. L’argent de la poitrine et des bras est inférieur à l’or de la tête. L’ours est inférieur au lion. L’empire Médo-Perse fut inférieur à Babylone, quant aux richesses, à la magnificence et à l’éclat. L’ours se tenait sur un côté. Le royaume était composé de deux nationalités, les Mèdes et les Perses. Le même fait est représenté par les deux cornes du bélier de Daniel 8. Au sujet de ces deux cornes on dit que la plus haute s’éleva la dernière, et au sujet de l’ours, le texte indique qu’il s’appuyait plus sur un côté que sur l’autre. Ceci s’accomplit par la partie Perse du royaume, parce que bien qu’il apparaisse après, il atteint une plus grande importance que celui des Mèdes; et son influence en vint à prédominer dans la nation (Voir les commentaires sur Daniel 8:3). Les trois côtes signifient sans l’ombre d’un doute, les trois provinces de Babylonie, Lydie et Egypte, qui furent particulièrement opprimées par l’empire Médo-Perse. L’ordre de «lève-toi, mange beaucoup de chair», doit sans doute faire référence à l’encouragement que la conquête de ces provinces donna aux Mèdes et aux Perses. Le caractère de cette puissance était bien représenté par un ours. Les Mèdes et les Perses étaient cruels et rapaces, voleurs et rançonneurs du peuple. Le royaume Médo-Perse persista depuis la prise de Babylone par Cyrus jusqu’à la bataille d’Arbèles en 331 av. J.-C., soit une période de 207 ans.

VERS. 6: «Après cela, je regardais, et voici, un autre était semblable à un léopard, et avait sur le dos quatre ailes comme un oiseau; cet animal avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée.»

Le léopard.--Le troisième royaume, la Grèce, est représenté ici, par le symbole du léopard. Si les ailes sur le lion signifiaient la rapidité des conquêtes, elles doivent avoir la même signification ici. Le léopard est lui-même un animal agile, mais ce n’était pas suffisant pour représenter la carrière de la nation symbolisée ici. On dut lui rajouter deux ailes. Deux ailes, le même nombre que le lion, n’étaient pas suffisantes; le léopard devait en avoir quatre. Ceci devait signifier une rapidité de mouvements sans précédent, ce qui est reconnu comme un fait historique du royaume Grec. Les conquêtes grecques sous la direction d’Alexandre furent sans précédent dans l’histoire antique par leur soudaineté et leur rapidité. Ses exploits militaires sont résumés par W. W. Tarn: «Il était un maître dans la combinaison d’armes diverses; il enseigna au monde les avantages des campagnes d’hivers, la valeur de la poursuite sans relâche poussée à l’extrême, et du principe de ‘marcher divisés, combattre unis’. Il marchait, en général, en deux divisions, l’une conduisant l’impedimenta et la sienne voyageant avec peu de charge; sa vitesse de mouvement était extraordinaire. On dit qu’il attribuait ses succès militaires au fait qu’il «ne négligeait rien». . . Les énormes distances qu’il parcourait en pays inconnu impliquaient une très haute capacité d’organisation; en dix ans il essuya seulement deux gros revers. . . Si un homme de moindre envergure avait tenté ce qu’il réalisa, et échoua, nous en aurions entendu suffisamment sur les difficultés militaires sans espoirs de l’entreprise».

«Cet animal avait quatre têtes». L’empire Grec maintint son unité aussi longtemps que la vie d’Alexandre. Après une brillante carrière qui prit fin lors d’une fièvre due à une orgie bien arrosée, l’empire fit divisé entre ses quatre principaux généraux. Cassandre eut la Macédoine et l’ouest de la Grèce; Lysimaque reçut la Thrace et les parties de l’Asie qui sont sur l’Hellespont [Dardanelles] et le Bosphore dans le Nord; Ptolémé reçut l’Egypte, la Lydie, l’Arabie, la Palestine et la Coelosyrie dans le Sud; et Séleucos la Syrie et tout le reste des territoires d’Alexandre le Grand à l’Est. Vers l’année 301 av. J.-C., à la mort d’Antigonos, la division du royaume d’Alexandre en quatre parties fut achevée par ses généraux. Cette division était représentée par les quatre têtes du léopard.

Les paroles de la prophétie s’accomplirent dans tous les détails. Alexandre ne laissant aucun successeur disponible, pourquoi l’immense empire ne fut-il pas divisé en de nombreux fragments insignifiants? Pour des raisons que la prophétie prévit et prédit. Le léopard avait quatre têtes, le puissant bouc avait quatre cornes, le royaume devait être divisé en quatre parties, et il le fut (Voir les commentaires plus complets sur Daniel 8).

VERS. 7: «Après cela, je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort; il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait; il était différent de tous les animaux précédents, il avait dix cornes.»

La bête épouvantable.--L’inspiration ne trouva dans la nature aucune bête pouvant symboliser le pouvoir décrit ici. L’ajout de sabots, de têtes, de cornes, d’ailes, d’écailles, de dents et de griffes à une quelconque bête dans la nature ne suffisait pas. Ce pouvoir est différent de n’importe quelle chose trouvée dans le règne animal.

On pourrait baser tout un volume sur le verset 7, mais par manque d’espace nous sommes obligés de le traiter brièvement. Cette bête correspond à la quatrième partie de la grande statue: les jambes de fer. Dans le commentaire sur Daniel 2:40 nous avons donné les raisons que nous avons de croire que ce pouvoir est Rome. Les mêmes raisons s’appliquent à la prophétie que nous étudions maintenant. Avec quelle exactitude Rome répond à la partie de fer de la statue! Avec quelle exactitude elle correspond à la bête que nous étudions. Par l’épouvante et la terreur qu’elle inspire, et par sa grande force, elle répond admirablement à la description prophétique. Jamais auparavant le monde n’avait vu chose pareille. Elle dévorait comme avec des dents de fer, elle mettait en pièces tout ce qui se trouvait sur son passage. Elle foulait les nations dans la poussière sous ses sabots d’airain. Elle avait dix cornes qui, selon ce qui est écrit au verset 24, étaient dix rois, ou dix royaumes, qui devaient s’élever de cet empire. Selon ce qui a été noté dans les commentaires sur Daniel 2, Rome fut divisé en dix royaumes. Ces divisions ont été mentionnées comme étant les dix royaumes de l’empire Romain.

VERS. 8: «Je considérais les cornes, et voici, une autre petite corne sortit du milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant cette corne; et voici, elle avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui parlait avec arrogance.»

Daniel considéra les cornes. Un étrange mouvement apparut parmi elles. Une autre corne, petite au début, mais plus tard plus grosse que ses compagnes, s’éleva. Elle ne se contenta pas de trouver sa place parmi les autres, et de l’occuper; elle dut en mettre quelques-unes de côté, et usurper leur place. Trois royaumes furent arrachés.

La petite corne parmi les dix.--Cette petite corne, comme nous aurons l’occasion de la décrire plus en détails, plus loin, était la papauté. Les trois cornes arrachées à la base représentaient les Hérules, les Ostrogoths, et les Vandales. La raison pour laquelle ils furent supprimés était leur opposition aux enseignements et aux prétentions de la hiérarchie papale.

Cette corne «avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui parlait avec arrogance»--les attributs de l’astuce, de la perspicacité, et des prétentions arrogantes d’une organisation religieuse apostate.

VERS. 9-10: «9 Je regardais, pendant que l’on plaçait des trônes. Et l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure; son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent. 10 Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et dix mille millions se tenaient en sa présence. Les juges s’assirent, et les livres furent ouverts.»

Une scène du jugement.--On ne trouvera pas dans la Parole de Dieu, de description aussi sublime que cette scène imposante. Ce ne sont pas seulement les représentations grandioses et sublimes qui doivent attirer notre attention; la nature de la scène elle-même demande notre plus sérieuse considération. Le jugement nous est présenté. Chaque fois qu'il nous est présenté, la révérence doit s’emparer de chaque esprit, parce que nous sommes tous profondément concernés par son dénouement.

Par une traduction malheureuse du verset 9, on a de forte chance de faire naître une idée erronée. La phrase «on plaçait» vient du mot Chaldéen remi, qui peut être correctement rendue par «jeté avec violence», parole utilisée pour décrire le lancement des trois Hébreux dans la fournaise ardente, et le lancement de Daniel dans la fosse aux lions. Mais l’autre traduction également correcte est «placer ou mettre en ordre», comme la mise en place des sièges pour le jugement mentionné ici, ou aussi une mise en place ou mise en ordre comme dans Apocalypse 4:2, où le Grec a la même signification. La traduction de Daniel 7:9 par Louis Segond est donc correcte, «on plaçait des trônes». Gesenius définit la racine remah, en citant Daniel 7:9 comme exemple.

L’Ancien des jours, Dieu le Père, préside le jugement. Remarquez la description de Sa personne. Ceux qui croient en l’impersonnalité de Dieu sont obligés d’admettre qu’il est décrit ici comme un être personnel, mais ils se consolent en disant que c’est la seule description de cette sorte qu’il y a dans la Bible. Nous n’acceptons pas cette dernière assertion; mais admettons qu’elle soit vraie, une seule description de la sorte n’est-elle pas aussi fatale pour leur théorie que si elle était répétée une douzaine de fois? Les mille milliers qui le servaient et les dix mille millions qui se tenaient en Sa présence ne sont pas des pécheurs assignés à comparaître en jugement, mais les êtres célestes qui officient devant Lui, attendant Sa volonté. Jean vit les mêmes assistants célestes devant le trône de Dieu, et il décrit la scène majestueuse en ces termes: «Je regardai, et j’entendis la voix de beaucoup d’anges autour du trône et des êtres vivants et des vieillards, et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers» (Apocalypse 5: 11). Une pleine compréhension de ces versets implique une compréhension des services du sanctuaire.

Le jugement décrit ici, est la fin du ministère de Christ, notre Souverain Sacrificateur, dans le sanctuaire céleste. C’est un jugement investigatif. Les livres sont ouverts, et les cas de tous sont examinés devant le grand tribunal, afin que soit décidé au préalable qui doit recevoir la vie éternelle lorsque le Seigneur viendra la remettre à son peuple. Un autre passage de Daniel 8:14 témoigne que cette oeuvre solennelle se réalise en ce moment même dans le sanctuaire céleste.

VERS. 11-12: «11 Je regardais alors, à cause des paroles arrogantes que prononçait la corne; et tandis que je regardais, l’animal fut tué, et son corps fut anéanti, livré au feu pour être brûlé. 12 Les autres animaux furent dépouillés de leur puissance, mais une prolongation de vie leur fut accordée jusqu’à un certain temps.»

La fin de la quatrième bête.--Il y en a qui croient qu’il y aura un règne de mille ans de justice dans le monde entier avant la venue de Christ. D’autres pensent qu’il y aura un temps de grâce après la venue du Seigneur, pendant lequel les justes immortels proclameront encore l’Evangile aux pécheurs mortels, et ils les guideront dans le chemin du salut. Aucune de ces théories ne peut être appuyée par la Bible, comme nous le verrons.

La quatrième bête épouvantable continue sans changement de caractère; et la petite corne continue à proférer ses blasphèmes, enfermant ses millions d’adeptes dans les liens de l’aveuglement de la superstition, jusqu’à ce que la bête soit livrée aux flammes dévorantes. Ceci ne représente pas sa conversion mais sa destruction (Voir 2 Thessaloniciens 2:8).

La vie de la quatrième bête n’est pas prolongée après la disparition de sa domination, comme cela arriva avec les bêtes précédentes. Leur domination leur fut enlevée, mais leur vie fut prolongée pour une période. Le territoire et les sujets du royaume Babylonien existent toujours, bien qu’ils soient ressortissants Perses. Il arriva la même chose au royaume Perse avec la Grèce, et des Grecs avec Rome. Mais qu’en est-il du quatrième royaume? Ce qui le suit n’est pas un gouvernement ou un état dans lequel les mortels ont une part. Sa carrière prend fin dans le lac de feu, et il n’a plus d’existence. Le lion fut absorbé par l’ours, l’ours par le léopard, le léopard par la quatrième bête. Mais la quatrième bête n’est pas absorbée par une autre bête. Elle est jetée dans le lac de feu.

VERS. 13-14: «13 Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme; il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. 14 On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit.»

Le Fils de l’homme reçoit son royaume.--La scène décrite ici n’est pas la seconde venue de Christ sur cette terre, car l’Ancien des jours n’est pas sur la terre, et la venue dont il est question ici est celle de l’Ancien des jours. Là, en présence du Père, le Fils de l’homme reçoit la domination, la gloire, et le royaume. Christ reçoit Son royaume avant son retour sur la terre (Voir Luc 19:10-12).C’est donc une scène qui prend place dans le ciel, et qui est en étroite relation avec celle qui est présentée dans les versets 9 et 10. Christ reçoit Son royaume à la fin de sa prêtrise dans le sanctuaire. Les peuples et les nations qui le serviront sont les rachetés (Apocalypse 21:24), et pas les nations impies de la terre, car elles seront détruites par l’éclat de la seconde venue de Christ (Psaumes 2:9; 2 Thessaloniciens 2:8). Ceux qui serviront Dieu avec joie et bonheur sortiront de toutes les nations, peuples, et tribus de la terre. Ils hériteront le royaume de notre Seigneur.

VERS. 15-18: «15 Moi, Daniel, j’eus l’esprit troublé au dedans de moi, et les visions de ma tête m’effrayèrent. 16 Je m’approchai de l’un de ceux qui étaient là, et je lui demandai ce qu’il y avait de vrai dans toutes ces choses. Il me le dit, et m’en donna l’explication: 17 Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre; 18 mais les saints du Très-Haut recevront le royaume, et ils posséderont le royaume éternellement, d’éternité en éternité.»

La vision interprétée par Daniel.--Nous ne devrions pas être moins préoccupés que Daniel pour comprendre la vérité de ces choses. Nous avons l’assurance que lorsque nous cherchons avec un coeur sincère, nous trouverons le Seigneur aussi disposé à nous communiquer une compréhension correcte de ces importantes vérités aujourd’hui, qu’il l’était à l’époque du prophète. Les bêtes et les royaumes qu’elles représentent ont déjà été expliqués. Nous avons suivi le prophète à travers le cours des événements, et même jusqu’à la destruction de la quatrième bête, la défaite finale de tous les gouvernements terrestres. Ensuite, la scène change, puisque nous lisons: «les saints du Très-Haut recevront le royaume» (verset 18). Les saints, méprisés, couverts d’opprobre, persécutés, exilés; considérés parmi les hommes comme ceux qui étaient les moins désignés à voir se matérialiser leurs espérances, ceux-ci prendront possession du royaume pour toujours! L’usurpation et le mauvais gouvernement des impies cesseront. L’héritage perdu à cause du péché sera racheté. La paix et la justice régneront éternellement sur toute l’étendue de la terre rénovée.

VERS. 19-20: «19 Ensuite je désirai savoir la vérité sur le quatrième animal, qui était différent de tous les autres, extrêmement terrible, qui avait des dents de fer et des ongles d’airain, qui mangeait, brisait, et foulait aux pieds ce qui restait; 20 et sur les dix cornes qu’il avait à la tête, et sur l’une qui était sortie et devant laquelle trois étaient tombées, sur cette corne qui avait des yeux, une bouche parlant avec arrogance, et une plus grande apparence que les autres.»

La vérité sur la quatrième bête.--Daniel comprenait clairement tout ce qui concernait les trois premières bêtes de cette vision. Mais la quatrième bête l’étonnait par son caractère épouvantable et contraire à la nature. Il désira obtenir plus d’information au sujet de cette bête et de ses dix cornes, et plus particulièrement sur la petite corne qui était apparue après les autres, et qui avait «une plus grande apparence que les autres». Le lion est un produit de la nature, mais il lui était nécessaire d’avoir deux ailes pour représenter le royaume de Babylone. L’ours aussi se trouve dans la nature, mais comme symbole de Médo-Perse les trois côtes qu’il tient dans la bouche dénote une férocité qui n’est pas naturelle. Le léopard est également un animal de la nature, mais pour qu’il puisse représenter la Grèce de façon appropriée, il était nécessaire de lui ajouter quatre ailes et quatre têtes. Mais la nature ne pouvait donner aucun symbole qui puisse illustrer de manière adéquate le quatrième royaume. Aussi, la vision introduit-elle une bête jamais vue, une bête épouvantable et terrible, avec des griffes d’airain et des dents de fer, et qui était si cruelle, rapace et féroce, que par le plaisir qu’elle trouvait dans l’oppression, dévorait et réduisait en pièces ses victimes pour les fouler ensuite sous ses pieds.

Bien que cela lui parût stupéfiant, quelque chose d’encore plus étonnant attira l’attention du prophète. Une petite corne s’éleva, qui fidèle à la nature de la bête de laquelle elle était sortie, écarta trois de ses compagnes. Mais c’était une corne qui avait des yeux. Ce n’étaient pas les yeux incultes d’une brute, mais les yeux aigus, astucieux et intelligents d’un homme. Ce qu’il y avait encore de plus étrange, c’était qu’elle avait une bouche, et qu’avec cette bouche elle proférait des paroles pleines d’orgueil, d’absurdité et d’arrogance. Il n’est pas étrange que le prophète ait réclamé plus d’information concernant ce monstre, qui n’a rien de terrestre dans ses instincts, dans la férocité de ses oeuvres et dans ses agissements. Dans les versets suivants, des caractéristiques nous sont données concernant cette petite corne, permettant à celui qui étudie les prophéties de faire l’application de ce symbole sans danger de se tromper.

VERS. 21-22: «21 Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et l’emporter sur eux, 22 jusqu’au moment où l’Ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints furent en possession du royaume.»

La petite corne fait la guerre aux saints.--La colère étonnante de cette petite corne contre les saints attire toute l’attention de Daniel. La naissance des dix cornes, ou mieux dit, la division de Rome en dix royaumes, entre les années 351 et 476, a déjà été étudiée dans les commentaires sur Daniel 2:41.

Comme ces cornes représentent des royaumes, la petite corne doit aussi représenter un royaume, mais pas de la même nature, parce qu’elle était différente des autres, qui étaient des royaumes politiques. Maintenant, il nous suffit de vérifier si depuis 476 ap. J.-C., aucun royaume ne s’est élevé parmi les dix divisions de l’empire Romain qui soit différent de tous les autres; et si c’est le cas, quel est-il? La réponse est: Oui, le royaume spirituel de la papauté. Il répond au symbole dans tous ses détails, comme nous le verrons au fur et à mesure de notre progression.

Daniel vit ce pouvoir faire la guerre aux saints. Y eut-il une guerre menée par la papauté? Des millions de martyrs répondent: Oui. Les cruelles persécutions contre les Vaudois, les Albigeois, les Protestants en général, témoignent contre le pouvoir papal.

Au verset 22, trois événements consécutifs semblent apparaître. En regardant plus en avant, au moment où la petite corne atteint l’apogée de sa puissance jusqu’au terme de la longue controverse entre les saints et Satan avec ses agents, Daniel note trois événements qui se détachent comme les bornes kilométriques le long du chemin:

1. La venue de l’Ancien des jours, c’est-à-dire la position que Jéhova occupe lors de l’ouverture de la scène du jugement décrite dans les versets 9 et 10.

2. Le jugement qui est donné aux saints, à savoir, le moment où les saints siègent avec Christ durant mille ans, après la première résurrection (Apocalypse 20:1-4), et assignent aux méchants le châtiment que leurs péchés méritent. Les martyrs s’assiéront alors pour juger la grande puissance persécutrice, qui, à l’époque de leur affliction les poursuivait comme des bêtes du désert, et versait leur sang comme de l’eau.

3. Le moment où les saints prennent possession du royaume, c’est-à-dire, le moment où ils reçoivent la nouvelle terre. Alors le dernier vestige de la malédiction du péché, et des pécheurs, racine et rameaux, aura été effacé, et le territoire si longtemps mal gouverné par les pouvoirs impies de la terre, les ennemis du peuple de Dieu, leur sera donné pour toujours (1 Corinthiens 6:2, 3; Matthieu 25:34).

VERS. 23-26: «23 Il me parla ainsi: Le quatrième animal, c’est un quatrième royaume qui existera sur la terre, différent de tous les royaumes, et qui dévorera toute la terre, la foulera et la brisera. 24 Les dix cornes, ce sont dix rois qui s’élèveront de ce royaume. Un autre s’élèvera après eux, il sera différent des premiers, et il abaissera trois rois. 25 Il prononcera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les saints du Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi; et les saints seront livrés entre ses mains pendant un temps, des temps, et la moitié d’un temps. 26 Puis viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais.»

L’ascension et l’oeuvre de la petite corne.--Il en a peut-être déjà été dit suffisamment sur la quatrième bête (Rome) et les dix cornes, ou dix royaumes, qui sortirent de cette puissance. La petite corne demande maintenant plus particulièrement notre attention. Comme il est dit dans les commentaires sur le verset 8, nous trouvons l’accomplissement de cette prophétie concernant cette corne dans l’ascension et l’oeuvre de la papauté. C’est un sujet à la fois intéressant et important; aussi, il faut examiner les causes qui favorisèrent le développement de ce pouvoir arrogant.

Le premier pasteur ou évêque de Rome jouissait d’un respect proportionné au rang de la ville où il résidait. Durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, Rome était la plus grande, la plus riche, et la plus puissante cité du monde. Elle était le siège de l’empire, la capitale des nations. «Tous les habitants de la terre lui appartenaient», dit Julien; et Claudien déclara qu’elle était «la fontaine des lois». «Si Rome est la reine des villes, pourquoi son pasteur ne serait-il pas le roi des évêques?» c’était le raisonnement que ces pasteurs Romains présentaient. «Pourquoi l’église Romaine ne serait-elle pas la mère de la chrétienté? Pourquoi toutes les nations ne seraient-elles pas ses enfants, et son autorité leur loi souveraine? C’était facile de raisonner de la sorte, dit d’Aubigné dont nous citons les paroles, pour le coeur ambitieux de l’homme. C’est ce que fit la Rome ambitieuse.»

Les évêques des différentes parties de l’empire Romain aimaient attribuer à l’évêque de Rome une partie de l’honneur que la ville recevait des nations de la terre. A l’origine, cet honneur qu’ils lui décernaient n’était pas de leur part l’indice de leur dépendance. «Mais--continue d’Aubigné--le pouvoir usurpé s’accrut comme une avalanche. Les remontrances, au début fraternelles, ne tardèrent pas à devenir des ordres absolus dans la bouche du pontife. . . Les évêques occidentaux favorisèrent cette usurpation des pasteurs romains, soit par jalousie envers les évêques orientaux, soit parce qu’ils préféraient se soumettre à la suprématie d’un pape plutôt qu’à un pouvoir temporel». Telles furent les influences qui se concentrèrent autour de l’évêque de Rome, et ainsi, tout tendait à l’élever rapidement à la suprématie spirituelle de la chrétienté.

Le défi de l’arianisme.--Mais le quatrième siècle était destiné à être le témoin d’un obstacle projeté en travers de la trajectoire de son rêve ambitieux. La prophétie avait déclaré que le pouvoir représenté par la petite corne écarterait trois rois. Par la naissance et l’essor de l’arianisme, au début du quatrième siècle, et le défi que présentait la suprématie papale, nous trouvons les causes qui conduisirent à l’éviction de trois des royaumes de la Rome occidentale par la puissance papale.

Arius, curé de l’ancienne et influente église d’Alexandrie, proclama sa doctrine au monde, et provoqua une controverse si violente dans l’église chrétienne que l’empereur Constantin convoqua le concile général de Nicée en 325, pour examiner ses enseignements et trancher la question. Arius maintint que «le Fils était totalement et essentiellement distinct du Père; qu’Il était le premier et le plus noble des êtres que le Père créa, l’instrument par l’action accessoire duquel le Père Tout-Puissant forma l’univers, et qui était donc aussi inférieur au Père dans sa nature que dans sa dignité.» Cette opinion fut condamnée par le concile, qui décréta que Christ était de la même substance que le Père. A la suite de cela, Arius fut exilé en Illyrie, et ses partisans se virent obligés d’accepter le credo rédigé à cette occasion.

Mais la controverse elle-même, ne pouvait cependant pas se terminer de cette façon sommaire. Durant des siècles elle continua à agiter le monde chrétien, les ariens devenant partout les ennemis acharnés du pape et de l’église Catholique Romaine. Il était évident que l’extension de l’Arianisme devait freiner la marche en avant du Catholicisme, et que la possession de l’Italie et sa capitale de renom par un peuple Arien serait fatale à la suprématie d’un évêque catholique. La prophétie a pourtant déclaré que cette corne symbolisant la papauté s’élèverait au pouvoir suprême, et qu’en accédant à cette position elle asservirait trois rois.

La petite corne renverse trois puissances ariennes.--Il y a eut certaines divergences d’opinion quant aux puissances qui furent renversées par la papauté lorsqu’elle s’éleva au pouvoir. Les remarques d’Albert Barnes sur ce sujet semblent pertinentes: «Par la confusion qui existait lors de la division de l’empire Romain, et par les récits imparfaits que nous avons des événements qui se déroulèrent lors de l’ascension du pouvoir papal, il n’est pas étonnant qu’il ait été difficile de trouver des événements clairement enregistrés qui aurait été dans tous ces aspects un accomplissement exact et absolu de la vision. Cependant, il est possible de discerner son accomplissement dans l’histoire du pape, avec un degré raisonnable de certitude.»

Joseph Mède suppose que les trois royaumes renversés étaient ceux des Grecs, des Lombards et des Francs; et Isaac Newton pense que ces trois royaumes furent l’exarchat de Ravenne, le royaume des Lombards et le sénat du duché de Rome. Thomas Newton oppose de sérieuses objections à ces deux suppositions. Les Francs ne peuvent pas être l’un de ces trois royaumes car ils ne furent jamais renversés. Quand aux Lombards, ils ne furent jamais assujettis aux papes. Albert Barnes dit plus loin: «Je ne crois pas vraiment que le royaume des Lombards était, comme on le dit communément, au nombre des souverainetés temporelles qui furent soumises à l’autorité des papes.» Le sénat et le duché de Rome ne peuvent avoir été l’un d’eux, car ils ne constituèrent jamais l’un des dix royaumes, desquels trois furent renversés devant la petite corne.

Mais nous nous rendons compte que la principale difficulté que ces deux éminents commentateurs rencontrèrent dans l’application qu’ils firent de la prophétie sur l’exaltation de la papauté, résidait dans le fait qu’ils supposèrent que la prophétie ne s’était pas encore accomplie, et qu’elle ne le serait pas tant que le pape ne deviendrait pas un prince temporel. Aussi, tentèrent-ils de trouver la réalisation de la prophétie dans les événements qui favorisèrent la suprématie temporelle du pape. Mais de toute évidence, la prophétie des versets 24 et 25, se réfèrent non pas à un pouvoir civil mais à son pouvoir de dominer les esprits et les consciences des hommes. La papauté parvint à exercer ce pouvoir en 538, comme nous le verrons plus loin.

Le mot «devant», utilisé dans les versets 8 et 20, est la traduction du Chaldéen qadam, dont le radical signifie «en face». Associé avec min qui signifie «de», Davidson le traduit par «de la présence de», et Gesenius dit qu’il équivaut à l’hébreux lipna, qui veut dire «en présence de». Il correspond donc à notre adverbe de lieu «devant» comme dans la phrase qui se trouve au verset 10, qui a été traduit de façon appropriée par «de devant lui». Nous avons donc, au verset 8, l’image d’une petite corne qui force le passage entre les dix autres et qui arrache avec violence trois cornes de devant elle. Au verset 20, il est dit: «devant laquelle trois étaient tombées» comme si elles étaient vaincues par elle. Au verset 24, nous lisons qu’un autre roi, représentant la petite corne, «abaissera trois rois [cornes]», manifestement par la violence. Bien que la parole qadam s’utilise aussi dans le sens de temps, comme au verset 7, où elle est rendue par le mot «précédent», il ne fait aucun doute qu’elle est utilisée comme adverbe de lieu dans les trois versets cités plus haut. Edward Elliott accepte tout à fait cette interprétation (Voir la page 52).

Nous affirmons en toute confiance que les trois puissances, ou cornes, renversées sont les Hérules, les Vandales, et les Ostrogoths; et cette croyance se base sur des faits historiques sérieux. Odoacre, le chef des Hérules, fut le premier des barbares qui régna sur les Romains. Il accéda au trône d’Italie en 476. Au sujet de ses croyances religieuses, Gibbon dit: «Comme le reste des barbares, il avait été instruit dans l’hérésie de l’Arianisme; mais il révérait les caractères monacaux et épiscopaux; et le silence des Catholiques atteste de la tolérance dont ils jouirent.»

Le même auteur dit: «Les Ostrogoths, les Burgondes, les Suèves, et les Vandales, qui avaient écouté l’éloquence du clergé latin, préférèrent les leçons plus intelligibles de leurs maîtres familiers; et l’Arianisme fut adopté comme la foi nationale des guerriers convertis qui s’étaient assis sur les ruines de l’empire de l’Ouest. Cette différence incompatible de religion était une perpétuelle source de jalousie et de haine; et le reproche d’être barbare était exacerbé par le plus odieux épithète d’hérétique. Les héros du Nord, qui s’étaient soumis avec répugnance à croire que tous leurs ancêtres étaient en enfer, furent étonnés et exaspérés d’apprendre qu’eux-mêmes n’étaient parvenus qu’à changer leur condamnation éternelle.»

La doctrine arienne eut une influence notable sur l’église de cette époque, comme le démontrent les paragraphes suivants: «Tout l’immense peuple Goth qui descendit sur l’empire Romain, dans ce qu’il avait de chrétien, révérait la foi de l’hérétique d’Alexandrie. Notre première version Teutonique des Ecritures fut faite par un missionnaire Arien, Ulfilas. Le premier conquérant de Rome, Alaric, le premier conquérant d’Afrique, Genséric, étaient Ariens. Théodocic le Grand, roi d’Italie, et héros de la mythologie germanique de «Nibelungen», était Arien. Le vide de son tombeau massif à Ravenne, est un témoignage de la vengeance des Orthodoxes contre sa mémoire, quand dans leur triomphe, ils brisèrent l’urne de porphyre dans laquelle ses sujets avaient gardé ses cendres.»

Ranke dit: «Mais elle [l’église] tomba, comme c’était inévitable, dans beaucoup de situations embarrassantes, et se retrouva dans une condition complètement modifiée. Un peuple païen prit possession de la Grande Bretagne; des rois Ariens s’emparèrent de la plus grande partie du reste de l’occident; tandis que les Lombards, longtemps attachés à l’Arianisme, établirent, comme leurs voisins les plus dangereux et hostiles, une souveraineté puissante aux portes même de Rome. Entre-temps, les évêques Romains, assiégés de toute part, s’efforcèrent avec toute la prudence et la persévérance, qui sont restées leurs attributs particuliers, de récupérer la suprématie, au moins dans leur diocèse patriarcal.»

Machiavelli dit: «Presque toutes les guerres que les barbares du Nord réalisèrent en Italie, qui peuvent être remarquées ici, furent occasionnées par les pontifes; et les hordes qui inondèrent le pays, furent généralement provoquées par eux.»

La relation que ces rois Ariens entretinrent avec le pape est montrée par le témoignage suivant de Mosheim dans son histoire de l’église:

«D’autre part, il est confirmé, aussi bien par une variété des annales les plus authentiques que par les empereurs, que les nations en général étaient loin de se sentir disposées à supporter patiemment le joug de servitude que le siège épiscopal de Rome imposait avec arrogance à l’église chrétienne. Les princes goths mirent des limites au pouvoir de l’évêque de Rome en Italie; ils ne permirent que personne ne fût élevé au pontificat sans leur approbation, et ils se réservèrent le droit de juger la légalité de chaque nouvelle élection.»

Une circonstance qui prouve cette déclaration arriva dans l’histoire d’Odoacre, le premier roi Arien déjà mentionné. Quand à la mort du pape Simplicius, en 483, le clergé et le peuple se rassemblèrent pour l’élection du nouveau pape, Basilius, le lieutenant du roi Odoacre apparut soudain dans l’assemblée, et il exprima sa surprise de voir qu’on entreprenait la succession du pape défunt sans lui; il déclara, au nom du roi, que tout ce qui avait été fait était annulé et il ordonna qu’on recommence à nouveau l’élection.

Pendant ce temps, Zénon, l’empereur de l’Est, et ami du pape, souhaitait chasser Odoacre hors d’Italie, ce qu’il eut très vite la satisfaction de voir se réaliser sans aucun dérangement de sa part. Théodoric avait accédé au trône du royaume Ostrogoth de Mésie et Pannonie. Etant en bons termes avec Zénon, il lui écrivit qu’il lui était impossible de retenir ses Goths dans la province appauvrie de Pannonie, et il lui demandait la permission de les emmener dans une région plus favorable qu’ils pourraient conquérir et posséder. Zénon lui donna la permission de marcher contre Odoacre et de prendre possession de l’Italie. Donc, après cinq ans de guerre, le royaume Hérule de l’Italie fut détruit, Odoacre mourut trahi, et Théodoric établit son royaume Ostrogoth dans la péninsule Italienne. Comme nous l’avons déjà mentionné, il était Arien, et il conserva la loi d’Odoacre, qui soumettait l’élection du pape à l’approbation du roi.

L’incident suivant démontrera à quel point le pape était soumis à son pouvoir. Comme les Catholiques d’Orient avaient entrepris une persécution contre les Ariens en 523, Théodoric convoqua le pape Jean et lui parla de cette façon: «Si l’empereur [Justin, le prédécesseur de Justinien] ne pense pas révoquer l’édit qu’il a promulgué dernièrement contre ceux de ma religion [c’est-à-dire les Ariens], j’ai la ferme intention de promulguer le même édit contre ceux de la sienne [c’est-à-dire les Catholiques]; et je veillerai à ce qu’il soit exécuté avec la même rigueur. Ceux qui ne professent pas la foi de Nicée sont des hérétiques pour lui, et ceux qui la professent le sont pour moi. Tout ce qui peut excuser ou justifier sa sévérité contre les précédents, excusera ou justifiera la mienne contre les derniers. Mais l’empereur--continua le roi--n’a personne autour de lui qui ose lui dire franchement et ouvertement ce qu’il pense, et il ne l’écouterait même pas s’il y avait quelqu’un pour le faire. Mais la grande vénération qu’il professe avoir pour votre Saint-Siège, ne me laisse aucun doute qu’il vous écoutera. Aussi, je veux que vous alliez immédiatement à Constantinople, et que là vous protestiez en mon nom et en votre nom, contre les violentes mesures que cette cour a engagées d’une façon téméraire. Il est en votre pouvoir d’en détourner l’empereur; et tant que vous n’y serez pas parvenu, tant que les Catholiques [ce mot, Théodoric l’applique aux Ariens] ne pourront pas à nouveau exercer librement leur religion, et tant que toutes leurs églises desquelles ils ont été dépossédés ne leur seront pas rendues, ne pensez pas revenir en Italie.»

Le pape qui reçut ainsi de l’empereur Arien l’ordre péremptoire de ne pas remettre les pieds sur le sol Italien jusqu’à ce qu’il ait accompli la volonté du roi, ne pouvait certainement pas espérer faire beaucoup de progrès dans n’importe quelle sorte de suprématie tant que ce pouvoir ne serait pas éliminé.

On peut se faire une idée exacte des sentiments que le parti du pape éprouvait envers Théodoric par le récit de leur vengeance envers sa mémoire. Ils arrachèrent de sa tombe l’urne dans laquelle ses sujets Ariens avaient recueilli ses cendres. Ces sentiments sont exprimés par Baronius lorsqu’il invective Théodoric de «barbare cruel, de tyran barbare, et d’Arien impie.»

Alors que les Catholiques ressentaient les restrictions d’un roi Arien en Italie, ils souffraient de violentes persécutions de la part des Vandales Ariens en Afrique. Elliott dit: «Les rois Vandales étaient non seulement Ariens, mais aussi persécuteurs des Catholiques, tant en Sardaigne et en Corse, sous l’épiscopat romain, qu’en Afrique.»

Telle était la situation, lorsqu’en 533, Justinien commença ses guerres contre les Vandales et les Goths. Désirant obtenir l’appui du pape et du parti Catholique, il promulgua ce décret mémorable qui devait faire du pape la tête des églises, décret, qui devint effectif en 538, date du commencement de la suprématie papale. Quiconque lit l’histoire de la campagne africaine (533-534), et de celle réalisée en Italie (534-538) remarquera que partout, les Catholiques saluèrent comme des libérateurs les soldats de l’armée de Bélisaire, le général de Justinien.

Mais aucun décret de cette nature ne pouvait rentrer en vigueur tant que les peuples Ariens qui s’y opposaient n’étaient pas vaincus. Cependant, les choses changèrent lorsque durant les campagnes militaires d’Afrique et d’Italie, les légions victorieuses de Bélisaire infligèrent un coup si terrible à l’Arianisme que ses derniers partisans furent vaincus.

Procope relate que la guerre d’Afrique était entreprise par Justinien pour soulager les chrétiens (Catholiques) de cette région, et que lorsqu’il exprima son dessein sur la question, le préfet du palais le dissuada presque de son projet. Mais il eut un rêve dans lequel il lui était ordonné «de ne pas renoncer à son projet, parce qu’en secourant les chrétiens, le pouvoir des Vandales serait abattu.»

Mosheim déclare: «Il est vrai que les Grecs qui acceptèrent les décrets du concile de Nicée [c’est-à-dire des Catholiques], persécutaient et opprimaient les Ariens partout où s’étendaient leur influence et leur autorité; mais les partisans du concile de Nicée, ne furent pas traités moins rigoureusement que leurs adversaires [les Ariens], surtout en Afrique et en Italie, où ils ressentaient d’une façon très sévère le poids du pouvoir des Ariens et l’amertume de leur ressentiment. Les triomphes de l’arianisme furent cependant transitoires, et leurs jours de prospérité furent totalement éclipsés lorsque les Vandales furent refoulés d’Afrique, et les Goths expulsés d’Italie, par les armées de Justinien.»

Elliott résume: «Je pourrais en citer trois de la liste donnée au début qui furent renversés devant le pape, à savoir: les Hérules, sous Odoacre, les Vandales, et les Ostrogoths.»

Nous croyons, en nous basant sur les témoignages cités plus hauts, que les trois cornes expulsées étaient la puissance des Hérules en 493, celle des Vandales en 534, et finalement celle des Ostrogoths en 553, bien que l’opposition effective de ces derniers au décret de Justinien cessa lorsqu’ils furent expulsés de Rome par Bélisaire en 538, selon ce qui est expliqué plus haut.

La petite corne «prononcera des paroles contre le Très-Haut».--Cette prophétie aussi, s’est malheureusement accomplie dans l’histoire des papes. Ils ont tenté, ou du moins ils ont permis qu’on leur attribue des titres qui auraient été exagérés et blasphématoires s’ils avaient été attribués à des anges de Dieu.

Lucius Ferraris, dans sa Promta Bibliotheca à laquelle se réfère la Catholic Encyclopedia comme «une véritable encyclopédie de connaissances religieuses», et «une mine précieuse de renseignements», déclare dans ses articles sur le pape, que «le pape de si grande dignité, est si exalté qu’il n’est pas un simple homme, mais comme s’il était Dieu, et le vicaire de Dieu. . . Le pape est de dignité si sublime et suprême qu’à proprement parlé, il n’a pas été établi à un rang de dignité, mais plutôt il a été placé au sommet de toutes les dignités. . . Le pape est appelé très saint car on présume qu’il l’est légitimement. . .

«Le pape seul est appelé, à juste titre, de ‘très saint’, parce que lui seul est le vicaire de Christ, qui est la fontaine, la source et la plénitude de toute sainteté. . . De plus, il est ‘le monarque divin, l’empereur suprême, et le roi des rois’... Désormais, le pape est couronné d’une triple couronne, en tant que roi du ciel, de la terre et des régions inférieures. . . En outre, la supériorité et la puissance du pontife Romain ne se réfèrent pas seulement aux choses célestes, aux terrestres et à celles qui sont sous la terre, mais aussi elles s’étendent sur les anges, car il leur est supérieur. . . De façon que s’il était possible que les anges puissent errer dans la foi, ou puissent penser différemment au sujet de la foi, ils pourraient être jugés et excommuniés par le pape. . . Parce qu’il a une si grande dignité et un si grand pouvoir qu’il forme avec Christ un même tribunal. . .

«Le pape est comme s’il était Dieu sur la terre, seul souverain des fidèles de Christ, le roi des rois, ayant la plénitude du pouvoir; à qui le Dieu omnipotent a confié non seulement la direction des choses terrestres mais celle du royaume céleste. . . Le pape a une autorité et un pouvoir si grands qu’il peut modifier, expliquer ou interpréter même les lois divines.»

Christopher Marcellus, à la quatrième session du cinquième concile du Latran, dans un discours au pape, s’exclama: «Tu es le pasteur, tu es le médecin, tu es le directeur, tu es le métayer; finalement, tu es un autre Dieu sur la terre.»

Adam Clarke dit au sujet du verset 25: «‘Il parlera comme s’il était Dieu’. C’est ce que dit Saint Jérôme de Symmaque. Ceci ne peut pas s’appliquer aussi clairement et aussi bien qu’aux papes de Rome. Ils ont assumé l’infaillibilité qui n’appartient qu’à Dieu. Ils ont professé pardonner les péchés ce que Dieu seul peut faire. Ils ont déclaré fermer et ouvrir le ciel, qui n’appartient qu’à Dieu seul. Ils ont professé être supérieurs à tous les rois de la terre, ce qui est réservé à Dieu. Ils se placent au-dessus de Dieu en prétendant relever des nations entières de leur serment d’allégeance à leurs rois, lorsque de tels rois ne leur plaisent pas. Et ils vont à l’encontre de Dieu lorsqu’ils donnent des indulgences pour le péché. C’est le pire de tous les blasphèmes.»

La petite corne «opprimera les saints du Très-Haut».--Il faut peu d’investigations historiques pour prouver que Rome, aussi bien dans l’Antiquité qu’au Moyen Age, favorisa la destruction de l’église de Dieu. Des preuves abondantes peuvent être présentées montrant que, avant et après la Réforme, les guerres, les croisades, les massacres, les inquisitions et les persécutions de toutes sortes furent les méthodes adoptées pour obliger tout le monde à se soumettre au joug Romain.

L’histoire de la persécution médiévale en est un exemple effroyable, et nous redoutons de nous étendre sur ses détails. Cependant, pour une meilleure compréhension de ce passage, il est nécessaire de rappeler certains événements de ces temps malheureux. Albert Barnes, dans son commentaire de ce passage, remarque:

«Quelqu’un peut-il douter de cette vérité concernant la papauté? L’Inquisition, la ‘persécution des Vaudois’; les ravages du Duc d’Albe; les bûchers de Smithfield; les tortures de Goa; à dire vrai, toute l’histoire de la papauté peut être invoquée pour prouver que ceci s’applique à son pouvoir. S’il y eut quelque chose qui tenta de briser ‘les saints du Très-Haut’, qui les aurait retranchés de la terre pour que la religion évangélique disparaisse, ce furent les persécutions du pouvoir papal. En 1208, le pape Innocent III proclama une croisade contre les Vaudois et les Albigeois durant laquelle un million d’hommes périrent. Depuis la fondation de l’ordre des Jésuites, en 1540, jusqu’en 1580, 900 000 personnes moururent. L’Inquisition fit périr 150 000 personnes en trente ans. Dans les Pays-Bas, 50 000 personnes furent pendues, décapitées, brûlées et enterrées vivantes pour délit d’hérésie, en l’espace de trente huit ans, par les édits de Charles V contre les Protestants, jusqu’à la paix de Cateau-Cambrésis en 1559. Dans l’espace de cinq ans et demi, sous l’administration du Duc d’Albe, 18.000 personnes furent remises aux mains des bourreaux. A dire vrai, la plus minime connaissance de l’histoire de la papauté convaincra n’importe qui, que dire qu’elle fait «la guerre aux saints», et qu’elle «opprime les saints du Très-Haut», s’applique strictement à ce pouvoir, et décrit avec exactitude son histoire.»

Ces faits sont confirmés par le témoignage de W. E. H. Lecky, qui déclare:

«Que l’église de Rome ait versé plus de sang innocent qu’aucune autre institution qui ait existé dans tout le genre humain, est quelque chose qu’aucun Protestant ne mettra en doute s’il a une connaissance complète de l’histoire. En fait, les documents qui pourraient rappeler beaucoup de ses persécutions sont si rares maintenant qu’il est impossible de se faire une idée précise de la multitude de ses victimes, et il est également certain qu’aucun pouvoir de l’imagination ne peut parvenir à comprendre leurs souffrances. . . Ces atrocités ne furent pas perpétrées en paroxysmes brefs par un royaume de terreur, ou par les mains d’un obscur sectaire, mais elles étaient infligées par une église triomphante, en toute solennité et réflexion.»

Cela ne fait aucune différence, si dans la plupart des cas les victimes furent remises aux autorités civiles. C’était l’église qui avait pris la décision sur la question des hérésies, et qui envoyait ensuite les offenseurs au tribunal séculier. Mais à cette époque, le pouvoir séculier était un instrument utilisé par les mains de l’église.

Il était sous son contrôle et il exécutait ses ordres. Lorsque l’église livrait ses prisonniers aux bourreaux pour être détruits, elle prononçait, avec une moquerie diabolique, l’expression suivante: «Nous te laissons et nous te remettons au bras séculier et au pouvoir du tribunal séculier; mais en même temps nous prions ardemment ce tribunal de modérer sa sentence pour qu’il ne verse pas ton sang, et ne mette pas ta vie en danger.» Puis, comme cela était projeté, les pauvres victimes de la haine papale étaient immédiatement exécutées.

Le témoignage de Lepicier vient à propos sur ce sujet: «Le pouvoir civil peut punir uniquement le crime d’incrédulité dans la mesure où le crime a été révélé judiciairement par des personnes ecclésiastiques, expertes dans la doctrine de la foi. Mais l’église, en prenant connaissance du crime d’incrédulité, peut décréter elle-même la sentence de mort, bien qu’elle ne l’exécute pas, mais elle en confie l’exécution au bras séculier.»

Les fausses affirmations de certains Catholiques que leur église n’a jamais tué les dissidents, ont été catégoriquement niées par l’un de leurs porte-voix autorisé, le cardinal Bellarmin, né en Toscane en 1542, et qui, après sa mort en 1621, fut sur le point d’être inscrit parmi les saints du calendrier pour les grands services qu’il rendit à l’église. Cet homme, à une certaine occasion, dans le feu d’une controverse, se trahit au point d’admettre les faits réels. Luther avait dit que l’église (en parlant de la véritable église) ne brûla jamais les hérétiques, Bellarmin, ayant compris qu’il s’agissait de l’église Catholique Romaine, répondit: ‘Cet argument ne prouve pas le sentiment mais l’ignorance ou l’impudence de Luther; puisqu’un nombre presque infini de personnes furent brûlées ou tuées d’une tout autre façon, ou Luther ne le savait pas, donc c’était un ignorant, ou, s’il le savait, il était coupable d’impudence et de mensonge--car, ces hérétiques furent souvent brûlés par l’église et cela peut être prouvé par quelques-uns des nombreux exemples.»

Alfred Baudrillart, recteur de l’Institut Catholique de Paris, en se référant à l’attitude de l’église face à l’hérésie, remarque:

«Lorsqu’elle se trouvait confrontée à l’hérésie, elle ne se contentait pas de la persuasion; les arguments d’ordre intellectuel et moral lui semblaient insuffisants, et elle recourait à la force, au châtiment corporel et à la torture. Elle créa des tribunaux comme ceux de l’Inquisition, et réclama l’aide des lois de l’Etat; si c’était nécessaire elle encourageait une croisade, ou une guerre religieuse, et toute son ‘horreur du sang’ culmine dans son incitation du pouvoir séculier à le verser, procédé qui est presque encore plus haïssable, parce que moins franc que de le verser elle-même.

«Elle agit de cette façon, surtout au XVIe siècle contre les Protestants. Elle ne se contenta pas de réformer moralement, d’enseigner par l’exemple, de convertir en envoyant des missionnaires éloquents et saints, elle alluma en Italie, aux Pays-Bas, et surtout en Espagne, les bûchers de l’Inquisition. En France, sous François Ier et Henri II, en Angleterre sous Mary Tudor, elle tortura les hérétiques, tandis qu’aussi bien en France qu’en Allemagne, durant la seconde moitié du XVIe siècle, et le début du XVIIe, si en fait elle ne les commença pas, elle stimula et participa activement aux guerres de religions.»

Dans une lettre du pape Martin V (1417-1431), se trouvent les instructions suivantes dirigées au roi de Pologne:

«Sachez que l’intérêt du Saint Siège, et de ceux de votre couronne, vous imposent le devoir d’exterminer les Hussites. Souvenez-vous que ces impies osent proclamer des principes d’égalité; ils soutiennent que tous les chrétiens sont frères, et que Dieu n’a pas donné à des hommes privilégiés le droit de gouverner les nations; ils affirment que Christ vint sur la terre pour abolir l’esclavage; ils appellent les gens à la liberté, c’est-à-dire à l’anéantissement des rois et des prêtres! Aussi, pendant qu’il est temps, dirigez vos forces contre la Bohème; tuez, faites des déserts partout parce que rien ne pourra être plus agréable à Dieu, ni plus utile à la cause des rois, que l’extermination des Hussites.»

Tout ceci est en harmonie avec l’enseignement de l’église. L’hérésie ne devait pas être tolérée, mais détruite.

La Rome païenne persécuta implacablement l’église Chrétienne. On calcule que trois millions de chrétiens périrent durant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne. Cependant, on dit que les premiers chrétiens priaient pour que la Rome impériale subsiste, parce qu’ils savaient que lorsque cette forme de gouvernement cesserait, un autre pouvoir persécuteur encore pire se lèverait, qui littéralement devrait «opprimer les saints du Très-Haut», selon la déclaration de cette prophétie. La Rome païenne pouvait tuer les enfants, mais elle pardonnait aux mères; tandis que la Rome papale tuait aussi bien les mères que les enfants. Il n’y avait pas d’âge, ni de sexe ni de condition qui puisse être à l’abri de sa colère implacable.

La petite corne «espérera changer les temps et la loi».--Quelle loi? Pas la loi des autres gouvernements terrestres; car il n’était pas rare qu’une puissance change les lois d’une autre, chaque fois qu’elle réussissait à mettre cette autre puissance sous sa domination. Pas des lois humaines ou rien de la sorte; car la petite corne avait le pouvoir de changer les lois humaines partout où sa juridiction s’étendait; mais, les temps et la loi mentionnés ici étaient de telle nature que cette puissance pouvait seulement penser les changer, mais elle était incapable de le faire. C’est la loi du même Etre à qui appartiennent les saints qui sont opprimés par ce pouvoir, à savoir, la loi du Très-Haut. Le pape a-t-il tenté de la changer? Oui, réellement.

Il a ajouté le second commandement au premier, pour en faire un seul, et il a divisé le dixième en deux, ainsi le neuvième interdit de convoiter l’épouse du prochain, et le dixième la propriété de son voisin, afin de conserver le nombre total de dix. Bien que toutes les paroles du second commandement soient conservées dans la Bible Catholique Romaine et dans le Catéchisme Romain autorisé par le Concile de Trente, on trouve dans les deux, des explications minutieuses précisant que dans le cas des images et des choses semblables, sauf celles de Dieu lui-même, leur fabrication et leur emploi n’est pas interdit par le commandement quand elles sont utilisées pour vénérer les vertus des saints, et non pour les adorer comme des dieux, ce qui est expressément interdit par le commandement. Le même principe est aussi appliqué aux cendres, aux os et autres reliques des saints, et aux représentations des anges.

Certains auteurs Catholiques ont beaucoup à dire pour justifier leur église de l’usage des images dans leur culte; et ils nous parlent surtout de leur utilité «pour enseigner au peuple de grandes vérités religieuses.» Mais en réalité, dans le culte catholique, le rôle joué par les images ne se limite pas à la phase didactique. On leur voue une vénération, et le peuple s’incline devant elles et les honore, choses qui sont précisément interdites, car la défense de faire des images taillées s’applique quand elles sont destinées à des fins de culte, et pas lors de l’enseignement.

Quant au quatrième commandement, qui est le troisième après les changements opérés, le catéchisme de la plus haute autorité dans l’église Catholique conserva tout le commandement et insista pour que l’observation scrupuleuse du jour du repos dans la vie personnelle et le culte public soit un privilège et un devoir sacré.


Decalogue Originel
Selon Exode 20, version Louis Segond

I

Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.

II

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosternera point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères et des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde jusqu’en mille générations de ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

III

Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain; car l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.

IV

Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Eternel a fait les cieux , la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.

V

Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne.

VI

Tu ne tueras point.

VII

Tu ne commettras point d’adultère.

VIII

Tu ne déroberas point.

IX

Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.

X

Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.


Decalogue Populaire
Selon le Catéchisme

I

Un seul Dieu tu adoreras, Et aimeras parfaitement.

II

Dieu en vain tu ne jureras, Ni autre chose pareillement.

III

Les dimanches tu garderas, En servant Dieu dévotement.

IV

Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement.

V

Homicide point ne feras, De fait ni volontairement.

VI

Luxurieux point ne seras, De corps ni de consentement.

VII

Le bien d’autrui tu ne prendras, Ni retiendras à ton escient.

VIII

Faux témoignage tu ne diras, Ni mentiras aucunement.

IX

L’oeuvre de chair ne désireras, Qu’en mariage seulement.

X

Bien d’autrui ne convoiteras, Pour les avoir injustement.


Cependant, elle déclara que le jour particulier, le Sabbat qui devait être observé, était en relation avec les ordonnances cérémonielles juives, et qu’avec elles il fut aboli en Christ.; raison pour laquelle le jour de repos doit être observé le premier jour de la semaine, jour appelé plus communément dimanche.

Pour appuyer la brève déclaration qui précède sur le changement «des temps et de la loi» par le pape, nous présenterons des preuves prises de ce Catéchisme de la plus haute autorité dans l’église Catholique Romaine. En accord avec The Catholic Encyclopedia, «l’autorité de ce catéchisme est supérieure à tout autre, mais elle n’atteint pas bien sûr le niveau de celle des canons et des décrets d’un concile.»

Avant de présenter les citations, il faut d’abord préciser que dans le gouvernement de l’église Catholique Romaine, les canons et les décrets d’un concile ecclésiastique oecuménique sont à la fois officiels et suprêmes. Parmi tous ces conciles ecclésiastiques oecuméniques, celui de Trente, célébré à Trente en Italie, entre 1545 et 1563, est le plus marquant. Puisque ce concile appelé à contrecarrer l’influence de la Réforme protestante, traitait largement des doctrines et des coutumes de l’église, décréta officiellement que: «le saint synode ordonnera à tous les évêques. . . [d’expliquer les sacrements] tous les sacrements, en accord avec la forme prescrite par le saint synode, dans un catéchisme, que les évêques auront soin d’avoir traduit fidèlement dans la langue populaire et exposé au peuple par les prêtres des paroisses.»

En réponse à cet ordre, un catéchisme fut composé en Latin pour l’église Catholique Romaine par Saint Charles Borromée et d’autres théologiens, en 1566, et publié à Rome par la Congrégation Vaticane pour la propagation de la foi, sous le titre de Catechismus Romanus ex decreto Sacrosancti Concilii Tridentini, jussu S. Pii V Pontificis Maximi editus, en d’autres termes, «Catéchisme Romain selon le décret du Concile Sacré de Trente, publié par ordre de sa sainteté Pie V, Pontifex Maximus.»

Ce livre a été traduit en Anglais par le révérend J. Donovan, prélat et domestique de Sa Sainteté Grégoire XVI,» etc., et publié à Dublin avec une préface datée du 10 Juin 1829. Ce livre s’intitule Catechism According to the Decree of the Council of Trent, édité sur l’ordre de notre très illustre seigneur Pie V.

De la cinquième édition de ce Catéchisme Romain publié à Rome en 1796, nous mentionnerons la citation suivante, prise de la Traduction Anglaise de Donovan, sur le quatrième (le troisième dans le décalogue Catholique) commandement:

«Il plut à l’église de Dieu, que la célébration religieuse du jour du Sabbat soit transférée au ‘Jour du Seigneur’, [c’est-à-dire le dimanche]; puisque ce jour fut le premier où la lumière brilla sur le monde, ainsi notre vie sortit des ténèbres à la lumière en ressuscitant ce jour-là notre Rédempteur, qui nous ouvrit la porte de la vie éternelle; c’est aussi pour cette raison que les Apôtres voulurent l’appeler le ‘Jour du Seigneur’. Nous observons aussi dans les Ecritures sacrées que ce jour était tenu pour sacré parce que ce jour-là, la création du monde commença, et le Saint-Esprit fut donné aux disciples.»

Ici, la papauté déclare que l’église Catholique Romaine a changé le moment de l’observation du Sabbat du septième jour enregistré dans le décalogue par le premier jour de la semaine, qui est ici appelé par erreur «le Jour du Seigneur» (Voir commentaire sur Apocalypse 1: 10). Il faut observer que les apôtres sont ici rendus responsables d’avoir changé le septième jour par le premier, mais sans citer aucune preuve des Ecritures, parce qu’il n’y en a pas. Toutes les raisons de ce changement données ici, sont purement humaines et sont une invention ecclésiastique.

Le témoignage précédent suffit à montrer comment la papauté tenta de changer les temps et la loi. Comment, plus tard les catéchismes Catholiques Romains pour l’instruction des «fidèles» déclarèrent avec audace que l’église changea le jour et raillèrent les Protestants parce qu’ils acceptaient et observait le changement, se trouve dans notre commentaire sur la marque de la bête, dans l’interprétation du chapitre 13 d’Apocalypse.

Avant de laisser ce thème sur le changement du Sabbat, il serait instructif d’observer les autres raisons données par la papauté sur cette modification, en plus de l’assertion erronée que le changement a été fait par les apôtres. Dans ce même catéchisme Romain auquel nous nous sommes déjà référés plus haut, se trouve une tentative d’explication sur la différence qu’il y a entre le commandement du Sabbat et les autres du décalogue:

«Car la différence est évidente, que les autres préceptes du décalogue sous la loi naturelle, sont perpétuels et immuables; c’est pour cette raison que bien que la loi de Moïse fut abrogée, le peuple chrétien garde encore tous les commandements qui sont sur les deux tables, non pas parce que Moïse l’ordonna, mais parce qu’ils sont en accord avec la loi de la nature, par la force de laquelle les hommes sont poussés à leur observation; mais ce commandement touchant à la sanctification du Sabbat, [si nous considérons le temps assigné pour son observation], n’est pas fixe et immuable, mais il est susceptible d’être changé, parce qu’il n’appartient pas à la loi morale mais à la loi cérémonielle, il n’est pas non plus un principe naturel, car la nature ne nous enseigne pas et ne nous forme pas à donner un culte extérieur à Dieu ce jour plutôt qu’un autre; mais à partir du moment où le peuple d’Israël fut libéré de l’esclavage de Pharaon, ils observèrent le jour du Sabbat. . .

«Mais le moment où l’observation du Sabbat fut abolie, est le même que celui où les autres rites hébraïques et les cérémonies furent abrogés, à savoir à la mort de Christ; parce que ces cérémonies étant des ombres de la lumière et de la vérité à venir (Hébreux 10:1), il était nécessaire qu’elles soient abolies lors de la venue de la lumière et de la vérité, lesquelles sont Jésus-Christ.»

Le lecteur doit seulement se rappeler que la loi des dix commandements fut écrite par le doigt de Dieu sur des tables de pierre, alors que la loi cérémonielle fut écrite dans un livre par Moïse. De plus, le Décalogue fut écrit avant que les lois cérémonielles fussent données à Moïse. Croyons-nous que Dieu soit capable de mélanger un commandement cérémoniel avec les neufs de la loi morale, et d’en confier la correction à un corps ecclésiastique présomptueux? En fait, le motif pour lequel on devait se reposer le septième jour, était selon ce qui est indiqué dans le commandement lui-même, parce que le Créateur lui-même se reposa ce jour-là, et le mit à part comme un monument commémoratif de Son oeuvre créatrice, sans la moindre suggestion qu’il puisse être une «ombre des choses à venir» en Christ, que tous les rites et les ordonnances cérémoniels annonçaient.

Une autre citation du Catéchisme Romain vaut la peine d’être prise en considération:

«Les apôtres décidèrent donc de consacrer au culte divin le premier des sept jours, qu’ils appelèrent ‘le jour du Seigneur’; Jean fait mention du ‘jour du Seigneur’ dans l’Apocalypse (Apocalypse 1:10); et l’apôtre ordonna que les collectes se fassent le premier jour de la semaine (1 Corinthiens 16:2), c’est-à-dire le ‘Jour du Seigneur’, selon l’explication de Chrysostome, laissant à entendre que déjà le ‘jour du Seigneur’ était considéré comme saint par l’église».

En plus d’accuser faussement les apôtres d’avoir changer le jour du Sabbat, il nous est dit ici, que les calculs commerciaux de leurs comptes le premier jour de la semaine constituent une raison de l’observer comme jour de repos contrairement à la loi immuable de Dieu.

Cette citation révèle aussi le fait qu’on s’appuie plus sur les pratiques et les interprétations des pères, comme «saint Chrysostome» cité ici, plutôt que les Ecritures elles-mêmes pour prouver que le Sabbat de la loi de Dieu fut changé au dimanche.

Il est nécessaire de faire ici une autre remarque, surtout pour que le clergé et les laïques Protestants la prennent en considération. Dans ce catéchisme Romain, composé sur ordre du pape Pie V vers le milieu du XVIe siècle, sont contenus pratiquement tous les arguments utilisés par les Protestants de nos jours pour appuyer le changement du Sabbat du septième jour au premier jour de la semaine. Remarquez bien ce qui suit:

Ils avancent sans aucune preuve que le Sabbat du septième jour faisait partie de la loi cérémonielle (bien qu’il était inclus au coeur même de la loi morale écrite par le doigt même de Dieu), et qu’il fut donc aboli par Christ.

Ils affirment avec audace que les apôtres ordonnèrent que le premier jour de la semaine devait être observé à la place du septième, en citant le terme «jour du Seigneur» utilisé par Jean dans Apocalypse 1:10, malgré le fait que le seul jour que Dieu ait jamais mis à part comme étant saint et lui appartenant, se reposant lui-même ce jour-là, fut le septième jour du quatrième commandement.

Ils soutiennent que la loi sur le repos du Sabbat «concorde avec la loi de la nature» en exigeant l’interruption de tous travaux et l’observation d’un jour de méditation et de culte; mais ils affirment que le moment de son observation est «susceptible d’être changé», vu que selon leur argument, «il n’appartient pas à la loi morale mais à la loi cérémonielle», par conséquent il fut changé par les apôtres, par les Pères, et par l’église au premier jour de la semaine.

Les arguments qu’ils utilisent en faveur d’un changement sont que la lumière brilla sur le monde pour la première fois le premier jour de la semaine; la résurrection de Christ eut lieu ce jour-là; le Saint-Esprit descendit sur les apôtres ce même jour de la semaine; Paul conseilla aux chrétiens de faire leurs calculs commerciaux le premier jour de la semaine et ils en mirent une certaine partie de côté pour le Seigneur. Tous ces arguments sont inventés par les hommes et il n’y a aucune autorité biblique pour en justifier le changement. Les seules raisons données par le Créateur et le Seigneur du Sabbat, sont qu’Il a créé le monde en six jours, Il s’est reposé le septième, et Il a mis ce jour à part pour un saint usage de la même façon permanente et immuable qu’Il créa toute chose durant les autres jours de la semaine de la création.

Parfois, les Protestants ne se rendent pas compte qu’en défendant le sabbat du Dimanche, ils utilisent les arguments catholiques romains contenus dans le Catéchisme du Concile de Trente publié au XVIe siècle; mais le fait est que chacun d’eux mentionné plus haut se trouve dans cet ouvrage. Nous appelons chaque Protestant à se séparer complètement de la papauté, et à prendre la Bible, et rien que la Bible dans sa croyance et sa pratique.

«Un temps, des temps et la moitié d’un temps».--Le pronom «ils» («les saints», dans la Bible en français) contenu dans cette phrase englobe les saints, les temps, et la loi déjà mentionnée. Pendant combien de temps devaient-ils être livrés entre les mains de ce pouvoir? Un temps, comme nous l’avons vu dans Daniel 4: 23, représente une année; deux temps, la plus petite quantité qui peut être désignée par un pluriel, deux ans; et la division d’un temps, la moitié d’un temps soit une demi année. Le mot «moitié» dans la phrase: «la moitié d’un temps» est traduite du Chaldéen pelag, que Gesenius définit comme «une demie», et il prend Daniel 7:25 comme exemple. La Septante le traduit par «demi». Nous obtenons donc une durée de ce pouvoir de trois ans et demi. La parole chaldéenne pour «temps» dans le texte que nous étudions est iddan, que Gesenius défini comme étant utilisé dans «le langage prophétique pour désigner une année. Daniel 7:25.»

Nous devons considérer que nous nous trouvons au milieu d’une prophétie symbolique, en conséquence, cette mesure de temps ne peut pas être littérale mais symbolique. La question qui nous vient à l’esprit est la suivante: quelle est la durée de la période représentée par les trois ans et demi du temps prophétique? Le principe qui nous est donné dans la Bible est que lorsque un jour est utilisé dans une prophétie symbolique, il représente une année (Ezéchiel 4:6; Nombres 14:34). En référence à la parole hébraïque yom, qui signifie jour, Gesenius fit cette remarque au sujet de son pluriel: «Parfois yamim signifie une période de temps définie; par exemple un an; comme aussi en syriaque et en chaldéen, iddan signifie aussi bien temps que année

Les étudiants de la Bible ont reconnu ce principe à travers les siècles. Les citations suivantes révèlent comment les divers auteurs s’accordent sur ce sujet. Joachim, abbé de Calabre, une des grandes figures ecclésiastiques du XIIe siècle, applique ce principe de un jour année à la période de 1260 ans. «La femme enveloppée du soleil, représentant l’église, resta dans le désert cachée de la vue du serpent, un jour étant accepté sans aucun doute pour une année, et 1260 jours pour le même nombre d’années.»

«Trois temps et demi, c’est-à-dire, 1260 années solaires, en calculant un temps pour une année civile de 360 jours, et un jour pour une année solaire. Après quoi, «viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais.»

L’année biblique, qui doit être utilisée comme base du calcul, avait une durée de 360 jours (Voir les commentaires sur Apocalypse 11:3). Trois années et demie comptaient 1260 jours. Comme chaque jour représente une année, nous obtenons 1260 ans de suprématie de cette corne. La papauté a-t-elle dominée pendant une telle période? La réponse est: oui. L’édit de l’empereur Justinien, daté du l’année 533 après J-C, fit de l’évêque de Rome la tête de toutes les églises. Mais cet édit ne put rentrer en vigueur tant que les Ostrogoths Ariens, la dernière des trois cornes qui devaient être arrachés pour laisser la place à la papauté, soient expulsés de Rome; et ceci s’est accompli, selon ce qui a déjà été mentionné pages 51 et 52, en 538. L’édit n’aurait eu aucune valeur si ce dernier événement n’avait eu lieu; en conséquence, nous devons calculer à partir de cette dernière date, car en réalité les saints ne tombèrent pas entre les mains de ce pouvoir avant cette date. Mais la papauté exerça-t-elle sa suprématie pendant 1260 ans à partir de cette date? Exactement. Parce que 538+1260 = 1798; et cette année-là (en 1798) le Général Berthier, avec l’armée Française, entra à Rome, proclama la république, fit prisonnier le pape, et infligea une blessure mortelle à la papauté. Bien que jusqu’alors elle ne parvînt pas à retrouver tous les privilèges et l’immunité qu’elle possédait avant, nous assistons actuellement à la restauration graduelle de son pouvoir antérieur.

Puis viendra le jugement.--Après avoir décrit la terrible carrière de la petite corne, et déclaré que les saints seraient livrés entre ses mains pendant 1260 ans, période qui nous amène à 1798, le verset 26 déclare: «Puis viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais. Au verset 10 du même chapitre nous avons substantiellement la même expression concernant le jugement: «les juges s’assirent». Il semble correct de penser qu’il s’agit du même jugement dans les deux cas. Mais la scène sublime décrite au verset 10 est l’ouverture du jugement investigatif dans le sanctuaire céleste, comme nous le verrons dans les remarques sur Daniel 8:14 et 9:25-27. La prophétie situe l’ouverture de cette scène du jugement à la fin des 2300 années, qui se terminèrent en 1844 (Voir les commentaires sur Daniel 9: 25-27).

Quatre ans après, en 1848, la grande révolution qui secoua tant de trônes en Europe, expulsa aussi la papauté de ses domaines. Sa restauration eut lieu peu de temps après, par la force des baïonnettes étrangères qui la soutinrent jusqu’à ce qu’en 1870 elle subit la perte de son pouvoir temporel. La chute de la papauté en 1798 marque la fin de la période des 1260 ans, et constitue la «blessure mortelle» d’Apocalypse 13:3; mais selon la prophétie, cette blessure mortelle devait être «guérie».

La blessure mortelle doit guérir.--En 1800, un autre pape fut élu, et son palais et sa domination temporelles sur les états pontificaux lui furent rendus, et comme le dit George Croly, célèbre commentateur britannique, il récupéra toutes ses prérogatives, excepté celle d’exercer des persécutions systématiques, parce que la «blessure mortelle» commençait à cicatriser (Apocalypse 13:3).

Comment cette «blessure mortelle» pouvait-elle guérir, et les caractéristiques de Daniel 7:26, «on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais» se réaliser? Comment pouvons-nous expliquer ce paradoxe apparent? Quelles que soient les difficultés exégétiques, le fait subsiste que dans l’histoire de la papauté on trouve ces deux caractéristiques.

En 1844, le jugement commença son oeuvre dans le sanctuaire céleste (vers. 10). Au verset 11, on nous dit que «à cause des paroles arrogantes que prononçait la corne. . .l’animal fut tué». Le 8 Décembre 1854, le pape promulgua le dogme de l’immaculée conception. En 1870, les armées de Victor Emmanuel retirèrent à la papauté son pouvoir temporel, alors que le Vingtième Concile Oecuménique décrétait l’infaillibilité papale quand elle parle ex cathedra, c’est-à-dire, lorsqu’en tant que pasteur ou docteur de tous les chrétiens, elle définit une doctrine concernant la foi ou la morale. Mais malgré les honneurs croissants accumulés par le clergé sur l’évêque de Rome, la papauté perdit complètement le pouvoir temporel. Depuis lors, les papes s’enfermèrent comme des prisonniers dans le Vatican, à Rome, jusqu’à la signature du Concordat avec l’Italie, en 1929, qui lui rendait «la domination» sur la Cité du Vatican, une petite partie de la ville de Rome.

VERS. 27-28: «27 Le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront. 28 Ici finirent les paroles. Moi Daniel, je fus extrêmement troublé par mes pensées, je changeai de couleur, et je conservai ces paroles dans mon coeur.»

Après avoir contemplé le tableau sombre et désolé de l’oppression de l’église par la papauté, le prophète est autorisé à tourner à nouveau ses regards sur le repos glorieux des saints, lorsqu’ils posséderont à jamais le royaume, libres de tout pouvoir oppressif. Comment les fils de Dieu pourraient-ils résister dans ce monde actuel si pervers, au milieu de la tyrannie et de l’oppression des gouvernements de la terre, et des abominations qui s’y commettent, s’ils ne pouvaient voir par avance, le royaume de Dieu et le retour de leur Seigneur, avec la pleine assurance que les promesses concernant ces deux thèmes s’accompliront avec certitude, et avec rapidité?

Chapitre VIII. - Le Monde Convoque Devant le Tribunal Celeste

Retournons à l’Hébreu, dit Adam Clarke, puisque la partie du livre en Chaldéen est terminée. Comme les Chaldéens avaient un intérêt particulier, à la fois pour l’histoire et les prophéties de Daniel 2:4 jusqu’à la fin du chapitre 7, toute cette partie est écrite en Chaldéen; mais comme les prophéties restantes se réfèrent aux temps postérieurs à la monarchie chaldéenne, et surtout à l’église et au peuple de Dieu en général, elles sont écrites en langue hébraïque, langue dans laquelle Dieu choisit de révéler tous Ses conseils dans l’Ancien Testament en relation avec le Nouveau.»

VERS. 1: «La troisième année du règne du roi Belschatsar, moi, Daniel, j’eus une vision, outre celle que j’avais eue précédemment.»

Un des points frappants des Saintes Ecritures qui doit être exempté de toute accusation d’être une oeuvre de fantaisie, est la franchise et la liberté avec lesquelles ses auteurs présentent toutes les circonstances en relation avec les événements qu’ils écrivent. Ici, le premier verset indique l’époque à laquelle la vision fut donnée à Daniel. La première année de Belschatsar correspond à l’année 540 av. J. C. Sa troisième année, où la vision fut donnée, devait être par conséquent en 538. Comme Daniel avait environ 20 ans lorsqu’il fut déporté à Babylone, lors de la première année de Nébucadnetsar, en 606 av. J. C., il devait avoir environ 80 ans à cette époque. La vision qu’il désigne comme étant celle qu’il «avait eue précédemment» est sans doute celle du chapitre 7 qu’il a eue la première année du règne de Belschatsar.

VERS. 2: «Lorsque j’eus cette vision, il me sembla que j’étais à Suse, la capitale, dans la province de l’Elam; et pendant ma vision, je me trouvais près du fleuve d’Ulaï.»

Tout comme le premier verset indique la date à laquelle la vision a été donnée, ce verset indique le lieu où le prophète reçut la révélation. Suse était la métropole de la province d’Elam, alors aux mains des Babyloniens, et le roi de Babylonie y avait un palais royal. Daniel, en tant que ministre d’état employé aux affaires du roi, se trouvait là. Abradates, vice-roi de Suse, promit fidélité à Cyrus, et la province fut unie à la Médie et à la Perse; aussi, en accord avec la prophétie d’Esaïe 21:2, Elam monta avec les Mèdes pour assiéger Babylone. Sous les Mèdes et les Perses, Elam retrouve les libertés qu’elle avait perdues avec les Babyloniens, selon la prophétie de Jérémie 49:39.

VERS. 3, 4: «3 Je levai les yeux, je regardai, et voici, un bélier se tenait devant le fleuve, et il avait des cornes; ces cornes étaient hautes, mais l’une était plus haute que l’autre, et elle s’éleva la dernière. 4 Je vis le bélier qui frappait de ses cornes à l’occident, au septentrion et au midi; aucun animal ne pouvait lui résister, et il n’y avait personne pour délivrer ses victimes; il faisait ce qu’il voulait, et il devint puissant.»

Les royaumes des Mèdes et des Perses.--Au verset 20, l’interprétation de ce symbole nous est présentée clairement: «Le bélier que tu as vu, et qui avait des cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. Il nous faut donc considérer convenablement jusqu’à quel point le pouvoir correspond au symbole en question. Les deux cornes représentaient les deux nationalités qui composaient l’empire. La plus grande s’éleva plus tard. Elle symbolisait la Perse, qui au début était simplement un allié des Mèdes, mais plus tard, elle devint la partie principale de l’empire. Les directions vers lesquelles le bélier frappait montrent les directions vers lesquelles les Mèdes et les Perses étendirent leurs conquêtes. Aucune puissance terrestre ne pouvait leur résister tandis qu’ils avançaient vers la haute position à laquelle la providence de Dieu les avait appelés. Ils eurent tant de succès dans leurs conquêtes qu’à l’époque d’Assuérus (Esther 1:1), le royaume médo-perse comprenait 127 provinces, et s’étendait de l’Inde à l’Ethiopie, limites du monde connu à cette époque.

VERS. 5-7: «5 Comme je regardais attentivement, voici un bouc venait de l’occident, et parcourait toute la terre à sa surface, sans la toucher; ce bouc avait une grande corne entre les yeux. 6 Il arriva jusqu’au bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant le fleuve, et il courut sur lui dans toute sa fureur. 7 Je le vis qui s’approchait du bélier et s’irritait contre lui; il frappait le bélier et lui brisa les deux cornes, sans que le bélier eût la force de lui résister; il le jeta par terre et le foula, et il n’y eut personne pour délivrer le bélier.»

Le royaume de Grèce.--«Comme je regardais attentivement», dit le prophète. Il y a ici un exemple pour tous ceux qui aiment la vérité et pour tous ceux qui apprécient les choses spirituelles. Lorsque Moïse vit le buisson ardent, il dit: «Je veux me détourner pour voir quelle est cette grande vision». Combien peu aujourd’hui sont disposés à laisser de côté leur poursuite des affaires ou des plaisirs pour examiner les thèmes importants que Dieu tente de présenter à leur attention!

Le symbole introduit ici est expliqué à Daniel par l’ange. «Le bouc c’est le roi de Javan» (verset 21). Au sujet de l’aptitude de ce symbole à représenter la Grèce ou le peuple Macédonien, Thomas Newton observe que les Macédoniens, «deux cents ans avant Daniel, étaient appelés Ægeadæ, ou peuple des chèvres». Il explique l’origine de ce nom selon le récit des auteurs païens: «Caranus, leur premier roi, alors qu’il allait avec une grande multitude de Grecs à la recherche de nouvelles demeures en Macédoine, reçut l’ordre de l’oracle de se laisser guider par des chèvres qui les conduiraient vers l’empire; et, plus tard, en voyant un troupeau de chèvres qui fuyait une violente tempête, il les suivit jusqu’à Edesse qui devint le siège de son empire; ils firent des chèvres leurs drapeaux ou étendards et ils appelèrent la ville Egée, ou ville des chèvres, et ses habitants les Egéens, ou peuple des chèvres… La ville d’Egée était le lieu où étaient habituellement enterrés les rois macédoniens. Il est très frappant que le fils qu’Alexandre eut de Roxane était appelé Alexandre Aigos, ou fils de la chèvre; et certains successeurs d’Alexandre sont représentés sur leurs monnaie avec des cornes de chèvre.»

Le «bouc venait de l’occident et parcourait toute la terre». Ceci, parce que la Grèce se trouvait à l’ouest de la Perse et elle attaquait de cette direction. L’armée grecque balayait de la surface de la terre, tout ce qui se trouvait devant elle.

Le bouc ne touchait pas le sol. La merveilleuse célérité de ses mouvements était telle qu’il paraissait voler d’un point à un autre, à la vitesse du vent. La même caractéristique de rapidité est indiquée dans la vision de Daniel 7 par les quatre ailes du léopard, représentant la même nation.

Alexandre la «grande corne».--La grande corne entre ses yeux est expliquée au verset 21 comme étant le premier roi de l’empire Macédonien. Ce roi était Alexandre le Grand.

Un récit concis du renversement de l’empire Perse par Alexandre nous est donné aux versets 6 et 7. La bataille entre les Grecs et les Perses fut extrêmement féroce. Quelques-unes des scènes enregistrées dans l’histoire nous rappellent vivement l’image utilisée dans la prophétie: un bélier se tenait devant le fleuve, et le bouc «courut sur lui dans toute sa fureur». Alexandre vainquit d’abord les généraux de Darius sur les rives du Granique en Phrygie. Ensuite, il attaqua et mis en déroute Darius aux cols d’Issos, en Cilicie, et plus tard il le vainquit dans la plaine d’Arbèles, en Syrie. Cette dernière bataille eut lieu en 331 av. J. C., et marqua la chute de l’empire Perse. C’est ainsi qu’Alexandre devint le maître de tout le pays. Au sujet du verset 6: «il arriva jusqu’au bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant le fleuve, et il courut sur lui dans toute sa fureur», Thomas Newton dit: «Il est difficile pour certain de lire ces paroles sans se faire une certaine idée de l’armée de Darius debout, surveillant le Granique, et Alexandre de l’autre côté avec ses forces qui se précipitèrent, puis traversèrent le courant à la nage, pour se ruer sur l’ennemi avec tout le feu et la furie imaginables.»

Ptolémé fait débuter le règne d’Alexandre en 332 av. J. C., mais ce ne fut qu’après la bataille d’Arbèles, l’année suivante, qu’Alexandre devint «le seigneur absolu de cet empire d’une extension supérieure à celle qu’aucun roi Perse ne possédât jamais.»

A la veille de cette bataille, Darius envoya ses principaux parents pour négocier la paix. On dit que lorsqu’ils eurent présenté leurs conditions, Alexandre leur répondit: «Le ciel ne peut contenir deux soleils, ni la terre deux maîtres.»

Le langage du verset 7 démontre que la soumission de la Médo-Perse à Alexandre serait totale. Les deux cornes furent brisées, et le bélier fut jeté à terre et piétiné. La Perse était subjuguée, le pays mis à sac, ses armées détruites et dispersées, et les villes dépouillées. La cité royale de Persépolis, la capitale de l’empire Perse -qui même en ruines, constitue une des merveilles du monde d’aujourd’hui-, fut saccagée et incendiée. Ce fut ainsi que le bélier n’eut pas la force de résister au bouc, et que personne ne put le libérer de sa main.

VERS. 8: «Le bouc devint très puissant; mais lorsqu’il fut puissant, sa grande corne se brisa. Quatre grandes cornes s’élevèrent pour la remplacer, aux quatre vents des cieux.»

Le conquérant est plus grand que le vaincu. Le bélier, la Médo-Perse, avait été «puissant»; le bouc, la Grèce, devint «très puissant». «Lorsqu’il fut puissant, sa grande corne se brisa». Les spéculations et la prévoyance humaine auraient dit: Lorsqu’il s’affaiblira, et que son royaume sera déchiré par la rébellion, ou dégénéré par la luxure, alors la corne sera brisée, et le royaume sera ruiné. Mais Daniel la vit brisée au faîte de sa force, à l’apogée de sa puissance, au moment où tout spectateur se serait exclamé: Le royaume est sûrement établi et rien ne peut l’abattre! C’est ce qui arrive souvent avec les impies. La corne de leur force se brise au moment où ils considèrent qu’elle est la plus solide. L’Ecriture dit: «Que celui qui croit être debout, prenne garde de tomber!» (1 Corinthien 10:12).

Quatre grandes cornes s’élevèrent.--Après la mort d’Alexandre, il y eut de nombreuses luttes entre ses généraux, pour sa succession. Après une lutte de sept jours, on se mit d’accord pour que son frère naturel, Philippe Aridaeus, soit déclaré roi. Avec les deux jeunes enfants d’Alexandre, Alexandre Aigos et Hercule, il soutint durant un certain temps le nom et l’apparence de l’empire Macédonien. Mais les enfants furent assassinés très tôt, et la famille d’Alexandre s’éteignit. Alors, les commandants de l’armée, qui s’en étaient allés comme gouverneurs des provinces dans les différentes parties de l’empire, s’attribuèrent le titre de roi. Ils commencèrent tout de suite à se faire la guerre les uns contre les autres, à tel point que quelques années après la mort d’Alexandre, ils furent réduits au nombre de quatre, le chiffre exact spécifié par la prophétie.

Quatre grandes cornes devaient s’élever aux quatre vents des cieux à la place de la grande corne qui avait été brisée. Elles représentaient Cassandre, qui eut la Grèce et les régions voisines; Lysimaque, qui obtint l’Asie mineure; Séleucos, qui eut la Syrie et Babylone, et duquel sortit la lignée des rois «Séleucides», si fameux dans l’histoire; et Ptolémée, fils de Lagos, eut l’Egypte, duquel sortirent les «Lagides». Ceux-ci étendirent leur royaume en direction des quatre vents. Cassandre avait les régions occidentales; Lysimaque, celles du nord; Séleucos, les pays orientaux; Ptolémée, la portion méridionale de l’empire. Ces quatre cornes peuvent donc être identifiées comme étant la Macédoine, la Thrace (qui incluait alors l’Asie mineure, et les parties se trouvant dans l’Hellespont [Dardanelles] et le Bosphore), la Syrie et l’Egypte.

VERS. 9-12: «9 De l’une d’elles sortit une petite corne, qui s’agrandit beaucoup vers le midi, vers l’orient, et vers le plus beau des pays. 10 Elle s’éleva jusqu’à l’armée des cieux, elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et elle les foula. 11 Elle s’éleva jusqu’au chef de l’armée, lui enleva le sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de son sanctuaire. 12 L’armée fut livrée avec le sacrifice perpétuel, à cause du péché; la corne jeta la vérité par terre, et réussit dans ses entreprises.»

Une petite corne s’élève.--Ici, une troisième puissance est introduite dans la prophétie. Dans l’explication que l’ange donne à Daniel, ce symbole n’est pas décrit avec autant de précisions que pour la Médo-Perse et la Grèce.

Il y a deux interprétations courantes de ce symbole qui nous sont données dans ce petit commentaire et qui réclament notre attention. La première est que la «petite corne» représente le roi Syrien Antiochus Epiphane. La deuxième caractérise la puissance romaine. Il est facile d’analyser et de vérifier ces deux interprétations.

La petite corne est-elle Antiochus?--Si Antiochus Epiphane ne remplit pas les caractéristiques de la prophétie, le symbole ne peut pas lui être attribué. La petite corne sortit de l’une des quatre cornes du bouc. Elle était donc une puissance qui avait une existence distincte de celle de n’importe quelle autre corne du bouc. Antiochus fut-il cette puissance là?

Qui était Antiochus? Depuis le moment où Séleucos se fit roi de la partie syrienne de l’empire d’Alexandre, et constitua ainsi la corne syrienne du bouc, jusqu’à ce que son pays fût conquis par les Romains, vingt-six rois se succédèrent sur ce territoire. Le huitième de ces rois fut Antiochus Epiphane. Il était donc simplement l’un des vingt-six rois qui constituèrent la corne syrienne du bouc. Il fut donc cette corne durant toute la durée de son règne. Il est logique d’affirmer qu’il ne pouvait pas être en même temps une puissance séparée et indépendante, ni une autre corne notable, comme le fut la petite corne. S’il était juste d’appliquer le symbole de la petite corne à l’un de ces vingt-six rois Syriens, il devrait l’être au plus puissant et illustre de tous. Mais Antiochus Epiphane ne fut en aucune manière le roi le plus puissant de la lignée syrienne. Bien qu’il prit le nom d’Epiphane, c’est-à-dire «l’illustre», il ne le fut que de nom. Prideaux dit que rien de basé sur l’autorité de Polybe, Livy, et Diodore de Sicile, ne fut aussi étranger à son vrai caractère; à cause de sa folie vile et extravagante, certains le crurent fou et changèrent son nom d’Epiphane, «l’illustre» en Epinames, «le fou».

Antiochus le Grand, le père d’Epiphane, après avoir été vaincu lors d’une guerre contre les Romains, obtint la paix seulement après avoir payé une somme d’argent prodigieuse et la renonciation d’une partie de son territoire. Pour l’obliger à accomplir fidèlement les conditions du traité, il fut contraint de livrer des otages, parmi lesquels Epiphane, son fils, qui fut emmené à Rome. Depuis lors, les Romains conservèrent leur ascendant.

La petite corne du bouc devait beaucoup grandir; mais Antiochus Epiphane ne crut pas de façon importante. Au contraire, il n’agrandit pas son royaume, excepté par quelques conquêtes passagères qu’il fit en Egypte et auxquelles il renonça immédiatement lorsque les Romains prirent le parti de Ptolémé et lui ordonnèrent de renoncer à ses prétentions sur ce territoire. Son ambition frustrée réveilla sa colère qu’il déchargea sur les Juifs innocents.

La petite corne, en comparaison aux puissances qui la précédèrent, crût de façon excessive. La Perse est simplement appelée grande, bien qu’elle comprenait cent vingt sept provinces (Esther 1:1). La Grèce fut encore plus étendue; il est dit qu’elle était très grande. Maintenant, la petite corne qui s’agrandit beaucoup doit les surpasser toutes les deux. Il est absurde d’appliquer cela à Antiochus car il se vit obligé d’abandonner l’Egypte sous la pression des Romains! Il n’est pas nécessaire de réfléchir longtemps pour savoir quel fut le plus grandpouvoir : celui qui dut évacuer l’Egypte ou celui qui ordonna l’évacuation.

La petite corne devait s’opposer au Prince des princes, expression qui se réfère, sans l’ombre d’un doute, à Jésus-Christ (Daniel 9: 25; Actes 3: 15; Apocalypse 1: 5). Mais Antiochus mourut cent soixante quatre ans avant que naisse le Seigneur. La prophétie ne peut donc pas lui être appliquée, car il ne remplit pas un seul détail de ses caractéristiques. On peut se demander: pourquoi certains ont-ils tenté de la lui attribuer? Nous répondons: Les Catholiques Romains acceptent cette interprétation pour éviter que la prophétie leur soit appliquée; et beaucoup de Protestants les suivent, apparemment pour s’opposer à l’enseignement que la seconde venue de Christ est proche.

La petite corne représente Rome.--Il a été facile de démontrer que la petite corne ne représente pas Antiochus Epiphane. Il nous sera tout aussi facile de prouver qu’elle symbolise Rome.

Le champ de vision est réellement le même ici que celui de la statue de Nébucadnetsar dans Daniel 2, et dans la vision de Daniel 7. Dans les deux esquisses prophétiques, nous avons vu que le pouvoir qui succéda à la Grèce comme grande puissance était aussi Rome. La seule conclusion naturelle serait que la petite corne, le pouvoir qui succède à la Grèce dans cette vision comme royaume qui «s’agrandit beaucoup», est aussi Rome.

La petite corne sort d’une des cornes du bouc. Comment, peut-on dire cela de Rome? se demandera quelqu’un. Les gouvernements terrestres ne sont pas introduits dans la prophétie tant qu’ils ne sont pas, d’une certaine manière, en relation avec le peuple de Dieu. A cette époque, Rome fut en relation avec les Juifs, le peuple de Dieu, par la célèbre Ligue Juive en 161 av. J. C. Mais sept ans avant, c’est-à-dire en 168 av. J. C., Rome avait conquis la Macédoine, et elle fit de ce pays une partie de son empire. Rome fut donc introduite dans la prophétie précisément quand, après avoir renversé la corne Macédonienne du bouc, elle partit pour faire de nouvelles conquêtes, dans d’autres directions. Pour le prophète, elle apparut comme sortant de l’une des cornes du bouc.

La petite corne s’agrandit vers le Sud. C’est ce qui arriva à Rome. L’Egypte fut réduite en une province de l’empire romain, en 30 av. J. C. et resta dans cette situation pendant de nombreux siècles.

La petite corne s’agrandit vers l’Orient. C’est aussi ce que Rome fit. Elle conquit la Syrie en 65 av. J. C. , et elle en fit une de ses provinces.

La petite corne s’agrandit vers le plus beau des pays. Rome le fit aussi. La Judée est appelée «le plus beau des pays» dans plusieurs passages des Ecritures. Les Romains la réduisirent en province de leur empire en 63 av. J. C., et finalement, ils détruisirent la ville et le temple, et dispersèrent les Juifs sur toute la terre.

La petite corne «s’éleva jusqu’à l’armée des cieux, elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles». Rome fit une telle chose. Dans cette expression, deux images sont introduites: «l’armée des cieux», et les «étoiles». Quand on utilise, dans un sens symbolique, des événements se déroulant sur la terre, ces images se réfèrent presque toujours au peuple de Dieu et à ses dirigeants. Dans le verset 13 de ce chapitre nous lisons que le sanctuaire et l’armée seront foulés. Il est fait indubitablement référence au peuple de Dieu et à son lieu de culte. Les étoiles représenteraient tout naturellement les dirigeants de l’oeuvre de Dieu. Cette pensée est mieux soulignée dans une des phrases d’Apocalypse 12: 4, où nous lisons quelque chose faisant référence au grand dragon rouge, symbole de Rome, qui jette à terre un tiers des étoiles.

La petite corne «s’éleva jusqu’au Chef de l’armée». Seule Rome le fit. Dans l’interprétation, au verset 25, il est dit de la petite corne qu’elle «s’élèvera contre le chef des chefs». C’est une allusion très claire à la crucifixion de notre Seigneur sous la juridiction des Romains.

Rome sous ses deux aspects.--«Le sacrifice perpétuel fut enlevé» par la petite corne. Cette petite corne symbolise Rome dans toute son histoire, c’est-à-dire qu’elle inclut ses deux phases, la païenne et la papale. Ces deux phases sont mentionnées dans une autre partie comme «le continu» (sacrifice est un mot rajouté) et «le péché dévastateur»; le continu ou désolation signifie la forme païenne, et le péché dévastateur, la papale (voir commentaire sur le verset 13). Dans les actions attribuées à ce pouvoir, il est parfois parlé d’une manière, et parfois d’une autre. «Le continu [la forme papale] fut enlevé par lui [la forme païenne].» La Rome païenne se transforma en la Rome papale. «Le lieu de son sanctuaire», ou de son culte, la ville de Rome, fut «renversé». Le siège du gouvernement fut transféré par Constantin à Constantinople en 330 de notre ère. Ce transfert est présenté dans l’Apocalypse 13:2, où il est dit que le dragon, ou Rome païenne, donna son pouvoir à la bête, la Rome papale, la ville de Rome.

«L’armée fut livrée [à la petite corne] avec le sacrifice perpétuel.» Les barbares qui renversèrent l’empire Romain durant les changements, les frottements, et les transformations de ces périodes, se convertirent à la foi catholique et devinrent des instruments pour détrôner leur religion antérieure. Bien qu’ils aient conquis politiquement Rome, ils furent vaincus religieusement par la théologie de Rome, et ils furent ceux qui perpétuèrent le même empire sous une autre phase. Ceci eut lieu «à cause du péché», c’est-à-dire, par le développement du «mystère d’iniquité». La papauté peut être appelée un système d’iniquité, parce qu’elle a fait son oeuvre malfaisante tout en simulant être une religion pure et sans tâche. Au sujet de ce faux système religieux, Paul écrivait au premier siècle: «Car le mystère de l’iniquité agit déjà» (2 Thes. 2:7).

«La petite corne jeta la vérité par terre, et réussit dans ses entreprises.» Ceci décrit en peu de mots l’oeuvre et la carrière de la papauté. La vérité est odieusement déformée, chargée de traditions, transformée en hypocrisie et superstitions, rabaissée et obscurcie.

Au sujet de cette puissance ecclésiastique, il est dit: «elle réussit», elle pratiqua ses tromperies envers le peuple, utilisa des machinations pour parvenir à ses fins et augmenter son pouvoir.

«Elle réussit dans ses entreprises». Elle fit la guerre contre les saints et elle eut le dessus. Elle a presque parcouru toute la carrière qui lui avait été concédée, et bientôt elle doit être brisée sans l’intervention d’aucune main, pour être livrée aux flammes, qui la feront périr dans les gloires consumantes de la seconde venue de notre Seigneur.

Rome correspond à toutes les spécificités de la prophétie. Ce qui n’est pas le cas avec d’autres pouvoirs. Donc, Rome seule, et aucun autre pouvoir, est bien celui mentionné ici. Les descriptions inspirées, données dans la Parole de Dieu et le caractère de ce système concordent; et les prophéties le concernant se sont accomplies de la façon la plus surprenante et exacte.

VERS. 13, 14: «13 J’entendis parler un saint; et un autre saint dit à celui qui parlait: Pendant combien de temps s’accomplira la vision sur le sacrifice perpétuel et sur le péché dévastateur? Jusques à quand le sanctuaire et l’armée seront-ils foulés? 14 Et il me dit: Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié.»

Le temps dans la prophétie.--Ces deux versets de Daniel 8 terminent la vision proprement dite. Ils introduisent l’unique détail restant et qui est du plus grand intérêt pour le prophète et l’église, à savoir, jusqu’à quand vont durer les pouvoirs destructeurs présentés antérieurement. Combien de temps va durer le pouvoir oppresseur contre le peuple de Dieu? Si on lui en avait donné le temps, Daniel aurait posé lui-même la question, mais Dieu connaît toujours avec anticipation nos désirs, et parfois, il répond avant que nous les exprimions.

Deux êtres célestes conversent sur le sujet. C’est un thème important que l’Eglise doit bien comprendre. Daniel entendit un saint qui parlait, mais il ne nous est pas rapporté ce qu’il disait. Mais un autre saint posa une question importante: «Jusques à quand…?» La question et la réponse sont enregistrées, ce qui montre qu’il s’agit d’un sujet que l’Eglise doit comprendre. Cette opinion est confirmée par le fait que la réponse est donnée à Daniel, la personne la plus concernée, et auquel elle était adressée.

Les 2300 jours.--L’ange déclara: «Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié». Quelqu’un peut se demander: Pourquoi l’édition vaticane de la Septante dit dans ce verset «deux mille quatre cents jours? A ce sujet, S. P. Tregelles écrit:

«Certains écrivains qui traitent les sujets prophétiques ont adopté, dans leurs explications ou interprétations de cette vision, les chiffres‘deux mille quatre cents jours’; et pour se justifier, ils se sont référés aux copies imprimés en commun de la version de la Septante. A propos de ce livre, il y a longtemps que la version de la Septante a été remplacée par celle de Théodotion; et de plus, le nombre «deux mille quatre cents» qu’on trouve dans les exemplaires grecs imprimés en commun, est simplement une erreur qui a été commise à l’imprimerie du Vatican en 1586, erreur qui a été perpétuée par habitude. J’ai examiné (en 1845) le passage dans le manuscrit du Vatican, que les éditions romaines disent suivre, et il dit exactement la même chose que le texte hébreu [«deux mille trois cents jours»]; et la vraie Septante de Daniel aussi. (L’édition, parut en 1857, que le cardinal Mai a faite du manuscrit, dit aussi la même chose).»

Et pour corroborer encore davantage la véracité de la période des deux mille trois cent jours, nous citons le passage suivant:

«L’édition de la Bible grecque qui est utilisée communément, fut imprimée, comme on le verra expliqué dans Prideaux et Horne, non selon la version originale de la Septante, mais selon celle de Théodotion qui fut faite aux environs de la fin du second siècle. Il existe trois éditions principales standards de la Bible de la Septante, qui contiennent la version de Daniel en accord avec Théodotion; à savoir la Complutense, publiée en 1514; l’Aldine, en 1518; la Vaticane, 1587, desquelles ont été tirées les dernières éditions anglaises de la Septante. A ces trois, nous pouvons en rajouter une quatrième, qui est celle du texte Alexandrin, publiée entre 1707 et 1720. Il y en a une autre, appelée Chisiana, 1772, qui contient le texte grec de Théodotion et celui de la Septante. De ces six copies, seule la Vaticane dit‘deux mille quatre cent’, et toutes les autres concordent avec l’hébreu et avec les Bibles anglaises. De plus, le manuscrit lui-même, qui se trouve au Vatican, à partir duquel l’édition a été faite, dit deux mille trois cents, et sans erreur d’imprimerie.»

Ces citations démontrent clairement que nous ne pouvons absolument pas nous fier à cette expression trouvée dans l’édition Vaticane de la Septante.

Qu’est-ce que le perpétuel?--Dans le verset 13 nous avons la preuve que «sacrifice» est une expression erronée qui a été ajoutée au mot «perpétuel». Si, comme certains le supposent, il s’agissait ici de l’élimination du sacrifice perpétuel du service judaïque (qui a un certain moment fut arrêté), il ne serait pas approprié de demander jusques à quand va durer la vision à son sujet. Cette question implique évidemment, que les agents ou événements auxquels la vision se réfère, occupent une quantité d’années. La durée est l’idée centrale. Tout le temps de la vision est occupé par ce qui est appelé ici «le perpétuel» et le «péché dévastateur». Donc, le «perpétuel» ne peut pas être le sacrifice perpétuel des Juifs, parce que lorsque le moment où il devait être ôté vint, cette action ne prit qu’un instant, lorsque le voile du temple fut déchiré, lors de la crucifixion du Christ. Il doit représenter quelque chose qui s’étend sur une longue période de temps.

L’expression traduite ici par «perpétuel» est présente 102 fois dans l’Ancien Testament, selon la Concordance Hébraïque. Dans la grande majorité des cas elle est traduite par «continu» ou «continuellement». Ce mot n’implique absolument pas l’idée de sacrifice. Dans notre passage de Daniel 8: 11, 13 non plus. C’est un mot qui a été rajouté par les traducteurs, parce qu’ils pensaient que le texte l’exigeait ainsi. Il est évident qu’ils avaient une opinion erronée, car ici il n’est pas fait allusion aux sacrifices des Juifs. Il semble plus en accord avec la construction et le contexte de supposer que l’expression «perpétuel» se réfère à une puissance destructrice, avec laquelle il est en relation. Nous avons alors deux puissances destructrices qui pendant une longue période oppriment ou ravagent l’église. Littéralement, le texte peut se traduire: «Jusques à quand durera la vision [concernant] la continuation et la transgression de la désolation?» -le mot «désolation» étant en relation avec «continuation» et «transgression», comme si on parlait de la «continuité de la désolation et de transgression de la désolation».

Deux puissances destructrices.--Par «la continuité de la désolation» ou «la désolation continue», nous comprenons qu’on veut représenter le paganisme durant toute son histoire. Quand nous considérons les longs siècles à travers lesquels le paganisme fut l’agent principal de l’oppression de Satan contre l’oeuvre de Dieu sur la terre, le mot «continuité» ou «perpétuel» lui semble bien approprié. Nous comprenons aussi que la «transgression de la désolation» représente la papauté. La phrase qui décrit la dernière puissance est plus forte que celle qui décrit le paganisme. C’est la transgression (ou rébellion, autre signification de ce mot) de la désolation.; comme si durant cette période de l’histoire de l’église le pouvoir destructeur s’était rebellé contre toute restriction qui autrefois lui était imposée.

Du point de vue religieux, le monde a présenté ces deux puissantes phases d’opposition à l’oeuvre du Seigneur sur la terre. Bien que trois gouvernements terrestres soient introduits dans la prophétie comme oppresseurs de l’église, ils sont placés ici sous deux têtes: «le continu» et la «transgression de la désolation».La Médo-Perse était païenne; la Grèce était païenne; Rome dans sa première phase était païenne. Tous sont englobés dans le «continu». Puis vient la forme papale, la «transgression de la désolation», une merveille d’astuce et l’incarnation de la cruauté. Il n’est pas étonnant que de siècle en siècle, la clameur des martyrs tourmentés se soit élevée: «Jusques à quand, Seigneur, jusques à quand?» Il n’est pas étonnant que le Seigneur, afin que l’espérance ne s’évanouisse pas complètement du coeur de son peuple opprimé, lui ait montré les événements futurs de l’histoire du monde. Toutes ces puissances persécutrices souffriront une destruction complète et éternelle. Des gloires impérissables attendent les rachetés après les souffrances et les malheurs de la vie actuelle.

L’oeil du Seigneur observe son peuple. La fournaise ne sera pas chauffée plus que ce qu’il est nécessaire pour consumer les scories. C’est par beaucoup de tribulations que nous devons entrer dans le royaume. Le mot «tribulation» vient de tribulum, le traîneau qui sert au battage ou dépiquage du blé. Nous devons recevoir coup après coup jusqu’à ce que tout le blé soit séparé de la balle, et que nous soyons prêts pour le grenier céleste. Mais aucun grain ne sera perdu.

Le Seigneur dit à son peuple: «Vous êtes la lumière du monde», «le sel de la terre». Il n’y a sur la terre aucune chose de valeur ou d’importance. De là la question: «Pendant combien de temps s’accomplira la vision sur le sacrifice perpétuel et sur le péché dévastateur?»… Au sujet de quoi? –La gloire des royaumes terrestres? L’habilité des guerriers de renom? Au sujet de puissants conquérants? Au sujet de la grandeur des empires humains? Non; mais bien au sujet du sanctuaire et de l’armée, du peuple et du culte du Très-Haut. Jusqu’à quand seront-ils piétinés? C’est ce qui éveille l’intérêt et la sympathie du ciel. Celui qui touche le peuple de Dieu ne touche pas de simples mortels, faibles et impuissants, mais l’Omnipotent. Il ouvre un compte qui doit être soldé au jugement céleste. Bientôt, tous ces comptes seront fermés et le talon de fer de l’oppression sera détruit. Un peuple préparé sera sorti de la fournaise de l’affliction pour resplendir pour toujours comme les étoiles. Chaque enfant de Dieu est l’objet de l’intérêt des êtres célestes, c’est une personne que Dieu aime et pour laquelle il est en train de préparer une couronne d’immortalité.

Dans ce chapitre, il n’y a pas d’information sur les 2300 jours introduits pour la première fois au verset 14. Aussi, il est nécessaire de mettre de côté cette période, pour le moment. Mais le lecteur peut avoir la sécurité que nous n’avons pas été laissés dans l’incertitude au sujet de ces jours. La référence les concernant fait partie d’une révélation qui a été donnée pour instruire le peuple de Dieu, et elle doit être comprise. Les 2300 jours sont mentionnés au milieu de la prophétie que l’ange Gabriel devait faire comprendre à Daniel. Et Gabriel accomplit ces instructions, comme nous le verrons dans le chapitre suivant.

Qu’est-ce que le sanctuaire?--Il y a un autre thème tout aussi important que les 2300 jours qu’il nous faut prendre en considération maintenant: le sanctuaire. Il est en relation avec sa purification. Un examen de ce sujet révèle l’importance d’avoir une bonne compréhension du début et de la fin des 2300 jours, pour savoir quand se réalisera le grand événement appelé «purification du sanctuaire».Tous les habitants de la terre ont un intérêt personnel dans cette oeuvre solennelle, comme nous le verrons à propos.

De nombreux points de vue ont été émis sur ce qu’est le sanctuaire. Certains pensent que c’est la terre; d’autres, le pays de Canaan; d’autres encore que c’est l’église; et finalement il y en a qui croient qu’il s’agit du sanctuaire céleste, le «véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme», lequel est «dans les cieux», et dont le tabernacle juif était un type, un modèle ou figure (Hébreux 8:1, 2; 9:23, 24). Il faut décider, au moyen des Ecritures, laquelle de ces options est correcte. Heureusement, son témoignage n’est ni rare ni ambigu.

Ce ne peut pas être la terre.--Le mot «sanctuaire» apparaît 144 fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Par les définitions des lexicographes, et par son usage dans la Bible, nous comprenons qu’il est employé pour désigner un lieu saint et sacré, une demeure du Très-Haut. Si la terre est le sanctuaire, elle doit correspondre à cette définition. Mais quelle caractéristique de cette terre correspond à la signification de ce terme? La terre n’est ni un lieu sacré ou saint, ce n’est pas non plus la demeure du Très-Haut. Elle n’a rien qui la distingue des autres mondes, excepté que c’est une planète en rébellion, souillée par le péché, blessée et flétrie par la malédiction de la transgression. De plus, nulle part dans les Ecritures elle n'est appelée sanctuaire. Seul un texte peut être présenté en faveur de cette opinion, et même ainsi, il doit s’appliquer d’une façon déraisonnable: «La gloire du Liban viendra chez toi, le cyprès, l’orme et le buis, tous ensemble, pour orner le lieu de mon sanctuaire, et je glorifierai la place où reposent mes pieds.» Ce langage se réfère indubitablement à la nouvelle terre; mais même celle-ci n’est pas appelée le sanctuaire, mais seulement «le lieu» du sanctuaire, comme elle est aussi appelée «la place» où reposent les pieds de Jéhovah. C’est une expression qui dénote probablement la présence continue de Dieu parmi son peuple, selon ce qui fut révélé à Jean quand il dit: «Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.» (Apocalypse 21:3). Aussi, tout ce que nous pouvons dire de la terre est que lorsqu’elle sera restaurée, elle sera le lieu où le sanctuaire de Dieu sera situé. Elle ne peut pas être appelée sanctuaire actuellement, et elle ne peut être non plus le sanctuaire de la prophétie de Daniel.

Ce ne peut pas être la terre de Canaan.--Quant à «Canaan», elle n’a pas plus droit à cette distinction que la terre entière. Lorsque nous demandons à quel endroit de la Bible, Canaan est appelée «sanctuaire», quelques personnes nous présentent certains textes qui leur paraissent fournir le témoignage recherché. Le premier de ces texte est Exode 15:17: «Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Eternel! Au sanctuaire, Seigneur! que tes mains ont fondé.» Ici, Moïse parle par anticipation. Son langage est une prédiction de ce que Dieu fera pour son peuple. Voyons comment elle s’accomplit.

Dirigeons-nous vers David qui relate, comme un sujet historique, ce que Moïse exprima dans une prophétie. (Psaumes 78:53, 54). Le thème du psalmiste est la libération d’Israël de l’esclavage d’Egypte, et son établissement dans la terre promise. Il nous dit: «Il les dirigea sûrement, pour qu’ils fussent sans crainte, et la mer couvrit leurs ennemis. Il les amena vers sa frontière sainte, vers cette montagne que sa droite a acquise.» La montagne mentionnée ici par David est la même que «la montagne de ton héritage» , dont parle Moïse, et où Dieu devait établir son peuple. Cette montagne, David ne l’appelle pas sanctuaire mais seulement «frontière» du sanctuaire. Alors, qu’était le sanctuaire? Le verset 69 du même Psaume nous en informe: «Il bâtit son sanctuaire comme les lieux élevés, comme la terre qu’il a fondée pour toujours.» La même distinction entre le sanctuaire et la terre est tracée dans la prière du bon roi Josaphat: «N’est-ce pas toi, ô notre Dieu, qui a chassé les habitants de ce pays devant ton peuple d’Israël, qui l’as donné pour toujours à la postérité d’Abraham qui t’aimait? Il l’ont habité, et ils t’y ont bâti un sanctuaire pour ton nom.» (2 Chroniques 20:7, 8).

Pris isolément, le passage d’Exode 15:17, a été utilisé par quelques-uns pour conclure que la montagne était le sanctuaire; mais quand nous le comparons avec le récit que fait David sur la façon dont la prédiction de Moïse s’est accomplie, on ne peut soutenir cette idée. David dit clairement que la montagne était simplement «la frontière» de son sanctuaire, et qu’à cette frontière, ou pays, le sanctuaire fut édifié comme une éminence ou haute fortification, laquelle était une référence au magnifique temple des Juifs, centre et symbole de tout leur culte. Mais celui qui lit avec soin Exode 15:17, verra qu’il n’était même pas nécessaire de conclure que Moïse voulait désigner par «sanctuaire» la montagne de l’héritage, et encore moins toute la terre de Palestine. En faisant usage de la liberté poétique, il utilise des expressions elliptiques, et passe rapidement d’une idée ou d’un objet à un autre. D’abord, l’héritage attire son attention, et il parle de lui; ensuite il passe au fait que le Seigneur y a sa demeure, et pour finir, il évoque le lieu où Il avait prévu de demeurer, à savoir le sanctuaire qu’Il leur ferait édifier. David associa aussi le Mont Sion et Juda dans le Psaume 78: 68, parce que Sion était en Juda.

Ces trois versets: Exode 15:17, Psaume 78:54, 69, sont ceux généralement utilisés pour prouver que la terre de Canaan est le sanctuaire. Mais il est assez singulier que les deux derniers, avec un langage clair, écarte l’ambiguïté du premier, et donc réfute la déclaration basée sur lui.

Nous offrirons une pensée supplémentaire au sujet de la terre ou du pays de Canaan en tant que sanctuaire. Dans le cas ou l’un de ces deux constitue le sanctuaire, il ne devrait pas seulement être décrit comme tel quelque part, mais la même idée devrait continuer à être exprimée jusqu’à la fin, et la purification de la terre ou de la Palestine devrait être appelée la purification du sanctuaire. La terre est réellement contaminée et doit être purifiée par le feu; mais le feu, comme nous le verrons, n’est pas l’agent purificateur utilisé dans la purification du sanctuaire. Cette purification de la terre, ou de l’une de ses régions, n’est appelé nulle part purification du sanctuaire.

Ce ne peut pas être l’église.--L’unique texte cité pour appuyer l’idée que l’église est le sanctuaire du Seigneur est le Psaume 114:1, 2: «Quand Israël sortit d’Egypte, quand la maison de Jacob s’éloigna d’un peuple barbare, Juda devint son sanctuaire, Israël fut son domaine.» Si nous prenons ce texte dans son sens le plus littéral, il prouverait que le sanctuaire se limitait à l’une des douze tribus. Ceci voudrait dire qu’une partie seulement et pas toute l’église constitue le sanctuaire. La raison pour laquelle Juda est appelé le sanctuaire dans le passage cité ne doit pas nous laisser perplexes si nous nous rappelons que Dieu choisit Jérusalem, qui était en Juda, comme lieu de son sanctuaire. «Il préféra la tribu de Juda, la montagne de Sion qu’il aimait. Et il bâtit son sanctuaire comme les lieux élevés, comme la terre qu’il a fondée pour toujours.» (Psaume 78: 68, 69). Ceci démontre clairement la relation qui existait entre Juda et le sanctuaire. Cette tribu en elle-même n’était pas le sanctuaire, mais on l’appelait ainsi autrefois, lorsqu’on évoquait le moment où Israël sortit d’Egypte, parce Dieu voulait que le sanctuaire soit situé au milieu de son territoire.

Même s’il avait été possible de démontrer quelque part que l’église était appelée sanctuaire, cela n’aurait aucune importance pour notre but actuel, qui consiste à déterminer ce qu’est le sanctuaire de Daniel 8:13, 14; parce qu’ici il nous est parlé d’une église bien distincte: le sanctuaire et l’armée seront foulés. Personne ne contestera que l’expression «armée» représente le peuple de Dieu, c’est-à-dire l’église. Donc, le sanctuaire est quelque chose de différent de l’église.

Le sanctuaire est le temple céleste.--Maintenant, il ne reste plus qu’une théorie à examiner, à savoir, que le sanctuaire mentionné dans le texte est identique à celui d’Hébreux 8:1, 2, qui est appelé le «véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme», auquel on donne expressément le nom de «sanctuaire», et qui est situé «dans les cieux». Dans le passé, il y eut un modèle, un type ou figure de ce sanctuaire, d’abord celui construit par Moïse, et plus tard le temple de Jérusalem.

Mettons-nous à la place de Daniel, et considérons le sujet de son point de vue. Que comprit-il par «sanctuaire»? En entendant mentionner ce mot, son attention dut se diriger inévitablement vers le sanctuaire de son peuple; et il savait certainement où il se trouvait. Son attention dut se diriger vers Jérusalem, la ville de ses pères, qui était en ruines, à la «maison sainte et glorieuse», qui selon Esaïe avait été «la proie des flammes» (Esaïe 64: 10). En conséquence, la face tournée vers le lieu où autrefois il y avait le temple vénéré, selon son habitude, Daniel pria Dieu de faire resplendir sa face sur son sanctuaire, qui était alors dévasté. Par «sanctuaire», il comprenait évidemment le temple de Jérusalem.

Au sujet de ce point, les Ecritures donne un témoignage très explicite: «La première alliance avait aussi des ordonnances relatives au culte, et le sanctuaire terrestre.» (Hébreux 9:1). Qu’était le sanctuaire du premier pacte? La réponse suit: «Un tabernacle fut, en effet, construit. Dans la partie antérieure, appelée le lieu saint, étaient le chandelier, la table, et les pains de proposition. Derrière le second voile se trouvait la partie du tabernacle appelée le saint des saints, renfermant l’autel d’or pour les parfums, et l’arche de l’alliance, entièrement recouverte d’or. Il y avait dans l’arche un vase d’or contenant la manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les tables de l’alliance. Au-dessus de l’arche étaient les chérubins de la gloire, couvrant de leur ombre le propitiatoire. Ce n’est pas le moment de parler en détail là-dessus.» (Hébreux 9:2-5).

Il est impossible de se tromper au sujet de ce qui est décrit ici. Il s’agit du tabernacle érigé par Moïse sous la direction du Seigneur (qui fut remplacé plus tard par le temple de Jérusalem), avec un lieu saint et un lieu très saint, et divers articles servant au culte. Une description complète de cet édifice, des objets et des meubles sacrés et de leurs usages, se trouve dans Exode 25 et les chapitres suivants. Si le lecteur n’est pas familiarisé avec ce thème, nous lui conseillons de lire la description de cette construction. C’était vraiment le sanctuaire du premier pacte, et nous devons lire avec soin sa description pour noter la valeur logique de cette déclaration. En nous disant ce qui constituait le sanctuaire, le livre des Hébreux oriente correctement notre investigation. Il nous donne une base sur laquelle travailler. Nous avons devant nous un objet distinct et clairement défini, minutieusement décrit par Moïse, appelé en Hébreu, le sanctuaire du premier pacte, lequel fut en vigueur jusqu’à l’époque du Christ.

Le langage de l’épître aux Hébreux a une signification encore plus grande. Il réduit à néant les théories selon lesquelles la terre, le pays de Canaan ou l’église peuvent être le sanctuaire. Les arguments qui pourraient prouver que l’un d’eux était le sanctuaire à un certain moment, démontreraient que ceci eut lieu sous l’Ancien Israël. Si Canaan fut à un certain moment le sanctuaire, elle le fut à une époque où Israël était établi dans ce pays. Si l’église fut une fois le sanctuaire, elle le fut quand Israël sortit d’Egypte. Si la terre fut à un certain moment le sanctuaire, elle le fut pendant la même période. Mais, si le sanctuaire fut l’une de ces choses, le fut-il durant la même époque? La réponse doit –être négative, parce que les auteurs des livres de l’Exode et des Hébreux nous disent avec des détails que ce n’est pas la terre, ni la Canaan, ni l’église, mais le tabernacle construit par Moïse (remplacé plus tard par le temple) qui constituait le sanctuaire au temps de l’Ancien Testament.

Le sanctuaire terrestre.--Cette structure répond dans tous ses détails à la définition du terme, et à l’usage auquel le sanctuaire était destiné. C’était la demeure terrestre de Dieu. «Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux.» (Exode 25: 8). Dans ce tabernacle qu’ils construisirent sous ses instructions, Dieu manifestait sa présence. Le sanctuaire était saint ou sacré. (Lévitique 16: 33) Dans la Parole de Dieu, il est souvent appelé: le sanctuaire. Dans les plus de 130 fois où ce mot est utilisé dans l’Ancien Testament, il se réfère dans presque tous les cas à cette structure.

Au début, le tabernacle fut construit de façon à pouvoir s’adapter aux conditions de vie des enfants d’Israël de cette époque. Ils commençaient leurs pérégrinations de quarante ans à travers le désert lorsque cette structure s’éleva au milieu d’eux pour servir de demeure à Dieu et de centre de son culte d’adoration. Ils devaient voyager et le tabernacle devait être transporté d’un lieu à un autre. Ceci était possible parce que les côtés se composaient de planches placées verticalement, et le toit était formé de rideaux de lin et de peaux teintes. Aussi, leur était-il facile de le démonter, le transporter et le remonter à chaque étape successive du voyage. Depuis qu’Israël entra dans la terre promise, cette structure provisoire fut remplacée avec le temps par le magnifique temple de Salomon. Le sanctuaire subsista sous cette forme plus permanente, excepté durant l’époque où il fut en ruines au temps de Daniel, jusqu’à sa destruction finale par les Romains en l’an 70 de notre ère.

C’est le seul sanctuaire en relation avec la terre au sujet duquel la Bible nous ait donné quelques instructions et où l’histoire ait enregistré des détails. Mais n’y en a-t-il pas un autre ailleurs ? C’était le sanctuaire du premier pacte, et il disparut avec ce pacte. N’y a-t-il pas un sanctuaire qui appartient au second ou au nouveau pacte? Il doit y en avoir un; dans le cas contraire il manquerait une analogie entre ces deux pactes. Dans ce cas, le premier pacte aurait un système de culte, bien que minutieusement décrit, qui serait inintelligible, et le second pacte aurait un système de culte confus et obscur. L’auteur de l’épître aux Hébreux affirme virtuellement que la nouvelle alliance, -qui était en vigueur depuis la mort de Christ, son testateur-, a un sanctuaire; parce que quand il met en contraste les deux pactes, comme il le fait dans Hébreux 9:1, il dit que: «La première alliance avait aussi des ordonnances relatives au culte, et le sanctuaire terrestre.» Ceci équivaut à dire que la nouvelle alliance avait aussi ses services et son sanctuaire. De plus, au verset 8 de ce chapitre, il parle du sanctuaire terrestre comme du premier tabernacle. S’il était le premier, il doit y en avoir un second; et comme le premier tabernacle exista pendant que le premier pacte était en vigueur, lorsque ce pacte arriva à sa fin, le second tabernacle devait avoir remplacé le premier, et être le sanctuaire du nouveau pacte. Cette conclusion est inéluctable.

Le sanctuaire céleste.--Où chercher alors le sanctuaire de la nouvelle alliance? L’emploi de «aussi» dans Hébreux 9: 1 indique qu’il en a déjà été question avant. Retournons au début du chapitre antérieur, et nous y trouverons un résumé des arguments précédents dans ce qui suit: «Le point capital de ce qui vient d’être dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.» Pouvons-nous encore douter d’avoir dans ce texte le sanctuaire de la nouvelle alliance? Ici, il est fait nettement allusion au sanctuaire de la première alliance; celui-ci fut construit par l’homme, c’est-à-dire, érigé par Moïse; mais l’autre fut élevé par le Seigneur, et non par un homme. Le premier était le lieu où les prêtres terrestres exerçaient leur ministère; le second est le lieu où Christ, le Souverain Sacrificateur du nouveau pacte, exerce son ministère. Le premier était sur la terre; le second est au ciel. Le premier était appelé à juste titre le «sanctuaire terrestre»; l’autre le «céleste».

Cette opinion est encore mieux confirmée par le fait que le sanctuaire édifié par Moïse n’était pas une structure initiale, mais il fut construit d’après un modèle. Le grand sanctuaire initial existait quelque part, et ce que Moïse construisit ne fut qu’un type ou copie. Notez les indications que le Seigneur donna à ce sujet: «Vous ferez le tabernacle et tous ses ustensiles d’après le modèle que je vais te montrer.» (Exode 25: 9). «Regarde, et fais d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne.» (vers. 40). (Pour éclairer davantage ce point, voir Exode 26:30; 27:8; Actes 7:44).

Maintenant, de quoi le sanctuaire terrestre était-il le type ou la figure? Tout simplement du sanctuaire de la nouvelle alliance, le «véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme». La relation entre le premier pacte et le second est celle que le type a avec l’antitype. Ses sacrifices étaient les types du grand Sacrifice du nouveau pacte. Ses prêtres étaient les figures de notre Seigneur dans son sacerdoce parfait. Leur ministère s’accomplit comme exemple et ombre du ministère de notre Souverain Sacrificateur dans le ciel. Le sanctuaire où ils servaient était un type ou figure du véritable qui était dans les cieux, où notre Seigneur Jésus exerce son ministère.

Tous ces faits sont clairement présentés dans l’épître aux Hébreux. «S’il était sur la terre, il ne serait même pas sacrificateur, puisque là sont ceux qui présentent les offrandes selon la loi (lesquels célèbrent un culte, image et ombre des choses célestes, selon que Moïse en fut divinement averti lorsqu’il allait construire le tabernacle: Aie soin, lui fut-il dit, de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne).» (Hébreux 8:4,5). Ce témoignage montre que le ministère des prêtres terrestres était une ombre du sacerdoce de Christ. Ceci est mis en évidence par les indications que Dieu donna à Moïse pour faire le tabernacle selon le modèle montré à Moïse. C’est le sanctuaire, ou véritable tabernacle, qui est au ciel, où notre Seigneur officie, selon Hébreux 8:2.

De plus, les Ecritures nous disent: «Le Saint-Esprit montrait par là que le chemin des lieux saints n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait. C’est une figure pour le temps actuel.» (Hébreux 9:8, 9). Tant que le premier tabernacle subsista, et que le premier pacte fut en vigueur, il n’y eut certainement pas de ministère dans le tabernacle plus parfait. Mais lorsque Christ vint, Souverain Sacrificateur des biens à venir, lorsque le service du premier tabernacle prit fin, et que cessa la première alliance, alors Christ, élevé au trône de la majesté dans les cieux, comme ministre du vrai sanctuaire, il entra avec son propre sang (Hébreux 9:12) «dans le lieu saint», c’est-à-dire dans le sanctuaire céleste.

Donc, le premier tabernacle était une figure du temps présent d’alors. Si un témoignage supplémentaire est nécessaire, l’auteur de l’épître aux Hébreux parle au verset 23 du tabernacle terrestre, avec ses appartements et ses ustensiles, comme «image» des choses qui sont dans le ciel; et dans le verset 24, il parle des lieux saints faits de main d’homme, c’est-à-dire le tabernacle terrestre et les temples de l’ancien Israël, «images» du véritable, c’est-à-dire du tabernacle céleste.

Cette opinion est corroborée par le témoignage de Jean. Parmi les choses qu'il lui fut permis de contempler dans le ciel, il y avait sept lampes ardentes qui brûlaient devant le trône (Apocalypse 4:5), un autel des parfums, un encensoir d’or (Apocalypse 8:3) et l’arche du témoignage de Dieu (Apocalypse 11:19). Il vit tout cela en relation avec un «temple» qui était dans le ciel (Apocalypse 11:19; 15:18). Tout lecteur de la Bible reconnaîtra immédiatement ces objets comme étant des ustensiles du sanctuaire. Ils devaient leur existence au sanctuaire, ils se limitaient à lui, et devaient être employés pour son sacerdoce. Comme ils n’auraient pas existé sans le sanctuaire, nous pouvons en déduire que partout où nous les rencontrons, là est le sanctuaire. Le fait que Jean voit ces objets dans le ciel après l’ascension de Christ, nous prouve qu’il y a un sanctuaire dans le ciel; et il lui fut permis de le contempler.

Bien qu’une personne puisse être réticente à reconnaître l’existence d’un sanctuaire dans le ciel, les preuves présentées ne permettent aucun doute. La Bible dit que le tabernacle de Moïse était le sanctuaire du premier pacte. Moïse dit que Dieu lui montra un modèle sur la montagne, en accord avec lequel il devait construire ce tabernacle. Le livre des Hébreux atteste à nouveau que Moïse le fit en accord avec le modèle, et que le modèle était le vrai tabernacle qui était au ciel, et que le Seigneur édifia, et non un homme; que le tabernacle érigé par les mains humaines étaient la vraie figure ou représentation de ce sanctuaire céleste. Pour finir, pour corroborer la déclaration des Ecritures que ce sanctuaire est dans le ciel, Jean parle en tant que témoin oculaire, et dit qu’il le vit là. De quel autre témoin avons-nous besoin?

Pour ce qui se réfère à ce que constitue le sanctuaire, nous avons maintenant devant nous un ensemble harmonieux. Le sanctuaire de la Bible, notons-le bien, est constitué, premièrement, du tabernacle typique établi par les Hébreux depuis leur sortie d’Egypte, et qui était le sanctuaire de la première alliance. Deuxièmement, il comprend aussi le vrai tabernacle céleste, duquel le premier était un type ou figure et, il est le sanctuaire du nouveau pacte. Ils sont en relation étroite comme type et antytipe. Ainsi, nous voyons comment un service du sanctuaire fut prévu depuis l’Exode jusqu’à la fin du temps de grâce.

Nous avons dit que Daniel allait comprendre immédiatement par «sanctuaire» qu’il s’agissait du temple de son peuple à Jérusalem; et n’importe qui l’aurait comprit de cette façon tant que ce temple existait. Mais, la déclaration de Daniel 8:14 se réfère-t-elle à ce sanctuaire? Cela dépend du moment auquel elle s’applique. Toutes les déclarations relatives au sanctuaire qui avaient leur application aux temps de l’Ancien Israël, se réfèrent donc au sanctuaire de cette époque. Toutes les déclarations qui ont leur application pendant l’ère chrétienne, doivent se rapporter au sanctuaire de cette ère là. Si les 2300 jours, au terme desquels le sanctuaire doit être purifié, se terminent avant la première venue de Christ, le sanctuaire qui doit être purifié est celui de cette période. S’ils s’étendent pendant l’ère chrétienne, le sanctuaire auquel il est fait allusion est celui du moment, le sanctuaire du nouveau pacte qui est au ciel. C’est un détail qui peut être déterminé uniquement par une étude plus approfondie des 2300 jours. Cette étude se trouvera dans les observations sur Daniel 9:24, où le sujet du temps est résumé et expliqué.

La purification du sanctuaire.--Ce que nous avons dit jusque là au sujet de la purification du sanctuaire n’a été qu’accessoire à la question principale traitée dans la prophétie. Cette question se réfère à sa purification. «Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié.» Mais il était d’abord nécessaire de déterminer ce qu’était le sanctuaire, avant de pouvoir examiner d’une façon claire ce qui a trait à sa purification, ce que nous sommes maintenant en mesure de faire.

Sachant ce qu’est le sanctuaire, la question de sa purification et sa réalisation est vite résolue. Il faut remarquer que le sanctuaire de la Bible doit avoir un service appelé purification. Il y a un tel service en relation avec l’institution que nous avons signalée comme étant le sanctuaire, et en référence aussi bien à l’édifice terrestre qu’au temple céleste, ce service est appelé la purification du sanctuaire.

Le lecteur s’oppose-t-il à l’idée qu’il y ait dans le ciel quelque chose qui nécessite une purification? Le livre des Hébreux confirme la purification tant du sanctuaire céleste que du terrestre: «Et presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. Il est donc nécessaire, puisque les images des choses qui sont dans les cieux devaient être purifiées [en grec: lavées] de cette manière, que les choses célestes elles-mêmes le fussent [purifiées] par des sacrifices plus excellents que ceux-là.» (Hébreux 9:22, 23). Si nous prenons en compte les arguments qui précèdent, nous pouvons paraphraser de la sorte: «Aussi, il fut nécessaire que le tabernacle érigé par Moïse, avec ses vases sacrés, qui étaient la figure du vrai sanctuaire dans les cieux, fût purifié avec le sang des veaux et des boucs; mais les choses célestes, le sanctuaire de l’ère chrétienne, le vrai tabernacle, que le Seigneur édifia et non un homme, doit être purifié avec des sacrifices meilleurs, à savoir le sang de Christ.» Demandons-nous maintenant: quelle est la nature de cette purification, et comment se réalise-t-elle? En accord avec le langage que nous venons de citer, elle se fait par le sang. La purification n’est donc pas un nettoyage de l’impureté physique, parce que le sang n’est pas l’agent utilisé pour un tel travail. Cette considération devrait satisfaire l’opposant quant à la purification des choses célestes. Le fait que les choses célestes doivent être purifiées, ne prouve pas qu’il y ait une impureté physique dans le ciel, parce que ce n’est pas la sorte de purification à laquelle se réfèrent les Ecritures. La raison pour laquelle cette purification se réalise avec du sang, est que sans effusion de sang il n’y a pas de rémission ni de pardon des péchés.

La purification des péchés.--L’oeuvre qui doit être accomplie consiste en la rémission des péchés et leur élimination. La purification n’est donc pas une purification physique, mais la purification des péchés. Mais comment le péché est-il en relation avec le sanctuaire, que ce soit le terrestre ou le céleste, pour qu’il soit nécessaire de le purifier? L’interrogation trouve sa réponse dans le service relatif au type ou figure, vers lequel nous nous dirigeons maintenant.

Les derniers chapitres de l’Exode nous relatent la construction du sanctuaire terrestre et l’organisation de son service. Le livre du Lévitique débute par une explication du ministère qui devait y être réalisé. Tout ce que nous voulons noter ici, est un détail particulier du service. La personne qui avait commis un péché apportait son offrande, un animal vivant, à la porte du tabernacle. Il plaçait sa main sur la tête de cette victime pendant un moment et selon ce que nous pouvons en déduire raisonnablement, il confessait ses péchés sur elle. Par cet acte expressif il indiquait qu’il avait péché, et qu’il méritait la mort, mais qu’à sa place il consacrait sa victime, et transférait sa culpabilité sur elle. De sa propre main (et quelle devait être son émotion!) il ôtait la vie à l’animal. La loi exigeait la vie du transgresseur pour sa désobéissance. La vie était dans le sang. C’est pourquoi, sans effusion de sang il n’y a pas de rémission des péchés. Mais avec l’effusion du sang, la rémission est possible, parce que la loi qui exige une vie est satisfaite. Le sang de la victime, qui représentait la vie perdue, était le véhicule de sa culpabilité, et le prêtre le prenait pour le présenter au Seigneur.

Par sa confession, par la mort de la victime, et par le ministère du sacrificateur, le péché était transféré de la personne pécheresse au sanctuaire. Le peuple offrait ainsi victime après victime. Jour après jour cette oeuvre était accomplie, et le sanctuaire recevait les péchés de la congrégation. Mais ce n’était pas la destination finale de ces péchés. La culpabilité accumulée devait être éliminée par un autre service spécial destiné à purifier le sanctuaire. Ce service, dans le type, occupait un jour par an, le dixième du septième mois, et s’appelait le jour des expiations. Ce jour-là, durant lequel tout Israël cessait de travailler et affligeait son âme, le sacrificateur apportait deux boucs, et les présentait devant Jéhova à la porte du tabernacle. Il tirait au sort ces deux boucs, un pour Jéhova, et l’autre pour Azazel, ou bouc émissaire. Le bouc destiné à Jéhova était tué, et le souverain sacrificateur apportait son sang dans le lieu très saint du sanctuaire, et l’aspergeait sur le propitiatoire. C’était le seul jour durant lequel le souverain sacrificateur était autorisé à entrer dans cet appartement. En sortant, il devait poser «ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessait sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché; il les mettra sur la tête du bouc» (voir Lévitique 16:21). Ensuite, il devait envoyer le bouc, accompagné d’un homme, dans une terre désertique, un territoire séparé ou oublié, car le bouc ne devait jamais réapparaître dans le campement d’Israël, et les péchés du peuple devaient être oubliés.

Ce service avait pour but de purifier le peuple de ses péchés, et aussi purifier le sanctuaire, ses meubles et ses vases sacrés des péchés du peuple (Lévitique 16:16, 30, 33). Par ce processus, le péché était complètement éliminé. Bien sûr, ceci avait lieu seulement comme illustration, parce que tout était symbolique.

Le lecteur pour qui ces explications sont nouvelles se sentira peut-être poussé à demander avec un certain étonnement: Que peut représenter cette oeuvre étrange? Nous répondons: Une oeuvre similaire au ministère de Christ, selon ce que nous enseignent clairement les Ecritures. Après avoir déclaré dans Hébreux 8:2 que Christ est ministre du vrai tabernacle, le sanctuaire céleste, le verset 5 explique que les prêtres terrestres qui servaient étaient une «image et ombre des choses célestes». En d’autres termes, l’oeuvre des prêtres terrestres était l’ombre ou la figure du ministère de Christ dans les cieux.

Le ministère: le modèle et la réalité.--Ces sacrificateurs typiques servaient dans les deux appartements du tabernacle terrestre, et Christ officiait dans les deux parties du temple céleste. Ce temple dans le ciel avait deux parties, dans le cas contraire il aurait été incorrectement représenté par le sanctuaire terrestre. Notre Seigneur officie dans les deux appartements, ou alors le service du sacerdoce terrestre n’était pas l’ombre correcte de son oeuvre. Dans Hébreux 9:21-24, il nous est clairement indiqué que tant le tabernacle que tous les vases utilisés dans le ministère étaient des «images des choses célestes». Donc, le service effectué par Christ dans le temple céleste correspond à celui qui était effectué par les prêtres dans les deux appartements de l’édifice terrestre. Mais l’oeuvre qui est accomplie dans le second appartement, ou lieu très saint, était une oeuvre spéciale destinée à clôturer le cycle annuel des services et à purifier le sanctuaire. Il s’ensuit que le ministère de Christ dans le second appartement du sanctuaire céleste doit être une oeuvre de même nature, et constitue la fin de son oeuvre en tant que grand Souverain Sacrificateur, et la purification de ce sanctuaire.

De la même manière que les anciens sacrifices typiques pour les péchés du peuple étaient transférés en figure par les prêtres au sanctuaire terrestre, où servaient ces prêtres, ainsi depuis que Christ monta au ciel pour être notre intercesseur en présence de son Père, les péchés de tous ceux qui cherchent sincèrement le pardon par son intermédiaire, sont en fait transférés au sanctuaire céleste, où il officie. Nous n’avons pas besoin de nous arrêter pour nous interroger si Christ officie pour nous dans les lieux saints célestes avec son sang (littéral), ou seulement en vertu de ses mérites. Il suffit de dire que son sang a été versé, et que par ce sang on obtient de fait la rémission des péchés, qui s’obtenait seulement en figure par le sang des veaux et des boucs dans le ministère antérieur. Mais ces sacrifices typiques avaient une vertu réelle à cet égard parce qu’ils montraient la foi en un sacrifice réel à venir. Ainsi, ceux qui y avaient recours avaient le même intérêt pour l’oeuvre de Christ que ceux qui à notre époque viennent à Lui par la foi dans les ordonnances de l’Evangile.

Le transfert continu des péchés au sanctuaire céleste rend sa purification nécessaire, tout comme une oeuvre similaire était nécessaire dans le sanctuaire terrestre. Il faut noter ici une distinction importante entre les deux ministères. Dans le tabernacle terrestre, on réalisait une série complète de services chaque année. Chaque jour de l’année, excepté un seul, le ministère était accompli dans le premier appartement. Un jour de service dans le lieu très saint complétait le service annuel. L’oeuvre recommençait alors dans le lieu saint, et continuait jusqu’à ce que le jour des expiations suivant complète l’oeuvre annuelle. Et il en était ainsi, année après année. Une succession de prêtres exécutaient cette série de services dans le sanctuaire terrestre. Mais notre Sauveur Divin vit «pour intercéder» pour nous (Hébreux 7:25). Cependant l’oeuvre du sanctuaire céleste, au lieu d’être une oeuvre annuelle, se réalise une fois pour toutes. Au lieu de se répéter année après année, elle forme un seul cycle grandiose, lequel est accompli et terminé pour toujours.

La série annuelle des services du sanctuaire terrestre représentait toute l’oeuvre du sanctuaire céleste. Dans le type, la purification du sanctuaire était l’oeuvre brève et finale du service annuel. Dans l’antitype, la purification du sanctuaire doit être l’oeuvre finale de Christ, notre grand Souverain Sacrificateur, dans le tabernacle céleste. Dans la figure, pour purifier le sanctuaire, le souverain sacrificateur entrait dans le lieu très saint pour officier en présence de Dieu devant l’arche de Son témoignage. Dans l’antitype, lorsque le moment de la purification du vrai sanctuaire arriva, notre Souverain Sacrificateur entra aussi dans le lieu très saint une fois pour toute pour entreprendre la phase finale de son oeuvre d’intercession en faveur de l’humanité.

Lecteur, comprends-tu maintenant l’importance de ce thème? Commences-tu à comprendre que le sanctuaire de Dieu est de grande importance pour le mondeentier? Vois-tu que tout le plan du salut se concentre sur lui, et que lorsque cette oeuvre sera terminée, le temps de grâce sera achevé, et les cas de ceux qui sont sauvés ou perdus seront décidés? Vois-tu que la purification du sanctuaire est une activité brève et spéciale qui clôture pour toujours le grand plan du salut? Comprends-tu que si on peut vérifier quand commence la purification, nous saurons quand la dernière phase impressionnante du salut sera venue, quand la plus solennelle proclamation de la parole prophétique, sera arrivée et devra être proclamée au monde: «Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue»? (Apocalypse 14:7). C’est exactement ce que la prophétie est appelée à démontrer; c’est-à-dire, faire connaître le commencement de cette oeuvre monumentale. «Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié». Le sanctuaire céleste est le lieu où le verdict de tous est prononcé. Le progrès de l’oeuvre qui est réalisée là doit préoccuper l’humanité d’une façon spéciale. Si les gens comprenaient l’importance de ces sujets et l’influence qu’ils exercent sur leurs intérêts éternels, ils les étudieraient avec la plus grande attention et avec prière.

VERS. 15, 16: «15 Tandis que moi, Daniel, j’avais cette vision et que je cherchais à la comprendre, voici, quelqu’un qui avait l’apparence d’un homme se tenait devant moi. 16 Et j’entendis la voix d’un homme au milieu de l’Ulaï; il cria et dit: Gabriel, explique-lui la vision.»

Entrons maintenant dans l’interprétation de la vision. Nous avons déjà mentionné le désir qu’avait Daniel de comprendre ces choses. Il cherchait leur signification. Un être qui avait une apparence humaine se plaça devant le prophète. Daniel entendit la voix d’un homme, c’est-à-dire la voix d’un ange qui parlait comme un homme. L’ordre lui fut donné de faire comprendre la vision à Daniel. Cet ordre fut adressé à Gabriel, dont le nom signifie, «la force de Dieu» ou «homme de Dieu». Nous verrons qu’il continue à donner ses instructions à Daniel au chapitre 9. Des siècles plus tard, ce même ange fut envoyé pour annoncer la naissance de Jean-Baptiste à son père Zacharie et celle du Messie à la vierge Marie (Luc 1:26). Il se présenta à Zacharie par ces mots: «Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu» (Luc 1:19). Nous en déduisons que Gabriel reçu ici un ordre d’un être supérieur à lui, qui avait le pouvoir de lui donner des ordres et de contrôler son travail. Il s’agissait probablement de l’Archange Michel ou Christ.

VERS. 17-19: «17 Il vint alors près du lieu où j’étais; et à son approche, je fus effrayé, et je tombai sur ma face. Il me dit: Sois attentif, fils de l’homme, car la vision concerne un temps qui sera la fin. 18 Comme il me parlait, je restai frappé d’étourdissement, la face contre terre. Il me toucha, et me fit tenir debout à la place où je me trouvais. 19 Puis il me dit: je vais t’apprendre ce qui arrivera au terme de la colère, car il y a un temps marqué pour la fin.»

Si Daniel tomba devant l’ange ce ne fut pas dans le but de l’adorer, parce qu’il nous est interdit d’adorer les anges (Voir Apocalypse 19:10; 22:8, 9). Daniel semble avoir été complètement terrassé par la majesté du messager céleste. Il se prosterna, le visage contre terre. L’ange mit sa main sur lui pour l’encourager (combien de fois les êtres célestes ont dit aux mortels de ne pas avoir peur!), et il le fit se relever.

Après lui avoir fait une déclaration générale que la fin arriverait au temps marqué, et qu’il lui ferait connaîtrece qui «concerne un temps qui sera la fin», l’ange commença l’interprétation de la vision. Il faut comprendre que la «colère» couvre une certaine période. Mais laquelle? Dieu dit à son peuple d’Israël qu’il déverserait sa colère sur lui à cause de sa méchanceté, et il donna au «profane, méchant, prince d’Israël» ces directives: «la tiare sera ôtée, le diadème sera enlevé… J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine. Mais cela n’aura lieu qu’à la venue de celui à qui appartient le jugement et à qui je le remettrai.» (Ezéchiel 21:30-32).

C’est la période de la colère de Dieu contre le peuple de son pacte, la période durant laquelle le sanctuaire et l’armée doivent être foulés. La tiare fut ôtée et le diadème fut enlevé lorsqu’Israël fut assujetti au royaume de Babylone. Il fut renversé par les Mèdes et les Perses, puis par les Grecs, et les Romains, correspondant à la parole répétée trois fois par le prophète. Les Juifs, ayant rejeté Christ, furent bientôt dispersés sur toute la surface de la terre. L’Israël spirituel a pris la place de la postérité littérale; mais il continue d’être assujetti aux puissances terrestres, et il en sera ainsi jusqu’au rétablissement du trône de David, jusqu’à ce que vienne celui qui est son héritier légitime, le Messie, le Prince de paix. Alors, la colère prendra fin. Les événements qui doivent avoir lieu à la fin de cette période vont être communiqués maintenant à Daniel par l’ange.

VERS. 20-22: «20 Le bélier que tu as vu, et qui avait des cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. 21 Le bouc, c’est le roi de Javan. La grande corne entre ses yeux, c’est le premier roi. 22 Les quatre cornes qui se sont élevées pour remplacer cette corne brisée, ce sont quatre royaumes qui s’élèveront de cette nation, mais qui n’auront pas autant de force.»

La vision interprétée.--Comme les disciples le dirent au Seigneur, nous pouvons nous aussi dire à l’ange qui parla à Daniel: «Voici, maintenant tu parles ouvertement, et tu n’emploies aucune parabole». L’explication de la vision est donnée dans un langage clair, pour qu’elle soit comprise. (Voir les commentaires des versets 3-8). La caractéristique qui distinguait l’empire perse: l’union des deux nationalités qui le composait, est représentée par les deux cornes du bélier. La Grèce atteint l’apogée de sa gloire quand elle représenta une unité sous la direction d’Alexandre le Grand, peut-être le général le plus fameux que le monde ait connu. Cette partie de son histoire est représentée par la première phase du bouc, donc la corne unique et remarquable symbolisait Alexandre le Grand. A sa mort, le royaume fut morcelé, mais très vite il se consolida en quatre grandes divisions. Celles-ci sont représentées par la seconde phase du bouc, quand les quatre cornes crûrent à la place de la première qui avait été brisée. Ces divisions n’eurent pas la puissance de la première corne. Aucune d’elles ne posséda la force du royaume originel. En peu de mots, l’écrivain inspiré nous donne une ébauche claire de ces grands événements à propos desquels l’historien a écrit des tomes entiers.

VERS. 23-25: «23 A la fin de leur domination, lorsque les pécheurs seront consumés, il s’élèvera un roi impudent et artificieux. 24 Sa puissance s’accroîtra, mais non par sa propre force; il fera d’incroyables ravages, il réussira dans ses entreprises, il détruira les puissants et le peuple des saints. 25 A cause de sa postérité et du succès de ses ruses, il aura de l’arrogance dans le coeur, il fera périr beaucoup d’hommes qui vivaient paisiblement, et il s’élèvera contre le chef des chefs; mais il sera brisé, sans l’effort d’aucune main.»

Cette puissance succède aux quatre divisions du royaume représenté par le bouc pendant la dernière période de son règne, c’est-à-dire vers la fin de sa carrière. C’est, bien sûr, la même puissance que la petite corne des verset 9 et suivants. Appliquée à Rome, comme nous l’avons présenté dans les observation sur le verset 9, tout devient harmonieux et clair.

Un roi impudent et artificieux.--En prédisant le châtiment que cette puissance infligerait aux Juifs, Moïse l’appelle «nation au visage farouche» (Deutéronome 28: 49, 50). Aucun peuple n’eut une apparence aussi formidable dans ses rangs belliqueux que les Romains.

De l’expression «artificieux» ou «expert en tromperies» (vers. Français courant), Moïse dit dans le passage que nous venons de mentionner, «tu n’entendras point la langue». Ceci ne pouvait pas s’appliquer à la langue des Babyloniens, des Perses ou des Grecs en référence aux Juifs, car le Chaldéen et le Grec étaient couramment parlés en Palestine. Mais ce n’était pas le cas du latin.

Quand les pécheurs seront-ils consumés? On prend toujours en compte la relation qu’il allait y avoir entre le peuple de Dieu et ses oppresseurs. Ce peuple avait été mené en captivité à cause de ses transgressions. Sa persévérance dans le péché lui attirait des châtiments chaque fois plus sévères. A aucun moment, les Juifs en tant que nation ne furent aussi corrompus moralement qu’au moment où ils tombèrent sous la juridiction des Romains.

La Rome papale s’accroît, «mais non par sa propre force».--Le succès des Romains était surtout dû à l’aide de ses alliés, et aux divisions qui existaient entre ses ennemis, et dont ils surent toujours tirer profit. La Rome papale fut aussi puissante grâce aux pouvoirs séculiers sur lesquels elle exerça la suprématie spirituelle.

«Il fera d’incroyables ravages». Le Seigneur dit aux Juifs, par le prophète Ezéchiel, qu’il les livrerait à des hommes «qui ne travaillent qu’à détruire» (Ezéchiel 21:36); et la tuerie de 1.100.000 de Juifs par les armées romaines lors de la destruction de Jérusalem fut une terrible confirmation des paroles du prophète. Rome dans sa seconde phase, la papale, occasionna la mort d’un million de martyrs.

«A cause de sa prospérité et du succès de ses ruses». Rome se distingua plus que toutes les autres puissances par sa politique rusée, avec laquelle elle parvint à dominer les nations. Cette caractéristique se vit dans la Rome païenne et papale. C’est ainsi qu’au moyen de la paix, elle réussit à en détruire beaucoup.

Finalement, dans la personne de l’un de ses gouverneurs, Rome attenta contre le Prince des princes, en dictant une sentence de mort contre Jésus-Christ. «Mais il sera brisé, sans l’effort d’aucune main». C’est un passage parallèle à la prophétie de Daniel 2:34, où la pierre «se détacha sans le secours d’aucune main» et détruit toutes les puissances terrestres.

VERS. 26-27: «26 Et la vision des soirs et des matins, dont il s’agit, est véritable. Pour toi tiens secrète cette vision, car elle se rapporte à des temps éloignés. 27 Moi, Daniel, je fus plusieurs jours languissant et malade; puis je me levai, et je m’occupai des affaires du roi. J’étais étonné de la vision, et personne n’en eut connaissance.»

«La vision des soirs et des matins» se réfère à la période des 2300 jours. En vue de la longue période d’oppressions et de calamités qui devaient tomber sur son peuple, Daniel s’évanouit et fut malade quelques jours. La vision l’étonnait, mais il ne la comprenait pas. Pourquoi Gabriel n’accomplit-il pas à ce moment-là toutes ses instructions, et ne fit-il pas comprendre la vision à Daniel? Sans aucun doute parce que Daniel avait reçu tout ce qu’il lui était possible de supporter et les instructions supplémentaires furent donc reportées à un moment ultérieur.


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