I. Les Prophéties de Daniel - (ch. 9)


Chapitre IX. - Une Periode Prophetique Traverse les Siecles

VERS. 1-2: «1 La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, lequel était devenu roi du royaume des Chaldéens, 2 la première année de son règne, moi, Daniel, je vis par les livres qu’il devait s’écouler soixante et dix ans pour les ruines de Jérusalem, d’après le nombre des années dont l’Eternel avait parlé à Jérémie, le prophète.»

La vision enregistrée dans le chapitre antérieur fut donnée lors de la troisième année de Belschatsar, en 538 av. J.-C. Les événements narrés dans ce chapitre eurent lieu la première année de Darius. Puisque Belschatsar était le dernier monarque de Babylone et Darius le premier Médo-Perse qui régna sur Babylone, il est probable qu’il s’était écoulé moins d’une année entre les événements mentionnés dans ces deux chapitres.

Soixante-dix ans de captivité.--Bien que Daniel, en tant que premier ministre du plus grand royaume de la terre, était entravé par les soucis et les charges, il ne permit pas que cela le privât de l’opportunité d’étudier des choses de plus grande importance: les desseins de Dieu révélés à ses prophètes. Par les livres, c’est-à-dire les écrits de Jérémie, il comprenait que Dieu allait permettre que la captivité de son peuple durât soixante-dix ans. Cette prédiction se trouve dans Jérémie 25:12; 29:10. Cette connaissance et l’emploi que Daniel en fit, démontre que très tôt, Jérémie fut considéré comme un prophète divinement inspiré; dans le cas contraire ses écrits n’auraient pas été rassemblés si tôt ni copiés si largement. Bien qu’il s’agissait d’une personne qui lui était contemporaine pendant un certain temps, Daniel avait une copie de son oeuvre et l’emmena avec lui en captivité. Bien qu’étant lui-même un grand prophète, il ne considérait pas humiliant d’étudier avec soin ce que Dieu pourrait révéler à l’un de ses autres serviteurs.

Les soixante-dix ans de captivité ne doivent pas être confondus avec les soixante-dix semaines qui suivent. En faisant partir les soixante-dix années de captivité en 6o6 av. J.-C., Daniel comprit que la fin approchait, et que Dieu avait commencé l’accomplissement de la prophétie en renversant le royaume de Babylone.

VERS. 3: «Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre.»

Le fait que Dieu ait promis quelque chose, ne nous dispense pas de la responsabilité de le prier d’accomplir sa parole. Daniel aurait pu raisonner de la sorte: Dieu a promis de libérer son peuple à la fin des soixante-dix ans, et il accomplira sa promesse; je n’ai donc pas besoin de m’en préoccuper. Mais il ne raisonna pas de cette façon; lorsque le moment de l’accomplissement de la parole du Seigneur approcha, il se dédia à rechercher le Seigneur de tout son coeur.

Ah, comme il s’abandonna à Lui! il le fit même avec le jeûne, le sac et la cendre! Ceci arriva probablement l’année où Daniel fut jeté dans la fosse aux lions. Le lecteur se souviendra que le décret approuvé par le roi avait interdit, sous peine de mort, à tous les sujets de prier un autre dieu que le roi. Sans tenir compte du décret, Daniel éleva sa prière trois par jour, ses fenêtres ouvertes et en direction de Jérusalem.

VERS. 4: «Je priai l’Eternel, mon Dieu, et je lui fis cette confession: Seigneur, Dieu grand et redoutable, toi qui gardes ton alliance et qui fais miséricorde à ceux qui t’aiment et qui gardent tes commandements!»

La prière remarquable de Daniel.--Nous avons ici le début de la magnifique prière de Daniel, une prière qui exprime tant d’humilité et de contrition que seuls les insensibles peuvent la lire sans s’émouvoir. Il commence par reconnaître la fidélité de Dieu, qui ne manque jamais à ses engagements envers ceux qui le suivent. Si les Juifs se trouvaient en captivité, c’était à cause de leurs péchés, et non parce que Dieu avait échoué dans leur défense ou dans leur soutien.

VERS. 5-14: «5 Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons été méchants et rebelles, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances. 6 Nous n’avons pas écouté tes serviteurs, les prophètes, qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos chefs, à nos pères, et à tout le peuple du pays. 7 A toi, Seigneur, est la justice, et à nous la confusion de face, en ce jour, aux hommes de Juda, aux habitants de Jérusalem, et à tout Israël, à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans tous les pays où tu les as chassés à cause des infidélités dont ils se sont rendus coupables envers toi. 8 Seigneur, à nous la confusion de face, à nos rois, à nos chefs, et à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. 9 Auprès du Seigneur, notre Dieu, la miséricorde et le pardon, car nous avons été rebelles envers lui. 10 Nous n’avons pas écouté la voix de l’Eternel, notre Dieu, pour suivre ses lois qu’il avait mises devant nous par ses serviteurs, les prophètes. 11 Tout Israël a transgressé ta loi, et s’est détourné pour ne pas écouter ta voix. Alors se sont répandues sur nous les malédictions et les imprécations qui sont écrites dans la loi de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre Dieu. 12 Il a accompli les paroles qu’il avait prononcées contre nous et contre nos chefs qui nous ont gouvernés, Il a fait venir sur nous une grande calamité, et il n’en est jamais arrivé sous le ciel entier une semblable à celle qui est arrivée à Jérusalem. 13 Comme cela est écrit dans la loi de Moïse, toute cette calamité est venue sur nous; et nous n’avons pas imploré l’Eternel, notre Dieu, nous ne nous sommes pas détournés de nos iniquités, nous n’avons pas été attentifs à ta vérité. 14 L’Eternel a veillé sur cette calamité, et l’a fait venir sur nous; car l’Eternel, notre Dieu, est juste dans toutes les choses qu’il a faites, mais nous n’avons pas écouté sa voix.»

Jusqu’ici la prière de Daniel est dédiée à une confession complète du péché de son peuple, avec un coeur contrit. Il justifie totalement la conduite du Seigneur, en reconnaissant que les péchés de son peuple furent la cause de toutes ces calamités, telles que Dieu les avait menacés par le prophète Moïse. Il ne fait aucune discrimination envers lui-même. La propre justice n’apparaît pas dans sa prière. Bien qu’il avait souffert longtemps pour les péchés du passé, et qu’il supportât soixante-dix ans de captivité à cause des erreurs de son peuple, il avait vécu pieusement et reçu des marques d’honneur et des bénédictions du Seigneur. Il ne présente aucune accusation contre personne, il ne sollicite pas de sympathie envers lui-même, en tant que victime des erreurs des autres, mais il se place lui-même parmi le peuple, en disant: «Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, à nous la confusion de face». Il reconnaît qu’ils n’ont pas écouté les leçons que Dieu avait voulu leur enseigner par leurs afflictions.

VERS. 15-19: «15 Et maintenant, Seigneur, notre Dieu, toi qui as fait sortir ton peuple du pays d’Egypte par ta main puissante, et qui t’es fait un nom comme il l’est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité. 16 Seigneur, selon ta grande miséricorde, que ta colère et ta fureur se détournent de ta ville de Jérusalem, de ta montagne sainte; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent. 17 Maintenant donc, ô notre Dieu, écoute la prière et les supplications de ton serviteur, et, pour l’amour du Seigneur, fais briller ta face sur ton sanctuaire dévasté! 18 Mon Dieu, prête l’oreille et écoute! ouvre les yeux et regarde nos ruines, regarde la ville sur laquelle ton nom est invoqué! Car ce n’est pas à cause de notre justice que nous te présentons nos supplications, c’est à cause de tes grandes compassions. 19 Seigneur, écoute! Seigneur, pardonne! Seigneur, sois attentif! agis et ne tarde pas, par amour pour toi, ô mon Dieu! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple.»

Le prophète invoque maintenant l’honneur du nom de Jéhova comme motif de son désir d’être exaucé. Il se réfère à la libération d’Israël d’Egypte et le grand renom que les oeuvres admirables, manifestées parmi eux, avait apporté au Seigneur. Moïse utilise le même argument lorsqu’il intercède pour Israël (Nombres 14). Ce n’est pas parce que Dieu agit par ambition et vanité, mais lorsque ses enfants manifestent du zèle pour l’honneur de son nom, quand ils montrent leur amour pour lui en le priant d’agir, non pas pour leur bénéfice personnel, mais pour Sa gloire, afin que son nom ne souffre pas l’opprobre ni ne soit blasphémé parmi les païens, alors ceci Lui est agréable. Daniel intercède ensuite pour la ville de Jérusalem, qui porte le nom de Dieu, et pour la sainte montagne, qu’Il aime tant, et il le prie que par sa miséricorde, il dévie sa colère. Finalement, il concentre son attention sur le sanctuaire sacré, la demeure de Dieu sur la terre, et il sollicite la réparation de ses ruines.

Daniel comprenait que les soixante-dix ans de captivité approchaient de leur terme. Par cette allusion au sanctuaire, il est évident que jusqu’alors il ne comprenait pas l’importance de la vision qui lui avait été donnée peu de temps auparavant, et qui se trouve au chapitre 8 de ce livre, et il paraissait supposer que les 2300 jours expiraient au même moment [que les soixante-dix ans]. Cette erreur de sa part fut immédiatement corrigée par l’ange qui vint lui donner plus d’instructions en réponse à sa prière.

VERS. 20-21: «20 Je parlais encore, je priais, je confessais mon péché et le péché de mon peuple d’Israël, et je présentais mes supplications à l’Eternel, mon Dieu, en faveur de la sainte montagne de mon Dieu; 21 je parlais encore dans ma prière, quand l’homme, Gabriel, que j’avais vu précédemment dans une vision, s’approcha de moi d’un vol rapide, au moment de l’offrande du soir.»

La prière de Daniel reçoit une réponse.--Nous trouvons ici le résultat des supplications de Daniel. Il est soudainement interrompu par un messager céleste. L’ange Gabriel, réapparaissant comme au début, sous la forme d’un homme que Daniel avait vu dans la vision, le toucha. Une question importante est sur le point d’être résolue, à savoir: la vision de Daniel 8, a-t-elle jamais reçu une réponse, et peut-elle être comprise? A quelle vision Daniel fait-il référence quand il parle de l’être qu’il avait «vu précédemment dans une vision»? Nous devons tous reconnaître qu’il s’agit d’une vision déjà enregistrée, dans laquelle le nom de Gabriel doit être mentionné. Il est nécessaire de remonter au-delà du chapitre 9, parce que tout ce que nous rencontrons dans celui-ci, avant cette apparition de Gabriel, est simplement le récit de la prière de Daniel. Mais en parcourant les chapitres antérieurs, nous trouvons mentionnées seulement trois visions données à Daniel. L’interprétation du songe de Nébucadnetsar fut donnée en vision pendant la nuit (Daniel 2:19). Mais il n’y a pas d’intervention angélique dans celle-ci. La vision de Daniel lui fut expliquée par l’un de ceux qui y assistaient, ce qui signifie probablement un ange; mais il ne nous ait pas donné d’information sur son identité; il n’y avait rien dans cette vision qui nécessitait une explication ultérieure. La vision de Daniel 8 donne quelques détails qui nous montrent qu’il s’agit de la vision recherchée. Dans celle-ci, Gabriel est présenté par son nom. On lui avait ordonné de faire comprendre la vision à Daniel. Daniel laissa entendre qu’il ne la comprenait pas, montrant que Gabriel, à la conclusion de Daniel 8, n’a pas rempli totalement sa mission. Dans toute la Bible il n’y a aucun endroit où cette instruction continua, si ce n’est dans le chapitre 9. Aussi, si la vision de Daniel 8 n’est pas celle recherchée, nous ne trouverons aucune mention que Gabriel ait accompli entièrement les instructions qui lui furent données, ou que la vision ait été une fois expliquée. L’instruction que l’ange donne maintenant à Daniel, comme nous le verrons dans les versets suivants, complète exactement ce qui manquait dans Daniel 8. Ces considérations prouvent d’une façon indubitable la relation qu’il y a entre Daniel 8 et 9, et cette conclusion est encore plus évidente quand on considère les instructions de l’ange.

VERS. 22-23: «22 Il m’instruisit, et s’entretint avec moi. Il me dit: Daniel, je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence. 23 Lorsque tu as commencé à prier, la parole est sortie, et je viens pour te l’annoncer; car tu es un bien-aimé. Sois attentif à la parole, et comprends la vision!»

La mission de Gabriel.--La façon dont Gabriel se présente à cette occasion démontre qu’il était venu pour terminer une mission inachevée. Ce ne peut pas en être une autre que celle d’accomplir l’ordre: «Explique-lui la vision», qui est enregistré dans Daniel 8. Il dit: «je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence». La responsabilité de faire comprendre la vision à Daniel repose toujours sur lui, et comme au chapitre 8 il avait expliqué à Daniel tout ce qu’il pouvait recevoir, et cependant il ne comprenait toujours pas la vision, il vient maintenant poursuivre son oeuvre et compléter sa mission. Dès que Daniel commença sa prière fervente, Gabriel reçu l’ordre de le visiter et de lui donner l’information nécessaire.

Par le temps nécessaire pour lire la prière de Daniel jusqu’au moment où Gabriel apparaît, le lecteur peut juger de la vitesse à laquelle le messager voyagea depuis les parvis célestes jusqu’au serviteur de Dieu. Il n’est pas étonnant que Daniel nota qu’il vint «d’un vol rapide», ni qu’Ezéchiel compare les mouvements de ces êtres célestes à des éclairs (Ezéchiel 1:14).

Il dit à Daniel: «Sois attentif à la parole». Quelle parole? Evidemment, à celle qu’il ne comprenait pas auparavant, selon ce qu’il déclare dans le dernier verset de Daniel 8. «Comprends la vision». Quelle vision? Pas celle de l’interprétation donnée à Nébucadnetsar, ni la vision de Daniel 7, parce qu’il n’avait aucune difficulté à les comprendre. «Je suis venu pour ouvrir ton intelligence», dit aussi l’ange.

Daniel n’avait eu aucune difficulté pour comprendre ce que l’ange lui avait dit au sujet du bouc, du bélier et de la petite corne, qui symbolisaient les royaumes médo-perse et grec, et Rome. Il n’avait pas non plus commis d’erreur quant à la fin de la captivité des soixante-dix ans. Mais l’objet principal de sa prière était la réparation du sanctuaire qui était en ruines. Il en avait inévitablement conclu, que lorsque la fin des soixante-dix ans de captivité arriverait, ce que l’ange avait dit au sujet de la purification du sanctuaire devrait s’accomplir à la fin des 2300 jours. Maintenant il devait rectifier son concept. Ceci explique pourquoi à ce moment particulier, si peu de temps après la vision antérieure, des instructions lui furent données.

Les soixante-dix ans de captivité touchaient à leur fin. Daniel avait commis une erreur. Il ne devait pas être laissé plus longtemps dans l’ignorance au sujet de la vraie signification de la vision antérieure. «Je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence», dit l’ange. Comment la relation, entre la visite antérieure de l’ange et l’actuelle, pourrait-elle être mieux démontrée que par les paroles prononcées à cette occasion par ce personnage?

Daniel le bien-aimé.--Une expression mérite d’être prise en considération avant d’abandonner le verset 23. C’est la déclaration que l’ange fait à Daniel: «tu es un bien-aimé». L’ange apporte cette déclaration directement du ciel. Elle exprimait le sentiment qui existait là-bas, au sujet de Daniel.

Quelle pensée! les êtres célestes, les plus sublimes de l’univers: le Père, le Fils et les saints anges, estimaient à tel point un homme mortel, ici sur la terre, qu’ils autorisèrent un ange à lui communiquer qu’il était un bien-aimé! C’est un des plus hauts sommets de gloire qui puisse être atteint par les mortels. Abraham en atteint un autre quand il fut dit de lui qu’il était «l’ami de Dieu», et on put dire d’Hénoc qu’il marcha avec Dieu. Pouvons-nous parvenir à la même chose? Dieu ne fait acception de personne; mais il regarde le caractère. Si nous pouvions égaler ces hommes en vertu et en piété, nous pourrions émouvoir l’amour divin de la même façon. Nous aussi nous pourrions être des bien-aimés, nous pourrions être amis de Dieu, et nous pourrions marcher avec lui.

Une expression est utilisée en relation avec la dernière église de Dieu sur la terre qui dénote qu’elle connaîtra la plus étroite communion avec Dieu: «Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.» (Apocalypse 3:20). Souper avec le Seigneur montre une intimité qui équivaut à être Son bien-aimé, à marcher avec Lui et à être son ami. Quelle situation désirable! Hélas, les maux de notre nature nous privent de cette communion. Que nous puissions obtenir cette grâce pour les vaincre, afin de pouvoir jouir ici, de cette union spirituelle et entrer finalement dans les gloires de Sa présence quand nous célébrerons le banquet des noces de l’Agneau!

VERS. 24: «Soixante et dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les transgressions et mettre fin au péché, pour expier l’iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints.»

Soixante et dix semaines.--Telles sont les premières paroles que l’ange adresse à Daniel en lui donnant les instructions qu’il était venu lui donner. Pourquoi introduit-il si abruptement une période de temps? Nous devons à nouveau nous reporter à la vision de Daniel 8. Nous avons vu que Daniel, à la fin du chapitre 8, déclara qu’il ne comprenait pas la vision. Certaines parties de cette vision furent clairement expliquées à ce moment-là. Ces parties ne peuvent pas être celles qu’il ne comprit pas. Aussi, informons-nous de ce que Daniel ne comprit pas, ou quelle partie de la vision resta sans explication.

Dans cette vision, quatre choses se détachent: le bouc, le bélier, la petite corne et les 2300 jours. Les symboles du bouc, du bélier et de la petite corne furent éclaircis, mais rien n’est dit de la période de temps. Ceci dut donc constituer le point que le prophète ne comprit pas. Il était inutile de saisir les autres parties de la vision tandis que l’explication de la période des 2300 jours restait obscure.

L’érudit Dr. Hales dit, au sujet des soixante et dix semaines: «Cette prophétie chronologique. . . était évidemment destinée à expliquer la vision précédente, surtout sa partie chronologique de 2300 jours.»

Si cette opinion est correcte, nous pouvons nous attendre naturellement à ce que l’ange commence par le point omis, à savoir le temps. En fait, c’est ce qui se passe. Après avoir attiré, plus directement et emphatiquement, l’attention de Daniel sur la vision antérieure, et après lui avoir assuré qu’il était venu pour lui ouvrir l’intelligence, il commence par le point même qui avait été omis: «Soixante et dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte».

Retranchées des 2300 jours.--Mais comment ce langage révèle-t-il une relation avec les 2300 jours, ou comment les éclaire-t-il? Nous répondons: le langage ne peut se référer intelligemment à autre chose. Le vocable traduit ici par «fixées» signifie «retranchées», et dans la vision dont il est question ici, il n’est fait mention d’aucune autre période de laquelle les soixante et dix semaines peuvent être retranchées, excepté celle des 2300 jours. Comme la relation est directe et naturelle! «Soixante et dix semaines sont retranchées». Mais retranchées de quoi? Des 2300 jours, bien sûr.

La parole «fixées» qui se trouve dans cette phrase est une traduction de l’Hébreux nechtak, qui est basé sur un radical primitif que Strong définit comme signifiant «couper, c’est-à-dire au sens figuré, décréter, déterminer» (ce dernier par implication). La Authorized Version emploie, par implication, la seconde définition «déterminées», comme dans le texte qui nous occupe. La Revised Version utilise aussi la seconde et dit: «Soixante et dix semaines sont décrétées [c’est-à-dire attribuées] à ton peuple.» En prenant la définition de base et la plus simple, nous avons: «soixante et dix semaines sont retranchées à ton peuple». Si elles sont retranchées, elles doivent l’être d’un entier plus grand; dans ce cas, des 2300 jours de la prophétie étudiée jusqu’ici. On peut ajouter que Gesenius donne la même définition que Strong: «Retrancher, . . . diviser, et aussi déterminer, décréter.» Il se réfère ensuite à Daniel 9:24, et il traduit: «sont décrétées sur ton peuple». Davidson aussi donne exactement la même définition, et il se réfère également à Daniel 9:24 comme exemple.

On peut se demander alors pourquoi les traducteurs traduisent par «fixées» quand il est évident qu’il signifie «retranchées». La réponse estque sans aucun doute, la relation qu’il y a entre les chapitres 8 et 9 leur échappa, et ils considérèrent impropre de la traduire par «retranchées» quand ils ne voyaient pas de quoi les soixante et dix semaines pouvaient être retranchées, ils lui donnèrent sa signification figurée au lieu de la littérale. Mais, comme nous l’avons déjà vu, la définition et le contexte requièrent la signification littérale, et rend toutes les autres inadmissibles.

Aussi, soixante et dix semaines, ou 490 jours des 2300, étaient accordés à Jérusalem et aux Juifs. Les événements qui allaient être consommés durant cette période sont présentés brièvement. On devait faire cesser les transgressions, c’est-à-dire que le peuple juif allait remplir la coupe de son iniquité, ce qu’il fit en rejetant et en crucifiant le Christ. On devait «mettre fin au péché», ou aux offrandes pour le péché. Ceci eut lieu lorsque la Grande Offrande fut présentée sur le Calvaire. Une réconciliation serait faite pour l’iniquité. Ceci s’accomplit par la mort expiatoire du Fils de Dieu. La justice éternelle allait être présentée: celle que notre Seigneur manifesta par sa vie sans péché. La vision et la prophétie allaient être scellées, ou assurées.

La vision allait être démontrée par les événements qui allaient arriver pendant les soixante et dix semaines. L’application de la vision entière en est déterminée. Si les événements de cette période s’accomplissent avec exactitude, la prophétie est de Dieu, et tout le reste s’accomplira. Si les soixante et dix semaines s’accomplissent comme des semaines d’années, alors les 2300 jours, desquels elles font parties, sont aussi des années.

Dans la prophétie, un jour représente une année.--En débutant notre étude des soixante-dix semaines ou 490 jours, il serait bon de rappeler que dans la prophétie biblique un jour représente une année. Et à la pages 63, nous avons déjà présenté les preuves de l’acceptation de ce principe jour-année; pour le bénéfice du lecteur, nous ajouterons seulement deux citations supplémentaires:

«De la même manière, il fut révélé à Daniel de quelle façon le dernier mépris se produirait une fois le sanctuaire purifié et la vision accomplie; et ceci 2300 jours après l’heure où le commandement sortirait, . . . en accord avec le nombre prédit en résolvant un jour pour une année, selon la révélation faite à Ezéchiel».

«C’est un fait singulier que la grande majorité des interprètes du monde anglais et américain ont eu pour habitude, depuis de nombreuses années, de comprendre que les jours mentionnés dans Daniel et l’Apocalypse représentent ou symbolisent des années. Il m’a été difficile de retrouver l’origine de cette coutume générale, et je pourrai dire quasi universelle.»

Le principe d’interprétation qui établit un jour pour une année compte, parmi ceux qui l’appuie, Augustin, Tichonius, Primasius, André, Bède le Vénérable, Ambroise, Ansbertus, Berengaud, et Bruno Astensis, en plus des principaux présentateurs. Mais le plus probant, est que les prophéties se sont accomplies en accord avec ce principe. Ceci démontre son exactitude d’une façon sans appel. Ceci se remarquera dans toute l’interprétation de la prophétie des soixante-dix semaines et de toutes les périodes prophétiques de Daniel chapitres 7 et 12, et de l’Apocalypse chapitres 9, 12 et 13.

Ainsi, les événements des soixante-dix semaines, calculées de cette manière rationnelle, apportent la clé de toute la vision.

«Oindre le Saint des saints».--En accord avec la prophétie, le Saint des saints devait être oint. La phrase en hébreu qodesh qodashim, traduite ici par «Saint des saints», est un terme qui est fréquemment utilisé dans le livre du Lévitique pour caractériser des lieux et des choses, mais dans aucun passage elle ne s’applique à des personnes. Bien qu’elle s’emploie dans l’Ancien Testament, et son équivalent grec dans le Nouveau Testament, pour distinguer le lieu très saint du sanctuaire, elle ne se limite en aucune façon à cet emploi. Elle s’utilise aussi pour qualifier beaucoup d’objets en relation avec le saint service du sanctuaire, comme l’autel d’airain, la table, le chandelier, l’encens, le pain sans levain, l’offrande pour le péché, tout objet consacré et les choses du même style, mais jamais les personnes en relation avec ce service (voir Exode 29:37; 30:10, 29, 36; Lévitique 6:17, 29; 7:1; 27: 28).

D’un autre côté, dans le cas de l’onction pour le service, le terme s’applique aussi bien au tabernacle lui-même, qu’à tous ses ustensiles (Exode: 30:26-29). Dans Daniel 9:24, la prophétie mentionne un cas d’onction. En accord avec les usages appliqués au «Saint des saints» ou «très saint», qui a déjà été signalé, il y a toutes les raisons de croire que ce verset prédit l’onction du tabernacle céleste. Pour le service typique, le tabernacle fut oint; et il est tout à fait juste de croire, en accord avec ceci, que le sanctuaire céleste fut oint pour le service antitypique, ou réel, quand notre Souverain Sacrificateur commença son ministère miséricordieux en faveur des pécheurs.

En examinant le sanctuaire dans nos commentaires de Daniel 8:14, nous avons vu qu’il arrive un moment où le sanctuaire terrestre cède la place au céleste, et le ministère sacerdotal est transféré de l’un à l’autre. Avant que ne débute le ministère du sanctuaire terrestre, il fallait oindre le tabernacle et tous les ustensiles (Exode 40:9, 10). Aussi, le dernier événement des soixante et dix semaines présenté ici est l’onction du tabernacle céleste pour que le ministère de notre grand Souverain Sacrificateur puisse y commencer.

VERS. 25-27: «25 Prends donc connaissance et comprends! Depuis la promulgation de la parole disant de rétablir et de reconstruire Jérusalem jusqu’au prince-messie, il y a sept semaines; et dans soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis et reconstruits, mais en des temps d’angoisse. 26 Après les soixante-deux semaines, un messie sera retranché, et il n’aura personne pour lui. Le peuple d’un prince qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation; il est résolu que les dévastations dureront jusqu’à la fin de la guerre. 27 Il fera avec beaucoup une solide alliance d’une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande; le dévastateur ira à l’extrême des abominations, jusqu’à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur.» [Bible Thompson, Version de Louis Segond révisée, dite à la Colombe, 1991].

Les soixante et dix semaines subdivisées.--L’ange relate alors à Daniel l’événement qui doit marquer le début des soixante et dix semaines. Elles devaient démarrer à la date à laquelle l’ordre de restaurer et d’édifier Jérusalem serait promulgué. Non seulement l’épisode qui détermine le moment où commence cette période est indiqué, mais aussi les événements qui doivent arriver à leur terme. On nous donne donc deux façons de vérifier l’application de la prophétie. Mais surtout, la période des soixante et dix semaines se divise en trois grandes sections. L’une d’elles se subdivise, et les événements intermédiaires qui devaient signaler la fin de chacune d’elles nous sont indiqués. Si nous pouvons trouver une date en harmonie avec tous ces épisodes, nous aurons indubitablement la vraie application, parce qu’aucune date, sinon la correcte, ne pourra satisfaire et répondre à tant de conditions.

Maintenant, que le lecteur embrasse du regard les point d’harmonie qui peuvent être établis, afin d’être mieux préparé à se mettre en garde contre toute fausse application. Nous devons trouver le commencement de la période où fut donné l’ordre de restaurer et d’édifier Jérusalem. Sept semaines devaient être consacrées à ce travail de restauration. Lorsque nous arrivons à la fin de cette première division, à sept semaines du début, nous devons trouver Jérusalem restaurée sur le plan matériel et le travail de réédification des places et de la muraille complètement achevé. A partir de là, on compte 62 semaines. Quand nous arrivons à la fin de cette section, soixante-neuf semaines à partir du début, nous devons voir la manifestation du prince-messie devant le monde. Nous avons une semaine de plus, et les soixante-dix sont complètes. Au milieu de cette dernière semaine, le Messie doit être retranché, et faire cesser le sacrifice et l’offrande. A la fin de cette période, accordée aux Juifs et durant laquelle ils continueront d’être le peuple spécial de Dieu, nous devons voir la bénédiction et l’oeuvre de Dieu passer à un autre peuple.

Le début des soixante-dix semaines.--Informons-nous maintenant de la date initiale qui s’harmonise avec tous ces détails. L’ordre concernant Jérusalem devait inclure quelque chose de plus que sa simple reconstruction. Il devait y avoir une restauration. Nous devons comprendre qu’elle devait englober toutes les formalités et la législation de la société civile, politique et judiciaire. Quand un tel ordre fut-il promulgué? Au moment où ces paroles sont données à Daniel, Jérusalem gisait complètement dévastée, et elle le fut durant de nombreuses années. La restauration qui lui était annoncée pour le futur devait corriger cette désolation. Demandons-nous alors, quand et comment Jérusalem fut restaurée après la captivité?

Il y a quatre événements qui peuvent être considérés comme la réponse à l’ordre de restaurer et réédifier Jérusalem. Ce sont:

1.Le décret de Cyrus pour reconstruire la maison de Dieu, en 536 av. J.-C. (Esdras 1:1-4).

2.Le décret de Darius pour la poursuite de ce travail, qui avait été entravé. Il fut donné en 519 av. J.-C. (Esdras 6:1-12).

3.Le décret qu’Artaxerxès donna à Esdras en 457 av. J.-C. (Esdras 7).

4.La mission que ce même roi donna à Néhémie dans sa vingtième année, en 444 av. J.-C. (Néhémie 2).

Si on les faisait démarrer à partir des deux premiers décrets, les soixante-dix semaines prophétiques ou 490 ans littéraux n’arriveraient pas à l’ère chrétienne. De plus, ces décrets se réfèrent surtout à la restauration du temple et du culte des Juifs, et pas à la restauration de son statut civil et politique, lesquels sont inclus dans l’ordre de restaurer et reconstruire Jérusalem.

Ces deux premiers décrets firent démarrer les travaux. Ils étaient les préliminaires de ce qui devait être réalisé plus tard. Mais en eux-mêmes, ils ne suffisaient pas pour satisfaire les demandes de la prophétie, ni par les dates, ni par leur nature. A cause de leur insuffisance, ils ne peuvent pas être considérés comme point de départ des soixante-dix semaines. L’unique doute qui nous reste a trait aux décrets concédés respectivement à Esdras et à Néhémie.

Les faits entre lesquels nous devons nous décider sont, en résumé, les suivants: En 457 av. J.-C., l’empereur perse Artaxerxès Longue Main, par un décret, autorisa Esdras à se rendre à Jérusalem avec tous les représentants de son peuple qui voudraient partir. Le permis lui attribuait une quantité illimitée de trésors pour embellir la maison de Dieu, pour faire des offrandes pour son service, et tout ce qui lui paraissait bon. Il lui donna le droit de promulguer des lois, d’établir des magistrats et des juges, d’exécuter des châtiments et même la peine de mort; en d’autres termes, restaurer l’état juif civilement et religieusement, en accord avec la loi de Dieu et les anciennes coutumes de ce peuple. L’inspiration jugea nécessaire que nous conservions ce décret; et nous en trouvons une copie complète et exacte dans Esdras 7. Elle n’est pas écrite en hébreu comme le reste du livre d’Esdras, mais en chaldéen, la langue officielle, ou araméen oriental. Ainsi, nous pouvons consulter le document originel qui autorisa Esdras à restaurer et réédifier Jérusalem.

Treize années plus tard, dans la vingtième année de ce même roi, en 444 av. J.-C., Néhémie demanda et obtint la permission de monter à Jérusalem (Néhémie 2). Mais nous n’avons pas l’évidence qu’il s’agissait d’autre chose qu’une permission orale. Il reçut une autorisation personnelle, car il n’est pas fait mention d’autres accompagnants. Le roi lui demanda combien de temps durerait son voyage, et quand il reviendrait. Il lui fit remettre des lettres pour les gouverneurs de l’autre côté du fleuve pour qu’ils l’aident dans son voyage vers la Judée, et un ordre pour que le garde forestier du roi lui donne du bois.

Lorsqu’il arriva à Jérusalem, il trouva les princes et les sacrificateurs, les nobles et le peuple, déjà occupés au travail de réédification de Jérusalem (Néhémie 2:16). Ils agissaient, bien sûr, en accord avec le décret donné à Esdras treize ans plus tôt. Finalement, après son arrivée à Jérusalem, Néhémie termina en 52 jours le travail qu’il était venu accomplir (Néhémie 6:15).

Maintenant donc, laquelle de ces deux missions, celle d’Esdras ou celle de Néhémie, constitue le décret de restaurer Jérusalem, qui marque le début des soixante-dix semaines? Il semble difficile que quelqu’un puisse exprimer un doute là-dessus.

Si le calcul démarre avec la mission de Néhémie, en 444 av. J.-C., toutes les dates que nous allons rencontrer tout au long de cette période vont se trouver déplacées; parce que depuis cette année 444, les temps d’angoisse qui devaient accompagner la réédification des places et de la muraille, ne durèrent pas sept semaines, ou 49 ans. Si nous partons de cette date, les soixante-neuf semaines, ou 483 ans, qui devaient s’étendre jusqu’au prince-messie, n’arrivent pas jusqu’à l’année 40 de notre ère. Mais Jésus fut baptisé par Jean dans le Jourdain, et la voix du Père se fit entendre du ciel le déclarant comme Son Fils, dans l’année 27, soit treize ans avant. En accord avec ce calcul, la moitié de la dernière semaine ou soixante-dixième semaine, laquelle se signale par la crucifixion , tomberait en l’an 44 de notre ère; mais nous savons que la crucifixion eut lieu en l’an 31, c’est-à-dire treize ans plus tôt. Et finalement, les soixante-dix semaines, ou 490 ans, si on les fait partir de la vingtième année d’Artaxerxès, devraient s’étendre jusqu’à l’an 47 de notre ère, année durant laquelle il n’arriva rien qui puisse marquer la fin de cette période. En conséquence, si 444 av. J.-C. est l’année et la mission de Néhémie l’événement qui démarre les soixante-dix semaines, la prophétie n’est pas juste. En réalité, la seule chose qui échoue, c’est la théorie qui fait débuter les soixante-dix semaines à partir de la mission donnée à Néhémie, dans la vingtième année d’Artaxerxès.

Il est donc évident que le décret donné à Esdras dans la septième année d’Artaxerxès, en 457 av. J.-C., est le point à partir duquel il faut faire débuter les soixante-dix semaines. C’était la parution du décret, telle que la prophétie le requérait. Les deux décrets antérieurs n’en étaient que les préparatifs et le préliminaire. En fait, Esdras les considère comme faisant partie du troisième, et il les regarde comme un ensemble, car dans Esdras 6:14 nous lisons: «ils bâtirent et achevèrent, d’après l’ordre du Dieu d’Israël, et d’après l’ordre de Cyrus, de Darius, et d’Artaxerxès, roi de Perse.» Il faut remarquer qu’ici on parle des décrets de ces trois rois comme s’ils étaient un, «l’ordre [au singulier] de Cyrus, de Darius, et d’Artaxerxès». Ceci démontre que ces différents décrets étaient considérés comme une unité, car ils ne furent que les étapes successives de l’exécution de l’ouvrage. On ne pourrait pas dire que ce décret, tel que l’exigeait la prophétie, était sorti avant que la dernière autorisation requise par la prophétie soit incorporée et revêtue de l’autorité de l’empire. Cette condition fut remplie avec la concession faite à Esdras, mais pas avant. Ici, le décret atteint les proportions et couvre le domaine que la prophétie exigeait, et c’est à partir de ce moment que sa «sortie» doit être datée.

Harmonie des subdivisions.--Ces dates s’harmoniseront-elles si nous partons du décret d’Esdras? Notre point de départ est donc 457 av. J. C. Quarante-neuf ans étaient concédés à l’édification de la ville et de la muraille. Prideaux dit à ce sujet: «En l’an quinze de Darius Nathos, les sept première semaines des soixante-dix mentionnées dans la prophétie de Daniel prirent fin. Parce qu’alors, la restauration de l’Eglise et de l’état des Juifs à Jérusalem et en Judée prit fin dans ce dernier acte de réforme, enregistré au chapitre 13 de Néhémie, du verset 23 jusqu’à la fin du chapitre, exactement quarante-neuf ans après qu’Esdras la commença durant la septième année d’Artaxerxès Longue Main». Ceci arriva en 408 av. J. C.

Jusqu’ici nous trouvons de l’harmonie. Appliquons le mètre à mesurer, qui est la prophétie, à d’autres parties de l’histoire. Les soixante-neuf semaines, ou quatre cent quatre-vingt-trois ans, devaient s’étendre jusqu’au prince-messie. Si nous démarrons de 457 av. J. C, elles se terminent en 27 de notre ère. Qu’arriva-t-il alors? Luc nous donne l’information suivante: «Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j’ai mis toute mon affection.» (Luc 3:21, 22). Après cela, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l’Evangile de Dieu. Il disait: Le temps est accompli.» (Marc 1:14, 15). Le temps mentionné ici devait être une période spécifique, définie et prédite; mais on ne peut pas rencontrer d’autre période prophétique excepté celle des soixante-dix semaines de la prophétie de Daniel qui devaient s’étendre jusqu’au prince-messie. Le Messie était déjà venu, et de ses propres lèvres il annonça la fin de cette période qui devait être marquée par Sa manifestation. A nouveau, nous trouvons ici une harmonie indiscutable. Mais, en plus, le Messie allait consolider l’alliance avec plusieurs, pendant une semaine. Ce serait la dernière semaine des soixante-dix, c’est-à-dire les sept dernières années des 490 ans. A la moitié de la semaine, la prophétie nous informe qu’il fera cesser le sacrifice et l’offrande. Les rites juifs, qui annonçaient la mort de Christ, ne cesseraient pas avant la crucifixion. A cette occasion, quand le voile du temple fut déchiré, ils prirent fin, bien qu’ils furent poursuivit jusqu’à la destruction de Jérusalem en l’an 70 de notre ère. Après les soixante-deux semaines, selon les écrits, le Messie devait être sacrifié. C’était comme si on disait: Après soixante-deux semaines, au milieu de la soixante-dixième, le Messie sera offert, et il fera cesser le sacrifice et l’offrande. Donc, la crucifixion se situe à la moitié de la soixante-dixième semaine.

La date de la crucifixion.--Il est maintenant important de déterminer en quelle année se déroula la crucifixion. Il est indiscutable que notre Sauveur assista à chaque Pâques qui eut lieu durant son ministère public, et seulement quatre occasions sont mentionnées avant la crucifixion. Elles sont indiquées dans les passages suivants: Jean 2:13; 5:1; 6:4; 13:1. C’est durant la dernière Pâques citée, que Jésus fut crucifié. En nous basant sur les faits déjà établis, nous voyons donc où situer cette crucifixion. Comme il débuta son ministère durant l’automne de l’an 27, sa première Pâques fut celle de l’an 28; la deuxième en l’an 29; la troisième en l’an 30 et la quatrième et dernière, en l’an 31. Ceci nous donne trois ans et demi pour son ministère public, et il correspond exactement à la prophétie qui exige qu’il soit retranché à la moitié de la septième semaine. Comme cette semaine (d’années) commença pendant l’automne de l’an 27, la moitié de la semaine arriva trois ans et demi plus tard, au printemps de l’an 31, quand la crucifixion eut lieu. Le Dr. Hales cite les paroles suivantes d’Eusèbe, qui vécut en 300 après J.-C.: «Il est noté dans l’histoire, que notre Sauveur enseigna et fit des miracles durant trois ans et demi, ce qui représente la moitié d’une semaine (d’années). Jean l’évangéliste fait part de ceci à ceux qui savent prêter à son Evangile l’attention critique qu’il mérite.»

Au sujet des ténèbres surnaturelles qui survinrent à l’occasion de la crucifixion, Hales dit: «Il apparaît que les ténèbres qui couvrirent toute la terre de Judée lors de la crucifixion de notre Seigneur, de la sixième heure jusqu’à la neuvième heure, c’est-à-dire de midi jusqu’à trois heure de l’après-midi, furent surnaturelles par leur durée, et aussi par le moment, presque en pleine lune, quand la lune ne pouvait pas éclipser le soleil. Le moment où ceci arriva et le fait lui-même furent enregistrés dans un passage curieux et de valeur par un respectable consul romain, Aurelius Cassiodorus Senator, vers l’an 514 de notre ère: «Durant le consulat de Tibère César Auguste V et Ælius Séjan (784 U. C., 31 ap. J.-C.), notre Seigneur souffrit, la huitième calendes d’Avril (25 Mars), quand se produisit une éclipse du soleil comme on n’en a jamais vu depuis lors.»

«Le concile de Césarée, 196 ou 198 de notre ère, la Chronique Alexandrine, Maximus Monachus, Nicephorus Constantinus, Cedrenus, concordent aussi au sujet de l’année et du jour; et au sujet de l’année, avec quelques jours de différence, Eusèbe et Epiphanius sont d’accord, suivis de Kepler, Bucher, Patinus, et Petavius, certains considérant la dixième des calendes d’Avril; d’autres, la treizième.» (Voir commentaires sur Daniel 11:22).

Voici treize auteurs dignes de confiances qui situent la crucifixion de Christ au printemps de l’an 31. Nous pouvons donc considérer cette date comme bien établie. Comme c’était la moitié de la semaine, il ne nous reste plus qu’à remonter de trois années et demie dans le temps pour savoir quand les soixante-neuf semaines se terminèrent, et avancer de trois années et demie pour obtenir la fin des soixante-dix semaines. En reculant de trois ans et demi à partir de la crucifixion qui eut lieu au printemps de l’an 31, nous aboutissons à l’automne de l’an 27, date à laquelle, comme nous l’avons déjà vu, les soixante-neuf semaines prirent fin et Christ commença son ministère public. En avançant de trois ans et demi après la crucifixion, nous arrivons à l’automne de l’an 34, qui est le grand point final de la période complète des soixante-dix semaines. Cette date est marquée par le martyr d’Etienne, le rejet formel de l’Evangile de Christ par le Sanhédrin juif, par la persécution de ses disciples, et par la décision des apôtres de se tourner vers les Gentils. Le moment où l’on peut s’attendre à ce que se produisent ces événements est, naturellement, à la complète expiration de la période réservée spécifiquement aux Juifs. Tels sont les événements que l’on peut s’attendre à voir prendre place quand la période spécifiée et qui leur est attribuée en tant que peuple particulier, est complètement expirée.

Il ressort des faits présentés, que si on fait partir la période des soixante-dix semaines depuis le décret donné à Esdras la septième année d’Artaxerxès, en 457 av. J.-C., il existe une parfaite harmonie sur toute la ligne. Les événements importants et définis de la manifestation du Messie lors de son baptême, le commencement de son ministère public, la crucifixion, le rejet de la part des Juifs et la prédication de l’Evangile aux Gentils, avec la proclamation du nouveau pacte; toutes ces choses trouvent leur place exacte, et scellent la prophétie.

La fin des 2300 jours.--Nous en avons terminé avec les soixante-dix semaines; mais il reste une longue période et d’autres événements qui doivent être pris en compte. Les soixante-dix semaines ne sont que les 490 premières années des 2300. Si nous enlevons 490 ans à 2300, il nous reste 1810 ans. Comme nous l’avons vu, ces 490 ans prirent fin à l’automne 34. Si nous ajoutons maintenant, à cette date les 1810 années restantes, nous arriverons au terme de toute la période. Donc, si depuis l’automne de l’an 34 nous comptons 1810 années nous parvenons à l’automne 1844. Nous voyons, donc, avec quelle rapidité et quelle certitude nous trouvons la fin des 2300 années une fois les soixante-dix semaines mises en place.

Pourquoi en 1844?--La question qui peut être posée ici est: comment les jours peuvent-ils s’étendre jusqu’à l’automne de 1844 s’ils commencent en 457 av. J.-C., puisqu’il faut seulement 1843 ans, en plus des 457 av. J.-C. pour arriver au total de 2300. Si nous prêtons notre attention à un fait, toute la difficulté disparaît: Il faut 457 années complètes avant Christ, et 1843 années complètes après, pour avoir 2300; ainsi, si la période avait commencée le premier jour de 457 av. J.-C., elle ne se terminerait pas avant le dernier jour de 1843. Il est évident pour tous que si une partie de l’année 457 s’écoule avant le commencement des 2300 jours, cette même partie de l’année 1844 doit s’écouler avant qu’ils ne se terminent. Informons-nous du moment de l’année 457 où nous devons commencer à compter. Du fait que les premiers 49 ans furent dédiés à la construction de la place et des murailles, nous déduisons que cette période doit démarrer, non pas du moment où Esdras quitte Babylone, mais à partir du moment où le travail commence réellement à Jérusalem. Ces travaux purent difficilement débuter avant le septième mois (automne) de 457, puisque Esdras n’arriva pas à Jérusalem avant le cinquième mois de cette année (Esdras 7: 9). Aussi, toute la période doit s’étendre jusqu’au septième mois du calendrier juif, soit à l’automne de 1844.

L’importante déclaration de l’ange à Daniel: «Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié» est enfin expliquée. Dans notre recherche de la signification du sanctuaire et de sa purification, et l’application du temps, nous avons trouvé non seulement que ce sujet peut se comprendre facilement, mais que l’événement signalé est maintenant en plein accomplissement. Arrêtons-nous ici un bref moment pour réfléchir sur la situation solennelle où nous nous trouvons.

Nous avons vu que le sanctuaire de l’ère chrétienne est le tabernacle de Dieu qui est dans les cieux, le tabernacle qui n’a pas été dressé par un homme, où le Seigneur exerce son ministère en faveur des pécheurs repentants, le lieu où entre le grand Dieu et son Fils Jésus-Christ, le «conseil de paix» prévaut pour le salut des hommes qui périssent (Zacharie 6:13; Psaume 85:11). Nous avons vu que la purification du sanctuaire consiste à éliminer les péchés qui y sont notés, et c’est l’acte final du ministère qui y est réalisé; que l’oeuvre du salut se concentre maintenant dans le sanctuaire céleste; et que lorsque le sanctuaire aura été purifié, l’oeuvre sera terminée. Alors, le grand plan du salut imaginé lorsque l’homme chuta, sera fini. La miséricorde n’intercédera plus, et on entendra la forte voix qui doit sortir du trône qui est dans le temple, qui dira: «C’en est fait» (Apocalypse 16:17). Qu’arrivera-t-il alors? Tous les justes obtiendront le don de la vie éternelle; tous les impies seront condamnés à la mort éternelle. Aucune décision ne pourra être changée, aucune récompense ne pourra être perdue, et aucune destinée ne pourra être changée.

L’heure solennelle du jugement.--Nous avons vu (et c’est ce qui nous fait sentir la solennité du jugement qui s’approche de nos propres portes) que cette longue période, qui devait signaler le commencement de l’oeuvre finale qui devait s’accomplir dans le sanctuaire céleste, arrive à sa fin. Ces jours s’achèveront en 1844. Depuis cette date, cette oeuvre finale pour le salut de l’homme est en train de se poursuit. Elle implique l’examen du caractère de chaque homme, parce qu’elle consiste en la rémission des péchés de ceux qui sont trouvés dignes de ressusciter. Il est aussi décidé, parmi les vivants, ceux qui seront changés à la venue du Seigneur, et ceux qui, parmi les vivants et les morts, seront laissés pour qu’ils aient part aux scènes terribles de la seconde mort. Tous peuvent voir qu’une telle décision doit être prise avant que le Seigneur apparaisse.

Le destin de chacun sera déterminé par les actions qu’il aura faites étant dans son corps, et chacun sera récompensé en accord avec ses oeuvres (2 Corinthiens 5:10; Apocalypse 22:12). Dans l’oeuvre finale qui s’achève dans le sanctuaire, les annotations sont examinées, et les décisions se font en fonction de ce qu’on y trouve (Daniel 7:9, 10). Il est naturel de supposer que le jugement doit commencer par les premiers membres de la famille humaine, que leurs cas ont été examinés en premier et qu’une décision a été prise, et ainsi successivement avec les morts, génération après génération, chronologiquement, jusqu’à ce que nous arrivions à la dernière, celle des vivants, avec laquelle l’oeuvre sera accomplie.

Personne ne peut savoir le moment où les cas de tous les morts auront été examinés et le moment où l’on passera à ceux des vivants. Mais cette oeuvre solennelle se réalise depuis 1844. La lumière des types, et la nature même de l’oeuvre font qu’elle ne peut pas durer longtemps. Dans ses sublimes visions des scènes célestes, Jean vit des millions d’assistants aidant notre Seigneur dans son oeuvre sacerdotale (Apocalypse 5). Ainsi, le ministère va de l’avant. Il ne cesse pas et n’est pas retardé, et bientôt il s’achèvera pour toujours.

Ici, nous nous trouvons donc en face de la dernière, la plus grande et la plus solennelle crise de l’histoire de notre race, crise qui est vraiment imminente. Le plan de la rédemption se termine. Les dernières et précieuses années de grâce arrivent presque à leur terme. Le Seigneur est sur le point de venir sauver ceux qui sont prêts et qui l’attendent, et anéantir les indifférents et les incrédules. Mais hélas! que dirons-nous donc du monde? Séduit par l’erreur, rendu fou par les plaisirs et paralysé par les vices, ses habitants n’ont aucun moment pour écouter la vérité solennelle, ni pour penser à leurs intérêts éternels. Que les fils de Dieu qui pensent à l’éternité, essaient avec diligence d’échapper à la corruption du monde par la concupiscence, et qu’ils se préparent à passer l’examen scrutateur de leur cas quand il sera présenté devant le tribunal céleste. Qu’ils soient diligents dans leur travail d’avertir les pécheurs de la colère qui vient, et de les conduire au Sauveur aimant qui intercède pour eux.

Nous recommandons à tous ceux qui étudient la prophétie de considérer avec soin le thème du sanctuaire et son service. Dans le sanctuaire, on voit l’arche du testament de Dieu, qui contient sa sainte loi. Ceci suggère une réforme dans notre obéissance à cette grande norme de moralité. L’ouverture du temple céleste, ou le commencement du service dans son second appartement, signale le principe de la proclamation faite par le septième ange (Apocalypse 11:15, 19). L’oeuvre accomplie ici est le fondement du message du troisième ange d’Apocalypse 14, le dernier message de miséricorde pour un monde qui périt. Ce thème du sanctuaire donne de l’harmonie et de la clarté aux événements prophétiques passés qui, sans lui, resteraient dans l’obscurité la plus impénétrable. Il nous donne une idée définie de la position et de l’oeuvre de notre grand Souverain Sacrificateur, et fait ressortir le plan du salut dans ses distinctes et belles caractéristiques. Il nous place, comme aucun autre sujet ne le fait, devant les réalités du jugement, et nous montre la préparation nécessaire pour pouvoir subsister au jour qui s’approche. Il nous montre que nous sommes dans le temps de l’attente, et nous incite à veiller, parce que nous ne savons pas avec quelle rapidité l’oeuvre sera achevée et notre Seigneur viendra. Veillez, afin que sa venue soudaine ne vous trouve pas endormis.

Après avoir présenté les grands événements en relation avec la mission de notre Seigneur ici sur la terre, le prophète parle, dans la dernière partie de Daniel 9: 27, de la destruction de Jérusalem par la puissance Romaine; et pour finir, de la destruction de cette même puissance, qu’une note dans la marge appelle «le dévastateur».

Chapitre X. - Dieu Intervient dans les Affaires du Monde

VERS. 1: «La troisième année de Cyrus, roi de Perse, une parole fut révélée à Daniel, qu’on nommait Beltschatsar. Cette parole, qui est véritable, annonce une grande calamité. Il fut attentif à cette parole, et il eut l’intelligence de la vision.»

Ce verset introduit la dernière vision du prophète Daniel qui ait été enregistrée, car l’instruction qui lui fût donnée à cette occasion se poursuit dans les chapitres 11 et 12. On suppose que la mort de Daniel se produisit peu après, vu qu’il avait, selon Prideaux, au moins quatre-vingt-dix ans.

VERS. 2-3: «2 En ce temps-là, moi, Daniel, je fus trois semaines dans le deuil. 3 Je ne mangeai aucun mets délicat, il n’entra ni viande ni vin dans ma bouche, et je ne m’oignis point jusqu’à ce que les trois semaines fussent accomplies.»

La tristesse de Daniel.--L’expression «trois semaines de jours» est employée ici pour la distinguer des semaines d’années qui ont été présentées dans le chapitre précédent.

Pour quelle raison, ce serviteur de Dieu âgé, s’humilia-t-il ainsi et affligea-t-il son âme? Evidemment, pour mieux connaître le dessein divin concernant les événements qui devaient arriver à l’Eglise de Dieu. Le messager divin envoyé pour l’instruire dit: «dès le premier jour où tu as eu à coeur de comprendre» (verset 12). Il y avait donc quelque chose que Daniel ne comprenait toujours pas. Qu’était-ce? C’était, sans aucun doute, une partie de la vision antérieure, celle de Daniel 9, et donc de Daniel 8, puisque le chapitre 9 est l’explication du précédent. En réponse à sa prière, il reçoit maintenant plus en détails l’information des événements inclus dans les grandes ébauches de ses visions antérieures.

L’affliction du prophète était accompagnée d’un jeûne qui, sans être une abstinence complète, consistait à consommer seulement les aliments les plus simples. Il ne mangea pas de pain délicat, ni des mets raffinés; il n’ingéra ni viande ni vin; il n’oignit pas sa tête, ce qui était pour les Juifs un signe de jeûne. Nous ne savons pas combien de temps aurait duré son jeûne si sa prière n’avait pas reçu de réponse; mais le fait d’avoir persévéré trois semaines montre qu’il n’était pas une personne qui cessait ses prières avant d’avoir reçu ce qu’il demandait.

VERS. 4-9: «4 Le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais au bord du grand fleuve qui est Hiddékel. 5 Je levai les yeux, je regardai, et voici, il y avait un homme vêtu de lin, et ayant sur les reins une ceinture d’or d’Uphaz. 6 Son corps était comme de chrysolithe, son visage brillait comme l’éclair, ses yeux étaient comme des flammes de feu, ses bras et ses pieds ressemblaient à de l’airain poli, et le son de sa voix était comme le bruit d’une multitude. 7 Moi, Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent point, mais ils furent saisis d’une grande frayeur, et ils prirent la fuite pour se cacher. 8 Je restai seul, et je vis cette grande vision; les forces me manquèrent, mon visage changea de couleur et fut décomposé, et je perdis toute vigueur. 9 J’entendis le son de ses paroles; et comme j’entendais le son de ses paroles, je tombai frappé d’étourdissement, la face contre terre.»

Le mot Syriaque ‘Hiddékel’ s’applique au fleuve Euphrate;dans la Vulgate, comme dans la version grecque et l’arabique, la parole s’applique au Tigre. Aussi, certains concluent que le prophète eut cette vision au confluent de ces deux fleuves, près du Golfe Persique.

A cette occasion, un être très majestueux visita Daniel. La description qui nous en est faite ici est comparable à celle de Christ dans Apocalypse 1:14-16. De plus, comme l’apparition eut sur Daniel un effet similaire à celui que Paul et ses compagnons expérimentèrent, quand le Seigneur se présenta à eux sur le chemin de Damas (Hébreux 9:1-7), nous en déduisons que Christ lui-même apparut à Daniel. Dans le verset 13, on nous dit que Micaël vint assister Gabriel pour influencer le roi de Perse. Comme il est naturel qu’il se soit manifesté à Daniel à cette occasion!

VERS. 10-12: «10 Et voici, une main me toucha, et secoua mes genoux et mes mains. 11 Puis il me dit: Daniel, homme bien-aimé, sois attentif aux paroles que je vais te dire, et tiens-toi debout à la place où tu es; car je suis maintenant envoyé vers toi. Lorsqu’il m’eut ainsi parlé, je me tins debout en tremblant. 12 Il me dit: Daniel, ne crains rien; car dès le premier jour où tu as eu à coeur de comprendre, et de t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et c’est à cause de tes paroles que je viens.»

Gabriel encourage Daniel.--Après que Daniel fût tombé devant la majestueuse apparition de Christ, l’ange Gabriel, qui est manifestement celui qui parle aux versets 11 à 13, mit sa main sur lui pour lui procurer sécurité et confiance. Il dit à Daniel qu’il était un homme bien-aimé. Quelle déclaration admirable! Un membre de la famille humaine, de notre même race, aimé, non seulement dans le sens général que Dieu aima le monde entier quand il donna son Fils pour qu’il mourût en faveur de l’humanité, mais aimé comme individu, et très aimé. Une telle déclaration a certainement dû redonner confiance au prophète! De plus, l’ange lui dit qu’il est venu dans le but de converser avec lui, et il désire mettre son esprit en condition de comprendre ses paroles. Le saint et bien-aimé prophète ainsi encouragé, continue cependant à trembler, devant l’ange.

«Daniel, ne crains rien», poursuit Gabriel. Il n’avait aucun motif d’avoir peur devant lui, bien qu’il fût un être céleste, car il lui avait été envoyé parce qu’il était très aimé et aussi en réponse à sa prière fervente. Aucun fils de Dieu, quelque soit l’époque à laquelle il appartient, ne doit sentir une crainte servile envers ses agents envoyés pour l’aider à obtenir le salut. Cependant, ils sont trop nombreux ceux qui tendent à considérer Jésus et ses anges comme de sévères ministres de la justice, plutôt que des êtres bons qui oeuvrent avec ferveur pour leur salut. La présence d’un ange, s’il leur apparaissait corporellement, les remplirait de terreur, et la pensée que Jésus doit bientôt venir les angoisse et les alarme. Recommandons leur d’avoir une plus grande mesure de cet amour parfait qui bannit toute crainte.

VERS. 13: «Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours; mais voici, Micaël, l’un des principaux chefs, est venu à mon secours, et je suis demeuré là auprès des rois de Perse.»

Gabriel retardé par le roi de Perse.--Comme il n’est pas rare que les prières des fils de Dieu soient entendues malgré l’absence apparente de réponse! C’est ce qui arriva dans le cas de Daniel. L’ange lui dit que depuis le premier jour qu’il a eu à coeur de comprendre, ses paroles furent entendues. Mais Daniel continua d’affliger son âme par le jeûne, luttant avec Dieu pendant trois semaines entières, sans savoir si sa prière avait été reçue. Pourquoi ce retard? Le roi de Perse résistait à l’ange. La réponse à la prière de Daniel impliquait une certaine action de la part du roi. Il devait le pousser à accomplir cette action. Il se réfère, sans aucun doute, à l’oeuvre qu’il devait réaliser, et qui avait déjà commencé, en faveur du temple de Jérusalem et des Juifs, car son décret pour édifier ce temple était le premier d’une série qui finalement constituerait cet ordre remarquable de restaurer et réédifier Jérusalem, et dont la promulgation devait marquer le commencement de la grande période prophétique des 2300 jours. L’ange fut envoyé pour le pousser à aller de l’avant en accord avec la volonté divine.

Comme nous savons peu de choses sur ce qui arrive dans le monde invisible en relation avec les affaires humaines! Ici, le rideau est levé pour un instant, et nous pouvons entrevoir les mouvements intérieurs. Daniel prie. Le Créateur de l’univers l’entend. Il donne à Gabriel l’ordre d’aller l’aider. Mais le roi de Perse doit agir avant que Daniel reçoive la réponse à sa prière, et l’ange se dirige rapidement vers le roi de Perse. Satan réunit sans aucun doute ses forces pour s’opposer à lui. Ils se rencontrent dans le palais royal de Perse. Tous les motifs d’intérêts égoïstes et la politique mondaine que Satan peut déployer sont sans doute utilisés avantageusement pour influencer le roi afin qu’il n’accomplisse pas la volonté de Dieu, tandis que Gabriel exerce son influence dans l’autre direction. Le roi lutte entre ses émotions contraires. Il hésite, il diffère. Les jours passent et Daniel continue de prier. Le roi persiste à refuser de céder à l’influence de l’ange. Trois semaines passent, et voici qu’un être plus puissant que Gabriel se joint à lui dans le palais du roi, et ensuite, tous les deux se dirigent vers Daniel, pour le mettre au courant du déroulement des événements. Depuis le début, dit Gabriel, ta prière a été entendue; mais pensant ces trois semaines que tu dédiais à la prière et au jeûne, le roi de Perse résista à mon influence, ce qui m’empêcha de venir.

Tel fut l’effet de la prière. Depuis l’époque de Daniel, Dieu n’a pas érigé de barrières entre lui et ses enfants. Ils ont toujours le privilège d’élever des prières aussi ferventes et efficaces et être comme lui et Jacob, puissants avec Dieu et vaincre.

Qui était Micaël, qui vint en aide à Gabriel? Ce nom signifie: «Celui qui est comme Dieu», et les Ecritures démontrent clairement que Christ est celui qui porte ce nom. Jude (verset 9) déclare que Micaël est l’archange, parole qui signifie «chef des anges», et dans notre texte, Gabriel le nomme «l’un des principaux chefs» (ou comme le dit une note marginale, «le principal prince») ou le «chef prince». Il ne peut pas y avoir plus d’un archange, il est donc incorrect d’utiliser ce mot au pluriel comme le font certains. Les Ecritures ne l’emploient jamais de cette façon. Dans 1 Thessaloniciens 4:16, Paul dit que lorsque le Seigneur apparaîtra pour la seconde fois et qu'il ressuscitera les morts, on entendra la voix d’un archange. A qui appartient cette voix qu’on entend quand les morts reviennent à la vie? C’est la voix du Fils de Dieu (Jean 5:28). En mettant ces passages de l’Ecriture ensemble, ils nous démontrent que les morts sont ressuscités par la voix du Fils de Dieu et que la voix qu’on entend est celle de l’Archange, ce qui prouve que l’Archange est le Fils de Dieu; et l’Archange s’appelle Micaël, donc, Micaël est le Fils de Dieu. Dans le dernier verset de Daniel 10, il est appelé «votre chef» et dans le premier verset de Daniel 12: «le grand chef, le défenseur de ton peuple». Ces expressions peuvent s’appliquer, d’une façon très appropriée, à Christ et à aucun autre être.

VERS. 14: «Je viens maintenant pour te faire connaître ce qui doit arriver à ton peuple dans la suite des temps; car la vision concerne encore ces temps-là.»

L’expression «concerne encore ces temps-là», pénétrant loin dans le futur, et embrassant même ce qui doit arriver au peuple de Dieu dans les derniers temps, prouve clairement que les 2300 jours mentionnés dans cette vision ne peuvent signifier des jours littéraux mais des années (Voir les commentaires sur Daniel 9:25 à 27).

VERS. 15-17: «15 Tandis qu’il m’adressait ces paroles, je dirigeai mes regards vers la terre, et je gardai le silence. 16 Et voici, quelqu’un qui avait l’apparence des fils de l’homme toucha mes lèvres. J’ouvris la bouche, je parlai, et je dis à celui qui se tenait devant moi: Mon Seigneur, la vision m’a rempli d’effroi, et j’ai perdu toute vigueur. 17 Comment le serviteur de mon Seigneur pourrait-il parler à mon Seigneur? Maintenant les forces me manquent, et je n’ai plus de souffle.»

Une des caractéristiques les plus remarquables de Daniel est la tendre sollicitude qu’il avait pour son peuple. Etant maintenant parvenu à comprendre clairement que la vision présageait de longs siècles de persécutions et de souffrance pour l’Eglise, il fut si affecté par ce qu’il avait vu que ses forces l’abandonnèrent, et il perdit aussi bien le souffle que la parole. La vision mentionnée au verset 16 est sans doute la vision antérieure, celle de Daniel 8.

VERS. 18-21: «18 Alors celui qui avait l’apparence d’un homme me toucha de nouveau, et me fortifia. 19 Puis il me dit: Ne crains rien, homme bien-aimé, que la paix soit avec toi! courage, courage! Et comme il me parlait, je repris des forces, et je dis: Que mon Seigneur parle, car tu m’as fortifié. 20 Il me dit: Sais-tu pourquoi je suis venu vers toi? Maintenant je m’en retourne pour combattre le chef de la Perse; et quand je partirai, voici, le chef de Javan viendra. 21 Mais je veux te faire connaître ce qui est écrit dans le livre de la vérité. Personne ne m’aide contre ceux-là, excepté Micaël, votre chef.»

Le prophète est enfin fortifié pour entendre toute la communication que l’ange doit lui donner. Gabriel dit: «Sais-tu pourquoi je suis venuvers toi? Comprends-tu mon dessein afin de ne plus jamais avoir peur? Il lui annonce ensuite son intention de reprendre la lutte avec le roi de Perse dès la fin de sa communication. La parole hébraïque im, qui signifie «avec», est traduite dans la Septante par le grec metá, qui ne signifie pas «contre» mais «en commun, conjointement»; c’est-à-dire que l’ange se tiendra du côté du royaume perse aussi longtemps qu’il convient à la providence de Dieu que ce royaume continue à exister. «Et quand je partirai –explique Gabriel, voici, le chef de Javan viendra». Ou en d’autres termes: quand son appui au royaume sera retiré, et la providence de Dieu oeuvrera en faveur d’un autre royaume, le prince de la Grèce viendra et la monarchie perse tombera.

Gabriel annonce ensuite que seul le Prince Micaël et lui comprennent les sujets qu’il devait lui communiquer. Quand il les eut expliqué à Daniel, il y avait dans l’univers quatre êtres qui possédaient la connaissance de ces vérités importantes: Daniel, Gabriel, Christ et Dieu. Quatre chaînons apparaissent dans cette chaîne de témoins: le premier, Daniel, est un membre de la famille humaine; le dernier, c’est Jéhova, le Dieu de tous!

Chapitre XI. - Le Panorama de L’Avenir Devoile

VERS. 1-2: «1 Et moi, la première année de Darius, le Mède, j’étais auprès de lui pour l’aider et le soutenir. 2 Maintenant, je vais te faire connaître la vérité.»

Nous entrons maintenant dans une prophétie d’événements futurs qui ne sont pas voilés par des images et des symboles, comme dans les visions de Daniel 2, 7 et 8, mais qui sont donnés en langage clair. Ici, les événements les plus remarquables de l’histoire mondiale, depuis l’époque de Daniel jusqu’à la fin du monde, sont présentés. Cette prophétie, comme dit Thomas Newton, peut être intitulée avec justesse: commentaire et explication de la vision de Daniel 8. Avec cette déclaration, le commentateur cité montre avec quelle clarté il percevait la relation qu’il y avait entre cette vision et le reste du livre de Daniel.

La dernière vision de Daniel interprétée.--Après avoir expliqué que durant la première année de Darius, il avait été à son côté pour l’encourager et le fortifier, l’ange Gabriel accorde son attention à l’avenir. Darius était mort, et Cyrus régnait. Il y aurait encore trois rois en Perse, sûrement les successeurs immédiats de Cyrus, qui furent: Cambyse, fils de Cyrus; Esmerdis, un imposteur; et Darius Hystaspe.

Xerxès envahit la Grèce.--Le quatrième roi après Cyrus fut Xerxès, fils de Darius Hystaspe. Il fut célèbre par ses richesses, comme l’avait annoncé la prophétie: «il amassera plus de richesses que tous les autres». Il décida de conquérir la Grèce, et il organisa une puissante armée qui, selon Hérodote, comptait 5.283.220 hommes.

Xerxès ne se contenta pas seulement de mobiliser l’Orient, mais il obtint aussi l’appui de Carthage, en Occident. Le roi perse eut du succès contre la Grèce dans la fameuse bataille de Thermopyles; mais la puissante armée ne put envahir le pays que lorsque les trois cents vaillants Parthes qui défendaient le passage furent trahis. Xerxès souffrit finalement une déroute désastreuse à Salamine, en 480 av. J.-C., et l’armée perse retourna dans son pays.

VERS. 3-4: «3 Mais il s’élèvera un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance, et fera ce qu’il voudra. 4 Et lorsqu’il sera élevé, son royaume se brisera et sera divisé vers les quatre vents des cieux; il n’appartiendra pas à ses descendants, et il ne sera pas aussi puissant qu’il l’était, car il sera déchiré, et il passera à d’autres qu’à eux.»

Xerxès fut le dernier roi de Perse à envahir la Grèce; la prophétie laisse ainsi de côté neuf princes, de moindre importance, pour introduire le «vaillant roi», Alexandre le Grand.

Après avoir battu l’empire perse, Alexandre «devint le seigneur absolu de cet empire, la plus grande extension qu’aucun roi perse n’ait jamais possédé» Son royaume comprenait «la majeure partie du monde habité alors connu». Avec quelle exactitude il est décrit comme étant «un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance, et fera ce qu’il voudra »! Mais il épuisa son énergie par les orgies et les soûleries, et quand il mourut en 323 av. J.-C., ses projets vaniteux et ambitieux furent brutalement interrompus et totalement éclipsés. Les fils d’Alexandre n’héritèrent pas l’empire grec. Quelques années après sa mort, toute sa postérité était tombée victime des jalousies et de l’ambition de ses principaux généraux, qui déchirèrent le royaume en quatre parties. Que le passage, du plus haut sommet de la gloire terrestre aux plus grandes profondeurs de l’oubli et de la mort, est rapide! Les quatre principaux généraux d’Alexandre: Cassandre, Lysimaque, Séleucos et Ptolémée, s’emparèrent de l’empire.

«Après la mort d’Antigonos [301 av. J.-C.], les quatre princes confédérés se partagèrent ses possessions; et tout l’empire d’Alexandre fut divisé en quatre royaumes. Ptolémé obtint l’Egypte, la Libye, l’Arabie, Cælesyrie, et la Palestine; Cassandre, la Macédoine et la Grèce; Lysimaque, la Thrace, la Bithynie et quelques provinces au-delà de l’Hellespont et le Bosphore; et Séleucos eut le reste. Ils furent les quatre cornes du bouc mentionné dans les prophéties du prophète Daniel, qui s’agrandirent après avoir brisé la première corne. Cette première corne représentait Alexandre, roi de Grèce, qui renversa le royaume des Mèdes et des Perses; et les quatre cornes furent ces quatre rois, qui surgirent après lui et se partagèrent l’empire. Ils furent aussi les quatre têtes du léopard, desquels il est question dans les mêmes prophéties. Et ces quatre royaumes furent, selon le même prophète, les quatre parties du royaume du «vaillant roi» qui devait être «divisé vers les quatre vents des cieux», par ces quatre rois et pas par ses descendants, car aucun d’eux n’appartenait à sa postérité. Ainsi, avec ce dernier partage de l’empire d’Alexandre, toutes ces prophéties s’accomplirent.»

VERS. 5: «Le roi du midi deviendra fort. Mais un de ses chefs sera plus fort que lui, et dominera; sa domination sera puissante.»

Le roi du midi.--Dans le reste de ce chapitre, il est souvent fait mention du roi du Nord et du roi du midi. Il est donc essentiel d’identifier clairement ces puissances pour comprendre la prophétie. Quand l’empire d’Alexandre fut divisé, ses différentes portions s’étendirent vers les quatre vents du ciel: le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. Ces divisions étaient surtout perçues quand on les observait depuis la Palestine, partie centrale de l’empire. La division qui se trouvait à l’Ouest de la Palestine constituait le royaume de l’Ouest; celle qui se situait au Nord, était le royaume du Nord; celle située à l’Est, le royaume de l’Est; et celle qui s’étendait au Sud, le royaume du Sud.

Les guerres et les révolutions qui surgirent à travers les siècles, changèrent souvent les limites géographiques, ou bien elles furent effacées et de nouvelles frontières apparurent. Mais, quels que soient les changement effectués, ces premières divisions de l’empire sont celles qui doivent déterminer les noms que depuis lors portèrent ces portions du territoire, ou nous n’aurons aucune base ni aucune norme pour prouver l’application de la prophétie. En d’autres termes, quelle que soit la puissance qui, à un moment déterminé occupe le territoire qui au début constitua le roi du Nord, cette puissance deviendra le roi du Nord tant qu’elle occupera ce territoire. Quelle que soit la puissance qui vient à occuper ce qui au début constituait le royaume du Sud, elle le sera aussi longtemps que durera ce roi. Nous parlons seulement de ces deux, parce que ce sont les deux seuls mentionnés dans la prophétie, et parce qu’en fait, tout l’empire d’Alexandre se résume finalement dans ces deux divisions.

Les successeurs de Cassandre furent très vite vaincus par Lysimaque, et leur royaume, qui comprenait la Grèce et la Macédoine, fut annexé à la Thrace. Lysimaque, à son tour, fut vaincu par Séleucos, et la Macédoine et la Grèce furent incorporées à la Syrie.

Ces faits préparent le terrain à l’interprétation du texte que nous étudions. Le roi du Sud, l’Egypte, devint forte. Ptolémée Sôtêr annexa l’Egypte, Chypre, la Phénicie, la Carie, Cyrène et plusieurs îles et villes. C’est ainsi que son royaume devint fort. Mais l’expression «un de ses chefs sera plus fort que lui» introduit ici un autre prince d’Alexandre. Il doit s’agir de Séleucos Nikatôr qui, comme nous l’avons déjà dit, en annexant la Macédoine et la Thrace à la Syrie, en vint à posséder les trois quarts du domaine d’Alexandre, et fonda un royaume plus puissant que celui de l’Egypte.

VERS. 6: «Au bout de quelques années ils concluront un pacte: la fille du roi du Sud épousera le roi du Nord pour rétablir l’entente. Mais elle ne conservera pas son pouvoir. Son mari lui-même ne restera pas en vie, et leur enfant non plus. Elle aussi perdra la vie, en même temps que son entourage, son père et son mari.»[Version en Français courant, 1997].

Le roi du Nord.--Il y eut de nombreuses guerres entre les rois d’Egypte et les Syriens; surtout entre Ptolémée Philadelphe, second roi d’Egypte, et Antiochus Théos, troisième roi de Syrie. Ils finirent par faire la paix, à condition qu’Antiochus répudiât sa première épouse Laodice et ses deux fils, et qu’il se mariât avec Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe. Pour accomplir sa promesse, Ptolémée amena sa fille à Antiochus, et avec elle, il lui remit une immense dot.

«Elle ne conservera pas la force de son bras»; c’est-à-dire, qu’elle ne pourra pas garder l’intérêt et la puissance d’Antiochus en sa faveur. C’est ce qui arriva; car peu après, Antiochus fit revenir à la cour sa première épouse, Laodice et ses fils. La prophétie dit ensuite: «Il ne résistera pas [Antiochus], ni lui, ni son bras», c’est-à-dire sa postérité. Laodice, en récupérant la faveur et le pouvoir, craignit que l’inconstance d’Antiochus vint à la faire tomber à nouveau en disgrâce en appelant à nouveau Bérénice. Etant parvenue à la conclusion que seule la mort pouvait la protéger efficacement contre une telle éventualité, elle le fit empoissonner peu de temps après. Les fils qu’il eut de Bérénice ne lui succédèrent pas non plus dans le royaume, car Laodice arrangea les choses de telle façon qu’elle obtint le trône pour son fils aîné Séleucos Kallinikos.

«Elle aussi perdra la vie» [Bérénice]. Laodice ne se contenta pas d’empoisonner son époux Antiochus, mais elle fit tuer Bérénice et son fils encore enfant. «En même temps que son entourage». Tous ses assistants et les femmes d’Egypte, en tentant de la défendre, furent mis eux aussi à mort. «Leur enfant non plus», mourut sur l’ordre de Laodice. «En même temps que son entourage», se réfère clairement à son époux et à ceux qui la défendirent.

VERS. 7-9: «7 Un rejeton de ses racines s’élèvera à sa place; il viendra à l’armée, il entrera dans les forteresses du roi du septentrion, il en disposera à son gré, et il se rendra puissant. 8 Il enlèvera même et transportera en Egypte leurs dieux et leurs images de fonte, et leurs objets précieux d’argent et d’or. Puis il restera quelques années éloigné du roi du septentrion. 9 Et celui-ci marchera contre le royaume du roi du midi, et reviendra dans son pays.»

Ce rejeton des mêmes racines de Bérénice, fut sont frère Ptolémée Evergète. Il succéda à son père sur le trône d’Egypte, et il y était à peine installé que, sentant l’ardent désir de venger sa soeur, il rassembla une armée immense et envahit le territoire du roi du nord, Séleucos Kallinicos, qui régnait avec sa mère en Syrie. Il eut l’avantage sur lui, jusqu’au point de conquérir la Syrie, la Cilicie, les régions qui étaient au-delà de la partie supérieure de l’Euphrate et vers l’est jusqu’à Babylone. Mais, à la nouvelle qu’une sédition avait éclatée en Egypte et exigeait son retour là-bas, il mit à sac le royaume de Séleucos en emportant 40 000 talents d’argent et des ustensiles précieux et 2 500 statues de leurs dieux. Parmi elles, il y avait des statues que Cambyse avait autrefois emportées d’Egypte en Perse. Les Egyptiens, complètement adonnés à l’idolâtrie, attribuèrent à Ptolémée le titre Evergète, «le bienfaiteur», en reconnaissance pour leur avoir rendu leurs dieux qui avaient été tant d’années en captivité.

«Il nous reste encore des écrits--dit Thomas Newton, qui confirment plusieurs détails». Appien nous informe que, Laodice ayant fait tuer Antiochus, et après lui Bérénice et son fils, Ptolémée, fils de Philadelphe, envahit la Syrie pour venger ces homicides, tua Laodice et avança jusqu’à Babylone. De Polybe, nous apprenons que Ptolémée, surnommé Evergète, furieux du traitement cruel que reçut sa soeur, pénétra en Syrie avec une armée, et prit la ville de Séleucie, qui fut par la suite longtemps gardée par des garnisons des rois d’Egypte. Ainsi, il entra dans la forteresse du roi du nord. Polyænus affirme que Ptolémée se rendit maître de toute la région qui s’étend depuis le Mont Taurus jusqu’à l’Inde, sans guerre ni bataille mais par erreur on l’attribue au père au lieu du fils. Justin prétend que si Ptolémée n’avait pas été rappelé en Egypte à cause d’une sédition interne, il aurait pu posséder le royaume entier de Séleucos. Ainsi, le roi du sud pénétra dans le royaume du Nord, et ensuite retourna dans son propre pays. Egalement, il «duraplus longtemps que le roi du Nord» car Séleucos Kallinicos mourut en exil, d’une chute de cheval et Ptolémée Evergète lui survécut de quatre ou cinq ans.»

VERS. 10: «Ses fils se mettront en campagne et rassembleront une multitude nombreuse de troupes; l’un d’eux s’avancera, se répandra comme un torrent, débordera, puis reviendra; et ils pousseront les hostilités jusqu’à la forteresse du roi du midi.»

La première partie de ce verset parle des fils, au pluriel; la dernière, d’un, au singulier. Les fils de Séleucos Kallinicos furent Séleucos Keraunos et Antiochus Mégas. Tous deux entreprirent avec beaucoup de zèle, la tâche de justifier et venger la cause de leur père et de leur pays. L’aîné de ses fils, Séleucos, fut le premier à accéder au trône. Il rassembla une grande multitude pour reprendre les territoires de son père; mais il fut empoisonné par ses généraux après un règne court et sans gloire. Son frère Antiochus Mégas, qui était plus capable que lui, fut alors proclamé roi. Il prit en charge l’armée, récupéra la Séleucie et la Syrie, et se rendit maître de plusieurs places par des traités et d’autres par la force des armes. Antiochus fut vainqueur de Nicolas, le général égyptien, et pensait même envahir l’Egypte. Mais il y eut une trêve durant laquelle les deux partis négocièrent la paix, tout en se préparant pour la guerre. C’est certainement celui dont il est ditqu’il «se répandra comme un torrent, débordera, puis reviendra».

VERS. 11: «Le roi du midi s’irritera, il sortira et attaquera le roi du septentrion; il soulèvera une grande multitude, et les troupes du roi du septentrion seront livrées entre ses mains.»

Conflit entre le Nord et le Sud.--Ptolémée Philopatôr succéda à son père Evergète sur le trône d’Egypte, et il reçut la couronne peu après qu’Antiochus Mégas succédât à son frère dans le gouvernement de la Syrie. C’était un prince amoureux des commodités et du vice, mais la perspective d’une invasion de l’Egypte par Antiochus le réveilla. Les pertes qu’il avait souffertes et le danger qui le menaçait le rendit furibond. Il réunit une grande armée pour arrêter les progrès du roi de Syrie, mais le roi du Nord souleva lui aussi «une grande multitude». L’armée d’Antiochus, selon Polybe, atteignit 62 000 fantassins, 6 000 cavaliers et 102 éléphants. Dans ce conflit, la bataille de Raphia, Antiochus fut défait, avec une perte d’environ 14 000 soldats morts et 4 000 prisonniers, et son armée fut remise aux mains du roi du Sud, en accomplissement de la prophétie.

VERS. 12: «Cette multitude sera fière, et le coeur du roi s’enflera; il fera tomber des milliers, mais il ne triomphera pas.»

Ptolémée ne sut pas profiter de sa victoire. S’il avait profité de ses avantages, il se serait probablement rendu maître de tout le royaume d’Antiochus; mais après avoir lancé seulement quelques menaces, il fit la paix pour pouvoir s’abandonner à nouveau à la satisfaction ininterrompue et incontrôlée de ses passions brutales. Ayant vaincu ses ennemis, il fut lui-même vaincu pas ses vices, il oublia le grand nom qu’il aurait pu acquérir et il consacra son temps aux banquets et à la sensualité.

Son coeur se grisa de ses succès, mais fut loin d’en être fortifié, car l’usage infâme qu’il fit de ses ressources fit que ses sujets se rebellèrent contre lui. Mais l’exaltation de son coeur se nota surtout dans ses transactions avec les Juifs. En venant à Jérusalem, il offrit des sacrifices et voulut entrer dans le lieu très saint du temple, malgré la loi et la religion des Juifs. Mais il en fut empêché avec de grandes difficultés, et il quitta le lieu explosant de colère contre la nation juive, et il commença immédiatement une persécution implacable contre les Juifs. A Alexandrie, où des Juifs résidaient depuis l’époque d’Alexandre, et jouissaient des mêmes privilèges que les citoyens les plus favorisés, 40 000 furent mis à mort selon Eusèbe, 60 000 selon Jérôme. La rébellion des Egyptiens et la tuerie des Juifs n’eurent certainement pas pour effet de fortifier Ptolémée sur son trône, mais contribuèrent plutôt à sa ruine.

VERS. 13: «Car le roi du septentrion reviendra et rassemblera une multitude plus nombreuse que la première; au bout de quelque temps, de quelques années, il se mettra en marche avec une grande armée et de grandes richesses.»

Les événements prédits dans ce verset devaient arriver «au bout de quelques temps, de quelques années». La paix conclue entre Ptolémé Philopatôr et Antiochus Mégas dura quatorze ans. Pendant ce temps, Ptolémée mourut de son intempérance et de sa débauche, et son fils Ptolémée Epiphane, qui avait alors cinq ans, lui succéda. Pendant ce temps, Antiochus arrêta la rébellion de son royaume, et se fit obéir des provinces orientales. Il fut ensuite libre pour n’importe quelle aventure quand le jeune Epiphane monta sur le trône d’Egypte. Pensant que cette opportunité était trop bonne pour être méprisée, il rassembla une immense armée, «plus nombreuse que la première», et se mit en marche contre l’Egypte avec l’espoir d’obtenir une victoire facile sur l’enfant roi.

VERS. 14: «En ce temps-là, plusieurs s’élèveront contre le roi du midi, et des hommes violents parmi ton peuple se révolteront pour accomplir la vision, et ils succomberont.»

Antiochus Mégas ne fut pas le seul à se lever contre l’enfant Ptolémée. Agathoclès, son premier ministre, qui s’était emparé de la personne du roi et manipulait les affaires du royaume à sa place, était si dissolu et orgueilleux dans l’exercice du pouvoir, que les provinces autrefois assujetties à l’Egypte se rebellèrent. L’Egypte, elle-même, fut perturbée par des séditions, et les Alexandrins se levèrent contre Agathoclès, le firent mettre à mort avec sa soeur, sa mère et ses associés. Au même moment, Philippe de Macédoine s’allia avec Antiochus pour se répartir les possessions de Ptolémée, chacun se proposant de prendre les parties les plus proches et les plus commodes. C’était un soulèvement contre le roi du Sud suffisant pour accomplir la prophétie et qui eut pour résultat, sans le moindre doute, les événements précis que la prophétie annonçait.

Mais un nouveau pouvoir intervient maintenant: «des hommes violents parmi ton peuple» ou littéralement, selon Thomas Newton, «les fils des destructeurs de ton peuple». Là-bas, sur les rives du Tibre, il y avait un royaume qui nourrissait des projets ambitieux et de sombres desseins. Petit et faible au début, il crût en force et en vigueur avec une rapidité étonnante, et il s’étendit avec prudence ici et là pour essayer son habileté et tester son bras guerrier, jusqu’au moment où il prit conscience de son pouvoir; alors, il leva la tête avec audace parmi les nations de la terre, et avec une main invincible, il s’empara du timon des affaires mondiales. Depuis lors, le nom de Rome se détache dans les pages de l’histoire, car elle est destinée à dominer le monde durant de longs siècles et à exercer une puissante influence parmi les nations jusqu’à la fin des temps, en accord avec les prophéties.

Rome parla, et la Syrie et la Macédoine ne tardèrent pas à s’apercevoir que leur rêve changeait d’aspect. Les Romains intervinrent en faveur du jeune roi d’Egypte, déterminés à le protéger de la ruine imaginée par Antiochus et Philippe. C’était en l’an 200 av. J.-C., et ce fut une des premières interventions importantes des Romains dans les affaires de la Syrie et de l’Egypte. Rollin nous relate succinctement cet événement de la façon suivante:

«Antiochus, roi de Syrie, et Philippe, roi de Macédoine, sous le règne de Ptolémée Philopatôr, avaient manifesté le zèle le plus énergique pour les intérêts de ce monarque, et ils étaient disposés à l’assister dans toutes les occasions. Mais à peine mort, et laissant derrière lui un enfant qui, d’après les règles de la bonté et de la justice leur enjoignaient de ne pas le molester dans la prise de possession du royaume de son père, ils s’unirent immédiatement par une alliance criminelle, et ils s’incitèrent mutuellement à éliminer l’héritier légitime et à se répartir ses territoires. Philippe devait recevoir la Carie, la Libye, le Cyrénaïque et l’Egypte; et Antiochus, tout le reste. Ayant ceci en vue, le dernier entra en Cælesyrie et en Palestine, et en moins de deux campagnes il réalisa l’entière conquête de ces deux provinces, avec toutes leurs villes et leurs dépendances. Leur culpabilité, dit Polybe, n’aurait pas été si flagrante si, en tant que tyrans, ils s’étaient efforcés de couvrir leurs crimes par une quelconque excuse trompeuse; mais loin de le faire, leur injustice et leur cruauté furent si éhontées qu’on leur appliquait généralement ce que l’on dit des poissons, à savoir que le grand mange le petit, bien qu’il soit de la même espèce. Quelqu’un se sentirait tenté –continue le même auteur, en voyant les lois de la société violées sans dissimulation, d’accuser ouvertement la Providence d’être indifférente et insensible aux crimes les plus horribles; mais elle justifia pleinement sa conduite en châtiant les deux rois comme ils le méritaient, et elle fit d’eux un exemple pour en dissuader d’autres de suivre leur conduite à travers tous les siècles. Car, tandis qu’ils méditaient de déposséder un enfant faible et impuissant, en lui enlevant son royaume morceau par morceau, la Providence suscita contre eux les Romains qui bouleversèrent les royaumes de Philippe et d’Antiochus, et ils réduisirent leurs successeurs à presque d’aussi grands désastres que ceux qu’ils tentaient d’employer pour écraser l’enfant roi».

«Pour accomplir la vision». Les Romains sont, plus que n’importe quel autre peuple, le thème de la prophétie de Daniel. Leur première intervention dans les affaires de ces royaumes est mentionnée ici comme l’établissement ou la confirmation de la véracité de la vision qui précédait l’apparition d’une telle puissance.

«Ils succomberont». Certains appliquent cette expression à «plusieurs» mentionné dans la première partie du verset, qui allaient s’allier contre le roi du Sud; et d’autres, aux «hommes violents» du peuple de Daniel, les Romains. Elles s’appliquent aux deux cas. Si on se réfère à ceux qui s’allièrent contre Ptolémée, tout ce qu’il faut dire, c’est qu’ils chutèrent rapidement. Si on l’applique aux Romains, la prophétie signale simplement le moment de leur chute finale.

VERS. 15: «Le roi du septentrion s’avancera, il élèvera des terrasses, et s’emparera des villes fortes. Les troupes du midi et l’élite du roi ne résisteront pas, elles manqueront de force pour résister.»

L’éducation du jeune roi d’Egypte fut confiée, par le Sénat romain, à Marc Emilius Lepidus, qui lui donna pour tuteur Aristomène, ministre âgé et expérimenté de cette cour. Son premier geste fut de prendre des mesures contre les menaces d’invasion des deux rois confédérés, Philippe et Antiochus.

Il envoya donc Scopas, un fameux général d’Etolie qui servait alors les Egyptiens, dans son pays natal pour obtenir des renforts armés. Après avoir équipé une armée, il pénétra en Palestine et en Cæ lesyrie (car Antiochus était alors en train de guerroyer avec Attale en Asie mineure) et il soumit toute la Judée à l’autorité de l’Egypte.

C’est ainsi que les événements se mirent en ordre pour l’accomplissement du verset que nous étudions. Renonçant à sa guerre contre Attale aux ordres des Romains, Antiochus prit rapidement des mesures pour reprendre la Palestine et la Cæ lesyrie des mains des Egyptiens. Scopas fut envoyé pour lui faire face. Près des sources du Jourdain, les deux armées se rencontrèrent. Scopas fut vaincu, poursuivit jusqu’à Sidon, et là étroitement assailli. Trois des généraux les plus compétents d’Egypte, avec leurs meilleures forces, furent envoyés pour lever le siège, mais sans succès. A la fin, Scopas, voyant dans le spectre de la faim un ennemi qu’il ne pouvait pas affronter, se vit obligé de se rendre à la condition déshonorante de sauver seulement sa vie. Il fut autorisé, lui et ses 10. 000 hommes, à partir dépouillé de tout et indigents. C’est ainsi que la prédiction relative au roi du nord s’accomplit: «il s’emparera des villes fortes», car Sidon était, de par sa position et ses défenses, une des villes les plus fortes de cette époque. Les troupes du midi et l’élite du roi ne résistèrent pas ni le peuple choisi par le roi du Sud, c’est-à-dire Scopas et ses forces d’Etolie.

VERS. 16: «Celui qui marchera contre lui fera ce qu’il voudra, et personne ne lui résistera; il s’arrêtera dans le plus beau des pays, exterminant ce qui tombera sous sa main.»

Rome conquiert la Syrie et la Palestine.--Bien que l’Egypte n’avait pas pu subsister devant Antiochus Mégas, le roi du Nord, Antiochus Asiaticus ne put résister aux Romains qui vinrent contre lui. Aucun royaume ne pût résister à la puissance naissante. La Syrie fut conquise et ajoutée à l’empire romain quand Pompée, en 65 av. J.-C., priva Antiochus Asiaticus de ses possessions et réduisit la Syrie en une province romaine.

La même puissance devait se détacher aussi en Terre Sainte et la «consumer». Les Romains furent en relation avec le peuple de Dieu, les Juifs, par une alliance en 161 av. J.-C. Depuis lors, Rome occupa une place éminente dans le calendrier prophétique. Mais, cependant, elle n’acquit la juridiction de la Judée par une conquête effective qu’en l’an 63 av. J.-C.

Au retour de l’expédition de Pompée contre Mithridate Eupator roi du Pont, deux concurrents, fils du grand prêtre des Juifs de Palestine, Hyrcan et Aristobule, luttaient pour la couronne de Judée. Leur cause fut présentée à Pompée, qui ne tarda pas à percevoir l’injustice des prétentions d’Aristobule, mais il voulut différer sa décision sur ce sujet à son retour de l’expédition qu’il désirait depuis longtemps conduire à l’intérieur de l’Arabie. Il promit donc de revenir régler leurs problèmes de la façon la plus juste. Aristobule, comprenant les vrais sentiments de Pompée, se dépêcha de revenir en Judée, arma ses sujets et se prépara à se défendre vigoureusement, bien résolu à conserver à tout prix la couronne qui, selon ce qu’il prévoyait, allait être donnée à un autre. Après sa campagne d’Arabie contre le roi Aretas, Pompée fut au courant de ces préparatifs belliqueux et marcha contre la Judée. Quand il fut proche de Jérusalem, Aristobule commença à se repentir de sa conduite; il sortit à la rencontre de Pompée pour tenter d’arranger les choses en promettant une entière soumission et une grande quantité d’argent. Pompée accepta cette offre et envoya Gabinius avec un détachement de soldats pour recevoir l’argent. Mais quand ce lieutenant arriva à Jérusalem, il trouva les portes fermées, et on lui dit du haut de la muraille que la ville ne ratifiait pas l’accord.

Pompée, qui ne voulait pas être trompé impunément, enchaîna Aristobule et marcha immédiatement contre Jérusalem avec toute son armée. Les partisans d’Aristobule voulaient défendre la ville; ceux d’Hyrcan préférèrent ouvrir les portes. Comme ces derniers étaient majoritaires, ils prévalurent et on laissa entrer librement Pompée dans la ville, devant lequel, les adeptes d’Aristobule se retirèrent dans la forteresse du temple, tant résolus à défendre la place que Pompée se vit obligé de l’assiéger. Au bout de trois mois, on réussit à pratiquer une brèche suffisamment grande pour donner l’assaut, et le lieu fut pris à la pointe de l’épée. Dans la terrible tuerie qui suivit, 12 000 personnes périrent. C’était un spectacle émouvant –observe l’historien, que de voir les sacrificateurs qui, à cet instant, s’occupaient du service divin, continuer leur travail habituel d’une main calme et poursuivre fermement leur dessein, apparemment inconscients du tumulte sauvage, jusqu’à ce que leur propre sang se mêle à celui des sacrifices qu’ils offraient.

Après avoir achevé la guerre, Pompée fit démolir les murailles de Jérusalem, il transféra de nombreuses villes de la juridiction de Judée à celle de Syrie, et il imposa un tribut aux Juifs. Pour la première fois, Jérusalem fut placée, par suite d’une conquête, entre les mains de Rome, la puissance qui devait retenir le «plus beau des pays» sous sa domination de fer jusqu’à ce qu’il soit complètement «consumé».

VERS. 17: «Et il dirigera sa face pour venir avec les forces de tout son royaume, et des hommes droits avec lui, et il agira; et il lui donnera la fille des femmes pour la pervertir; mais elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui.» [Version J. N. Darby, 1970].

Thomas Newton nous donne une autre traduction de ce verset, qui paraît en exprimer le sens plus clairement: «Il s’opposera aussi résolument pour rentrer par la force dans tout le royaume.»

Rome envahit le royaume du Sud.--Le verset 16 nous mène jusqu’à la conquête de la Syrie et de la Judée par les Romains. Rome avait antérieurement conquis la Macédoine et la Thrace. L’Egypte était la seule à rester de tout le royaume d’Alexandre qui n’avait pas été assujetti au pouvoir romain. Rome se décida alors à entrer par la force en terre d’Egypte.

Ptolémée Aulète mourut en 51 av. J.-C. Il laissa la couronne et le royaume d’Egypte à l’aînée de ses filles survivantes, Cléopâtre et à son fils aîné, Ptolémée XII, enfant de neuf ou dix ans. Il stipula dans son testament qu’ils devraient se marier et régner ensemble. Comme ils étaient jeunes, ils furent placés sous la tutelle des Romains. Le peuple romain accepta la responsabilité, et désigna Pompée comme gardien des tendres héritiers d’Egypte.

Très tôt, éclata entre Pompée et Jules César une dispute qui atteignit son comble à la bataille de Pharsale. Pompée vaincu, prit la fuite en Egypte. César le suivit immédiatement là-bas; mais avant d’arriver, Pompée fut vilement assassiné à l’instigation de Ptolémée. César assuma alors la tutelle de Ptolémée et Cléopâtre. Il trouva l’Egypte bouleversée par des troubles internes, car Ptolémée et Cléopâtre étaient devenus hostiles l’un envers l’autre, cette dernière ayant été privée de sa participation au gouvernement.

Comme les difficultés augmentaient quotidiennement, César trouva sa petite troupe insuffisante pour maintenir sa position et ne pouvant pas abandonner l’Egypte parce que le vent du nord prévalait durant cette saison, il commanda à toutes les troupes d’Asie qu’il avait dans cette région, de venir le rejoindre.

Jules César décréta que Ptolémée et Cléopâtre devaient licencier leurs armées et comparaître devant lui pour régler leurs différents, et se soumettre à sa décision. Puisque l’Egypte était un royaume indépendant, ce décret fut considéré comme un affront à la dignité royale, et les Egyptiens furieux prirent les armes. César répondit qu’il agissait conformément au testament du père des princes, Ptolémée Aulète, qui avait confié ses enfants à la tutelle du sénat et du peuple de Rome.

Le sujet fut finalement porté devant lui, et des avocats furent nommés pour défendre la cause des parties respectives. Cléopâtre, connaissant la faiblesse du grand général romain, décida de comparaître devant lui en personne. Pour arriver jusqu’à lui sans être vue, elle recourut au stratagème suivant: elle se coucha sur un tapis, et son serviteur Sicilien Apolodore l’enveloppa dedans puis il attacha le fardeau avec une courroie, le mit sur ses épaules herculéennes et se dirigea au domicile de César. En affirmant qu’il apportait un présent pour le général romain, il fut admis en la présence de César et déposa sa charge à ses pieds. Quand César détacha ce paquet animé, la belle Cléopâtre se mit debout devant lui.

F. E. Adcock dit, au sujet de cet incident: «Cléopâtre avait le droit d’être entendue si César devait être le juge, et elle trouva le moyen d’atteindre la ville et avec un loueur de bateaux qui l’amenât à lui. Elle vint, elle vit et elle vainquit. Aux difficultés militaires qu’il y avait pour se retirer devant l’armée égyptienne, s’ajouta le fait que César ne voulait déjà plus partir. Il avait plus de cinquante ans, mais il conservait une virilité impérieuse qui provoquait l’admiration de ses soldats. Cléopâtre avait vingt-deux ans, elle était aussi ambitieuse et forte de caractère que César lui-même, une femme qu’il lui fut aussi facile de comprendre et d’admirer que d’aimer.»

César décréta finalement que le frère et la soeur occuperaient conjointement le trône, en accord avec la volonté de leur père. Pothinus, le premier ministre de l’état, principal instrument de l’expulsion de Cléopâtre, craignit qu’elle fût rétablie sur le trône. Il commença donc à réveiller des jalousies et de l’hostilité contre César, en insinuant parmi la populace qu’il se proposait de donner éventuellement tout le pouvoir à Cléopâtre. Une sédition ne tarda pas à éclater. Les Egyptiens tentèrent de détruire la flotte romaine. César répondit en brûlant la leur. Comme quelques-uns des bateaux incendiés furent poussés contre le quai, plusieurs édifices de la ville prirent feu, et la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, qui contenait 400 000 volumes, fut détruite. Trois mille Juifs se joignirent à Antipater l’Iduméen. Les Juifs qui occupaient les passages des frontières avec l’Egypte, laissèrent passer l’armé romaine sans l’intercepter. L’arrivée de cette armée de Juifs sous les ordres d’Antipater, décida du litige.

La bataille décisive entre les flottes d’Egypte et de Rome eut lieu près du Nil, et la victoire de César fut complète. Ptolémée se noya dans le fleuve en tentant de s’échapper. Alexandrie et toute l’Egypte se soumit au vainqueur. Rome était entrée maintenant dans tout le royaume originel d’Alexandre et l’avait absorbé.

Dans le verset, il faut sans doute comprendre, par «hommes droits», les Juifs qui apportèrent leur aide, déjà mentionnée, à Jules César. Sans elle, il aurait échoué; grâce à elle, il subjugua complètement l’Egypte en l’an 47 av. J.-C.

«La fille des femmes» fut Cléopâtre, qui devint la maîtresse de César et la mère de son fils. Son engouement pour la reine, le fit rester en Egypte plus longtemps que les affaires ne l’exigeaient. Il passait des nuits entières en banquets et en fêtes avec la reine dissolue. «Elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui», avait dit le prophète. Plus tard, Cléopâtre s’unit à Antoine, l’ennemi d’Auguste César, et elle exerça tout son pouvoir contre Rome.

VERS. 18: «Il tournera ses vues du côté des îles, et il en prendra plusieurs; mais un chef mettra fin à l’opprobre qu’il voulait lui attirer, et le fera retomber sur lui.»

La guerre que Jules César eut à soutenir en Syrie et en Asie Mineure contre Pharnace, roi du Bosphore Cimmérien, l’éloigna d’Egypte. «En arrivant là où se trouvaient les ennemis –dit Prideaux, sans leur accorder aucun répit et sans se reposer lui-même, il fondit immédiatement sur eux, et il obtint une victoire absolue, de laquelle il rendit compte à un de ses amis, en lui écrivant ces trois paroles: Veni, vidi, vici! (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu)». La dernière partie du verset se trouve entouré d’une certaine obscurité, et il y a divergence d’opinion au sujet de son application. Certains l’appliquent à une époque antérieure à la vie de César, et croient voir son accomplissement dans sa querelle avec Pompée. Mais d’autres événements antérieurs et ultérieurs de la prophétie nous obligent à chercher l’accomplissement de cette partie de la prédiction entre la victoire de César sur Pharnace et la mort de César à Rome, qui est présentée dans le verset suivant:

VERS. 19: «Il se dirigera ensuite vers les forteresses de son pays; et il chancellera, il tombera, et on ne le trouvera plus.»

Après sa conquête de l’Asie Mineure, César mit en déroute les derniers fragments du parti de Pompée, Caton et Scipion en Afrique, Labienus et Varus en Espagne. De retour à Rome, «les forteresses de son pays», il fut nommé dictateur à vie. D’autres pouvoirs et d’autres honneurs lui furent concédés qui firent de lui le souverain absolu de l’empire. Mais le prophète avait dit qu’il «chancellerait, il tomberait.» Le langage employé implique que sa chute sera subite et inattendue, comme celle d’une personne qui trébuche accidentellement tandis qu’elle marche. Aussi, cet homme, de qui on dit qu’il avait combattu et gagné cinquante batailles, pris mille cités et asservi un million cent quatre-vingt-douze mille hommes, tomba, non pas dans la fureur de la bataille, mais au moment où il pensait que son sentier était plat et loin de tout danger.

«A la veille des Ides, César soupa avec Lépide, et pendant que les invités étaient assis devant leur vin, quelqu’un demanda: «Quelle est la meilleure mort?» César qui était occupé à signer des lettres dit: «Une mort soudaine». A midi, le jour suivant, malgré des rêves et des présages, il s’assit sur une chaise du sénat, entouré d’hommes dont il s’était occupé, qu’il avait promus ou sauvés. Là, il fut blessé et il lutta jusqu’à tomber mort au pied de la statue de Pompée.» C’est ainsi, qu’ilchancela, il tomba et on ne le trouva plus, en 44 av. J.-C.

VERS. 20: «Puis il s’en élèvera un à sa place qui fera passer l’exacteur par la gloire du royaume; mais en quelques jours il sera brisé, non par colère, ni par guerre.» [Version Darby, 1970]

Auguste, le percepteur d’impôts.--Octave succéda à son oncle Jules qui l’avait adopté. Il annonça publiquement cette adoption de son oncle, et prit son nom. Il s’unit à Marc Antoine et à Lépide pour venger la mort de Jules César. Les trois organisèrent une forme de gouvernement qu’ils appelèrent Triumvirat. Quand Octave fut fermement établi au gouvernement, le sénat lui conféra le titre de «Auguste», et les autres membres du Triumvirat étant déjà morts, il resta seul souverain suprême.

Il fut vraiment un percepteur. Luc, parlant de ce qui arriva à l’époque où naquit le Christ, dit: «En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre» (Luc 2:1) certainement dans le but de percevoir des impôts comme l’indiquent certaines versions. Durant le règne d’Auguste, «de nouvelles contributions furent imposées; un quart du revenu annuel de tous les citoyens et un prélèvement sur le capital d’un huitième de tout homme libre».

Il passa «par la gloire du royaume». Rome atteignit le sommet de sa grandeur et de son pouvoir à l’époque d’Auguste. L’empire ne connut jamais une période plus splendide. La paix régnait, la justice était maintenue, le luxe était réfréné, la discipline était imposée et la connaissance stimulée. Pendant son règne, le temple de Janus fut fermé trois fois, ce qui signifiait que le monde était en paix. Depuis la fondation de l’empire romain, ce temple avait été fermé seulement deux fois. Durant cette période propice, notre Seigneur naquit à Bethléhem, en Judée. Environ dix-huit ans après le recensement mentionné, qui parurent être «quelques jours» aux yeux du prophète, Auguste mourut en l’an 14 de notre ère, à 76 ans. Il n’acheva pas sa vie en proie à la colère ou au cours d’une bataille, mais pacifiquement, dans son lit, à Nola, où il s’était rendu à la recherche du repos et de la santé.

VERS. 21:«Un homme méprisé prendra sa place, sans être revêtu de la dignité royale; il paraîtra au milieu de la paix, et s’emparera du royaume par l’intrigue.»

Tibère «retranche » le Prince du pacte.--Tibère César succéda à Auguste sur le trône romain. Il fut nommé au consulat à l’âge de 29 ans. L’histoire nous dit que quand Auguste fut sur le point de désigner son successeur, son épouse Livie le pria de nommer Tibère, son fils qu’elle eut d’un mariage antérieur. Mais l’empereur dit: «Ton fils est trop vil pour porter la pourpre de Rome.» Il préféra Agrippa, citoyen romain vertueux et très respecté. Mais la prophétie avait prévue qu’un «homme méprisé» allait succéder à Auguste. Agrippa mourut, et Auguste se vit à nouveau dans la nécessité d’élire un successeur. Livie intercéda à nouveau en faveur de Tibère, et Auguste, affaibli par l’âge et la maladie, se laissa fléchir et consentit finalement à nommer ce jeune vil comme son collègue et successeur. Mais les citoyens ne lui accordèrent jamais l’amour, le respect et «la gloire du royaume» qui sont dus à un souverain intègre et fidèle.

Comme cette prophétie: que la gloire du royaume ne lui serait jamais concédée, s’est bien accomplie! Mais il devait arriver pacifiquement, et obtenir le royaume par l’intrigue. Un paragraphe de l’Encyclopædia Americananous montre comment ceci est arrivé:

«Pendant le reste de la vie d’Auguste, Tibère se conduisit avec beaucoup de prudence et d’habileté, et il acheva une guerre contre les Germains de telle façon, qu’il méritât un triomphe. Après la déroute de Varus et ses légions, on l’envoya arrêter le progrès des Germains victorieux et il agit dans cette guerre avec équité et prudence. A la mort d’Auguste, il lui succéda (14 ap. J.-C.) sans opposition à la souveraineté de l’empire, et cependant, avec sa dissimulation caractéristique, il feint de refuser, jusqu’à ce que le sénat servile le sollicitât plusieurs fois.»

La dissimulation d’une part, les intrigues du sénat servile d’autre part, et la prise de possession du royaume sans opposition, furent les circonstances qui accompagnèrent son accession au trône et accomplirent la prophétie.

Le personnage présenté dans le passage est appelé un «homme méprisé». Etait-ce le caractère que Tibère montra?Laissez-nous répondre par un autre texte de l’Encyclopædia Americana:

«Tacite relata les événements de ce règne, incluant la mort suspecte de Germanicus, la détestable administration de Séjan, l’empoisonnement de Drusus, avec tout l’extraordinaire mélange de tyrannie et occasionnellement de sagesse et de bon sens qui distinguèrent la conduite de Tibère, jusqu’à sa retraite infâme et dissolue (26 ap. J.-C.) sur l’île de Capri, dans la baie de Naples, pour ne jamais retourner à Rome… Le reste du règne de ce tyran n’offre rien d’autre qu’une nauséabonde narration de démonstrations de servilité d’un côté et de despotisme féroce de l’autre. Qu’il eût lui-même à endurer autant de disgrâces qu’il en infligeât aux autres, est évident dans le commencement d’une de ses lettres au sénat: ‘Que vous écrirai-je, pères conscrits, ou que ne vous écrirai-je pas, ou pourquoi devrai-je même vous écrire? Que les dieux et les déesses me tourmentent plus que, selon moi, ils ne le font chaque jour, si je puis ainsi dire.’‘Quelle torture mentale que celle qui put arracher une telle confession!’ –observe Tacite, en se référant à ce passage. »

Si la tyrannie, l’hypocrisie, la débauche et l’ébriété ininterrompue sont des traits et des pratiques qui révèlent la vilenie d’un homme, Tibère a manifesté ce caractère à la perfection.

VERS. 22: «Les forces qui débordent seront débordées devant lui et seront brisées, et même le prince de l’alliance.» [Version Darby, 1970]

Thomas Newton présente la traduction suivante de ce passage comme étant plus fidèle que l’original: «Et les bras de celui qui inonde seront débordés devant lui, et ils seront brisés.» Ceci signifie: révolution et violence; et en accomplissement de ceci, nous devons voir les bras de Tibère –l’inondation qui inonde- être inondés, ou, en d’autres termes, le voir endurer une mort soudaine. Pour montrer comment ceci arriva, nous citons à nouveau l’Encyclopædia Americana:

«Agissant comme un hypocrite jusqu’à la fin, il dissimula, autant qu’il le pût, sa faiblesse croissante; il en arriva à simuler sa participation aux sports et aux exercices des soldats de sa garde. A la fin, il abandonna son île favorite, scène de ses plus répugnantes débauches, il s’arrêta dans une maison de campagne près du promontoire de Misène, où, le 16 Mars 37, il tomba dans un état de léthargie qui lui donnait l’aspect d’un mort. Caligula était en train de se préparer à prendre possession de l’empire avec une nombreuse escorte, quand son réveil soudain laissa tout le monde consterné. A ce moment critique, Macro, le préfet du prétoire, le fit étouffer avec des oreillers. Ainsi expira l’empereur Tibère, universellement exécré, à l’âge de 68 ans, en l’an 23 de son règne.»

Après nous avoir conduit jusqu’à la mort de Tibère, le prophète mentionne un événement qui allait se produire durant son règne et qui fut si important que nous ne pouvons pas passer outre. C’est le retranchement du «Prince-messie», qui devait confirmer l’alliance avec son peuple pendant une semaine (Daniel 9: 25-27).

Selon l’Ecriture, la mort de Christ eut lieu pendant le règne de Tibère. Luc nous explique qu’en l’an 15 du règne de Tibère César, Jean-Baptiste commença son ministère (Luc 3:1-3). Selon Prideaux, le Dr. Hales et d’autres, le règne de Tibère doit se compter depuis son ascension au trône pour régner conjointement avec Auguste, son beau-père, en Août de l’an 12 ap. J.-C. Sa quinzième année s’étendait donc du 26 Août au 27 Août. Christ avait six mois de moins que Jean, et on pense qu’il commença son ministère six mois plus tard., puisque les deux, en accord avec la loi du sacerdoce, commencèrent leur mission quand ils avaient trente ans. Si Jean commença son ministère au printemps, pendant la dernière partie de la quinzième année de Tibère, Christ aurait commencé son ministère à l’automne 27. Et c’est précisément le moment où les auteurs les plus autorisés placent le baptême de Christ, le point précis où les 483 ans qui devaient s’étendre de l’an 457 av. J.-C. jusqu’au Prince-messie, se terminent. Christ sortit alors pour proclamer que les temps étaient accomplis. A partir de ce point nous avançons de trois ans et demi pour trouver la date de la crucifixion, puisque Christ assista à quatre Pâques, et qu’il fut crucifié lors de la quatrième. Trois années et demi plus tard, en comptant depuis l’automne 27, nous amènent au printemps 31. La mort de Tibère se produisit six ans plus tard, en 37 ap. J.-C. (Voir les commentaires sur Daniel 9:25-27).

VERS. 23: «Après qu’on se sera joint à lui, il usera de tromperie; il se mettra en marche, et il aura le dessus avec peu de monde.»

Rome se ligue avec les Juifs.--Le pronom «lui» se référant à la personne avec laquelle l’union est faite, doit être le même pouvoir qui a été le thème de la prophétie depuis le verset 14, à savoir, l’empire romain. Cette vérité a été démontrée par l’accomplissement de la prophétie, à travers trois personnages: Jules César, Auguste et Tibère, qui gouvernèrent successivement l’empire.

Maintenant que le prophète nous a guidés à travers les événements de l’histoire séculaire de l’empire romain jusqu’à la fin des soixante-dix semaines de Daniel 9: 24, il nous fait reculer jusqu’au moment où les Romains furent en relation directe avec le peuple de Dieu par la Ligue Juive, en 161 av. J.-C. A partir de ce point, on nous fait parcourir une série d’événements successifs jusqu’au triomphe final de l’Eglise et l’établissement du royaume éternel de Dieu. Etant gravement opprimés par les rois syriens, les Juifs envoyèrent une ambassade à Rome pour solliciter l’aide des Romains et s’unir avec eux en une «ligue d’amitié et une confédération avec eux». Les Romains écoutèrent la pétition des Juifs, et ils leur accordèrent un décret rédigé en ces termes:

«‘Décret du sénat concernant une ligue d’assistance et d’amitié avec la nation juive. Il ne sera pas légal, pour qui que ce soit, assujetti aux romains, de faire la guerre à la nation juive ni d’assister ceux qui la lui font, que ce soit en leur envoyant du blé, des bateaux ou de l’argent; et si une attaque était dirigée contre les Juifs, les Romains les aideraient autant qu’ils le peuvent; et, si les Romains sont attaqués, les Juifs les aideraient. Et si les Juifs se proposent d’ajouter ou d’ôter quelque chose à ce pacte d’assistance, ceci se fera avec le consentement commun des Romains. N’importe quel rajout fait de cette façon, aura de la valeur.’ Ce décret fut rédigé par Eupolemus, le fils de Jean, et par Jason, fils d’Eléazar, quand Judas était souverain sacrificateur de la nation, et Simon son frère, général de l’armée. Ce fut la première ligue que les Romains firent avec les Juifs, et elle fut administrée de cette façon.»

A cette époque, les Romains étaient un petit peuple, mais ils commençaient à agir avec duplicité, ou avec astuce, comme l’indique la parole. Et depuis cette époque, ils ne cessèrent de s’élever rapidement jusqu’à atteindre l’apogée du pouvoir.

VERS. 24: «Il entrera, au sein de la paix, dans les lieux les plus fertiles de la province; il fera ce que n’avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères; il distribuera le butin, les dépouilles et les richesses; il formera des projets contre les forteresses, et cela pendant un certain temps.»

Avant Rome, les nations entraient dans les provinces et les territoires riches, avec des intentions de guerre et de conquête. Rome allait maintenant faire ce que ses pères et les pères de ses pères n’avaient jamais fait, c’est-à-dire, faire des acquisitions par des moyens pacifiques. C’est alors que la coutume de léguer ses royaumes aux Romains commença. Rome entra ainsi en possession de grandes provinces.

Ceux qui devenaient ainsi dépendants de Rome n’obtenaient pas que peu d’avantages. Ils étaient traités avec bonté et indulgence. C’était comme si la proie et le butin étaient distribués parmi eux. Ils étaient protégés de leurs ennemis, et reposaient en paix et en sécurité sous l’égide du pouvoir romain.

La dernière partie de ce verset est traduite par Thomas Newton par ‘il formera des desseins depuisles forteresses’ au lieu de contre elles. C’est ce que firent les Romains depuis la puissante forteresse de leur ville assise sur sept collines. «Et cela pendant un certain temps» se réfère sans doute à un temps prophétique de 360 ans. A partir de quel moment ces années doivent-elles démarrer? Probablement à partir de l’événement présenté dans le verset suivant.

VERS. 25: «A la tête d’une grande armée il emploiera sa force et son ardeur contre le roi du midi. Et le roi du midi s’engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très puissante; mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais desseins.»

Rome en lutte contre le roi du Sud.--Les versets 23 et 24 nous conduisent de la ligue faite entre les Juifs et les Romains en 161 av. J.-C. jusqu’au moment où Rome eut la suprématie universelle. Le verset que nous considérons maintenant nous présente une vigoureuse campagne contre le roi du Sud, l’Egypte, et une grande bataille entre de puissantes armées. De tels événements ont-ils eu lieu dans l’histoire de Rome plus ou moins à cette époque? Bien sûr que oui. Il y eut une guerre entre l’Egypte et Rome, et la bataille fut celle d’Actium. Considérons brièvement les circonstances qui conduisirent à ce conflit.

Marc Antoine, Auguste César et Lépide constituèrent un triumvirat qui jura de venger la mort de Jules César. Antoine devint le beau-frère d’Auguste en se mariant avec sa soeur Octavie. Il fut envoyé en Egypte pour traiter des affaires du gouvernement, mais il tomba, victime des charmes de Cléopâtre, la reine dépravée. La passion qu’il avait pour elle était si forte, qu’il épousa finalement tous les intérêts égyptiens, il répudia son épouse Octavie pour faire plaisir à Cléopâtre et il lui concéda province après province. Il célébra ses triomphes à Alexandrie au lieu de le faire à Rome, et il commit tant d’autres affronts contre le peuple romain qu’Auguste n’eut aucune difficulté à pousser le peuple à entreprendre une guerre vigoureuse contre l’Egypte. Cette guerre était dirigée ostensiblement contre l’Egypte et contre Cléopâtre, mais en réalité, elle allait contre Antoine qui était maintenant à la tête des affaires égyptiennes. La vraie cause de leur controverse, dit Prideaux, était qu’aucun des deux ne pouvait accepter d’avoir une seule moitié de l’empire romain. Lépide avait été démis du Triumvirat, et les deux se répartissaient le gouvernement de l’empire. Comme chacun était résolu à tout posséder, ils jetèrent les dés de la guerre pour sa possession.

Antoine rassembla sa flotte à Samos. Cinq cents bateaux de taille et de structure extraordinaires, qui avaient plusieurs ponts l’un sur l’autre, avec des tours à la proue et à la poupe, offraient un déploiement imposant et formidable. Ces bateaux portaient 125 000 soldats. Les rois de Libye, de Cilicie, de Cappadoce, de Paphlagonie, de Comagène et de Thrace, se trouvaient là, en personne, et ceux du Pont, de Judée, de Lycaonie, de Galatie et de Médie avaient envoyé leurs troupes. Le monde a rarement vu un spectacle militaire aussi splendide que cette flotte de bateaux de guerre quant elle déploya ses voiles et prit la mer. La galère de Cléopâtre leur était supérieure; elle flottait comme un palais d’or sous une nuée de voiles pourpres. Ses pavillons et ses banderoles ondoyaient au vent et les trompettes et les autres instruments de musique de guerre faisaient résonner les cieux de notes joyeuses et triomphales. Antoine la suivait de près dans une galère d’une magnificence presque égale.

Auguste, de son côté, montra moins de pompe mais plus d’utilité. Le nombre de ses bateaux était à peine la moitié de celui d’Antoine et il avait seulement 80 000 fantassins. Mais ils étaient tous des hommes choisis, et à bord de sa flotte il n’y avait que des marins expérimentés; tandis qu’Antoine n’ayant pas trouvé suffisamment de marins, se vit obligé de former les équipages avec des artisans de toutes catégories, des hommes sans expérience et plus capables d’occasionner des ennuis que de rendre un vrai service pendant la bataille. Comme une grande partie de la saison avait été occupée aux préparatifs, Auguste ordonna à ses bateaux de se réunir à Brindisi, et Antoine réunit les siens à Corcyre jusqu’à l’année suivante.

Au printemps, les deux armées se mirent en mouvement, sur terre et sur mer. Les flottes entrèrent enfin dans le golfe d’Ambracie dans l’Epire, et les forces terrestres se déployèrent sur chaque rive, bien en vue l’une de l’autre. Les généraux les plus expérimentés d’Antoine lui conseillèrent de ne pas risquer une bataille navale avec ses marins sans expérience, mais qu’il renvoie Cléopâtre en Egypte et qu’il se presse de pénétrer en Thrace et en Macédoine pour confier tout de suite le résultat [de la bataille] à ses forces terrestres qui étaient de vieilles troupes. Mais, comme si c’était une illustration du vieil adage: Quem Deus perdere vult, prius demenat (Celui que Dieu veut détruire, il le rend d’abord fou), entiché de Cléopâtre, il voulait seulement lui plaire quand, se confiant aux apparences, il crut sa flotte invincible et il donna l’ordre de se mette immédiatement en action.

La bataille éclata le 2 Septembre 31, à l’embouchure du Golfe d’Ambracie, près de la ville d’Actium. Ce qui était en jeu, entre ces deux rudes guerriers, Antoine et Auguste, c’était la domination du monde. Le combat, qui se maintint incertain pendant un long moment, fut finalement déterminé par la conduite de Cléopâtre. Effrayée par le vacarme de la bataille, elle prit la fuite alors qu’il n’y avait aucun danger, et elle entraîna à sa suite toute l’escadre égyptienne qui comptait soixante bateaux. Antoine, voyant ce mouvement et oubliant tout sauf sa passion aveugle pour elle, la suivit précipitamment, et offrit à Auguste une victoire qu’il aurait pu remporter lui-même si ses forces égyptiennes lui étaient restées fidèles, ou s’il avait été loyal à sa propre virilité.

Cette bataille marque sans doute le commencement du «temps» mentionné au verset 24. Comme durant ce «temps» des desseins allaient être imaginés depuis la forteresse, ou Rome, nous devons conclure qu’à la fin de cette période la suprématie occidentale allait cesser, ou qu’il se produirait un tel changement dans l’empire que cette ville ne serait plus considérée comme le siège du gouvernement. Depuis l’an 31 av. J.-C., un «temps» prophétique, ou 360 ans, devrait nous amener à l’année 330 de notre ère. Il faut remarquer ici que le siège de l’empire fut transféré de Rome à Constantinople par Constantin le Grand justement cette année là.

VERS. 26: «Ceux qui mangeront des mets de sa table causeront sa perte; ses troupes se répandront comme un torrent, et les morts tomberont en grand nombre.»

Antoine fut abandonné par ses alliés et ses amis, ceux qui mangeaient son pain. Cléopâtre, comme nous l’avons déjà expliqué, se retira subitement de la bataille, emmenant avec elle soixante bateaux. L’armée terrestre, dégoûtée par l’engouement d’Antoine pour Cléopâtre, passa à Auguste, qui reçut les soldats à bras ouverts. Quand Antoine arriva en Libye, il vit que les troupes qu’il avait laissées à Scarpus pour garder la frontière, s’étaient déclaré en faveur d’Auguste, et en Egypte ses forces se rendirent. Furieux et désespéré, Antoine se donna la mort.

VERS. 27: «Les deux rois chercheront en leur coeur à faire le mal, et à la même table ils parleront avec fausseté. Mais cela ne réussira pas, car la fin n’arrivera qu’au temps marqué.»

Antoine et Auguste étaient autrefois des alliés. Cependant, sous le déguisement de l’amitié, tous deux aspiraient à la domination universelle et ils recouraient à l’intrigue pour arriver à leur fin. Leurs démonstrations d’amitié mutuelle n’étaient que des déclarations hypocrites. Ils se mentaient à la même table. Octavie, l’épouse d’Antoine et soeur d’Auguste, déclara au peuple de Rome, quand Antoine la répudia, qu’elle avait consenti à se marier avec lui uniquement dans l’espoir qu’il garantirait l’union entre Antoine et Auguste. Mais ce recours ne réussit pas. La rupture vint, et dans le conflit qui suivit, Auguste triompha d’une façon absolue.

VERS. 28: «Il retournera dans son pays avec de grandes richesses; il sera dans son coeur hostile à l’alliance sainte, il agira contre elle, puis retournera dans son pays.»

On nous présente ici deux retours de campagnes de conquête. Le premier se produisit après les événements racontés dans les versets 26, 27, et le second, après que cette puissance se soit indignée contre la sainte alliance et qu’elle ait réalisé des exploits. Le premier eut lieu quand Auguste revint de son expédition d’Egypte contre Antoine. Il arriva à Rome avec d’abondants honneurs et richesses, parce qu’à «cette occasion on ramena d’Egypte une telle quantité de richesses à Rome quand le pays fut vaincu et qu’Octavien [Auguste] revint de là-bas avec son armée, que la valeur de l’argent baissa de moitié, et le prix des provisions et de toutes les marchandises vendables doublèrent.»

Auguste célébra ses victoires par un triomphe de trois jour –triomphe qui aurait été honoré par Cléopâtre elle-même parmi les captifs royaux si elle ne s’était pas fait piquer ingénieusement et fatalement par un aspic.

Rome détruit Jérusalem.--La grande entreprise suivante des Romains, après la conquête de l’Egypte, fut l’expédition contre la Judée, la prise et la destruction de Jérusalem. La sainte alliance est réellement le pacte que Dieu a maintenu avec son peuple, sous différentes formes, à travers les différentes ères du monde. Les Juifs rejetèrent Christ, et en accord avec la prophétie, qui disait que tous ceux qui ne voudraient pas entendre la Prophétie seraient retranchés de leur propre pays, ils furent dispersés parmi les nations de la terre. Bien que Juifs et Chrétiens souffrirent de la même façon sous la main oppressive des Romains, ce fut sans aucun doute lors de la conquête de la Judée surtout, que les exploits mentionnés dans le texte sacré furent flagrants.

Sous Vespasien, les Romains envahirent la Judée et prirent les villes de Galilée: Chorazin, Bethsaïda et Capernaüm, où Christ avait été rejeté. Ils détruisirent les habitants et ne laissèrent que ruines et désolation. Titus assiégea Jérusalem, et ouvrit une tranchée tout autour, selon ce qu’avait prédit notre Sauveur. Une terrible famine se produisit. Moïse avait prédit que des calamités terribles s’abattraient sur les Juifs s’ils s’écartaient de Dieu. Il avait été prophétisé que même les femmes délicates et tendres mangeraient leurs enfants en raison de la dureté du siège (Deutéronome 28: 52-55). Pendant le siège de Jérusalem par Titus, cette prédiction se réalisa littéralement. En entendant les informations de ces actes inhumains, mais oubliant qu’il était celui-là même qui réduisait la population à de tels extrêmes, Titus jura qu’il détruirait pour toujours la ville maudite et son peuple.

Jérusalem tomba en l’an 70 de notre ère. Il était honorable que le commandant romain ait été déterminé à sauver le temple, mais le Seigneur avait dit: «Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée» (Matthieu 24: 2). Un soldat romain, prit une torche enflammée et grimpant sur les épaules de ses camarades, la jeta par une fenêtre à l’intérieur de la belle structure. Elle ne tarda pas à brûler, et les frénétiques efforts des Juifs pour éteindre les flammes, malgré l’aide de Titus lui-même, furent tous vains. Voyant que le temple allait être détruit, Titus se précipita à l’intérieur, et en sortit le chandelier, la table des pains et le rouleau de la loi, qui était enveloppé d’un tissus d’or. Le chandelier fut déposé plus tard dans le temple de la paix, de Vespasien, et il fut reproduit sur l’arc de triomphe de Titus, où on peut encore voir son image mutilée.

Le siège de Jérusalem dura cinq mois. 1.100.000 de Juifs périrent et 97.000 furent faits prisonniers. La ville était si étonnamment fortifiée que quand Titus examina ses ruines il s’exclama: «Nous nous sommes battus avec l’aide de Dieu». Elle fut complètement rasée, et les fondements même du temple furent défoncés par Tarentius Rufus. La guerre dura au total, six ans, et on dit que presque un million et demi de personnes tombèrent victimes de ses horreurs épouvantables.

C’est ainsi que cette grande puissance accomplit de grands exploits, et elle retourna dans son pays.

VERS. 29: «A une époque fixée, il marchera de nouveau contre le midi; mais cette dernière fois les choses ne se passeront pas comme précédemment.»

L’époque fixée est probablement le temps prophétique du verset 24, qui a déjà été mentionné. Il prit fin, comme nous l’avons démontré, en l’an 330, date où la puissance en question allait à nouveau se diriger vers le sud, mais pas de la même manière que la fois précédente, lorsqu’elle alla en Egypte, ni comme après, quand elle se rendit en Judée. Celles-ci furent des expéditions qui lui apportèrent des conquêtes et la gloire. Celle-là conduisirent à la démoralisation et à la ruine. Le transfert du siège de l’empire à Constantinople fut le commencement de la chute de l’empire. Rome perdit alors son prestige. La partie occidentale resta exposée aux incursions des ennemis étrangers. A la mort de Constantin, l’empire romain fut divisé entre ses trois fils: Constance, Constantin II et Constant. Constantin II et Constant se battirent, et Constant, victorieux, obtint la suprématie de tout l’occident. Les barbares du nord firent de bonne heure des incursions et étendirent leurs conquêtes jusqu’à ce que la puissance impériale de l’occident disparut en 476.

VERS. 30: «Des navires de Kittim s’avanceront contre lui; découragé, il rebroussera. Puis furieux contre l’alliance sainte, il ne restera pas inactif; à son retour, il portera ses regards sur ceux qui auront abandonné l’alliance sainte.»

Rome mise à sac par les barbares.--Le récit prophétique continue en se référant à la puissance qui est son thème depuis le verset 16, c’est-à-dire Rome. Quels furent les navires de Kittim qui vinrent contre cette puissance, et quand eut lieu ce mouvement? Quel pays ou puissance représente Kittim? «C’est du pays de Kittim que la nouvelle leur est venue». Adam Clarke a écrit cette note à ce sujet: «On dit ici que les nouvelles de la destruction de Tyr par Nébucadnetsar leur fut communiquées par Kittim, les îles et les côtes de la Méditerranée; ‘parce que quand les Tyriens –dit Jérôme au sujet du verset 6, virent qu’ils n’avaient aucun moyen d’échapper, ils prirent la fuite en bateaux, et cherchèrent un refuge à Carthage et dans les îles des mers Ionienne et Egée.’ … Comme aussi Jarchi dans le même lieu.» Kitto attribue la même région à Kittim, à savoir, la côte et les îles de la Méditerranée; et le témoignage de Jérôme nous amène à une ville définie et célèbre de cette région, c’est-à-dire, Carthage.

L’empire romain eut-il à supporter une guerre navale qui aurait eu Carthage comme base des opérations? Souvenons-nous des terribles attaques des Vandales contre Rome, sous le féroce Genséric, et nous répondrons par l’affirmative. A chaque printemps, il sortait du port de Carthage à la tête de ses forces navales bien disciplinées et en très grand nombre, pour semer la consternation dans toutes les provinces maritimes de l’empire. Telles sont les actions qui nous sont présentées dans le verset que nous étudions; et c’est encore plus vrai quand nous considérons que la prophétie nous a conduits avec précision jusqu’à cette époque. Dans le verset 29, nous comprenons qu’il est fait mention du transfert du siège de l’empire à Constantinople. La révolution suivante qui se produisit au fil du temps, est celle que les irruptions des barbares du nord occasionnèrent, parmi lesquelles se détachèrent les Vandales et la guerre qu’ils firent, comme nous l’avons déjà mentionné. La carrière de Genséric se développa durant les années 428 à 477.

«Découragé, il rebroussera», peut se référer aux efforts désespérés tentés pour déposséder Genséric du territoire des mers; le premier par Majorien, et ensuite par le pape Léon I, mais dans les deux cas, ce fut un échec total. Rome se vit obligée de se soumettre à l’humiliation de voir ses provinces dépouillées, et sa «ville éternelle» pillée par l’ennemi (Voir le commentaire sur l’Apocalypse 8:8).

«Furieux contre l’alliance sainte». Ceci se réfère sans aucun doute aux tentatives pour détruire l’alliance de Dieu par les attaques dirigées contre les Saintes Ecritures, le livre du pacte. Une révolution de cette nature eut lieu à Rome. Le Hérules, les Goths et les Vandales, qui conquirent Rome, embrassèrent la foi arienne et ils devinrent des ennemis de l’église catholique. Ce fut surtout dans le but de détruire cette hérésie, que Justinien décréta que le pape serait la tête de l’église et le correcteur des hérésies. Très vite, la Bible fut considérée comme un livre dangereux qui ne devait pas être lu par le commun peuple, mais tous les thèmes en contestation devaient être soumis au pape. La Parole de Dieu fut donc méprisée.

Un historien dit en commentant l’attitude de l’église catholique envers les Ecritures:

«Quelqu’un pourrait penser que l’église de Rome avait écarté ses fidèles à une distance respectueuse des Ecritures. Elle avait placé l’abîme de la tradition entre eux et la Parole de Dieu. Elle les éloigna davantage de la sphère du «danger» en pourvoyant un interprète infaillible dont le devoir consistait à veiller à ce que la Bible n’exprime pas un sentiment hostile envers Rome. Mais, comme si cela ne suffisait pas, elle a travaillé par tous les moyens à sa portée, à empêcher que les Ecritures arrivent d’une façon où d’une autre aux mains de son peuple. Avant la Réforme, elle maintint la Bible «enfermée» dans une langue morte, et des lois sévères contre sa lecture furent promulguées. La Réforme libéra le précieux volume. Tyndale et Luther, le premier depuis sa retraite de Vildorfe aux Pays-Bas, et l’autre depuis le coeur des ombres épaisses de la forêt de Thuringe, envoyèrent la Bible aux pays dans les langues vernaculaires d’Angleterre et d’Allemagne. C’est ainsi qu’une soif des Ecritures se réveilla, et l’église de Rome jugea imprudent de s’y opposer ouvertement. Le Concile de Trente promulgua, au sujet des livres interdits, dix règles qui, bien qu’elles paraissaient satisfaire le désir croisant de lire la Parole de Dieu, étaient insidieusement rédigées pour la freiner. Dans la quatrième règle, le concile interdit à quiconque de lire la Bible sans licence de son évêque ou inquisiteur; licence qui doit être basée sur un certificat de son confesseur qu’il n’est pas en danger de recevoir aucun dommage en la lisant. Le concile ajouta ces phrases catégoriques: ‘Si quelqu’un ose lire ou avoir en possession ce livre, sans cette licence, il ne recevra pas l’absolution jusqu’à ce qu’il l’ait remise à son ordinaire.» Ces règles sont suivies de la bulle de Pie IV, dans laquelle il déclare que ceux qui les violent seront considérés coupables de péché mortel. Ainsi, l’église de Rome tenta de réguler ce qu’elle ne pouvait pas empêcher totalement. Le fait qu’aucun disciple du pape ne soit autorisé à lire la Bible sans licence n’apparaît pas dans les catéchismes et les autres livres d’un commun usage parmi les catholiques romains de ce pays; mais il est incontestable qu’il fait partie de la loi de cette église. Et en accord avec elle, nous trouvons que la pratique uniforme des prêtres de Rome, depuis les papes jusque vers le bas [de la hiérarchie], est d’empêcher la circulation de la Bible; de l’empêcher totalement dans les pays où, comme en Italie et en Espagne, elle exerce tout le pouvoir, et dans d’autres pays, comme le nôtre, autant que son pouvoir le permet. Son système uniforme est de décourager la lecture des Ecritures de toutes les façons possibles; et quand elle ne s’enhardit pas à employer la force pour arriver à ses fins, elle n’a pas de scrupules à utiliser le pouvoir spirituel de l’église et à déclarer que ceux qui contrarient la volonté de Rome sur ce sujet, sont coupables de péché mortel.»

Les empereurs de Rome s’entendirent ou furent de connivence avec l’église de Rome –qui avait abandonné l’alliance qui constituait la grande apostasie- pour collaborer avec elle dans sa tentative de supprimer l’hérésie. L’homme de péché fut élevé sur son trône présomptueux par la déroute (en 538) des Goths ariens, qui possédaient alors Rome.

VERS. 31: «Des troupes se présenteront sur son ordre; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles feront cesser le sacrifice perpétuel, et dresseront l’abomination du dévastateur.»

«Elles profaneront le sanctuaire, la forteresse», ou Rome. Si ceci s’applique aux barbares, tout s’est accompli littéralement; parce que Rome fut mise à sac par les Goths et les Vandales, et le pouvoir impérial de l’occident cessa avec la conquête de Rome par Odoacre. Ou, s’il s’agit des gouverneurs de l’empire qui agissaient en faveur du pape contre le paganisme ou n’importe quelle religion qui se serait opposée au pape, il pourrait être question du transfert du siège de l’empire, de Rome à Constantinople, ce qui contribua dans une grande mesure à la décadence de Rome. Le passage serait alors parallèle à ceux de Daniel 8: 11 et d’Apocalypse 13: 2.

La papauté fait cesser le «perpétuel».--Dans les commentaires sur Daniel 8: 13, on a démontré que la parole «sacrifice» avait été rajoutée par erreur. Il faut lire «dévastation». L’expression indique une puissance dévastatrice, de laquelle «l’abomination du dévastateur» n’est que la contrepartie, et au fil du temps, elle lui succède. Aussi, il semble clair que la désolation perpétuelle était le paganisme, et «l’abomination du dévastateur», la papauté. Mais quelqu’un peut se demander: Comment peut-il s’agir de la papauté puisque Christ parla d’elle en relation avec la destruction de Jérusalem? La réponse est que Christ se référait évidemment à Daniel 9, qui prédit la destruction de Jérusalem, et pas au verset de Daniel 11, qui ne fait pas référence à l’événement cité. Au chapitre 9, Daniel parle de dévastations et d’abominations au pluriel. Plus d’une abomination, donc, piétine l’église; c’est-à-dire que, pour autant que l’église est concernée, le paganisme et la papauté sont des abominations. Mais comme une distinction est faite entre l’une et l’autre, le langage doit être spécifique. L’une d’elles est la dévastation «perpétuelle», l’autre est essentiellement la transgression ou «abomination du dévastateur».

Comment le «perpétuel» ou le paganisme fut-il délaissé? Comme nous en parlons en relation avec l’établissement de l’abomination du dévastateur, ou papauté, il faut noter, non seulement le changement nominal de religion de l’empire –du paganisme au christianisme, comme la soi-disant conversion de Constantin- mais une éradication telle du paganisme de tous les éléments de l’empire que le chemin soit complètement ouvert pour que l’abomination papale se lève et impose ses exigences arrogantes. Un tel bouleversement se produisit, mais pas avant que se soient écoulés deux cents ans après la mort de Constantin.

Aux environs de l’an 508, nous voyons mûrir une crise importante entre le catholicisme et les influences païennes qui existaient encore dans l’empire. Jusqu’à la conversion de Clovis, roi des Francs, en 496, ceux-ci, comme d’autres nations de la Rome occidentale, étaient païens; mais après cet événement, les efforts faits pour convertir les idolâtres au Catholicisme furent couronnés de succès. On dit que la conversion de Clovis fut l’occasion d’accorder au monarque Franc les titres de «Majesté très Chrétienne» et «fils aîné de l’église». Entre cette époque et 508, grâce à des alliances, des capitulations et des conquêtes, les garnisons romaines de l’Ouest, l’Armorique, et aussi les Burgondes, et les Wisigoths furent soumis.

Depuis que ces succès furent complètement remportés, en 508 av. J.-C, la papauté triompha du paganisme, parce que, bien que ce dernier retardât sans aucun doute le progrès de la foi catholique, il n’avait déjà plus de pouvoir pour supprimer la foi des pontifes romains ni perturber leurs usurpations. Quand les puissances éminentes d’Europe renoncèrent à leur attachement au paganisme ce fut seulement pour perpétuer leurs abominations sous une autre forme; car le christianisme manifesté dans l’église catholique n’était qu’un paganisme baptisé.

Le statut du siège de Rome était aussi original à cette époque. En 498, Symmaque accéda au trône pontifical alors qu’il n’était que récemment converti. Il parvint au siège pontifical après une lutte qu’il maintint avec son concurrent jusque dans le sang. Il reçut l’adulation comme successeur de Pierre, et il donna le ton de son entrée en fonction en prétendant excommunier l’empereur Anastase. Les plus serviles des flatteurs du pape commencèrent alors à soutenir qu’il avait été constitué juge à la place de Dieu, et qu’il était vice-régent du Très-Haut.

Telle était la tendance des événements à l’ouest. A la même époque, quelle était la situation à l’est? Un fort parti papal existait maintenant dans toutes les régions de l’empire. Les adhérents à sa cause, à Constantinople, encouragés par les succès de leurs frères de l’ouest, considérèrent que le moment était arrivé d’ouvrir les hostilités en faveur de leur maître de Rome.

Remarquez, que peu après 508, le paganisme avait chuté de telle manière et le Catholicisme avait acquis une telle force, que pour la première fois l’église catholique put soutenir avec succès une guerre aussi bien contre les autorités civiles de l’empire que contre l’église d’orient qui avait embrassé, dans sa majorité, la doctrine monophysite, que Rome considérait comme une hérésie. Le zèle des partisans culmina dans un tourbillon de fanatisme et de guerre civile, qui balaya Constantinople, dans le feu et le sang. Le résultat fut l’extermination de 65 000 hérétiques. Une citation de Gibbon, extraite de son récit des événements survenus entre 508 et 518, démontrera l’intensité de cette guerre:

«Les statues de l’empereur furent brisées, et celui-ci dut se cacher dans une banlieue jusqu’à ce qu’au bout de trois jours, il osât implorer la miséricorde de ses sujets. Sans son diadème, et dans l’attitude d’un suppliant, Anastase se présenta sur le trône du cirque. Les catholiques, face à lui, lui répétèrent ce qu’était pour eux le «véritableTrisagion»; ils exultèrent à son offre –qu’il fit proclamer par la voix d’un héraut, de renoncer à la pourpre; ils écoutèrent l’avertissement qu’ils devaient d’abord se mettre d’accord sur le choix d’un souverain, puisque tous ne pouvaient régner; et ils acceptèrent le sang de deux ministres impopulaires, que leur maître, sans vaciller, condamna aux lions. Ces séditions furieuses mais passagères étaient encouragées par le succès de Vitalien, qui, avec une armée de Huns et de Bulgares, idolâtres dans leur majorité, se déclara champion de la foi catholique. Par cette pieuse rébellion, il dépeupla la Thrace, assiégea Constantinople, extermina 65 000 chrétiens, jusqu’à ce qu’il obtienne le rappel des évêques, la satisfaction du pape, et l’établissement du concile de Chalcédoine, un traité orthodoxe, signé de mauvaise grâce par le moribond Anastase et exécuté plus fidèlement par l’oncle de Justinien. Tel fut le déroulement de la première des guerres religieuses qui ait été livrée au nom et par les disciples du Dieu de paix.»

Nous croyons avoir démontré clairement que le «continu» a été quitté vers 508. Ceci, arriva en vue de l’établissement de la papauté, qui fut un événement séparé et ultérieur, duquel le récit prophétique nous amène maintenant à parler.

La papauté dresse l’abomination du dévastateur.--«Elles feront dresser l’abomination du dévastateur». Ayant démontré clairement ce que nous considérions comme étant la suppression du perpétuel ou paganisme, informons-nous maintenant du moment où l’abomination du dévastateur, ou papauté se leva. La petite corne qui avait des yeux comme ceux d’un homme ne tarda pas à s’apercevoir que le chemin pour son élévation et son progrès était préparé. Depuis l’an 508, son progrès vers la suprématie universelle se réalisa d’une façon sans pareille.

Quand Justinien était sur le point de commencer la guerre contre les Vandales en 533, une entreprise qui n’était pas de peu d’envergure et de difficultés, il voulut s’assurer l’influence de l’évêque de Rome qui avait atteint une position qui, à son avis, était de poids dans une grande partie de la chrétienté. Justinien se chargea donc de trancher la controverse qui existait depuis assez longtemps, entre les sièges de Rome et de Constantinople, au sujet de celui qui devrait avoir la préséance. Il donna la préférence à Rome dans une lettre adressée officiellement au pape, dans laquelle il déclarait, dans des termes sans équivoque, que l’évêque de cette ville devait être la tête de tout le corps ecclésiastique de l’empire.

La lettre de Justinien dit: «Justinien, vainqueur, pieux, chanceux, fameux, triomphateur, toujours Auguste, à Jean, le très saint archevêque et patriarche de la noble ville de Rome. Rendant honneur au siège apostolique et à Votre Sainteté, comme ce fut toujours notre désir, et honorant votre béatitude comme un père, nous nous hâtons de porter à la connaissance de Votre Sainteté tout ce qui appartient à la condition des églises, vu que ce fut toujours notre grand objet de sauvegarder l’unité de votre Siège Apostolique et la position des saintes églises, qui maintenant prévaut et demeure en sécurité et sans aucune perturbation inquiétante. Aussi, nous avons été scrupuleux pour assujettir et unir tous les prêtres d’orient dans toute leur extension au siège de Votre Sainteté. Quelles que soient les questions qui sont actuellement en litige, nous avons cru nécessaire de les porter à la connaissance de Votre Sainteté, si claires et indubitables qu’elles puissent être, quand bien même elles seraient fermement soutenues et enseignées par tout le clergé en accord avec la doctrine de Votre Siège Apostolique; parce que nous ne permettons pas que rien de ce qui est en litige, aussi clair et indubitable qu’il soit, appartenant à l’état des églises, manque d’être porté à la connaissance de Votre Sainteté, en tant que tête de toutes les églises. Parce que comme nous l’avons dit antérieurement, nous avons du zèle pour augmenter l’honneur et l’autorité de votre siège à tous égards.»

«La lettre de l’empereur doit avoir été envoyée avant le 25 Mars 533. Parce que dans sa lettre portant la même date, dirigée à Epiphane, il parle d’elle comme l’ayant déjà envoyée, et il répète sa décision de soumettre au pape, ‘tête de tous les évêques, véritable et efficace correcteur des hérésies’, toutes les affaires touchant l’église»

«Au cours du même mois de l’année suivante, en 534, le pape répondit en reprenant le langage de l’empereur, en applaudissant ses hommages au Siège, et en adoptant les titres du mandat impérial. Il observe, parmi les vertus de Justinien, ‘une qui brille comme une étoile: sa vénération pour le siège apostolique, auquel il a assujetti et uni toutes les églises, étant vraiment la Tête de toutes; comme l’attestaient les règles des Pères, les lois des Princes et les déclarations de la piété de l’Empereur.’

«L’authenticité du titre reçoit une preuve incontestable des édits trouvés dans les ‘Novellæ’ du code de Justinien. Le préambule de la 9e déclare que ‘comme la Rome la plus antique était fondatrice des lois, on ne doit pas mettre en doute que la suprématie du pontificat se trouve en elle.’ La 131ª, sur les titres et les privilèges ecclésiastiques, chapitre II, déclare: ‘Nous décrétons donc, que le très saint Pape de la Rome la plus antique est le premier de tous les sacerdoces, et que le très béat archevêque de Constantinople, la seconde Rome, occupera le second poste après le saint siège apostolique de la Rome la plus antique.’»

Jusqu’à la fin du VIe siècle, Jean de Constantinople nia la suprématie romaine, et il assuma le titre d’évêque universel; sur quoi, Grégoire le Grand, indigné par cette usurpation, dénonça Jean et déclara, sans comprendre la vérité contenue dans sa déclaration, que celui qui assumait le titre d’évêque universel était l’antéchrist. En 606, Phocas supprima la prétention de l’évêque de Constantinople, et justifia celle de l’évêque de Rome. Mais Phocas ne fut pas le fondateur de la suprématie papale. «Il n’y a pas de doute que Phocas réprima la prétention de l’évêque de Constantinople. Mais les plus hautes autorités parmi les civiles et les analystes de Rome refusent l’idée que Phocas fût le fondateur de la suprématie de Rome; ils remontent jusqu’à Justinien comme seul source légitime, et datent correctement le titre de l’année mémorable 533.»

George Croly ajoute: «En référence à Baronius, autorité établie parmi les analystes romains, je trouve que la concession de suprématie que Justinien fit au pape se situait formellement à cette période… Toute la transaction fut des plus authentiques et régulières, et concorde avec l’importance du transfert.»

Telles furent les circonstances qui accompagnèrent le décret de Justinien. Mais les dispositions de ce décret ne pouvaient pas être mises en pratique tout de suite; parce que Rome et l’Italie étaient au pouvoir des Ostrogoths, qui étaient de foi arienne et qui s’opposaient énergiquement à la religion de Justinien et du pape. Il était donc évident que les Ostrogoths devaient être extirpés de Rome avant que le pape puisse exercer le pouvoir dont il avait été investi. Pour atteindre cet objectif, la guerre italienne débuta en 534. La direction de la campagne fut confiée à Bélisaire. Quand il s’approcha de Rome, de nombreuses villes abandonnèrent Vitigès, leur souverain Goth et hérétique, et s’unirent aux armées de l’empereur catholique. Les Goths, décidant de retarder les opérations offensives jusqu’au printemps, laissèrent Bélisaire entrer dans Rome sans opposition. Les députés du pape et le clergé, du sénat et du peuple, invitèrent le lieutenant de Justinien à accepter leur allégeance volontaire.

Bélisaire entra à Rome le 10 Décembre 536. Mais ce ne fut pas la fin de la lutte, parce que les Goths réunirent leurs forces et résolurent de contester la possession de la ville par un siège régulier, qu’ils commencèrent en Mars 537. Bélisaire craignit le désespoir et la trahison de la part du peuple. Plusieurs sénateurs et le Pape Sylvestre, dont la trahison fut prouvée ou soupçonnée, furent exilés. L’Empereur ordonna au clergé d’élire un nouvel archevêque. Après avoir invoqué solennellement le Saint-Esprit, ils élurent le diacre Vigile qui avait acheté la distinction honorifique par un pot-de-vin de deux cents livres d’or.

Toute la nation des Ostrogoths s’était réunie pour le siège de Rome, mais le succès n’accompagna pas leurs efforts. Leurs armées furent dévastées par des combats sanglants et fréquents sous les murailles de la ville, et par un siège d’un an et neuf jours ils assistèrent à la destruction presque complète de la nation. En Mars 538, comme de nouveaux dangers commençaient à les menacer, ils levèrent le siège, brûlèrent leurs tentes, et se retirèrent dans le tumulte et la confusion, en nombre à peine suffisant pour conserver leur existence comme nation ou leur identité comme peuple.

C’est ainsi que la corne ostrogothe, la dernière des trois, fut arrachée devant la petite corne de Daniel 7. Désormais, plus rien n’empêchait le pape d’exercer le pouvoir que Justinien lui avait conféré cinq ans auparavant. Les saints, les temps et les lois étaient entre ses mains, pas seulement en intention mais en fait. Et 538 doit donc être considéré comme l’année où «l’abomination de la désolation» prit place ou s’éleva, et le point de départ de la période prophétique des 1260 ans de la suprématie papale.

VERS. 32: «Mais ceux du peuple qui connaîtront leur Dieu agiront avec fermeté, et les plus sages parmi eux donneront instruction à la multitude.»

Le peuple qui connaît son Dieu.--Ceux qui abandonnent le livre de l’alliance, les saintes Ecritures, qui estiment plus les décrets des papes et les décisions des conciles que la Parole de Dieu, ceux-là, le pape les corrompra par ses mensonges. C’est-à-dire que leur zèle de partisans du Pape sera encouragé par les gratifications de richesses, de positions et d’honneurs.

En même temps, il y aura un peuple qui connaîtra son Dieu, et qui sera ferme et accomplira des prouesses . Ce sont les chrétiens qui conservèrent la religion pure et vive sur la terre pendant les âges obscurs de la tyrannie papale et qui accomplirent des actes d’abnégation admirables avec un héroïsme religieux en faveur de leur foi. Les Vaudois, les Albigeois et les Huguenots occupent une place privilégiée parmi eux.

VERS. 33: «Il en est qui succomberont pour un temps à l’épée et à la flamme, à la captivité et au pillage.»

On nous présente ici la longue période de persécution Papale contre ceux qui luttèrent pour soutenir la vérité et instruire leurs semblables dans les chemins de la justice. Le nombre des jours durant lesquels ils allaient tomber de cette façon, nous est donné dans Daniel 7: 25; 12: 7; Apocalypse 12: 6, 14,; 13: 5: La période est appelée «un temps, des temps, et la moitié d’un temps», «mille deux cent soixante jours» et «quarante-deux mois». Toutes ces expressions sont les différentes façons de désigner les mêmes mille deux cent soixante ans de la suprématie papale.

VERS. 34: «Dans le temps où ils succomberont, ils seront un peu secourus, et plusieurs se joindront à eux par hypocrisie.»

Dans Apocalypse 12, où l’on parle de cette même persécution papale, nous lisons que la terre aida la femme en ouvrant sa bouche et en engloutissant le fleuve que le dragon avait lancé derrière elle. La Réforme protestante dirigée par Martin Luther et ses collaborateurs procura l’aide prédite ici. Les états allemands épousèrent la cause protestante, protégèrent les Réformateurs et réfrénèrent les persécutions que l’église papale accomplissait. Mais quand les Protestants reçurent cette aide et que leur cause devint populaire, beaucoup se joignirent à eux par hypocrisie, c’est-à-dire qu’ils embrassèrent leur foi pour des motifs indignes.

VERS. 35: «Quelques-uns des hommes sages succomberont, afin qu’ils soient épurés, purifiés et blanchis, jusqu’au temps de la fin, car elle n’arrivera qu’au temps marqué.»

Bien que freiné, l’esprit persécuteur ne fut pas détruit. Il surgissait à chaque opportunité. Ceci arriva surtout en Angleterre. La condition religieuse de ce royaume fluctuait; parfois les Protestants dominaient, et parfois le pays tombait sous la juridiction papale, en accord avec la religion du monarque régnant. La «sanglante reine Marie»fut l’ennemi mortelle de la cause protestante, et des multitudes tombèrent victimes de ses persécutions implacables. Cette situation devait durer plus ou moinsjusqu’au «temps marqué», ou jusqu’à «la fin», selon d’autres traductions. La conclusion naturelle que l’on peut en tirer est que quand le temps de la fin arrivera, ce pouvoir que l’Eglise de Rome posséda pour châtier les hérétiques, et qui a occasionné tant de persécutions, et qui a été freinée pendant un temps, lui sera complètement retiré. Il semblerait aussi évident que cette suppression de la suprématie papale signalerait le commencement de la période appelée ici «temps de la fin». Si cette application est correcte, le temps de la fin commença en 1798; parce qu’alors, comme on l’a déjà noté, le pape fut renversé par les Français, et depuis lors, il n’a pas pu exercer tout le pouvoir qu’il avait auparavant. Il est évident qu’il est fait ici allusion à l’oppression de l’Eglise par le pape, parce que c’est l’unique passage, exception faite peut-être d’Apocalypse 2:10, en relation avec un «temps déterminé», ou période prophétique.

VERS. 36: «Le roi fera ce qu’il voudra; il s’élèvera, il se glorifiera au-dessus de tous les dieux, et il dira des choses incroyables contre le Dieu des dieux; il prospérera jusqu’à ce que la colère soit consommée, car ce qui est arrêté s’accomplira.»

Un roi se glorifie au-dessus de tous les dieux.--Le roi dont il est question ici ne peut pas représenter la même puissance que nous avons étudiée, à savoir, la papale; parce que les caractéristiques ne correspondent ni ne s’appliquent à cette puissance.

Nous avons, par exemple, la déclaration du verset suivant: «il n’aura égard à aucun dieu». Ceci n’a jamais été attribué à la papauté. Ce système religieux n’a jamais laissé de côté ou rejeté Dieu ou Christ, bien qu’elle en donnât souvent une fausse image.

Trois caractéristiques doivent être remarquées dans la puissance qui accomplit cette prophétie: elle doit assumer le caractère décrit ici, au commencement du temps de la fin, lequel nous amène au verset précédent. Ce doit être une puissance obstinée et athée. Peut-être devrions-nous unir ces deux dernières caractéristiques en disant qu’elle sera obstinée dans l’athéisme.

La France satisfait la prophétie.--Une révolution qui répond exactement à cette description se produisit en France au temps indiqué par la prophétie. Les athées jetèrent les semences qui donnèrent leurs fruits logiques et néfastes. Voltaire avait dit, dans sa pompeuse bien qu’impuissante propre suffisance: «Je suis fatigué d’entendre répéter que douze hommes fondèrent la religion chrétienne. Je démontrerai qu’un seul homme suffit à la détruire.»En s’associant à des hommes comme Rousseau, d’Alembert, Diderot et d’autres, il entreprit la réalisation de sa menace. Ils semèrent du vent, et récoltèrent la tempête. De plus, l’Eglise catholique romaine était notoirement corrompue à cette époque, et le peuple souhaitait rompre le joug de l’oppression ecclésiastique. Leurs efforts culminèrent sous le «règne de la terreur» en 1793, pendant lequel la France méprisa la Bible et nia l’existence de Dieu.

Un historien moderne décrit ainsi ce grand changement religieux:

«Certains membres de la Convention avaient été les premiers à tenter de remplacer, dans les provinces, le culte chrétien par une cérémonie civique, à l’automne 1793. A Abbeville, Dumont, ayant déclaré à la populace que les prêtres étaient des ‘Arlequins et des clowns en habit noir, qui montraient des marionnettes,’ il établit le culte de la Raison et, avec un manque de cohérence hors du commun, il organisa un ‘spectacle de marionnettes’ selon sa propre description, avec des danses dans la cathédrale à chaque décade, et des fêtes civiques sur l’observance de laquelle il insistait beaucoup. Fouché fut le second fonctionnaire à abolir le culte chrétien. En parlant depuis le pupitre de la cathédrale de Nevers, il effaça officiellement tout ce qui est spirituel du programme républicain, promulgua le fameux ordre qui déclarait ‘la mort, sommeil éternel’, et il «ferma» ainsi le ciel et l’enfer…Dans son discours de félicitations à l’ex-évêque, le président déclara que comme l’Etre Suprême ne désirait pas d’autre culte que celui de la Raison, celui-ci constituerait dans le futur la religion nationale.’»

Mais il y a d’autres caractéristiques encore plus surprenantes qui furent accomplies par la France.

VERS. 37: «Il n’aura égard ni aux dieux de ses pères, ni à la divinité qui fait les délices des femmes; il n’aura égard à aucun dieu, car il se glorifiera au-dessus de tous.»

La parole hébraïque traduite par femme est aussi rendue par épouse; et Thomas Newton observe que ce passage serait mieux interprété si on disait «le désir des épouses». Ceci paraîtrait indiquer que ce gouvernement, en même temps, tout en déclarant l’inexistence de Dieu, piétinerait la loi que Dieu donna pour régir l’institution matrimoniale. Et nous découvrons que l’historien, peut-être inconsciemment, et ceci est d’autant plus significatif, associa l’athéisme et l’esprit licencieux de ce gouvernement dans le même ordre qu’il se présente dans la prophétie. Il dit:

«La famille avait été détruite. Sous l’ancien régime, elle avait été le fondement même de la société… Le décret du 20 septembre 1792, qui établissait le divorce et qui fut mené plus loin par la Convention en 1794, donna avant quatre ans des fruits que la Législation même n’avait pas rêvé: un divorce pouvait être prononcé immédiatement pour la raison d’incompatibilité de caractère, de façon qu’il entrerait en vigueur au plus tard dans un an, si un des conjoints refusait de se séparer de l’autre avant la fin de cette période.

«Il y a eut une avalanche de divorces: fin 1793, soit quinze mois après la promulgation du décret, on avait accordé 5 994 divorces à Paris… Sous le Directoire, nous voyons les femmes passer de mains en mains par un processus légal. Quel était le sort des enfants qui naissaient de telles unions successives? Quelques parents s’en débarrassaient: le nombre des enfants trouvés dans Paris durant l’an V s’éleva à 4 000, et à 44 000 dans les autres départements. Quand les parents gardaient leurs enfants, le résultat était une confusion tragi-comique. Un homme se maria avec plusieurs soeurs, l’une après l’autre; un citoyen demanda aux Cinq Cents un permis pour se marier avec la mère des deux épouses qu’il avait déjà eues… La famille se dissolvait.»

«Il n’aura égard à aucun dieu». En plus du témoignage déjà présenté pour démontrer combien l’athéisme qui régnait alors était total, lisez ce qui suit:

«L’évêque constitutionnel de Paris fut poussé à interpréter le rôle principal de la farce la plus impudente et scandaleuse qui n’ait jamais été jouée devant une représentation nationale.… Il fut amené, en pleine procession, à déclarer à la Convention que la religion que lui-même avait enseignée pendant tant d’années, était un sacerdoce qui n’avait aucun fondement dans l’histoire ni aucune vérité historique. Il nia, en termes solennels et explicites l’existence de la Divinité au culte de laquelle il avait été consacré, et il se compromit à l’avenir à rendre hommage à la liberté, à l’égalité, à la vertu et à la moralité. Ensuite il déposa sur la table ses ornements épiscopaux, et il reçut le baiser fraternel du président de la Convention. Plusieurs prêtres apostats suivirent l’exemple de ce prélat.»

«Hébert, Chaumette et leurs associés se présentèrent à la tribune, et déclarèrent que ‘Dieu n’existe pas’.

On dit que la crainte de Dieu était si loin d’être le principe de la sagesse qu’elle était une folie. Tout culte fut interdit sauf celui de la liberté et de la patrie. L’or et l’argent qu’il y avait dans les églises furent confisqués et profanés. Les églises furent fermées. Les cloches furent brisées et fondues pour en faire des canons. On brûla publiquement la Bible. Les vases sacrés furent promenés par les rues sur un âne, en signe de mépris. Un cycle de dix jours fut établi à la place de la semaine, et on inscrivit en lettres détachées sur les sépultures que la mort était un sommeil éternel. Mais le blasphème le plus grand, si ces orgies infernales admettent une classification, allait être la représentation du comique Monvel, qui, en tant que prêtre de l’Illuminisme, dit: «Dieu! Si tu existes, … venge ton nom injurié. Je te défie. Tais-toi; n’essaie pas de lancer ta foudre; qui, après ça, croira à ton existence?»

Tel est l’homme quand il est abandonné à lui-même, et telle est l’incrédulité quand elle se libère des restrictions de la loi, et exerce le pouvoir. Peut-on douter que ces scènes soient celles qui furent ce que l’Omniscient a prévues et inscrites dans la page sacrée quand Il indiqua qu’un royaume se glorifierait au-dessus de tous les dieux et les mépriserait?

VERS. 38: «Toutefois il honorera le dieu des forteresses sur son piédestal; à ce dieu, que ne connaissaient pas ses pères, il rendra des hommages avec de l’or et de l’argent, avec des pierres précieuses et des objets de prix.»

Nous trouvons une contradiction apparente dans ce verset. Comment une nation peut-elle mépriser tous les dieux, et cependant, honorer le «dieu des forteresses»? Elle ne peut pas assumer les deux attitudes à la fois; mais elle pourrait pendant un certain temps mépriser tous les dieux, et ensuite introduire un autre culte et adorer le dieu de la force. Y eut-il un tel changement en France, à cette époque? Bien sûr. La tentative de faire de la France une nation sans dieu produisit une telle anarchie que les gouverneurs craignirent que le pouvoir leur échappât complètement, et ils sentirent qu’il était politiquement nécessaire d’introduire un culte. Mais ils ne voulurent pas commencer un mouvement qui augmentât la dévotion, ni développât un caractère vraiment spirituel parmi le peuple, mais seulement trouver un moyen qui pourrait les aider à se maintenir au pouvoir et qui leur donnerait le contrôle des forces de la nation. Quelques extraits de l’histoire le démontreront. La liberté et la patrie furent au début offertes comme objets d’adorations. La «liberté, égalité, vertu et moralité», précisément l’opposé de ce qu’ils possédaient en réalité ou manifestaient dans la pratique, furent les mots qu’ils employèrent ensuite pour décrire la divinité de la nation. En 1793 on introduisit le culte de la déesse Raison, et l’historien écrit:

«Une des cérémonies de cette époque insensée se détache sans égale par l’absurdité combinée à l’impiété. Les portes de la Convention s’ouvrirent devant un groupe de musiciens, derrière lequel le Corps Municipal entra en procession solennelle, en chantant un hymne de louange à la liberté et escortant, comme objet de leur culte futur, une femme voilée, qu’il appelaient la déesse de la Raison. Une fois introduite sur l’estrade, on lui ôta le voile en grande pompe, et on la plaça à la droite du président; on vit alors qu’il s’agissait d’une danseuse de l’Opéra, dont les charmes étaient connus de la majorité des personnes présentes pour ses rôles sur la scène…. La Convention Nationale lui rendit un hommage public, en tant que représentante la plus conforme de cette Raison qu’elle adorait. Cette farce impie et ridicule eut un certain succès; et l’installation de la déesse de la Raison se renouvela et fut imitée partout dans la nation où les habitants désiraient se montrer à la hauteur de la révolution.»

L’historien français moderne, Louis Madelin, écrit:

L’Assemblée, s’étant excusée de ne pas pouvoir rester, à cause de tout le travail qu’elle avait, une procession (de gens de toutes sortes) accompagna la déesse aux Tuileries, et obligea les députés à décréter en sa présence la transformation de Notre-Dame en Temple de la Raison. Et comme si cela ne suffisait pas, une autre déesse de la Raison, l’épouse de Momoro, membre de la Convention, fut installée à Saint-Sulpice la décade suivante. En peu de temps, ces Libertés et ces Raisons pullulèrent dans toute la France. Très souvent, elles étaient des femmes licencieuses, avec ici et là une déesse de bonne famille et de conduite décente. S’il est vrai que le front de quelques-unes de ces Libertés se ceignirent d’un ruban qui portait cette inscription: ‘Ne me convertissez pas en Licence’, nous pouvons dire que cette inscription était difficilement superflue dans n’importe quelle partie de la France, parce que généralement, les saturnales les plus répugnantes y régnaient. On dit qu’à Lyon, on donna à boire à un âne dans un calice… Payan pleura sur ‘ces déesses, plus dégradées que celles de la fable».

Tandis que le culte grotesque de la Raison paraissait rendre la nation folle, les dirigeants de la révolution passèrent à l’histoire comme «athées». Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que pour freiner le peuple on avait besoin d’une religion, avec des sanctions plus puissantes, que l’actuelle alors à la mode. Aussi, une forme de culte apparut, dans lequel «l’Etre Suprême» était objet d’adoration; culte également inutile quant à apporter une réforme de la vie et une piété vitale, mais il s’appuyait sur le surnaturel. Et bien que la déesse de la Raison fut en vérité un «dieu étranger», la déclaration relative au «dieu des forteresses» peut se référer cette fois plus adéquatement à cette dernière phrase:

VERS. 39: «et il agira dans les lieux forts des forteresses, avec un dieu étranger: à qui le reconnaîtra il multipliera la gloire; il les fera dominer sur la multitude et [leur] partagera le pays en récompense.» [Version Darby, 1970].

Le système du paganisme qui avait été introduit en France, illustré par l’adoration de la déesse de la Raison et régi par un rituel athée décrété par l’Assemblée Nationale à l’usage du peuple français, fut en vigueur jusqu’à la nomination de Napoléon par le Consulat de France en 1799. Les adhérents à cette religion étrange occupaient les lieux fortifiés, les bastions de la nation, comme l’exprime ce verset.

Mais ce qui permet d’identifier l’application de cette prophétie à la France, encore plus que n’importe quel détail, c’est la déclaration faite dans la dernière partie du verset, à savoir que par intérêt, il «partagera le pays». Avant la révolution, les terres de France appartenaient à l’église catholique et à quelques seigneurs de la noblesse. C’étaient de grandes propriétés qui selon la loi ne pouvaient pas être morcelées ni par les héritiers ni par les créanciers. Mais les révolutions ne connaissent pas la loi, et durant l’anarchie qui régna, comme on le verra dans Apocalypse 11, les titres de noblesse furent abolis et les terres furent vendues en petites parcelles au bénéfice du Trésor Public. Le gouvernement avait besoin de fonds, et ces grandes propriétés furent confisquées et vendues aux enchères, en parcelles divisées aux convenances des acheteurs. L’historien décrit comme suit cette transaction unique:

«La confiscation des deux tiers des terres du royaume, ordonnée par les décrets de la Convention contre les émigrants, le clergé et les personnes déclarées coupables par les tribunaux révolutionnaires… mit à la disposition du gouvernement des fonds supérieurs à 700 000 000 de livres sterling.»

Quand, et dans quel pays se produisit un tel événement en accord avec la prophétie?

Quand la nation commença à revenir à elle, on exigea une religion plus rationnelle, et on abolit le rituel païen. L’historien décrit cet événement de la façon suivante:

«Une troisième mesure, plus audacieuse, fut l’abandon du rituel païen et la réouverture des églises pour le culte chrétien. Ceci fut totalement dû à Napoléon, qui dut s’opposer aux préjugés philosophiques de presque tous ses collègues. Dans ses conversations avec eux, il ne tenta pas de se présenter comme un croyant du christianisme, mais il se basa uniquement sur le fait qu’il était nécessaire de donner au peuple des moyens réguliers de culte partout où l’on voulait un état de tranquillité. Les prêtres qui acceptèrent de prêter serment de fidélité au gouvernement furent réadmis dans leurs fonctions; et cette mesure sage fut suivie par l’adhésion, pour le moins, de 20 000 de ces ministres de la religion qui jusqu’alors languissaient dans les prisons de France.»

Ainsi s’acheva le règne de la terreur et la Révolution française. De ses ruines surgit Bonaparte, pour guider le tumulte vers sa propre élévation, pour se placer à la tête du gouvernement de la France et remplir de terreur le coeur des nations.

VERS. 40: «Au temps de la fin, le roi du midi se heurtera contre lui. Et le roi du septentrion fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec de nombreux navires; il s’avancera dans les terres, se répandra comme un torrent et débordera.»

De nouveaux conflits entre le roi du Sud et le roi du Nord.--Après un long intervalle, le roi du Sud et le roi du Nord réapparaissent. Jusqu’ici nous n’avons rien trouvé qui nous indique que nous devons chercher d’autres territoires pour ces deux puissances qui ne soient pas ceux qui peu avant la mort d’Alexandre constituèrent respectivement les divisions méridionale et septentrionale de son empire. Le roi du Sud était toujours l’Egypte, et le roi du Nord était la Syrie, mais il incluait aussi la Thrace et l’Asie mineure. L’Egypte continua à régir le territoire désigné comme appartenant au roi du Sud, et la Turquie pendant plus de quatre cents ans gouverna le territoire constitué, au début, par le domaine du roi du Nord.

Cette application de la prophétie évoque un conflit entre l’Egypte et la France, et entre la Turquie et la France, en 1798, soit l’année qui signale, comme nous l’avons déjà vu, le commencement du temps de la fin. Si l’histoire atteste qu’une guerre triangulaire de ce caractère éclata, la justesse de l’application sera prouvée de façon concluante.

Demandons-nous donc: Est-il vrai que dans le temps de la fin, l’Egypte «se heurta» avec la France et lui opposa une résistance comparativement faible, tandis que la Turquie «fondit sur lui comme une tempête», c’est-à-dire contre l’envoyé de France? Nous avons déjà présenté certaines preuves que le temps de la fin commença en 1798; et aucun lecteur de l’histoire n’a besoin d’être informé qu’un état d’hostilité ouverte entre la France et l’Egypte se développa cette année-là.

L’historien formera son opinion sur la part que jouèrent dans l’origine du conflit les rêves de gloire qu’hébergeait le cerveau délirant et ambitieux de Napoléon Bonaparte; mais les Français, ou du moins Napoléon, conçurent de faire que l’Egypte fût l’agresseur. «Dans une proclamation habilement rédigée, il [Napoléon] assura aux peuples d’Egypte qu’il était venu seulement pour châtier la caste gouvernante des Mamelouks, pour les dépravations qu’ils avaient fait souffrir à certains négociants français; et loin de vouloir détruire la religion musulmane, il avait plus de respect pour Dieu, Mahomet et le Coran que les Mamelouks; que les Français avaient détruit le pape et les Chevaliers de Malte qui faisaient la guerre aux musulmans; donc, celui qui se placerait du côté des Français serait béni trois fois, et même ceux qui resteraient neutres seraient bénis, et ceux qui se battraient contre eux seraient trois fois malheureux.»

Le commencement de l’année 1798 trouva les Français élaborant de grands projets contre les Anglais. Le Directoire désirait que Bonaparte entreprenne de suite la traversée du canal et attaque l’Angleterre; mais il voyait qu’aucune opération directe de cette classe ne pourrait pas être entreprise judicieusement avant l’automne, et il n’était pas disposé à risquer sa réputation naissante en passant l’été dans l’oisiveté. «Mais –dit l’historien, il voyait une terre lointaine, où il pourrait acquérir une gloire qui lui donnerait un nouvel attrait aux yeux de ses compatriotes par l’air romantique et mystérieux qui enveloppait le décor. L’Egypte, terre des Pharaons et des Ptolémées, serait un noble champ pour obtenir de nouveaux triomphes.»

Tandis que Napoléon contemplait des horizons encore plus vastes que les pays historiques de l’Orient, qui n’englobent pas seulement l’Egypte, mais aussi la Syrie, la Perse, l’Hindoustan et même jusqu’au Ganges, il n’eut pas de difficultés à convaincre le Directoire que l’Egypte était le point vulnérable où il pouvait blesser l’Angleterre, en interceptant son commerce oriental. En conséquence, sous le prétexte mentionné plus haut, la campagne d’Egypte fut entreprise.

La chute de la papauté, qui signalait la fin des 1260 ans et marquait, selon le verset 35, le commencement du temps de la fin, arriva en février 1798, quand Rome tomba aux mains du général Berthier. Le 5 Mars suivant, Bonaparte recevait le décret du Directoire relatif à l’expédition contre l’Egypte. Il sortit de Paris le 3 Mai, et il prit la mer à Toulon le 19, avec quatorze frégates (quelques-unes non armées), un grand nombre de bateaux de guerre plus petits, et environ 300 transporteurs. A bord, il y avait plus de 35 000 soldats, avec 1230 chevaux. Si nous incluons l’équipage, la commission de savants envoyés pour explorer les merveilles d’Egypte et les assistants, le total des personnes étaient de 50 000; et on l’a même fait monter jusqu’à 54 000.»

Le 2 Juillet il prit Alexandrie et la fortifia immédiatement. Le 21, la bataille décisive des Pyramides eut lieu, et les Mamelouks défendirent le terrain avec courage et désespoir, mais ils ne purent pas être à la hauteur des légions disciplinées des Français. Murad Bey perdit tous ses canons, 400 chameaux et 3000 hommes. Les pertes des Français furent comparativement peu nombreuses. Le 25, Bonaparte entra au Caire, capital de l’Egypte, et il attendit seulement la baisse des inondations du Nil pour poursuivre Murad Bey jusqu’en Haute Egypte où il s’était retiré avec sa cavalerie dispersée; et il conquit ainsi tout le pays. En fait, le roi du Sud ne put offrir qu’une faible résistance.

Mais la situation de Napoléon commença à devenir précaire. La flotte française, qui était son unique moyen de communication avec la France, fut détruite par les Anglais commandés par Nelson, à Aboukir. Le 11 Septembre 1798, le sultan de Turquie, animé par une jalousie contre la France ingénieusement encouragée par les ambassadeurs anglais à Constantinople et exaspérée parce que l’Egypte, qui avait été pendant longtemps semi-dépendante de l’empire ottoman, se transformait en une province française, déclara la guerre à la France. Ainsi, le roi du Nord (la Turquie) «fondit sur lui» (la France) dans la même année que le roi du Sud (l’Egypte) «se heurta contre lui», «au temps de la fin». C’est une autre preuve concluante que l’an 1798 est le début de cette période, et tout démontre que l’application donnée ici à la prophétie est correcte. Il semble impossible que tant d’événements, ayant les caractéristiques de la prophétie au même moment, et avec tant de précision, ne constituent pas l’accomplissement de la prophétie.

L’arrivée du roi du Nord, ou de la Turquie, fut «comme une tempête» en comparaison avec la manière dont se défendit l’Egypte. Napoléon avait écrasé les armées égyptiennes, et il se proposait de faire la même chose avec celles du sultan qui menaçaient de l’attaquer depuis l’Asie. Il commença sa marche du Caire vers la Syrie le 27 février 1799, avec 18 000 hommes. Il prit d’abord le fort El-Arish dans le désert, ensuite Jaffa (la Joppé de la Bible), il vainquit les habitants de Naplouse à Zeta, et fut à nouveau victorieux à Jafet. Pendant ce temps, un corps de l’armée turque s’était retranché à Saint-Jean-d’Acre, tandis que des nuées de musulmans se réunissaient dans les montagnes de Samarie, prêts à tomber sur les Français quand ils assiégeraient Saint-Jean-d’Acre. Au même moment, Sir Sidney Smith apparut devant Saint-Jean-d’Acre avec deux bateaux anglais, il renforça la garnison turque et captura le dispositif de siège que Napoléon avait envoyé par mer depuis Alexandrie. Très vite, apparut à l’horizon, une flotte turque qui, avec les bateaux anglais et russes qui coopéraient avec elle, constituales «nombreux navires» du roi du Nord.

Le siège commença le 18 Mars. Napoléon fut appelé deux fois à l’abandonner pour sauver quelques divisions françaises qui étaient sur le point de tomber entre les mains des hordes musulmanes qui inondaient le pays. Deux fois, on fit une brèche dans la muraille de la ville, mais les assaillants furent reçus avec une telle fureur par la garnison, qu’ils se virent obligés de renoncer à la lutte malgré tous leurs efforts. Après avoir tenu pendant soixante-dix jours, Napoléon leva le siège, fit sonner la retraite pour la première fois de sa carrière, et le 21 Mai 1799 commença à rebrousser chemin vers l’Egypte.

Il «se répandra comme un torrent et débordera». Nous avons trouvé des événements qui accomplissent de façon surprenante la prédiction concernant le roi du Sud, et concernant aussi l’attaque foudroyante du roi du Nord contre la France. Jusqu’ici l’histoire concorde de façon générale avec la prophétie. Mais nous arrivons à un point où les opinions des commentateurs commencent à diverger. A qui s’applique l’expression: «se répandra comme un torrent et débordera»? A la France ou au roi du Nord? L’application du reste du chapitre dépend de la réponse que nous donnons à cette question. A partir d’ici, il y a deux interprétations. Quelques-uns appliquent cette expression à la France, et ils tentent de trouver son accomplissement dans la carrière de Napoléon. D’autres l’appliquent au roi du Nord, et voient son accomplissement dans les événements de l’histoire de la Turquie. Nous parlons seulement de ces deux positions, nous ne parlons pas de celle qui parle de la papauté car elle est hors de considération. Si aucune des deux interprétations n’est libre de difficultés, comme il est inévitable de l’admettre, l’unique chose à faire est de choisir celle qui a les plus grandes évidences en sa faveur. Et il nous semble qu’il y a en faveur de l’une d’elles des évidences si prépondérantes qu’elles excluent l’autre et ne laisse aucune place au plus petit doute.

La Turquie devient le roi du Nord.--Quant à l’application de cette portion de la prophétie à Napoléon, ou à la France sous sa direction, nous ne trouvons pas d’événements dont nous pouvons recommander avec le plus petit degré d’assurance l’accomplissement de la partie restante de ce chapitre. En conséquence, nous ne voyons pas comment on pourrait lui donner une telle application. Elle doit donc être accomplie par la Turquie, à moins que l’on puisse démontrer que l’expression «roi du Nord» ne s’applique pas à la Turquie, ou qu’il y ait, en plus de la France ou du roi du Nord, une autre puissance qui exécute cette partie de la prédiction. Mais si la Turquie, occupant actuel du territoire qui constituait la partie septentrionale de l’empire d’Alexandre, n’est pas le roi du Nord de cette prophétie, alors nous nous trouvons sans point de départ pour nous guider dans l’interprétation. Nous présumons que tous reconnaissent qu’il n’y a pas lieu d’introduire un autre pouvoir ici. La France et le roi du Nord sont les seuls auxquels la prédiction peut s’appliquer. L’accomplissement doit se trouver dans l’histoire de l’une ou l’autre de ces puissances.

Quelques remarques faciliteront certainement l’idée que la dernière partie du verset 40, l’objet principal de la prophétie, passe de la puissance française au roi du Nord. Ce dernier vient d’être introduit comme arrivant comme une tempête avec des chars, des chevaux et beaucoup de navires. Nous avons déjà pris note du choc qui se produisit entre cette puissance et la France. Avec l’aide de ses alliés, le roi du Nord gagna la bataille; et les Français, échouèrent dans leurs efforts, et retournèrent en Egypte. Le plus naturel est d’appliquer l’expression il «se répandra comme un torrent et débordera» à la puissance qui sortit vainqueur de cette lutte, c’est-à-dire la Turquie.

VERS. 41: «Il entrera dans le plus beau des pays, et plusieurs succomberont; mais Edom, Moab, et les principaux des enfants d’Ammon seront délivrés de sa main.»

Abandonnant une campagne dans laquelle un tiers de leur armée avait été victime de la guerre et de la peste, les Français se retirèrent de Saint-Jean-d’Acre, et après une marche pénible de vingt-six jours ils entrèrent à nouveau au Caire, en Egypte. Ils abandonnèrent ainsi toutes les conquêtes qu’ils avaient faites en Judée; et «le plus beau des pays», c’est-à-dire la Palestine, avec toutes ses provinces, retombèrent sous le gouvernement oppressif des turcs. Edom, Moab et Ammon, qui étaient hors des limites de la Palestine, au Sud et à l’orient de la Mer Morte et du Jourdain, restèrent hors de la ligne de passage des Turcs de Syrie en Egypte, et ils échappèrent ainsi aux ravages de cette campagne. Au sujet de ce passage, Adam Clarke note: «Ceux-ci et d’autres arabes, n’ont jamais pu [les Turcs] les subjuguer. Ils occupaient toujours les déserts, et ils recevaient une pension annuelle de quarante mille couronnes d’or des empereurs ottomans pour qu’ils laissent passer librement les caravanes de pèlerins qui se dirigeaient à la Mecque.»

VERS. 42: «Il étendra sa main sur divers pays, et le pays d’Egypte n’échappera point.»

Quand les Français se retirèrent en Egypte, une flotte turque débarqua 10 000 hommes à Aboukir. Napoléon attaqua immédiatement le site, vainquit complètement les Turcs et rétablit son autorité sur l’Egypte. Mais à ce moment de sévères problèmes dans les armées françaises en Europe, firent revenir Napoléon pour s’occuper des intérêts de son pays. Il laissa le commandement des troupes qui restaient en Egypte au général Kléber. Après une période d’activité infatigable en faveur de son armée, ce général fut assassiné au Caire par un Turc, et Abdallah Menou assuma le commandement; mais toute perte était très grave pour une armée qui ne pouvait pas recevoir de renforts.

Pendant ce temps, le gouvernement Anglais, en tant qu’allié des Turcs, avait décidé d’enlever l’Egypte aux Français. Le 13 Mars 1801, une flotte anglaise débarqua des troupes à Aboukir. Les Français livrèrent la bataille le jour suivant, mais ils se virent obligés de se retirer. Le 18, Aboukir se rendit. Le 28, des renforts amenés par une flotte turque arrivèrent et le grand vizir s’approcha depuis la Syrie avec une grande armée. Le 19, Rosette se rendit aux forces combinées des Anglais et des Turcs. A Ramanieh, un corps de 4 000 Français fut mis en déroute par 8 000 Anglais et 6 000 Turcs. A Elmenayer, 5 000 Français se virent obligés de se retirer, le 16 Mai, parce que le vizir approchait du Caire avec 20 000 hommes. Toute l’armée française fut alors enfermée au Caire et à Alexandrie. Le Caire capitula le 27 Juin, et Alexandrie le 2 Septembre. Quatre semaines plus tard, le 1er Octobre, les préliminaires de la paix furent signés, à Londres.

«Le pays d’Egypte n’échappera point», disait la prophétie. Ce langage paraissait impliquer que l’Egypte allait rester soumise à une puissance de la domination de laquelle elle désirerait être libérée. La préférence des Egyptiens allait-elle aux Français ou aux Turcs? Dans l’ouvrage de R. R. Madden sur les voyages en Turquie, en Egypte, en Nubie et en Palestine, il est dit que les Egyptiens considéraient les Français comme leurs bienfaiteurs; que durant la courte période qu’ils passèrent en Egypte, ils laissèrent des traces d’amélioration; et que, s’ils avaient pu établir leur domination, l’Egypte serait aujourd’hui un pays relativement civilisé. Etant donné ce témoignage, il est clair que le langage des Ecritures ne s’applique pas à la France, car les Egyptiens ne désiraient pas échapper de leurs mains; bien qu’ils désiraient fuir des mains des Turcs, ils ne le purent pas.

VERS. 43: «Il se rendra maître des trésors d’or et d’argent, et de toutes les choses précieuses de l’Egypte; les Libyens et les Ethiopiens seront à sa suite.»

Comme illustration de ce verset, citons une déclaration de l’historien au sujet de Méhémet Alí, le gouverneur turc d’Egypte qui assuma le pouvoir après la défaite des Français:

«Le nouveau Pacha se consacra à fortifier sa position afin de s’assurer définitivement le gouvernement d’Egypte pour lui et sa famille. D’abord, il vit qu’il devait exiger un large revenu de ses sujets, afin d’envoyer de telles quantités de contributions à Constantinople qu’elles apaiseraient le sultan et le convaincraient qu’il était dans son intérêt de soutenir le pouvoir du gouverneur d’Egypte. Agissant en accord avec ces principes, il employa de nombreuses méthodes injustes pour entrer en possession de grandes propriétés; il nia la légitimité de beaucoup de successions; il brûla des titres de propriété et confisqua des fonds; enfin, il défia les droits universellement reconnus des propriétaires. A la suite de quoi, de nombreuses émeutes éclatèrent, mais Méhémet Ali y était préparé, et par sa terrible fermeté il créa l’apparence que la seule présentation des droits était une agression de la part des Cheikhs. Il augmenta constamment les impôts, et il donna la charge de les collecter aux militaires; par ces méthodes il appauvrit les paysans à l’extrême.»

VERS. 44: «Des nouvelles de l’orient et du septentrion viendront l’effrayer, et il partira avec une grande fureur pour détruire et exterminer des multitudes.»

Le roi du Nord en difficulté.--Au sujet de ce verset, Adam Clarke a écrit une note qui mérite d’être citée: «On reconnaît en général que cette partie de la prophétie ne s’est toujours pas accomplie». Cette note fut imprimée en 1825. Dans une autre partie de son commentaire il dit: Si on doit comprendre que, comme dans les versets antérieurs, il s’agit de la Turquie, cela peut vouloir dire que les Perses à l’est, et les Russes au Nord, mettront à ce moment-là le gouvernement ottoman dans une situation très embarrassante.»

Entre cette conjecture d’Adam Clarke, écrite en 1825, et la guerre de Crimée entre 1853 et 1856, il y a une coïncidence surprenante, dans la mesure où les puissances qu’il mentionne, les Perses à l’Est et les Russes au Nord, furent à l’origine du conflit. Les nouvelles qui arrivèrent de ces puissances perturbèrent la Turquie. Leur attitude et leurs mouvements incitèrent le sultan à la colère et à la vengeance. La Russie fut l’objet de l’attaque, étant la puissance la plus agressive. La Turquie déclara la guerre à son puissant voisin en 1853. Le monde vit avec étonnement comment un gouvernement se jetait précipitamment dans le conflit, gouvernement qui s’appelait depuis longtemps «le malade de l’Orient», et dont les armées étaient démoralisées, dont la trésorerie était vide, les dirigeants étaient vils et imbéciles, et dont les sujets étaient rebelles et menaçaient de se séparer. La prophétie disait qu’il sortirait «avec une grande fureur pour détruire et exterminer des multitudes». Quand les Turcs entrèrent en guerre, un certain écrivain américain écrivit dans un langage profane en disant qu’ils «se battaient comme des démons». Il est certain que la France et l’Angleterre accoururent pour aider la Turquie; mais celle-ci entra dans la guerre de la manière décrite et obtint une victoire importante avant de recevoir l’aide des deux puissances nommées.

VERS. 45: «Il dressera les tentes de son palais entre les mers, vers la glorieuse et sainte montagne. Puis il arrivera à la fin, sans que personne lui soit en aide.»

Le roi du Nord arrive à sa fin.--Nous avons suivit la prophétie de Daniel 11 pas à pas jusqu’à son dernier verset. A voir comment les prophéties divines trouvèrent leur accomplissement dans l’histoire, notre foi est fortifiée par la réalisation finale de la parole prophétique de Dieu.

La prophétie du verset 45 se réfère à la puissance appelée roi du Nord. C’est la puissance qui domine le territoire possédé à l’origine par le roi du Nord. (Voir les pages 99 et 100).

Il est prédit que le roi du Nord «arrivera à la fin, sans que personne ne lui soit en aide». Exactement comment, quand et où arrivera sa fin, c’est quelque chose que nous pouvons observer avec un solennel intérêt, sachant que la main de la Providence dirige le destin des nations.

Très vite, le temps résoudra ce problème. Quand cet événement se produira, quelle sera la suite? Des événements d’un intérêt des plus importants pour tous les habitants du monde, comme le démontre immédiatement le chapitre suivant

Chapitre XII. - Le Moment Crucial de L’Histoire Approche

VERS. 1: «En ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple; et ce sera une époque de détresse, telle qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent jusqu’à cette époque. En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés.»

Dans ce verset, un temps bien arrêté est spécifié, non pas une année, un mois ou un jour déterminé, mais un temps défini par un certain événement avec lequel il est en relation. «En ce temps-là». Quel temps? Le temps auquel le verset final du chapitre antérieur nous a amené, l’époque où le roi du Nord plantera les tentes de son palais sur la montagne glorieuse et sainte. Quand cela arrivera, sa fin viendra; et alors, selon ce verset, nous devons attendre que Micaël, le grand Chef, se lève.

Micaël se lèvera.--Qui est Micaël, et que signifie le fait qu’il se lève? Micaël est appelé «l’Archange» dans Jude 9. Il s’agit du Chef ou de la Tête des anges. Il n’y en a qu’un. Qui est-il? C’est celui dont la voix s’entend depuis le ciel quand il ressuscite les morts (1 Thessaloniciens 4: 16). Dont la voix est en relation avec cet événement. La voix de notre Seigneur Jésus-Christ (Jean 5: 28). Quand, basés sur ce fait, nous cherchons la vérité, nous arrivons à la conclusion suivante: la voix du Fils de Dieu est la voix de l’Archange; aussi l’Archange doit être le Fils de Dieu. Mais l’Archange s’appelle Micaël; donc Micaël doit être le nom donné au Fils de Dieu. L’expression que nous trouvons dans le verset 1: «le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple», suffit à identifier le personnage mentionné ici, comme le sauveur des hommes. C’est «le Prince de la vie», le «Prince et Sauveur» (Actes 3: 15; 5: 31). C’est le grand Chef.

«Le défenseur de ton peuple». Il s’abaisse à prendre les serviteurs de Dieu dans leur misérable état mortel, et à les racheter pour qu’ils soient des sujets de son futur royaume. Il est de notre côté, nous qui croyons. Ses enfants sont essentiels pour ses desseins futurs, une partie inséparable de l’héritage racheté. Ils doivent être les principaux agents de la joie que Christ entrevit, et qui le conduisit à supporter tous les sacrifices et toutes les souffrances qui marquèrent son intervention en faveur de la famille déchue. Quel honneur étonnant! Attribuons-lui une gratitude éternelle pour sa condescendance et sa miséricorde envers nous! A lui soient le règne, la puissance et la gloire pour toujours!

Venons-en maintenant à la seconde interrogation: Que signifie pour Micaël le fait de se lever? La clé pour interpréter cette expression se trouve dans ces passages: «il y aura encore trois rois en Perse»; «il s’élèvera un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance» (Daniel 11: 2, 3). Il n’y a pas le moindre doute quant à la signification de l’expression de ces phrases. Elles veulent dire:assumer la royauté, régner. Dans le verset que nous étudions, cette expression doit dire la même chose. En ce temps-là se lèvera Micaël, il s’emparera du royaume, et commencera à régner.

Mais, Christ ne règne-t-il pas maintenant? Oui, associé à son Père sur le trône de l’univers (Ephésiens 1: 20-22; Apocalypse 3: 21). Mais à sa venue, il remet ce trône, ce royaume à son Père (1 Corinthiens 15: 24). Puis commence son règne, présenté dans le texte, quand il se lève, ou prend en charge son propre royaume, le trône promis depuis longtemps à son père David, et il établit un règne qui n’aura jamais de fin (Luc 1: 32, 33).

Les royaumes de ce monde deviendront le royaume de «notre Seigneur et de son Christ». Il laisse de côté ses vêtements sacerdotaux pour revêtir le manteau royal. L’oeuvre de miséricorde et le temps de grâce accordé à la famille humaine seront achevés. Alors celui qui sera souillé n’aura déjà plus l’espérance d’être purifié; et le saint ne courra déjà plus le danger de tomber. Tous les cas auront été décidés pour toujours. A partir de ce moment jusqu’à ce que Christ vienne sur les nuées des cieux, les nations seront brisées comme par une verge de fer et détruites comme un vase de potier par un temps d’angoisse sans pareil. Une série de châtiments divins tomberont sur les hommes qui auront rejeté Dieu. Alors, le Seigneur Jésus-Christ apparaîtra dans le ciel «au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Evangile» (2 Thessaloniciens 1: 8; voir aussi Apocalypse 11: 15; 22: 11, 12).

Les événements introduits par Micaël lorsqu’il se lève, sont phénoménaux. Il se lève, ou assume le règne, peu de temps avant de revenir personnellement sur cette terre. Comme il est donc important que nous sachions quelle position il occupe, afin de pouvoir suivre le processus de son oeuvre, et reconnaître l’approche du moment émouvant où son intercession en faveur de l’humanité prendra fin, et le destin de tous sera fixé pour l’éternité!

Comment pouvons-nous le savoir? Comment devons-nous évaluer ce qui arrive dans le sanctuaire céleste? La bonté de Dieu a été si grande qu’il a mis dans nos mains le moyen de le savoir. Il nous a dit que lorsque certains événements arriveraient sur la terre, des décisions importantes –en synchronisation avec eux, seront prises au ciel. Par le moyen de ces choses qui se voient, nous nous instruisons sur les choses qui ne se voient pas. Ainsi, à travers la nature, nous parvenons à voir le Dieu de la nature, par les phénomènes et les événements terrestres nous suivons les grands mouvements qui se réalisent dans le royaume céleste. Quand le roi du Nord plantera les tentes de son palais entre les mers, sur le mont glorieux et saint, alors Micaël se lèvera, ou recevra de son Père le royaume, comme préparatifs de son retour sur cette terre. On peut aussi exprimer cela de cette façon: Alors notre Seigneur cesse son travail de grand Souverain Sacrificateur, et le temps de grâce concédé au monde s’achève. La grande prophétie des 2300 jours nous indique avec exactitude le commencement de la partie finale de l’oeuvre que Christ doit réaliser dans le sanctuaire céleste. Le verset que nous étudions nous donne des indications grâce auxquelles nous pouvons découvrir approximativement le temps où elle s’achèvera.

Le temps d’angoisse.--Au même moment où Micaël se lèvera, il se produira un temps d’angoisse tel qu’il n’y en a jamais eu. Dans Matthieu 24: 21 on nous parle d’une période de tribulation comme il n’y en a jamais eue et comme il n’y en aura jamais. Cette tribulation, qui fut l’oppression et la persécution de l’Eglise par le pouvoir papal, se trouve déjà dans le passé; tandis que le temps d’angoisse de Daniel 12: 1, est encore dans le futur, selon notre opinion. Comment peut-il y avoir deux temps de tribulation, séparés par de nombreuses années, et toutes deux plus importantes que toutes celles qu’il y eu dans le passé et qu’il devra y avoir après?

Pour éviter toute difficulté ici, notons avec attention cette distinction: la tribulation mentionnée dans Matthieu est une tribulation soufferte par l’Eglise. Christ parle ici de ses disciples, et de ceux dans un temps à venir. Ce seront eux qui seront affectés, et pour eux, les jours de la tribulation seront écourtés (Matthieu 24: 22). Le temps d’angoisse dont il est question dans Daniel n’est pas un temps de persécutions religieuses, mais de calamités internationales. Il n’y a jamais eu une telle chose depuis que les nations existent; il n’est pas parlé de l’église. C’est la dernière tribulation que souffrira le monde dans sa condition actuelle. Dans Matthieu il est fait allusion à un temps qui arrivera après cette tribulation; parce qu’une fois qu’elle sera passée, le peuple de Dieu ne repassera pas par une autre période de souffrances semblable. Mais ici, dans Daniel, il ne s’agit pas d’un temps futur après l’affliction mentionnée, parce que celle-ci clôture l’histoire de ce monde. Elle inclu les sept plaies d’Apocalypse 16, et elle culmine par l’apparition du Seigneur Jésus, qui vient, enveloppé de nuages de feu, pour détruire ses ennemis. Mais tous ceux dont les noms se trouvent inscrits dans le livre de la vie seront exempts de cette destruction; «le salut sera sur la montagne de Sion et à Jérusalem, comme a dit l’Eternel, et parmi les réchappés que l’Eternel appellera» (Joël 2: 32).

VERS. 2: «Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour la honte éternelle.»

Ce verset révèle l’importance du fait que Micaël se lève, ou le commencement du règne de Christ, parce qu’en ce temps-là il y aura une résurrection des morts. Est-ce la résurrection générale qui se produit quand Christ vient pour la seconde fois? Ou est-ce que, entre le moment où Christ reçoit le royaume et sa manifestation sur la terre avec toute la gloire de son avènement (Luc 21:27), il doit se produire une résurrection spéciale qui correspond à la description faite ici?

Pourquoi ce ne peut pas être la première, c’est-à-dire celle qui se produira quand on entendra la dernière trompette? Parce que ce sont seulement les justes, à l’exclusion de tous les impies, qui auront part à cette résurrection. Ceux qui dorment en Jésus sortiront alors, mais le reste des morts ne revivront pas avant mille ans (Apocalypse 20:5). La résurrection générale de toute l’espèce, est donc divisée en deux grands événements. Lorsque Christ vient, seuls les justes ressuscitent; et les impies ressuscitent mille ans après. La résurrection générale n’est pas une résurrection des justes et des impies en même temps. Chacune de ces deux catégories ressuscite séparément, et le temps qui sépare ces résurrections respectives est de mille ans, selon ce qui est clairement indiqué.

Mais, à la résurrection qui nous est présentée dans le verset que nous considérons, beaucoup de justes et des impies ressuscitent ensemble. Il ne peut donc pas s’agir de la première résurrection, qui inclu uniquement les justes, ni la seconde, qui ne se limite qu’aux impies. Si le texte disait: Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront pour la vie éternelle, alors le mot «beaucoup» pourrait s’interpréter comme incluant tous les justes, et cette résurrection serait celle des justes lorsque Jésus vient pour la seconde fois. Mais le fait que certains soient des méchants, et qu’ils ressuscitent pour la honte et le mépris éternels, empêche une telle explication.

Y a-t-il donc une résurrection spéciale ou limitée? Nous est-il dit quelque part qu’un tel événement doit arriver avant la venue du Seigneur? La résurrection prédite a lieu quand le peuple de Dieu est libéré du grand temps d’angoisse qui se termine avec l’histoire de ce monde; et dans Apocalypse 22: 11 il semble que cette délivrance a lieu avant l’apparition du Seigneur. Le moment épouvantable arrive oùcelui qui est injuste et souillé est encore injuste; et que le juste et saint se sanctifie encore. Les cas de tous sont décidés pour toujours. Quand cette sentence est prononcée sur les justes, ce doit être une libération pour eux, parce qu’ils sont alors placés hors de portée du danger et de la crainte du mal. Mais à ce moment-là, le Seigneur n’est toujours pas revenu, parce qu’il ajoute immédiatement: «Voici, je viens bientôt».

Quand cette déclaration solennelle est prononcée, elle scelle les justes pour la vie éternelle et les impies pour la mort éternelle. Une voix sort du trône de Dieu disant: «C’en est fait!» (Apocalypse 16: 18). C’est évidemment la voix de Dieu à laquelle il est fait allusion si fréquemment dans les descriptions des scènes en relation avec le dernier jour. Joël parle de lui et dit: «De Sion l’Eternel rugit, de Jérusalem il fait entendre sa voix; les cieux et la terre sont ébranlés. Mais l’Eternel est un refuge pour son peuple, un abri pour les enfants d’Israël.» (Joël 3:16). Dans certaines versions de la Bible, au lieu de «refuge», on trouve «espérance». Alors, quand on entend la voix de Dieu qui parle depuis le ciel, juste avant la venue du Fils de l’homme, Dieu est un refuge pour son peuple, ou, ce qui revient au même, il le libère. La dernière scène formidable est manifestée à un monde condamné. Dieu donne aux nations étonnées une autre preuve et une garantie de son pouvoir, et il ressuscite d’entre les morts une multitude d’êtres qui dorment depuis longtemps dans la poussière de la terre.

Nous voyons ainsi qu’il y a un moment et la place pour la résurrection de Daniel 12: 2. Un verset du livre d’Apocalypse indique clairement qu’une résurrection de cette sorte doit se produire. «Voici, il vient avec les nuées [il s’agit bien du second avènement]. Et tout oeil le verra [les nations qui vivent alors sur la terre], et ceux qui l’ont percé [ceux qui ont pris une part active dans la besogne terrible de sa crucifixion]; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui.» (Apocalypse 1:7). Si une exception n’était pas faite pour leur cas, ceux qui crucifièrent le Seigneur devraient rester dans leur tombe jusqu’à la fin des mille ans et ressusciter conjointement aux impies. Mais ici, on nous dit qu’ils contempleront le Seigneur quand il viendra pour la seconde fois. Il doit donc y avoir une résurrection spéciale dans ce but.

Il est certainement très juste que quelques-uns de ceux qui se sont distingués par leur sainteté, qui ont travaillé et souffert pour l’espérance qu’ils avaient de la venue de leur Seigneur, mais qui sont morts sans le voir, ressuscitent un peu avant sa venue, pour assister aux scènes qui accompagneront sa glorieuse apparition; ainsi, comme un bon nombre sortirent également du sépulcre au moment de sa résurrection pour contempler sa gloire et l’escorter (Matthieu 27: 52, 53) triomphalement jusqu’à la droite du trône de la majesté dans les cieux (Ephésiens 4: 8). Il y a aussi ceux qui se distinguèrent par la méchanceté, ceux qui firent tout pour bafouer le nom de Christ et pour injurier sa cause, surtout ceux qui lui donnèrent une mort cruelle sur la croix, et se moquèrent de lui pendant son agonie, certains de ceux-là ressusciteront, comme part de leur châtiment, pour contempler son retour sur les nuées des cieux, comme vainqueur céleste, avec une grande majesté et splendeur qu’ils ne pourront pas supporter.

Certains considèrent qu’il y a ici l’évidence de la souffrance éternelle et consciente des impies, parce qu’il explique que les impies ressusciteront pour la honte et le mépris éternel. Comment pourraient-ils souffrir la honte et le mépris éternel à moins d’être conscients pour toujours? En fait, cette honte implique qu’ils sont conscients, mais il faut noter que cela ne va pas durer éternellement. Ce qualificatif n’est pas introduit jusqu’à ce que nous arrivions au mépris, qui est une émotion ressentie par les autres pour les coupables, et il n’est pas nécessaire d’être conscient de ceux contre lesquels il est dirigé. La honte de leur impiété et de leur corruption tourmentera leur âme tant qu’ils seront conscients. Quand ils mourront, consumés par leurs iniquités, leur répugnant caractère et leurs oeuvres coupables n’exciteront que le mépris chez tous les justes, aussi longtemps qu’ils s’en souviendront. Le texte n’apporte donc aucune preuve que les impies aient à souffrir éternellement.

VERS. 3: «Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité.»

Un héritage glorieux.--Certaines versions traduisent «maîtres» au lieu de «intelligents». «Ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles». Il s’agit bien sûr de ceux qui enseignent la vérité, et en conduisent d’autres à sa connaissance, précisément à l’époque où les événements enregistrés dans les versets antérieurs doivent s’accomplir. En accord avec les méthodes de calcul des pertes et des gains du monde, il en coûte quelque chose d’enseigner la vérité à cette époque-ci. Il en coûte la réputation, les commodités et souvent les biens. Cela entraîne du travail, des croix, des sacrifices, la perte des amis, le ridicule et très souvent la persécution.

On pose souvent la question: Comment pouvez-vous garder le vrai jour de repos, et parfois perdre votre poste, réduire vos revenus, et aller jusqu’à courir le risque de perdre votre moyen de subsistance? Oh, quelle myopie, que de faire de la désobéissance à ce que Dieu demande un sujet de considération pécuniaire!Quelle conduite différente de celle des nobles martyrs qui n’aimèrent pas leur vie au point de craindre la mort! Quand Dieu donne un ordre, nous ne pouvons pas oser désobéir. Si on nous demande: Comment pouvez-vous garder le sabbat, et accomplir les autres devoirs inclus dans l’obéissance à la vérité? En réponse, nous devons seulement demander: Comment pouvons-nous oser ne pas le faire?

Au jour qui approche, quand tous ceux qui auront cherché à sauver leur vie la perdront et ceux qui auront été disposés à tout risquer par amour pour la vérité et leur divin Seigneur, recevront la récompense glorieuse promise dans ce verset, et ressusciteront pour resplendir comme le firmament, et comme les étoiles pour toujours, on verra ceux qui auront été sages, et ceux qui, au contraire, auront choisi la cécité et la folie. Les impies et les mondains considèrent maintenant les croyants comme des insensés et des fous, et ils se félicitent d’avoir une l’intelligence supérieure en fuyant ce qu’ils appellent folie, et en évitant des pertes. Nous n’avons pas besoin de leur répondre, parce que ceux qui maintenant prennent cette décision voudront bientôt la changer, et ceci, avec une terrible mais vaine sincérité.

Pendant ce temps, le chrétien a le privilège de s’appuyer sur le conseil qu’offre cette merveilleuse promesse. Une conception de son ampleur peut nous être procurée uniquement par les mondes stellaires. Quelles sont ces étoiles à la ressemblance desquelles les enseignants de la vérité brilleront pour l’éternité? Quelle clarté, quelle majesté et quelle durée sont enfermées dans cette comparaison?

Le soleil de notre propre système solaire est une de ces étoiles. Si nous le comparons à ce globe sur lequel nous vivons (notre étalon de mesure le plus à portée de la main), nous découvrons que ce n’est pas une sphère de petites magnitude et magnificence. Notre terre a environ 12.000 kilomètres de diamètre, tandis que celui du soleil atteint 1.440.000 kilomètres. Il est 1.300.000 fois plus grand que notre globe. Et son poids équivaut à 332.000 mondes comme le nôtre. Quelle immensité!

Cependant, il est loin d’être le globe le plus brillant et le plus grand des cieux. La proximité du soleil, qui est à 155.000.000 de kilomètres de nous, lui permet d’exercer sur nous une présence et une influence déterminantes. Mais dans l’immensité de l’espace, si loin qu’ils paraissent des petits points de lumière, d’autres sphères de taille supérieure et d’une gloire beaucoup plus grande étincellent. L’étoile fixe la plus proche, Proxima Centauri, dans l’hémisphère Sud, se trouve à quarante billions de kilomètres. Mais l’étoile polaire et son système sont cent fois plus loin; et elles resplendissent avec une clarté égale à celle de 2.500 soleils comme le nôtre. D’autres sont encore plus lumineuses, comme par exemple Arcturus qui émet une lumière équivalente à 158 de nos soleils; Capella, 185; et ainsi successivement, jusqu’à ce que nous arrivions à la grande étoile Rigel, dans la constellation d’Orion, qui inonde les espaces célestes d’un éclat 15.000 fois supérieur à celui de l’énorme globe qui illumine et contrôle notre système solaire. Pourquoi n’est-elle pas plus lumineuse? Parce que sa distance équivaut à 33.000.000 de fois l’orbite de la terre, qui est de 310.000.000 de kilomètres. Les chiffres sont bien faibles pour exprimer de telles distances. Il suffit de dire que sa lumière doit traverser l’espace à la vitesse de 310.000 kilomètres par seconde pendant une période de dix ans avant d’atteindre notre monde. Et il y a beaucoup d’autres étoiles qui se trouvent à des centaines d’années-lumière de notre système solaire.

Quelques-uns de ces monarques du firmament règnent seuls, comme notre propre soleil. Certains sont doubles, c’est-à-dire que ce qui nous parait être une étoile unique est en réalité composé de deux étoiles, deux soleils avec toute leur suite de planètes qui tournent les unes autour des autres. D’autres sont triples, quadruples, et au moins une est sextuple.

De plus, ils nous laissent voir les couleurs de l’arc-en-ciel. Certains systèmes sont blancs, d’autres bleus, d’autres rouges, jaunes ou verts. Dans certains, les différents soleils qui appartiennent au même système ont plusieurs couleurs. Le Dr. Burr dit: «Et, comme pour faire de la Croix du Sud l’objet le plus beaux de tous les cieux, nous y trouvons un groupe d’astres de cent de diverses couleurs: des soleils rouges, verts, bleus et vert bleuté, si étroitement accumulés qu’avec un puissant télescope ils ressemblent à un superbe bouquet, ou à un joyau fantastique.»

Les années passent, et toutes les choses terrestres acquièrent la patine de l’âge et l’odeur de la décadence. Mais les étoiles continuent à briller dans toute leur gloire comme depuis le commencement. Les âges et les siècles ont passé, des royaumes se sont élevés puis ont disparu. Nous remontons beaucoup plus loin que l’horizon sombre et indécis de l’histoire, nous arrivons au premier moment où l’ordre est donné à sortir du chaos, et «les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie?» (Job 38: 7) et nous découvrons alors que les étoiles suivaient leur marche éternelle. Nous ne savons pas depuis quand elles le faisaient. Les astronomes nous parlent de nébuleuses qui se trouvent dans les limites les plus lointaines de la vision télescopique, dont la lumière nécessite dans leur vol incessant cinq millions d’années lumière pour atteindre cette planète. Cependant, ni leur splendeur ni leur force ne diminuent. Elles semblent toujours dotées de la fraîcheur de la jeunesse. Il n’y a pas en elles de mouvement vacillant qui révèle la décrépitude de la vieillesse. Elles continueront à briller avec une gloire ineffable durant toute l’éternité.

Ceux qui en conduisent beaucoup à la justice resplendiront de la même façon. Ils procureront même de la joie au coeur du Rédempteur. Et c’est ainsi que leurs années passeront pour toujours.

VERS. 4: «Et toi, Daniel, cache les paroles, et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Plusieurs courront ça et là, et la connaissance sera augmentée.» [Version Darby, 1970]

Le livre de Daniel scellé.--Les mots «paroles» et «livres» mentionnés ici, sont sans doute les choses qui furent révélées à Daniel dans cette prophétie. Ces choses devaient rester fermées et scellées jusqu’au temps de la fin; c’est-à-dire, qu’elles ne seraient pas étudiées d’une façon spéciale, ni même comprises, jusqu’à cette époque. Le temps de la fin comme nous l’avons déjà démontré, commença en 1798. Comme le livre devait resté fermé et scellé jusqu’à cette date, il est donc clair qu’à ce moment-là, ou à partir de cette date, le livre serait ouvert. Les gens seraient en meilleure situation de le comprendre, et leur attention serait attirée d’une manière spéciale par cette partie de la Parole inspirée. Il n’est pas nécessaire de rappeler au lecteur ce qui a été fait depuis lors en référence à la prophétie. Les prophéties, surtout celles de Daniel, ont été examinées par beaucoup d’étudiants de ce monde où la civilisation a étendu sa lumière sur la terre. De façon que le reste du verset, étant une prédiction de ce qui devait arriver depuis que le temps de la fin a commencé, dit: «Plusieurs courront ça et là». Que ‘courir çà et là’ se réfère au changement des gens d’un lieu à un autre, et aux progrès qui ont été faits dans les moyens de transport et de locomotion durant le siècle passé, ou qu’il signifie, comme certains le comprenne, que les prophéties seront parcourues, c’est-à-dire que la vérité prophétique sera étudiée avec soin et ferveur, ce qui est sûr c’est que nos yeux contemplent son accomplissement. Son application doit se trouver au moins dans l’une de ces méthodes; et les deux aspects de notre époque actuelle se détachent notablement.

L’augmentation de la connaissance.--«Et la connaissance augmentera». Il doit s’agir de l’augmentation de la connaissance en général, du développement des arts et de la science, ou une augmentation de la connaissance relative aux choses révélées à Daniel, qui devaient rester cachées et scellées jusqu’au temps de la fin. A nouveau, quelle que soit l’application que nous lui donnions, l’accomplissement est très notable et complet. Considérons les admirables exploits de l’homme, et les oeuvres formidables de ses mains, qui rivalisent avec les rêves les plus osés des mages du passé, mais qui se sont développés durant les cent dernières années. Pendant cette période, on a progressé plus dans toutes les branches de la science, dans le confort humain, dans la rapidité d’exécution des travaux, dans la transmission des pensées et des paroles , et dans les moyens de voyager rapidement d’un lieu à un autre et même d’un continent à un autre, que durant les trois mille dernières années.

Les machines agricoles.--Comparez la manière de moissonner de notre époque avec l’ancienne méthode manuelle qui se pratiquait à l’époque de nos grands-parents. Aujourd’hui une seule machine moissonne, bat et met les céréales en sac, prêts pour le marché.

Bateaux modernes et guerre mécanisée.-- La guerre moderne emploie des bateaux cuirassés et des sous-marins, comme des avions bombardiers et de chasse auxquels on ne rêvait même pas au milieu du siècle passé. Les tanks et les camions, l’artillerie motorisée et d’autres équipements ont remplacé les animaux et les béliers du passé.

Le chemin de fer.--La première locomotive construite aux Etats-Unis a été fabriquée dans la Fonderie West Point, à New York, et entra en service en 1830. Actuellement, on a tellement progressé dans les chemins de fer, que les trains aérodynamiques atteignent la vitesse de 160 kilomètres heures.

Les transatlantiques.--A peine un siècle plus tard après le début de la navigation à vapeur, les plus grands transatlantiques peuvent traverser l’océan entre l’Europe et l’Amérique en quatre jours. Ils offrent tout le luxe qui se trouve dans les hôtels les plus magnifiques.

La télévision.--Puis en 1896, la radiotélégraphie vint; un miracle. Vers 1921, cette découverte s’est développée dans la propagation radio diffusion. Maintenant la télévision –la transmission sans fils de ce qui ce voit et s’entend, et la projection d’images en mouvement par les ondes aériennes, est une réalité domestique.

L’automobile.--Il y a quelques années, l’automobile était inconnue. Maintenant, toute la population des Etats-Unis pourra voyager en même temps, en automobile. Certaines automobiles de course ont atteint des vitesses supérieures à cinq cents kilomètres à l’heure. D’énormes omnibus de passagers traversent les continents, et dans les grandes villes, des bus à deux niveaux ont largement remplacé les tramways électriques.

La machine à écrire.--Le premier modèle de machine à écrire moderne fut offert à la vente en 1874. Maintenant, les machines rapides et silencieuses pour le bureau ou de modèle portable, s’adaptent à toutes sortes d’écritures et de tabulations et partout, elles sont devenues une partie indispensable des centres d’affaires et des équipements de bureaux.

L’imprimerie moderne.--Pour avoir une idée du progrès fait dans cette branche il suffit de mettre en contraste la presse à main qu’utilisait Benjamin Franklin avec les rotatives à grande vitesse qui impriment les journaux à un rythme deux fois plus rapide qu’une mitraillette qui tire ses balles.

L’appareil photographique.--Le premier portrait d’un visage qui a été fait avec l’aide du soleil fut l’oeuvre du professeur John William Draper de New York, en 1840, au moyen du perfectionnement du processus de Niepce et Daguerre, les créateurs français de la photographie. Depuis 1924, grâce à l’amélioration des lentilles, et des émulsions des photographies ont été faites à partir de grandes distances et de vastes extensions, depuis des aéroplanes qui volaient à haute altitude. On peut faire des photographies d’objets invisibles à l’oeil nu au moyen des rayons X et infrarouges. La photographie en couleur a aussi fait de grands progrès. Depuis ses débuts, en 1895, la cinématographie est parvenue à exercer une puissante influence sur la vie de millions de personnes. Des films et des appareils photographiques en couleurs ont été perfectionnés et sont à des prix économiques qui les mettent à la portée des multitudes.

La navigation aérienne.--La conquête de l’air par l’homme a été réalisée par l’avion en 1903. C’est un des triomphes les plus remarquables de toute l’histoire. Des services transocéaniques de passagers et de courriers entre l’Amérique du Nord et du Sud, et l’Europe et l’Orient ont été institués.

Le téléphone.--La première patente de téléphone a été accordée à Alexander Graham Bell, en 1876. Depuis lors, des réseaux complexes de téléphones pour tous les continents relient les peuples et les personnes.

Les machines à composer.--Elles sont à l’origine d’une révolution dans l’art d’imprimer. La première machine qui composa mécaniquement des caractères fut patentée en Angleterre, en 1822, par le Dr. William Church. De toutes les machines qui ont été introduites depuis lors, celles qui s’utilisent le plus aujourd’hui, sont des machines qui fondent leurs propres caractères, comme la Linotype inventée par Mergenthaler, en 1878, et la monotype, inventée par Lanston en 1885.

Les ponts suspendus.--Le premier pont suspendu des Etats-Unis qui mérite d’être pris en considération fut construit sur le Niagara en 1855. Le Golden Gate Bridge [le pont de la Porte d’Or], qui franchit l’entrée de la baie de San Francisco, fut terminé en 1937; d’un coût de 35.000.000 de dollars, il a l’arche la plus grande du monde, soit 1.275 mètres. Des ponts similaires ont été construits dans tous les pays progressistes du monde.

Voici une liste partielle des progrès qui ont été faits dans la connaissance depuis que le temps de la fin a débuté en 1798:

Illumination par le gaz, 1798; la plume en acier, 1803; les allumettes au phosphore, 1820; la machine à coudre, 1841; l’anesthésie par l’éther et le chloroformes, 1846 et 1848; les câbles transocéaniques, 1858; la mitraillette Gatling, 1861; le bateau de guerre blindé, 1862; les freins automatiques sur les trains, 1872; le sismographe, 1880; la turbine à vapeur, 1883; le rayon X, 1895; le radium 1898; le téléphone transcontinental, 1915.

Quelle galaxie de merveilles naquirent durant la même époque! Comme les inventions scientifiques de notre ère sont admirables, ère sur laquelle se concentre la lumière de toutes ces découvertes et inventions! Nous sommes sans aucun doute arrivés au moment où la science a augmentée.

Pour l’honneur du christianisme, notons dans quel pays et par qui ont été faites ces découvertes qui ont tant contribuer à rendre la vie plus facile et plus pratique. Ce fut dans les pays chrétiens, et par des hommes chrétiens. On ne peut pas mettre ces faits au crédit du Moyen Age, qui ne donna qu’un christianisme déguisé, ni au païens qui, dans leur ignorance ne connaissent pas Dieu, ni aux habitants des terres chrétiennes qui nient Dieu. En fait, l’esprit d’égalité et de liberté individuelle apportés par l’Evangile de Christ, quand il est prêché dans toute sa pureté, est ce qui libère les corps et les esprits des êtres humains, les invite à employer au maximum leurs facultés, et rend possible une ère de liberté de penser et d’action capable de produire ces merveilles.

L’augmentation de la connaissance biblique.--Mais si nous adoptons l’autre point de vue, et si nous interprétons la mention que la science a augmenté comme s’appliquant à l’augmentation de la connaissance biblique, il nous suffit de regarder la lumière admirable qui a brillé sur les Ecritures durant le dernier siècle et demi. L’accomplissement de la prophétie a été révélé à la lumière de l’histoire. L’emploi d’un principe d’interprétation sûr a conduit à la conclusion indiscutable que la fin de toutes choses est proche. En réalité le sceau a été ôté du livre, et la connaissance de ce que Dieu a révélé dans sa Parole a augmentée admirablement. Nous croyons que ce détail est celui qui accomplit d’une façon toute spéciale la prophétie, car c’est seulement dans une ère de facilité sans pareil, comme la nôtre, que la prophétie pouvait s’accomplir.

Que nous sommes au temps de la fin est démontré par Apocalypse 10:1 et 2, où nous voyons un ange puissant descendre du ciel avec un petit livre ouvert dans la main. Le livre de cette prophétie ne pouvait déjà plus rester scellé. Il devait être ouvert et compris. Pour trouver les preuves que le petit livre qui devait être ouvert, est le livre ici fermé et scellé quand Daniel l’écrivit, et que cet ange délivre son message dans cette génération, voir les commentaires sur Apocalypse 10: 2.

VERS. 5-7: «5 Et moi, Daniel, je regardai, et voici, deux autres hommes se tenaient debout, l’un en deçà du bord du fleuve, et l’autre au delà du bord du fleuve. 6 L’un d’eux dit à l’homme vêtu de lin, qui se tenait au-dessus des eaux du fleuve: Quand sera la fin de ces prodiges? 7 Et j’entendis l’homme vêtu de lin, qui se tenait au-dessus des eaux du fleuve; il leva vers les cieux sa main droite et sa main gauche, et il jura par celui qui vit éternellement que ce sera dans un temps, des temps, et la moitié d’un temps, et que toutes ces choses finiront quand la force du peuple saint sera entièrement brisée.»

Quand arrivera la fin?--La question: «quand viendra la fin de ces prodiges?» se réfère sans aucun doute à tout ce qui a été mentionné avant, l’élévation de Micaël incluse, le temps d’angoisse, la libération du peuple de Dieu et la résurrection spéciale du verset 2. La réponse semble être donnée en deux parties. Premièrement, une période prophétique spécifique est signalée, puis une période indéfinie lui fait suite, avant que la fin de toutes ces choses arrive, comme dans Daniel 8: 13, 14. Quand il s’interroge: «Pendant combien de temps s’accomplira la vision. . . Jusques à quand le sanctuaire et l’armée seront-ils foulés?» la réponse mentionne une période définie de 2300 jours, suivie d’une période indéfinie qui engloberait la purification du sanctuaire. Dans le test que nous considérons, on nous indique la période d’un temps, des temps et la moitié d’un temps, soit 1260 ans, et ensuite une période indéfinie durant laquelle la destruction de la force du peuple saint allait continuer, avant la consommation.

Les 1260 ans signalent la période de la suprématie papale. Pourquoi cette période est-elle introduite ici? Probablement parce que cette puissance est celle qui a tout fait, plus que n’importe quelle autre dans l’histoire du monde, pour disperser la force du peuple saint ou opprimer l’Eglise de Dieu. Mais que devons-nous comprendre par l’expression: «Quand la force du saint peuple sera-t-elle entièrement brisée»? Qui doit accomplir cette oeuvre néfaste? Dans d’autres versions cette phrase est traduite de cette façon: «et lorsqu’il aura achevé de briser la force du peuple saint. . .» et dans ce cas le pronom personnel «il» semble désigner «celui qui vit éternellement», c’est-à-dire Jéhova. Mais comme le dit judicieusement un éminent interprète des prophéties, en considérant les pronoms de la Bible nous devons les interpréter en accord avec les faits, et très souvent nous devons les mettre en relation avec un antécédent connu, plutôt qu’avec un nom exprimé. Donc, ici, la petit corne, ou l’homme de péché, après avoir été introduit par la mention particulière du temps de sa suprématie, les 1260 ans, doit être le pouvoir auquel se réfère le pronom «il». Durant 1260 ans il opprima terriblement l’Eglise, il détruisit ou dispersa sa force. Une fois sa suprématie abandonnée, son inclination contraire à la vérité et à ses défenseurs, continue à faire sentir son pouvoir, dans la mesure de ses possibilités, mais jusqu’à quand? Jusqu’au dernier événement présenté dans le verset 1, c’est-à-dire, la libération du peuple de Dieu. Une fois celui-ci libéré, les pouvoirs persécuteurs ne peuvent déjà plus l’opprimer, sa force n’est plus dispersée, on est arrivé au terme des merveilles prédites dans cette grande prophétie, et toutes ses prédictions se sont accomplies.

Ou, sans en altérer particulièrement le sens, nous pouvons rapporter le pronom «il» à l’être mentionné dans le serment du verset 7, «celui qui vit éternellement», c’est-à-dire Dieu, puisqu’il emploie les puissances terrestres pour châtier et discipliner son peuple, et dans ce sens, on peut dire qu’il disperse lui-même son pouvoir. Par son prophète, il dit de son peuple d’Israël: «J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine. . . jusqu’à ce que vienne celui auquel appartient le juste jugement.» (Ezéchiel 21: 32). Et encore: «Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis.» (Luc 21: 24). La prophétie de Daniel 8: 13 est aussi significative: «Pendant combien de temps s’accomplira la vision. . . Jusques à quand le sanctuaire et l’armée seront-ils foulés?» Qui les livre à cette condition? Dieu. Pourquoi? Pour discipliner, purifier et blanchir son peuple. Jusqu’à quand? Jusqu’à ce que le sanctuaire soit purifié.

VERS. 8-10: «8 J’entendis, mais je ne compris pas; et je dis: Mon Seigneur, quelle sera l’issue de ces choses? 9 Il répondit: Va, Daniel, car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la fin. 10 Plusieurs seront purifiés, blanchis et épurés; les méchants feront le mal, et aucun des méchants ne comprendra, mais ceux qui auront de l’intelligence comprendront.»

Le livre scellé jusqu’au temps de la fin.--Le désir de Daniel de bien comprendre tout ce qui lui avait été montré, nous rappelle les paroles de Pierre quand il parle des prophètes qui sondent consciencieusement pour comprendre les prédictions relatives aux souffrances de Christ et la gloire qui suivra. Il nous dit qu’il «leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient les dispensateurs de ces choses.» (1 Pierre 1: 12). Combien peu de choses parmi celles qu’ils écrivirent, les prophètes purent-ils comprendre! «Mais ce n’est pas pour autant que les prophètes refusèrent de les écrire. Si Dieu le demandait, ils savaient qu’au moment opportun, Dieu veillerait à ce que son peuple tire de leurs écrits tout le bénéfice qu’il voulait qu’il reçoive.»

Aussi, le langage adressé ici à Daniel lui indiquait que lorsque le moment opportun arriverait, les sages comprendraient la signification de ce qu’il avait écrit, et ils en tireraient profit. Le temps de la fin était le moment où l’Esprit de Dieu devait rompre le sceau du livre. C’était l’époque où les sages comprendraient, tandis que les impies, qui n’avaient aucun sens des valeurs éternelles, à cause de l’endurcissement de leur coeur par le péché, iraient en empirant et deviendraient de plus en plus aveugles. Aucun impie ne comprend. Ils appellent folie et présomption les efforts que font les sages pour comprendre, et demandent avec moquerie: «Où est la promesse de son avènement?» Si quelqu’un demande: De quelle époque ou de quelle génération parle le prophète? la réponse solennelle doit être: De la génération actuelle et de la génération au milieu de laquelle nous vivons. Ce langage du prophète est en train de s’accomplir d’une manière surprenante.

La rédaction du verset 10 semble singulière à première vue: «Plusieurs seront purifiés, blanchis et épurés.» Il se peut que quelqu’un demande: Comment peuvent-ils être purs et ensuite éprouvés ou épurés (comme l’implique la phrase), si c’est l’épreuve qui les purifie et les blanchit? Le langage décrit sans aucun doute un processus qui se répète plusieurs fois dans l’expérience de ceux qui, durant ce temps reçoivent une préparation pour la venue du Seigneur et de son royaume. Ils sont purifiés et blanchis, en comparaison avec leur condition antérieure. Ensuite, ils sont à nouveau testés. Des épreuves plus grandes leurs sont imposées. S’ils les supportent, le processus de purification continue jusqu’à ce qu’ils atteignent un caractère plus pur. Après avoir atteint ce stade, ils sont éprouvés une autre fois, et sont purifiés et blanchis d’avantage. Le processus est poursuivi jusqu’à ce qu’ils développent un caractère qui résistera à l’épreuve du jour du jugement et qu’ils atteignent une condition spirituelle qui ne nécessite aucune autre épreuve.

VERS. 11: «Depuis le temps où cessera le sacrifice perpétuel, et où sera dressée l’abomination du dévastateur, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours.»

1290 jours prophétiques.--Une nouvelle période prophétique est introduite ici, qui selon l’autorité biblique doit représenter le même nombre d’années littérales. A cause du contexte, certains en ont déduit que cette période débute avec l’établissement de l’abomination de la désolation, soit, le pouvoir papal, en l’an 538 et en conséquence elle s’étendrait jusqu’en 1828. Nous ne trouvons rien, à cette date là, qui signale la fin d’une telle période, mais nous trouvons des preuves que la période en question débute avant l’établissement du pouvoir papal. Une étude de l’original hébreux nous indique que le passage devrait se lire ainsi: «Depuis le moment où sera ôté le continu pour dresser l’abomination du dévastateur, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours.»

L’année 508 ap. J.-C.--On ne nous dit pas directement à quel événement aboutissent les 1290 jours; mais dans la mesure où son point de départ est signalé par une action qui doit préparer le terrain à l’établissement de la papauté, il est naturel de conclure que leur aboutissement sera marqué par la fin de la suprématie papale. Si, en partant de 1798 nous remontons de 1290 ans dans le temps, nous arrivons à l’année 508. Cette période est mentionnée, sans l’ombre d’un doute, pour révéler la date où le continu fut ôté, et c’est la seule à la faire. Aussi, les deux périodes, celle de 1290 jours et celle de 1260 jours, terminent toutes deux en 1798. La dernière commence en 538, et la première en 508, c’est-à-dire trente ans avant. Plus loin, nous donnerons quelques citations historiques qui parlent en faveur de la date de 508.

Le baptême de Clovis.--«Quant aux écrits d’Anastase, . . . il y en a un qu’il adressa à Clovis, roi des Francs, pour féliciter ce prince de sa conversion à la religion chrétienne. Parce que Clovis, premier roi chrétien des Francs, fut baptisé le jour de Noël 496, le même jour selon certains, où le pape fut ordonné.»

Thomas Hodgkin dit:

«Le résultat de cette cérémonie fut un changement dans les relations politiques de chaque état de la Gaule. Bien que les Francs se trouvaient parmi les tribus les plus incultes et les moins civilisées qui traversèrent le Rhin en direction de l’ouest, en tant que catholiques, la bienvenue du clergé catholique leur était assurée dans toutes les villes, et partout où allaient les ecclésiastiques, les provinciaux ‘romains’ –ou en d’autres termes, les laïcs qui parlaient latin- suivaient généralement. Immédiatement après son baptême, Clovis reçut une lettre enthousiaste de bienvenue au véritable troupeau, écrite par Avit, évêque de Vienne, l’ecclésiastique le plus éminent du royaume burgonde.»

Clovis, le premier prince catholique.--Il faut remarquer que Clovis était, à cette époque (496), le seul prince catholique du monde connu dans le sens qu’on donnait alors à la parole catholique. Anastase, empereur d’Orient, professait l’eutychisme. Théodoric, roi des Ostrogoths d’Italie; Alaric, roi des Wisigoths, et maître de toute l’Espagne et de la troisième partie de la Gaule,ainsi que les rois des Burgondes, des Suèves et des Vandales, en Gaule, en Espagne et en Afrique, étaient tous des disciples zélés de Arius. Quand aux autres rois des Francs, établis en Gaule, ils étaient tous païens. Clovis ne fut pas seulement l’unique prince catholique du monde de cette époque, mais il fut le premier roi qui embrassa la religion catholique; ce qui valut au roi de France le titre de‘Majesté chrétienne’, et de ‘Fils aîné de l’Eglise’. Mais si nous devions comparer la conduite et les actions de Clovis le catholique, avec celles du roi arien Théodoric, cette comparaison ne serait pas à l’honneur de la foi catholique.»

Les princes ariens mettaient les papes en danger.--Ephraim Emerton, qui fut professeur de l’université de Harvard, dit: «A l’époque où les Francs livrèrent la bataille de Strasbourg, les évêques de la ville de Rome en étaient venus à être considérés comme les dirigeants de l’église de ce qui avait été l’empire d’Occident. Ils étaient parvenus à se faire appeler papes, et ils faisaient tout leur possible pour dominer l’église d’Occident comme un roi habitué à gouverner son peuple. Nous avons vu quel respect un pape vénérable comme Léon inspire à de rudes destructeurs comme Attila et Genséric. Mais les papes avaient toujours été de dévots catholiques, opposés à l’arianisme d’où qu’il apparût. Au moment de la conversion du roi franc, ils se trouvaient en danger continuel de la part des Ostrogoths ariens qui s’étaient fermement installés en Italie. Théodoric n’avait pas dérangé la religion de Rome, mais un autre roi pouvait venir et tenter d’imposer l’arianisme à toute l’Italie. Le pape s’était donc beaucoup réjoui en apprenant qu’en se convertissant récemment, les Francs avaient acceptés la foi chrétienne. Il fut disposé à bénir toutes leurs entreprises comme étant l’oeuvre de Dieu, pourvu qu’elles soient dirigées contre les Ariens qu’il considérait comme des ennemis pires que les païens. C’est ainsi que débuta, entre le pape et le royaume franc, déjà vers l’an 500, une entente qui devait aboutir à une alliance et contribuer en grande partie à modeler toute l’histoire future de l’Europe.»

La conversion de Clovis fut un frein à l’Arianisme.--«L’événement qui intensifia les craintes de tous ces rois ariens, et qui ne laissa à aucun d’eux d’autre espérance que celle d’être le dernier à être dévoré, fut la conversion de Clovis au catholicisme, le roi païen des Francs.»

Une ligue barbare contre Clovis.--«Les rois barbares furent. . .. invités à s’unir en une ‘ligue de paix’, afin d’arrêter les agressions illicites de Clovis qui les mettaient tous en danger.»

«Former une telle confédération et unir toutes les vieilles monarchies ariennes contre cet état catholique ambitieux qui menaçait de tous les absorber, fut alors le but principal de Théodoric.»

Clovis commence une guerre religieuse.--«L’action diplomatique de Théodoric fut impuissante à empêcher la guerre,et il est même possible qu’elle stimulât Clovis à frapper rapidement avant qu’une coalition hostile puisse se former contre lui. Dans un rassemblement de sa nation (peut-être le ‘Champs de Mars’ ), début 507, il déclara impétueusement: ‘Je considère vraiment déplacé que ces Ariens dominent une très grande partie de la Gaule. Allons et vainquons-les avec l’aide de Dieu, et soumettons la terre.’ Ce qu’il dit plut à la multitude, et l’armée réunie marcha vers le Sud jusqu’à la Loire.»

Clovis met les Wisigoths en déroute.--«La campagne suivante du roi franc eu beaucoup plus de succès et d’importance. Il était déterminer à prouver sa fortune contre le jeune roi des Wisigoths, dont la faiblesse personnelle et l’impopularité de ses sujets romains l’incitèrent à envahir l’Aquitaine. Il semblerait que Clovis choisit soigneusement comme casus belli les persécutions ariennes d’Alaric, qui, comme son père Eurico, était un mauvais seigneur pour ses sujets catholiques. . . En 507, Clovis déclara la guerre aux Wisigoths.»

«On ne sait pas pourquoi l’explosion fut retardée jusqu’à l’année 507. Que le roi des Francs fût l’agresseur est une chose certaine. Il trouva facilement un prétexte pour commencer la guerre en tant que champion et protecteur du christianisme catholique contre les mesures absolument justes qu’Alaric prit contre son clergé orthodoxe et traître. . . Au printemps 507, Clovis traversa soudainement la Loire et marcha sur Poitiers. . . A quinze kilomètres de Poitiers, les Wisigoths prirent positions. Alaric repoussa le début de la bataille parce qu’il attendait les troupes ostrogothes, mais comme celles-ci avaient été retardées par l’apparition d’une flotte byzantine dans les eaux italiennes, il décida de combattre, plutôt que de battre en retraite, comme le conseillait la prudence. Après un court combat, les Goths prirent la fuite. Durant la poursuite, le roi des Goths mourut, aux mains de Clovis, dit-on (507). La domination des Wisigoths en Gaule prit fin pour toujours avec cette déroute.»

«Il est évident, d’après le langage de Grégoire de Tours, que ce conflit entre les Francs et les Wisigoths fut perçu par le parti orthodoxe, autant à leur époque qu’aux ères antérieures, comme une guerre religieuse, de laquelle, du point de vue humain, dépendait la prédominance du credo catholique ou l’arianisme en Europe occidentale.»

«508. Peu après ces événements, Clovis reçut de l’empereur grec Anastase les titres et la dignité de patricien romain; bien qu’il semble qu’en les lui accordant l’empereur fût poussé plus par ses jalousie et par sa haine envers Théodoric l’Ostrogoth que par l’amour envers le Franc inquiet et usurpateur. La signification de ces titres antiques, attribués à ceux qui n’avaient aucune relation directe avec une partie de l’empire romain, n’a jamais été suffisamment expliqué. . . Le soleil de Rome s’était couché. Mais le crépuscule de sa grandeur reposait encore sur le monde. Les rois et les guerriers germains recevaient avec plaisir, et portaient avec orgueil, un titre qui les mettait en relation avec cette ville impériale, dont ils voyaient partout autour d’eux les vestiges de sa domination universelle et de son habileté dans le maniement des armes et dans les arts.»

«En 508, Clovis reçut à Tours les insignes du consulat que lui envoyait l’empereur d’Orient Anastase, mais le titre était purement honorifique. Clovis fit de Paris la capitale de son royaume et il y passa les dernières années de sa vie.»

Fin de la résistance arienne.-- Le royaume Wisigoth avait disparu, mais la ligue des puissances ariennes sous Théodoric existait toujours. Alaric avait compté avec l’aide de Théodoric, mais elle lui fit défaut. L’année suivante, en 508, Théodoric attaqua Clovis et remporta la victoire, après quoi, il conclut inexplicablement la paix avec lui, et la résistance des puissances ariennes prit fin.

La signification des victoires de Clovis.--Le sommet que Clovis avait atteint en 508, et la signification de ses victoires pour le futur de l’Europe et de l’église, étaient si importants que les historiens ne peuvent s’abstenir de les commenter. «Sa conquête ne fut pas temporaire. Le royaume des Goths occidentaux et des Burgondes étaient devenus le royaume des Francs. Ils étaient finalement parvenus à devenir des envahisseurs qui allaient se fixer. Il était certain que les Francs, et pas les Goths, allaient diriger les futurs desseins de la Gaule et de l’Allemagne, et que la foi catholique, et pas l’arianisme, allait être la religion de ces grands royaumes.»

«Clovis fut le premier à unir tous les éléments à partir desquels le nouvel ordre social devait être formé, à savoir: les barbares, qu’il établit au pouvoir; la civilisation romaine, à laquelle il rendit un hommage en recevant les insignes de patricien et de consul de l’empereur Anastase; et finalement, l’église catholique, avec laquelle il forma une alliance fructueuse que poursuivirent ses successeurs.»

Il prépara l’alliance de l’église avec l’état.--«Deux religions et deux époques du monde s’unirent en Clovis. Quand il naquit, le monde romain était toujours une puissance; sa mort annonça l’aube du Moyen Age. Il occupa le poste vacant de l’empereur d’Orient, et il prépara le chemin que Charlemagne perfectionna: la fusion de la civilisation romaine avec la germanique, l’alliance de l’église et de l’état.»

Clovis sauve l’église du paganisme et de l’Arianisme.--«Clovis avait démontré, dans toutes les occasions, qu’il était une implacable brute, un conquérant cupide, un tyran sanguinaire; mais par sa conversion il avait préparé le triomphe du catholicisme; il sauva l’église romaine de Charybde et Scylla, l’hérésie et le paganisme, il l’assit sur une roche au centre même de l’Europe, et affermit ses doctrines et ses traditions dans les coeurs des conquérants de l’Occident.»

Le fondement de l’église médiévale.--«Les résultats de l’occupation de la Gaule [par les Francs] furent si importants; l’empire qu’ils fondèrent, leur alliance avec l’église, leurs notions légales et ses institutions politiques, exercèrent une influence si décisive sur le futur que leur histoire mérite une considération à part. . . L’héritage politique de l’empire romain leur revint, il leur incomba l’honneur de le recueillir et de le transmettre, grossièrement c’est sûr, et beaucoup moins largement et effectivement, mais ce fut cependant une prolongation réelle de la politique que Rome avait pratiqué. Eux seuls présentaient cette unité que Rome avait établie, et aussi longtemps que cette unité fut préservée comme un fait établi, ce furent les Francs qui la maintinrent. . . Ce n’est qu’à la fin du Ve siècle que leur carrière débuta vraiment, et alors, comme cela arrive souvent dans des cas similaires, c’est le génie d’un seul homme, un grand chef, qui créa la nation. . . Clovis. . . apparaît comme un des grands esprits créateurs qui donnent une nouvelle direction au courant de l’histoire. . . Le troisième pas très important dans ce processus d’union fut aussi effectué par Clovis. Une institution, produite par le monde antique avant que les Germains n’y pénètrent, continua vivante, vigoureuse et avec une influence énorme, mais il est vrai, avec une puissance qui croissait lentement à travers tous les changements de cette période chaotique. Dans le futur, ce pouvoir devrait grandir encore davantage et exercer une influence encore plus importante et plus permanente que celle des Francs. . . C’était l’Eglise Romaine. Elle devait être la grande puissance ecclésiastique du futur. Il était donc essentiel de savoir si les Francs, qui allaient se développer dans le grand pouvoir politique du futur, allaient s’allier à cette autre puissance ou bien s’opposer à elle. . .

«Cette question, Clovis la résolut, peu de temps après avoir commencé sa carrière, en se convertissant au christianisme catholique. . . Dans ces trois sens, donc, Clovis exerça une influence créative sur le futur. Il unit les Romains et les Germains sur une base d’égalité, et les deux peuples conservèrent la source de leur force pour former une nouvelle civilisation. Il fonda une puissance politique qui devait unir en elle-même presque tout le continent, et mettre fin à l’époque des invasions. Il établit une alliance étroite entre les deux grandes forces qui contrôleraient le futur, les deux empires qui continuèrent l’unité que Rome avait créée, l’empire politique et l’empire ecclésiastique.»

Ainsi, en 508, la résistance unie qui s’opposait au développement de la papauté prit fin. La question de la suprématie entre les Francs et les Goths, entre la religion catholique et la religion arienne, était donc en faveur des Catholiques.

VERS. 12, 13: «12 Heureux celui qui attendra, et qui arrivera jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours! 13 Et toi, marche vers ta fin; tu te reposeras, et tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours.»

Les 1.335 jours prophétiques.--Une autre période prophétique de 1335 jours est introduite ici. Pouvons-nous dire quand elle commence et quand elle prend fin? Les seuls indices que nous avons pour répondre à cette question, est qu’elle est prononcée en relation directe avec les 1290 années, qui commencent en 508 comme nous l’avons montré plus haut. A partir de cela, il y aura selon les paroles du prophète, 1290 jours. La phrase qui suit dit: «Bienheureux celui qui attendra, et qui arrivera jusqu’à mille cent trente-cinq jours». Mais, à partir de quand? A partir du même point, sans l’ombre d’un doute, d’où partent les 1290 jours, à savoir l’an 508. A moins que nous ne les comptions depuis ce point de départ, il est impossible de les localiser, et nous devrions les exclure de la prophétie de Daniel quand nous leur appliquons la parole de Christ: «que celui qui lit comprenne» (Matthieu 24:15, version Darby, 1970). A partir de cette date, ils s’étendent jusqu’en 1843, parce que 1.335 ajoutés à 508 nous donnent 1843. En les faisant partir du printemps de la première date, nous arrivons jusqu’au printemps de la dernière.

Mais comment savons-nous qu’ils se sont terminés, si à la fin des jours Daniel doit être debout pour son héritage puisque selon certains il est question de sa résurrection des morts? Cette question est basée sur une double erreur: premièrement, il est dit que les jours à la fin desquels Daniel doit être debout pour son héritage, sont les 1.335 jours; deuxièmement, qu'être "debout" pour son héritage est sa résurrection, affirmation qui ne peut être soutenue. L’unique chose promise pour la fin des 1.335 jours est une bénédiction pour ceux qui attendent et arrivent à cette époque; c’est-à-dire pour ceux qui seront encore vivants. Quelle est cette bénédiction? En regardant l’année 1843, la fin de ces années, que voyons-nous? Nous voyons l’accomplissement remarquable de la prophétie dans la grande proclamation de la seconde venue de Christ. Environs 45 ans auparavant, commençait le temps de la fin; le livre fut ouvert, et la lumière allait en augmentant. Vers 1843, la lumière qui était venue se déverser sur les divers thèmes prophétiques atteint son apogée. La proclamation se fit avec une grande puissance. La nouvelle et émouvante doctrine de l’établissement du royaume de Dieu secoua le monde. Une nouvelle vie fut impartie aux vrais disciples de Christ. Les incrédules étaient condamnés, les églises étaient éprouvées, et il se produisit un réveil qui n’a pas eu de pareil depuis lors.

Etait-ce la bénédiction? Ecoutons les paroles du Sauveur: «Heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent!» (Matthieu 13:16). Il dit aussi à ses disciples, que les prophètes et les rois avaient désiré voir les choses qu’ils voyaient et ils ne les ont pas vues. Mais il leur dit: «Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez!» (Luc 10: 23, 24). Si aux jours de Christ une nouvelle et glorieuse lumière était une bénédiction pour ceux qui la recevait, pourquoi n’en serait-il pas de même en 1843?

On peut objecter que ceux qui participèrent à ce mouvement furent désappointés dans leur expectative; il en fut de même pour les disciples de Christ, lors de sa première venue. Ils l’acclamèrent quand il entra triomphalement dans Jérusalem, espérant qu’il s’emparerait du royaume. Mais l’unique trône sur lequel il monta fut la croix, et au lieu d’être admis comme roi dans un palais, son corps inerte fut couché dans la tombe neuve de Joseph. Cependant, ses disciples étaient «bienheureux» pour avoir reçu les vérités qu’ils avaient entendues.

On peut aussi objecter que ce n’était pas une bénédiction de grande importance pour la signaler dans une période prophétique. Et pourquoi pas, puisque la période dans laquelle elle doit se produire, le temps de la fin, est introduit par une période prophétique; puisque notre Seigneur, dans le verset 14 de sa grande prophétie de Matthieu 24, annonce ce mouvement d’une façon spéciale; et puisqu’il est aussi présenté dans Apocalypse 14: 6, 7, sous le symbole d’un ange qui volait au milieu du ciel avec l’annonce spéciale de l'Evangile éternel aux habitants de la terre? Il est certain que la Bible donne beaucoup d’importance à ce mouvement.

Deux questions supplémentaires doivent être soulignées brièvement: Quels sont les jours dont il est question au verset 13? Que signifie le fait que Daniel doit être debout pour son héritage? Ceux qui affirment que les jours sont les 1335 ans se voient induits à leur donner cette application parce qu’ils ne remontent pas au-delà du verset précédent, où sont mentionnés les 1335 jours; tandis que pour interpréter ces jours si peu définis, ils devront prendre en considération toute l’étendue de la prophétie à partir de Daniel 8. Les chapitres 9, 10, 11 et 12 sont l’évidente continuation et application de la vision de Daniel 8; nous pouvons donc dire que dans la vision de Daniel 8, comme nous l’avons démontré et expliqué, il y a quatre périodes prophétiques: les 2300, les 1260, les 1290 et les 1335 jours. La première est la principale et la plus longue période; les autres en sont des parties intermédiaires et des subdivisions. Maintenant, quand l’ange dit à Daniel, en terminant ses instructions, qu’il sera debout pour son héritage à la fin des jours, sans spécifier de quelle période il s’agit, l’attention de Daniel n’a-t-elle pas dû pas se diriger naturellement à la période principale la plus longue, les 2300 jours, plutôt que n’importe quelle autre de ses subdivisions? Si tel est le cas, les 2300 jours sont ceux dont il est question. La traduction de la Septante semble aller clairement dans ce sens: «Mais toi, suis ton chemin et reposes-toi; parce qu’il y a encore des jours et des saisons jusqu’au plein accomplissement [de ces choses]; et tu te lèveras pour ton lot à la fin des jours.» Ceci nous rappelle certainement la longue période contenue dans la première vision, en relation avec laquelle les instructions subséquentes furent données.

Comme nous l’avons déjà démontré, les 2300 jours s’achevèrent en 1844, et nous amenèrent à la purification du sanctuaire. Daniel s’est-il levé pour recevoir son héritage? Oui, en la personne de son Avocat, notre grand Souverain Sacrificateur, qui présente les cas des justes afin qu’ils soient acceptés par son Père. La parole traduite ici par «héritage» n’est pas une part réelle d’héritage ou un «lot» de terre, mais les «décisions» ou les «déterminations de la Providence». A la fin des jours, le sort sera jeté, pour ainsi dire. En d’autres termes, une décision doit être prise en ce qui concerne ceux qui seront trouvés dignes d’entrer en possession de l’héritage céleste. Quand le cas de Daniel est présenté pour être examiné, il est trouvé juste, et il reste debout; une place lui est assignée dans la Canaan céleste.

Quand Israël était sur le point d’entrer dans la terre promise, les sorts furent jetés, et un territoire fut assigné à chaque tribu. Les tribus furent en possession de leur «lot» ou «héritage» respectif longtemps avant de recevoir leur part réelle du pays. Le temps de la purification du sanctuaire correspond à cette période de l’histoire d’Israël. Nous sommes maintenant au seuil de la Canaan céleste, et les décisions qui assignent à certains une part dans le royaume sont en train d’être prises, tandis qu’elles en privent d’autres de cette part pour toujours. Le verdict assure à Daniel la portion d’héritage céleste qui lui revient. Tous les fidèles seront debout avec lui. Quand ce dévoué serviteur de Dieu –qui a rempli sa longue vie des plus nobles services à son Créateur, même lorsqu’il portait les plus lourds soucis de cette vie- entre en possession de sa récompense pour avoir fait le bien, nous aussi nous pourrons entrer avec lui dans le repos.

Nous mettrons fin à l’étude de ce livre en soulignant qu’il nous a procuré une grande satisfaction, à dédier notre temps et notre étude à cette prophétie merveilleuse, et à contempler le caractère de son auteur, un homme bien-aimé et le plus illustre des prophètes. Dieu ne fait acception de personne, et ceux qui manifestent un caractère comme celui de Daniel verront la faveur divine se manifester dans leur vie d’une façon tout aussi remarquable. Imitons ses vertus afin que, comme lui, nous puissions recevoir l’approbation de Dieu tandis que nous vivons sur cette terre, et que nous puissions demeurer parmi les créations de sa gloire infinie.


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